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Itinérance : comment en arrive-t-on là?

6 décembre 2023, 11 h 00 (HNE)

 

Le fait d’avoir un logement sûr et stable est essentiel pour mener une vie saine et prospère. En 2021, nous avons demandé aux ménages canadiens s’ils avaient déjà vécu une quelconque forme d’itinérance au cours de leur vie. Plus de 1 Canadien sur 10 (11,2 %), soit 1 690 000 personnes, a déclaré avoir déjà été en situation d’itinérance.

Quand on songe à l’itinérance, on pense souvent aux personnes hébergées dans des refuges, ou à celles complètement sans abri, et qui dorment dans des campements ou dans la rue. Ce type d’itinérance, appelé itinérance absolue, est vécu par 2,2 % des ménages au moins une fois dans leur vie. Cependant, une proportion beaucoup plus élevée de Canadiennes et de Canadiens (10,5 %) ont vécu des situations d’itinérance cachée, comme l’hébergement temporairement chez une connaissance lorsqu’ils n'avaient nulle part d’autre où aller.

Les inégalités de l’itinérance et le cheminement vers cette dernière

L’absence d’un logement stable peut être à l’origine de disparités entre divers groupes de personnes, et certains sont plus ou moins susceptibles que d’autres d’avoir vécu une situation d’itinérance. Par exemple, les ménages autochtones (29,5 %) étaient près de trois fois plus susceptibles que les ménages de l’ensemble de la population d’avoir vécu une situation d’itinérance. En revanche, le taux d’itinérance des ménages racisés (9,5 %) et immigrants (8,3 %) étaient inférieurs à la moyenne nationale. Les récents dénombrements ponctuels de l’itinérance à l’échelle nationale ont révélé que 35 % des personnes en situation d’itinérance s’identifiaient comme Autochtones.

Comment les gens sont-ils amenés à se retrouver en situation d’itinérance au Canada et pourquoi tant de personnes se sont-elles retrouvées sans logement? Nous avons demandé aux Canadiennes et aux Canadiens ayant vécu une situation d’itinérance absolue et ceux qui ont vécu une situation d’itinérance cachée pendant plus d’un mois de nous indiquer quels facteurs avaient mené à leur situation. Voici ce qu’ils nous ont confié…

Les difficultés financières sont l’une des principales causes de l’itinérance

La détérioration de l’abordabilité du logement survenue après le début de la pandémie de COVID-19, combinée à la hausse du taux de chômage et la baisse du nombre de postes vacants au cours des derniers mois, parallèlement à la montée de l’inflation tout au long de 2021 et 2022 (lien en anglais seulement), a entraîné une hausse du coût des biens et des services essentiels. Ces facteurs continuent d'exercer une pression financière sur de nombreux ménages partout au Canada.

À l’automne 2022, près de la moitié (44,0 %) des Canadiennes et Canadiens ont indiqué être très préoccupés au sujet de la capacité de leur ménage à acheter une propriété ou à payer le loyer. Il n’est donc pas surprenant que les problèmes financiers (41,8 %) aient été le plus souvent déclarés comme la cause principale d’une situation d’itinérance.

Les victimes de violence peuvent n’avoir nulle part où aller

Le lien entre les situations de violence familiale et l’itinérance est une préoccupation constante. En 2021, l’incidence de la violence familiale au Canada a augmenté pour une cinquième année consécutive, et les femmes et les filles représentaient les deux tiers des victimes.

Les problèmes relationnels (36,9 %) sont venus au deuxième rang des facteurs ayant mené à l’itinérance. La fuite de la violence (13,3 %), laquelle est reliée aux problèmes relationnels, amène de nombreuses personnes à se retrouver en situation d’itinérance, mais le taux était quatre fois plus élevé pour les femmes (20,9 %) que pour les hommes (5,2 %).

Si l’on prend exclusivement le cas de l’itinérance absolue, ces chiffres sont deux fois plus élevés : un peu plus de 2 femmes sur 5 (40,4 %) ont déclaré avoir été en situation d’itinérance absolue à un moment donné parce qu’elles cherchaient à fuir une situation de violence, comparativement à 12,1 % des hommes.

Les problèmes de santé peuvent perturber la stabilité en matière de logement

Bien que les difficultés financières et relationnelles soient les causes les plus courantes de l’itinérance, les problèmes de santé peuvent aussi entrer en cause.

Les Canadiennes et les Canadiens qui ont vécu une forme quelconque d’itinérance étaient plus susceptibles de déclarer une santé mentale passable ou mauvaise (38,0 %) que l’ensemble de la population (17,3 %). Quant aux problèmes de santé, ceux-ci ont plus souvent été invoqués comme facteur contribuant grandement à une situation d’itinérance absolue (16,5 %) que d’une situation d’itinérance cachée (8,9 %).

Les Canadiennes et les Canadiens en situation d’itinérance ayant des problèmes de santé mentale sous-jacents étaient également fortement représentés dans les hospitalisations récentes pour intoxications aux opioïdes.

Déménager ne signifie pas toujours de trouver un chez-soi

Les Canadiennes et Canadiens déménagent pour différentes raisons. La taille de leur ménage peut avoir changé, ils peuvent vouloir se rapprocher d’un emploi, ils peuvent être à la recherche d’un logement de meilleure qualité ou d’un quartier plus attrayant, ou ils peuvent avoir été expulsés de leur logement. Toutes ces raisons mènent à des expériences variées en matière d’itinérance cachée.

Parmi les autres principaux facteurs de l’itinérance cachée, notons la réinstallation (20,9 %) et l’attente d’un déménagement dans un nouveau logement (16,0 %). Plus de 1 ménage sur 3 ayant déménagé à un moment donné dans le passé a déclaré avoir attendu plus de six mois dans une situation d’itinérance cachée.

Trouver un logement ne met pas nécessairement fin aux besoins en matière de logement

Les ménages ayant déjà vécu en situation d’itinérance étaient plus susceptibles de vivre dans des logements nécessitant des réparations majeures ou d’avoir des besoins impérieux en matière de logement. Quelles que soient les raisons pour lesquelles une personne se retrouve dans cette situation, la présence (ou l’absence) d’un logement avait un effet significatif sur son avenir  (lien en anglais seulement), pour le meilleur ou pour le pire.

 

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