2 Libéralisation des échanges et structure industrielle de la production

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Les économistes canadiens ont longtemps prétendu que la protection tarifaire avait pour effet de diminuer la taille des établissements et les cycles de production dans le secteur canadien de la fabrication, au point que celui-ci ne puisse plus tirer pleinement parti des économies d'une production à plus grande échelle. Selon l'enquête novatrice de Safarian sur les coûts relatifs des multinationales étrangères ayant des activités au Canada (1966, chapitre 7), la plupart des filiales étrangères ayant des activités au Canada faisaient face à des coûts unitaires plus élevés que les établissements des sociétés mères situées aux États-Unis. Ces coûts plus élevés ont été attribués à diverses sources; toutefois, ce sont les cycles de production plus courts qui ont été cités le plus souvent par celles déclarant des coûts unitaires plus élevés.

Les effets des tarifs sur ces caractéristiques structurelles ont servi de base aux premières analyses des conséquences possibles du libre-échange entre le Canada et les États-Unis (voir Wonnacott et Wonnacott, 1967) et se sont révélés l'un des facteurs les plus importants de la hausse du recours à l'aide sociale qui, selon les prédictions, devait résulter du libre-échange (voir Harris, 1984 et Cox, 1994).

La diminution des obstacles au commerce a été perçue comme entraînant des cycles de production plus longs, grâce à des augmentations de la taille des établissements ou à la production d'une moins grande variété de produits par ces dernières. Des analyses empiriques des établissements de fabrication au Canada ont fait ressortir que les établissements canadiennes souffraient à la fois de leur taille sous-optimale et de la diversité excessive de leurs gammes de produits (voir Daly, Keys et Spence, 1968; et Caves, 1975), et que la diminution des obstacles au commerce donnerait lieu à une augmentation de leur taille (Conseil économique du Canada, 1967 et 1975; Commission royale d'enquête sur les groupements de sociétés, 1978). Des travaux antérieurs de Baldwin et Gorecki (1986) ont porté sur la mesure dans laquelle la taille sous-optimale des établissements au Canada était l'un des facteurs à l'origine des différences de productivité entre le Canada et les États-Unis.

La diversité de la production dans les établissements canadiens ne se produit pas en raison des économies de gamme, mais plutôt en dépit des déséconomies de gamme, lorsque le secteur canadien de la fabrication est modélisé comme un secteur en concurrence avec les importations, qui sert un petit marché national (Eastman et Stykolt, 1967). Les explications de la structure industrielle à l'origine d'établissements et de cycles de production sous-optimaux dépendent de modèles qui traitent les industries de la fabrication comme comprenant un petit nombre de producteurs (oligopolistiques), dont les prix sont indexés en fonction du prix des importations qui sont assujetties aux tarifs. Ce nombre de vendeurs est représenté comme un équilibre fondé sur l'accès libre : chaque entreprise (identique) enregistre des bénéfices normaux, ou peut-être légèrement plus élevés, mais l'arrivée d'une entreprise de plus fait en sorte que chacune d'entre elles devient non rentable. Chaque entreprise (établissement) est traitée comme faisant face à une courbe de demande qui suit une tendance en pente descendante et comme ayant des produits qui n'épuisent pas les économies d'échelle disponibles. Lorsque les économies d'échelle ne sont pas pleinement exploitées, les entreprises sont incitées à augmenter leurs gammes de produits, même lorsqu'il existe des déséconomies de gamme, si les coûts réduits découlant de l'exploitation des économies d'échelle contrebalancent les inconvénients des déséconomies de gamme.

Dans ce contexte, l'effet attendu de la libéralisation des échanges sur les choix des entreprises en matière de diversification dépend de la façon dont la concurrence est modélisée. L'effet de la taille sur l'organisation de la production dépend de la concurrence entre les entreprises, de la différenciation des produits, du bassin de nouvelles entreprises possibles et d'autres facteurs. Toutefois, dans des conditions raisonnablement générales, on pourrait s'attendre à ce que l'élargissement du marché entraîne une production accrue par entreprise et un nombre plus grand de concurrents, le tout s'accompagnant d'un prix d'équilibre plus faible. Compte tenu de la structure supposée des coûts, cette modification réduit les incitatifs pour l'entreprise de regrouper des produits diversifiés dans une établissement, afin d'étaler les coûts fixes de cette dernière. Par conséquent, la diversification diminue. La plus grande taille des établissements et la moins grande diversification mènent à des cycles de production plus longs.

