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À la croisée des chemins : l’agriculture canadienne et les mouvements des aliments

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par Minh Ngo et Erik Dorff, Statistique Canada

Les aliments sont tout aussi indispensables que l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons.Asperges prêtes pour le marché. Mais savons-nous d’où viennent nos aliments et comment ils se retrouvent dans notre cuisine? Parfois, nous n’avons qu’à jeter un coup d’œil au produit pour constater son lieu d’origine. Dans certains cas, il faut chercher un peu plus loin pour le savoir. Lirons-nous sur l’étiquette Chine, Chili, Californie, Ontario ou Colombie-Britannique, une ferme en région ou notre propre cour arrière?

Le Canada a la chance d’avoir un paysage agricole diversifié qui appuie près de 230 000 fermes selon le Recensement de l’agriculture de 2006. Ces fermes produisent un large éventail de céréales, de graines oléagineuses, de légumes, de fruits et d’animaux d’un océan à l’autre. Toutefois, cette diversité ne change pas le fait que nous faisons partie du marché alimentaire mondial, tant à titre d’exportateurs qu’à titre d’importateurs.

La question de savoir où nos aliments sont cultivés ou transformés nous intéresse de plus en plus.Un marché au Pakistan. Photo : Paul Young Cet intérêt n’est pas unique au Canada, il touche également d’autres pays, y compris nos partenaires commerciaux. Les préoccupations qui sous-tendent cet intérêt accru comprennent notamment les discussions sur la consommation d’énergie requise pour le transport des aliments, les préoccupations environnementales, la sécurité des produits, la salubrité des aliments et le coût des aliments.

Les aliments en mouvement

De nombreux facteurs ont un rôle à jouer dans le fait que les produits présentés dans les magasins canadiens proviennent de fermes se situant à l’extérieur de la région locale, de la province ou du pays (tableau 1). Ces facteurs incluent notamment les contraintes climatiques et des facteurs économiques comme l’aide publique et les coûts de main d’œuvre à la ferme. Les préférences d’approvisionnement d’un épicier en fonction du volume et de la régularité jouent également un rôle important. Ces mêmes facteurs influent sur les produits locaux qui sont offerts dans les établissements voisins ou qui sont exportés à nos partenaires commerciaux. L’attente des consommateurs canadiens de conserver un certain niveau de choix d’aliments à longueur d’année ainsi que les pressions de la concurrence influencent l’économie alimentaire, ce qui, au bout du compte, rassemble tous les coins du monde à votre magasin d’alimentation local.

Tableau 1 Exportations et importations de certains produits agricoles au Canada, 2005.

Tableau 1
Exportations et importations de certains produits agricoles au Canada, 2005

L’épicerie mondiale

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que près de 670 milliards de dollars américains de produits agricoles ont été exportés dans le monde en 2005, dont près de 70 % étaient des aliments. Les produits agricoles incluent les aliments pour les humains, les aliments pour animaux, le bétail ainsi que la plupart des produits dérivés des animaux et des légumes, notamment les peaux, les fibres et les huiles. Ils excluent le poisson, l’engrais et les articles comme la machinerie. Mesurée en prix constants de 2000, la valeur du commerce international de produits agricoles a augmenté de 23 % entre 2000 et 2005.

À l’échelon international, la FAO a classé le Canada au neuvième rang en 2005 avec des exportations totalisant près de 21 milliards de dollars américains, derrière l’Italie et la Belgique mais devant l’Australie et la Chine (tableau 2). Le Canada est un exportateur net de produits agricoles. La valeur de nos importations agricoles représentait les trois quarts de la valeur de nos exportations agricoles (15,5 milliards de dollars américains), nous classant au 12e rang des pays importateurs.

Tableau 2 Pays classés selon la valeur de leurs importations et exportations agricoles totales, 2005.

Tableau 2
Pays classés selon la valeur de leurs importations et exportations agricoles totales, 2005

Avions, trains, camions et bateaux

Train qui attend au silo-élévateur. Photo : Emily CroccoPeu importe l’orientation du commerce, qu’il s’agisse d’une exportation ou d’une importation, les produits alimentaires doivent passer du point A au point B. Selon l’endroit d’où provient l’aliment, où il s’en va et le moment auquel il doit arriver, quatre modes de transport peuvent être impliqués dans le processus, l’avion, le train, le camion et le bateau, lesquels ont différents niveaux d’efficacité énergétique.

