Bilinguisme chez les jeunes au Canada

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Mary Allen1
Centre de la statistique de l'éducation
Statistique Canada

Bilinguisme à l'âge de 21 ans
Langue d'instruction
Lien entre la langue d'instruction et le bilinguisme
Bilinguisme et durée de la participation à un programme d'immersion en français
Conclusion

En vertu de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles, le gouvernement fédéral s'engage à favoriser l'épanouissement des minorités francophones et anglophones du Canada et à appuyer leur développement, ainsi qu'à promouvoir la pleine reconnaissance et l'usage du français et de l'anglais dans la société canadienne. Cet engagement est mis en œuvre par l'intermédiaire des Programmes d'appui aux langues officielles du ministère du Patrimoine canadien.

Une partie importante des programmes d'appui aux langues du gouvernement du Canada est l'appui accordé à l'enseignement des langues, qui prend la forme d'enseignement dans la langue de la minorité et d'apprentissage d'une langue seconde. Ces programmes sont exécutés en collaboration avec les gouvernements provinciaux par l'intermédiaire du Conseil des ministres de l'Éducation (Canada). Le gouvernement canadien offre du soutien à l'enseignement de la langue seconde depuis 1970, dans le but d'appuyer le bilinguisme au Canada ou, plus précisément, de promouvoir la reconnaissance et l'usage des deux langues.

Les écoles canadiennes offrent une vaste gamme de modèles d'enseignement de langue seconde. Au niveau élémentaire, la plupart des élèves canadiens reçoivent une forme quelconque de formation de base en français ou en anglais pendant au moins une partie de leur scolarité. De plus, certains élèves prennent part à des programmes de formation linguistique plus approfondis, comme l'immersion ou les cours de langue enrichis ou intensifs. Ces programmes approfondis varient considérablement et évoluent continuellement en fonction des changements dans les politiques et des nouvelles approches de l'enseignement des langues.

Bien qu'il y ait de nombreuses études et évaluations sur les différentes approches de l'enseignement des langues2, on détient peu de statistiques sur l'incidence globale des divers programmes linguistiques au Canada. Le recensement fournit des renseignements sur le bilinguisme pour divers groupes d'âge, mais il ne donne aucune information sur la langue de l'enseignement reçu. L'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) est l'une des rares sources de données sur la langue d'instruction et offre une grande variété de renseignements sur les caractéristiques des jeunes Canadiens. Des recherches précédentes fondées sur l'EJET ont examiné les caractéristiques et le rendement scolaire des jeunes de 15 ans dans les écoles de langue minoritaire et dans les programmes d'immersion en français3.

L'Enquête auprès des jeunes en transition a permis de recueillir des renseignements sur une cohorte de jeunes de 15 ans en 2000. En outre, on a recueilli des données sur la langue maternelle et sur la langue du système scolaire (à l'âge de 15 ans), ainsi que des renseignements (auprès des parents) indiquant si l'élève a déjà été inscrit à une forme quelconque de programme d'immersion ou de programme d'enseignement du français ou de l'anglais enrichi ou intensif. Les jeunes ont été interviewés à nouveau à des intervalles de deux ans. Ces interviews ont fourni des renseignements sur l'autoévaluation des jeunes quant à leur aptitude à soutenir une conversation en français et en anglais. Les données les plus récentes ont été recueillies en 2006, au moment où les jeunes avaient 21 ans. Les données du cycle 4 de 2006 fournissent des renseignements sur la scolarité d'un total de 17 142 répondants. Parmi ceux ci, l'échantillon de jeunes ayant déjà été inscrits à un programme d'immersion en langue seconde comptait 3 016 jeunes.

Le présent article fournit un point de départ pour étudier le bilinguisme et l'apprentissage des langues. Il utilise les données de l'EJET pour répondre aux trois questions de base suivantes :

  1. Combien de jeunes sont capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans?
  2. Combien de jeunes ont reçu différents types d'enseignement des langues (français ou anglais)?
  3. Quel est le taux de bilinguisme chez les jeunes si l'on considère les différents types de langue d'instruction?