Baldwin, Caves et Gu (2005) examinent les effets de la politique commerciale dans ce contexte — un contexte où les établissements sont diversifiées dans un marché où la différenciation des produits prend de plus en plus de place, ce qui a pour effet que chaque producteur fait face à une courbe de demande à tendance descendante. On présume que la production de chaque fournisseur est sujette à des économies d'échelle et que les courbes des coûts diffèrent en ce qui a trait au niveau des coûts moyens et à l'étendue des économies d'échelle de l'établissement (économies d'échelle pour les établissements dont le produit principal est celui de l'industrie). Les importations et les importations possibles font l'objet d'une distinction similaire et sont assurées par des producteurs qui établissent les prix. On part de l'hypothèse d'un équilibre de Nash, chaque producteur (et importateur) considérant les prix de ses rivaux comme établis.

Dans ce contexte, le niveau élevé de protection dont jouissent les industries canadiennes de la fabrication supprime les variétés importables du marché, et diminue les possibilités de substitution offertes aux producteurs types, diminue l'élasticité de la courbe de demande individuelle, et augmente le prix moyen au pays. Par conséquent, un plus grand nombre de producteurs voient le jour au pays et, dans certaines circonstances, la production à l'équilibre du producteur canadien type diminue et les incitatifs en vue d'intégrer des produits diversifiés augmentent.

Dans ce cas, des réductions tarifaires unilatérales de la part du Canada devraient entraîner une réduction de la diversité des établissements. Des réductions simultanées des tarifs des États-Unis viennent renforcer cette tendance. Dans ce modèle, lorsque les producteurs d'un petit pays (par exemple, le Canada) accèdent aux marchés extérieurs dans lesquels les prix dépassent leurs coûts marginaux, ils sont susceptibles de faire face à des courbes de demande très élastiques, en raison des marchés importants pour leurs exportations. Ils sont aussi susceptibles d'opter pour de grands établissements, qui suppriment les incitatifs à diversifier les établissements. D'autres producteurs canadiens dont les coûts sont élevés, ce qui les empêche d'avoir accès aux marchés de l'exportation, ferment leurs portes ou élargissent leur production pour le marché intérieur (si l'élasticité de la demande à laquelle ils font face a augmenté). D'une façon ou d'une autre, leurs interventions contribuent à réduire la diversité de l'établissement moyen dans l'industrie.

Des travaux récents d'analyse de Baldwin et Gu (2008) s'inscrivent dans le prolongement de cette approche et reposent sur un contexte de concurrence monopolistique et de producteurs hétérogènes. Ce modèle combine les thèmes relatifs à la différenciation des produits qui se retrouvent dans Ottaviano et Thisse (1999), en vue d'élaborer le modèle de Melitz (2003) d'établissements hétérogènes à produit unique. Il se distingue de ce dernier du fait qu'il repose sur l'hypothèse que les entreprises ont des produits multiples.

Les préférences des consommateurs sont représentées par une fonction d'utilité quasi-linéaire, qui est définie sur un continuum de variétés différenciées. Le modèle repose sur l'hypothèse que la production comporte des économies d'échelle à l'intérieur des variétés et des économies de gamme d'une variété à l'autre. Pour entrer dans le secteur des produits différenciés, une entreprise doit assumer les coûts fixes de l'entrée E, sans égard à la taille de sa gamme de produit, ce qui laisse supposer des économies de gamme.

Ce n'est qu'une fois ses activités lancées qu'une entreprise qui entre sur le marché prend connaissance du coût marginal de production d'une variété. Dans ce contexte, il existe un nombre fini d'entreprises comptant plusieurs produits, et chaque entreprise contrôle un ensemble non négligeable de variétés. De ce fait, on présume que l'entreprise se comporte comme un oligopole. En choisissant sa gamme de produit et la durée de ses cycles de production, une entreprise ne néglige plus ses répercussions sur le marché comme dans les modèles de commerce fondés sur la concurrence monopolistique 1. L'entreprise doit tenir compte des répercussions de son choix sur la demande de ses variétés par son effet sur la demande totale sur le marché. Il s'agit d'un jeu en deux étapes. À la première étape, une entreprise choisit sa gamme de produit Ω i puis, à la deuxième étape, la quantité et le prix de ses variétés pi et qi .

Un équilibre d'absence de bénéfice et d'entrée libre détermine le nombre d'entreprises, les variétés produites et la durée moyenne d'un cycle de production. Comparativement à une entreprise moyenne sur un marché plus petit, celle sur un marché plus grand fournit un plus grand nombre de variétés (avec un degré de diversification des produits plus élevé). Elle a un cycle de production plus long et elle fixe un prix plus bas pour ses variétés de produits. Elle est plus grande et plus productive et ses bénéfices sont plus élevés. Un marché plus grand compte un plus grand nombre d'entreprises et de variétés de produits.

