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  1. Introduction
  2. Travail rémunéré et non rémunéré des femmes : comparaisons entre les pays et études postérieures à l’immigration
  3. Données, mesures et techniques d’analyse
  4. Résultats descriptifs
  5. Résultats multivariés
  6. Conclusions

1   Introduction

La hausse significative de l’emploi rémunéré chez les femmes tout au long du XXe siècle et ses répercussions sur la vie professionnelle et personnelle des femmes ont suscité beaucoup d’attention de la part des chercheurs du domaine social. Les études qui examinent les déterminants de l’activité rémunérée et non rémunérée (p. ex., les tâches ménagères) des femmes sur le marché du travail sont habituellement axées sur des facteurs au niveau de la personne et du couple, et tentent de définir comment les décisions des ménages sont influencées par la conjoncture socioéconomique et font l’objet de négociations entre les époux et partenaires (p. ex., Becker, 1981; Chiappori, 1992; Laporte et Schellenberg, 2011). Toutefois, d’autres ouvrages sont axés sur l’influence du sexe proprement dit (p. ex., Berk, 1985; Calasanti et Bailey, 1991; Greenstein, 1996; Presser, 1994) et soutiennent que les hommes et les femmes sont socialisés en vue d’assumer un rôle particulier dans le ménage (Coltrane, 2000, p. 1213; Cunningham, 2001).

En outre, de plus en plus d’ouvrages publiés relient l’activité des femmes à des facteurs au niveau national, ce qui fournit une perspective différente de la façon dont les normes culturelles peuvent influencer le travail rémunéré et non rémunéré des femmes (p. ex., Fuwa, 2004; Fuwa et Cohen, 2007; Knudsen et Wærness, 2008; Ruppanner, 2010a, 2010b). Blumberg (1984) est d’avis que les ménages sont « enchâssés » par les systèmes au niveau national. De nombreuses études reposent sur cette hypothèse et soutiennent que les facteurs sociétaux influencent la façon dont les couples organisent les tâches ménagères, tant du point de vue de la répartition des différents types de tâches entre les conjoints que celui de la somme absolue de temps que chaque conjoint y consacre (p. ex., Craig et Mullan, 2011; Geist, 2005). On présume alors que le contexte national joue un rôle important, les notions des rôles des hommes et des femmes qui prévalent dans un pays ayant une influence sur l’activité des femmes et des hommes (Hook, 2010). En fait, des études empiriques ont démontré un rapport entre les attitudes sociétales à l’égard des rôles des hommes et des femmes et les décisions et attitudes des femmes concernant leur place dans la famille et sur le marché du travail (p. ex., Antecol, 2000; Fuwa, 2004; Kan et coll., 2011).

Des recherches interculturelles qui tiennent compte des caractéristiques au niveau national laissent supposer que l’activité et les tâches ménagères des femmes sont associées aux forces institutionnelles et culturelles qui s’exercent dans les sociétés dont elles sont membres (Geist, 2005; Knudsen et Wærness, 2008). Certains facteurs au niveau national, comme les taux d’activité des femmes sur le marché du travail et les ratios entre les taux d’inscription aux études secondaires des hommes et ceux des femmes sont considérés comme des indicateurs de la mesure dans laquelle les rôles « traditionnels » des sexes sont adoptés par un pays et sont utilisés pour évaluer comment les normes culturelles liées au sexe peuvent influencer les décisions des femmes en matière d’activité. Des analyses empiriques dans ce domaine de recherche ont mis l’accent sur les effets des caractéristiques nationales, comme le niveau de développement économique, le niveau de participation des femmes 1 , ou les caractéristiques du système de bien-être.

Les comparaisons entre les pays comportent une limite importante, à savoir qu’elles ne permettent généralement pas de confirmer si la variation observée dans la part de travail des femmes est associée à des différences dans les facteurs culturels ou dans les contextes institutionnels entre les nations. Le nombre limité de pays compris dans ces études empêche aussi de contrôler de façon appropriée les attributs au niveau du pays et produit parfois des comparaisons entre les pays caractérisées par une variation modeste des normes en ce qui a trait aux rôles des hommes et des femmes (p. ex., Baxter, 1997). Il existe une façon de tenir compte de ces limites, à savoir isoler l’effet des caractéristiques culturelles en maintenant relativement constants les contextes institutionnels. De telles « expériences naturelles » nécessitent des sujets qui ont des antécédents culturels différents, mais qui sont exposés aux mêmes institutions et politiques nationales. On peut y arriver en examinant des immigrants provenant de divers pays qui arrivent dans le même pays d’accueil à l’âge adulte. L’association entre les caractéristiques du pays d’origine et l’activité sur le marché du travail ainsi que les tâches ménagères des immigrants dans le pays d’accueil permet une évaluation des facteurs culturels indépendante des institutions et de la situation dans les différents pays (Antecol, 2000; Blau et coll., 2011; Fernández et Fogli, 2009).

La présente étude s’inscrit dans le prolongement des ouvrages publiés sur le rapport entre les caractéristiques du pays d’origine et l’activité des femmes immigrantes en examinant l’influence possible que les facteurs culturels liés aux normes relatives aux rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine des immigrants peuvent avoir sur le travail rémunéré et non rémunéré des immigrants au Canada. On vise à répondre aux questions suivantes : 1) Les indicateurs des rôles traditionnels des hommes et des femmes dans le pays d’origine des femmes immigrantes sont-ils corrélés avec l’activité de ces dernières sur le marché du travail et leur contribution aux tâches ménagères pendant les années suivant l’établissement au Canada? 2) L’importance de ces rapports diminue-t-elle au fur et à mesure du temps passé au Canada, c’est-à-dire, dans quelle mesure les effets des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sont-ils durables? 3) Les rapports entre les rôles traditionnels des hommes et des femmes et les résultats sur le marché du travail sont-ils différents lorsque les maris et les femmes proviennent de pays différents? 4) Les rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sont-ils aussi corrélés avec l’activité sur le marché du travail et la contribution aux tâches ménagères des maris immigrants?

Le reste du présent document est organisé en six sections. La section 2 fournit un aperçu des ouvrages publiés sur les différences dans l’activité sur le marché du travail des femmes entre les pays et sur la persistance des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine à l’intérieur des familles immigrantes. Cet aperçu est suivi, à la section 3, par un examen des données, des mesures et des techniques d’analyse utilisées dans l’étude. Des résultats descriptifs et multivariés sont présentés respectivement dans les sections 4 et 5. Enfin, la section 6 fournit un résumé des principales conclusions de l’étude.

Pour plus de simplicité, dans le présent document, le terme marié désigne les personnes légalement mariées ou vivant en union libre, les termes femme ou femmes désignent à la fois les épouses et les partenaires en union libre de sexe féminin, et les termes mari ou maris désignent à la fois les maris et les partenaires en union libre de sexe masculin.

