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Une semaine de travail de quatre jours : quelques éléments et chiffres à prendre en considération

5 septembre 2023, 11 h 00 (HAE)

C’est le mardi après la fête du Travail, le congé annuel qui célèbre les réalisations et les gains des travailleurs, y compris la journée de travail de huit heures et les congés payés.

Aujourd’hui, la plupart des Canadiens commenceront une semaine de travail de quatre jours, un concept qui a gagné en popularité au cours des dernières années dans la quête constante d’un meilleur équilibre travail-vie personnelle. Certains employeurs au Canada et dans d’autres pays ont fait l’essai de cette idée, et quelques-uns l’ont adoptée.

Ce concept pourrait-il fonctionner à plus grande échelle? En fin de compte, il revient à chaque employeur de prendre sa propre décision, laquelle devrait tenir compte des conditions de l’économie et du travail. Jetons un coup d’œil à quelques données connexes.

Gérer les affaires…

Voici une question de premier plan : y a-t-il suffisamment de travailleurs pour que cette idée se réalise?

L’économie canadienne est encore aux prises avec une importante pénurie de main-d’œuvre, de l’ordre de 843 200 postes vacants, ou un taux de postes vacants de 4,7 % au premier trimestre de 2023. Toutefois, ce taux est en baisse par rapport au sommet sans précédent de 984 600 postes vacants (ou un taux de postes vacants de 5,6 %) enregistré au deuxième trimestre de 2022.

Les taux de postes vacants varient selon le secteur, les taux les plus élevés ayant été observés dans les services d’hébergement et de restauration (7,9 %), les autres services (6,4 %) et les soins de santé et l’assistance sociale (6,0 %). Les taux les plus faibles étaient ceux enregistrés par les services d’enseignement (1,6 %), les services publics (2,2 %), les administrations publiques (2,6 %), l’industrie de l’information et l’industrie culturelle (3,3 %), la finance et les assurances (3,5 %) et le commerce de gros (3,5 %).

Le taux de chômage a augmenté de 0,1 point de pourcentage pour s’établir à 5,5 % en juillet 2023; il s'agit d’une troisième augmentation mensuelle consécutive. Le nombre de personnes qui travaillaient à temps plein et à temps partiel est resté stable.

… et faire des heures supplémentaires

Les employeurs offrent souvent la capacité de faire des heures supplémentaires pour répondre à la demande accrue de produits livrables ou pour terminer les projets à temps. Parmi les quelque 15,4 millions d’employés qui travaillaient dans l’ensemble des secteurs en juillet 2023, 15,5 % ont fait des heures supplémentaires.

Cependant, cela variait selon le secteur. Environ 1 employé sur 5 dans le secteur de la production de biens (20,6 %), y compris la construction (21,8 %) et la fabrication (19,4 %), a fait des heures supplémentaires en juillet 2023. Cela indique sans doute qu’une semaine de travail de quatre jours dans ces industries pourrait nécessiter plus de personnel pour maintenir les niveaux de productivité actuels.

Les taux d’heures supplémentaires étaient plus faibles dans les secteurs des services comme les services professionnels, scientifiques et techniques (16,6 %) et l’information, la culture et les loisirs (13,5 %). Ces secteurs ont tendance à comprendre plus de travail de bureau et à compter moins sur la production matérielle. En outre, ils disposent peut-être de plus de latitude pour offrir des modalités de travail flexibles.

Utilisation de la capacité

Les taux d’utilisation de la capacité sont des mesures de l’intensité avec laquelle les industries utilisent leur capacité de production. Le taux d’utilisation total de la capacité industrielle au premier trimestre de 2023 s’établissait à 81,9 %, soit un taux pratiquement inchangé par rapport à un an plus tôt.

Bien que les taux varient selon le secteur ou l’industrie (le plus haut taux a atteint 90,2 % dans le secteur de la construction et le plus faible taux, 63,1 % dans la fabrication du tabac), ils laissent à penser que les industries ont la capacité d’augmenter la production pour répondre à la demande, s’il y a suffisamment de personnel.

