À contre-courant : quels ménages consomment de l'eau embouteillée?

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Neil Rothwell, Division des comptes et de la statistique de l'environnement, maintenant avec la Division de l'agriculture

À présent les Canadiens consomment davantage d'eau embouteillée que les années précédentes. Le International Council of Bottled Water Associations estime que 820 millions de litres d'eau embouteillée ont été produits en 2000 pour la consommation canadienne. En 2003, cette production avait augmenté pour atteindre près de 1,5 milliard de litres1. Un ménage peut choisir de consommer de l'eau embouteillée à la maison plutôt que de l'eau du robinet pour plusieurs raisons, notamment parce que c'est plus commode, par question de goût, parce qu'il se préoccupe de la qualité de l'eau du robinet ou parce qu'il subit l'influence du marketing continu de l'industrie de l'eau embouteillée.

L'eau embouteillée a soulevé une controverse importante au Canada et à l'étranger et a beaucoup attiré l'attention des médias (voir l'encadré : Eau embouteillée). Dans l'ensemble, près de 3 ménages sur 10 ont déclaré boire de l'eau embouteillée à la maison en 2006. Cette étude montre que les ménages ayant un revenu plus élevé sont davantage susceptibles de consommer de l'eau embouteillée, mais que les ménages ayant fait des études universitaires, les personnes âgées ou les résidents d'appartement sont moins susceptibles de consommer de l'eau embouteillée que les autres groupes.

Revenu, études et consommation d'eau embouteillée : une relation complexe
La consommation d'eau embouteillée est moins populaire chez les personnes âgées
Les résidents d'appartement consommaient peu d'eau embouteillée
Conclusion

Revenu, études et consommation d'eau embouteillée : une relation complexe

Il existe un lien étroit entre les personnes qui ont un revenu élevé et celles qui ont fait des études universitaires, et ces personnes partagent en général de nombreuses caractéristiques. En revanche, la consommation d'eau embouteillée n'en fait pas partie.

En général, les ménages ayant un revenu plus élevé étaient davantage susceptibles de consommer de l'eau embouteillée (graphique 1). Près d'un quart des ménages dont le revenu total s'élevait à 40 000 $ ou moins consommaient de l'eau embouteillée à la maison, et cette proportion augmentait à un tiers pour les ménages gagnant plus de 91 000 $.

Ce que vous devriez savoir au sujet de la présente étude

Cet article se base sur les données de l'Enquête sur les ménages et l'environnement de 2006 (EME). L'EME de 2006 a été menée par Statistique Canada afin d'évaluer les gestes des ménages canadiens en ce qui concerne une large gamme de comportements environnementaux, y compris la consommation d'eau embouteillée comme principale source de consommation d'eau à la maison. D'après l'EME, un certain nombre de variables socioéconomiques et démographiques sont liées aux ménages consommant principalement de l'eau embouteillée à la maison et les résultats sont présentés sous forme de part du total des ménages.

La collecte des données de l'EME de 2006 s'est déroulée conjointement avec l'Enquête sur la population active (EPA). Il faut noter que l'EME de 2006 ne portait pas sur la consommation d'eau embouteillée à l'extérieur de la maison (au travail par exemple) où la commodité de l'eau embouteillée entre en ligne de compte. Par conséquent, les résultats sous-estiment la part des ménages qui consomment régulièrement de l'eau embouteillée.

Quatre caractéristiques sont utilisées pour étudier la consommation d'eau embouteillée par les ménages canadiens :

1. Revenu

Les ménages sont divisés en quintiles : cinq groupes égaux basés sur le revenu total reçu de toutes les sources par l'ensemble des membres du ménage.

2. Études

Les ménages sont divisés en quatre groupes selon le plus haut niveau d'études atteint par un des membres du ménage.

3. Âge

Les ménages sont divisés en cinq groupes selon la présence de membres du ménage dans trois catégories : enfants (moins de 18 ans), adultes en âge de travailler (18 à 64 ans), personnes âgées (65 ans et plus).

4. Logement

Les ménages sont divisés en quatre groupes selon le type de logement dans lequel ils résident.

Par souci de concision, « consommer principalement de l'eau embouteillée à la maison » peut être désigné dans le texte par « consommer de l'eau embouteillée ».

Dans le cas des ménages à faible revenu, l'eau embouteillée peut représenter un achat relativement coûteux. De ce point de vue, l'eau embouteillée est un article de luxe que les ménages aisés ont davantage les moyens de s'offrir.

La probabilité de consommation d'eau embouteillée augmentait également avec le niveau d'études, mais seulement jusqu'au niveau « études postsecondaires partielles ». Près d'un tiers des ménages ayant fait des études postsecondaires partielles consommaient de l'eau embouteillée (graphique 2). Les ménages du groupe « université » avaient le plus faible taux de consommation d'eau embouteillée par rapport à toutes les autres catégories d'études. Un quart des ménages ayant fait des études universitaires consommaient de l'eau embouteillée à la maison.

