Enquête auprès des peuples autochtones, 2006 : Santé et situation sociale des Inuits

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Faits saillants
Introduction
1 Profil de la population inuite
2 Une approche orientée vers les déterminants de la santé
3 État de santé des Inuits - Quelques indicateurs clés
4 Résultats de l'Enquête auprès des peuples autochtones
5 Conclusions et possibilités de recherches futures

Faits saillants

  • La moitié des Inuits de 15 ans et plus (50 %) ont indiqué que leur santé était excellente ou très bonne, soit une baisse par rapport à la proportion de 56 % enregistrée en 2001.
  • Les adultes inuits étaient moins susceptibles (56 %) que ceux de l'ensemble de la population canadienne (79 %) d'être en contact avec un médecin, comme un médecin de famille ou un spécialiste.
  • Les problèmes de santé chroniques les plus souvent diagnostiqués chez les adultes inuits étaient l'arthrite et le rhumatisme (13 %) et l'hypertension artérielle (12 %). Dans le cas des enfants inuits de 6 à 14 ans, il s'agissait des infections de l'oreille (15 %), des allergies (10 %) et de l'asthme (7 %).
  • En 2006, le pourcentage d'Inuits fumant quotidiennement (58 %) était plus de trois fois plus élevé que celui pour l'ensemble des adultes au Canada (17 %).
  • Un peu plus de 6 enfants inuits sur 10 de 6 à 14 ans avaient reçu un traitement dentaire au cours de l'année précédente.
  • Un nombre grandissant d'Inuits poursuivent des études postsecondaires, mais certains ne terminent pas leurs études primaires ou secondaires. Environ le quart des femmes inuites ont indiqué qu'elles n'avaient pas terminé leurs études primaires ou secondaires en raison d'une grossesse ou pour prendre soin d'un enfant. Les principales raisons fournies par les hommes inuits comprenaient le désir de travailler (18 %), l'ennui (18 %) et l'obligation de travailler (14 %).
  • Plus de la moitié des enfants inuits (de 6 à 14 ans) avaient suivi un programme de développement de la petite enfance. Parmi eux, 59 % ont suivi un programme conçu particulièrement pour les enfants autochtones.
  • Les parents de 3 enfants inuits sur 10 de 6 à 14 ans ont indiqué que ceux ci avaient connu la faim à un moment donné de leur vie parce que la famille était à court de nourriture ou n'avait plus d'argent pour en acheter.
  • Dans l'Inuit Nunaat, la patrie inuite, la majorité des femmes et des hommes inuits de tous âges ont récolté de la nourriture traditionnelle, c'est-à-dire des aliments provenant de la terre et de la mer comme le phoque, le caribou, le poisson, la baleine, etc.
  • Les aliments traditionnels représentent un pourcentage élevé du poisson et de la viande consommés par de nombreuses familles inuites dans l'Inuit Nunaat et font l'objet d'un vaste partage avec les autres membres de la collectivité.

Introduction

Le présent rapport est axé sur certains déterminants sociaux de la santé des Inuits1. Les données sur l'état de santé sont produites à partir des données autodéclarées sur l'état de santé et les problèmes de santé chroniques. On examine des déterminants comme l'accès aux soins de santé, l'éducation, le logement, la récolte et la consommation d'aliments traditionnels. Les premiers résultats de l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2006 sont fournis ici pour les enfants inuits de 6 à 14 ans et les adultes inuits de 15 ans et plus. Le texte du rapport comprend des énoncés comparatifs uniquement lorsque les différences sont significatives au niveau de 5 %.

1 Profil de la population inuite2

Les Inuits sont les premiers habitants du Grand Nord de ce que l'on appelle maintenant le Canada et y ont vécu pendant des milliers d'années. Ils sont l'un des trois groupes de peuples autochtones définis par la Loi constitutionnelle de 1982. Ils se distinguent des membres des Premières nations et des Métis par leur patrimoine, leur langue et leur culture uniques.

Aujourd'hui, la plupart des Inuits vivent dans une des 52 collectivités du Nord, dans une région appelée « Inuit Nunaat », la patrie inuite. L'Inuit Nunaat est constitué de quatre régions créées à la suite de la signature d'accords de revendication territoriale et comprend, d'ouest en est, la région d'Inuvialuit dans les Territoires du Nord Ouest3, le Nunavut, le Nunavik au nord du 55e parallèle au Québec et le Nunatsiavut dans le Nord du Labrador (Inuit Tapiriit Kanatami, 2008).

Figure 1.1 Inuit Nunaat

Figure 1.1
Inuit Nunaat

Dans le cadre du Recensement de 2006, on a dénombré 50 485 Inuits vivant au Canada, dont plus des trois quarts (78 %) vivant dans l'Inuit Nunaat. La région comportant la population inuite la plus importante était le Nunavut, où résidaient 24 635 Inuits, soit environ la moitié de la population inuite totale du Canada. Le Nunavik comptait 9 565 Inuits, soit 19 % de l'ensemble de la population inuite. La région d'Inuvialuit comptait une population de 3 115 Inuits, soit 6 % de l'ensemble des Inuits au pays. Le Nunatsiavut, dans le Nord du Labrador, comptait 2 160 Inuits, soit 4 % de la population inuite totale. Les Inuits représentaient la majorité de la population dans ces quatre régions.

Environ 11 000 Inuits vivaient à l'extérieur de l'Inuit Nunaat. Les villes comptant les populations inuites les plus importantes à l'extérieur de l'Inuit Nunaat étaient Ottawa–Gatineau, Yellowknife, Edmonton et Montréal.

La population inuite est jeune, affichant un âge médian de 22 ans, comparativement à 39 ans pour l'ensemble de la population du Canada (l'âge médian est le point précis qui sépare la moitié de la population plus âgée et l'autre moitié plus jeune). Des pourcentages élevés d'Inuits se retrouvent dans les groupes les plus jeunes. En 2006, 12 % de la population inuite était âgée de 4 ans et moins, soit plus du double de la proportion de 5 % pour l'ensemble de la population canadienne.

Selon le Recensement de 2006, un pourcentage croissant de la population inuite est constitué de personnes de 65 ans et plus. Toutefois, cette population demeure faible en comparaison avec l'ensemble de la population canadienne; seulement 4 % de la population inuite est constituée de personnes âgées, comparativement à 13 % de la population totale du Canada.

Tableau 1.1 Répartition selon l'âge et l'âge médian, population inuite selon la région, 2006

Tableau 1.1
Répartition selon l'âge et l'âge médian, population inuite selon la région, 2006

2 Une approche orientée vers les déterminants de la santé

Il est largement reconnu au Canada et au niveau international que la santé ne se limite pas à l'absence de maladies. Les résultats en matière de santé sont influencés par de nombreux facteurs ou déterminants. L'Agence de la santé publique du Canada (2001) a établi 12 catégories regroupant les déterminants de la santé :

  • revenu et situation sociale;
  • réseaux de soutien social;
  • éducation et littératie;
  • emploi / conditions de travail;
  • environnement social;
  • environnement physique;
  • habitudes personnelles liées à la santé et capacités d'adaptation;
  • développement sain de l'enfant;
  • patrimoine biologique et génétique;
  • services de santé;
  • sexe;
  • culture.