La réduction des heures moyennes ne signifie pas une faible productivité

Lorsque nous parlons de jours fériés, nous pensons à une réduction du nombre moyen d’heures travaillées. Nos observations des 25 dernières années au Canada révèlent une baisse constante au chapitre de cet indicateur de la qualité de l’emploi. Toutefois, la productivité a augmenté au cours de cette période.

Le nombre moyen d’heures travaillées (le nombre d’heures travaillées par emploi) dans les entreprises canadiennes a diminué pour passer de 1 840 heures en 1997 à 1 716 heures en 2022, ce qui représente une baisse moyenne de 0,3 % par année. La transformation de la nature des emplois et l’évolution des caractéristiques des travailleurs ont contribué à la tendance à la baisse observée au cours de cette période.

Parallèlement, la productivité du travail dans les entreprises canadiennes, mesurée en fonction du produit intérieur brut (en dollars enchaînés de 2012) par heure travaillée, a atteint 57,60 $ par heure en 2022, comparativement à 42,90 $ par heure en 1997, ce qui représente un taux de croissance annuel de 1,2 % au cours de la même période.

Démographie

Y a-t-il suffisamment de jeunes travailleurs qui entrent sur le marché du travail pour remplacer les retraités?

Selon les données du Recensement de la population de 2021, plus de 1 personne sur 5 (21,8 %) en âge de travailler était âgée de 55 à 64 ans et s’approchait de la retraite.

En juin 2023, un peu plus de 1 Canadien sur 5 âgé de 55 à 59 (21,8 %) ans a déclaré avoir complètement ou partiellement pris sa retraite, selon l’analyse menée dans le cadre de l’Enquête sur la population active (EPA). Chez les personnes âgées de 60 à 64 ans, cette proportion se chiffrait à plus de 2 personnes sur 5 (44,9 %).

Cependant, selon la même analyse, plus de la moitié des personnes qui prévoient de prendre leur retraite continueraient à travailler si elles pouvaient réduire leurs heures de travail et leur niveau de stress.

De plus, une récente analyse de l’EPA menée en juin 2023 a permis de constater que le taux d’emploi suit le rythme de la croissance démographique record.

Télétravail et souplesse

L’augmentation du télétravail dans la foulée la pandémie de COVID-19 a été possible en partie en raison de la capacité à faire du télétravail. Selon une étude réalisée par Statistique Canada en 2021, environ 1 travailleur canadien sur 3 (36 %) était un télétravailleur potentiel avant la pandémie, et la capacité de télétravail (des emplois dont les tâches pourraient vraisemblablement être faites à domicile) était d’environ 40 % à l’échelle nationale.

Le télétravail était plus fréquent dans certaines industries ou certains secteurs. Par exemple, en mai 2023, plus de 2 travailleurs sur 5 des services professionnels, scientifiques et techniques (41,3 %) travaillaient habituellement exclusivement à partir de la maison, ce qui représente la proportion la plus élevée de tous les secteurs.

L’étude a également montré que les télétravailleurs potentiels pourraient gagner près d’une heure par jour en ne faisant plus de navettage, et que ceux des grandes villes pourraient gagner encore plus de temps — un scénario idéal pour les modalités de travail flexibles.

Attentes des entreprises

Une semaine de travail de quatre jours nécessiterait de la flexibilité de la part d’un employeur, ainsi que la possibilité d’augmenter le nombre d’employés et les salaires.

Au troisième trimestre de 2023, 11,6 % des entreprises prévoyaient d’augmenter le nombre d’employés au cours des trois prochains mois. Les proportions étaient plus élevées pour les entreprises comptant de 5 à 19 employés (12,5 %), de 20 à 99 employés (20,3 %) et 100 employés ou plus (27,6 %).

Au cours du dernier trimestre, près de 1 entreprise sur 4 prévoyait d’offrir un horaire flexible (23,1 %) ou augmenter les salaires offerts aux nouveaux employés (23,4 %) au cours des 12 prochains mois.

Près de la moitié (47,6 %) des entreprises prévoyaient d’augmenter les salaires des employés actuels au cours des 12 prochains mois.

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