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    Situation des minorités de langue officielle sur le marché du travail

    Situation des minorités de langue officielle sur le marché du travail

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    par Jean-François Lepage

    En mars 2012, les francophones du Canada affichaient un taux de chômage de 8,3 %, soit un taux plus élevé que la moyenne nationale de 7,7 %. Pour ce même mois, les anglophones avaient un taux de chômage de 7,4 %, légèrement inférieur à la moyenne nationale.

    Cette différence témoigne davantage de la distribution des francophones et des anglophones sur le territoire canadien que d'une moins bonne « performance » sur le marché du travail d'un groupe linguistique. À l'échelle des provinces, la situation des francophones est similaire à celle des anglophones, voire meilleure, sauf au Nouveau-Brunswick.

    De façon globale, les francophones en situation minoritaire, soit ceux vivant à l'extérieur du Québec, présentaient un taux de chômage similaire à celui des anglophones (7,5 % versus 7,3 %). Cependant, le taux d'emploi des francophones, à 58,5 %, était inférieur à celui des anglophones (62,4 %).

    Au Québec, la minorité linguistique anglophone ne se distinguait pas des francophones en ce qui a trait au taux de chômage (8,7 % versus 8,4 %), ni au taux d'emploi (57,3 % versus 59,1 %).

    Ainsi, en ce qui a trait au taux de chômage, il n'y a pas de différence significative entre les minorités et les majorités de langue officielle, tant pour les francophones à l'extérieur du Québec que pour les anglophones du Québec.

    Dans l'ensemble du Canada, 18 % des francophones qui ont un emploi gagnent un salaire hebdomadaire de 1 200 $ ou plus, comparativement à 24 % des anglophones. Encore une fois, cela témoigne moins d'une situation défavorable des francophones sur le marché du travail que du fait que ceux-ci sont concentrés dans l'Est du pays, où les salaires sont moins élevés que dans les provinces de l'Ouest. Dans l'ensemble des provinces autres que le Québec, les francophones sont proportionnellement au moins aussi nombreux que les anglophones dans les catégories de salaires les plus élevées, et sont moins nombreux à gagner un salaire hebdomadaire inférieur à 500 $. Les francophones en situation minoritaire qui occupent un emploi sont plus susceptibles de travailler à temps plein (84 %) que les travailleurs de la majorité anglophone (80 %). Au Québec, les données de l'Enquête sur la population active (EPA) ne permettent pas d'observer de différence de salaire significative entre les anglophones et les francophones.

    Les francophones des provinces de l'Atlantique

    Dans les provinces de l'Atlantique, où le taux de chômage pour tous les groupes linguistiques confondus est plus élevé que dans les autres provinces canadiennes, le taux de chômage des francophones (13,0 %) est légèrement plus élevé que celui des anglophones (11,2 %). Cet écart est essentiellement dû à la situation qui prévaut au Nouveau-Brunswick, où le taux de chômage de la minorité francophone est de 13,7 %, alors que celui des anglophones est de 10,6 %.Note 1

    Au Nouveau-Brunswick, les francophones ont un taux d'emploi de 50,4 %, comparativement à 55,6 % pour les anglophones de la province.Note 2 À titre comparatif, le taux d'emploi est de 60,8 % à l'échelle nationale, tous groupes linguistiques confondus.

    Toujours au Nouveau-Brunswick, on n'observe pas de différence de taux de chômage ou de taux d'emploi significative entre les francophones et les anglophones chez les personnes de 15 à 24 ans, ni chez celles de 25 à 44 ans. Dans le groupe des 45 à 64 ans, toutefois, on observe des écarts entre les groupes linguistiques. Les francophones de ce groupe d'âge affichent un taux de chômage de 14,4 %, comparativement à 8,2 % pour les anglophones du même groupe d'âge. Au niveau du taux d'emploi, on observe également un écart important dans le groupe des 45 à 64 ans : 55,4 % des francophones sont occupés, une proportion inférieure à celle observée chez les anglophones (67,1 %).

    Sur le plan des salaires, les francophones et les anglophones du Nouveau-Brunswick présentent un profil similaire. La proportion d'employés gagnant moins de 500 $ par semaine est de 30 % pour les francophones, semblable à la proportion de 31 % pour les anglophones. Quant à la proportion d'anglophones qui gagnent un salaire hebdomadaire supérieur à 1 200 $, elle est de 17 %, similaire à celle observée chez les francophones (16 %).

    Les francophones représentent 30 % des employés au Nouveau-Brunswick. Les francophones qui occupent un emploi sont surreprésentés dans certains secteurs, notamment les administrations publiques, où ils représentent 43 % des employés, et le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale (38 %). En revanche, ils sont sous-représentés, entre autres, dans les secteurs du commerce (24 %), du transport et de l'entreposage (19 %) et des services professionnels, scientifiques et techniques (17 %).

    Les anglophones du Québec

    Au Québec, on n'observe pas de différence importante entre le taux de chômage de la minorité anglophone (8,7 %) et celui des francophones (8,4 %). Il en va de même pour le taux d'emploi, qui est similaire pour les anglophones (57,3 %) et les francophones (59,1 %).

    Le taux de chômage et le taux d'emploi sont semblables pour les anglophones et les francophones du Québec quel que soit le groupe d'âge observé. Il en va de même des comparaisons salariales, où les faibles différences observées ne sont pas significatives. Cela ne permet pas d'affirmer que la situation de la minorité anglophone sur le marché du travail soit la même que celle de la majorité francophone, mais on constate néanmoins que les groupes linguistiques présentent tous deux un portrait d'ensemble généralement similaire, où les différences sont trop faibles pour être significatives.