Les biens qui voyagent par avion utilisent plus de quatre fois la quantité d’énergie selon le poids que celle utilisée dans le transport routier, près de 40 fois plus d’énergie que le transport ferroviaire et plus de 44 fois plus d’énergie que le transport maritime. Lorsqu’il s’agit de déplacement d’aliments, la distance et le mode de transport sont tous les deux importants.

Une vision locale

Dans un pays aussi grand que le Canada, le commerce international et le commerce intérieur ont tous deux contribué à élargir la variété d’aliments dans nos supermarchés.Épicerie moderne. Toutefois, certains prétendent que cela a rendu les aliments plus uniformes, limitant les spécialités locales et compromettant la saveur pour un produit plus normalisé qui peut survivre aux rigueurs de l’expédition et séduire un plus grand marché. D’autres sont préoccupés par la salubrité des aliments ou par l’interruption possible de la circulation des marchandises provenant de loin.

Certains ont décidé qu’une relation à longue distance entre leur fourchette et la ferme ne fait tout simplement pas l’affaire. Ils veulent que leurs aliments, ou au moins certains d’entre eux, proviennent d’une source locale, un mouvement de plus en plus présent que l’on connaît sous le nom de « diète de 100 milles ». D’autres ont cherché le lancement de saveurs spécialisées et d’aliments moins connus, souvent locaux, dans le cadre du mouvement « Slow Food ».

Diète de 100 milles : Le terme qui décrit l’achat et la consommation d’aliments entièrement cultivés, transformés ou produits dans un rayon de 100 milles du domicile de la personne qui les consommera.

Slow Food : Une organisation écogastronomique sans but lucratif appuyée par ses membres qui a été fondée en 1989 afin de conserver les traditions alimentaires locales et les produits alimentaires traditionnels et de promouvoir un intérêt pour l’endroit d’où proviennent les aliments, leurs saveurs et les répercussions des choix alimentaires.

Agriculture soutenue par la communauté (ASC) : Une façon de produire et d’acheter des aliments qui fait que les acheteurs deviennent essentiellement membres de la ferme pour une saison grâce à un engagement financier annuel qui leur procure en échange des produits frais, saisonniers et locaux.

Les solutions pour manger localement

Châssis froid artisanal.De nombreuses solutions sont offertes à ceux qui veulent des sources d’aliments plus locaux.Marché de producteurs. Photo : Jenny Kendrick Certains reviennent au concept de jardin potager dans la cour arrière et cultivent ce qu’ils peuvent, que ce soit un plan de tomates, quelques plantes aromatiques ou un jardin débordant de produits à consommer en saison et à préserver. D’autres se procurent leurs aliments plus près de la maison en recherchant les produits locaux dans les épiceries et les magasins spécialisés, les marchés des agriculteurs et les étals routiers ou en achetant directement des agriculteurs ou par l’intermédiaire de l’Agriculture soutenue par la communauté (ASC). L’ASC fait que les acheteurs deviennent essentiellement membres de la ferme pour une saison grâce à un engagement financier annuel qui leur procure en échange des produits frais, saisonniers et locaux. Certaines collectivités cherchent des agriculteurs locaux pour produire des produits spécialisés qui auparavant auraient pu seulement être offerts à titre de produits importés. De nombreuses collectivités ou de nombreux groupes communautaires comme les offices du tourisme, les associations pour la santé communautaire et les groupes d’agriculteurs ont créé des listes ou des cartes qui établissent la liaison entre les consommateurs intéressés et les agriculteurs dans leur région, leur permettant ainsi de s’approvisionner en aliments localement.

Trouvez vos aliments près de votre assiette

Vous vous demandez ce qu’il y aurait dans votre assiette si vous suiviez un régime local? Le Recensement de l’agriculture est une excellente source qui propose des réponses à cette question. Les données tirées du Recensement de l’agriculture de 2006 sont organisées et regroupées dans une base de données conviviale et facilement consultable selon des profils des communautés agricoles, où vous trouverez jusqu’où vous devrez aller pour avoir le produit que vous souhaitez manger (votre collectivité, région, province ou à l’autre bout du pays) ainsi que le nombre de fermes et les stocks ou les « intentions d’ensemencement » le jour du recensement, le 16 mai 2006. Bien que les données ne vous dirigent pas à la ferme ou au marché des agriculteurs, elles vous donneront une bonne idée de ce qui est cultivé et élevé dans votre région.

