La durée de la carrière délinquante

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On détermine la durée d'une carrière délinquante ou criminelle en calculant le temps écoulé entre les première et dernière affaires dans la carrière. La date de la dernière affaire — la « fin » de la carrière ou le « renoncement » à la criminalité — est difficile ou impossible à déterminer si l'on ne suit pas le sujet jusqu'à son décès, ce qui n'est normalement pas possible bien que cela ait déjà été fait (Laub et Sampson, 2003). Diverses méthodes ont été utilisées pour contourner ce problème (Kazemian, 2007). Une approche consiste à définir la date du renoncement tout simplement comme la date de la dernière affaire consignée pendant la période d'observation (Farrington et Wikström, 1994). Le problème de cette approche tient, naturellement, à ce qu'elle cause un biais vers le bas dans l'estimation de la durée de la carrière, étant donné que la durée des carrières qui se poursuivent après la fin de la période d'observation est sous-estimée. Une autre approche consiste à limiter l'analyse de la durée des carrières à celles qui semblent être terminées. Il faut alors se demander pendant combien de temps un auteur présumé doit être inactif pour qu'on puisse supposer qu'il a renoncé à la criminalité. Diverses périodes d'inactivité admissible, allant de un à cinq ans, ont été utilisées comme indicateurs du renoncement (Kyvsgaard, 2003). Évidemment, plus la période requise comme preuve du renoncement est longue, moins il y a de chance de se tromper en indiquant qu'une carrière est terminée. Toutefois, si la période d'observation est fixe et limitée, plus la période d'inactivité qui est requise comme preuve du renoncement est longue, plus le reste de la période d'activité disponible à des fins d'analyse est courte. Plus précisément, si la période d'observation est de 10 ans, et qu'il faut 5 années d'inactivité pour démontrer un renoncement, alors la plus longue carrière possible est seulement de cinq ans. Par conséquent, le choix de la période indicative de l'inactivité représente un compromis.

Dans la présente étude, la période d'observation est de 10 ans, les données étant tronquées au 18e anniversaire pour la cohorte née en 1987 et au 15e anniversaire pour la cohorte née en 1990. Certaines indications de ce qui constituerait un critère raisonnable pour déterminer la période d'inactivité se sont dégagées d'une analyse de la répartition des intervalles de temps entre toutes les paires d'affaires adjacentes consignées l'ensemble des carrières des récidivistes. On a constaté que 93 % de ces intervalles étaient de moins de deux ans1. Par conséquent, on a déterminé qu'une carrière avait pris fin, ou était terminée, s'il n'y avait pas eu d'affaires pendant les deux dernières années d'observation. Ainsi, les carrières terminées ont une durée maximale de huit ans moins un jour, soit du 5e anniversaire jusqu'au jour précédant le 13e pour la cohorte de 1990, et du 8e jusqu'au jour précédant le 16e pour la cohorte de naissance de 1987. On a supposé que les carrières comptant une affaire pendant les deux dernières années d'observation se poursuivaient peut-être encore et que leur durée était inconnue. Par conséquent, elles ont été omises des analyses de la durée.

Un autre problème qui surgit dans l'analyse de la durée des carrières est le traitement des auteurs présumés qui ne comptent qu'une affaire consignée, lesquels constituent la majorité ou, à tout le moins, la catégorie modale d'auteurs présumés dans la plupart des recherches sur les carrières criminelles fondées sur des échantillons de la population générale (plutôt que des échantillons des populations de sujets à risque élevé). Certains chercheurs excluent ces auteurs des analyses de la durée des carrières, en faisant valoir que le concept de « durée » (et peut-être même celui de « carrière ») ne s'applique pas aux auteurs présumés primaires. D'autres incluent les auteurs primaires, attribuant à leurs carrières une durée de zéro (p. ex. Kyvsgaard, 2003). Cette dernière approche est utilisée dans la présente étude, car les auteurs primaires forment un groupe très nombreux; ils représentent 69 % des auteurs présumés dans les deux cohortes. Toutefois, les analyses font la distinction entre les auteurs primaires et les récidivistes, pour que les auteurs primaires ne faussent pas les estimations de la durée.