Il a été affirmé que : « Les Inuits adoptent une vue holistique de la santé. Les Inuits ont longtemps su que, pour être en santé, nous avons besoin d'environnements sains, d'éducation et de possibilités d'emploi, de logements adéquats et de soutiens sociaux de même que d'un accès aux systèmes de soins de santé» (Inuit Tapiriit Kanatami, 2004a). Des recherches se concentrant sur les déterminants de la santé des Inuits ont été récemment menées. Un atelier tenu en 2005 au Nunavut a donné lieu à la définition de 11 déterminants de la santé des Inuits (énoncés dans l'Inuit Tapiriit Kanatami, 2007a) :

  • acculturation (changements que connaît une culture à la suite de contacts avec les autres);
  • productivité (qui dans ce cas comprend la récolte d'aliments traditionnels, la couture et le travail rémunéré et bénévole, etc.);
  • répartition du revenu;
  • logement;
  • éducation;
  • sécurité alimentaire et nutrition;
  • services de soins de santé;
  • qualité de vie de la petite enfance;
  • toxicomanie;
  • réseaux de sécurité sociale;
  • environnement4.

Nombre de ces déterminants sont très similaires à ceux énoncés par l'Agence de la santé publique du Canada, tandis que d'autres, comme l'acculturation, sont propres aux Inuits.

Les données recueillies par l'intermédiaire de l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2006 ne permettent pas un examen approfondi de tous ces déterminants. Le présent rapport est axé principalement sur six déterminants : l'accès aux services de soins de santé, la toxicomanie mesurée par les taux de tabagisme, l'expérience de la formation scolaire, les conditions de logement, la productivité mesurée par la participation à des activités de récolte, la sécurité alimentaire et la nutrition. Pour un aperçu plus complet des déterminants de la santé des Inuits, on pourrait examiner toute une gamme d'autres variables. Des données sur des questions comme les activités rémunérées sur le marché du travail, le revenu et le soutien social ainsi que la consommation d'alcool, notamment, sont aussi disponibles à partir de l'enquête.

3 État de santé des Inuits - Quelques indicateurs clés

Un aperçu de certains indicateurs clés de la santé montre des écarts significatifs entre les Inuits et l'ensemble de la population canadienne. L'espérance de vie dans les collectivités inuites est estimée à 15 ans de moins que celle des autres Canadiens et pourrait avoir diminué entre 1991 et 2001 (Wilkins et autres, 2008). En 20015, l'espérance de vie pour les Inuits vivant dans les collectivités inuites était estimée à 64,2 ans, comparativement à 79,5 ans pour l'ensemble de la population canadienne. Même si le taux de mortalité infantile pour les Inuits vivant dans les collectivités inuites a diminué, on estime qu'il est environ quatre fois plus élevé que le taux global pour le Canada (ibid.).

En 2006, le taux de tuberculose chez les Inuits était 23 fois plus élevé que pour l'ensemble de la population du Canada (Agence de la santé publique du Canada, 2008). Le taux d'admission à l'hôpital pour des infections des voies respiratoires inférieures chez les enfants inuits est le plus élevé dans le monde; ceci est relié aux résidences mal ventilées et surpeuplées (Kovesi et autres, 2008).

4 Résultats de l'Enquête auprès des peuples autochtones

4.1 Santé

4.1.1 État de santé autoévalué

Selon l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006, la moitié des adultes inuits de 15 ans et plus (50 %) ont indiqué que leur santé était excellente ou très bonne6, comparativement à 56 % en 20017. En 2006, les hommes et les femmes inuits étaient tout aussi susceptibles de déclarer être en excellente ou en très bonne santé. Les Inuits vivant à l'extérieur de l'Inuit Nunaat (57 %)8, au Nunatsiavut (58 %) et dans la région d'Inuvialuit (55 %) étaient les plus susceptibles de déclarer être en excellente ou en très bonne santé. Suivaient le Nunavut avec 48 % et le Nunavik avec 39 %.

Parmi les adultes de tous les groupes d'âge, les Inuits étaient moins susceptibles de déclarer être en excellente ou en très bonne santé que l'ensemble de la population canadienne (graphique 4.1).

Graphique 4.1 Santé autoévaluée comme étant excellente ou très bonne, Inuits et population totale du Canada selon le groupe d'âge, 2005-2006

Graphique 4.1
Santé autoévaluée comme étant excellente ou très bonne, Inuits et population totale du Canada selon le groupe d'âge, 2005-2006

Près des trois quarts (74 %) des enfants inuits de 6 à 14 ans étaient en excellente ou en très bonne santé, soit environ la même proportion qu'en 2001. Les différences entre les régions inuites n'étaient pas significatives. Toutefois, les enfants inuits vivant dans l'Inuit Nunaat étaient moins susceptibles d'être en excellente ou en très bonne santé que les enfants inuits vivant à l'extérieur de cette région (72 % comparativement à 83 %), peut être en raison d'un accès plus facile aux soins de santé.

4.1.2 Accès aux soins de santé

Les Inuits, et plus particulièrement ceux vivant dans l'Inuit Nunaat, peuvent faire face à des défis en ce qui a trait à l'accès au système de soins de santé (Romanow, 2002). Aucune des 52 collectivités inuites ne profite d'un accès routier à longueur d'année, et seulement quelques unes ont des hôpitaux. Les autres sont desservies par des centres de santé où travaillent des infirmières. Dans le cas des traitements nécessitant un médecin, ou pour les rendez vous avec des spécialistes médicaux, les Inuits doivent être déplacés en avion et les conditions météorologiques retardent souvent le départ de leur vol (Inuit Tapiriit Kanatami, 2004a). L'accès aux tests diagnostiques est plus limité au sein des collectivités inuites. Par ailleurs, certains Inuits ne parlent pas anglais et ont besoin de services de traduction (Archibald et Grey, 2000, Conseil du développement social du Nunavut, 2004).

Les Inuits étaient beaucoup moins susceptibles que les membres de la population en général d'avoir été vus par un médecin ou d'avoir consulté un médecin au téléphone au cours des 12 derniers mois9. Alors que 56 % des adultes inuits avaient été en contact avec un médecin au cours des 12 derniers mois, la proportion pour les adultes de l'ensemble de la population canadienne est de 79 % (après correction pour tenir compte des effets attribuables à l'âge)10. Les adultes inuits de tous les groupes d'âge étaient moins susceptibles que ceux de l'ensemble de la population canadienne d'avoir été en contact avec un médecin (graphique 4.2).

