Introduction, résultats, et conclusions

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Introduction

Les disparités en matière de santé entre les populations autochtones et non autochtones ont été documentées au Canada1-7 et à l'échelle internationale8-9, et ces différences ont notamment comme conséquences une mortalité prématurée chez les personnes d'origine autochtone1,10-13. Même si des efforts ont été déployés pour produire des indicateurs de la santé comparables pour les populations autochtones et non autochtones14, et que des indices du bien-être des collectivités ont été élaborés15, il subsiste des lacunes dans la surveillance de la santé des populations autochtones2,16.

On utilise souvent des données d'enquête pour examiner l'état de santé des Autochtones, mais du fait de la couverture limitée et des petits échantillons, les données sont rarement disponibles selon l'identité autochtone, soit les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Les études ont tendance à rendre compte de caractéristiques sur la santé à l'échelle de la population autochtone et, par conséquent, peuvent masquer des différences entre les divers groupes autochtones. Par ailleurs, la mesure selon laquelle les différents déterminants de la santé contribuent à l'état de santé peut varier selon le groupe d'identité autochtone.

Les dossiers de congés des patients provenant des hôpitaux sont des indicateurs sur la morbidité grave et englobent des populations qui ne sont pas régulièrement couvertes par les enquêtes nationales sur la santé. Toutefois, les dossiers des hôpitaux ne comportent pas de données uniformes sur l'identité autochtone des patients. Certains secteurs de compétence ont tenté d'élaborer des mesures plus exhaustives de surveillance de la santé des Autochtones à partir de dossiers administratifs couplés3,17, mais il n'est pas actuellement possible d'utiliser ces méthodes pour procéder à une analyse nationale.

Le présent rapport combine des données du Recensement de 2001 et des données des dossiers de congés de patients des hôpitaux pour comparer l'hospitalisation des résidents d'aires de diffusion (AD) comptant un pourcentage relativement élevé avec celles ayant un pourcentage relativement faible d'Autochtones12. Les taux d'hospitalisation dans les aires de diffusion comptant un fort pourcentage d'Autochtones sont calculés selon l'identité autochtone qui prédomine : Premières Nations, Métis ou Inuits.

Même s'il est important de mesurer et de documenter les différences dans les taux d'hospitalisation entre les groupes autochtones et les groupes non autochtones, il importe aussi de comprendre les facteurs liés à ces différences. Les caractéristiques socioéconomiques sont responsables, dans une certaine mesure, de la prévalence plus grande d'un mauvais état de santé dans les populations autochtones5. La présente analyse utilise une approche écologique, basée sur l'hypothèse selon laquelle les caractéristiques sociales, culturelles et environnementales du quartier peuvent influer sur l'état de santé des résidents18. L'objectif consiste à déterminer si les différences persistent dans une mesure plus ou moins large lorsque les caractéristiques individuelles et les conditions socioéconomiques régionales sont prises en compte.

Résultats

Répartition des aires de diffusion selon leur classification à fort et à faible pourcentages d'Autochtones

Tableau A Répartition des aires de diffusion de 2001, selon la classification à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, l'identité autochtone prédominante et le secteur de compétence, Canada, 2001Tableau A
Répartition des aires de diffusion de 2001, selon la classification à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, l'identité autochtone prédominante et le secteur de compétence, Canada, 2001

Figure 1 Emplacement des aires de diffusion à fort pourcentage d'Autochtones†, selon le pourcentage d'Autochtones, Canada, 2001-2002Figure 1
Emplacement des aires de diffusion à fort pourcentage d'Autochtones†, selon le pourcentage d'Autochtones, Canada, 2001-2002

Tableau B Répartition pondérée de la population dans les aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante et le secteur de compétence, Canada, 2001Tableau B
Répartition pondérée de la population dans les aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante et le secteur de compétence, Canada, 2001

Selon le Recensement de 2001, 2 066 aires de diffusion (AD) (5,1 % de toutes les AD) comptaient un fort pourcentage d'Autochtones, c'est-à-dire qu'au moins 33 % de la population déclarait une identité autochtone (annexe A, tableau A). Le pourcentage d'Autochtones dans ces AD allait de 32,5 % à 100 % (figure 1). La population totale de ces AD était de 471 130 habitants (annexe A, tableau B).

