2 Produit intérieur brut réel et revenu intérieur brut réel

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La théorie économique et la pratique statistique stipulent que le produit intérieur brut (PIB) nominal et le revenu intérieur brut (RIB) nominal s'équivalent, de sorte que la valeur ajoutée est égale à la valeur des achats. Toutefois, les mesures réelles rajustées en fonction de l'inflation peuvent différer considérablement lorsque le volume de la production et le volume des achats intérieurs croissent à un rythme différent. Étant donné que le PIB et le RIB présentent des valeurs nominales identiques, les différences entre le PIB réel et le RIB réel sont attribuables au choix du déflateur.

Le PIB réel est une mesure du flux de revenu rajusté en fonction des prix et généré par une économie, relativement aux biens et services produits. C'est une mesure fondée sur la production. Son déflateur tient compte de la variation des prix, de sorte que la mesure en volume qui en découle ne change que lorsque les entrées ou la productivité changent. Bien que cette caractéristique fait du PIB réel une mesure de la valeur ajoutée réelle, elle empêche le PIB réel d'éclairer l'incidence qu'ont les variations des prix relatifs sur le volume des biens et services qui peuvent être achetés avec ce revenu.

Le déflateur du RIB permet aux variations des prix relatifs d'influer sur le nombre de biens et de services qui peuvent être achetés dans une économie ouverte. Il y arrive en déflatant les exportations nettes à l'aide d'un indice de prix, plutôt qu'en déflatant les exportations et les importations séparément. La déflation des exportations nettes produit directement une série réelle, qui diffère des exportations nettes réelles implicites que l'on obtient en soustrayant les importations réelles des exportations réelles. La différence entre les exportations nettes réelles implicites et les exportations nettes réelles directement déflatées constitue la variation dans le pouvoir d'achat de la production intérieure.

Il faut choisir l'indice de prix qui doit être utilisé pour évaluer les exportations nettes. Le Système de comptabilité nationale de 1993 (SCN93) n'écarte explicitement aucune méthode particulière visant la déflation des exportations nettes. Il fait cependant remarquer ce qui suit :

Il existe sur le sujet [de la sélection de l'indice de prix à utiliser pour déflater les exportations nettes] une littérature abondante, mais non conclusive ; il y a néanmoins un accord général sur le fait que le choix de [cet indice] conduit parfois à des différences substantielles dans les résultats. Ainsi, la mesure du RIB réel est parfois sensible au choix de [l'indice de prix] : c'est pourquoi un consensus n'a pu être atteint sur cette question.

SCN93, n o 16.153

Dans le présent document, on utilise le déflateur de la demande intérieure finale (DIF), d'après Kohli (2006), parce que des recherches récentes laissent entendre que ce déflateur permet une variation des prix relatifs plus étendue et comporte moins de problèmes de mesure : il atténue les préoccupations qui sont soulevées lorsque des indices de prix unitaire sont utilisés à titre de déflateur pour les prix à l'exportation et à l'importation (Silver, 2007). Le déflateur de la DIF est l'une des options avancées dans le SCN93, ce qui en fait une mesure du revenu réel officiellement reconnue par l'Organisation de coopération et de développement économiques, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, les Nations Unies et la Commission des Communautés européennes. Contrairement à d'autres options, les calculs de Kohli (2006) montrent qu'un gain commercial fondé sur le déflateur de la DIF est compatible avec une économie qui réalise des échanges commerciaux et dont le compte courant présente un déséquilibre. Cette option est donc compatible avec les modèles généraux d'équilibre de Corden et Neary (1982) et de Corden (1984), ainsi qu'avec le modèle d'économie dépendante de la balance des paiements.

L'utilisation du déflateur de la DIF offre davantage d'information que les autres options, en permettant la décomposition du gain commercial en effets des termes de l'échange et en un effet de la variation du prix relatif des biens échangés par rapport aux biens non échangés. Étant donné que certaines régions, notamment les provinces canadiennes et les États membres de l'Union européenne, sont sensibles aux politiques qui donnent lieu à un transfert de fonds des régions plus riches aux régions plus pauvres, les deux effets des prix relatifs sont essentiels à la compréhension de la croissance du revenu réel.