Graphique 4.2 Contact avec un médecin au cours des 12 derniers mois, Inuits et population totale du Canada selon le groupe d'âge, 2005-2006

Graphique 4.2
Contact avec un médecin au cours des 12 derniers mois, Inuits et population totale du Canada selon le groupe d'âge, 2005-2006

Environ la moitié des adultes vivant dans l'Inuit Nunaat (49 %) avaient été en contact avec un médecin au cours de la dernière année, comparativement à environ les trois quarts (73 %) des Inuits vivant à l'extérieur de cette région. Les adultes inuits du Nunatsiavut (44 %) et du Nunavut (47 %) étaient moins susceptibles d'avoir été vus par un médecin ou d'avoir consulté un médecin au téléphone que ceux du Nunavik (54 %) et de la région d'Inuvialuit (59 %).

Par contre, les Inuits étaient beaucoup plus susceptibles d'avoir été en contact avec une infirmière au cours de l'année précédente. Dans l'Inuit Nunaat, 70 % des adultes inuits ont déclaré avoir été en contact avec une infirmière, comparativement à 39 % des Inuits vivant à l'extérieur de cette région.

En 2006, plus du tiers (35 %) des enfants inuits de 6 à 14 ans avaient été en contact11 avec un pédiatre, un omnipraticien ou un médecin de famille12. Au Nunatsiavut, au Nunavik et au Nunavut, environ 3 enfants inuits sur 10 avaient été en contact avec un médecin. Dans la région d'Inuvialuit la proportion était plus élevée (47 %), soit environ le même taux que chez les enfants inuits de l'extérieur de l'Inuit Nunaat (51 %) (graphique 4.3).

Graphique 4.3 Enfants inuits de 6 à 14 ans qui ont été en contact avec un pédiatre ou un omnipraticien au cours des 12 derniers mois selon la région, 2006

Graphique 4.3
Enfants inuits de 6 à 14 ans qui ont été en contact avec un pédiatre ou un omnipraticien au cours des 12 derniers mois selon la région, 2006

Environ le quart des enfants inuits (26 %) avaient été en contact avec un spécialiste, comme un orthopédiste, un spécialiste de la vue, un psychiatre ou un chiropraticien13. Dans l'Inuit Nunaat, 50 % des enfants inuits avaient été en contact avec une infirmière au cours de l'année précédente, comparativement à 22 % des enfants inuits vivant à l'extérieur de cette région.

Au niveau national, environ 10 % de tous les adultes inuits ont indiqué qu'à certains moments au cours de la dernière année ils avaient eu besoin de soins de santé, mais ne les avaient pas reçus14. Même s'il n'y avait pas de différences significatives entre les pourcentages pour les Inuits vivant dans l'Inuit Nunaat et les Inuits vivant à l'extérieur de cette région, les raisons de l'absence de soins différaient15. Dans le cas des Inuits vivant à l'extérieur de l'Inuit Nunaat, la raison la plus fréquemment citée était les longs délais d'attente. Dans l'Inuit Nunaat, il s'agissait également d'une raison fréquemment donnée, mais un pourcentage similaire d'Inuits ont aussi indiqué qu'ils n'avaient pas reçu de soins parce que ceux-ci n'étaient pas disponibles dans la région ou au moment où ils en avaient eu besoin.

Certains Inuits doivent quitter leurs collectivités pendant de longues périodes pour recevoir des soins médicaux. L'accès aux services de santé à l'extérieur de la collectivité signifie souvent de passer du temps loin de la famille et du soutien social et représente un ajout au fardeau financier (Inuit Tapiriit Kanatami, 2004a). Les données de l'EAPA montrent que 5 % des adultes inuits de l'Inuit Nunaat ont indiqué qu'au cours de l'année 2005, ils ont résidé temporairement loin de chez eux, soit pendant un mois ou plus, en raison d'une maladie. Les différences n'étaient pas statistiquement significatives entre les hommes et les femmes inuits, ni entre les régions inuites.

4.1.3 Problèmes de santé chroniques

En 2006, 44 % des adultes inuits ont déclaré avoir reçu un diagnostic pour un ou plusieurs problèmes de santé chroniques16, soit une hausse par rapport à la proportion de 34 % enregistrée en 2001. Davantage de recherches pourraient révéler les raisons à la source de cette hausse.

Les problèmes de santé chroniques les plus souvent déclarés par les adultes inuits étaient l'arthrite et le rhumatisme (13 %), ainsi que l'hypertension artérielle (12 %) (tableau 4.1). Ces chiffres étaient environ les mêmes que dans l'ensemble de la population canadienne, après correction pour tenir compte des effets attribuables à l'âge.

Les Inuits vivant à l'extérieur de l'Inuit Nunaat (20 %) étaient plus susceptibles que ceux vivant dans d'autres régions de déclarer avoir reçu un diagnostic d'arthrite ou de rhumatisme, tandis que les adultes inuits du Nunavik (6 %) étaient les moins susceptibles de déclarer avoir reçu un diagnostic pour ce problème de santé chronique. Une partie de cette différence pourrait venir du fait que des personnes âgées forment un pourcentage plus grand de la population inuite qui vivent à l'extérieur de l'Inuit Nunaat. Les données du Recensement de 2006 montrent que les personnes âgées représentaient 6 % de la population inuite vivant à l'extérieur de l'Inuit Nunaat, comparativement à 3 % de la population de l'Inuit Nunaat.

Tableau 4.1 Problèmes de santé chroniques diagnostiqués par un professionnel de la santé les plus souvent déclarés, population inuite de 15 ans et plus, 2006

Tableau 4.1
Problèmes de santé chroniques diagnostiqués par un professionnel de la santé les plus souvent déclarés, population inuite de 15 ans et plus, 2006

Parmi l'ensemble de la population canadienne, le diabète est l'une des maladies qui connaît la croissance la plus rapide (Santé Canada, 2004). En 2006, 4 % des Inuits avaient reçu un diagnostic de diabète, soit environ le même pourcentage que dans l'ensemble de la population canadienne, après correction pour tenir compte des effets attribuables à l'âge. Cette proportion observée chez les Inuits représente une augmentation par rapport à celle de 2 % enregistrée en 2001.

Parmi tous les enfants inuits de 6 à 14 ans, les problèmes de santé chroniques les plus souvent déclarés étaient les infections de l'oreille, les allergies et l'asthme17. Les enfants inuits vivant à l'extérieur de l'Inuit Nunaat étaient plus susceptibles d'avoir reçu un diagnostic d'allergie et d'asthme que les enfants inuits vivant dans l'Inuit Nunaat (tableau 4.2).

Tableau 4.2 Certains problèmes de santé chroniques diagnostiqués, enfants inuits de 6 à 14 ans, EAPA de 2006

Tableau 4.2
Certains problèmes de santé chroniques diagnostiqués, enfants inuits de 6 à 14 ans, EAPA de 2006

4.1.4 Tabagisme

Les taux de cancer du poumon chez les Inuits au Canada sont les plus élevés au monde (Groupe de travail de l'examen circumpolaire du cancer chez les Inuits, 2008) et les taux élevés de tabagisme sont probablement un facteur aggravant.