L'identité autochtone prédominante était celle des Premières Nations dans 1 862 de ces AD; les Métis, dans 135, et les Inuits, dans 69. Le quart (25 %) de la population des AD où l'identité prédominante était celle des Premières Nations se trouvait au Manitoba, suivi par la Saskatchewan (23 %), la Colombie-Britannique (16 %), l'Alberta et l'Ontario (13 % chacun) (données non présentées). La Saskatchewan (29 %), l'Alberta (28 %) et le Manitoba (20 %) comportaient les pourcentages les plus élevés de population d'identité métisse dans les AD où elle prédominait. Les AD où les Inuits prédominaient se trouvaient principalement au Nunavut, avec un pourcentage plus faible dans les Territoires du Nord-Ouest et à Terre-Neuve-et-Labrador (figures A, B et C).

Figure A Répartition des aires de diffusion à fort1 pourcentage d'Autochtones où prédominent les Premières Nations, selon la proportion d'Autochtones, Canada, 2001-2002Figure A
Répartition des aires de diffusion à fort1 pourcentage d'Autochtones où prédominent les Premières Nations, selon la proportion d'Autochtones, Canada, 2001-2002

Figure B Répartition des aires de diffusion à fort1 pourcentage d'Autochtones où prédominent les Métis, selon la proportion d'Autochtones, Canada, 2001-2002Figure B
Répartition des aires de diffusion à fort1 pourcentage d'Autochtones où prédominent les Métis, selon la proportion d'Autochtones, Canada, 2001-2002

Figure C Proportion des aires de diffusion à fort1 pourcentage d'Autochtones où prédominent les Inuits, selon la proportion d'Autochtones, Canada, 2001-2002Figure C
Proportion des aires de diffusion à fort1 pourcentage d'Autochtones où prédominent les Inuits, selon la proportion d'Autochtones, Canada, 2001-2002

Des taux d'hospitalisation élevés

Les taux d'hospitalisation des résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones représentaient presque le double de ceux des résidents des AD à faible pourcentage d'Autochtones (figure 2). Les taux étaient les plus élevés pour les AD où l'identité autochtone prédominante était celle des Premières Nations : 1 764 hospitalisations pour 10 000 habitants, comparativement à 925 pour les AD à faible pourcentage d'Autochtones. Dans le cas des AD dans lesquelles les Métis prédominaient, le taux pour 10 000 habitants était de 1 452, et dans le cas des AD où les Inuits prédominaient, il était de 1 230.

Figure 2 Taux d'hospitalisation non corrigés des résidents des aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002Figure 2
Taux d'hospitalisation non corrigés des résidents des aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Les patients des AD à fort pourcentage d'Autochtones avaient tendance à être plus jeunes que ceux des AD à faible pourcentage d'Autochtones (figure 3). L'âge médian des patients des AD à fort pourcentage d'Autochtones était de 36 ans, comparativement à 53 ans pour les patients des AD à faible pourcentage d'Autochtones. L'âge médian des patients allait de 26 ans pour les AD où les Inuits prédominaient à 42 ans pour celles où les Métis prédominaient. Ces médianes rendent compte du profil d'âge plus jeune de la population autochtone, qui est attribuable en partie au taux de fécondité plus élevé et à la mortalité prématurée.

Figure 3 Répartition selon l'âge des hospitalisations des résidents des aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon le sexe et l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002Figure 3
Répartition selon l'âge des hospitalisations des résidents des aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon le sexe et l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Différences plus grandes lorsque les données sont corrigées selon l'âge et le sexe

Compte tenu du profil d'âge plus jeune de la population autochtone et du fait que la morbidité grave nécessitant une hospitalisation est plus probable chez les personnes plus âgées, il est nécessaire d'uniformiser les taux d'hospitalisation pour supprimer les répercussions de ces différences.

