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Au cours des trois dernières décennies, les obstacles tarifaires ont diminué de façon significative, ce qui a mené à une plus grande intégration des établissements canadiens aux marchés mondiaux, et plus particulièrement le marché des États-Unis. On a accordé beaucoup d'attention aux effets de cette transition à l'échelle nationale, mais peu à la variation de ces effets d'une région à l'autre. Dans un pays de la taille d'un continent, il existe de bonnes raisons de croire que les effets du commerce varieront d'une région à l'autre. De façon plus particulière, l'emplacement a un effet significatif sur la taille des marchés auxquels les entreprises ont accès, et cela peut avoir des répercussions sur la mesure dans laquelle les entreprises réorganisent leur production par suite de la diminution des obstacles tarifaires.

À partir d'un fichier de microdonnées longitudinales sur les établissements de fabrication (1974 à 1999), la présente étude a pour but d'évaluer l'effet de l'accroissement du commerce entre les régions sur L'organisation à l'intérieur des établissements. De façon plus particulière, elle tente de déterminer comment trois caractéristiques de la structure industrielle —taille de l'établissement, spécialisation de l'établissement et durée des cycles de production — sont liées au degré d'intégration des régions aux marchés nord-américains.

Ces trois caractéristiques structurelles contribuent à déterminer la productivité d'un établissement. Les établissements plus importants peuvent profiter d'économies d'échelle. La spécialisation de l'établissement est fonction du nombre de produits. Les petites établissements aux prises avec des obstacles tarifaires peuvent produire un nombre important de produits, en dépit des déséconomies de gamme, en vue de tenter d'augmenter leur taille, afin d'exploiter les économies d'échelle. Cela peut mener à des cycles de production sous-optimaux.

De nombreux économistes au Canada sont d'avis que les obstacles tarifaires donnent lieu à des tailles sous-optimales d'établissements ou à une différenciation excessive des produits, ou encore à des cycles de production qui sont trop courts pour tirer pleinement parti des économies liées à la durée du cycle de production. La libéralisation des échanges a été considérée comme une solution à ces situations considérées par certains comme des problèmes. L'accès accru aux marchés américains a été perçu comme une façon d'exploiter plus pleinement les économies d'échelle — que ce soit par l'augmentation de la taille des établissements, ou par la diminution des gammes de produits et l'augmentation concomitante de la durée des cycles de production.

La plupart des études des répercussions de la libéralisation des échanges sur l'économie canadienne ont porté uniquement sur les répercussions nationales, laissant de côté le fait que le Canada est constitué d'un ensemble distinct d'économies régionales, dont les liens avec l'économie nord-américaine et mondiale sont souvent quantitativement et qualitativement différents. Un examen de l'effet au niveau national laisse de côté les différences qui peuvent exister au niveau régional. La capacité des régions de profiter de la libéralisation des échanges et la nature de leurs échanges avec le reste du monde dépendent, au moins en partie, de leur emplacement sur le marché nord-américain et sur les marchés mondiaux.

Dans le présent document, nous tentons de déterminer comment l'intégration du Canada au niveau mondial, grâce au commerce, a eu des répercussions différentes sur les économies régionales. À cette fin, nous nous demandons comment la spécialisation des établissements, la taille des établissements et la durée des cycles de production — trois caractéristiques de la structure industrielle qui ont des répercussions sur la productivité — ont changé, au fur et à mesure que les établissements de fabrication des différentes régions du Canada se sont intégrés aux marchés mondiaux. Les données utilisées pour cette analyse portent sur la période de 1973 à 1999. Au cours de cette période, les taux tarifaires ont diminué de façon constante, tout d'abord par suite des négociations Kennedy, puis des négociations commerciales multilatérales du Tokyo Round, et enfin de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis et de l'Accord de libre-échange nord-américain.

Avant même la libéralisation des échanges, des différences entre les régions ressortaient dans la structure industrielle. Dans la région du Canada la plus importante et la plus proche du centre du marché nord-américain, l'Ontario, on retrouvait des établissements importantes et de longs cycles de production. C'est aussi la région qui comportait le niveau le plus élevé de diversité des produits au début de la période à l'étude — au moment où le regroupement des produits pour obtenir des économies d'échelle était le plus évident.

L'effet de l'intégration découlant des exportations accrues ne s'est pas fait sentir également dans toutes les régions géographiques, ni de la même façon. C'est dans le centre du Canada (et principalement en Ontario) que la taille des établissements a le plus augmenté, que la diversité des produits a le plus diminué, et que la durée des cycles de production a le plus augmenté en moyenne. C'est là que la relation entre des niveaux plus élevés d'intensité des exportations et la taille des établissements, ou la durée des cycles de production, était la plus forte. Cela vient du fait que certains aspects de la structure industrielle ont réagi davantage qu'ailleurs aux changements qui ont touché les exportations (intégration accrue aux marchés nord-américains). En Ontario, la taille des établissements a réagi davantage qu'ailleurs aux modifications de l'intensité des exportations au fil du temps.

Le présent document examine aussi les différences entre les régions dans les réactions des exportateurs et des non-exportateurs aux variations de l'importance du commerce découlant de la libéralisation des échanges. Au Canada, les non-exportateurs ont connu une diminution de la taille de leurs établissements, tandis que les exportateurs ont vu la taille de leurs établissements et la durée de leurs cycles de production augmenter. Toutefois, les réactions des deux groupes ont été différentes au cœur de l'activité industrielle du Canada et dans les autres régions. À l'extérieur du cœur de l'activité industrielle, les non-exportateurs ont vu la taille de leurs établissements diminuer davantage par suite de la libéralisation accrue des échanges, tandis que les exportateurs ont vu la taille de leurs établissements augmenter dans une moins large mesure. Les non-exportateurs à l'extérieur de l'Ontario ont vu la durée de leurs cycles de production diminuer considérablement par suite de la libéralisation accrue des échanges, tandis que les exportateurs ont vu la durée de leurs cycles de production augmenter faiblement.

La perspective régionale adoptée dans le présent document jette un nouvel éclairage sur les effets sous-jacents des échanges. Les effets des échanges ne sont pas les mêmes dans tous les emplacements. Par ailleurs, les variations que nous observons au niveau spatial ne sont pas aléatoires. Nous observons plutôt des tendances qui font ressortir l'importance de l'emplacement par rapport aux marchés, à titre de variable clé permettant de déterminer comment le commerce affecte les économies régionales. Compte tenu de la diversité géographique de l'économie canadienne, la prise en compte des différences au niveau géographique améliore notre perception des effets du commerce sur l'économie.