6 Mesure et corrélats de la croissance in situ

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Dans l'analyse qui précède, la croissance in situ se dégage comme un important facteur de croissance du nombre de titulaires de diplômes, particulièrement chez les jeunes. Le présent chapitre vise à évaluer la probabilité d'obtention d'un diplôme par rapport au lieu de résidence avant l'université. Autrement dit, nous cherchons à déterminer si les parts relativement faibles de titulaires de diplômes dans les régions rurales et les petites régions urbaines sont attribuables aux plus faibles taux d'obtention d'un diplôme chez ceux qui ont passé leurs années formatrices dans ces régions.

Pour examiner cette question, nous nous penchons plutôt sur le groupe des nouveaux titulaires de diplômes âgés de 20 à 24 ans en 2001. Nous posons comme hypothèse implicite que c'est la capacité des régions urbaines et rurales de créer des titulaires de diplômes et(ou) de les garder qui joue un rôle important dans la détermination de la part globale de titulaires de diplômes de ces régions à long terme.

Pour situer les titulaires de diplômes dans leur lieu de résidence avant la fréquentation de l'université, nous les « retournons » à leur lieu de résidence déclaré en 1996. En fait, nous imposons ainsi le contrefactuel qu'aucune des personnes ayant obtenu un diplôme n'a quitté l'endroit où elle a passé ses années formatrices.

Le tableau 5 montre le taux d'obtention d'un diplôme dans la hiérarchie urbaine-rurale, diverses restrictions en matière d'âge correspondant à l'âge moyen de début des études universitaires selon la région. Nous imposons des restrictions concernant l'âge afin de mieux identifier les personnes qui ont passé leurs années formatrices dans l'endroit qu'elles ont indiqué comme étant leur lieu de résidence cinq ans auparavant. Le cas « aucune restriction » comprend toutes les personnes âgées de 15 à 19 ans en 1996 (âgées de 20 à 24 ans au moment du recensement), leur âge en 1996 correspondant à la période où elles habitaient encore, le plus probablement chez leurs parents ou tuteur avant de fréquenter l'université. Toutefois, ce groupe comprend des personnes âgées de 18 et de 19 ans en 1996. Bon nombre d'entre elles fréquentaient l'université, particulièrement dans les provinces de l'Atlantique et dans l'Ouest du Canada, et pourraient indiquer la ville où elles ont fréquenté l'université comme leur lieu de résidence cinq ans auparavant. Le scénario « faible restriction » comprend les personnes âgées de 16 à 18 ans en 1996 habitant dans l'Ouest canadien et dans les provinces de l'Atlantique et âgées de 17 à 19 ans (en 1996) en Ontario et au Québec. D'autres contraintes en matière d'âge sont imposées dans le cas « forte restriction », correspondant à 16 à 17 ans comme âge d'entrée à l'université dans l'Ouest du Canada et dans les provinces atlantiques et à 17 à 18 ans en Ontario et au Québec. Bref, ces restrictions en matière d'âge expliquent les différences en ce qui concerne l'âge moyen de début des études universitaires entre les provinces. Par conséquent, elles augmentent la probabilité que nous saisissons l'endroit où les diplômés ont passé leurs années formatrices plutôt que celui où ils ont fréquenté l'université.

Quelles que soient les restrictions liées à l'âge, un gradient clair s'observe pour l'obtention d'un diplôme dans la hiérarchie urbaine-rurale, les grands centres urbains affichant le taux d'obtention d'un diplôme le plus élevé. Des proportions presque semblables de personnes habitants dans des centres urbains de taille moyenne obtiennent un diplôme. Les habitants des villes de taille moyenne et grande sont, en moyenne, au moins deux fois plus susceptibles d'obtenir un diplôme que les habitants des régions rurales.

Les résultats présentés au tableau 5 montrent l'effet de l'endroit ou de la région sur le taux d'obtention d'un diplôme. Toutefois, ils sont limités en ce sens qu'il n'est pas tenu compte de l'effet d'autres facteurs qui influent sur l'obtention d'un diplôme. Notamment, les caractéristiques individuelles comme l'âge, le sexe et le statut d'immigrant peuvent influer sur le choix du lieu et du moment d'obtention d'un diplôme. La province de résidence peut également influer sur ce choix (p. ex., à cause de différences sur le plan des politiques et des possibilités en matière d'éducation). Cet ensemble de corrélats n'est pas exhaustif, bien sûr, mais il nous permet de « réduire le nombre » de facteurs susceptibles d'expliquer pourquoi les taux d'obtention d'un diplôme varient selon l'endroit ou l'emplacement dans la hiérarchie urbaine-rurale.