2   Travail rémunéré et non rémunéré des femmes : comparaisons entre les pays et études postérieures à l’immigration

Des études transnationales ont conclu dans une large mesure que la participation des femmes au marché du travail et leur part des tâches ménagères varient selon les pays, ce qui montre qu’il existe des influences au niveau national sur le travail rémunéré et non rémunéré des femmes (Batalova et Cohen, 2002; Bittman et coll., 2003; Fortin, 2005; Fuwa, 2004; Fuwa et Cohen, 2007; Heisig, 2011; Hook, 2006; Kan et coll., 2011; Knudsen et Wærness, 2008; Nieuwenhuis et coll., 2012; Yodanis, 2005). Ces études ont examiné le rôle que les différentes caractéristiques économiques et sociales nationales jouent dans les décisions des femmes au chapitre de l’activité. Par ailleurs, plusieurs études ont porté sur le rapport entre les tâches ménagères des femmes et les politiques relatives à l’emploi et à la garde des enfants (p. ex., Craig et Mullan, 2011; Fuwa et Cohen, 2007; Geist et Cohen, 2011; Gershuny et Sullivan, 2003; Kan et coll., 2011; Lewis, 1992). Par exemple, les femmes provenant de pays où les politiques favorisent activement la participation des femmes au marché du travail semblent prendre en charge une part plus faible des tâches ménagères que les femmes provenant de pays où les politiques reposent sur des hypothèses de responsabilités familiales « traditionnelles » (c’est-à-dire l’homme pourvoyeur et la femme dispensatrice de soins) (Fuwa, 2004; Kan et coll., 2011).

Par ailleurs, une plus grande représentation des femmes dans des postes de pouvoir au niveau politique ou économique dans une société est associée à une répartition des tâches ménagères plus équitable (Batalova et Cohen, 2002; Fuwa, 2004; Knudsen et Wærness, 2008). En ce qui a trait aux autres facteurs, les tâches ménagères des femmes comportent une corrélation fortement négative avec le niveau de participation des femmes dans leur pays (comme le montre l’indicateur de la participation des femmes), tandis que la contribution absolue des hommes aux tâches ménagères est plus fortement corrélée avec le niveau de développement économique de leur pays (Knudsen et Wærness, 2008). Toutefois, les effets du développement économique, mesurés par le produit intérieur brut (PIB), ne sont pas uniformes d’une étude à l’autre. Alors que Fuwa (2004) a déterminé que le PIB n’est pas corrélé de façon significative avec la part des tâches ménagères assumée par les femmes, Heisig (2011) a conclu que les parts relatives des tâches ménagères des femmes et des hommes dans les pays sont associées au PIB par habitant 2 . Knudsen et Wærness (2008) sont d’avis que ces incohérences peuvent être attribuables à une forte corrélation entre le PIB national et les niveaux de participation des femmes.

Un certain nombre d’études aux États-Unis ont porté sur l’influence possible des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine des immigrants sur les décisions d’emploi postérieures à la migration. Ces études montrent que les facteurs au niveau national associés aux rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine, comme les taux d’activité des femmes, influencent subséquemment les décisions sur le marché du travail des femmes immigrantes de première et de deuxième générations (Antecol, 2000; Blau et coll., 2011; Fernández et Fogli, 2009).

L’influence possible qu’ont les rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine des immigrants sur leurs activités postérieures à la migration soulève des questions concernant l’évolution des attitudes et des comportements des personnes au fil du temps. Certaines recherches laissent supposer que les convictions des personnes en ce qui a trait aux rôles des hommes et des femmes sont largement acquises pendant l’enfance et continuent de modeler les comportements à l’âge adulte (Cunningham, 2001; Marshall, 2011; Fernández et coll., 2004). L’influence des attitudes et des convictions acquises plus tôt dans la vie peuvent par conséquent persister, même lorsque des personnes s’installent dans un nouveau pays (Dion et Dion, 2001). Inversement, les immigrants provenant de pays où les rôles des hommes et des femmes sont traditionnels peuvent modifier leurs activités au chapitre de l’emploi et des tâches ménagères lorsque les politiques et les normes culturelles du pays d’accueil favorisent une plus grande équité entre les femmes et les hommes. Les recherches laissent aussi supposer que les choix des immigrants sur le marché du travail peuvent être moins influencés par les changements d’attitude à l’égard des rôles des hommes et des femmes que par les pressions exercées par la baisse de leur niveau de vie après leur arrivée dans le pays d’accueil (Min, 2001).

On ne sait pas clairement dans quelle mesure les femmes immigrantes adoptent les normes culturelles et économiques du pays d’accueil, par suite d’une exposition prolongée à ces normes, ce qui témoigne peut-être des tensions concurrentes avec lesquelles certaines personnes sont aux prises à cet égard. Dasgupta (1998, p. 955) indique que le maintien des rôles traditionnels des hommes et des femmes chez les immigrants est « intégralement lié » au maintien de l’identité du groupe ethnique au moment de l’arrivée dans un nouveau pays, et plusieurs études ont montré que certaines femmes immigrantes peuvent faire face à un conflit entre le maintien des traditions culturelles de leur pays d’origine et les avantages offerts par leur pays d’accueil (Agarwal, 1991, p. 52; Dasgupta, 1998; Kibria, 1987). Des études portant sur le bien-être subjectif laissent supposer que l’influence de certaines caractéristiques culturelles ne se dissipe pas facilement une fois que les immigrants se sont établis dans une nouvelle société (Rice et Steele, 2004; Veenhoven, 1994). Parallèlement, d’autres ont prétendu que les expériences des immigrants dans leur pays d’accueil ont des répercussions sur leur comportement au fil du temps, les valeurs « présentes » atténuant les effets des valeurs « passées » (p. ex., Yu, 2011). Adsera et Ferrer (2011), par exemple, avancent l’hypothèse que les décisions en matière de fécondité des femmes immigrantes provenant de pays où les taux de fécondité sont plus élevés sont influencées par les réalités économiques du pays d’accueil, comme les meilleures possibilités d’emploi ou le coût plus élevé de la vie, ou par les interactions avec les personnes nées dans ce pays.

Des recherches effectuées aux États-Unis montrent qu’un certain degré d’assimilation se produit au chapitre du comportement sur le marché du travail des femmes immigrantes après un certain temps passé dans le pays d’accueil. Même si les femmes immigrantes travaillent généralement moins au moment de leur arrivée que les femmes nées au pays, les heures qu’elles travaillent « s’assimilent de façon marquée » à celles des femmes américaines nées aux États-Unis au fil du temps (Blau et coll., 2011, p. 52). Cela est vrai pour les femmes provenant de pays où les niveaux d’activité des femmes sont élevés et faibles. Toutefois, un écart entre les sexes subsiste dans les différents groupes de pays d’origine, les femmes provenant de pays où le taux d’activité des femmes est élevé présentant des écarts plus faibles dans les taux d’activité par rapport aux femmes nées au pays que les femmes provenant de pays où le taux est plus faible (Antecol, 2000). Par conséquent, même si une certaine forme d’assimilation se produit après la migration, il semble qu’un facteur culturel « permanent et transférable » continue d’influencer le comportement sur le marché du travail des femmes immigrantes dans le pays d’accueil (Antecol, 2000, p. 419; Fernández et Fogli, 2005).

