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    Étude du cancer et de la mortalité chez les membres des Forces canadiennes

    Étude du cancer et de la mortalité chez les membres des Forces canadiennes : causes de décès

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    Contexte

    Les tendances de la mortalité chez les membres actifs et libérés du personnel militaire revêtent une importance considérable pour plusieurs groupes, dont certains ministères fédéraux et provinciaux, les scientifiques du domaine de la santé, les responsables de l'élaboration des politiques et les membres du grand public. Le personnel militaire qui participe aux opérations intérieures et internationales peut être exposé à des risques inhabituels pour la santé, y compris la mort. Bien que des programmes soient en place pour évaluer les expositions professionnelles et environnementales éventuelles, il est impossible de savoir exactement à quoi chaque membre du personnel miliaire a été exposé au cours de sa carrière dans les Forces canadiennes.

    Malgré ce genre de risque, les comparaisons entre les populations militaires et la population générale révèlent habituellement que les taux de mortalité dus à l'ensemble des causes de décès ou à certaines maladies sont plus faibles chez les premières que chez la seconde. Ces résultats sont souvent attribués à l'effet du « travailleur en bonne santé » résultant du processus de sélection du personnel militaire qui tend à exclure les personnes ayant des incapacités graves ou des problèmes de santé chroniques sérieux.

    La présente étude fait partie d'un projet plus vaste, l'Étude du cancer et de la mortalité chez les membres des Forces canadiennes (ÉCM FC), qui a été mise sur pied afin d'examiner la mortalité et le développement du cancer chez les personnes qui ont servi dans les Forces canadiennes. Le projet est mené collectivement par Statistique Canada, le ministère de la Défense nationale (MDN) et Anciens Combattants Canada (ACC). Font partie du champ d'observation les personnes enrôlées dans la Force régulière après le 1er janvier 1972, pour lesquelles un suivi peut être fait jusqu'au 31 décembre 2006 pour la mortalité et jusqu'au 31 décembre 2007 pour le cancer. La date de début de l'étude reflète la disponibilité des renseignements administratifs électroniques du MDN.

    La présente étude

    Le présent rapport porte sur la mortalité au sein d'une cohorte dynamique observée durant une période de 35 années et comprenant le personnel des Forces canadiennes (FC) dont l'enrôlement a eu lieu entre 1972 et 2006, inclusivement. Le premier objectif du rapport est d'examiner les causes de décès chez les personnes ayant des antécédents de service militaire (personnes encore actives/libérées). En outre, ACC souhaite examiner les causes de décès chez les personnes libérées de leurs obligations militaires (voir l'encadré 1 – Cohorte libérée).

    Ne font pas partie du champ de l'étude les personnes qui se sont enrôlées avant 1972 ou après 2006, celles pour lesquelles la date de naissance manquait ou était invalide, et celles qui ont servi uniquement dans la Force de réserve. La cohorte a été limitée au personnel de la Force régulière, car les données historiques sur les réservistes figurant dans les ensembles de données administratives du MDN se sont avérées incomplètes.

    L'enregistrement des décès est obligatoire au Canada, au moyen de systèmes complets d'enregistrements provinciaux et territoriaux dont les données sont combinées au niveau national par Statistique Canada dans la Base canadienne de données sur la mortalité (BCDM). Les enregistrements complets des décès survenus au Canada étaient disponibles jusqu'au 31 décembre 2006 (voir l'encadré 2 – Décès à l'étranger). Par conséquent, tous les décès survenus au Canada entre 1972 et 2006 étaient admissibles pour l'analyse de la mortalité. Un total de 3 969 enregistrements de décès tirés de la BCDM ont été appariés aux données sur la cohorte complète de l'ÉCM FC. Les causes de décès ont été regroupées en utilisant la dixième révision de la Classification internationale des maladies de l'Organisation mondiale de la santé (CIM-10).

    Les analyses ont été effectuées pour deux groupes :

    • la cohorte complète de l'ÉCM FC qui comprenait 188 161 personnes qui se sont enrôlées dans les Forces canadiennes entre 1972 et 2006. Ce groupe englobe les personnes qui avaient été libérées ou qui étaient encore actives durant cette période;
    • la cohorte de personnes libérées de l'ÉCM FC, c'est-à-dire une sous-population de 112 225 personnes qui se sont enrôlées en 1972 ou après et qui ont été libérées avant le 31 décembre 2006.