Box 1:
Définitions de concepts clés

Langue d'instruction :

La langue du système scolaire (majoritaire ou minoritaire) dépend de l'école où l'élève était inscrit à l'âge de 15 ans. Des renseignements sur les systèmes scolaires de langue minoritaire sont disponibles seulement en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Ontario et au Manitoba, provinces où la population de jeunes dans les systèmes de langue minoritaire était suffisamment grande pour les fins de l'enquête. Dans ces provinces, l'enquête visait à recueillir des renseignements auprès de tous les jeunes de 15 ans dans les systèmes scolaires de langue minoritaire.

Jeunes ayant déjà été inscrits à un programme intensif ou d'immersion en français ou en anglais :

Des renseignements sur l'inscription à un programme intensif ou d'immersion ont été fournis par les parents des jeunes lorsque ceux ci avaient 15 ans. On a demandé aux parents les questions suivantes : « {Enfant} a t il(elle) déjà été inscrit(e), dans une école française, à un programme où 25 % ou plus de l'enseignement se donnait en anglais; par exemple, un bain linguistique ou un programme d'immersion anglaise? » et « {Enfant} a t il(elle) déjà été inscrit(e), dans une école anglaise, à un programme où 25 % ou plus de l'enseignement se donnait en français; par exemple, un programme d'immersion en français? » On leur a ensuite demandé d'indiquer en quelle année leur enfant avait été inscrit à un tel programme d'immersion.

Cette question ne tient peut-être pas entièrement compte des différentes définitions qu'accorde chaque province aux programmes intensifs ou d'immersion. Cependant, on a utilisé une question standard en raison de la difficulté à classer et à comparer les divers programmes offerts par les provinces. À l'extérieur du Québec, la plupart des programmes de français approfondis sont des programmes d'immersion en français, mais il existe aussi diverses autres formes de programmes de français enrichis.

L'enquête n'a permis de recueillir aucun renseignement sur le type de programme ou la méthode d'enseignement (immersion, enrichi, intensif, etc.). Même si l'élève était peut être inscrit seulement à une certaine forme de français enrichi, une réponse affirmative à cette question était enregistrée comme une inscription à un programme « d'immersion » dans le texte. Il est à noter que les programmes de français intensifs mis sur pied récemment n'étaient pas offerts aux jeunes visés par l'enquête.

Aux fins de la présente analyse, les jeunes ont été classés selon trois types de systèmes scolaires en fonction des renseignements disponibles sur la langue d'instruction :

  • école de langue majoritaire sans immersion en langue seconde — jeunes inscrits dans un système scolaire de langue majoritaire à l'âge de 15 ans (p. ex. dans un système scolaire de langue française au Québec et de langue anglaise à l'extérieur du Québec), qui n'ont jamais été inscrits à aucun type de programme d'immersion;
  • école de langue minoritaire — jeunes inscrits dans un système scolaire de langue minoritaire à 15 ans (peu importe s'ils ont déjà été inscrits ailleurs à un programme d'immersion). Cette catégorie s'applique aux systèmes scolaires en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Ontario et au Manitoba;
  • déjà été inscrits à un programme d'immersion en langue seconde — jeunes inscrits dans un système scolaire de langue majoritaire à l'âge de 15 ans et dont les parents ont déclaré qu'ils ont déjà été inscrits dans un type de programme d'immersion en n'importe quelle année. Cette catégorie exclut les jeunes inscrits dans une école de langue minoritaire à l'âge de 15 ans.
    • Les programmes d'immersion (ou intensifs) sont ensuite subdivisés comme suit :

    • immersion précoce : inscrits avant la 4e année (y compris la maternelle);
    • immersion tardive : inscrits pour la première fois en 4e année ou plus tard;
    • primaire seulement : inscrits seulement en 6e année ou avant (y compris la maternelle);
    • une partie du secondaire : inscrits après la 6e année (il est à noter que les renseignements sur la langue d'instruction ont été recueillis à l'âge de 15 ans et qu'ils n'incluent pas la dernière partie de l'école secondaire);
    • nombre d'années d'immersion : six ans ou moins; plus de six ans.