Contrairement aux résultats notés aux États-Unis, les femmes immigrantes au Canada travaillent un plus grand nombre d’heures au moment de leur arrivée que leurs homologues nées au pays (Baker et Benjamin, 1997). Cela a été attribué à une « stratégie d’investissement familiale », qui fait en sorte que les femmes obtiennent un emploi peu après leur établissement pour contribuer à financer la famille, tandis que leurs maris investissent dans des activités d’amélioration du capital humain visant à accroître leur réussite sur le marché du travail à plus long terme (Baker et Benjamin, 1997, p. 705; Duleep et Sanders, 1993). Par conséquent, l’offre de main-d’oeuvre des femmes immigrantes diminue au fil du temps, tandis que celle de leurs maris augmente. Baker et Benjamin (1997) n’ont pas examiné de façon particulière les effets des facteurs culturels du pays d’origine sur ces tendances. Blau et coll. (2003, p. 446) sont d’avis que les résultats différents des femmes immigrantes au Canada et aux États-Unis peuvent être attribuables à des différences dans la composition des immigrants des deux pays ou à des différences dans les « circonstances économiques et juridiques » auxquelles les immigrants font face.

L’effet des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur l’activité sur le marché du travail et les tâches ménagères des femmes pourrait être influencé aussi par le pays d’origine de leurs maris (Blau et coll., 2011; Fuwa, 2004). Baker et Benjamin (1997) ont déterminé que les femmes immigrantes dont le conjoint est né au pays travaillent moins à leur arrivée au Canada que les femmes immigrantes dont le conjoint est né à l’étranger. Aux États-Unis, l’activité des femmes immigrantes est corrélée avec le taux d’activité des femmes dans le pays d’origine de leurs maris (Blau et coll., 2011). Les constatations relatives au rapport entre les normes liées aux rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine des maris et l’activité des femmes pourraient représenter les répercussions des attitudes des maris à l’égard de l’activité de leurs femmes ou constituer une indication que les femmes et les hommes choisissent des conjoints qui ont les mêmes convictions qu’eux. Toutefois, dans l’un et l’autre cas, des facteurs culturels liés au sexe semblent jouer un rôle significatif.

Le présent document s’inscrit dans le prolongement des ouvrages publiés sur le rapport entre les rôles des hommes et des femmes et l’activité rémunérée et non rémunérée postérieure à la migration; il inclut une gamme plus vaste de variables de résultats que celles utilisées dans des études antérieures et il élargit la recherche principalement fondée sur les États-Unis au contexte canadien. Les systèmes de sélection des immigrants sont différents au Canada et aux États-Unis, tout comme les caractéristiques des immigrants et leurs résultats sur le marché du travail. Un examen de la « transférabilité » et des effets des facteurs culturels, avec un accent particulier sur le Canada, est par conséquent justifié.

3   Données, mesures et techniques d’analyse

3.1  Données

La présente étude utilise un ensemble de données comprenant les attributs au niveau du pays d’origine des immigrants couplés à des immigrants individuels dans des fichiers de microdonnées. Les fichiers de microdonnées d’un échantillon de 20 % des recensements de 1981, 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006 au Canada sont utilisés pour fournir des données au niveau de la personne concernant les activités sur le marché du travail, les tâches ménagères et d’autres caractéristiques sociodémographiques. Les données pour les attributs du pays d’origine des immigrants sont compilées à partir de diverses sources (voir la section 3.2, « Mesures ») et comprennent des indicateurs socioéconomiques nationaux pour les années 1970 à 2004.

L’analyse est axée sur les immigrants de 20 à 65 ans qui sont mariés ou vivent en union libre. Leurs conjoints peuvent être des personnes nées au Canada ou des immigrants, aussi âgés de 20 à 65 ans. Les femmes et les maris sont appariés au moyen d’un numéro d’identification unique de la famille de recensement. À partir des données sur les femmes et les maris, le nombre total de semaines d’emploi des couples et le nombre total d’heures de tâches ménagères peuvent être calculés, et les caractéristiques des époux peuvent être intégrées dans les modèles multivariés. Les immigrants qui sont arrivés l’année du recensement ou l’année précédant le recensement ont été exclus parce qu’ils n’étaient pas au Canada depuis suffisamment longtemps pour avoir travaillé pendant 52 semaines (les semaines d’emploi étant l’une des principales variables de résultats utilisées dans le présent document).

L’analyse des femmes immigrantes se limite à celles arrivées depuis 1970 3 . Les données sur les attributs du pays d’origine sont peu nombreuses pour les années antérieures. Même si plusieurs restrictions s’appliquent aux femmes immigrantes, il n’y a pas de restriction concernant le statut d’immigrant de leurs maris, ce qui nous permet de vérifier si les effets des attributs du pays d’origine sur les femmes immigrantes varient en fonction du statut d’immigrant de leurs maris. De même, dans l’analyse pour les maris immigrants, seuls les hommes qui ont immigré au Canada depuis 1970 sont inclus, et il n’y a pas de restriction concernant le statut d’immigrante de leurs femmes.

L’échantillon des femmes immigrantes sélectionnées à partir du fichier de microdonnées pour chaque année de recensement est fusionné avec les bases de données sur les attributs du pays d’origine au moyen des détails sur le pays de naissance et l’année d’établissement, comme clés de couplage. Autrement dit, les immigrants des fichiers du recensement se voient affecter un ensemble d’attributs de leur pays d’origine mesurés l’année où ils sont arrivés au Canada. Les fichiers de données des six recensements sont alors regroupés pour une estimation de modèle. Grâce aux données regroupées, une cohorte donnée d’immigrants peut être suivie au fil du temps, ce qui permet d’estimer simultanément les différences entre les cohortes et les changements à l’intérieur des cohortes (l’effet d’assimilation) 4 .

3.2  Mesures

Les variables de résultats sont l’activité sur le marché du travail et les tâches ménagères non rémunérées. Même si certaines études utilisent uniquement des mesures de ratios pour examiner la contribution des maris et des femmes aux tâches ménagères, le présent document utilise à la fois des moyennes absolues et relatives du travail rémunéré et non rémunéré 5  .

Les indicateurs de l’activité sur le marché du travail sont la probabilité que les femmes immigrantes fassent partie de la population active (c’est-à-dire que la femme a travaillé au moins une semaine l’année précédant le recensement), le nombre de semaines travaillées par les femmes immigrantes et la part du nombre total de semaines travaillées par les couples au cours de l’année qui revient aux femmes immigrantes. Les « semaines travaillées » ont trait au nombre de semaines de travail contre rémunération l’année précédant le recensement (p. ex., 2005 pour le Recensement de 2006). Les semaines travaillées sont codées de 0 à 52 pour chaque conjoint.

