Le début de la carrière délinquante

Avertissement Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

L'âge de début d'une carrière délinquante ou criminelle désigne, en principe, l'âge auquel une personne commet un acte délinquant ou criminel pour la première fois. Dans les cas où, comme dans la présente étude, il existe des données pour les infractions commises durant l'enfance, la notion d'« acte délinquant ou criminel » est problématique, à la fois en raison de la doctrine doli incapax1 et parce que la plupart des régimes de droit pénal, sinon tous, fixent un âge minimum de responsabilité criminelle. Au Canada, depuis 1984, cet âge est le 12e anniversaire. Par conséquent, dans cette étude, l'âge de début désigne l'âge auquel une personne est, selon les dossiers de la police, impliquée pour la première fois dans une affaire pouvant mener à une inculpation ou qui aurait pu mener à une inculpation si elle avait eu au moins 12 ans. Comme il a déjà été mentionné, il est possible que le public ne signale pas toutes les infractions commises par des enfants, et que la police ne tienne pas de dossiers sur tous les enfants de moins de 12 ans qui sont appréhendés parce qu'ils ne peuvent être inculpés. Par conséquent, dans la présente étude, les enfants qui ont entamé leur carrière délinquante avant l'âge de 12 ans pourraient être sous-représentés. La dépendance de cette étude à l'égard des données policières signifie naturellement que les actes de délinquance précoces qui ne sont pas venus à l'attention de la police ne sont pas saisis. L'âge de début est donc celui de la carrière délinquante consignée par la police, non nécessairement de la carrière délinquante « réelle ».

Bien que l'âge de début soit intéressant en lui-même, on a constaté qu'il était corrélé avec de nombreux autres aspects d'une carrière délinquante ou criminelle. En fait, la distinction entre les caractéristiques des carrières et des auteurs « précoces » et des auteurs « tardifs » en est une qui est la plus solidement confirmée dans les écrits2.

La figure 25 montre les âges auxquels les auteurs présumés de chaque cohorte ont commencé leur carrière de délinquance. Dans les deux cohortes, le nombre d'auteurs précoces était très minime : moins de 0,5 % des membres de chaque cohorte avaient commis leur première infraction consignée à chaque année d'âge avant 11 ans, et moins de 1 %, à 11 ans. Un nombre beaucoup plus grand d'auteurs présumés avaient commencé leur carrière délinquante à 12 ans ou plus : 1,5 % de la cohorte de 1990 à 12 ans, 2,5 % à 13 ans, et ainsi de suite, pour culminer à 3,7 % des membres de la cohorte de 1987 qui avaient entamé leur carrière délinquante à l'âge de 15 ans. Après 15 ans, le nombre de nouveaux auteurs présumés suivait une tendance à la baisse.

Figure 25 Âge de début de l'activité criminelle consignée pour les enfants et les jeunes de 5 à 17 ans. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Figure 25
Âge de début de l'activité criminelle consignée pour les enfants et les jeunes de 5 à 17 ans

Les proportions déclarées de membres de la cohorte de 1987 qui ont entamé leur carrière à 8, 10 et 12 à 14 ans sont plus élevées que celles des membres de la cohorte de 19903. La raison en est qu'on ne dispose pas de données sur la délinquance avant 1995 ni, par conséquent, de données sur la date de début avant le 8e anniversaire des membres de la cohorte de 1987. Ainsi, selon les dossiers, certains membres de la cohorte de 1987 avaient commencé leur carrière entre les âges de 8 et 14 ans (et plus), alors qu'ils avaient en fait commis leur première infraction pouvant faire l'objet d'une inculpation entre 5 et 7 ans4. Étant donné cette légère inexactitude dans les chiffres sur l'âge de début pour la cohorte de 1987, l'approche utilisée dans l'analyse de l'âge de début qui suit (comme dans l'analyse de l'étendue cumulative de la délinquance déjà présentée) consiste à combiner les cohortes en déclarant les proportions de la cohorte de 1990 pour les personnes de 5 à 13 ans, et celles de la cohorte de 1987 pour les autres personnes.