Le taux d'hospitalisation uniformisé selon l'âge et le sexe pour les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones était plus de deux fois supérieur à celui pour les résidents des AD à faible pourcentage d'Autochtones (figure 4). Cette différence pourrait en partie s'expliquer par le fait que le taux de fécondité est plus élevé chez les femmes des AD à fort pourcentage d'Autochtones. Toutefois, même en excluant les hospitalisations liées à l'accouchement, des différences dans les taux uniformisés d'hospitalisation persistaient (annexe A, figure D). Les taux étaient les plus élevés pour les AD où les Premières Nations prédominaient : 2 100 hospitalisations pour 10 000 habitants, comparativement à 925 pour les AD à faible pourcentage d'Autochtones. Contrairement aux taux bruts, les taux d'hospitalisation uniformisés pour les AD où prédominaient les Métis (1 676) et les Inuits (1 677) étaient à peu près les mêmes.

Figure 4 Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe† des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002Figure 4
Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe† des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Figure D Taux d'hospitalisation† (avec suppressions‡) des résidents des aires de diffusion à fort§ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002Figure D
Taux d'hospitalisation† (avec suppressions‡) des résidents des aires de diffusion à fort§ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Les taux d'hospitalisation pour les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones dépassaient ceux des AD à faible pourcentage d'Autochtones dans chaque province et territoire (figure 5). Les taux pour les AD à fort pourcentage d'Autochtones étaient les plus élevés au Nouveau-Brunswick (2 914 hospitalisations pour 10 000 habitants), suivis par ceux de l'Alberta (2 747). Avec 827 hospitalisations pour 10 000 habitants, le Nunavut avait le taux le plus faible pour les AD à fort pourcentage d'Autochtones (827)

Figure 5 Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe† des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon le secteur de compétence, Canada, Québec non compris, 2001-2002Figure 5
Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe† des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon le secteur de compétence, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Les ratios de taux pour les AD à fort pourcentage et à faible pourcentage d'Autochtones allaient de 1,3 au Yukon à 2,7 en Alberta (tableau 1). Les ratios de taux élevés dans certaines provinces, par exemple, en Alberta et en Ontario, sont peut-être en partie attribuables au fait que l'identité prédominante dans bon nombre de ces AD à fort pourcentage d'Autochtones était celle des Premières Nations. Les ratios de taux plus faibles peuvent indiquer que des solutions régionales ont réduit les disparités dans la morbidité grave entre les Autochtones et les non-Autochtones ou, inversement, peuvent indiquer le manque d'accès aux soins.

Tableau 1 Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe†, différence de taux et ratios de taux relatifs des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon le secteur de compétence, Canada, Québec non compris, 2001-2002Tableau 1
Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe†, différence de taux et ratios de taux relatifs des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon le secteur de compétence, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Groupes généraux de maladies

Parmi les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones, les taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe pour les maladies de l'appareil respiratoire étaient trois fois plus élevés que pour les résidents des AD à faible pourcentage d'Autochtones; les taux pour les lésions traumatiques, les empoisonnements et certaines autres conséquences de causes externes étaient 2,6 fois plus élevés (figure 6). Les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones étaient un peu plus de deux fois plus susceptibles d'être hospitalisés pour un trouble mental, et de 1,8 fois plus susceptibles d'être admis pour une maladie de l'appareil circulatoire, comparativement aux résidents des AD à faible pourcentage d'Autochtones.

Figure 6 Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe† des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante et la catégorie de l'International Shortlist for Hospital Morbidity Tabulation, Canada, Québec non compris, 2001-2002Figure 6
Taux d'hospitalisation uniformisés selon l'âge et le sexe† des résidents des aires de diffusion à fort‡ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante et la catégorie de l'International Shortlist for Hospital Morbidity Tabulation, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Les résidents des AD où prédominaient les Premières Nations avaient les taux d'hospitalisation les plus élevés pour tous les groupes généraux de maladies compris dans la figure 6, sauf les maladies de l'appareil respiratoire, pour lesquelles les résidents des AD où les Inuits prédominaient avaient les taux les plus élevés.