Langue maternelle : 

Renseignements sur la langue maternelle déclarés par les parents dans le questionnaire de 2000. On leur a demandé la question suivante : « Quelle est la langue que cette personne a apprise en premier lieu à la maison dans son enfance et qu'elle comprend encore? »

Bilinguisme :

Aptitude à soutenir une conversation en français et en anglais — on a demandé aux répondants de 21 ans la question suivante : « Quelle(s) langue(s) connaissez-vous assez bien pour soutenir une conversation? » Cette question concorde avec l'information sur le bilinguisme recueillie dans le cadre du recensement. En outre, on a demandé aux jeunes de 17 ans et de 19 ans certains renseignements concernant leur aptitude à soutenir une conversation en français et en anglais. Il s'agit de renseignements autodéclarés qui donnent donc lieu à l'interprétation personnelle. L'information sur l'aptitude linguistique à 15 ans était fournie par les parents, ce qui n'a pas été considéré comme une mesure adéquate du bilinguisme pour la présente analyse (surtout étant donné la capacité douteuse des parents unilingues à évaluer le bilinguisme de leur enfant).

Évaluation sur les compétences en français et en anglais — en plus d'interroger les jeunes sur leur aptitude à soutenir une conversation en français ou en anglais, on a demandé à ceux-ci d'évaluer leur aptitude en français et en anglais (Comment jugeriez-vous votre aptitude actuelle à parler le français ou l'anglais?). Dans l'ensemble, le pourcentage de jeunes ayant déclaré que leur aptitude en anglais (ou en français) était de bonne à excellente correspondait à l'« aptitude à soutenir une conversation » mesurée séparément.

La présente analyse porte sur les jeunes ayant déclaré avoir un niveau de compétences de passable à excellent à parler français ou anglais. Même s'il peut s'agir d'une évaluation ambiguë, elle peut donner une mesure de la population ayant une base suffisante dans l'autre langue officielle sur laquelle bâtir. Dans certains cas, il peut s'agir de personnes qui n'ont pas utilisé leur langue seconde (anglais ou français) pendant un certain nombre d'années, mais dont l'aptitude reviendrait rapidement si elles étaient en contact avec la langue à nouveau.

Bilinguisme à l'âge de 21 ans

À l'âge de 21 ans, 29 % des jeunes Canadiens ayant été interrogés dans le cadre de l'EJET ont déclaré être capables de soutenir une conversation en anglais et en français (graphique 1). Ce pourcentage varie énormément selon leur langue maternelle : 65 % des jeunes francophones au Canada ont déclaré être bilingues, tandis que seulement 18 % des non-francophones ont déclaré l'être4.

Graphique 1
Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, par région et langue maternelle, 2006

Graphique 1. Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, par région et langue maternelle, 2006

Source : Voir le tableau A.1 de l'annexe.

À l'extérieur du Québec, la grande majorité des jeunes francophones (91 %) ont déclaré être bilingues, comparativement à 15 % des jeunes non-francophones. Toutefois, au Québec, le taux de bilinguisme était considérablement plus élevé chez les non-francophones. En effet, 61 % des jeunes francophones au Québec ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues officielles, tandis qu'au moins 90 % des jeunes non-francophones ont déclaré être en mesure de le faire.

On a aussi demandé aux jeunes d'évaluer leur aptitude à parler anglais ou français. À l'extérieur du Québec, 28 % des non-francophones ont évalué leur aptitude en français comme étant de passable à excellente. Au Québec, ce taux était considérablement plus élevé : 85 % des jeunes francophones ont évalué leur aptitude en anglais comme étant de passable à excellente.