Les indicateurs des tâches ménagères non rémunérées sont le nombre total d’heures de tâches ménagères effectuées par les femmes et les maris la semaine précédant le recensement et la part du nombre total d’heures de tâches ménagères non rémunérées des couples au cours de la semaine de référence qui revient aux femmes. Les données sur les tâches ménagères sont disponibles pour 1996, 2001 et 2006. Le nombre total d’heures de tâches ménagères non rémunérées pour chaque conjoint correspond aux heures que la personne a consacrées à des tâches ménagères, à l’entretien de la maison, ou à l’entretien du terrain, sans être payée pour le faire 6 .

Les principales variables explicatives sont deux indicateurs qui rendent compte du degré de rôles traditionnels des hommes et des femmes dans les pays d’origine des immigrants. Le premier correspond au ratio entre les taux d’activité des femmes et ceux des hommes dans le pays d’origine (ci-après appelé « activité des femmes relative à celle des hommes ») calculé pour les personnes de 15 ans et plus 7 . Le ratio rend compte de la différence relative entre le travail rémunéré des femmes et des hommes, ainsi que de la répartition du travail entre les sexes (Blau et coll., 2011). Cet indicateur relatif atténue les problèmes associés aux différences entre les pays dans la définition et la mesure de l’activité sur le marché du travail, les ratios à l’intérieur du pays touchant à la fois les femmes et les hommes (Antecol, 2000; Blau et coll., 2011). Le deuxième indicateur est le ratio entre les taux d’inscription aux études secondaires des femmes et ceux des hommes (ci-après appelé « scolarité des femmes relative à celle des hommes ») 8 . Ce ratio rend compte de la différence entre les sexes dans l’accès aux études secondaires 9  .

Trois caractéristiques du pays d’origine sont aussi incluses comme variables de contrôle : le taux de fécondité global, qui représente le nombre d’enfants qu’aurait eus une femme à la fin de ses années de maternité actives, conformément aux taux de fécondité courants propres à l’âge, le PIB par habitant en dollars américains de 2005 10  , et l’anglais ou le français comme langue officielle 11  . Ces variables sont probablement corrélées avec les deux indicateurs des rôles des hommes et des femmes et avec la préparation à l’intégration au marché du travail du pays d’accueil.

Au niveau de la personne, les variables explicatives dans les modèles pour les femmes immigrantes sont les suivantes : âge et âge au carré; situation d’union libre (1=union libre, 0=légalement mariée); statut de minorité visible (1=minorité visible, 0=blanche); statut d’immigrant du mari; nombre d’années depuis l’établissement; période d’immigration (cohorte); niveaux de scolarité; niveau de scolarité du mari; langue parlée; et région géographique de résidence. Le statut d’immigrant du mari est codé comme étant deux variables fictives : le mari est né au Canada (non-immigrant) et le mari est un immigrant d’un pays différent de celui de la femme, le groupe de référence commun étant constitué des maris provenant du même pays. Les cohortes d’immigration sont codées comme étant six variables fictives : 1970 à 1974, 1975 à 1979, 1980 à 1984, 1985 à 1989, 1990 à 1994 et 1995 à 1999. La cohorte de 2000 à 2004 constitue le groupe de référence. Les niveaux de scolarité des femmes et des maris sont codés comme étant quatre variables fictives : diplôme d’études supérieures; études postsecondaires partielles; diplôme d’études secondaires; et niveau inférieur à un niveau d’études secondaires; le « baccalauréat » représentant le groupe de référence. La langue parlée est codée comme étant quatre variables fictives : langue maternelle n’étant ni l’anglais ni le français et ne parlant pas anglais ni français; langue maternelle n’étant ni l’anglais ni le français, mais parlant français; langue maternelle n’étant ni l’anglais ni le français, mais parlant anglais; et langue maternelle étant le français. L’« anglais langue maternelle » est la référence commune. Trois variables sont incluses pour rendre compte de la présence d’enfants : le nombre d’enfants de 0 à 5 ans; le nombre d’enfants de 6 à 14 ans; et le nombre d’enfants de 15 à 17 ans. Enfin, la région géographique permet de différencier les trois plus grandes régions métropolitaines (Toronto, Montréal et Vancouver), des dix provinces (sauf les trois régions métropolitaines) et des trois territoires combinés. Il serait idéal de connaître les antécédents de participation au marché du travail rémunéré des immigrants dans leur pays d’origine avant leur immigration, mais ces données ne sont pas disponibles dans les recensements.

3.3  Méthodes

Pour chaque variable de résultat, trois modèles en séquence sont estimés. Le modèle 1 comprend uniquement les cinq attributs sélectionnés du pays d’origine.

Pour la femme immigrante i du pays d’origine j, Y indice ij est la variable de résultat choisie. Z indice j exposant g représente les deux indicateurs des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine (c’est-à-dire l’activité sur le marché du travail des femmes relative à celle des hommes et le niveau de scolarité des femmes relatif à celui des hommes), et Z indice j exposant c représente les trois variables de contrôle du pays d’origine. Ce modèle montrera l’effet global des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine, une fois contrôlés le développement socioéconomique et les langues officielles.

Dans le modèle 2 s’ajoutent des variables au niveau de la personne, X indice i , conformément à la section précédente.

Le changement de coefficients des rôles des hommes et des femmes, qui passent de alpha dans le modèle 1 à alpha exposant apostrophe dans le modèle 2, montrera la mesure dans laquelle l’effet des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine s’exerce sur les caractéristiques individuelles.

Dans le modèle 3, on ajoute les termes d’interaction entre les rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine et le statut d’immigrant du mari (LUI), et entre les rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine et le nombre d’années depuis l’établissement (ADE).

À partir du modèle 3, on peut estimer la mesure dans laquelle l’effet des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine est réduit lorsque le mari ne provient pas du même pays que la femme immigrante, et la mesure dans laquelle l’effet des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine diminue selon la durée du séjour dans le pays d’accueil.

Comme les attributs du pays d’origine de chaque immigrant sont mesurés au niveau du groupe, un effet de grappe est prévu dans l’estimation des erreurs-types, afin de corriger les termes d’erreur corrélés à l’intérieur d’un groupe (Blau et coll., 2011; Wooldridge, 2003). Un tel modèle est équivalent à un modèle à valeur fixe à l’origine avec des covariables de niveau 1 et des prédicteurs de niveau 2 à l’intérieur du cadre des modèles linéaires hiérarchiques (Raudenbush et coll., 2000). Essentiellement, cette approche permet d’abord d’estimer le résultat moyen de chaque grappe, corrigé pour tenir compte des différences dans les caractéristiques au niveau individuel entre les grappes, puis régresse le résultat moyen sur les prédicteurs au niveau de la grappe. La grappe de la présente étude est fondée sur la combinaison du pays ou de la région d’origine (environ 79 combinaisons selon l’année du recensement) et l’année d’établissement (au total 35 années). La variable de grappe comporte potentiellement 2 855 groupes (35 années d’établissement, multipliées par 79 pays). On compte actuellement 2 753 groupes dans nos données, parce qu’il n’y a pas d’observations pour certaines combinaisons d’année et de pays.