Maladies et problèmes de santé particuliers

Les taux d'hospitalisation ont été classés afin de déterminer les dix causes d'hospitalisation les plus courantes. Ces classements devraient être interprétés avec prudence, certains étant basés sur de petits nombres d'hospitalisations et de petites différences dans l'ordre de classement. Les causes principales pour les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones étaient la pneumonie, le diabète sucré, la bronchite et bronchiolite aiguës, la lithiase biliaire ainsi que le travail prématuré et faux travail (tableau 2).

Table 2 Classement non corrigé des dix diagnostics principaux de la CIM-9† comme principale cause de l'hospitalisation, selon l'identité autochtone prédominante dans les aires de diffusion à fort‡ pourcentage d'Autochtones, Canada, Québec non compris, 2001-2002Tableau 2
Classement non corrigé des dix diagnostics principaux de la CIM-9† comme principale cause de l'hospitalisation, selon l'identité autochtone prédominante dans les aires de diffusion à fort‡ pourcentage d'Autochtones, Canada, Québec non compris, 2001-2002

La pneumonie (micro-organisme non précisé) était la cause la plus répandue d'hospitalisation chez les résidents des AD où prédominaient les Premières Nations et les Métis; la bronchite et bronchiolite aiguës étaient la cause la plus fréquente d'hospitalisation chez les résidents des AD où prédominaient les Inuits. Le diabète sucré se classait à un niveau élevé dans les causes d'hospitalisation pour les résidents des AD où prédominaient les Premières Nations et les Métis, mais pas dans celles où prédominaient les Inuits. Le classement élevé des intoxications par médicaments était propre aux AD où prédominaient les Inuits.

Les différences provinciales/territoriales dans les causes les plus courantes d'hospitalisation étaient évidentes (tableau 3). La pneumonie venait au premier rang chez les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones en Ontario et dans les Prairies, et au deuxième rang, en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest. Par contre, pour les résidents des AD à faible pourcentage d'Autochtones dans ces secteurs de compétence (sauf les Territoires du Nord-Ouest), la pneumonie se classait du quatrième au neuvième rang. Même si l'Ontario, le Manitoba et l'Alberta ne comptaient pas d'AD où prédominaient les Inuits, le classement élevé des problèmes respiratoires dans ces provinces s'explique peut-être en partie par le fait que de 1 % à 3 % de leurs congés de patients des hôpitaux concernaient des patients de l'extérieur de la province provenant d'AD où prédominaient les Inuits (annexe A, tableau C). Parmi les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones dans les provinces de l'Atlantique, les problèmes liés à l'accouchement et les problèmes respiratoires étaient la principale cause d'hospitalisation. Pour ce qui est des résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones dans les Territoires du Nord-Ouest, les problèmes dentaires et les problèmes respiratoires figuraient parmi les causes principales.

Tableau 3 Classement non corrigé des cinq diagnostics principaux de la CIM-9† comme principale cause de l'hospitalisation dans les aires de diffusion à fort‡ pourcentage d'Autochtones, selon le secteur de compétence, Canada, Québec non compris, 2001-2002Tableau 3
Classement non corrigé des cinq diagnostics principaux de la CIM-9† comme principale cause de l'hospitalisation dans les aires de diffusion à fort‡ pourcentage d'Autochtones, selon le secteur de compétence, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Les taux d'hospitalisation pour des problèmes de santé considérés comme très prévalents chez les Autochtones (cardiopathies ischémiques3,4,20,21, troubles mentaux5,22 et asthme 21,23,24) et des problèmes de santé liés au décès prématuré, comme des types particuliers de traumatismes, y compris le suicide ou l'homicide, ont fait l'objet d'un examen distinct (tableau 4). Les taux d'hospitalisation dans le cas des lésions traumatiques infligées par un tiers étaient neuf fois plus élevés chez les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones que chez ceux des AD à faible pourcentage d'Autochtones. Dans le cas des lésions auto-infligées autres que les intoxications et des troubles mentaux liés à l'utilisation de substances, les taux étaient six fois plus élevés, tandis que les lésions auto-infligées par intoxication (p. ex., consommation de tranquillisants ou de barbituriques) étaient quatre fois plus élevés (tableau 4).