Plus de la moitié (58 %) des adultes inuits fumaient sur une base quotidienne18, tandis qu'une autre proportion de 8 % fumaient occasionnellement. Le pourcentage d'Inuits fumant quotidiennement était plus de trois fois plus élevé que celui de l'ensemble des adultes au Canada (17 %) (Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2005). Les chiffres pour les Inuits sont demeurés relativement inchangés par rapport à 2001. En 2006, les hommes inuits, tout autant que les femmes inuits, étaient susceptibles de fumer quotidiennement.

Les adultes inuits de tous les âges étaient beaucoup plus susceptibles de fumer sur une base quotidienne que ceux de l'ensemble de la population canadienne (graphique 4.4).

Graphique 4.4 Fumeurs quotidiens chez les Inuits et dans la population totale du Canada de 15 ans et plus, 2005-2006

Graphique 4.4
Fumeurs quotidiens chez les Inuits et dans la population totale du Canada de 15 ans et plus, 2005-2006

On a noté certaines variations dans les chiffres concernant l'usage quotidien du tabac selon la région. Les adultes inuits vivant à l'extérieur de l'Inuit Nunaat étaient les moins susceptibles de fumer quotidiennement (40 %), tandis que les Inuits du Nunavik étaient les plus susceptibles (73 %) de fumer tous les jours. Les différences entre les trois autres régions inuites n'étaient pas statistiquement significatives (graphique 4.5).

Graphique 4.5 Fumeurs quotidiens, population inuite de 15 ans et plus selon la région, 2006

Graphique 4.5
Fumeurs quotidiens, population inuite de 15 ans et plus selon la région, 2006

4.1.5 Santé dentaire des enfants inuits

La santé dentaire et l'état de santé physique général sont étroitement liés. Chez la population canadienne, il existe un lien entre une mauvaise santé dentaire et le diabète ainsi que certaines maladies respiratoires, particulièrement chez les personnes âgées (Santé Canada, 2008). Certaines recherches ont révélé un lien possible entre une mauvaise santé dentaire et la naissance de bébés prématurés et de bébés ayant un petit poids à la naissance (ibid.). Plusieurs collectivités de l'Inuit Nunaat ne disposent pas d'un dentiste sur place. Les dentistes des régions plus au sud du Canada se rendent dans ces collectivités sur une base irrégulière. Souvent, seuls les cas les plus graves sont vus en raison des limites de temps. Les personnes doivent être transportées par avion à l'extérieur de leur collectivité pour les traitements ou les urgences dentaires (Gouvernement du Nunatsiavut, 2008).

Un peu plus de 6 enfants inuits sur 10 (63 %) de 6 à 14 ans avaient reçu des soins dentaires au cours des 12 derniers mois19. Les enfants de la région d'Inuvialuit et les enfants inuits vivant à l'extérieur de l'Inuit Nunaat étaient les plus susceptibles d'avoir reçu des soins dentaires au cours de la dernière année (79 % et 77 %). À l'opposé, les enfants du Nunatsiavut étaient les moins susceptibles (38 %) d'avoir reçu des soins dentaires. Au Nunavik20 et au Nunavut, le chiffre était d'environ 6 sur 10 (62 % et 57 %).

4.2 Logement

4.2.1 Problèmes de surpeuplement et de réparations

Il existe un lien étroit entre un logement approprié et un bon état de santé, les maisons surpeuplées pouvant être à la source de toute une série de problèmes de santé physique et mentale (Administrateur en chef de la santé publique, 2008). Les Inuits font face à un nombre élevé de problèmes en ce qui a trait au logement. Le manque de logements abordables contribue au surpeuplement des logements. Par ailleurs, étant donné que la plupart des collectivités ne disposent pas de refuges pour les sans-abris, et du fait que les températures extrêmes en hiver rendent la vie dangereuse à l'extérieur, certains Inuits sont logés dans les logements de familles et d'amis qui sont déjà surpeuplés (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007d).

Selon le Recensement de 2006, 31 % de tous les Inuits au Canada vivaient dans des maisons surpeuplées (maisons comptant plus d'une personne par pièce)21, comparativement à 3 % de la population totale du pays. Près de 4 Inuits sur 10 de l'Inuit Nunaat vivaient dans des logements surpeuplés. Chez les enfants inuits de moins de 15 ans, 40 % vivaient dans des maisons surpeuplées, soit environ six fois la proportion de 7 % enregistrée pour tous les enfants au Canada (Statistique Canada, 2008).

Le surpeuplement et les conditions météorologiques extrêmes donnent lieu à une détérioration significative des logements dans l'Inuit Nunaat. Les coûts de construction et de réparation des logements dans cette région sont élevés. Par exemple, au Nunavik, on a estimé que le coût de réparations majeures à une maison était de 150 000 $ en moyenne, soit 50 % de plus que dans le Sud du Canada (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007d). La saison de la construction est courte et la plupart des matériaux doivent être envoyés du Sud par bateau, en raison de l'absence d'accès routier. Les coûts d'entretien et de chauffage sont aussi élevés (Organisation nationale de la santé autochtone, 2008).

Les données du recensement montrent que près de 3 Inuits sur 10 (28 %) ont déclaré vivre dans des maisons nécessitant des réparations majeures22, comparativement à 9 % de la population totale du Canada. Dans l'Inuit Nunaat, 31 % des Inuits vivaient dans des maisons ayant besoin de réparations majeures.

4.2.2 Propriété du logement et logement subventionné

Même si le mode d'occupation du logement n'est pas considéré comme un déterminant de la santé, l'EAPA fournit des données qui permettent de mieux comprendre la situation des Inuits en matière de logement. Au niveau national, la plupart des Inuits louent leur maison et la plupart d'entre eux vivent dans des logements subventionnés. Dans l'Inuit Nunaat, 75 % des locataires vivaient dans des logements sociaux, publics ou financés par le gouvernement23.

En 2006, 64 % de tous les Inuits de 15 ans et plus étaient locataires, tandis que dans l'Inuit Nunaat, cette proportion passait à 73 %. Les taux de location résidentielle par les Inuits étaient les plus élevés au Nunavik (95 %), suivi par le Nunavut (71 %), la région d'Inuvialuit (59 %) et le Nunatsiavut (29 %). À l'extérieur de l'Inuit Nunaat, 42 % des Inuits louaient leur logement.

La majorité des Inuits qui étaient locataires (64 %) ont indiqué qu'ils aimeraient être propriétaires d'une maison. Au Nunatsiavut et à l'extérieur de l'Inuit Nunaat, la plupart des locataires inuits souhaitaient être propriétaires d'une maison (88 % et 84 % respectivement), suivis par environ les trois quarts (74 %) des Inuits de la région d'Inuvialuit. Les pourcentages au Nunavut et au Nunavik24 étaient plus faibles (59 % et 54 %).

