Résumé et conclusions

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

[an error occurred while processing this directive]81-595-m[an error occurred while processing this directive] [an error occurred while processing this directive]

L'immigration constitue une composante de plus en plus importante de la croissance démographique du Canada, qui reçoit chaque année plus de 200 000 immigrants. Les immigrants enrichissent énormément le bassin de Canadiens possédant un diplôme d'études postsecondaires.

À leur arrivée, toutefois, les immigrants formés à l'étranger doivent s'adapter à la fois pour s'intégrer à la société et pour trouver un travail lié à leur domaine d'études. Comme le montrent les données du Recensement de 2006, les taux d'emploi des immigrants du principal groupe d'âge actif formés à l'étranger (75 %) étaient, en général, inférieurs à ceux des Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires ou des immigrants ayant obtenu leur plus haut niveau de scolarité au Canada, soit environ 82 % dans les deux cas.

Ce désavantage relatif tient pour une bonne part au fait que, souvent, les compétences acquises par les immigrants dans leur pays d'origine ne sont pas directement transférables à l'économie d'accueil. Les immigrants qui arrivent au Canada peuvent aussi manquer d'autres compétences, comme la maîtrise de l'anglais ou du français. Plusieurs facteurs, dont la reconnaissance des titres de compétences acquis à l'étranger, le niveau de scolarité, l'étendue de l'expérience acquise à l'étranger et au Canada, la qualité différente de l'enseignement dans certains pays, les barrières linguistiques et les difficultés connexes, la force des réseaux sociaux, la connaissance du marché du travail canadien et la discrimination, réelle ou perçue comme telle, peuvent aussi influencer la situation des immigrants sur le marché du travail par rapport à celle des Canadiens de naissance. Bon nombre de nouveaux venus formés à l'étranger poursuivent leurs études et leur formation lorsqu'ils prennent conscience des obstacles que constituent l'absence de scolarité et d'expérience acquises au Canada. En 2006, parmi les immigrants très récents formés à l'étranger, un peu plus d'un sur cinq (22 %) était aux études, comparativement à environ 12 % des immigrants récents et à 7 % des immigrants de longue date âgés de 25 à 64 ans et formés à l'étranger.

Bien que les chances d'obtenir un emploi augmentent avec le temps, de nombreux immigrants doivent attendre plusieurs années avant de pouvoir travailler. En effet, parmi les immigrants très récents formés à l'étranger, moins de sept sur dix (68 %) étaient occupés en 2006, comparativement à environ huit sur dix dans le cas des immigrants récents (79 %) et des immigrants de longue date (77 %) formés à l'étranger.

Il se peut également que plus longtemps un immigrant est incapable d'exercer une profession dans son domaine de spécialisation, plus il est susceptible de subir l'« atrophie des compétences », ce qui réduit ses chances de trouver du travail dans son domaine de spécialisation (Lochhead, 2002). D'autres facteurs, dont la conjoncture économique pendant une période d'établissement donnée, jouent un rôle à cet égard.

Même après avoir obtenu un emploi, les immigrants formés à l'étranger gagnaient généralement moins que les immigrants formés au Canada et que les travailleurs nés au Canada ayant fait des études postsecondaires. En 2005, les immigrants du principal groupe d'âge actif (de 25 à 64 ans) formés à l'étranger et travaillant à temps plein toute l'année gagnaient en moyenne 40 800 $, soit un peu moins que les gains médians déclarés par les immigrants formés au Canada (49 000 $) et par les travailleurs à temps plein toute l'année nés au Canada et ayant fait des études postsecondaires (49 300 $).

Ces résultats semblent corroborer le constat voulant que les faibles gains des immigrants sont souvent attribués à la spécificité du capital humain; les compétences acquises grâce à l'éducation ou à l'expérience de travail dans le pays d'origine ne sont pas directement transférables au pays d'accueil, de sorte que des immigrants apparemment qualifiés occupent des emplois faiblement rémunérés.

Les renseignements sur la proportion d'immigrants formés à l'étranger qui travaillent dans leur domaine d'études intéressent également diverses parties intéressées, puisqu'ils reflètent la reconnaissance (ou la non-reconnaissance) des titres de compétences et de l'expérience de travail acquis à l'étranger. Comme le montrent les données du recensement, une faible proportion (17 %) des immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger qui n'étaient pas aux études en 2006 travaillaient dans une profession liée à leur domaine d'études (par exemple, des diplômés en génie travaillaient comme ingénieurs). Cette proportion grimpait à 41 % dans le cas de professions exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur (par exemple, des diplômés en génie travaillaient comme architectes ou comme gestionnaires). Néanmoins, ce pourcentage était nettement inférieur à la proportion observée chez les immigrants formés au Canada (61 %) et chez les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (63 %).