Le modèle analytique fournit aussi des résultats intuitifs concernant les répercussions des économies d'échelle et de gamme sur la diversification des produits, la durée du cycle de production, la taille de l'entreprise et les bénéfices de l'entreprise. L'existence d'économies d'échelle importantes associées aux divers produits est liée à une plus grande spécialisation des produits, à des cycles de production plus longs et à des bénéfices plus élevés. Toutefois, elle n'a pas d'effet sur la taille et la productivité de l'entreprise. L'existence d'économies de gamme importantes au niveau de l'entreprise est liée à une plus grande diversification des produits, une plus grande taille d'entreprise, une plus faible productivité et des bénéfices plus importants. Toutefois, elle n'a pas d'effet sur la durée des cycles de production des produits individuels.

Le modèle peut aussi être utilisé pour prédire la nature de l'équilibre fondé sur l'accès libre, dans les cas où le commerce avec d'autres régions est permis. Les entreprises qui évoluent dans ce contexte doivent non seulement décider de leurs offres sur le marché intérieur, mais aussi de leur présence sur le marché d'exportation. Dans ce cas, les entreprises se répartissent entre les exportateurs et les non-exportateurs — les plus rentables servant à la fois le marché intérieur et le marché d'exportation. Ces entreprises diffèrent du fait que les non-exportateurs ont des coûts unitaires plus élevés et que leurs réactions aux baisses de bénéfices peuvent être différentes de celles des exportateurs — dont les coûts unitaires sont plus faibles et dont les produits sont plus diversifiés que ceux des non-exportateurs. Les exportateurs réagissent aussi différemment aux réductions tarifaires. Pour pénétrer les marchés étrangers, il faut verser des droits tarifaires qui consistent en des taxes plus des coûts de transport. Ces derniers sont plus importants dans les régions périphériques. Les répercussions globales de la réduction des tarifs sont évaluées à partir de la variation moyenne découlant de ces deux segments différents — les exportateurs et les non-exportateurs.

Le modèle produit un certain nombre d'inférences vérifiables concernant la façon dont le nombre de produits, la diversification des produits, la taille de l'établissement et la durée du cycle de production devraient changer en présence d'une libéralisation des échanges.

Hypothèse 1 : La libéralisation des échanges devrait entraîner une baisse du nombre de produits fournis par les divers établissements. Cette baisse sera plus marquée pour les établissements qui ont des marchés intérieurs importants et des coûts de transport plus faibles pour accéder aux marchés d'exportation.

Dans le cas des non-exportateurs, la libéralisation des échanges aura un effet similaire sur les mesures du nombre de produits qui tiennent compte de la distribution des parts entre les produits — comme la mesure entropique utilisée ici. Elle a un effet ambigu sur la mesure des exportateurs existants et des nouveaux exportateurs.

Hypothèse 2 : La libéralisation des échanges a un effet ambigu sur la taille globale de l'établissement, étant donné qu'elle réduit l'importance des non-exportateurs, et elle a un effet ambigu sur la taille des exportateurs existants et des nouveaux exportateurs. Toutefois, si l'effet est positif, il devrait être plus grand pour les établissements ayant des marchés intérieurs importants et des coûts de transport plus faibles pour accéder aux marchés étrangers. Il convient de souligner que Baldwin et Gu (2008) ont déterminé que les répercussions au niveau national pour les exportateurs sont positives.

Hypothèse 3 : La libéralisation des échanges augmente la durée des cycles de production des divers produits des exportateurs existants et des nouveaux exportateurs, mais n'a pas d'effet sur la durée des cycles de production des non-exportateurs. En moyenne, la durée des cycles de production devrait augmenter, et elle devrait être plus longue pour les établissements qui ont des marchés intérieurs importants et des coûts de transport plus faibles liés aux exportations sur les marchés étrangers.

Conformément à leurs prédictions, l'analyse empirique de Baldwin et Gu (2008) montre que la diminution des obstacles tarifaires a donné lieu à une augmentation de la durée des cycles de production dans l'ensemble du Canada, un moins grand nombre de produits étant fabriqués dans les établissements.

En résumé, les ouvrages analytiques et empiriques laissent supposer que les petites régions et celles aux prises avec des tarifs plus élevés compteront un moins grand nombre de producteurs, une moins grande diversification et des cycles de production plus courts que celles qui sont assujetties à des tarifs plus faibles et qui ont des populations plus importantes. Ces ouvrages prédisent en outre que l'intégration du commerce donnera lieu à une spécialisation accrue et à des cycles de production plus longs. L'effet du commerce sur la taille de l'établissement est plus ambigu. Peu importe le type d'ajustement — diversité des produits, taille de l'établissement ou durée du cycle de production — les effets de l'intégration du commerce seront plus marqués dans les régions dont les marchés intérieurs sont plus importants et dans celles qui sont situées plus près des marchés d'exportation et qui, par conséquent, ont des coûts de transport plus faibles.