4   Résultats descriptifs

4.1  Différences entre les pays dans les indicateurs des rôles des hommes et des femmes

En moyenne, les immigrants au Canada proviennent de pays ayant des ratios entre l’activité des femmes et celle des hommes plus faibles que ceux du Canada, mais les pays d’origine diffèrent considérablement à cet égard (tableau 1). Les pays de l’Asie de l’Ouest/du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud et de l’Amérique centrale avaient les ratios les plus faibles, tant en 1981 qu’en 2006, ce qui laisse supposer des différences culturelles persistantes dans l’activité des femmes par rapport à celle des hommes dans les différents pays (tableau 1).

Des différences persistantes dans l’activité des femmes relative à celle des hommes étaient particulièrement évidentes au niveau du pays. Le coefficient de corrélation de Pearson était de 0,99 entre les valeurs pour 1981 et 1991, et de 0,96 entre les valeurs pour 1991 et 2006. Même si le ratio a augmenté dans la plupart des pays au cours de la période à l’étude, la différence relative entre les pays a peu changé. Les moyennes régionales présentées dans le tableau 1 masquent des variations considérables entre les pays à l’intérieur de régions 12 . Les moyennes régionales sont présentées dans le tableau 1, pour résumer, mais des mesures au niveau du pays sont utilisées dans les modèles multivariés.

Comparativement à la persistance des différences entre les pays dans l’activité relative des femmes, les ratios entre la scolarité des femmes et celle des hommes ont tendance à converger. Même si le ratio entre la scolarité des femmes et celle des hommes au Canada est demeuré le même entre 1981 et 2006, les régions d’origine au bas du classement en 1981, comme l’Asie du Sud, l’Afrique et l’Asie de l’Ouest/le Moyen-Orient, ont présenté des gains considérables les années subséquentes. Par conséquent, les différences régionales dans la scolarité des femmes relative à celle des hommes étaient beaucoup plus faibles en 2006 qu’en 1981. Au niveau du pays, le coefficient de corrélation de Pearson était de 0,85 entre les valeurs de 1981 et 1991, et de 0,65 entre les valeurs de 1991 et 2006. Ces résultats laissent supposer que la différence dans la scolarité des femmes relative à celle des hommes entre les pays d’origine n’était pas aussi persistante que la différence dans l’activité des femmes relative à celle des hommes. C’est donc dire que les écarts entre les sexes dans les niveaux de scolarité se sont rétrécis beaucoup plus rapidement que les écarts entre les sexes dans l’activité. Par ailleurs, les corrélations entre les cinq caractéristiques de pays d’origine montrent que la scolarité des femmes relative à celle des hommes était plus fortement corrélée avec le PIB par habitant et le taux de fécondité global que l’activité des femmes relative à celle des hommes, particulièrement en 1981 (tableau 2).

4.2  Activité et tâches ménagères des femmes immigrantes selon la région d’origine

Les différences entre les régions d’origine dans l’activité sur le marché du travail des femmes relative à celle des hommes sont-elles corrélées avec l’activité sur le marché du travail des femmes immigrantes au Canada? Tant en 1981 qu’en 2006, les femmes nouvelles immigrantes (mariées) 13  de l’Asie de l’Ouest/du Moyen-Orient et de l’Amérique centrale se classaient au niveau le plus bas du point de vue du nombre de semaines de travail et du nombre de semaines de travail par rapport à leurs maris (tableau 3). Ces deux régions d’origine se classaient aussi parmi les dernières au chapitre de l’activité des femmes relative à celle des hommes (conformément au tableau 1). Les femmes nouvelles immigrantes de l’Asie du Sud, une autre région d’origine comportant de très faibles niveaux d’activité des femmes relative à celle des hommes, se classaient aussi à un faible niveau du point de vue du nombre de semaines de travail et du nombre de semaines de travail par rapport à leurs maris en 2006. Toutefois, même si ces observations étaient conformes aux attentes, d’autres divergeaient.

Même si dans les Caraïbes, en Amérique du Sud, en Europe du Nord, en Europe du Sud, en Asie du Sud et en Asie de l’Est, les taux d’activité des femmes relatifs à ceux des hommes étaient inférieurs à ceux au Canada en 1981, les femmes nouvelles immigrantes de ces régions avaient un taux d’activité supérieur à celui des femmes nées au Canada (mariées) cette année-là (tableau 3). Cette incohérence entre le statut relatif des rôles des hommes et des femmes dans la région d’origine et l’activité des femmes immigrantes au Canada peut rendre compte du fait que les immigrants au Canada représentent un groupe sélectionné et diffèrent de la population moyenne de la région d’origine. Cela peut aussi être le résultat d’une « stratégie d’investissement familiale », qui fait en sorte que les femmes immigrantes obtiennent un emploi peu après leur arrivée, afin de pouvoir financer la famille pendant la période de transition (Baker et Benjamin, 1997).

De 1981 à 2006, les femmes nées au Canada ont augmenté leur activité de 50 %, tant du point de vue de leurs propres semaines d’emploi que de la part du nombre total de semaines d’emploi du couple qui leur revient. Toutefois, parmi les femmes nouvelles immigrantes, il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de semaines de travail, et uniquement une hausse de 11 % de la part du nombre total de semaines de travail du couple qu’elles représentent. Les femmes nouvelles immigrantes des États-Unis et de l’Europe ont travaillé un plus grand nombre de semaines en 2006 qu’en 1981, mais les femmes nouvelles immigrantes des Caraïbes, de l’Amérique du Sud, de l’Afrique, de l’Asie du Sud et de l’Asie de l’Est ont travaillé un moins grand nombre de semaines en 2006 qu’en 1981. La diminution de l’activité chez les femmes nouvelles immigrantes de ces régions moins développées est conforme aux difficultés croissantes sur le marché du travail qu’ont connues les immigrants récents des régions moins développées (Hou, 2010; Picot et Sweetman, 2012). Le fait que les femmes nouvelles immigrantes de ces régions ont vu leurs propres semaines d’emploi diminuer entre 1981 et 2006, tandis que la part du nombre total de semaines d’emploi du couple qu’elles représentent a augmenté, laisse supposer que leurs maris ont connu des diminutions encore plus grandes du nombre de semaines de travail au cours de la période. Dans l’ensemble, on a noté des différences importantes dans l’activité des femmes immigrantes des différentes régions d’origine (tableau 3).