Cet écart s'est amenuisé quelque peu avec le temps. En 2006, environ 45 % des immigrants formés à l'étranger établis au Canada depuis plus de dix ans travaillaient dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur, contre environ 34 % des immigrants très récents. Toutefois, même après dix ans au Canada, le taux de concordance des immigrants du principal groupe d'âge actif (de 25 à 64 ans) formés à l'étranger et qui n'étaient pas aux études en 2006 était inférieur de 18 points de pourcentage à celui des personnes nées au Canada (45 % contre 63 %).

Ces faibles taux de concordance des immigrants formés à l'étranger donnent à penser que ces personnes ont du mal à faire reconnaître leurs titres de compétences étrangers ou leur expérience de travail antérieure acquise à l'étranger. D'autres facteurs peuvent également être en cause : la conjoncture du marché du travail (demande de main-d'œuvre dans certaines professions), les aptitudes linguistiques et les décisions personnelles, comme le désir de travailler dans la profession liée au domaine d'études.

À l'échelle provinciale, la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur était plus élevée chez les immigrants formés à l'étranger qui vivaient dans les provinces de l'Atlantique (51 %) et dans les provinces où le marché du travail était vigoureux en 2006, comme la Saskatchewan (47 %) et l'Alberta (45 %). Les plus grandes provinces canadiennes, soit l'Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique, enregistraient des taux de concordance études-emploi à peu près égaux à la moyenne nationale (entre 40 % et 42 %).

Le sexe compte parmi les caractéristiques qui semblent faciliter la transition au marché du travail canadien des immigrants formés à l'étranger, les hommes étant plus susceptibles que les femmes de travailler dans la « meilleure profession possible, mais pas nécessairement la profession correspondante » (49 % contre 33 %). C'était aussi le cas des personnes de 35 à 44 ans et de 45 à 54 ans formées à l'étranger, par comparaison avec les personnes plus jeunes (de 25 à 34 ans) et plus âgées (de 55 à 64 ans).

Le pays dans lequel les immigrants formés à l'étranger ont obtenu leur plus haut niveau de scolarité avait également une incidence sur la probabilité de travailler ou non dans leur domaine d'études. Dans l'ensemble, plus de 60 % des immigrants formés à l'étranger ayant obtenu leurs titres de compétences en Irlande (70 %), en Nouvelle-Zélande (66 %), en Israël (64 %) et en Australie (63 %) travaillaient dans leur domaine d'études ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur. Par contre, avec des taux de concordance études-emploi inférieurs à 45 %, les immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences ailleurs qu'en Europe, en Océanie, en Amérique du Nord et en Afrique du Sud avaient plus de mal à trouver un emploi dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente.

Le rôle du pays d'études varie aussi selon le titre de compétences que possède une personne. Ainsi, plus de 90 % des immigrants diplômés en médecine en Nouvelle-Zélande, en Suède, en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni travaillaient comme médecin ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur, comparativement à moins du quart des immigrants ayant obtenu un diplôme semblable au Japon ou en Corée du Sud. Le pays d'études semblait jouer un rôle moins important dans le cas des immigrants formés à l'étranger dont les titres de compétences conduisaient aux professions de chef, de cuisinier, de coiffeur et de barbier.

Il est important de préciser que l'analyse discutée dans ce rapport est de nature descriptive; à l'aide des données du Recensement de 2006, elle présente un profil sociodémographique des immigrants au Canada qui ont complété leurs études postsecondaires et compare leurs résultats à ceux des Canadiens de naissance ayant complétés leurs études postsecondaires, soit au Canada ou à l'étranger. De ce fait, les résultats doivent être interprétés avec une certaine prudence. Ce rapport, tout comme d'autres études antérieures, ont établi que les immigrants, et en particulier les immigrants très récents, ont de moins bons résultats sur le marché du travail (taux d'emploi et gains inférieurs) que les Canadiens de naissance. Alors que diverses études ont proposé des explications concurrentes sur les différences observées sur le marché du travail, la contribution de chacun des facteurs identifiés au désavantage des immigrants est aussi discutée. Ce rapport montre que parmi les immigrants, les différences observées sur le marché du travail existent également entre ceux qui ont obtenu leur diplôme à l'étranger et ceux qui l'ont obtenu au Canada.

La deuxième phase de cette analyse, laquelle sera abordée dans un rapport distinct, examinera l'interrelation entre les facteurs par l'entremise d'une analyse multivariée. Ceci permettra une évaluation de la contribution de différents facteurs à l'intégration au marché du travail canadien des immigrants formés à l'étranger.

Date de modification :