    Pour chaque cohorte, une série d'analyses ont été réalisées en se servant des rapports de mortalité standardisés (RMS, voir l'encadré 3 – Méthodes et concepts) afin de comparer la mortalité, toutes causes confondues et la mortalité par cause (selon le sexe et par tranche d'âge de cinq ans) à celles observées pour la population canadienne générale. Les résultats des analyses fondées sur les RMS pour la cohorte de personnes libérées de l'ÉCM FC ont suscité une étude plus approfondie à l'aide d'un modèle à risques proportionnels (voir l'encadré 3 – Méthodes et concepts) afin de cerner les facteurs associés à la probabilité de commettre un suicide après avoir été libéré des Forces canadiennes.

    Description de la cohorte de l'ÉCM FC

    Le tableau 1 donne un aperçu des caractéristiques principales de la cohorte complète de l'ÉCM FC, ainsi que de la sous-population de membres libérés. Les membres de la cohorte complète de l'ÉCM FC comptaient environ 87 % d'hommes et 80 % de militaires du rang (MR), leur âge médian au moment de l'enrôlement était de 20 ans, et 51 % d'entre eux avaient été actifs au moins quelque temps entre 1997 et 2006. Les membres de la cohorte libérée de l'ÉCM FC s'étaient enrôlés à un plus jeune âge, comptaient un moins grand nombre d'années de service, et 19 % seulement d'entre eux avaient été actifs au moins quelque temps entre 1997 et 2006. Dans le cadre de la présente étude, la cohorte libérée de l'ÉCM FC a été suivie pendant une période dont la durée médiane était de 18 ans après la libération du service miliaire. La raison de la libération a été catégorisée comme étant volontaire (61 %), involontaire (29%) ou médicale (9%) (voir l'encadré 3 – Méthodes et concepts).

    Tableau 1 Description de la cohorte ÉCM FC et de la sous–population libéréeTableau 1
    Description de la cohorte ÉCM FC et de la sous–population libérée

    Des 188 161 membres de la cohorte complète, 3 969 sont décédés au cours de la période de 35 ans; de ces personnes décédées, 294 seulement étaient des femmes, tandis que 3 675 étaient des hommes. Dans la cohorte libérée (112 225 membres du personnel), le nombre de décès était de 2 824 (204 femmes, 2 620 hommes). L'âge médian au moment du décès était de 34 ans pour la cohorte complète et de 37 ans pour la cohorte libérée de l'ÉCM FC.

    Principaux résultats

    Comparaison de la cohorte complète de l'ÉCM FC à la population canadienne générale

    Le tableau 2 présente les rapports de mortalité standardisés selon l'âge chez les hommes et chez les femmes pour la cohorte complète de l'ÉCM FC. Le tableau 3 décrit les analyses selon l'âge pour les blessures et le suicide. Toutes les différences rapportées entre les groupes sont statistiquement significatives au seuil de confiance de 95%.

    • Tant chez les hommes que chez les femmes faisant partie du groupe étudié dans l'ÉCM FC, le risque de décès, toutes causes confondues, était, de manière statistiquement significative, plus faible (36 % plus faible pour les hommes, 33 % pour les femmes) que dans la population générale.
    • Dans la cohorte d'hommes de l'ÉCM FC, le risque de mourir d'une blessure, d'un cancer, d'une maladie cardiovasculaire ou d'une autre maladie était significativement plus faible que dans la population générale.
    • Dans la cohorte de femmes de l'ÉCM FC, le risque de mourir d'un cancer ou d'une maladie cardiovasculaire était significativement plus faible que dans la population générale.
    • Les hommes de la cohorte complète de l'ÉCM FC couraient un risque significativement plus élevé de mourir dans un accident de transport aérien que les hommes de la population générale.
    • Aussi bien chez les hommes que chez les femmes de la cohorte complète de l'ÉCM FC, tous âges confondus, le risque de mourir par suicide ne différait pas de manière statistiquement significative de celui observé pour la population générale.
    • Les analyses selon l'âge indiquent que les femmes de 20 à 24 ans de la population cible de l'ÉCM FC couraient un risque presque deux fois plus élevé de mourir d'une blessure accidentelle que les femmes du même âge de la population générale. Ces résultats sont statistiquement significatifs.
    • Les analyses selon l'âge indiquent que les femmes de 40 à 44 ans de la cohorte de l'ÉCM FC étaient deux fois plus susceptibles de se suicider que leurs homologues du même âge dans la population générale. Ces différences sont statistiquement significatives.

