Section 3 : Analyse des résultats des projections à long terme

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Mise en garde

Les projections démographiques produites par la Division de la démographie de Statistique Canada ne sont en aucun cas des prédictions. Elles doivent plutôt être comprises comme un exercice visant à entrevoir ce que pourrait devenir la population canadienne dans l'avenir selon certains scénarios d'évolution future. Pour cette raison, Statistique Canada publie toujours plusieurs scénarios et formule plusieurs hypothèses concernant les principales composantes de la croissance démographique. Les utilisateurs sont par conséquent invités à considérer plusieurs scénarios lorsqu'ils analysent les résultats des projections.

Il convient également de rappeler que les projections visent à entrevoir ce que pourrait être la population canadienne dans 25 ans, soit en 2036. Pour cette raison, les hypothèses formulées tiennent habituellement compte des tendances historiques observées et pas seulement des tendances les plus récentes. Les utilisateurs intéressés à mieux comprendre les conséquences des plus récents changements dans la démographie canadienne sont invités à consulter le nouveau scénario « court terme » qui fournit des résultats sur un horizon de 5 ans.

Il faut également rappeler que l'exactitude des projections produites dépend de plusieurs facteurs, notamment certains événements – crises économiques, guerres, catastrophes naturelles par exemple — qui sont difficiles à prévoir et peuvent avoir un effet sur la croissance et la composition de la population canadienne. Pour cette raison, Statistique Canada s'assure de réviser régulièrement ses projections démographiques, ce qui permet de tenir compte du contexte dans lequel elles s'inscrivent.

Croissance de la population du Canada de 2009 à 2061

La population canadienne a crû de façon importante au cours des dernières années, passant de 30,7 millions en 2000 à 33,7 millions en 2009. Au cours de cette période, la croissance démographique n'a cessé d'augmenter, passant de 9,4 pour mille en début de période à 12,4 pour mille en fin de période. Les résultats des divers scénarios de projections publiés ici montrent que cette croissance se prolongerait au cours des cinquante prochaines années. Toutefois, le rythme de cette croissance ralentirait progressivement dès le début de la période de projection. Cette décélération se prolongerait plus ou moins longtemps selon les scénarios, mais dans tous les cas, s'estomperait en fin de période.

Ainsi, selon le scénario de croissance moyenne 1 , la population canadienne connaîtrait une hausse ininterrompue et augmenterait de 33,7 millions de personnes en 2009 à 43,8 millions en 2036, puis à 52,6 millions en 2061 (Graphique 3.1). Dans cette perspective, la population augmenterait selon un taux annuel moyen de 11,8 pour mille en début de période, et de 7,4 pour mille en 2060-2061 (Graphique 3.2). Le taux de croissance annuel moyen pour la période 2009 à 2061 serait de 8,6 pour mille, soit un taux inférieur à ce qui a été observé au cours de la période allant de 1981 à 2009 (11,0 pour mille).

Selon le scénario de croissance forte, la population canadienne passerait de 33,7 millions en 2009 à 47,7 millions en 2036, puis à 63,8 millions en 2061, soit un quasi-doublement en 50 ans. Sous l'effet d'une immigration plus forte que dans le scénario de croissance moyenne, d'une espérance de vie plus élevée mais surtout d'une fécondité s'approchant davantage du seuil de remplacement des générations, ce scénario montre une croissance non seulement continue mais dont le rythme demeure soutenu jusqu'à la fin de la période de projection. De 12,6 pour mille en 2009-2010, le taux de croissance annuel moyen chuterait légèrement de manière à atteindre 11,9 pour mille en 2060-2061.

Le scénario de croissance faible, quant à lui, propose un portrait différent selon lequel le Canada connaîtrait aussi une croissance qui, bien que continue, ralentirait rapidement. Selon ce scénario, la population canadienne passerait de 40,1 millions en 2036 à 43,0 millions en 2061. Ainsi, la population croîtrait selon un rythme de 10,8 pour mille en 2009-2010 pour diminuer à 2,6 pour mille en 2060-2061.

Dans l'ensemble, les projections de l'édition 2009 à 2036 présentent des résultats différents de la série de projections précédente (2005 à 2031) et révise à la hausse la croissance que le Canada pourrait être appelé à connaître. À titre d'exemple, les résultats du scénario de croissance moyenne des projections actuelles, selon lequel la population canadienne atteindrait 50,7 millions en 2056, s'apparentent au scénario de croissance forte des projections précédentes, qui projetait une population de 49,7 millions en 2056. Cela s'explique par la formulation d'hypothèses différentes dans les deux séries de projection, découlant de la prise en compte de l'évolution récente de la démographie canadienne. Or les changements démographiques importants qui ont eu lieu entre la production des deux séries de projection, notamment des hausses de la fécondité et de l'immigration, tendent généralement vers des hypothèses plus favorables à la croissance démographique.