Tableau 4 Taux d'hospitalisation non corrigés et uniformisés† selon l'âge et le sexe, certains problèmes de santé‡, selon la résidence dans une aire de diffusion à fort§ ou à faible pourcentage d'Autochtones, Canada, Québec non compris, 2001-2002Tableau 4
Taux d'hospitalisation non corrigés et uniformisés† selon l'âge et le sexe, certains problèmes de santé‡, selon la résidence dans une aire de diffusion à fort§ ou à faible pourcentage d'Autochtones, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Les taux d'hospitalisation pour la bronchite et bronchiolite aiguës ainsi que pour la pneumonie et la grippe étaient respectivement cinq et quatre fois plus élevés pour les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones que pour les AD à faible pourcentage d'Autochtones. Les taux dans le cas de l'insuffisance cardiaque ou de l'œdème pulmonaire ainsi que de l'asthme chez les résidents d'AD à fort pourcentage d'Autochtones étaient deux fois plus élevés que ceux pour les résidents d'AD à faible pourcentage d'Autochtones. Les différences étaient plus faibles dans le cas de l'infarctus aigu du myocarde et des cardiopathies ischémiques. Du fait de la prévalence plus élevée du virus d'immunodéficience humaine (VIH) chez les Autochtones25, le taux pour le VIH était 1,4 fois plus élevé chez les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones que chez ceux des AD à faible pourcentage d'Autochtones. Les différences étaient marginales pour certains cancers, même si les hospitalisations liées au cancer sont probablement sous-estimées (voir Limites).

Différences réduites à la suite de la correction en fonction des facteurs régionaux

L'uniformisation selon l'âge et le sexe permet de corriger les taux d'hospitalisation en fonction des différences démographiques dans les populations autochtones et non autochtones. Toutefois, les disparités entre les taux d'hospitalisation de ces populations découlent probablement de différences concernant une gamme beaucoup plus large de facteurs, comme la situation socioéconomique, l'emploi et le logement (annexe A, figure E).

Figure E Pourcentage de la population vivant dans des aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante et certaines caractéristiques de la région, Canada, Québec non compris, 2001-200Figure E
Pourcentage de la population vivant dans des aires de diffusion à fort† et à faible pourcentages d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante et certaines caractéristiques de la région, Canada, Québec non compris, 2001-200

En fait, lorsque les caractéristiques concernant de la région étaient prises en compte, les disparités dans les taux d'hospitalisation entre les AD à fort et à faible pourcentages d'Autochtones étaient moindres. La correction pour tenir compte de l'emplacement rural de l'AD et de la prévalence de logements nécessitant des réparations majeures a entraîné une réduction du taux d'hospitalisation chez les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones (tableau 5). Résider dans une région rurale avait les répercussions les plus grandes, particulièrement dans les AD d'identité inuite, où le ratio de taux corrigé diminuait pour se situer à moins de la moitié de celui des AD à faible pourcentage d'Autochtones. Par contre, la correction pour tenir compte des conditions de logement dans les AD où les Inuits prédominaient avait l'effet inverse, soit l'augmentation des taux d'hospitalisation.