Au Nunavut, au Nunavik et dans la région d'Inuvialuit, la principale raison indiquée par les Inuits pour justifier le fait qu'ils ne possédaient pas de maison était le coût trop élevé de celle-ci25. Au Nunatsiavut, les deux principales raisons données étaient le coût élevé et l'absence de maisons disponibles pour l'achat (tableau 4.3).

Tableau 4.3 Certaines raisons indiquées pour justifier le fait de ne pas posséder de maison par les locataires inuits adultes qui aimeraient en posséder une selon la région

Tableau 4.3
Certaines raisons indiquées pour justifier le fait de ne pas posséder de maison par les locataires inuits adultes qui aimeraient en posséder une selon la région

4.3 Formation scolaire

4.3.1 Indicateurs de la réussite dans le système d'éducation

Ces dernières années, de plus en plus d'Inuits terminent des études secondaires et entreprennent des études postsecondaires. Toutefois, de nombreux Inuits quittent le système scolaire sans diplôme d'études secondaires (Inuit Tapiriit Kanatami et Affaires indiennes et du Nord Canada, 2006). Les données du Recensement de 2006 montrent que la moitié (51 %) des Inuits de 25 à 64 ans n'avaient pas terminé leurs études secondaires. Toutefois, environ le tiers (36 %) avait un diplôme, un grade ou un certificat postsecondaire. Environ 4 % avaient un diplôme universitaire, ce qui représente une hausse par rapport à la proportion de 2 % enregistrée en 2001, mais ce pourcentage demeure inférieur à celui enregistré en 2006 pour l'ensemble de la population canadienne de 25 à 64 ans (23 %). Chez les Inuits, 17 % étaient titulaires d'un diplôme collégial, tandis que 13 % avaient un certificat de formation professionnelle (Statistique Canada, 2008a).

4.3.2 Enseignants inuits26 et utilisation de la langue inuite en classe

Parmi les personnes de 15 ans et plus qui avaient fréquenté l'école par le passé27, près de 4 sur 10 (38 %) ont indiqué qu'ils avaient eu un enseignant inuit au cours de leur dernière année scolaire (tableau 4.4). La proportion était plus élevée chez les Inuits plus jeunes, environ la moitié (48 %) de ceux de 15 à 24 ans ayant eu un enseignant inuit au cours de leur dernière année scolaire, comparativement à 14 % de ceux de 45 à 64 ans. Le chiffre pour les Inuits de 65 ans et plus était trop faible pour être exprimé. Au niveau régional, les pourcentages allaient de 65 % au Nunavik à 15 % à l'extérieur de l'Inuit Nunaat28.

Tableau 4.4 Langue inuite et enseignants inuits au cours de la dernière année d'études primaires ou secondaires, population inuite de 15 ans et plus, 2006

Tableau 4.4
Langue inuite et enseignants inuits au cours de la dernière année d'études primaires ou secondaires, population inuite de 15 ans et plus, 2006

Par ailleurs, 42 % des répondants indiquaient qu'ils avaient appris une langue inuite29 au cours de leur dernière année d'études. Cette proportion était la plus élevée au Nunavik (71 %) et était plus élevée pour ceux des groupes plus jeunes. Enfin, 39 % des adultes inuits ont indiqué qu'ils avaient eu un enseignant qui leur enseignait en langue inuite au cours de leur dernière année d'études30. Encore une fois, ce résultat était plus fréquent au Nunavik (64 %) et chez les Inuits plus jeunes.

4.3.3 Programme de développement de la petite enfance ou programme préscolaire

La participation à un programme de développement de la petite enfance ou à un programme préscolaire, particulièrement un programme conçu pour les enfants inuits, peut les aider à acquérir une base solide pour leur projet d'études futures (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007c). Au niveau national, 56 % des enfants inuits de 6 à 14 ans avaient suivi un programme de développement de la petite enfance ou un programme préscolaire31. Parmi eux, 59 % avaient suivi un programme conçu particulièrement pour les enfants autochtones, comme le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones32,33.

Les enfants inuits du Nunatsiavut étaient plus susceptibles que ceux des autres régions inuites d'avoir suivi des programmes préscolaires (81 %). Venaient ensuite le Nunavut et la région d'Inuvialuit (55 % et 56 %, respectivement). La proportion pour le Nunavik était plus faible à 42 %. À l'extérieur de l'Inuit Nunaat, 68 % des enfants inuits avaient suivi un programme préscolaire.

4.3.4 Obstacles à la poursuite des études

L'apprentissage par les Inuits a été décrit comme holistique, intégrant la culture, les familles, les collectivités et les aînés, ainsi que la terre et l'environnement (Conseil canadien sur l'apprentissage, 2007). Même si une part importante de l'apprentissage se fait maintenant en salle de classe, de nombreux Inuits, aujourd'hui et par le passé, ont acquis des valeurs, des connaissances et des compétences inuites en passant du temps sur le territoire et grâce aux interactions avec leurs parents, les aînés et les autres (Inuit Tapiriit Kanatami, 2004b et 2007c). Les systèmes d'éducation et les programmes conçus dans le Sud peuvent ne pas répondre aux besoins des étudiants inuits. Les expériences négatives liées aux pensionnats ont eu des répercussions sur les résultats scolaires de nombreux Inuits et de leurs enfants. Par ailleurs, pour de nombreux Inuits la langue maternelle est l'Inuit. Une part importante de leur scolarité se déroule en anglais et cela peut représenter un obstacle pour certains (National Inuit Youth Council, 2005).

Même si l'EAPA ne comprend pas tous les indicateurs requis pour évaluer l'apprentissage holistique propre aux Inuits, elle fournit des données qui peuvent être utilisées pour mieux comprendre certains facteurs qui peuvent avoir des répercussions sur les expériences et les résultats scolaires.

On a demandé aux adultes inuits qui n'avaient pas terminé d'études primaires ou secondaires pourquoi ils n'avaient pas poursuivi leurs études34. Les réponses variaient pour les hommes et les femmes inuits. Pour les hommes inuits, les réponses les plus courantes étaient qu'ils voulaient travailler, qu'ils s'ennuyaient à l'école ou qu'ils devaient travailler. La raison la plus fréquemment citée par les femmes inuites était la grossesse ou le fait qu'elles devaient prendre soin d'un enfant (tableau 4.5).

Tableau 4.5 Raisons de l'interruption des études primaires ou secondaires, hommes et femmes inuits de 15 ans et plus, 2006

Tableau 4.5
Raisons de l'interruption des études primaires ou secondaires, hommes et femmes inuits de 15 ans et plus, 2006

D'une région inuite à l'autre, les raisons fournies pour justifier l'interruption des études secondaires étaient similaires.