Composantes de la croissance

Peu importe le scénario, la population augmenterait mais à un rythme qui varierait au cours du temps. Déclinant dans la majeure partie de la période projetée, le taux de croissance atteindrait un plancher, puis se redresserait vers 2054 (Graphique 3.2). L'analyse des différentes composantes de la croissance démographique permet de mieux comprendre les causes de ces évolutions.

Accroissement naturel

L'évolution de l'accroissement naturel, résultante du solde des naissances et des décès, s'explique par l'intensité de la fécondité et de la mortalité, mais aussi par la structure par âge de la population canadienne et son évolution au cours du temps. En ce qui a trait aux décès, tous les scénarios montrent une hausse relativement constante qui ralentirait en fin de période. Selon le scénario de croissance moyenne, le nombre de décès doublerait au cours de la période : il passerait de 243 500 en 2009-2010, à 375 400 en 2035-2036, à 487 100 à son point culminant en 2058-2059, puis à 486 900 en 2060-2061 (Graphique 3.3). Le nombre de décès irait de pair avec l'accroissement de la population ainsi que son vieillissement; il connaîtrait une accélération notable à mesure que l'importante génération des baby-boomers arrivera aux âges avancés, associés à une forte mortalité.

Éventuellement, la hausse du nombre de décès ralentirait, et la tendance s'infléchirait même à la baisse, marquant la fin graduelle du passage des membres de la génération des baby-boomers aux âges de forte mortalité. En 2061, la génération des baby-boomers aura pratiquement disparue de la population canadienne, les plus jeunes d'entre eux, nés en 1965, ayant alors 96 ans. Il s'agit d'une transition digne de mention; tout au long de leur vie, les baby-boomers auront grandement influé sur le paysage démographique du pays de par leur nombre.

Par ailleurs, à intensité de fécondité constante, le nombre de naissances projeté dépend des variations des effectifs de femmes en âge de procréer. L'augmentation de ces effectifs en début de période explique une partie de la hausse des naissances observée dès le départ des projections dans les scénarios de croissance moyenne et forte. Plus tard, le nombre de naissances tend à être brièvement plus stable, avant de recommencer à croître jusqu'à la fin de la période projetée.

Il importe cependant de ne pas négliger l'impact d'une autre composante, l'immigration, sur l'évolution du nombre de naissances. Parce qu'une grande partie des immigrants sont en âge d'avoir des enfants, une forte immigration a un effet positif sur le nombre de naissances.

Selon le scénario de croissance moyenne, le nombre de naissances, de 390 600 en 2009-2010, passerait à 429 300 en 2022-2023. Il demeurerait ensuite stable jusqu'en 2029-2030, puis afficherait une hausse régulière pour atteindre 526 500 en 2060-2061.

Dans le scénario de croissance moyenne, le nombre de décès se rapprocherait du nombre de naissances en fin de période sans jamais le dépasser toutefois. L'accroissement naturel demeurerait donc positif tout au long de la période projetée. Il serait en légère hausse en début de période puis chuterait substantiellement pour ensuite remonter en fin de période (Graphique 3.4). Par ailleurs, le portrait serait sensiblement le même dans le scénario de croissance forte. Seulement dans le scénario de croissance faible verrait-on l'accroissement naturel devenir négatif, un phénomène qui se produirait dès 2030-2031.

Accroissement migratoire

Jusqu'à tout récemment, l'accroissement naturel était la principale composante de la croissance de la population totale au pays. Cependant, depuis le milieu des années 1990, sous l'effet conjugué de la faible fécondité, du vieillissement de la population et d'une hausse du nombre d'immigrants, la composante migratoire est devenue la principale source de la croissance de la population canadienne.

En termes d'effectifs, l'accroissement migratoire augmenterait approximativement au même rythme que la population canadienne, ce qui reflète les taux fixes utilisés dans les diverses hypothèses des composantes de migration internationale. Par exemple, selon le scénario moyen, le nombre d'immigrants serait de 252 500 en 2009-2010, de 333 600 en 2035-2036 et atteindrait 406 700 en 2060-2061.