Pour récapituler, le nombre de premières infractions consignées qui marqueraient l'âge de début est très faible pendant l'enfance, et il augmente considérablement pendant l'adolescence. Même si « début précoce » est un concept clé dans les recherches sur les carrières criminelles, il n'a pas de définition consensuelle. Si l'on décide que le terme n'englobe que les auteurs présumés qui n'ont pas encore atteint l'âge minimum de responsabilité criminelle au Canada — le 12e anniversaire —, alors seulement 1,7 % des membres de la cohorte de 1990, ou 11 % des auteurs présumés repérés dans les deux cohortes, sont des auteurs précoces5.

La figure 26 montre les changements selon l'âge, par rapport à l'année précédente, de la proportion des membres des cohortes confondues qui ont commis leur première infraction consignée6. Même si les proportions progressaient avec chaque année d'âge jusqu'à l'âge de 15 ans (figure 25), le changement relatif selon l'âge (figure 26) n'affichait pas cette tendance. Mis à part le fait qu'il peut y avoir eu sous-dénombrement pour tous les âges avant l'âge minimum de responsabilité criminelle, qui se traduit dans le graphique par une forte augmentation à l'âge de 12 ans, la variation annuelle des proportions de membres des cohortes qui avaient commis leur première infraction consignée fluctuait entre 6 et 11 ans, puis fléchissait sensiblement entre 12 et 17 ans. Le changement relatif devenait négatif à l'âge de 16 ans — c'est-à-dire que le nombre de membres des cohortes qui avaient commis leur première infraction consignée après l'âge de 15 ans diminuait plutôt que de croître en fonction de l'âge (figure 25).

Figure 26 Changements relatifs de la proportion de la cohorte qui a commis une première infraction consignée, selon l'âge, enfants et jeunes de 6 à 17 ans. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Figure 26
Changements relatifs de la proportion de la cohorte qui a commis une première infraction consignée, selon l'âge, enfants et jeunes de 6 à 17 ans


Notes

  1. Cette expression signifie « incapacité de faire le mal ». Il s'agit de la doctrine de la common law britannique selon laquelle les enfants en-dessous d'un certain âge (à l'origine, 7 ans) sont mentalement incapables de former une intention criminelle (Bala, 2003, p. 167 et 168).
  2. La déclaration classique est celle de Moffitt (1993), mais la distinction est utilisée et analysée dans de nombreuses études traitant des carrières délinquantes et criminelles.
  3. Les valeurs t du test bilatéral pour les différences entre les proportions des deux cohortes affichant un âge de début de 8, 9, ..., 14 sont de 2,75, -1,09, 1,69, -1,56, 2,06, 1,87 et 5,78. Ces statistiques devraient être interprétées avec prudence, étant donné qu'il s'agit d'échantillons aléatoires qui ne sont pas en distribution normale. On a utilisé l'approximation de Satterthwaite (1946) pour les degrés de liberté, car les variances de chaque paire de vecteurs d'observations étaient inégales (SAS Institute Inc., 2004). Les valeurs t pour les 8, 12 et 14 ans sont significatives à p < 0,05 (p08 = 0,006, p12 = 0,039, p14 < 0,0001). Voir à la note 1 dans "La courbe de la criminalité selon l'âge" une analyse de la différence à l'âge de 14 ans.
  4. Ou bien avant 5 ans, ce qui est en fait très rare.
  5. Si un « auteur présumé très précoce » est défini comme une personne qui a commis sa première infraction consignée avant son 8e anniversaire, alors seulement 0,22 % de la cohorte de 1990, ou 1 membre de la cohorte sur 460, se classe dans cette catégorie. Autrement dit, moins de 1 % des auteurs présumés de 5 à 17 ans qui étaient inscrits affichaient un début de carrière très précoce. Si « début précoce » est défini comme le début d'une carrière avant le 14e anniversaire, alors 5,5 % des membres de la cohorte, ou 40 % des auteurs présumés dans les deux cohortes, avaient eu un début précoce.
  6. Défini comme (xt - xt - 1) / xt - 1, où xt est la proportion de membres de la cohorte à qui l'on a imputé la première infraction à l'âge t