Les termes de l'échange représentent le volume de biens et services intérieurs qui doivent être cédés pour acquérir un bien ou un service étranger. Par conséquent, une variation des termes de l'échange représente un changement réel dans le volume des biens et services qu'une économie peut acheter avec ce qu'elle produit. Les améliorations des termes de l'échange ont des répercussions analogues à une croissance de la productivité (Diewert et Morrison, 1986).

Le prix relatif des biens et services échangés par rapport aux biens et services non échangés est appelé le taux de change réel, ou encore le ratio de Salter, d'après W. E. G. Salter (1959), qui a situé le rôle de la variation du prix relatif entre les biens non échangeables et les biens échangeables au centre des rajustements de la balance des paiements. Ce document suit l'exemple de Corden (1992) en faisant référence au ratio des prix comme étant le ratio de Salter, pour éviter toute confusion.

Les variations du prix relatif des biens échangeables par rapport aux biens non échangeables (le ratio de Salter) peuvent entraîner des changements dans le revenu tiré des exportations nettes ou dépensé sur les exportations nettes. À long terme, cette situation peut donner lieu à des changements dans les tendances des dépenses des agents intérieurs, en rendant les produits échangeables plus ou moins attrayants. Par conséquent, des changements dans la demande intérieure, les pressions inflationnistes, les taux de chômage et les exportations nettes peuvent se produire lorsque le ratio de Salter est modifié. Les résultats d'une modification du ratio de Salter sont plus complexes que les variations des termes de l'échange, et ils dépendent de la source du changement (prix à l'exportation, à l'importation ou intérieurs), des élasticités pertinentes, de l'ampleur des changements et de l'excédent ou déficit des exportations nettes. Quoi qu'il en soit, les modifications du ratio de Salter entraînent des changements dans le pouvoir d'achat intérieur.

Pour illustrer la façon dont la mesure du RIB réel tient compte du gain commercial, examinez le calcul suivant, qui est fondé sur Kohli (2006). Cette fonction montre qu'il est possible, en déflatant le PIB nominal à l'aide de deux déflateurs distincts, de décomposer mathématiquement le gain commercial en un effet des termes de l'échange et un effet du ratio de Salter.

Le déflateur du PIB est calculé en tant que moyenne pondérée des fluctuations des prix de la DIF (c.-à-d. les prix à la consommation, ainsi que le coût des investissements et des dépenses gouvernementales), de même que des prix à l'exportation et à l'importation, lorsque les prix à l'importation représentent un nombre négatif. Si ln( PY t, / t −1 ) est la valeur de l'indice Törnqvist pour le déflateur du PIB, il peut être écrit comme suit :

DIF , X et M représentent la demande intérieure finale, les exportations et les importations, et où les pondérations sont calculées en tant que part de l'agrégat du PIB nominal,

dont la moyenne est établie par rapport à t et t −1 :

Étant donné le déflateur, la croissance du PIB réel est définie comme étant la croissance du PIB nominal moins la croissance du déflateur :

Nous supposons que la croissance du déflateur du PIB réel égale celle du déflateur de la DIF :

La croissance du RIB réel est calculée de la même façon que celle du PIB réel. Dans le cas où l'on n'a pas à décomposer le gain commercial en ses composantes, il est possible, pour calculer le RIB réel, de déflater directement le PIB nominal à l'aide du déflateur de la DIF. En utilisant le déflateur de la DIF, la croissance du RIB réel correspond à la croissance du PIB nominal moins la croissance du déflateur de la DIF :

Le gain commercial attribuable aux changements des prix relatifs qui se produisent entre t et t −1 est calculé en tant qu'écart entre la croissance du RIB réel et celle du PIB réel :

ce qui réduit l'écart entre la croissance du déflateur du PIB et celle du déflateur du RIB — c'est- à-dire l'écart entre le prix intérieur et les prix à l'importation et l'exportation :


Formula - Formule - Description longue disponible

Étant donné que le PIB réel et le RIB réel sont étroitement liés, il est possible de calculer le RIB réel en tant que croissance du PIB réel plus la croissance du gain commercial :

Pour calculer la croissance du RIB réel en tant que somme des changements de la production (PIB réel) et des variations des prix relatifs (le gain commercial), il faut une estimation de la croissance du gain commercial. En décomposant le gain commercial en un effet des termes de l'échange ( ) et un effet du ratio de Salter ( E ), il est possible de calculer les changements dans le gain commercial comme suit :