Dans les scénarios de croissance faible et moyenne, la diminution de l'accroissement naturel au cours de la quasi-totalité de la période projetée, soit de 2009-2010 à 2055-2056 dans le cas du scénario de croissance faible et de 2015-2016 à 2052-2053 dans le cas du scénario de croissance moyenne (Graphique 3.4), ferait en sorte que la croissance de la population canadienne proviendrait de plus en plus de l'accroissement migratoire et de moins en moins de l'accroissement naturel. Dans le cas du scénario de croissance faible, seul l'accroissement migratoire contribuerait à la croissance démographique du pays, et ce dès 2030-2031.

Dans le scénario de croissance forte, l'accroissement naturel serait en hausse en début de période jusqu'en 2018-2019, et de 2037-2038 à la fin de la période projetée. Toutefois, la part de l'accroissement migratoire dans la croissance totale du pays augmenterait tout de même, surtout dans la première moitié de la période, passant de 60,6 % en 2008-2009 à 71,7 % en 2035-2036 et 72,1 % en 2060-2061.

Ainsi, selon tous les scénarios de projection, l'accroissement migratoire continuerait à prendre une place de plus en plus importante dans le futur en ce qui concerne la croissance démographique.

Structure par âge de la population canadienne

La population canadienne continuera à vieillir au cours des prochaines décennies selon tous les scénarios de projection. Ce processus, déjà observé depuis longtemps, est inscrit dans la structure par âge actuelle de la population et s'accélérera au cours des prochaines années. Alors que les générations qui ont suivi le baby-boom sont moins nombreuses en raison d'une fécondité sous le seuil de renouvellement des générations, toutes les générations jouissent d'une espérance de vie en constante augmentation. En conséquence, le processus de vieillissement s'accentuerait entre 2010 et 2031, période au cours de laquelle les membres de la génération du baby-boom atteindront l'âge de 65 ans. Par la suite, le vieillissement se poursuivrait, mais à un rythme moins rapide. L'intensité du vieillissement de la population varie selon les scénarios de projection retenus.

Évolution de la pyramide des âges

La pyramide des âges, qui représente sous forme graphique la structure par âge et sexe d'une population, permet d'apprécier les changements que la population canadienne est appelée à connaître à ce chapitre. Ainsi, la pyramide des âges de l'année 2009 (Graphique 3.5) met en lumière le poids démographique important de la génération du baby-boom dont les membres sont âgés de 43 à 63 ans. Les générations nées après celles du baby-boom sont quant à elles moins nombreuses, sous l'effet notamment de la faible fécondité observée lors des dernières décennies. Le rétrécissement relativement constant de la base de la pyramide illustre bien ce phénomène.

Selon le scénario de croissance moyenne, la base de la pyramide de 2036 devrait être plus large qu'elle ne l'était en 2009 et s'élargirait encore davantage jusqu'en 2061. La hausse du nombre des naissances, responsable de cet élargissement, reflète principalement deux facteurs : la hausse de la fécondité observée depuis 2002 et l'augmentation du nombre de femmes en âge de procréer, sous l'effet d'une croissance démographique positive et un apport accru d'immigrants.

L'élargissement de la pyramide serait toutefois perceptible à tous les âges et plus particulièrement aux âges avancés. En 2036, et davantage encore en 2061, les effectifs de personnes âgées de 65 ans ou plus seraient plus importants qu'en 2009 et le sommet de la pyramide présenterait un profil moins effilé. La mortalité se concentrerait alors à des âges très avancés et, comparativement à 2009, serait répartie sur une fourchette d'âge beaucoup plus étroite (Graphique 3.6). L'augmentation de l'âge modal au décès, qui passerait de 84 ans en 2008-2009 à 88 ans en 2035-2036 puis à 91 ans en 2060-2061 selon le scénario de croissance moyenne, illustre clairement ce phénomène.

Répartition de la population selon les groupes d'âge

  1. Les jeunes

Le nombre d'enfants (0 à 14 ans) atteignait 5,6 millions en 2009 en légère hausse par rapport à 2008. Il s'agissait de la première hausse du nombre d'enfants depuis 1996. Selon les scénarios de croissance moyenne et forte, le nombre d'enfants croîtrait à chaque année. Dans le scénario de croissance faible, le nombre d'enfants augmenterait jusqu'en 2022 (augmentation de 213 600), diminuerait ensuite jusqu'en 2041 (diminution de 113 400), puis augmenterait de nouveau jusqu'à l'horizon de la projection en 2061 (augmentation de 201 300). D'après les scénarios, le nombre d'enfants se situerait entre 5,7 et 8,2 millions en 2036 et entre 5,9 et 11,1 millions en 2061. Selon le scénario de croissance moyenne, le nombre d'enfants atteindrait 6,9 millions en 2036 puis 8,2 millions en 2061 (Graphique 3.7).