Langue d'instruction

Le contexte communautaire, les antécédents familiaux et l'exposition à la langue sont des facteurs déterminants du bilinguisme, mais l'enseignement représente aussi un moyen important d'initier les jeunes à une seconde langue officielle. On a d'abord interrogé les jeunes âgés de 15 ans au moment où ils étaient inscrits dans un système scolaire de langue française ou anglaise. Dans la plupart des cas, la langue du système scolaire où l'élève était inscrit correspondait à sa langue maternelle. Par ailleurs, certains jeunes ont participé à diverses formes de programmes intensifs ou d'immersion dans une seconde langue officielle. L'Enquête auprès des jeunes en transition a permis de cerner quels jeunes ont déjà été inscrits à un programme où 25 % ou plus de l'enseignement se donnait dans la seconde langue officielle de l'école (par exemple, l'enseignement en français dans un système scolaire anglophone). Cette définition englobe les programmes d'immersion en français, où une bonne partie des travaux se fait en français. Elle peut aussi inclure les programmes intensifs au Québec qui viennent compléter la langue d'instruction de base avec une exposition intensive, qui a habituellement lieu en 5e ou 6e année. Elle peut aussi englober les programmes de français enrichis où un ou deux cours supplémentaires se donnent en français. Toutefois, les programmes de français intensifs mis sur pied récemment n'étaient pas offerts aux jeunes ayant participé à cette enquête.

À l'extérieur du Québec, environ 17 % des jeunes non-francophones ont déjà été inscrits à un programme d'immersion (tableau 1). Parmi ceux ci, 63 % ont été inscrits à un certain moment avant la 4e année (immersion précoce). Environ deux tiers (66 %) des jeunes ont pris part à de l'immersion en français à un certain moment après la 6e année (une partie du secondaire). Étant donné la variété des moments d'entrée et de sortie des programmes d'immersion en français, nous avons aussi calculé le nombre d'années pendant lesquelles les jeunes avaient été inscrits à une certaine forme d'immersion. À 15 ans, près de la moitié des jeunes qui avaient déjà été inscrits à un programme d'immersion (45 %) avaient passé plus de six ans en immersion.

Tableau 1
Langue d'instruction chez les jeunes à l'âge de 15 ans, par région et langue maternelle, Canada

  Non inscrits à un programme d'immersion en langue seconde École de langue minoritaire Déjà été inscrits à un programme d'immersion en langue seconde
Pourcentage Erreur type Pourcentage Erreur type Pourcentage   Erreur type
À l'extérieur du Québec
Non-Francophone 82,7 0,8 0,7 0,1 16,6   0,8
Francophone 71,6 3,4 25,6 3,5 2,8 E 0,5
Total 82,3 0,8 1,6 0,2 16,1   0,7
Québec
Non-Francophone 18,3 2,0 50,2 4,1 31,5   3,0
Francophone 87,1 1,2 1,6 0,3 11,3   1,2
Total 77,4 1,6 8,5 1,2 14,1   1,1
Canada
Non-Francophone 79,9 0,8 2,8 0,3 17,2   0,7
Francophone 85,3 1,2 4,5 0,6 10,2   1,1
Total 81,1 0,7 3,2 0.3 15,6   0,6
E à utiliser avec prudence
Source : Statistique Canada, Enquête auprès des jeunes en transition, cycle 4, 2006.

Au Québec, 11 % des jeunes francophones ont déjà été inscrits à un programme d'immersion (ou intensif) en anglais. De plus, environ un tiers des non-francophones ont déclaré avoir été inscrits à un programme d'immersion en français.

Lien entre la langue d'instruction et le bilinguisme

À l'extérieur du Québec, la plupart des jeunes sont exposés au français à l'école seulement. Sauf dans des régions du Nouveau-Brunswick, dans l'Est ontarien et dans certaines petites collectivités d'autres provinces (telles que Saint-Boniface et les environs au Manitoba), la plupart des jeunes n'ont pas l'occasion d'utiliser le français dans le contexte de tous les jours.

Plus de 80 % des jeunes non-francophones à l'extérieur du Québec n'ont jamais été inscrits à un programme d'immersion ou enrichi en français. Parmi ces derniers, seulement 6 % ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en français à l'âge de 21 ans (graphique 2) et parmi ceux-ci 19 % ont évalué leur aptitude en français comme étant de passable à excellente.

Graphique 2
Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, 2006

Graphique 2. Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, 2006

Source : Voir le tableau A.2 de l'annexe.

Toutefois, les jeunes qui ont été exposés au français dans un programme scolaire enrichi ou d'immersion étaient beaucoup plus susceptibles d'être bilingues — 57 % de tous les jeunes qui ont déjà été inscrits en immersion ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en français et 70 % ont évalué leur aptitude en français comme étant de passable à excellente.

