L'émergence de variants préoccupants de la COVID-19, le déploiement des vaccins contre la COVID-19, ainsi que la réponse communautaire à l'évolution des mesures de santé publique continuent d'influencer le cours de la pandémie de COVID-19 au Canada et dans le monde.
Pour comprendre les répercussions directes et indirectes de la pandémie, il est important de mesurer la surmortalité, laquelle se produit lorsque le nombre de décès enregistrés au cours d'une période donnée est supérieur au nombre de décès attendu. Il convient de noter que, même sans pandémie, le nombre de décès survenus au cours d'une semaine donnée varie toujours d'une année à l'autre. Par conséquent, le nombre de décès auquel on peut s'attendre devrait se situer dans une certaine fourchette. On constate une surmortalité lorsque le nombre hebdomadaire de décès enregistrés est constamment plus élevé que le nombre de décès attendu, mais surtout lorsque le nombre de décès dépasse la fourchette du nombre de décès attendu pendant plusieurs semaines consécutives.
Selon les données provisoires, on estime que 42 397 décès en surnombre ont été déclarés au Canada de la fin mars 2020 à la mi-avril 2022; il s'agit de 7,0 % de décès de plus que le nombre attendu s'il n'y avait pas eu de pandémie. Au cours de la même période, au moins 36 445 décès directement attribuables à la COVID-19 ont été déclarés. Au-delà des décès attribuables à la maladie elle-même, la pandémie pourrait aussi avoir des conséquences indirectes qui augmentent ou diminuent le nombre de décès. Les tendances des statistiques de mortalité pendant la pandémie pourraient être affectées en raison de divers facteurs, y compris les procédures médicales retardées, l'augmentation des méfaits liés à la consommation de substances ou des changements dans la prévalence d'autres maladies, comme la grippe. Plusieurs périodes de surmortalité importante ont été observées au cours de cette période, dont celles qui coïncident avec une augmentation des cas de COVID-19 signalés.
La troisième semaine de janvier 2022 a été la semaine la plus meurtrière au Canada depuis le début de la pandémie, avec 25 % de décès de plus que le nombre attendu
À l'échelle nationale, le nombre de décès a augmenté en janvier 2022 pour atteindre un pic estimé de 7 810 décès au cours de la troisième semaine de janvier, la semaine la plus meurtrière de la pandémie, tant en ce qui concerne le nombre de décès que la surmortalité. Ceci représente 1 565 décès de plus (ou 25,1 %) que le nombre attendu au cours de cette semaine. Une surmortalité importante a été observée du début janvier à la mi-février, avec 7 122 décès de plus ou 16,5 % de décès de plus que le nombre attendu. Cela s'est produit pendant une période d'activité accrue de la COVID-19 en raison de la propagation du variant Omicron. Au cours de la même période, 4 780 décès directement attribuables à la COVID-19 ont été déclarés selon les données provisoires. Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec, l'Ontario, la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Britannique ont tous connu une période de surmortalité importante pendant ces mêmes sept semaines.
De la fin février à la majeure partie des mois de mars et d'avril, le nombre de décès hebdomadaire s'est situé généralement dans la fourchette de ce qui était attendu en l'absence de pandémie, tombant parfois en dessous de cette fourchette.
Les hommes ont connu une surmortalité plus élevée que les femmes au début de l'année 2022
Du début janvier jusqu'à la mi-février 2022, la période la plus récente de surmortalité à l'échelle nationale, les hommes (19,5 % de plus qu'attendu) ont connu une surmortalité plus élevée que celle des femmes (13,1 % de plus qu'attendu). En revanche, au cours de la première période de surmortalité de la fin mars 2020 au début de juin 2020, les femmes (16,0 %) ont connu une surmortalité plus élevée que celle des hommes (13,6 %).
Cette tendance la plus récente a été observée dans tous les groupes d'âge. Les hommes âgés de moins de 45 ans ont enregistré 21,6 % de décès de plus qu'attendu par rapport aux femmes âgées de moins de 45 ans (20,0 %). Le contraste était encore plus marqué chez les Canadiens plus âgés, chez les hommes âgés de 45 à 64 ans, de 65 à 84 ans et de 85 ans ou plus enregistrant 17,0 %, 17,8 % et 24,5 % de décès de plus qu'attendu, respectivement par rapport à 7,6 %, 12,6 % et 13,0 % chez les femmes des groupes d'âge correspondants.