  1. Les aînés

Le Canada comptait, en 2009, 4,7 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus, soit un nombre deux fois plus élevé que celui observé en 1981. Selon tous les scénarios de projection, la croissance de ce groupe s'accélérerait dans les prochaines années. D'ici 2036, le nombre de personnes âgées ferait plus que doubler, variant entre 9,9 et 10,9 millions selon le scénario. En 2061, ce nombre oscillerait entre 11,9 et 15,0 millions.

En 2009, le Canada comptait 120 enfants pour cent aînés, une valeur qui a diminué de moitié depuis 1980. Tous les scénarios de croissance retenus indiquent que cette diminution se poursuivrait dans les prochaines années et que le nombre de personnes âgées surpasserait celui des enfants dans un avenir rapproché. Ce renversement se produirait en 2015 selon le scénario de croissance faible et six ans plus tard selon le scénario de croissance forte. Il s'agirait de la première fois dans l'histoire de la population canadienne que le nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus surpasserait celui des enfants de moins de 15 ans. En fait, le rapport enfants — personnes âgées décroîtrait constamment et se situerait entre 58 et 75 enfants pour cent personnes âgées en 2036 et entre 50 et 74 en 2061 (Graphique 3.8).

  1. La population en âge de travailler

L'évolution des effectifs du groupe des 15 à 64 ans, lequel englobe la plus grande partie de la population active, est d'intérêt vu son impact sur le niveau de main-d'oeuvre disponible au pays 2 . En 2009, cette population représentait environ 69 % de la population canadienne, une proportion en hausse depuis 1995 et qui est parmi les plus élevées des pays industrialisés. En effet, cette proportion est de 68 % en Australie, 67 % aux États-Unis, 66 % en France et au Royaume-Uni, 64 % au Japon et 65 % dans le monde dans son ensemble.

Selon tous les scénarios de croissance retenus, la proportion de la population en âge de travailler est toutefois appelée à connaître une diminution tout au long de la période de projection. Particulièrement rapide du début de la projection jusqu'en 2030, année où s'achèverait le passage des membres de la génération du baby-boom vers le groupe d'âge des 65 ans ou plus, elle serait plus modérée par la suite. Ainsi, la proportion de la population des 15 à 64 ans diminuerait pour atteindre environ 60 % en 2036. Elle demeurerait relativement stable autour de ce niveau par la suite (Graphique 3.9).

Le volume de la population en âge de travailler dépasserait néanmoins, en 2061, le niveau de 2009, et ce, selon tous les scénarios de projection (Graphique 3.7). En effet, en nombres absolus, les effectifs de personnes en âge de travailler augmenteraient au cours de la période projetée, bien qu'à un rythme fort variable, se voyant même décroître par moments dans le scénario de croissance faible (Graphique 3.10).

Le faible écart observé entre les niveaux de croissance des trois scénarios présentés au cours des trois premières années de projection dans le graphique 3.10 s'explique par l'utilisation d'effectifs d'immigrants constants (provenant de la fourchette cible du Plan d'immigration de CIC) et variant assez peu d'un scénario à l'autre. À partir de 2012-2013, les taux d'immigration suggèrent des écarts plus importants entre les scénarios.

La population âgée de 15 à 64 ans a été en progression constante durant tout le 20e siècle et se chiffrait, en 2009, à 23,4 millions de personnes. Selon le scénario de croissance moyenne, elle atteindrait 26,5 millions en 2036 et 31,0 millions en 2061. Dans le scénario de faible croissance, la population âgée de 15 à 64 ans atteindrait 24,5 millions en 2036 et de là n'augmenterait que modestement pour atteindre 25,2 millions en 2061. Enfin dans le scénario de forte croissance, la population en âge de travailler se chiffrerait à 28,7 millions en 2036 et à 37,6 millions en 2061.

  1. Rapport de dépendance démographique

En 2009, le rapport de dépendance démographique, qui indique le nombre de personnes de 14 ans ou moins et de 65 ans ou plus pour 100 personnes en âge de travailler (15 à 64 ans) était de 44. On comptait alors 24 jeunes de 14 ans ou moins et 20 personnes de 65 ans ou plus pour 100 personnes en âge de travailler. Selon tous les scénarios de croissance élaborés, le rapport de dépendance augmenterait rapidement jusqu'en 2030 en raison de l'arrivée à 65 ans des membres de la génération du baby-boom et du faible volume des cohortes appelées à les remplacer (Graphique 3.11). Selon les scénarios, le rapport de dépendance démographique atteindrait environ 65 en 2036 et environ 70 en 2061. Selon le scénario de croissance moyenne, les personnes de 14 ans ou moins et celles âgées de 65 ans ou plus seraient réparties en parts égales en 2017, puis les personnes âgées prendraient le dessus. En 2036, on compterait 39 personnes âgées et 26 jeunes pour cent personnes en âge de travailler.