Au Québec, une proportion notable de jeunes francophones étaient bilingues, peut-être en raison de leur exposition à l'anglais et de la proximité de populations anglophones (surtout à Montréal et dans l'Ouest du Québec). Cependant, ceux qui ont reçu de l'enseignement intensif en anglais étaient aussi plus susceptibles de déclarer être bilingues que ceux qui n'en avaient pas reçu. Parmi les jeunes qui ont reçu de l'enseignement intensif en anglais, 86 % ont déclaré être bilingues à l'âge de 21 ans, comparativement à 57 % de ceux qui n'en avaient pas reçu.

Bilinguisme et durée de la participation à un programme d'immersion en français

Certes, l'inscription à un programme intensif ou d'immersion en français à n'importe quelle étape de la scolarité est liée à un taux plus élevé de bilinguisme, mais le nombre d'années passées dans un programme d'immersion en français a aussi une incidence évidente. Les trois quarts des jeunes ayant passé plus de six ans en immersion ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en français (graphique 3) et 86 % d'entre eux ont évalué leur aptitude en français comme étant de passable à excellente (graphique 4). Par comparaison, 41 % des jeunes ayant passé six années ou moins en immersion ont déclaré être bilingues et 57 % ont évalué leur aptitude comme étant de moyenne à excellente.

L'effet de la durée de l'immersion en français se voit aussi dans le moment où les jeunes y ont été inscrits pour la première fois. Près des deux tiers des jeunes inscrits avant la 4e année (immersion précoce) ont déclaré être bilingues à l'âge de 21 ans, comparativement à 45 % des jeunes inscrits pour la première fois plus tard. De plus, les jeunes qui ont pu poursuivre leur programme approfondi en français à l'école secondaire (après la 6e année) étaient beaucoup plus susceptibles de déclarer être bilingues (66 %), comparativement à ceux qui ont été inscrits en immersion à l'école primaire seulement (40 %).

Graphique 3
Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, par type de programme d'immersion en français, jeunes non-francophones à l'extérieur du Québec

Graphique 3. Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, par type de programme d'immersion en français, jeunes non-francophones à l'extérieur du Québec

Source : Voir le tableau A.3 de l'annexe.

Graphique 4
Pourcentage de jeunes évaluant leur aptitude à soutenir une conversation en français comme étant de passable à excellente à l'âge de 21 ans, par type de programme d'immersion en français, jeunes non-francophones à l'extérieur du Québec

Graphique 4. Pourcentage de jeunes évaluant leur aptitude à soutenir une conversation en français comme étant de moyenne à excellente à l'âge de 21 ans, par type de programme d'immersion en français, jeunes non-francophones à l'extérieur du Québec

Source : Voir le tableau A.3 de l'annexe.

Conclusion

Ces constatations indiquent que l'enseignement approfondi en langue seconde a une incidence à long terme sur le bilinguisme (autodéclaré). En outre, plus l'exposition des jeunes à leur langue seconde est longue, plus leur taux de bilinguisme est élevé.

D'autre part, il est important de souligner les limites de la présente analyse. Étant donné que les données de l'EJET ne permettent pas de mesurer l'aptitude linguistique de façon objective, l'analyse est fondée sur le niveau d'aptitude autodéclaré à soutenir une conversation dans une langue officielle minoritaire. De plus, la capacité d'autoévaluer avec exactitude l'aptitude à parler dans sa langue seconde risque d'être influencée par l'exposition à cette langue. Par exemple, les jeunes de Montréal qui sont exposés régulièrement aux deux langues ont peut-être une perception différente de leur aptitude à soutenir une conversation dans leur langue seconde par rapport aux anglophones de l'Ouest canadien qui ont rarement l'occasion d'utiliser le français et qui, par conséquent, pourraient se sentir incapables d'évaluer leur aptitude actuelle.