Dans son engagement à tenir les Canadiens au courant des effets de la pandémie, la diffusion d'aujourd'hui comprend un ensemble de données provisoires nouvelles et mises à jour de la Base canadienne de données sur les décès liés aux statistiques de l'état civil, couvrant la période du 1er janvier 2020 au 4 juin 2022. Ces données sont mises à jour avec les informations les plus récentes disponibles chaque mois.
Note aux lecteurs
Les données diffusées aujourd'hui sont provisoires puisqu'elles ne sont pas fondées sur tous les décès qui sont survenus pendant la période de référence en raison des délais de déclaration, et puisque les données ne sont pas disponibles pour le Yukon. Les chiffres provisoires sur les décès sont fondés sur les données déclarées à Statistique Canada par les registraires provinciaux et territoriaux de l'état civil. Les estimations provisoires des décès ont été corrigées pour tenir compte des données incomplètes, dans la mesure du possible. Le nombre de cas de surmortalité dont il est question dans la présente analyse renvoie aux estimations provisoires. Pour obtenir des renseignements sur les méthodes utilisées, veuillez consulter le module « Définitions, sources de données et méthodes » relatif à la Base canadienne de données de l'état civil – Décès.
Les chiffres et les estimations provisoires des décès diffusés aujourd'hui pourraient ne pas correspondre à ceux provenant d'autres sources, comme les reportages dans les médias, ou à ceux provenant des autorités provinciales ou territoriales de la santé ou d'autres organismes.
Il existe plusieurs façons de mesurer la surmortalité, et chacune présente ses points forts et ses points faibles. Un certain nombre de défis se posent également quand vient le temps de mesurer la surmortalité, surtout lorsqu'il faut estimer correctement le nombre de décès attendu comparativement au nombre de décès actuel, en ayant comme base de comparaison un contexte sans pandémie de COVID-19. Des variations importantes peuvent être observées d'une année à l'autre dans le nombre annuel de décès, particulièrement dans les provinces les moins peuplées et dans les territoires. De plus, le décompte annuel des décès peut être influencé par les changements survenus au sein de la composition de la population, plus particulièrement relativement à l'âge, et les changements observés dans les taux de mortalité (par exemple une réduction de la mortalité). Dans le contexte canadien, où l'on retrouve une population vieillissante et croissante, le nombre de décès a augmenté de façon constante au cours des dernières années; par conséquent, on s'attend à un nombre plus élevé de décès en 2020 et en 2021, indépendamment de la COVID-19.
Un autre défi qui se pose est la difficulté de recueillir des données actuelles sur le nombre de décès. Compte tenu de ces considérations, la méthode choisie par Statistique Canada pour estimer les décès attendus — qui a également été adoptée par des organisations de plusieurs autres pays, dont les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis — est adaptée d'un algorithme de détection des maladies infectieuses qui a été largement utilisé pour surveiller la mortalité ces dernières années.
De plus amples renseignements sur la surmortalité enregistrée dans le contexte de la pandémie de COVID-19 au Canada peuvent être obtenus dans l'article « La surmortalité au Canada pendant la pandémie de la COVID-19 ».
La totalisation des causes de décès est fondée sur la cause initiale du décès, définie par l'Organisation mondiale de la Santé comme la maladie ou le traumatisme qui a déclenché l'évolution morbide menant directement au décès, ou comme les circonstances de l'accident ou de la violence qui ont entraîné le traumatisme mortel. La cause principale du décès est déterminée parmi les causes et les conditions énumérées sur le certificat médical de la cause du décès, lequel est rempli par un professionnel de la santé, un médecin légiste ou un coroner. Il est possible d'obtenir de plus amples renseignements sur les causes de décès, y compris la classification et la certification des décès liés à la COVID-19, dans l'étude « Comorbidités liées aux décès impliquant la COVID-19 au Canada ».
Les références à la période allant de la fin de mars 2020 à la mi-avril 2022 désignent la période allant de la semaine se terminant le 28 mars 2020 à la semaine se terminant le 23 avril 2022.
Les références à la période allant du début de janvier 2022 à la mi-février 2022 désignent la période allant de la semaine se terminant le 8 janvier 2022 à la semaine se terminant le 19 février 2022.
Les références à la période allant de la fin de mars 2020 au début de juin 2020 désignent la période allant de la semaine se terminant le 4 avril 2020 à la semaine se terminant le 6 juin 2020.
Produits
Le portail Statistiques sur l'espérance de vie et décès, qui fournit des renseignements sur les décès au Canada, a été mis à jour aujourd'hui. Il présente un Tableau de bord des décès provisoires et de la surmortalité au Canada, qui fournit des renseignements récents sur les tendances de la surmortalité ainsi que des outils interactifs de visualisation de données.
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