Vieillissement de la population

Le Canada est une société vieillissante depuis déjà un certain temps. Indicatrice de ce phénomène, la proportion de personnes âgées (65 ans ou plus) au sein de la population n'a cessé d'augmenter depuis 1960, passant de 8 % à cette époque à 14 % en 2009. Selon tous les scénarios de projection retenus, cette augmentation se poursuivrait dans les prochaines années. La proportion des personnes âgées de 65 ans ou plus se situerait entre 23 % et 25 % en 2036 et entre 24 % et 28 % en 2061. Dans le scénario de croissance moyenne, la proportion des 65 ans ou plus atteindrait 24 % en 2036 (Graphique 3.9) et 25 % en 2061. L'augmentation de la proportion des personnes âgées serait particulièrement rapide dans les 25 prochaines années et serait due, au cours de cette période du moins, et comme en témoigne les pyramides d'âge en valeur relative (Graphique 3.12), davantage à l'augmentation des effectifs des 65 ans ou plus qu'à des changements observés dans les groupes des 0 à 14 ans ou des 15 à 64 ans. À l'opposé, les 25 années suivantes, soit de 2036 à 2061, seraient le théâtre de changements beaucoup plus modestes (Graphique 3.13).

Un autre indicateur du vieillissement de la population canadienne est l'augmentation de l'âge médian. L'âge médian a augmenté de 10 ans entre 1981 et 2009, passant de 30 à 40 ans. Les trois scénarios de projection retenus indiquent que l'âge médian continuerait à croître au moins jusqu'en 2039. Par la suite, l'âge médian continuerait de croître légèrement dans le scénario de croissance faible, se mettrait à diminuer légèrement dans le scénario de croissance forte et tendrait à demeurer stable dans le scénario de croissance moyenne.

À partir de 2040, la relative stabilité de l'âge médian est liée en grande partie à la disparition progressive de la génération des baby-boomers et donc à l'émergence progressive d'un profil par âge plus régulier.

Selon les scénarios, l'âge médian varierait entre 42 et 45 ans en 2036 et entre 42 et 47 ans en 2061. Selon le scénario de croissance moyenne, l'âge médian serait stable autour de 44 ans durant la période de 2036 à 2061 (Graphique 3.14).

Vieillissement aux grands âges et centenaires

En 2009, la population canadienne comptait 1,3 million de personnes très âgées (80 ans ou plus), soit un nombre deux fois plus élevé que celui observé en 1990. Dans tous les scénarios de projection, le nombre de personnes très âgées continuerait d'augmenter rapidement dans les prochaines années. Selon le scénario de croissance moyenne, la population de 80 ans ou plus serait multipliée par 2,6 d'ici 2036 pour atteindre environ 3,3 millions d'individus, et par 3,9 d'ici 2061 pour atteindre plus de 5,1 millions de personnes (Graphique 3.15). Ces hausses importantes résultent en grande partie du passage de la génération du baby-boom à ces âges et, dans une moindre mesure, à l'augmentation progressive de l'espérance de vie. De même, l'évolution de la proportion que représentent les personnes de 80 ans ou plus au sein de la population de 65 ans ou plus varie de pair avec le passage des baby-boomers aux âges de 65-79 ans en début de période, 80 ans ou plus en milieu de période et enfin, à leur disparition progressive en fin de période de projection (Graphique 3.16). Selon le scénario de croissance moyenne, la proportion des personnes âgées de 80 ans ou plus parmi les 65 ans ou plus représenterait environ une personne sur trois en 2036 et un peu moins de deux personnes sur cinq en 2061.

Le rapport de masculinité de la population très âgée correspond au nombre d'hommes de 80 ans ou plus pour cent femmes du même âge. Ce rapport est de loin inférieur à 100 depuis plusieurs décennies en raison d'une mortalité masculine plus forte à tous les âges. En 2009, il était de 58 hommes de 80 ans ou plus pour cent femmes. Selon tous les scénarios de croissance élaborés, ce rapport augmenterait et oscillerait entre 72 et 75 hommes pour cent femmes en 2036 et entre 75 et 80 hommes pour cent femmes en 2061 (Graphique 3.17). La hausse du rapport s'expliquerait principalement par la réduction de l'écart de mortalité entre les sexes.