4.3.5 Fréquentation d'un pensionnat par les parents des enfants

Au cours de la deuxième moitié des années 1900, un certain nombre d'Inuits ont fréquenté des foyers scolaires gérés par le gouvernement fédéral35 situés partout dans le Nord. Le premier de ces pensionnats dans le Nord a été ouvert en 1951, à Chesterfield Inlet (Fondation autochtone de guérison, 2006).

Il a été affirmé qu' « afin qu'ils fréquentent des pensionnats indiens, les enfants autochtones étaient retirés de leurs maisons et souvent emmenés loin de leurs familles et de leur collectivité. Pendant qu'ils étaient pensionnaires, les enfants n'avaient pas le droit de parler leurs langues autochtones ni de parfaire leurs connaissances de leur culture et de leur patrimoine. Il n'est pas rare d'entendre des anciens élèves relater les expériences positives vécues dans ces établissements; toutefois, de nombreux anciens élèves ont été victimes d'abus sexuels et de violences physiques. » (Affaires indiennes et du Nord Canada, 2008a).

Le dernier pensionnat pour les enfants autochtones au Canada a fermé ses portes dans les années 1980, mais les répercussions toucheront de nombreuses générations d'Inuits, ainsi que leurs enfants et leurs collectivités (Que sont les enfants devenus?, 2008; Fondation autochtone de guérison, 2002).

L'Enquête auprès des peuples autochtones a démontré que les parents de 16 % des enfants inuits de 6 à 14 ans36 ont déclaré avoir fréquenté un pensionnat. Les parents des enfants inuits de la région d'Inuvialuit étaient les plus susceptibles d'avoir fréquenté un pensionnat (47 %). Pour chacune des autres régions inuites, la proportion était de 16 %37,38,39.

Au niveau national, les parents de près de la moitié (49 %) des enfants inuits avaient au moins un autre parent (par exemple, une mère, un grand père, une tante, etc.) ou un conjoint qui avait fréquenté un pensionnat. Dans la région d'Inuvialuit, la proportion était de 77 %. Dans chacune des trois autres régions inuites, la proportion était d'un peu plus de la moitié, tandis qu'à l'extérieur de l'Inuit Nunaat, elle se situait à 30 %.

4.3.6 Certaines initiatives en matière d'éducation dans des régions inuites

Il existe de nombreux exemples de projets dans des régions inuites destinés à fournir une expérience scolaire positive aux enfants et aux jeunes adultes inuits. Par exemple, à Sanikiluaq, au Nunavut, un groupe d'élèves du secondaire a acquis les compétences requises pour construire une maison et a profité à la fois d'une expérience de travail et acquis des crédits menant à un diplôme secondaire. Ils ont travaillé avec un enseignant et un menuisier pour construire une résidence de trois chambres dans leur collectivité, où les logements sont rares (Northern News Service, 2005).

Dans la collectivité d'Ulukhaktok (anciennement appelée Holman) de la région d'Inuvialuit, l'Inuinaqtun est la seule langue utilisée dans les centres de la petite enfance de la collectivité. Dans ces centres, on enseigne aux enfants des habiletés traditionnelles et on leur raconte des histoires sur la façon dont vivaient leurs ancêtres (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007c).

Parmi les autres exemples figure le programme de formation des enseignants dans les collectivités au Nunavik, qui permet la formation d'étudiants en enseignement dans leurs collectivités. Nombre de ces enseignants ont élaboré un programme en langue inuite pour la région (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007b).

râce au programme de soutien aux étudiants postsecondaires offert au Nunatsiavut, les étudiants reçoivent des conseils et des services d'orientation professionnelle qui les aident dans leur transition aux études postsecondaires. Les étudiants peuvent aussi demeurer au Nunatsiavut pendant une année de plus pour suivre des cours au niveau collégial, dont les crédits peuvent être transférés à des établissements à l'extérieur de la région (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007b).

4.4 Sécurité alimentaire et enfants inuits

« La nutrition est l'un des éléments et la base de la santé et du développement. […] Une meilleure nutrition signifie des systèmes immunitaires plus forts, un moins grand nombre de maladies et un meilleur état de santé. Les enfants en santé apprennent mieux » (Organisation mondiale de la santé, 2007). Toutefois, le coût d'un panier d'alimentation sain dans certaines collectivités inuites est au moins deux fois plus élevé que celui d'un panier comparable dans le Sud du Canada (Affaires indiennes et du Nord Canada, 2008b), tandis que le revenu des Inuits est beaucoup plus faible. En 2005, le revenu médian de l'ensemble de la population du Canada de 15 ans et plus était de 25 615 $, comparativement à 16 970 $ pour les Inuits (Statistique Canada, 2006). En outre, le coût de l'habillement et des autres produits est plus élevé (Bernard, 2006).

L'Enquête auprès des peuples autochones de 2006 a montré que 30 % des enfants inuits au Canada avaient, à un moment donné, connu la faim parce que leur famille était à court de nourriture ou n'avait plus d'argent pour en acheter40. Au Nunavut, près de 4 enfants inuits sur 10 (39 %) de 6 à 14 ans ont connu la faim. Le tiers (33 %) des enfants inuits du Nunavik et 30 % de ceux du Nunatsiavut ont connu la faim parce que leur famille était à court de nourriture ou n'avait plus d'argent pour en acheter. Les proportions étaient plus faibles dans la région d'Inuvialuit (12 %) et à l'extérieur de l'Inuit Nunaat (8E %).

Au niveau national, parmi les enfants inuits qui avaient connu la faim, cette situation s'était produite occasionnellement pour le tiers (33 %) d'entre eux. Par ailleurs, pour 13 % des enfants inuits, cette situation s'était produite certains mois. Toutefois, pour 24 % d'entre eux, elle s'était produite régulièrement à la fin du mois, tandis que 21 % des enfants avaient connu la faim plus d'une fois par mois41.

4.5 Importance des aliments traditionnels

4.5.1 Contexte

Même si de nombreux aliments importés du Sud sont disponibles dans toutes les collectivités inuites aujourd'hui, les aliments traditionnels dont se sont nourris les Inuits pendant des milliers d'années sont encore largement consommés dans les collectivités. Les aliments traditionnels comprennent, entre autres, le phoque, le caribou, la baleine, le canard, le poisson, et les petits fruits. L'énoncé qui suit rend compte de l'importance des aliments traditionnels pour les Inuvialuits, les Inuits de l'Arctique de l'Ouest : « La consommation de la nourriture traditionnelle est importante pour l'identité inuvialuite et l'aboutissement d'un ensemble d'activités conjointes; récolte, transformation, distribution et préparation exigeant un comportement; en valeur la coopération, le partage et la générosité» (Inuvialuit Regional Corporation, 2007). Outre les avantages pour la collectivité et les avantages culturels, les aliments traditionnels sont sains42, riches en nutriments essentiels et faibles en sucre et en mauvais gras (Société Makivik, 2000).