Du point de vue des tâches ménagères, les femmes des régions où le taux d’activité des femmes relatif à celui des hommes est le plus faible représentaient la part la plus importante du nombre total d’heures de tâches ménagères des couples (tableau 4). Encore une fois, cela était le plus évident chez les femmes immigrantes de l’Asie de l’Ouest/du Moyen-Orient et de l’Amérique centrale.

Les femmes nouvelles immigrantes des différentes régions d’origine variaient considérablement du point de vue du capital humain, et les différences de groupe étaient assez uniformes au fil du temps (tableau 5). En 1981, les femmes nouvelles immigrantes des États-Unis, de l’Europe de l’Est et de l’Asie du Sud avaient les taux les plus élevés de scolarité universitaire, qui allaient de 12 % à 14 %, tandis que celles de l’Europe du Sud et des Caraïbes avaient les taux les plus faibles, soit moins de 2 %. Les femmes nouvelles immigrantes des différentes régions d’origine différaient considérablement du point de vue de la probabilité que leur mari soit né au Canada (tableau 5), ou qu’elles appartiennent à un groupe de minorité visible, ou qu’elles aient le français ou l’anglais comme langue maternelle. Dans ce contexte, l’effet des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur l’activité des femmes immigrantes peut s’exercer sur les caractéristiques individuelles, par l’entremise des différences de groupe.

5   Résultats multivariés

5.1  Effets des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur l’activité rémunérée des femmes immigrantes

5.1.1  Activité sur le marché du travail

L’activité des femmes relative à celle des hommes et la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine comportent une association positive et significative avec la probabilité des femmes immigrantes d’être actives sur le marché du travail, définie comme au moins une semaine d’emploi l’année précédente (tableau 6). Dans le modèle 1, qui comprend uniquement des variables relatives au pays d’origine, une augmentation de 0,5 point du ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine, qui est près de la différence dans le ratio de 2006 entre la Chine (0,85), au niveau supérieur, et l’Inde (0,40) et le Pakistan (0,25), au niveau inférieur, est associée à une augmentation de 8,7 points de pourcentage du taux d’activité des femmes immigrantes (c’est-à-dire la moitié du coefficient). Une augmentation de 0,5 point du ratio entre la scolarité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine, qui est près de la différence entre le ratio des Philippines (1,12) et du Mali (0,62) en 2006, est associée à une augmentation de 4,8 points de pourcentage du taux d’activité. Ces résultats ne changent que légèrement lorsque les caractéristiques individuelles sont prises en compte (tableau 6, modèle 2), ce qui laisse supposer que les rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine exercent une influence indépendante sur le capital humain et les caractéristiques démographiques des personnes. En fait, une augmentation de 0,5 point du ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à une hausse de 7,2 points de pourcentage du taux d’activité des femmes immigrantes, et une augmentation de 0,5 point du ratio entre la scolarité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à une hausse de 5,1 points de pourcentage du taux d’activité (tableau 6, modèle 2). Il s’agit d’effets importants, compte tenu du fait que le taux d’activité moyen en 2006 se situait à 81,4 % chez les femmes nées au Canada (mariées), et à 69,1 % chez les femmes nouvelles immigrantes (mariées) (tableau 3).

Les termes d’interaction entre la durée du séjour et les indicateurs des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine ne sont pas statistiquement significatifs (tableau 6, modèle 3), ce qui laisse supposer que les effets des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine persistent pendant de nombreuses années. Les termes d’interaction entre les maris nés au Canada et l’activité des hommes et des femmes dans le pays d’origine sont positifs et significatifs, ce qui montre que l’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sur l’activité des femmes immigrantes est encore plus marqué lorsque leurs maris sont nés au Canada. Toutefois, l’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est plus faible lorsque le mari est un immigrant provenant d’un pays différent.

Les effets des deux autres caractéristiques du pays d’origine — taux de fécondité global et PIB par habitant — sont généralement faibles et passent de positifs à nuls ou négatifs lorsque les caractéristiques individuelles sont prises en compte (tableau 6, modèle 1 et modèle 2). Toutefois, l’effet de la langue officielle du pays d’origine est statistiquement significatif et substantiel. Même une fois contrôlées la langue maternelle et la capacité déclarée par la personne de parler anglais ou français, les femmes immigrantes de pays d’origine où l’anglais ou le français est une langue officielle ont, en moyenne, un taux d’activité supérieur de 7,5 points de pourcentage à celui des femmes immigrantes de pays d’origine dont la langue officielle est ni l’anglais ni le français (tableau 6, modèle 2).

Au niveau individuel, la situation d’union libre, les années écoulées depuis l’établissement et les niveaux de scolarité comportent une corrélation positive avec l’activité des femmes immigrantes, tandis qu’un âge plus avancé, le statut de minorité visible, la présence de jeunes enfants, le niveau de scolarité plus élevé des maris et le fait d’avoir un mari qui est né au Canada ou dans un pays différent comportent une corrélation négative avec l’activité des femmes immigrantes (tableau 6, modèle 2 et modèle 3). Une langue maternelle autre que l’anglais ou le français et le fait de ne pas parler anglais sont aussi associés à des taux d’activité plus faibles. Les femmes immigrantes qui sont arrivées dans les années 1970 et les années 1980 ont tendance à avoir des taux d’activité plus élevés que celles arrivées à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

5.1.2  Semaines de travail

Lorsque l’on utilise les « semaines d’emploi » comme variable de résultat, l’activité des femmes relative à celle des hommes et la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine ont toutes les deux des effets significatifs et positifs (tableau 7, modèle 1). Ces effets diminuent légèrement lorsque les caractéristiques individuelles sont prises en compte (tableau 7, modèle 2). Dans le modèle 2, une augmentation de 0,5 point du ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à 4,0 semaines de travail de plus par année (c’est-à-dire la moitié du coefficient), et une augmentation de 0,5 point du ratio entre la scolarité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à 2,5 semaines de travail de plus par année.

Les effets de l’activité des femmes relative à celle des hommes et de la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine ne diminuent pas selon la durée du séjour au Canada (tableau 7, modèle 3). L’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine varie encore une fois selon le pays de naissance du mari. Il est le plus fort lorsque le mari est né au Canada, et le plus faible lorsque le mari provient d’un pays différent de celui de la femme. Comme le montrent le graphique 1 et le tableau 7 (modèle 3), lorsque le mari est un immigrant du même pays d’origine que la femme, une augmentation de 0,5 point du ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à 4,1 semaines de travail de plus au Canada; le résultat est de 5,3 semaines lorsque le mari est né au Canada et de 2,8 semaines lorsque le mari est un immigrant provenant d’un pays différent de celui de la femme. L’effet de la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sur les semaines de travail des femmes immigrantes est réduit lorsque le mari est né au Canada. Comme le montre le graphique 2, lorsque le mari est un immigrant qui provient du même pays que la femme ou d’un pays différent, une augmentation de 0,5 point du ratio entre la scolarité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à 2,4 semaines de travail de plus. Cet effet est très faible lorsque le mari est né au Canada.