Le nombre de personnes atteignant de très grands âges est aussi appelé à augmenter selon les scénarios de projection. D'environ 6 000 en 2009, le nombre de centenaires vivant au Canada pourrait au minimum presque tripler et, au maximum, presque quadrupler d'ici 2036 selon le scénario retenu. En 2061, leur nombre oscillerait entre 61 000 et 99 000 selon le scénario.

Croissance de la population des provinces et des territoiresde 2009 à 2036

Les projections de population à l'échelon des provinces et des territoires sont sujettes à un élément de variation supplémentaire par rapport aux projections pour l'ensemble du pays, soit la migration interprovinciale. D'ailleurs, dans certaines provinces, la migration interprovinciale est la composante qui a le plus d'effet sur la croissance démographique récente (Dion et Coulombe, 2008).

Les résultats des projections montrent que les scénarios les plus favorables et les plus défavorables à la croissance démographique de chacune des provinces et des territoires spécifiques ne sont pas toujours les scénarios de forte et de faible croissance (scénarios L et H), mais parfois des scénarios de croissance moyenne affichant une migration interprovinciale particulièrement favorable ou défavorable. Cette situation témoigne de l'importance de la migration interprovinciale dans l'évolution démographique de certaines provinces.

Selon les scénarios retenus pour les présentes projections, seule Terre-Neuve-et-Labrador pourrait présenter en 2036 une population inférieure à celle estimée en 2009, et ce, uniquement dans certains scénarios (Tableau 3.1). La province verrait sa population décroître dans trois des six scénarios, soit dans celui de croissance faible ainsi que dans les scénarios de croissance moyenne M2 et M4.

Pour ce qui est des provinces autres que Terre-Neuve-et-Labrador et des territoires, la population projetée en 2036 serait dans tous les cas supérieure à la population estimée en 2009. Néanmoins, le rythme de croissance projeté diffère grandement d'une province à l'autre et, pour une même province, d'un scénario à l'autre (Tableau 3.2). L'Ontario et la Colombie-Britannique afficheraient une croissance annuelle moyenne supérieure à la croissance de la population canadienne dans son ensemble, et ce, dans chacun des six scénarios. À l'opposé, tous les scénarios suggèrent une croissance annuelle moyenne inférieure à celle du Canada au Québec, dans les provinces de l'Atlantique ainsi qu'au Nunavut. Pour le reste, le portrait est plus varié. La croissance annuelle moyenne projetée est supérieure à la moyenne nationale dans un seul des six scénarios de croissance en Saskatchewan, au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest, dans deux des six scénarios au Yukon et dans cinq des six scénarios en Alberta.

Selon ces scénarios, le poids démographique des provinces au sein du Canada est appelé à évoluer d'ici 2036 (Tableau 3.3). La population de l'Ontario atteindrait entre 16,1 et 19,4 millions d'habitants en 2036, ce qui représenterait environ 40 % de la population canadienne, une hausse par rapport à 2009 (38,7 %). La Colombie-Britannique, dont la population est d'environ 4,5 millions d'habitants en 2009, verrait son poids démographique passer à plus de 14,0 % de la population canadienne et pourrait même atteindre 16,2 % (7,1 millions) selon le scénario qui lui est le plus favorable. Quant à l'Alberta, selon les différents scénarios, sa population varierait entre 4,6 et 5,7 millions d'habitants, soit de 10,8 % à 13,0 % de la population canadienne.

Le Québec, qui compterait entre 8,6 et 10,0 millions d'habitants en 2036, verrait son poids démographique passer de 23,2 % en 2009 à 21,4 % en 2036 dans le meilleur des cas, ce qui ne l'empêcherait pas de demeurer la deuxième province en importance au pays. Entre 2,4 et 2,7 millions de personnes, soit de 5,4 % à 6,0 % de la population canadienne, vivraient dans l'une des provinces de l'Atlantique en 2036, comparativement à 2,3 millions, ou 6,9 % de la population, en 2009. Au Manitoba, la population pourrait atteindre entre 1,4 et 1,7 million de personnes, et son poids démographique ne devrait évoluer qu'assez peu au cours de la période projetée. Enfin, la Saskatchewan devrait compter entre 1,1 et 1,4 million d'habitants en 2036 selon le scénario observé et verrait, au mieux, son poids démographique rester le même.

