Section 3 Les facteurs d'évolution de la population de langue maternelle anglaise

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3.1 Fécondité
3.2 Transmission de la langue maternelle et effet de l'exogamie
3.3 La structure par âge
3.4 Les transferts linguistiques ou la mobilité linguistique intragénérationnelle
3.5 Usage de l'anglais et du français dans la sphère publique
3.6 Connaissance de l'anglais
3.7 Migration (mouvements migratoires interprovinciaux et internationaux)

L'évolution des groupes linguistiques dans une province ou une région donnée dépend de l'effet combiné des facteurs de l'accroissement naturel que sont la fécondité et la mortalité d'une part et ceux de la migration interne et internationale d'autre part. S'y ajoute la composante de la continuité linguistique intergénérationnelle, c'est-à-dire la transmission de la langue maternelle de la mère aux enfants1. Un autre facteur sera également présenté dans cette section, soit celui de la continuité linguistique intragénérationnelle ou, son pendant, le transfert ou la substitution linguistique. Ce dernier, bien que n'influant pas directement sur l'évolution d'un groupe linguistique à court terme peut néanmoins avoir une influence importante à long terme dans la mesure où la langue d'usage prédominante au foyer est généralement celle qui est transmise aux enfants.

Dans la présente section, une bonne partie de l'information présentée portera sur le groupe de langue maternelle anglaise au Québec. Toutefois, dans certains cas, celui de la migration interprovinciale et de l'immigration internationale notamment, l'analyse portera également sur la population dont l'anglais est la première langue officielle parlée.

3.1 Fécondité

Durant la première moitié du XXe siècle, les différences de fécondité entre les groupes linguistiques ont permis d'expliquer en partie la croissance ou le maintien de la population de certains groupes par rapport à d'autres. Dans le Québec des années 1950 et 1960, les femmes francophones affichaient une fécondité supérieure à celle des femmes anglophones ou allophones. Cette forte fécondité des francophones qui prévalait au moins depuis le milieu du 19e siècle permettait ainsi de compenser les effets défavorables de l'immigration internationale dans la mesure où cette dernière favorisait la croissance de la population de langue maternelle anglaise.

Le taux de fécondité des femmes francophones a diminué de façon importante si bien que sur une période de seulement 20 ans (1956 à 1976) le nombre moyen d'enfants par femme est passé de 4,2 à 1,8. La baisse de fécondité touchait également les femmes de langue maternelle anglaise, bien qu'elle fût moins radicale, passant de 3,3 à 1,6 au cours de la même période. Au cours des lustres suivants, on a observé une convergence des tendances de fécondité des femmes francophones et anglophones du Québec de sorte qu'entre 1981 et 1986 leurs taux de fécondité étaient identiques.

Les démographes établissent que, dans les conditions actuelles de faible mortalité, le seuil de remplacement des générations correspond à un indice de 2,1, c'est-à-dire de 2 100 enfants pour 1 000 femmes. On notera au tableau 3.1 que le niveau de fécondité des anglophones et des francophones est passé sous ce seuil de remplacement dès le lustre 1971 à 1976 alors que chez les femmes de tierce langue maternelle ce phénomène s'est produit au cours du lustre suivant, soit de 1976 à 1981.

On notera par ailleurs que, au cours des deux dernières décennies, soit de 1986 à 2006, les taux de fécondité des anglophones et des francophones ont légèrement fluctué à la hausse pour ensuite redescendre sous la barre des 1,5 enfants par femme.

En ce qui a trait aux femmes de tierce langue maternelle, leur taux de fécondité a toujours été supérieur à celui de leurs concitoyennes anglophones depuis le milieu des années 1960. À cet égard, il convient cependant d'être prudent lorsqu'on examine l'incidence d'un indice de fécondité plus élevé chez les femmes de tierce langue maternelle, car, comme nous le verrons plus loin, la transmission du français ou de l'anglais aux enfants est un phénomène non négligeable, en particulier lorsque le conjoint est de langue maternelle anglaise ou française.