2.1 Répercussions

Les divers modèles d'analyse décrits précédemment contribuent à éclairer notre examen des différences dans la taille des établissements et dans la spécialisation entre les diverses régions du Canada, ainsi que les répercussions qu'a la libéralisation des échanges sur elles. Ces régions sont l'Atlantique, le Québec, l'Ontario et l'Ouest du Canada. Ces quatre régions diffèrent substantiellement l'une de l'autre du point de vue de la population (tableau 1). L'Ontario comptait plus de 11 millions d'habitants en 1999, tandis que la région la plus petite en comptait environ 2 millions. Au cours de la période à l'étude, la population de l'Ontario et de l'Ouest du Canada a augmenté de plus de 3 millions, celle du Québec, de seulement 1 million environ, et celle de l'Atlantique, de moins de 200 000.

Les régions diffèrent aussi du point de vue de leur proximité avec le cœur des marchés potentiels en Amérique du Nord — la ceinture géographique des établissements de fabrication aux États-Unis. L'Ontario est adjacente à cette région géographique, qui s'étend des États du Moyen-Atlantique à ceux du Midwest, le Canada Atlantique et l'Ouest du Canada se situant en marge du marché nord-américain. Le Québec, dont la situation n'est pas aussi centrale que l'Ontario, est mieux positionné que le Canada Atlantique et l'Ouest du Canada sur le marché nord-américain. Les coûts de transport de ces régions agissent comme un genre de tarif sur les produits qui sont exportés dans ce marché.

Tableau 1
Estimation des populations régionale

La diminution des obstacles au commerce a des répercussions différentes sur les régions, les tarifs étant plus élevés pour les régions périphériques, en raison des coûts plus élevés de transport. Selon le modèle, les changements dans la structure industrielle des régions où les tarifs, c'est-à-dire les taxes et les coûts de transport, sont plus élevés, seront faibles. La réaction des producteurs d'un marché à la réduction des tarifs dépend de la densité de ces marchés et de la distance qui sépare une région de ses marchés d'exportations.

La distance des marchés agit comme un tarif sur les exportations vers une région. Des études empiriques comportant un modèle du volume d'échanges entre les pays ou les régions (voir Frankel, Wei et Stein, 1997) ont systématiquement montré que la distance constitue l'un des déterminants les plus importants de ce volume. Par exemple, Brown et Anderson (2002) ont déterminé que l'élasticité de la distance se situe autour d'un pour la majorité des secteurs de la fabrication, dans le cas des exportations dans les deux chiffres entre les États et entre les provinces et les États en Amérique du Nord. Dans le cas d'une économie continentale comme celle du Canada, la distance a un effet non négligeable sur l'accès aux marchés et, par conséquent, l'emplacement par rapport au grand marché nord-américain contribuera à déterminer comment les producteurs réagissent à la diminution des obstacles au commerce.

Pour comprendre ce phénomène, il est utile de comparer divers emplacements en Ontario et dans l'Ouest du Canada par rapport au marché des États-Unis. L'Ontario se situe à une distance d'une journée en camion des 100 millions d'habitants que comptent les États-Unis. Il n'existe aucun emplacement dans l'Ouest du Canada qui est comparable du point de vue de l'accès au marché. Par conséquent, même si les deux régions font face à la même baisse absolue des barrières tarifaires, cette baisse sert à augmenter le marché total des entreprises de l'Ontario dans une mesure beaucoup plus large que celui des entreprises situées dans l'Ouest du Canada. Cela signifie que, toutes choses étant égales par ailleurs, la réduction des obstacles tarifaires découlant de l'Accord de libre-échange nord-américain aura davantage d'effets sur les producteurs de l'Ontario (et plus particulièrement du Sud de l'Ontario) que sur ceux de l'Ouest du Canada.

Lorsque l'on place ces résultats dans un contexte géographique, on remarque que les effets de l'intégration plus grande varieront selon l'emplacement d'une région par rapport aux marchés continentaux plus importants. Ces effets devraient se faire sentir le plus dans les régions qui se situent à la jonction du marché nord-américain. En termes pratiques, cela signifie que ce sont les producteurs de l'Ontario, et peut-être du Québec, qui modifieront le plus la façon dont ils organisent leur production, tandis que ceux du Canada Atlantique et de l'Ouest du Canada enregistreront des gains plus limités. Dans la section qui suit, nous vérifions ces hypothèses.

 

1. Dans les modèles de commerce de produits différenciés à concurrence monopolistique, chaque entreprise produit une variété, étant donné qu'il n'existe pas d'économies de gamme d'une variété à l'autre. Dans ces modèles, chaque entreprise néglige à juste titre ses répercussions sur le marché.