    Tableau 2 Causes de décès – Cohorte ÉCM FC entièreTableau 2
    Causes de décès – Cohorte ÉCM FC entière

    Tableau 3 Causes externes de mortalité par âge : Cohorte ÉCM FC entièreTableau 3
    Causes externes de mortalité par âge : Cohorte ÉCM FC entière

    Comparaison de la cohorte libérée à la population canadienne générale

    Le tableau 4 décrit les rapports de mortalité standardisés selon l'âge chez les hommes et les femmes de la cohorte de membres des FC libérés de l'ÉCM FC. Le tableau 5 décrit les analyses selon l'âge pour les blessures et le suicide. Toutes les différences rapportées entre les groupes sont statistiquement significatives au seuil de confiance de 95%.

    • Tant chez les hommes que chez les femmes de la cohorte de membres libérés de l'ÉCM FC, le risque de décès, toutes causes confondues, était, de manière statistiquement significative, plus faible (23 % plus faible pour les hommes, 30 % pour les femmes) que dans la population générale.
    • Chez la population d'hommes libérés de l'ÉCM FC, le risque de décès par maladie, y compris le cancer, les maladies cardiovasculaires et plusieurs autres maladies, était significativement plus faible que dans la population générale.
    • Chez la population de femmes libérées de l'ÉCM FC, le risque de décès par cancer et par maladie cardiovasculaire était plus faible que dans la population générale. Ces résultats sont statistiquement significatifs.
    • Tant chez les hommes que chez les femmes de la cohorte libérée de l'ÉCM FC, le risque de décès par blessure accidentelle ne différait pas de façon statistiquement significative de celui observé pour la population générale.
    • Chez la population de femmes libérées de l'ÉCM FC, tous âges confondus, le risque de suicide ne différait pas de manière statistiquement significative de celui observé pour la population féminine générale.
    • Chez la population d'hommes libérés de l'ÉCM FC, le risque de suicide était environ une fois et demie plus élevé que celui observé pour la population masculine générale. Cette différence est statistiquement significative.
    • Les analyses selon l'âge indiquent que les hommes de 20 à 24 ans de la cohorte libérée de l'ÉCM FC couraient un risque de décès par blessure accidentelle (suicide exclu) 42 % plus élevé et les hommes de 16 à 44 ans, un risque de décès par suicide plus élevé que les groupes d'âge correspondants de la population masculine générale. Ces résultats sont statistiquement significatifs.
    • Les analyses selon l'âge indiquent que chez les femmes de 40 à 44 ans de la cohorte libérée de l'ÉCM FC, le risque de suicide était environ deux fois et demie plus élevé que chez le groupe d'âge correspondant de la population féminine générale. Cette différence est statistiquement significative.

    Tableau 4 Causes de décès – Population ÉCM FC libéréeTableau 4
    Causes de décès – Population ÉCM FC libérée

    Tableau 5 Causes externes de mortalité par âge – Cohorte ÉCM FC libéréeTableau 5
    Causes externes de mortalité par âge – Cohorte ÉCM FC libérée

    Facteurs associés au risque de décès par suicide chez la cohorte libérée de l'ÉCM FC

    Le tableau 6 décrit les facteurs associés à la probabilité de se suicider chez les membres de la cohorte libérée de l'ÉCM FC estimés à l'aide d'un modèle à risques proportionnels (voir l'encadré 3 – Méthodes et concepts). Le modèle contrôlait pour plusieurs facteurs de risque, dont le sexe, le rang, l'âge au moment de la libération, la raison de la libération, le nombre d'années de service, et la période durant laquelle a eu lieu le service militaire. Le modèle a montré qu'en tenant compte de l'effet de tous les facteurs susmentionnés, le risque de suicide était :

    • presque trois fois et demie plus élevé chez les hommes que chez les femmes;
    • deux fois et demie plus élevé chez les militaires du rang (MR) que chez les officiers;
    • plus de deux fois plus élevé chez les personnes comptant moins de dix ans de service militaire que chez celles ayant servi dix ans ou plus;
    • deux fois plus élevé chez les personnes libérées pour une raison médicale, et une fois et demie plus élevé chez celles libérées involontairement que chez celles dont la libération était volontaire;
    • une fois et demie plus élevé chez les personnes ayant servi au cours de la période allant de 1972 à 1986 que chez celles n'ayant pas servi durant cette période.