Eau embouteillée : la controverse déferle

La consommation d'eau embouteillée a provoqué un grand débat au Canada et à l'étranger et a beaucoup retenu l'attention des médias. La consommation accrue d'eau embouteillée a soulevé un certain nombre de questions environnementales, morales et de santé publique. Ces questions comprennent les préoccupations relatives à la vente d'une substance que beaucoup considèrent comme un « bien collectif », la qualité de l'eau potable, les avis et ordres d'ébullition de l'eau, les annonces qui vantent les avantages que présente l'eau embouteillée pour la santé et la sécurité par rapport à l'eau du robinet et le potentiel de dommage environnemental causé par la fabrication, le transport et l'élimination des bouteilles d'eau en plastique.

En mai 2007, le magazine Maclean's a fait un rapport sur l'eau embouteillée. Le service des nouvelles de la CBC a également diffusé des reportages sur de nombreux aspects de l'eau embouteillée, y compris les préoccupations relatives à la privatisation de l'eau, l'incidence potentielle de l'eau embouteillée sur la santé dentaire et les problèmes associés à l'élimination des bouteilles d'eau en plastique.

Par ailleurs, les sites Web de nombreux groupes défenseurs de l'environnement tels que l'Institut Polaris et le Sierra Club du Canada consacrent beaucoup d'énergie aux questions relatives à la consommation d'eau embouteillée.

Le débat sur la consommation d'eau embouteillée est arrivé dans l'arène politique, au Canada et à l'étranger. Par exemple, une taxe spéciale sur l'eau embouteillée a été demandée dans la ville de Toronto et des préoccupations relatives à l'incidence environnementale de l'eau embouteillée ont été soulignées sur le site Web du gouvernement de la Californie.

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Graphique 1
Les ménages ayant un revenu élevé étaient les plus susceptibles de consommer de l'eau embouteillée en 2006

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Graphique 2
Les ménages ayant fait des études universitaires étaient moins susceptibles de consommer de l'eau embouteillée en 2006

Les ménages ayant fait des études universitaires (25 %) avaient le taux de consommation d'eau embouteillée le plus faible; par contre, le groupe ayant les revenus les plus élevés avait le taux de consommation d'eau embouteillée le plus élevé (33 %) (tableau 1). Un lien étroit existe souvent entre les études de niveau universitaire et les revenus élevés et on aurait pu s'attendre à ce que les taux de consommation d'eau embouteillée soient similaires pour les ménages ayant fait des études universitaires et ceux ayant un revenu élevé. Toutefois, ce n'était pas le cas.

Si l'on observe plus en détail la consommation d'eau embouteillée des différents groupes selon le niveau d'études et de revenu, les ménages à revenu élevé, mais où personne n'avait reçu de grade universitaire, avaient le taux le plus élevé de consommation d'eau embouteillée (tableau 1).

Parmi les ménages dont le revenu était supérieur à 91 000 $, au moins 44 % de la catégorie « Diplôme d'études secondaires » et 38 % de la catégorie « Études postsecondaires partielles » consommaient de l'eau embouteillée, contre seulement 29 % pour le même groupe de revenu ayant au moins un membre avec grade universitaire.

En outre, dans le groupe ayant le deuxième revenu le plus élevé, 41 % des ménages où tous les membres appartenaient au groupe « Sans diplôme d'études secondaires » consommaient de l'eau embouteillée, par rapport à 26 % des ménages où au moins un membre avait reçu un grade universitaire.

Il existe un lien étroit entre le niveau d'études universitaires et une plus faible probabilité de consommation d'eau embouteillée à la maison. Par ailleurs, ce lien est assez étroit pour compenser l'incidence positive que le revenu élevé a sur la consommation d'eau embouteillée. Parmi les  ménages à revenu élevé, ce sont surtout ceux où personne n'a fait d'études universitaires qui cultivent l'engouement pour l'eau embouteillée.

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Tableau 1
Part des ménages consommant principalement de l'eau embouteillée à la maison, selon le niveau d'études et le groupe de revenus, 2006

Il est possible que les diplômés universitaires soient davantage conscients des questions environnementales liées à l'eau embouteillée. Ils peuvent également être plus sceptiques par rapport aux déclarations affirmant que l'eau embouteillée est plus saine que l'eau du robinet.