Les recherches futures sur le bilinguisme au Canada auraient avantage à effectuer une évaluation plus objective de l'aptitude linguistique. Il serait aussi instructif d'obtenir des renseignements plus détaillés sur la nature de la formation reçue par les jeunes en français (type de programme, nombre d'heures d'exposition, etc.). Finalement, il est important de connaître l'exposition des jeunes à leur langue seconde dans la collectivité et les autres occasions qu'ils ont d'utiliser et d'améliorer leur langue seconde (p. ex. au travail ou grâce aux médias, à des associations locales, à des groupes artistiques, à des cours et à d'autres occasions d'apprendre la langue).

Notes

  1. L'analyse présentée dans cet article a été réalisée avec la collaboration du ministère du Patrimoine canadien.

  2. Un rapport récent sur les programmes de français intensifs fournit un résumé général d'une partie de ces recherches. Voir MacFarlane, Alina, 2005. Examen du programme de français intensif : une stratégie pédagogique pour améliorer les résultats du français langue seconde au Canada. Ottawa : Association canadienne des professeurs de langues secondes. http://www.caslt.org/pdf/IF-Report-F-web.pdf (consulté le 9 novembre 2008).

  3. Allen, Mary. 2004. « Rendement en lecture des élèves inscrits à un programme d'immersion en français », Revue trimestrielle de l'éducation, vol. 9, no 4, mars 2004, produit no 81-003-XIF au catalogue de Statistique Canada, p. 25 à 30.

  4. Selon le Recensement de 2006, 23 % des personnes de 20 à 24 ans ont déclaré être bilingues (capables de soutenir une conversation en français et en anglais). La différence entre les renseignements du recensement et de l'EJET est influencée par un certain nombre de facteurs, y compris l'âge et la couverture de la population. Notamment, la population cible de l'EJET exclut les jeunes des Territoires du Nord, des réserves indiennes, des bases des Forces canadiennes et de certaines régions éloignées.

Annexe

Tableau A.1
Capacité de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, par région et langue maternelle, 2006

  Unilingue Bilingue
Pourcentage   ET Pourcentage ET
À l'extérieur du Québec
Non-Francophone 84,8   0,7 15,2 0,7
Francophone 9,4 E 1,7 90,6 1,7
Total 82,1   0,7 17,9 0,7
Québec
Non-Francophone 9,6 E 1,8 90,4 1,8
Francophone 38,9   1,8 61,1 1,8
Total 34,8   1,8 65,2 1,8
Canada
Non-Francophone 81,6   0,7 18,4 0,7
Francophone 35,3   1,6 64,7 1,6
Total 71,2   0,7 28,8 0,7
E à utiliser avec prudence
Source : Statistique Canada, Enquête auprès des jeunes en transition, cycle 4, 2006.

Tableau A.2
Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans, 2006

  Québec À l'extérieur du Québec
Jeunes francophones Jeunes non-francophones
Pourcentage
Inscrits à une école de langue majoritaire seulement 57,1 6,0
Déjà été inscrits en immersion 86,4 56,8
Inscrits à une école de langue minoritaire 99,3 97,7
Total 60,5 15,2
Source : Statistique Canada, Enquête auprès des jeunes en transition, cycle 4, 2006.

Tableau A.3
Bilinguisme par type de programme d'immersion en français, jeunes non-francophones à l'extérieur du Québec, 2006

  Pourcentage
Pourcentage de jeunes capables de soutenir une conversation en français et en anglais à l'âge de 21 ans  
Inscrits avant la 4e année 64,1
Inscrits pour la première fois en 4e année ou plus tard 44,9
Inscrits au primaire seulement (jusqu'en 6e année) 39,5
Inscrits au secondaire (7e année ou plus tard) 66,1
Six années d'immersion ou plus 75,8
Total de jeunes ayant déjà été inscrits en immersion 57,0
Pourcentage de jeunes évaluant leur aptitude en français comme étant de passable à excellente à l'âge de 21 ans  
Inscrits avant la 4e année 73,7
Inscrits pour la première fois en 4e année ou plus tard 63,7
Inscrits au primaire seulement (jusqu'en 6e année) 52,2
Inscrits au secondaire (7e année ou plus tard) 79,1
Six années d'immersion ou plus 85,9
Total de jeunes ayant déjà été inscrits en immersion 70,0
Source : Statistique Canada, Enquête auprès des jeunes en transition, cycle 4, 2006.