Vous n’avez qu’à inscrire votre localité dans la fonction de recherche, à y entrer le nom de votre collectivité et votre province et suivre les liens. Vous pouvez naviguer dans les tableaux afin de découvrir ce que l’on cultive dans votre région.

Croquez une pomme du Canada

De toute évidence, certains aliments sont mieux placés pour être produits localement que d’autres. Prenons les pommes par exemple. Le Recensement de l’agriculture de 2006 a relevé 4 190 fermes produisant des pommes et cela dans chaque province à l’échelle du Canada (carte 1 et tableau 3). Selon la variété, les pommes peuvent mûrir à n’importe quel moment à partir de l’été jusqu’à tard à l’automne. À cela s’ajoute l’excellente qualité d’entreposage de nombreuses variétés qui fait en sorte qu’il est possible d’acheter des pommes fraîches locales presque à tout moment de l’année.

Carte 1 Fermes ayant déclaré des pommes au Canada, 2006 (en format PDF).

Carte 1
Fermes ayant déclaré des pommes au Canada, 2006

Tableau 3 Nombre de fermes ayant déclaré des pommes et la superficie, années de recensement 2006 et 2001.

Tableau 3
Nombre de fermes ayant déclaré des pommes et la superficie, années de recensement 2006 et 2001

Pommes à vendre en octobre. Photo : Stewart WellsMalgré notre capacité de produire d’excellentes pommes au pays, au cours des dix dernières années, le secteur canadien de la pomme a été sous la pression constante des concurrents internationaux (figure 1). La production de pommes en 2006 a été de 376 459 tonnes, ce qui représente une diminution de 7,9 % par rapport à 2005 et une baisse d’environ 25 % par rapport aux niveaux de 1996 selon l’Enquête sur les fruits et légumes de Statistique Canada. L’Ontario demeure le plus grand producteur de pommes, représentant 41 % de l’industrie, suivie de la Colombie-Britannique (24 %), du Québec (23 %) et de la Nouvelle-Écosse (10 %).

Les États-Unis sont de loin le plus important exportateur et importateur de pommes du Canada (tableau 4). Les prix des produits de base étant faibles, les coûts de production étant élevés et en raison de la concurrence internationale croissante qui influencent la décision d’un agriculteur de demeurer ou même d’entrer dans l’industrie de la pomme, il n’est pas étonnant que le Canada dépense trois fois plus en importations de pommes que ce qu’il perçoit des exportations. On trouve, en effet, une grande variété de pommes de partout dans le monde à portée de main.

Tableau 4 Les partenaires du Canada pour les pommes fraîches : principaux pays exportateurs et importateurs, 2005.

Tableau 4
Les partenaires du Canada pour les pommes fraîches : principaux pays exportateurs et importateurs, 2005

Figure 1
Production de pommes fraîches, importations et exportations pour le Canada, 1960 à 2006

Figure 1 Production de pommes fraîches, importations et exportations pour le Canada, 1960 à 2006.

Une courte saison pour plus de saveur

Auto-cueillette de fraises. Photo : Erik DorffLes fraises sont également cultivées dans toutes les provinces : 2 479 fermes au total ont déclaré cultiver des fraises au Recensement de l’agriculture de 2006 (carte 2). Les fraises ont une courte période de récolte, mais l’approvisionnement local signifie que les consommateurs peuvent les apprécier au sommet de leur fraîcheur — pendant quelques semaines, ils peuvent profiter de cette délicieuse saveur estivale — et pas après un voyage à travers le continent. En dehors de cette période limitée, si vous voulez savourer une fraise locale, vous devrez acheter des fraises congelées ou préservées.

Carte 2 Fermes ayant déclaré des fraises au Canada, 2006 (en format PDF).

Carte 2
Fermes ayant déclaré des fraises au Canada, 2006

Tableau 5 Nombre de fermes ayant déclaré des fraises et la superficie, années de recensement 2006 et 2001.

Tableau 5
Nombre de fermes ayant déclaré des fraises et la superficie, années de recensement 2006 et 2001

Malgré l’attrait des fraises locales fraîchement cueillies, l’industrie est en baisse, en raison du nombre de fermes qui a diminué de 5,5 % entre 2001 et 2006 et du nombre d’hectares en production qui est passé de plus de 6 000 en 2001 à 5 200 en 2006 (tableau 5). À l’extérieur de cette saison limitée, les fraises fraîches doivent être importées. Comme l’illustre la figure 2, les Canadiens ont certainement un penchant pour les fraises, et nos importations ont rapidement devancé notre production intérieure décroissante.