Tableau 5 Taux d'hospitalisation uniformisés† dans des hôpitaux de soins de courte durée et ratios de taux‡ pour 10 000 habitants, toutes causes confondues, pour les résidents des régions à fort§ pourcentage d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002Tableau 5
Taux d'hospitalisation uniformisés† dans des hôpitaux de soins de courte durée et ratios de taux‡ pour 10 000 habitants, toutes causes confondues, pour les résidents des régions à fort§ pourcentage d'Autochtones, selon l'identité autochtone prédominante, Canada, Québec non compris, 2001-2002

Pour la plupart des problèmes de santé choisis, la correction pour tenir compte du lieu de résidence dans une région rurale ou de la prévalence de logements nécessitant des réparations majeures avait la plus grande répercussion sur les taux d'hospitalisation (tableau 6). Par exemple, les taux d'hospitalisation pour les lésions traumatiques et empoisonnements chez les résidents d'AD à fort pourcentage d'Autochtones ont diminué une fois corrigés pour tenir compte de l'emplacement rural passant de 204 pour 10 000 habitants (ratio de taux de 2,6) à 178 (ratio de taux de 2,3), et à 174 (ratio de taux de 2,2) une fois corrigés pour tenir compte des logements nécessitant des réparations majeures. De même, la correction pour tenir compte de ces deux facteurs a entraîné une réduction des ratios de taux pour l'insuffisance cardiaque et l'œdème pulmonaire, ainsi que la pneumonie et la grippe.

Tableau 6 Taux d'hospitalisation uniformisés† pour 10 000 habitants et ratios de taux pour certains problèmes de santé‡, résidents des aires de diffusion à fort§ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon certaines caractéristiques, Canada, Québec non compris, 2001-2002Tableau 6
Taux d'hospitalisation uniformisés† pour 10 000 habitants et ratios de taux pour certains problèmes de santé‡, résidents des aires de diffusion à fort§ et à faible pourcentages d'Autochtones, selon certaines caractéristiques, Canada, Québec non compris, 2001-2002

La correction pour tenir compte des logements surpeuplés a fait baisser le ratio de taux d'hospitalisation, particulièrement dans le cas de la pneumonie et de la grippe (de 3,9 à 3,1) et de la bronchite et bronchiolite aiguës (de 4,8 à 4,2). La correction pour tenir compte de cette caractéristique a réduit modérément le ratio de taux d'hospitalisation dans le cas de l'insuffisance cardiaque et de l'œdème pulmonaire (tableau 6).

En général, la correction pour tenir compte du quintile de revenu moyen des ménages a eu relativement peu de répercussions sur les ratios de taux; les réductions les plus grandes ont touché la pneumonie et la grippe. En ce qui a trait à l'asthme ainsi qu'à la bronchite et bronchiolite aiguës, la correction pour tenir compte du revenu du ménage a eu l'effet inverse, faisant augmenter légèrement le ratio de taux.

La correction pour tenir compte de l'activité sur le marché du travail et du niveau de scolarité des résidents dans les AD a donné lieu à des modifications modestes ou nulles des ratios de taux pour toutes les catégories de maladies sélectionnées.

Discussion et conclusions

Les disparités en matière de santé entre les populations autochtones et non autochtones au Canada ont été largement documentées2-7,21. Le présent rapport fournit de nouvelles données concernant les variations dans la morbidité grave, mesurée en considérant l'identité autochtone prédominante et l'hospitalisation dans des hôpitaux de soins de courte durée de résidents d'AD à fort et à faible pourcentages d'Autochtones.

Les données d'enquêtes fournissent des estimations de la prévalence de maladies, mais pas de leur gravité ou de leur progression. Les données d'enquête autodéclarées peuvent aussi comporter un biais de mémorisation et être limitées par la capacité des répondants à décrire avec exactitude leurs problèmes médicaux. Par ailleurs, l'hospitalisation dans des hôpitaux de soins de courte durée constitue, par définition, l'indication d'une morbidité relativement grave. Les données administratives des hôpitaux peuvent comprendre des données médicales plus précises et fournir des renseignements plus détaillés concernant les types de morbidité qui contribuent aux différences dans les taux d'hospitalisation entre les résidents des AD à fort et à faible pourcentages d'Autochtones.

Les résultats de la présente analyse sont conformes aux données déclarées pour les populations de Premières Nations ou d'Indiens inscrits, à partir des données régionales sur les congés des patients des hôpitaux3,21, d'autres données administratives sur les services de santé20, et de données internationales8.