5.1.3  Part de l’offre totale de main-d’oeuvre des couples

L’activité des femmes relative à celle des hommes et la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine comportent une association significative avec la part du nombre total de semaines de travail des couples qui revient aux femmes immigrantes (tableau 8, modèle 1), même si ces corrélations diminuent légèrement lorsque les caractéristiques au niveau de la personne sont prises en compte (tableau 8, modèle 2). Une augmentation de 0,5 point du ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à une hausse de 0,042 point de la part du nombre de semaines combinées d’emploi des couples qui revient aux femmes immigrantes (c’est-à-dire la moitié du coefficient); il s’agit d’environ 10 % de la part moyenne du nombre de semaines de travail combinées des couples qui revient aux femmes immigrantes. Les ratios entre la scolarité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine sont plus faiblement corrélés avec les contributions à l’emploi total, une augmentation de 0,5 point du ratio étant associée à une hausse de 0,021 point de la part de l’emploi total des couples qui revient aux femmes immigrantes.

L’importance de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine pour la contribution des femmes immigrantes à l’emploi combiné des couples a tendance à diminuer au fil du temps (tableau 8, modèle 3). Comme le montre le graphique 3, une augmentation de 0,5 point du ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à une hausse de 0,046 point de la part de l’emploi combiné des couples qui revient aux femmes, parmi les femmes immigrantes qui sont au Canada depuis 5 ans, et à une augmentation de 0,038 point parmi les femmes immigrantes qui sont au Canada depuis 15 ans.

L’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sur l’activité des femmes immigrantes au Canada diminue de façon significative lorsque leurs maris sont des immigrants de pays d’origine différents (tableau 8, modèle 3). L’effet de la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine ne varie pas selon le statut d’immigrant des maris ou la durée du séjour dans le pays d’accueil. Les effets des deux autres caractéristiques du pays d’origine, soit le PIB par habitant et la langue officielle, sont statistiquement significatifs.

5.2  Effets des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur les tâches ménagères des femmes immigrantes

5.2.1  Nombre d’heures de tâches ménagères

L’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sur le nombre total d’heures de tâches ménagères des femmes immigrantes est important et significatif (tableau 9, modèle 1), et il change peu lorsque les caractéristiques individuelles sont prises en compte (tableau 9, modèle 2). Lorsque les caractéristiques au niveau de la personne sont contrôlées, comme dans le modèle 2, une augmentation de 0,5 point de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est associée à 3,8 heures de moins de tâches ménagères par semaine pour les femmes immigrantes. L’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est d’environ la moitié moins important lorsque le mari de la femme immigrante est né au Canada que lorsque le mari provient du même pays (tableau 9 [modèle 3] et graphique 4). L’effet a aussi tendance à diminuer lentement en fonction de la durée du séjour au Canada. Une augmentation de 0,5 point de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est associée à 5,8 heures de moins de tâches ménagères au moment de l’arrivée, ce nombre passant à 5,2 heures après 5 ans, à 4,1 heures après 15 ans et à 2,5 heures après 30 ans au Canada.

L’effet de la scolarité des femmes relative à celle des hommes sur le nombre d’heures de tâches ménagères des femmes immigrantes est négatif et statistiquement significatif (tableau 9, modèle 1 et modèle 2), ce qui laisse supposer que la représentation des femmes dans les écoles secondaires du pays d’origine est corrélée avec un moins grand nombre d’heures de tâches ménagères effectuées par les femmes immigrantes au Canada. Parmi les trois autres attributs du pays d’origine, seul l’effet du PIB par habitant demeure significatif une fois contrôlées les caractéristiques au niveau de la personne. Au niveau individuel, l’âge, la présence d’enfants et une langue maternelle autre que l’anglais ou le français, ainsi que le fait de ne parler ni l’anglais ni le français, sont associés à un plus grand nombre d’heures de tâches ménagères chez les femmes immigrantes. La situation d’union libre, les années écoulées depuis l’établissement, le fait d’avoir un mari né au Canada et des niveaux plus élevés de scolarité sont associés à un moins grand nombre d’heures de tâches ménagères.

5.2.2  Part du nombre total d’heures de tâches ménagères des couples

L’activité des femmes relative à celle des hommes et la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sont aussi associées de façon significative à la part du nombre total d’heures de tâches ménagères des couples qui revient aux femmes immigrantes. Plus l’activité des femmes relative à celle des hommes et la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sont élevées, plus les parts des tâches ménagères de la famille qui reviennent aux femmes immigrantes sont faibles (tableau 10, modèle 1). Ces effets changent peu lorsque l’on contrôle les caractéristiques au niveau de la personne (tableau 10, modèle 2). Une augmentation de 0,5 point du ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à une baisse de 0,033 point de la part des tâches ménagères de la famille qui revient aux femmes immigrantes, tandis qu’une augmentation de 0,5 point du ratio entre la scolarité des femmes et celle des hommes dans le pays d’origine est associée à une diminution de 0,022 point.

L’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sur la part du nombre total d’heures de tâches ménagères des couples diminue au fur et à mesure que s’allonge la durée de résidence des femmes immigrantes au Canada (tableau 10, modèle 3), mais l’ampleur de la baisse est faible. L’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine diminue lorsque le mari est né au Canada ou provient d’un pays différent de celui de la femme (tableau 10, modèle 3). L’effet de la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine ne varie pas selon le statut d’immigrant des maris. L’effet ne change pas non plus selon la durée du séjour au Canada.

5.3  Effets des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur le travail rémunéré et non rémunéré des maris immigrants

Jusqu’à maintenant, l’analyse montre que les rôles des hommes et des femmes dans les pays d’origine sont corrélés avec la part du travail rémunéré et non rémunéré que les femmes immigrantes assument, peu importe le statut d’immigrant de leur mari. Toutefois, il reste à déterminer si les rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine affectent aussi le travail rémunéré et non rémunéré des hommes immigrants. Comme les variations entre les pays dans les rôles traditionnels des hommes et des femmes se manifestent principalement dans la position relative des femmes sur le marché du travail et dans la famille, on pourrait s’attendre à ce que l’effet des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur les hommes immigrants soit beaucoup plus faible.

Lorsque la part du nombre total d’heures de travail ou du nombre total d’heures de tâches ménagères des couples qui revient aux maris immigrants est utilisée comme résultat, les constatations sont presque les mêmes que pour les femmes immigrantes (tableaux disponibles sur demande). L’activité et la scolarité des femmes relatives à celles des hommes dans le pays d’origine sont toutes les deux associées de façon négative et significative à la part du nombre total d’heures de travail des couples qui revient aux maris immigrants, et sont associées de façon positive avec la part du nombre total d’heures de tâches ménagères des couples qui revient aux maris immigrants. Ces résultats ont aussi tendance à diminuer en fonction de la durée du séjour au Canada.