Figure 2
Production de fraises fraîches au Canada et importations, 1960 à 2006

Figure 2 Production de fraises fraîches au Canada et importations, 1960 à 2006.

D’où vient la viande de votre prochain repas

Classement du bouf. Photo : Photothèque d'animaux d'élevage de l'OFACLes viandes locales, comme le bœuf, le porc, l’agneau, le poulet, le dindon, le canard, le bison et la chèvre, sont également produites à l’échelle du pays (tableau 6). Les profils des communautés agricoles peuvent vous dire combien de fermes élèvent ces animaux dans votre secteur. Un produit local peut souvent être acheté « en morceaux emballés » à la ferme, aux marchés des agriculteurs ou par l’intermédiaire des bouchers locaux. Bien que certains exploitants chercheront à vendre une importante quantité de viande à chaque client, un quartier de bœuf peut produire 100 kilogrammes de morceaux et presque remplir un congélateur bahut, d’autres seront prêts à vendre de plus petites commandes.

Tableau 6 Nombre de fermes et stocks pour certaines viandes de bétail et de volaille, année de recensement 2006.

Tableau 6
Nombre de fermes et stocks pour certaines viandes de bétail et de volaille, année de recensement 2006

Carte 3 Fermes spécialisées dans l'élevage de bovins de boucherie au Canada, 2006 (en format PDF).

Carte 3
Fermes spécialisées dans l’élevage de bovins de boucherie au Canada, 2006

Légumes locaux

En plus des animaux élevés localement, chaque province canadienne cultive divers légumes de grande culture (qui excluent la pomme de terre) pour remplir votre assiette en saison, bien que la production varie selon le climat et la demande (carte 4 et tableau 7).

Tableau 7 Nombre de fermes ayant déclaré certains légumes de grande culture et des pommes de terre, année de recensement 2006.

Tableau 7
Nombre de fermes ayant déclaré certains légumes de grande culture et des pommes de terre, année de recensement 2006

Carte 4 Fermes ayant déclaré des légumes de grande culture au Canada, 2006 (en format PDF).

Carte 4
Fermes ayant déclaré des légumes de grande culture au Canada, 2006

Poivrons en serre. Photo : Houweling's Hot HouseBien que les Canadiens aient souvent un grand choix de légumes locaux en saison, il est plus difficile d’avoir une alimentation variée hors saison. Acheter des légumes produits localement lorsque la saison de végétation ne bat pas son plein signifie souvent qu’il faut inclure des produits frais qui se conservent bien comme la pomme de terre, la carotte, la courge, le navet et le chou. Les produits cultivés en serres, en serre tunnel ou en châssis froids permettent également de prolonger la saison de récolte au delà de ce qui est possible à l’extérieur, tout comme le fait de choisir des variétés plus rustiques ou à croissance plus rapide comme le rapini et le chou frisé plutôt que des légumes plus communs comme le brocoli et la laitue. Les produits transformés localement ou congelés constituent une autre option.

Acheter des produits d’ailleurs ou d’ici

À une époque où presque tout produit imaginable voyage régulièrement sur la terre, sur l’eau ou dans le ciel avant de se rendre dans votre magasin local, il est facile d’oublier les procédés, les personnes et les endroits qui nous permettent ainsi que nos familles et nos collectivités de se nourrir et de se maintenir en vie.

De nombreux facteurs peuvent influencer le choix d’une personne d’acheter et de consommer un produit ou un autre, notamment le coût, la qualité, le type, les répercussions communautaires ainsi que l’énergie nécessaire pour le transporter.

Lorsqu’il s’agit de choisir un aliment, pour certains, les « milles alimentaires » peuvent être une priorité, mais pour d’autres, des facteurs comme la préférence générale pour certains aliments, le prix, la variété, la nutrition, l’acceptabilité culturelle, la nouveauté, la salubrité ou la saveur peuvent être tout aussi importants ou même plus importants.

Pour ceux qui décident de s’approvisionner en aliments localement, les facteurs qui contribuent à ce choix peuvent être les avantages perçus d’une moins grande quantité d’énergie nécessaire au transport, l’accès assuré à des aliments de qualité, l’appui des économies locales, favoriser un sentiment de communauté ou établir un lien avec ceux qui cultivent et élèvent ce que nous mangeons. Le concept présente certainement matière à réflexion.

Pommes du Canada au marché des producteurs. Photo : Paul Young

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