    Tableau 6 Modèle à risques proportionnels pour le suicide: Cohorte ÉCM FC libéréeTableau 6
    Modèle à risques proportionnels pour le suicide: Cohorte ÉCM FC libérée

    Résumé

    À l'instar de ceux d'études précédentes, les résultats de cette étude montrent que la mortalité due à l'ensemble des causes de décès et à la maladie est plus faible chez les personnes ayant des antécédents de service militaire que chez les membres de la population canadienne générale. Ces résultats pourraient découler, en partie, de l'effet du « travailleur en bonne santé » résultant du processus de sélection au moment de l'enrôlement.

    Les accidents de transport aérien sont plus fréquents chez les hommes qui ont servi dans l'armée qu'au sein de la population générale. Le résultat est vraisemblablement attribuable à la plus forte représentation des professions liées à l'aviation dans les FC que dans la population générale et aux risques intrinsèques de l'aviation militaire.

    Chez les femmes, le risque de décès par blessure chez les 20 à 24 ans et par suicide chez les 40 à 44 ans est plus élevé que celui caractérisant les mêmes groupes d'âge dans la population générale.

    Chez la cohorte libérée (personnel militaire qui s'est enrôlé et a été libéré entre 1972 et 2006), le risque de suicide était plus élevé chez les hommes de 16 à 44 ans, et chez les femmes de 40 à 44 ans, qu'au sein de la population générale. Ces résultats ont suscité un examen plus approfondi des facteurs potentiellement liés au suicide chez la cohorte libérée de l'ÉCM FC.

    Les résultats issus du modèle à risques proportionnels indiquent que le risque de suicide au sein de la cohorte du personnel militaire libéré était plus élevé chez les militaires du rang de sexe masculin ayant servi pendant une courte période et ayant été libérés pour des raisons non volontaires. En outre, le risque de suicide était plus élevé chez le personnel militaire ayant servi au cours de la période allant de 1972 à 1986.

    Limites

    Le fait que la présente étude s'appuie sur des données administratives constitue à la fois un avantage et une limite. Du côté positif, l'utilisation de données administratives a fourni un échantillon de grande taille et une période d'observation de 35 années qu'il aurait été difficile d'obtenir avec des données d'enquête. Malheureusement, l'interprétation des résultats de l'étude est limitée parce que les renseignements concernant le profil sociodémographique, les antécédents médicaux et psychologiques, le déploiement dans les zones de conflit et d'autres variables éventuellement pertinentes n'étaient pas accessibles au moment de l'étude. Également, et il s'agit d'une limite commune à toutes les études fondées sur le couplage d'enregistrements, le couplage probabiliste de données administratives provenant de deux sources différentes pourrait avoir donné lieu à l'introduction par inadvertance d'appariements faussement positifs et d'appariements faussement négatifs dans la base de données couplées finale (c'est-à-dire des personnes encore en vie qui sont comptées comme étant décédées après le couplage ou, inversement, des personnes décédées qui sont considérées comme étant en vie; voir l'encadré 3 – Méthodes et concepts).

    La portée de l'étude a été limitée à l'examen des tendances de la mortalité chez le personnel militaire qui s'est enrôlé dans les Forces canadiennes entre 1972 et 2006 seulement. L'absence de renseignements disponibles concernant les personnes qui se sont enrôlées avant 1972 a eu pour conséquence leur exclusion de la cohorte de l'ÉCM FC, ce qui a résulté en une cohorte plus jeune (et, par conséquent, en un moins grand nombre de décès) que celle qui aurait été obtenue si l'ensemble des Canadiens ayant servi dans la Force régulière avaient pu être inclus dans l'étude. Par conséquent, la sous-population des individus ayant connu une libération n'est pas représentative de la population totale de membres des FC ayant été libérés entre 1972 et 2006. Les résultats de la présente étude s'appliquent donc à un sous–groupe de la population libérée et ne devraient pas être généralisés à l'ensemble de la population d'anciens combattants.

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