Les distinctions décrites ci-dessus ont donné lieu à un classement en trois catégories des auteurs présumés et de leurs carrières aux fins de l'analyse de la durée des carrières :

  • auteurs présumés primaires qui ont apparemment terminé leur carrière (c'est-à-dire pas d'affaires consignées pendant les deux dernières années d'observation), et dont la durée de la carrière est de zéro;

  • récidivistes qui ont apparemment terminé leur carrière (c'est-à-dire pas d'affaires consignées pendant les deux dernières années d'observation);

  • auteurs présumés primaires et récidivistes qui n'ont peut-être pas terminé leur carrière parce qu'ils ont été arrêtés pendant les deux dernières années d'observation, et dont la durée de la carrière est inconnue.

La répartition des auteurs présumés entre ces trois catégories, selon la cohorte de naissance et le sexe, est présentée au tableau 2.

Tableau 2 Classement de la durée des carrières délinquantes, selon la cohorte et le sexe. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira

Tableau 2
Classement de la durée des carrières délinquantes, selon la cohorte et le sexe

Quarante et un pour cent des auteurs présumés avaient commencé et avaient apparemment terminé leur carrière de crimes consignés au moins deux ans avant la fin de la période d'observation : 26 % des auteurs nés en 1990, qui avaient renoncé à leur carrière avant leur 13e anniversaire, et 48 % des auteurs nés en 1987, qui avaient abandonné leur carrière avant leur 16e anniversaire. Environ les quatre cinquièmes d'entre eux comptaient une seule affaire consignée durant leur carrière. La proportion plus faible de carrières terminées dans la cohorte plus jeune tient au fait qu'une plus forte proportion de membres de cette cohorte avaient commencé leur carrière criminelle pendant les deux dernières années d'observation (c'est-à-dire à l'âge de 13 ou 14 ans), et qu'ils ne pouvaient donc pas, par définition, l'avoir terminée. Les proportions ne diffèrent pas beaucoup selon le sexe de l'auteur présumé, bien que les filles aient été proportionnellement plus nombreuses que les garçons à avoir terminé leur carrière, surtout des carrières marquées par une seule affaire consignée.

La plupart des auteurs présumés dans les deux cohortes de naissance avaient eu une carrière délinquante plutôt brève. Si l'on exclut les auteurs présumés dont la carrière s'était poursuivie dans les deux dernières années de la période d'observation et qui, par conséquent, aurait pu se poursuivre dans l'avenir, la durée moyenne des carrières des auteurs présumés était de 0,26 an, ou 3 mois (tableau 3). Plus de 80 % de ces auteurs présumés avaient connu une carrière qui avait duré seulement une journée, soit parce que l'auteur n'avait qu'une seule affaire à son actif, soit parce que toutes les affaires dans lesquelles il avait été impliqué s'étaient produites le même jour2. Plus de 90 % avaient eu une carrière qui avait duré un an ou moins. Seulement 5 % des auteurs présumés qui avaient terminé leur carrière avaient eu une carrière qui avait duré plus de deux ans3.

Tableau 3 Durée des carrières délinquantes terminées. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira

Tableau 3
Durée des carrières délinquantes terminées


Notes

  1. Certains des intervalles plus longs — dont la durée varie jusqu'à un maximum de presque 10 ans — peuvent représenter les résultats non valides d'appariements faux positifs d'affaires mettant en cause des auteurs présumés différents (voir la section Méthodes).
  2. Selon les règles de dénombrement des affaires du Programme DUC 2, plusieurs affaires peuvent se produire le même jour (voir la note 3 dans la section « L'évolution de la gravité des infractions au cours de la carrière délinquante »).
  3. Si la population est limitée aux récidivistes dont la carrière est terminée, alors la durée moyenne de la carrière passe à 1,23 an, ou 15 mois. Le pourcentage d'auteurs présumés ayant eu des carrières de 1 an ou moins chute à 57 %, alors que celui des auteurs présumés dont la carrière a duré plus de deux ans est de 23 %.