  • Définir la croissance des termes de l'échange :
  • Définir la croissance des prix des biens échangés :
  • Définir la croissance du ratio de Salter :

En utilisant ces définitions et la formule (2), on peut montrer que les gains commerciaux sont la somme pondérée du ratio de Salter et des variations dans les termes de l'échange :

En combinant (3) et (4), la décomposition de la croissance du RIB réel se présente comme suit :

Description

Les pondérations appliquées au ratio de Salter et aux termes de l'échange ont une signification économique. Le signe de la pondération du ratio de Salter, soit 

Description

Formula - Formule - Description longue disponible, est positif (négatif) lorsque la balance commerciale est excédentaire (déficitaire), alors que sa grandeur reflète la taille de l'excédent (du déficit) relativement au PIB nominal. La pondération appliquée à la  croissance des termes de l'échange, soit Formula - Formule - Description longue disponible , est la valeur moyenne des échanges exprimés en proportion du PIB nominal. Le RIB réel des économies plus ouvertes aux échanges est plus sensible aux variations des termes de l'échange, alors qu'un déséquilibre commercial plus prononcé rend le RIB réel plus sensible aux variations du ratio de Salter. Les régions sont souvent plus touchées par les variations du ratio de Salter que les pays, car les transferts de fonds des régions plus riches vers les régions plus pauvres peuvent entraîner des déséquilibres commerciaux relatifs.

Étant donné que la variation des prix relatifs joue un rôle important dans l'évolution du RIB réel, celui-ci peut afficher un comportement très différent de celui du PIB réel. Par exemple, supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs, il se produit une appréciation du taux de change nominal qui réduit le prix des importations. Toutes choses étant égales, l'appréciation signifie qu'une quantité moindre du revenu intérieur est consacrée à l'achat de biens étrangers, ce qui accroît le PIB nominal. Puisque le déflateur du PIB produit un rajustement destiné à tenir compte des variations des prix, la mesure du volume du PIB ne changera pas ou diminuera si la production intérieure est déplacée.

Le déflateur du RIB réel, en revanche, permet que l'appréciation nominale ait une incidence sur le volume des biens et services pouvant être achetés. Lorsque le taux de change nominal augmente, il réduit le prix des biens échangés par rapport à celui des biens non échangés (une modification du ratio de Salter). L'appréciation réduit en même temps les revenus tirés des exportations et les coûts d'importation. L'effet net est fonction de l'excédent ou du déficit des exportations nettes (Kohli, 2006). En outre, les prix à l'importation chutent par rapport aux prix à l'exportation (une amélioration des termes de l'échange), ce qui permet à l'économie de transformer chaque exportation en importations supplémentaires. Comme résultat, la croissance du RIB réel diffère de celle du PIB réel.

Lorsque l'on examine l'effet de l'appréciation sur les agrégats économiques, d'autres différences entre le PIB réel et le RIB réel se manifestent. D'abord, après une augmentation du RIB réel, il se peut qu'il n'y ait pas d'augmentation connexe du volume des importations. En réalité, rien ne garantit qu'une augmentation du RIB réel attribuable aux gains commerciaux donnera lieu à une augmentation des dépenses intérieures réelles, si des dépenses supplémentaires doivent provenir de cette source. L'augmentation pourrait plutôt se traduire par une baisse des importations ou par des économies plus grandes. Les variations des prix relatifs entraînent une réaffectation des dépenses prises en compte dans les variations du RIB réel, mais pas nécessairement dans les variations du PIB réel.

Ensuite, si on permet aux prix à l'importation moins élevés d'influer sur le volume des importations, la théorie économique laisse entendre que le volume des importations augmentera. Si l'augmentation donne lieu à une substitution de la production intérieure par des importations, le niveau accru des importations aura tendance à faire baisser le PIB réel. Par contre, le RIB réel augmente. Le résultat paradoxal, c'est qu'une appréciation du taux de change nominal peut réduire le PIB réel tout en haussant le RIB réel (Kohli, 2004).

2 . Le déflateur du PIB comprend également des stocks et une divergence statistique, qui ne sont pas pris en compte dans la section analytique.