    Néanmoins, les anglophones, qui représentent 10 % des employés au Québec, sont surreprésentés dans certains secteurs d'emploi, soit le secteur de la finance, des assurances, de l'immobilier et de la location (15 %), celui de l'hébergement et des services de restauration (14 %) et dans celui des services professionnels, scientifiques et techniques (13 %). À l'inverse, ils sont sous-représentés, entre autres, dans les administrations publiques (7 %) et dans le secteur de la construction (5 %).

    Les francophones de l'Ontario

    En mars, la minorité francophone de l'Ontario affichait un taux de chômage de 5,4 %, inférieur à celui de 7,9 % relevé chez les anglophones. Il n'y avait pas de différence pour ce qui est du taux d'emploi entre les deux groupes.

    Le taux de chômage des francophones était particulièrement bas pour le groupe d'âge 45 à 64 ans. Le taux de chômage était de 3,9 % pour les francophones de ce groupe d'âge, inférieur à celui des anglophones du même groupe d'âge (6,4 %). Il n'y a toutefois pas de différence en ce qui a trait au taux d'emploi (74,0 % pour les francophones, comparativement à 71,8 % pour les anglophones). En ce qui concerne le taux de chômage et le taux d'emploi des autres groupes d'âge, les données de l'EPA ne permettent pas d'observer de différence significative entre francophones et anglophones.

    Les employés francophones de l'Ontario ont un salaire plus élevé que leurs homologues anglophones. En effet, 22 % des francophones qui occupent un emploi gagnent un salaire hebdomadaire inférieur à 500 $, comparativement à 28 % des anglophones. De même, 30 % des salariés francophones gagnent de 800 $ à 1 199 $ par semaine et 28 % gagnent 1 200 $ ou plus, alors que ces proportions sont de 24 % et 25 % respectivement chez les employés anglophones.

    En Ontario, les francophones qui occupent un emploi sont surreprésentés dans les secteurs des administrations publiques et des services d'enseignement. Alors qu'ils représentent 4,2 % des employés de la province, ils constituent 7,7 % de la main-d'œuvre des administrations publiques et 6,4 % de celle des services d'enseignement. En revanche, ils sont moins représentés dans les secteurs de la fabrication et du commerce, où ils forment respectivement 2,5 % et 2,9 % de la main-d'œuvre.

    Les francophones de l'Ouest

    Dans les provinces à l'ouest de l'Ontario, là où les taux de chômage sont les plus faibles au pays, celui de la minorité francophone est similaire à celui de la majorité. Dans l'ensemble des provinces du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, le taux de chômage est de 6,1 % pour les francophones, comparativement à 5,9 % pour les anglophones. Le taux d'emploi est de 60,3 % pour les francophones et de 65,1 % pour les anglophones, mais bien que cet écart semble important, la différence observée n'est pas statistiquement significative.

    Chez les personnes de 25 à 44 ans, francophones et anglophones présentent des statistiques semblables, autant pour le taux de chômage (5,5 % pour les francophones et 5,4 % pour les anglophones) que pour le taux d'emploi (81,9 % pour les francophones et 81,7 % pour les anglophones).

    Il en va de même pour les francophones âgés de 45 à 64 ans qui, dans les provinces de l'Ouest, affichent un taux de chômage de 3,3 %, similaire à celui de 4,7 % pour les anglophones du même groupe d'âge. On n'observe pas davantage d'écart significatif en ce qui a trait au taux d'emploi, avec un taux de 75,6 % pour les anglophones et de 74,6 % pour les francophones de 45 à 64 ans.

    Les francophones salariés des provinces de l'Ouest gagnent, comme ceux de l'Ontario, un salaire hebdomadaire plus élevé que celui des anglophones. Les employés appartenant à la minorité de langue officielle sont 18 % à gagner moins de 500 $ par semaine, comparativement à 25 % des employés anglophones. De même, 30 % des francophones qui occupent un emploi gagnent de 800 $ à 1 199 $ par semaine et 29 % gagnent 1 200 $ ou plus, alors que respectivement 26 % et 25 % des anglophones touchent de tels salaires hebdomadaires.

    Les francophones ne représentent que 1,7 % de l'ensemble des employés dans les provinces de l'Ouest. Néanmoins, ils sont proportionnellement plus nombreux dans les administrations publiques (3,0 %) et les services d'enseignement (2,9 %), mais sont sous-représentés dans le commerce (1,0 %).

    Graphique 1 Taux de chômage selon le groupe linguistique, Canada, certaines provinces ou groupes de provinces, mars 2012

    Graphique 2 Taux d'emploi selon le groupe linguistique, Canada, certaines provinces ou groupes de provinces, mars 2012

    Graphique 3 Proportion d'employés selon le salaire hebdomadaire et le groupe linguistique, Canada, certaines provinces ou groupes de provinces, mars 2012


    Notes

    1. Il n'est pas possible de produire des estimations précises pour les francophones de Terre-Neuve-et-Labrador, de l'Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse à cause de la faible proportion de francophones dans ces provinces.
    2. Dans cette province, les francophones et les anglophones se concentrent dans des régions économiques distinctes et des facteurs économiques structurels (structure industrielle) peuvent être en grande partie responsables de cette différence.
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