4.5.2 Qui récolte la nourriture traditionnelle?

Les Inuits doivent souvent se déplacer sur de longues distances pour chasser et pêcher les aliments traditionnels, et leur revenu est souvent trop peu élevé pour acheter et entretenir des motoneiges, des embarcations et d'autres équipements. Les prix de l'essence dans le Nord sont aussi élevés. Ce ne sont pas toutes les familles qui peuvent compter sur un chasseur, et celles qui chassent ne le font parfois pas aussi souvent qu'elles le voudraient en raison des contraintes de temps attribuables à leur travail et à d'autres engagements (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007a).

En dépit de ces défis, en 2005, la majorité des adultes de l'Inuit Nunaat (68 %) récoltaient43 des aliments traditionnels. Les hommes inuits étaient plus susceptibles de récolter que les femmes inuites (74 % comparativement à 62 %). La majorité des hommes et des femmes inuits de tous les âges ont indiqué prendre part aux activités de récolte (tableau 4.6).

Tableau 4.6 Récolte d'aliments traditionnels par les Inuits en 2005 selon le groupe d'âge et le sexe, Inuit Nunaat, 2006

Tableau 4.6
Récolte d'aliments traditionnels par les Inuits en 2005 selon le groupe d'âge et le sexe, Inuit Nunaat, 2006

Dans chacune des quatre régions inuites, plus de 6 adultes inuits sur 10 récoltaient des aliments traditionnels en 2005.

4.5.3 Consommation d'aliments traditionnels

Les aliments traditionnels continuent de représenter un pourcentage élevé du poisson et de la viande consommés par de nombreuses familles inuites. En 2006, 65 % des Inuits de l'Inuit Nunaat vivaient dans des foyers où au moins la moitié de la viande et du poisson consommés faisaient partie des aliments traditionnels (tableau 4.7). Cette situation était plus répandue dans le Nunatsiavut (79 %) que dans les autres régions : 66 % au Nunavut et dans la région d'Inuvialuit et 59 % au Nunavik. Le chiffre plus faible pour le Nunavik pourrait être le résultat d'un pourcentage important de personnes qui ont répondu « ne sait pas » ou qui n'ont pas fourni de réponse (16 %).

Tableau 4.7 Quantité de viande et de poisson qui font partie des aliments traditionnels consommés dans le ménage, adultes inuits de 15 ans et plus selon la région, 2006

Tableau 4.7
Quantité de viande et de poisson qui font partie des aliments traditionnels consommés dans le ménage, adultes inuits de 15 ans et plus selon la région, 2006

De nombreux enfants inuits consomment des aliments traditionnels sur une base régulière. Par exemple, 49 % des enfants inuits de 6 à 14 ans au Canada mangeaient de la viande sauvage au moins trois jours par semaine. Les enfants inuits de l'Inuit Nunaat étaient beaucoup plus susceptibles que les enfants inuits de l'extérieur de la région de consommer des aliments traditionnels aussi souvent (59 % comparativement à 12 %E), probablement en raison de l'accès plus difficile aux aliments traditionnels à l'extérieur des collectivités inuites. Les différences entre les régions à l'intérieur de l'Inuit Nunaat n'étaient pas statistiquement significatives.

4.5.4 Partage des aliments traditionnels avec les autres

« Une caractéristique unique de leur société (celle des Inuits) et qui leur a bien servi est une éthique profondément ancrée ou Ningiqtuq, le partage » (Berger, 2006). Cette tradition bien établie de partage se manifeste dans les données de l'Enquête auprès des peuples autochtones. La grande majorité des adultes de l'Inuit Nunaat – environ huit à dix – ont indiqué vivre dans des ménages qui avaient partagé des aliments traditionnels avec d'autres au cours de l'année précédente. Le partage des aliments traditionnels est généralisé dans l'Inuit Nunaat; la majorité des adultes inuits de chacune des quatre régions déclarant vivre dans un ménage qui a partagé des aliments traditionnels avec d'autres.

5 Conclusions et possibilités de recherches futures

L'Enquête auprès des peuples autochtones est l'une des quelques sources de données sur la situation sociale et économique des Inuits au Canada. De ce fait, il existe des possibilités de recherche plus poussées.

Le présent rapport est axé uniquement sur quelques déterminants de la santé des Inuits : l'accès aux services de santé, la toxicomanie (taux de tabagisme), la formation scolaire, les conditions du logement, la productivité (participation aux activités de récolte) et la sécurité alimentaire. Ces éléments ont été déterminés comme étant des priorités, et ce, au travers de discussions avec de nombreux organismes et départements fédéraux inuits. Pour un aperçu plus complet des déterminants de la santé des Inuits, toute une gamme d'autres variables pourraient être examinées. Des données concernant les activités rémunérées sur le marché du travail, le revenu et le soutien social et la consommation d'alcool, notamment, sont aussi disponibles à partir de l'enquête. L'étude de toutes les variables allait au-delà de la portée de ce rapport.

Il existe une gamme variée d'autres sujets qui pourraient être examinés à partir des données de l'EAPA. Parmi eux figurent la langue, l'utilisation des technologies de communication, la mobilité, les blessures et les limitations d'activité.

La plupart des questions posées dans l'EAPA de 2006 étaient comprises dans l'EAPA de 2001. Même si quelques comparaisons pour cette période ont été effectuées, les recherches à venir pourraient se pencher sur un plus grand nombre des changements qui se sont produits et des raisons qui les sous-tendent.

Même si on a utilisé des statistiques descriptives pour donner un aperçu statistique des adultes et des enfants inuits de 6 à 14 ans, des techniques plus poussées pourraient être utilisées pour répondre à toute une gamme de questions importantes pour les Inuits, leurs collectivités, les chercheurs et les décideurs.


Notes:

  1. Les Inuits de l'Arctique de l'Ouest sont appelés « Inuvialuits ». Dans le présent rapport, le terme Inuits comprend les Inuvialuits.
  2. Toutes les données de la section 1 sont tirées du recensement. On a utilisé les chiffres du recensement plutôt que les chiffres de l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) pour rendre compte du nombre d'Inuits au Canada afin d'assurer la conformité avec les données du recensement diffusées précédemment. Veuillez vous reporter au Guide des concepts et méthodes de l'EAPA pour une explication détaillée du rapport entre l'EAPA et le recensement (produit no 89-637-X au catalogue). Pour plus de renseignements sur la taille, la croissance, la situation du logement et la situation linguistique de chacune de ces régions, consulter Peuples autochtones du Canada en 2006 : Inuits, Métis et Premières nations, Recensement de 2006. Produit no 97-558-XIF au catalogue
  3. Dans le présent rapport, même si la ville d'Inuvik ne fait pas partie de la région désignée des Inuvialuits, la région d'Inuvialuit comprend la population d'Inuvik en raison du nombre important de personnes visées par les accords de revendication territoriale vivant dans cette ville.
  4. Ces déterminants découlant de l'atelier tenu au Nunavut ne sont peut-être pas complètement appropriés pour les Inuits vivant dans d'autres régions du Canada. Toutefois, l'Inuit Tapiriit Kanatami, l'organisme national inuit, les a utilisés comme points de départ pour un examen des déterminants sociaux de la santé des Inuits.
  5. L'estimation la plus récente.
  6. À partir de la question suivante : « En général, diriez-vous que votre santé est excellente, très bonne, bonne, passable ou faible? »
  7. En 2001, la collectivité de Hopedale au Labrador n'a pas participé à l'enquête et les données la concernant ne sont pas incluses dans les chiffres de la comparaison avec l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2001. La population de la collectivité est très petite et les comparaisons au niveau national avec les données de l'EAPA de 2006 ne sont pas touchées.
  8. Étant donné que l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006 n'a pas été menée dans les réserves des provinces, la région « Extérieur de l'Inuit Nunaat » exclut un petit nombre d'Inuits vivant dans ces collectivités des Premières nations.
  9. Les médecins comprennent les médecins de famille ou les omnipraticiens, ainsi que les spécialistes comme les chirurgiens, les allergologues et les orthopédistes.
  10. La correction pour tenir compte des effets attribuables à l'âge est une technique utilisée pour que les pourcentages relatifs à la population inuite, qui est très jeune, soient comparables à ceux pour l'ensemble de la population canadienne, qui est beaucoup plus âgée. Il est important de tenir compte des différentes structures d'âge de ces deux populations lorsque l'on analyse et interprète les données de l'Enquête auprès des peuples autochtones. Les chiffres ont été corrigés en fonction de la structure d'âge des Inuits.
  11. L'Enquête auprès des peuples autochtones ne comprenait pas de question visant les enfants de 6 à 14 ans pour qui les besoins en soins de santé n'avaient pas été satisfaits.
  12. On ne dispose pas de données comparables pour tous les enfants du même âge pour 2006.
  13. On ne dispose pas de données comparables pour tous les enfants du même âge pour 2006.
  14. On ne dispose pas de données comparables pour la population canadienne totale.
  15. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) était d'environ 31 % au niveaux national.
  16. Les problèmes de santé chroniques étaient ceux qui avaient duré ou devaient durer six mois ou plus.
  17. On ne dispose pas de données comparables pour tous les enfants du même âge pour 2006.
  18. À partir de la question suivante : « Fumez-vous actuellement la cigarette tous les jours, à l'occasion ou pas du tout? »
  19. On ne dispose pas de données comparables pour tous les enfants du même âge pour 2006.
  20. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) pour cette question au Nunavik (10 %) était supérieur à celui de toutes les autres régions.
  21. On ne compte pas les salles de bain, les halls d'entrée, les vestibules et les pièces utilisées uniquement pour affaires.
  22. Par réparations importantes, on entend les réparations d'installations de plomberie ou d'électricité défectueuses, les réparations de la charpente des murs, des planchers et des plafonds, etc.
  23. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) pour cette question dans l'Inuit Nunaat étaient de 13 % et 11 % globalement.
  24. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) pour cette question au Nunavik (13 %) était plus élevé que dans toutes les autres régions.
  25. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) pour cette question était de 12 % au niveau national.
  26. Peut comprendre un petit nombre d'Inuits déclarant avoir eu un enseignant autochtone non inuit.
  27. Les données concernent ceux qui ne fréquentaient pas l'école au moment de l'enquête.
  28. Il se peut que la région où le répondant a terminé sa dernière année d'études primaires ou secondaires ne corresponde pas toujours à l'endroit où il vivait au moment de l'enquête.
  29. Le terme « langue inuite » comprend les dialectes suivants : Inuktitut, Inuvialuktun et Inuinaqtun.
  30. Les questions sur lesquelles ces données sont fondées ont servi à déterminer si le répondant avait appris une langue autochtone ou avait reçu de l'enseignement en langue autochtone. La langue autochtone parlée par la grande majorité des Inuits est la langue inuite. Toutefois, un très petit nombre d'Inuits qui ont suivi des cours dans une autre langue autochtone pourraient être inclus ici.
  31. On ne dispose pas de données comparables pour tous les enfants du même âge pour 2006.
  32. Il s'agit d'un programme de développement de la petite enfance destiné aux enfants inuits, des Premières nations et métis et à leurs familles. L'objectif est « de démontrer que des stratégies d'intervention précoce supervisées et conçues localement peuvent aider les enfants autochtones à acquérir l'estime de soi et le désir d'apprendre tout en leur offrant des possibilités de développer leur plein potentiel comme jeunes citoyens ». (Agence de la santé publique du Canada)
  33. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) était d'environ 10 %.
  34. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) était d'environ 11 %.
  35. Le gouvernement fédéral n'utilisait pas le terme « pensionnat » pour les écoles de jour et les foyers scolaires exploités par les Affaires du Nord. Toutefois, les enfants inuits qui ont fréquenté des écoles fédérales de jour et ceux qui vivaient dans des foyers scolaires ou qui étaient en pension loin de chez eux étaient considérés comme des étudiants de pensionnats (Fondation autochtone de guérison, 2006).
  36. Dans la plupart des cas, le répondant était un parent ou un tuteur, mais pouvait aussi être un parent de famille d'accueil, un des grands parents, un autre parent, etc. Dans le présent rapport, le terme « parent » comprend les tuteurs et les autres.
  37. Dans le cas du Nunavik, le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) pour cette question était de 9E %.
  38. Au parent qui répondait au nom de l'enfant, on a posé la question suivante : « Avez-vous déjà été un(e) élève dans une école fédérale ou une école industrielle fédérale? » Les données rendent compte de la réponse du parent de l'enfant de 6 à 14 ans répondant à l'enquête et ne tiennent pas compte des deux parents. Il se peut que le parent ait ou non été le parent biologique de l'enfant (p. ex. il peut s'agir de parents adoptifs ou de parents de famille d'accueil). On a aussi demandé au parent si l'un des membres de sa famille ou son conjoint avait fréquenté un pensionnat.
  39. Il se peut que le pensionnat fréquenté par le parent ne se trouve pas dans la même région que celle où il vivait au moment de l'Enquête auprès des peuples autochtones.
  40. On a posé aux parents des enfants la question suivante : « Est-il déjà arrivé à (l'enfant) d'avoir faim parce que la famille était à court de nourriture ou n'avait plus d'argent pour en acheter? » Si la réponse était « oui », on leur a demandé à quelle fréquence ceci s'était produit : plus souvent qu'à la fin de chaque mois, régulièrement à la fin du mois, certains mois ou occasionnellement, mais pas régulièrement.
  41. Le taux de données manquantes (ne sait pas / refus / non déclaré) était d'environ 10 %.
  42. Des contaminants comme les polluants organiques persistants (POP) se retrouvent dans les aliments traditionnels. Toutefois, les avantages nutritionnels de ces aliments sont substantiels et surpassent les risques (Arnold et autres, 2003).
  43. La récolte comprend la chasse, la pèche, la cueillette de petits fruits et de plantes et la collecte d'œufs.