Les différences dans les taux d'hospitalisation étaient plus grandes une fois les données uniformisées selon l'âge et le sexe. Cela laisse supposer que les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones étaient plus susceptibles de subir des traumatismes et de contracter des maladies graves à un plus jeune âge. Le taux plus élevé d'hospitalisation pour lésions traumatiques chez les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones rendent compte de la plus grande prévalence des lésions traumatiques graves dans les populations autochtones vivant à l'extérieur des réserves6. Les taux plus élevés d'hospitalisation pour les lésions auto-infligées et autres lésions rendent compte du classement de ces lésions parmi les principales causes de mortalité prématurée dans les régions sociosanitaires à fort pourcentage d'Autochtones12.

De même, les taux plus élevés d'hospitalisation pour des problèmes de l'appareil circulatoire correspondent au classement des maladies de l'appareil circulatoire comme troisième cause de décès en importance dans les régions sociosanitaires à fort pourcentage d'Autochtones12. L'augmentation des taux d'hospitalisation peut être le résultat du rapport entre différentes maladies au cours de la vie d'une personne. La pneumonie peut être un facteur du développement de maladies de l'appareil circulatoire27, tout comme le diabète et l'hypertension. Ces problèmes de l'appareil circulatoire sont très prévalents dans la population autochtone5,23,24,28-30. Par ailleurs, une mauvaise santé bucco-dentaire peut présenter un risque accru de morbidité liée à la maladie cardiaque plus tard dans la vie31,32. Dans une certaine mesure, les taux plus élevés d'hospitalisation pour des maladies des appareils circulatoire et respiratoire peuvent rendre compte de la prévalence plus grande du tabagisme5,23,24, de l'apport calorique plus élevé34, ainsi que de l'embonpoint et de l'obésité34,35 dans la population autochtone.

Les taux relativement faibles d'immunisation dans certaines populations autochtones36 peuvent contribuer au taux plus élevé d'hospitalisation pour des maladies respiratoires. Toutefois, l'analyse du présent rapport laisse supposer que les conditions de logement jouent aussi un rôle. Le surpeuplement et les maisons nécessitant des réparations majeures23 peuvent être propices à la propagation de maladies infectieuses et entraîner des taux plus élevés d'hospitalisation pour des troubles respiratoires37-40.

Les taux d'hospitalisation variaient selon l'identité autochtone prédominante dans l'AD. Les taux pour les résidents des AD où prédominaient les Inuits étaient plus faibles que ceux pour les résidents des AD où prédominaient les Premières Nations. Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle à cet égard. La diète des adultes inuits est encore largement constituée de leur récolte de viande et de poisson23, soit des aliments qui pourraient avoir des effets protecteurs pour la santé. Les Inuits sont plus susceptibles de se rendre à l'extérieur de leur secteur de compétence pour être hospitalisés dans des hôpitaux de soins de courte durée, ce qui peut donner lieu à des séjours plus longs à l'hôpital. Par contre, les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones vivant dans des régions moins éloignées peuvent se rendre à l'hôpital plus fréquemment, mais y demeurer moins longtemps. Il est possible que les résidents des AD où les Inuits prédominent n'aient pas la même facilité d'accès aux services de santé que les résidents des autres AD à fort pourcentage d'Autochtones. Les taux d'hospitalisation plus faibles des résidents des AD où prédominent les Inuits peuvent indiquer un moins grand accès aux soins, avec pour résultat des décès plutôt que des hospitalisations. Cette possibilité pourrait être évaluée plus tard à partir d'une analyse au niveau de la personne portant sur la durée du séjour à l'hôpital et la distance entre l'hôpital et la résidence du patient. L'augmentation des taux d'hospitalisation des résidents des AD où prédominent les Inuits qui découle de la correction pour tenir compte des conditions de logement sous-estime le rôle possible de ces facteurs dans la morbidité hospitalière des Inuits.