Étant donné que la part du travail rémunéré et non rémunéré des familles qui revient aux femmes est déterminée à la fois par le travail rémunéré et non rémunéré des femmes et des maris, il est possible que l’effet observé des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur la part du travail rémunéré et non rémunéré qui revient aux maris immigrants soit principalement le résultat de l’effet sur le propre travail rémunéré et non rémunéré des femmes. Pour confirmer cette possibilité, on utilise les propres semaines de travail et les heures de tâches ménagères des maris immigrants comme variables de résultats. Les résultats montrent que les effets des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine sur le travail rémunéré et non rémunéré des hommes immigrants ont tendance à être faibles, même s’ils sont statistiquement significatifs dans la plupart des cas, et diminuent en fonction de la durée du séjour au Canada (tableaux disponibles sur demande). Par exemple, une augmentation de 0,5 point de l’activité des hommes relative à celle des femmes dans le pays d’origine est associée à 1,4 semaine de travail de moins pour les maris immigrants au moment de l’arrivée au Canada. Cet effet passe à 0,7 semaine après 5 ans et se situe près de 0 après 10 ans. En comparaison, une augmentation de 0,5 point de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est associée à 4,0 semaines de travail de plus chez les femmes immigrantes, et cet effet demeure constant selon la durée du séjour dans le pays d’accueil.

Dans l’ensemble, la corrélation entre les caractéristiques du pays d’origine et les décisions en matière d’offre de main-d’oeuvre des maris immigrants diminue beaucoup plus au fil du temps que la corrélation entre les caractéristiques du pays d’origine et les décisions en matière d’offre de main-d’oeuvre des femmes immigrantes (mariées). Il en va de même pour les tâches ménagères. Une augmentation de 0,5 point de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est associée à seulement 0,4 heure de plus de tâches ménagères par semaine pour les maris immigrants au moment de l’arrivée, cette somme passant à 0,3 heure de plus après 5 ans, à 0,1 heure de plus après 10 ans et à près de 0 heure de plus après 15 ans. Comme le montrent les résultats précédents, la corrélation entre l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine et les tâches ménagères des femmes immigrantes diminue aussi au fil du temps, mais demeure substantielle, même après 30 ans passés au Canada.

6   Conclusions

L’activité rémunérée et non rémunérée des femmes dans les différents pays est influencée par divers facteurs au niveau national. Même si les études transnationales donnent un aperçu de la façon dont les différents contextes nationaux sont associés à l’activité des femmes, on dispose de peu de données concernant la persistance des rôles traditionnels des hommes et des femmes en l’absence de contraintes institutionnelles et politiques. La présente étude porte sur cette question et examine le rapport entre les indicateurs des rôles typiques des hommes et des femmes dans leurs pays d’origine et l’activité des couples immigrants dans leur pays d’accueil. Les immigrants canadiens proviennent de pays qui diffèrent considérablement du point de vue des rôles des hommes et des femmes, comme le mesurent les ratios entre l’activité des femmes et celle des hommes et entre la scolarité des femmes et celle des hommes. Cela fournit l’occasion de déterminer si les normes culturelles continuent d’influencer les activités liées au travail après l’établissement dans un nouveau milieu social, culturel et institutionnel.

L’activité des femmes relative à celle des hommes et la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine sont toutes les deux associées de façon positive à l’offre de main-d’oeuvre des femmes immigrantes et de façon négative avec les tâches ménagères. Les femmes immigrantes (mariées) provenant de régions où le ratio entre l’activité des femmes et celle des hommes est le plus faible se situent au plus faible niveau du point de vue du nombre de semaines de travail au Canada. Des modèles multivariés qui tiennent compte des caractéristiques aux niveaux national et individuel laissent supposer que l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est associée aux activités d’emploi des couples au Canada, ceci se manifestant principalement dans les résultats des femmes immigrantes. Il fallait s’y attendre, étant donné que les attitudes et les convictions associées aux rôles traditionnels des hommes et des femmes sont principalement reliées aux positions relatives des femmes sur le marché du travail et dans la famille.

Le rapport entre l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine et les parts du travail rémunéré et non rémunéré des familles qui reviennent aux femmes immigrantes a tendance à diminuer en fonction de la durée du séjour au Canada, même si l’ampleur de cette baisse est faible (particulièrement en ce qui a trait aux tâches ménagères). Par ailleurs, la diminution se produit principalement parce que la corrélation avec l’offre de main-d’oeuvre des maris immigrants diminue au fil du temps. L’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes sur les tâches ménagères diminue en fonction du nombre d’années au Canada, tant chez les femmes que chez les maris. Toutefois, le résultat initial pour les maris est faible et diminue au cours des 15 années suivant l’établissement. En comparaison, le rapport entre l’activité des femmes relative à celle des hommes et les tâches ménagères des femmes demeure important, même 30 ans après l’établissement; cela laisse supposer que l’influence sur les femmes des rôles des hommes et des femmes dans le pays d’origine persiste.

En outre, le rapport entre l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine et le travail rémunéré et non rémunéré des femmes immigrantes est réduit, mais ne disparaît pas, lorsque les femmes immigrantes ont des maris immigrants qui ne proviennent pas du même pays qu’elles. C’est donc dire que l’effet de l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine est plus grand lorsque les femmes immigrantes et leurs maris ont les mêmes antécédents d’immigration, mais l’effet demeure significatif même lorsque les femmes immigrantes et leurs maris ont des antécédents d’immigration différents.

Le rapport entre la scolarité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine et l’offre de main-d’oeuvre des femmes est généralement plus faible que le rapport entre l’activité des femmes relative à celle des hommes dans le pays d’origine et l’offre de main-d’oeuvre des femmes. Toutefois, le ratio entre la scolarité des femmes et celle des hommes a un rapport significatif et négatif avec la part du nombre total d’heures de tâches ménagères des couples qui revient aux femmes. Cela montre que les femmes immigrantes qui arrivent de pays où les ratios entre les études secondaires des femmes et celles des hommes sont plus élevés connaissent un partage plus équitable des heures de tâches ménagères qu’elles et leurs maris effectuent.

Dans l’ensemble, les facteurs culturels liés aux normes relatives aux rôles des hommes et des femmes dans les pays d’origine des femmes immigrantes semblent avoir une influence permanente sur le travail rémunéré et non rémunéré des femmes au Canada. Cela laisse supposer que les rôles des hommes et des femmes agissent indépendamment dans une certaine mesure des contextes institutionnels dans lesquels ils ont été institués et continuent d’influencer le comportement individuel, même lorsque les personnes quittent ces contextes institutionnels. Par ailleurs, les résultats présentés précédemment laissent supposer que l’intégration socioéconomique des immigrants est liée non seulement au capital humain et aux caractéristiques démographiques au niveau de la personne, qui sont au centre des critères de sélection des immigrants, mais aussi aux attributs socioéconomiques des pays d’où proviennent les immigrants.

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