Structure par âge de la population des provinces etdes territoires

La structure par âge à l'échelle nationale masque des différences provinciales et territoriales importantes. Ces différences sont engendrées par des écarts observés entre les provinces et les territoires en ce qui a trait à la fécondité et à l'immigration, mais aussi aux migrations interprovinciales. Le tableau 3.4 présente l'âge médian des provinces et territoires selon les six scénarios.

Globalement, peu importe le scénario choisi, ce sont les provinces de l'Atlantique qui auraient les populations les plus âgées au pays en 2036. Terre-Neuve-et-Labrador avait la population la plus âgée au Canada en 2009, et selon tous les scénarios, elle conserverait ce rang en 2036. Ces résultats reflètent en grande partie la fécondité plus faible observée dans ces provinces et en particulier à Terre-Neuve-et-Labrador. Cela dit, l'impact d'autres composantes telles que l'immigration et les migrations interprovinciales n'est pas à négliger. Pour preuve, l'âge médian projeté varie beaucoup entre les divers scénarios moyens, lesquels, faut-il le rappeler, ne diffèrent que par cette dernière composante. En effet, contrairement à ce que l'on peut observer dans les autres provinces et territoires, c'est une variante du scénario moyen qui engendre l'âge médian le plus élevé, et non le scénario de croissance faible qui pourtant correspond à une fécondité et à une immigration plus faibles (scénario M4 à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nouveau-Brunswick, scénario M2 à l'Île-du-Prince-Édouard et scénarios M2 et M4 en Nouvelle-Écosse).

À l'opposé, c'est au Nunavut et aux Territoires du Nord-Ouest que les populations projetées seraient les plus jeunes, et ce, selon tous les scénarios. Ces deux territoires se démarquent avec une fécondité relativement élevée par comparaison aux autres provinces et territoires et cela engendre un âge médian relativement plus jeune qu'ailleurs.

Les provinces de l'Ontario, du Manitoba et de l'Alberta, afficheraient quant à elles un âge médian inférieur à la médiane canadienne, et ce, peu importe le scénario retenu. Ailleurs, le portrait serait plus variable. Par exemple, l'âge médian projeté n'est supérieur à celui du Canada que selon un seul scénario en Saskatchewan et, au contraire, pour la totalité des scénarios sauf un seul en Colombie-Britannique (dans les deux cas le scénario M3).

Avec un âge médian de 35,6 ans, l'Alberta était en 2009 la province la plus jeune au pays, si l'on fait exception de la situation particulière des Territoires du Nord-Ouest (31,5 ans) et du Nunavut (24,2 ans). Toutefois, en 2036, l'âge médian du Manitoba serait inférieur à celui de l'Alberta dans quatre des six scénarios. L'écart entre l'âge médian de la province la plus jeune et de la plus âgée, qui était de 7,2 ans en 2009, varierait entre 8,2 ans (scénarios L et M3) et 10,4 ans (scénario M4) en 2036. C'est toujours au scénario de croissance forte qu'est associé l'âge médian le plus jeune, et ce, dans toutes les provinces et tous les territoires.

La proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus serait nettement à la hausse par rapport à sa valeur observée en 2009, et ce, dans tous les scénarios de chacune des provinces et territoires (Tableau 3.5). Les provinces de l'Atlantique et le Québec afficheraient, dans chacun des scénarios présentés, une proportion de 65 ans ou plus projetée en 2036 supérieure à celle de l'ensemble du pays. À l'inverse, cette proportion serait inférieure à la moyenne canadienne en Ontario, au Manitoba, en Alberta, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Au Yukon, la proportion de 65 ans ou plus projetée en 2036 serait supérieure à la moyenne nationale uniquement pour le scénario M4, ce qui serait également le cas en Saskatchewan dans les scénarios M3 et M4 et en Colombie-Britannique dans les scénarios L, M1 et M4.

Dans l'ensemble, les disparités observées entre les provinces en 2009 auraient tendance à perdurer à l'avenir, à quelques exceptions près. L'exemple le plus probant est certainement Terre-Neuve-et-Labrador, qui affichait une proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus près de la moyenne canadienne en 2009 (14,8 % comparativement à 13,9 %), et qui présenterait systématiquement la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus la plus élevée au pays en 2036 (selon tous les scénarios). Les graphiques 3.18 à 3.43 présentent la population et la structure par âge pour chacune des provinces et territoires.