La consommation d'eau embouteillée est moins populaire chez les personnes âgées

La consommation d'eau embouteillée par les ménages variait en fonction de l'âge des membres du ménage. À l'exception des ménages qui comprenaient des personnes âgées, des adultes en âge de travailler et des enfants, les ménages comprenant des personnes âgées étaient moins susceptibles de consommer de l'eau embouteillée que les ménages qui ne comprenaient pas de personnes âgées (graphique 3). De plus, les ménages composés uniquement de personnes âgées étaient les moins susceptibles de consommer de l'eau embouteillée à la maison (17 %).

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Graphique 3
Les personnes âgées préféraient l'eau du robinet en 2006

Le très faible taux de consommation d'eau embouteillée des ménages composés uniquement de personnes âgées peut en partie s'expliquer par le maintien d'un comportement établi. Les personnes âgées ne disposaient peut-être pas d'eau embouteillée pendant une bonne partie de leur vie; par conséquent, elles sont relativement peu nombreuses à s'être habituées à en acheter.

De plus, il existe un lien avec le revenu. Les personnes âgées ont tendance à avoir un revenu plus faible que bon nombre d'autres groupes. Selon l'enquête, au moins la moitié des ménages composés uniquement de personnes âgées avaient un revenu annuel de 25 000 $ ou moins, alors qu'un quart avait un revenu entre 25 000 $ et 40 000 $. À l'autre extrémité de l'échelle, seuls 3 % des ménages composés uniquement de personnes âgées avaient un revenu de plus de 91 000 $, par rapport à 20 % dans chaque catégorie de revenu de la population générale. Comme cela a déjà été indiqué, les ménages ayant un revenu plus faible sont en général associés à des taux plus faibles de consommation d'eau embouteillée.

Par opposition aux résultats obtenus pour les personnes âgées, les ménages où il y a des enfants étaient davantage susceptibles de consommer de l'eau embouteillée. Les ménages composés d'adultes en âge de travailler et d'enfants étaient les plus susceptibles de consommer de l'eau embouteillée à la maison (33 %). Ce constat est en partie lié au revenu. Plus de la moitié de l'ensemble des ménages ayant des enfants avaient un revenu de plus de 64 000 $, alors que seulement 14 % avaient un revenu de 25 000 $ ou moins.

Les résidents d'appartement consommaient peu d'eau embouteillée

La consommation d'eau embouteillée variait également selon le type de logement dans lequel résidait le ménage. La part de ménages consommant de l'eau embouteillée qui vivaient en appartement  était inférieure de cinq points à la part de ménages qui vivaient dans des habitations unifamiliales et de quatre points inférieure à celle des ménages qui vivaient dans des logements à unités multiples (graphique 4).

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Graphique 4
Les ménages vivant en appartement étaient moins susceptibles de consommer de l'eau embouteillée en 2006

Le faible taux de consommation d'eau embouteillée par les ménages vivant en appartement peut à la fois être lié à l'âge et au revenu. Un tiers de l'ensemble des ménages composés uniquement de personnes âgées vivait dans un appartement, comparativement à 13 % pour les ménages avec des enfants. Comme cela a été montré, les ménages composés uniquement de personnes âgées avaient un très faible taux de consommation d'eau embouteillée.

De plus, les revenus des résidents d'appartement avaient tendance à être plus faibles, facteur également associé à un taux plus faible de consommation d'eau embouteillée. Les ménages vivant en appartement étaient deux fois plus susceptibles d'appartenir à la catégorie des revenus les plus faibles que l'ensemble des ménages (40 % contre 20 %). Parallèlement, seuls 6 % des ménages vivant en appartement avaient un revenu de plus de 91 000 $ par an, par rapport à 20 % pour l'ensemble des ménages qui appartenaient à la catégorie du revenu le plus élevé.

Conclusion

Il était plus courant de consommer de l'eau embouteillée à la maison dans les ménages ayant les revenus les plus élevés. Pourtant, les ménages ayant fait des études universitaires étaient moins susceptibles de consommer de l'eau embouteillée que les ménages qui avaient un niveau plus faible de formation scolaire. Le taux plus faible de consommation d'eau embouteillée des ménages ayant fait des études universitaires, mis en opposition avec le taux plus élevé de consommation par les ménages ayant un revenu élevé, montre que les comportements associés au revenu ne sont pas forcément associés au niveau d'études.

Les ménages habitant en appartement et ceux qui comprenaient des personnes âgées étaient moins susceptibles de consommer de l'eau embouteillée, alors que les ménages qui comprenaient des enfants étaient davantage susceptibles de consommer de l'eau embouteillée. Les ménages composés uniquement de personnes âgées avaient un taux particulièrement faible de consommation d'eau embouteillée.


Note

  1. International Council of Bottled Water Associations, Zenith Marketing and Beverage Marketing Corporation, 2007, Global Bottled Water Statistics, (site consulté le 8 novembre 2007).