Les taux d'hospitalisation étaient aussi plus faibles chez les résidents des AD où les Métis prédominaient, comparativement aux AD où les Premières Nations prédominaient. Cela vient peut-être en partie du fait que près de 70 % de la population métis vit dans des centres urbains24 et, par conséquent, elle a peut-être davantage accès aux services de soins de santé primaires que les résidents des AD où prédominent les Premières Nations.

Le présent rapport a tenté de déterminer la contribution relative des divers facteurs socioéconomiques et géographiques en ce qui a trait aux différences dans les taux d'hospitalisation entre les AD à fort et à faible pourcentages d'Autochtones. Les facteurs sélectionnés sur la base de la région varient dans leur degré d'association avec les taux d'hospitalisation, même si les emplacements ruraux et les logements surpeuplés semblent comporter le lien le plus étroit, en particulier dans les AD où les Premières Nations et les Inuits prédominent, ainsi que dans celles où les hospitalisations sont liées à des problèmes respiratoires.

Il est moins évident de déterminer la façon dont les conditions de logement influent sur la morbidité cardiaque. Le surpeuplement peut augmenter le risque de maladies infectieuses qui, à leur tour, pourraient avoir des répercussions sur la santé cardiaque41. Les logements qui nécessitent des réparations majeures pourraient contribuer à l'exposition au froid, ce qui peut jouer un rôle dans la pathogénie cardiaque42.

L'association significative entre l'emplacement rural et l'hospitalisation peut être attribuable en partie au fait que les résidents des régions rurales risquent généralement de subir davantage de lésions traumatiques43, par exemple, parce qu'ils se déplacent sur de longues distances en véhicules automobiles. Le lieu de résidence rural peut aussi représenter des difficultés d'accès aux soins de santé primaires préventifs44. Enfin, le tabagisme, l'obésité et le style de vie sédentaire, qui sont des facteurs de risque de la morbidité cardiaque et respiratoire, sont plus prévalents chez les résidents des régions rurales45.

Les différences dans les taux d'hospitalisation entre les AD à fort et à faible pourcentages d'Autochtones ne diminuent pas beaucoup lorsqu'elles sont corrigées pour tenir compte du revenu moyen des ménages de la région, de leur niveau de scolarité et de leur taux d'activité. Cela fait ressortir les limites d'une approche écologique, compte tenu des gradients bien établis de l'état de santé découlant de ces déterminants sur le plan individuel. Les variables régionales peuvent jouer un rôle dans la morbidité, mais elles n'exercent pas une influence aussi directe que les facteurs au niveau de la personne, comme le tabagisme.

Les taux d'hospitalisation dans les AD comptant un fort pourcentage de résidents autochtones, et plus particulièrement de Premières Nations, étaient plus élevés nationalement et dans les divers secteurs de compétence. Cela pourrait indiquer un besoin de soins de santé préventifs, un manque d'accès aux soins ou une plus grande prévalence de la morbidité grave. Ces taux élevés montrent aussi quelles régions et quels problèmes de santé se prêtent à des interventions ciblées, qui pourraient éventuellement réduire les disparités dans la mortalité prématurée entre les Autochtones et les non-Autochtones.

L'analyse d'uniformisation des caractéristiques de la région fait ressortir les facteurs pouvant être modifiés, plus particulièrement les conditions de logement, qui sont associées aux différences dans les taux d'hospitalisation. Toutefois, la correction pour tenir compte du revenu des ménages de la région, de leur niveau de scolarité et de leur taux d'activité n'a pas réduit les différences dans les taux d'hospitalisation entre les AD à fort et à faible pourcentages d'Autochtones dans la même mesure que la correction pour tenir compte de l'emplacement rural et des conditions de logement.

Même si le présent rapport tente de combler les lacunes existantes dans les données, il est basé sur des données régionales. On ne peut pas déterminer de façon définitive si les résidents des AD à fort pourcentage d'Autochtones risquent davantage d'être hospitalisés que les résidents des AD à faible pourcentage d'Autochtones sans chiffres sur les hospitalisations au niveau de la personne, lesquels comprendraient des renseignements sur l'identité autochtone.

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