Sensibilité des résultats aux hypothèsesde projection

Les résultats pour le Canada des scénarios de croissance faible, moyenne et forte présentés précédemment résultent de l'effet combiné d'hypothèses relatives tant à l'immigration qu'à la fécondité et à l'espérance de vie. En plus de refléter l'incertitude liée à toute projection démographique, ces scénarios permettent de considérer un vaste ensemble de possibilités quant à l'évolution future de la population. Il devient toutefois difficile de déterminer l'effet spécifique de chacune des composantes sur la structure et le volume de la population en fin de projection.

Afin d'analyser la sensibilité des résultats aux hypothèses de projection et de mieux comprendre l'impact de chacune des composantes, six scénarios analytiques ont été créés à partir du scénario de croissance moyenne M1, dans lesquels une seule hypothèse a été modifiée. Les scénarios 1 et 2 visent à examiner l'impact de la fécondité. Le scénario 1 est identique au scénario M1 sauf qu'il utilise l'hypothèse de fécondité faible, soit celle utilisée dans le scénario de faible croissance. Le scénario 2 fait de même en adoptant cette fois-ci l'hypothèse de forte fécondité, soit celle utilisée dans le scénario de croissance forte. De la même façon, le scénario M1 a été modifié en substituant l'hypothèse moyenne par les hypothèses faible et forte pour la composante de la mortalité (scénarios 3 et 4) et celle de l'immigration (scénarios 5 et 6).

Chacune des trois composantes a un effet sur l'effectif de population projeté mais l'immigration est celle qui a l'impact le plus grand, suivi de la fécondité (Graphique 3.44). Avec une faible immigration (taux de 6,0 pour mille) la population atteindrait 47,6 millions d'habitants en 2061 alors qu'elle serait de 58,2 millions si l'immigration était forte (taux de 9,0 pour mille), un écart d'environ 10,6 millions. L'écart est moindre mais non négligeable entre le scénario de faible fécondité (1,5 enfant par femme) et celui de forte fécondité (1,9 enfant par femme). En 2061, l'écart entre les deux scénarios serait d'environ 8,2 millions. Enfin, la croissance de la population serait beaucoup moins affectée par une accélération ou décélération de la croissance de l'espérance de vie. L'écart entre les scénarios faible et fort serait alors d'environ 1,9 millions d'individus en 2061.

L'immigration a donc un impact important sur les volumes de population, mais il faut préciser que celui-ci varie passablement d'une province à l'autre. Les provinces et les territoires qui reçoivent le plus d'immigrants en proportion de leur population sont naturellement plus sensibles à des variations du nombre d'immigrants. Ainsi, alors que la population du Canada serait, en 2036, supérieure de 4,5 % avec l'hypothèse d'immigration forte plutôt qu'avec l'hypothèse moyenne, cette proportion varierait entre 5,4 % et 4,8 % en Ontario, en Colombie-Britannique et au Manitoba (Tableau 3.6).

Si les niveaux d'immigration et de fécondité influencent grandement les effectifs des populations projetées, des deux, c'est toutefois la fécondité qui a le plus d'impact sur la structure par âge de la population, celle-ci étant la plus susceptible de ralentir ou d'accélérer le vieillissement de la population canadienne d'ici 2061 (Graphique 3.45). En effet, les scénarios qui suggèrent des niveaux de fécondité différents du scénario moyen sont ceux qui affichent l'écart d'âge médian le plus important (4,5 ans). L'âge médian projeté avec l'hypothèse de faible fécondité serait de 46,4 ans alors qu'il n'atteindrait que 41,9 ans avec l'hypothèse de forte fécondité. L'hypothèse de fécondité faible a pour effet d'engendrer un nombre moins important de naissances, ce qui a pour conséquence d'accélérer le vieillissement de la population en réduisant le nombre de jeunes par rapport aux personnes plus âgées. Une fécondité plus forte a exactement l'effet inverse. Les niveaux d'immigration et de mortalité influencent aussi l'âge médian et le vieillissement, mais beaucoup plus modestement. Les scénarios qui ne diffèrent du scénario moyen que par l'immigration ont un écart d'âge médian d'environ un an tout comme ceux qui diffèrent uniquement par leur niveau de mortalité. De toute évidence, les variations de la mortalité et de l'immigration ont un impact limité sur le vieillissement de la population canadienne 3 .

Il convient de préciser que le choix d'autres hypothèses aurait pu mener à des conclusions différentes de celles présentées ici. Des hypothèses forte et faible proposant des écarts plus petits ou plus grands avec le scénario moyen pourraient changer l'ordre d'importance des effets des phénomènes, en particulier pour la fécondité et l'immigration.

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