Tableau 5
Part en pourcentage de la population résidente de jeunes vers la fin de l'adolescence en 1996 qui ont obtenu un diplôme en 2001, selon la catégorie de région urbaine et rurale

Nous estimons l'effet de ces corrélats sur la décision d'obtenir un diplôme au moyen d'un modèle de choix binaire (logistique) (tableau 6). Parallèlement aux totalisations présentées au tableau 5, nous présentons trois modèles distincts, le modèle 1 étant le moins restrictif pour ce qui est des effets de l'âge et le modèle 3, le plus restrictif. Nous montrons les effets marginaux sur la probabilité d'obtention d'un diplôme. La personne repère est une femme non immigrante, non autochtone, habitant dans une région rurale de l'Ontario et âgée d'environ 22 ans. Dans le modèle 1, la probabilité prédite que cette personne ait obtenu un diplôme est de 0,072 ou 7,2 %. Les effets marginaux de toutes les autres variables sont établis par rapport à cette probabilité prédite, les variables binaires prenant la valeur de 0 ou de 1.

Lorsque nous examinons d'abord les différences dans la hiérarchie urbaine-rurale, nous observons un gradient prononcé qui correspond aux résultats obtenus plus tôt. Pour le modèle 1, la probabilité supplémentaire d'obtenir un diplôme chez les résidents des grands centres est, en moyenne, de 6,7 points de pourcentage supérieurs à celle chez leurs homologues des régions rurales. En descendant dans la hiérarchie, la probabilité d'obtenir un diplôme diminue de façon monotone, étant d'environ 4,3 et 1,6 points de pourcentage plus forte, respectivement, chez les habitants des centres urbains de taille moyenne et petite que chez les habitants des régions rurales. L'effet de la taille de la ville demeure qualitativement le même dans les trois modèles. Ainsi, peu importe les restrictions que nous imposons aux âges des titulaires de diplômes, nos résultats demeurent les mêmes.

L'écart concernant la probabilité d'obtention d'un diplôme entre les grandes régions urbaines et les régions urbaines de taille moyenne revêt un intérêt particulier 6 . Même si les habitants des centres urbains de taille moyenne et grande ont essentiellement un accès égal aux universités, la probabilité d'obtention d'un diplôme est plus élevée dans les grands centres que dans ceux de taille moyenne. Cela donne à penser que les taux relativement élevés d'obtention d'un diplôme dans les grandes régions urbaines ne sont pas attribuables seulement à l'accès facile aux études postsecondaires, mais que les autres caractéristiques des grands centres urbains jouent un rôle également.

Tableau 6
Modèle logistique de la propension à obtenir un diplôme

D'autres effets qui modifient le taux d'obtention d'un diplôme s'observent également, venant appuyer les résultats généraux de la littérature. Par exemple, les hommes et les Autochtones sont moins susceptibles d'obtenir un diplôme. Le coefficient associé aux hommes est assez étonnant mais reflète la participation accrue des femmes aux études universitaires au fil du temps. Inversement, il n'est pas étonnant de constater que l'âge a un effet positif. Il n'y a pas de différence significative entre les immigrants et les personnes nées au Canada. Toutefois, nous ne tenons pas compte de l'effet des parents immigrants sur la probabilité d'obtention d'un diplôme.

Globalement, nous observons un gradient urbain-rural clair pour l'obtention d'un diplôme. L'emplacement par rapport au gradient peut avoir un effet significatif sur la probabilité d'obtention d'un diplôme, aussi important que celui du statut d'Autochtone ou du sexe. Ainsi, cet effet explique en partie les différences significatives observées entre les parts de titulaires de diplômes dans la hiérarchie urbaine-rurale. Dans la mesure où les flux migratoires des titulaires de diplômes vont vers les régions urbaines de taille plus grande, la migration a tendance à accroître ces différences entre régions urbaines et régions rurales.

6. L'hypothèse nulle voulant que les probabilités marginales d'obtention d'un diplôme soient les mêmes pour les grandes régions urbaines et les régions urbaines de taille moyenne a été rejetée pour tous trois modèles au niveau de signification de 0,0001 ou à un niveau inférieur de signification.