 Tableau 3.1 Indice synthétique de fécondité selon la langue maternelle, Québec, 1956 à 2006

3.2 Transmission de la langue maternelle et effet de l'exogamie

Bien que l'indice synthétique de fécondité fournisse un renseignement utile sur le nombre de naissances au sein des différents groupes de langue maternelle, celui-ci ne fournit aucune information sur la langue maternelle transmise aux enfants. On sait en effet que la tendance à transmettre une langue à ses enfants varie en fonction d'un certain nombre de facteurs, dont l'un des plus importants est la concentration géographique de la population constituant un groupe linguistique donné. Comme nous le verrons plus loin, ce facteur influe également sur la propension à vivre au sein d'un couple exogame, c'est-à-dire un couple dont les conjoints n'ont pas la même langue maternelle. En outre, plus faible est la concentration géographique ou le poids relatif d'un groupe linguistique au sein d'un milieu donné, plus faible sera la propension des parents à transmettre la langue minoritaire. Le graphique 3.2.1 permet en effet de constater que la proportion des couples constitués d'au moins un partenaire de langue maternelle anglaise qui transmettent l'anglais comme langue maternelle à leurs enfants varie d'une région à l'autre du Québec. Dans deux régions de la province, au moins 7 enfants sur 10 se sont vus transmettre l'anglais comme langue maternelle : Montréal (78,4 %) et l'Est du Québec (69,7 %). Dans les autres régions, les proportions sont inférieures à la moyenne provinciale (71,8 %) : Outaouais (63,4 %), Estrie et Sud du Québec (64,1 %), Reste de la province (49,0 %) et Québec et ses environs (34,1 %).

 Graphique 3.2.1 Proportion des enfants de langue maternelle anglaise parmi les familles où au moins l'un des parents a l'anglais comme langue maternelle selon la région, Québec, 2006

La proportion que forment les anglophones au sein d'une région donnée, voire leur niveau de concentration géographique, entraîne des propensions différentielles à former des couples linguistiquement mixtes ou exogames. Cette propension résulte également du fait que, tant chez les anglophones que chez les francophones, le bilinguisme élevé des résidents de la région de Montréal est susceptible de faciliter l'incidence de telles unions.

Entre 1971 et 2006, la proportion d'enfants vivant au sein d'une famille exogame (anglais-français) et d'une famille exogame (anglais-tierce langue) a fortement augmenté au Québec, passant de 28 % à 45 % et de 5 % à 14 % respectivement, au cours de cette même période (voir le graphique 3.2.2). À l'opposé, la part des enfants vivant au sein d'une famille endogame dont les deux parents ont l'anglais comme langue maternelle a substantiellement diminué, passant de 67 % en 1971 à 41 % en 2006.

 Graphique 3.2.2 Pourcentage des enfants de moins de 18 ans vivant au sein d'une famille dont au moins un parent est de langue maternelle anglaise, selon la langue maternelle des parents, Québec, 1971 et 2006

La proportion d'enfants vivant au sein d'une famille exogame varie également selon que ces familles habitent l'une ou l'autre des régions de la province (voir le graphique 3.2.3). C'est dans les régions de l'Est du Québec et de Montréal, qu'on observe la plus forte propension des enfants à vivre au sein d'une famille dont les deux parents sont de langue maternelle anglaise, soit 46 % dans les deux cas. Dans les régions de l'Outaouais et de l'Estrie et Sud du Québec, plus du tiers (37 %) des enfants vivent au sein d'une famille endogame de langue anglaise. Quant aux anglophones de la région de Québec et ses environs, ceux-ci se distinguent de ceux des autres régions puisque seuls 10 % des enfants vivent au sein d'une famille composée de deux parents de langue maternelle anglaise et que près de neuf enfants sur dix vivent au sein d'une famille dont le parent anglophone a un conjoint de langue maternelle française.

Fait digne de mention, bien que la population anglophone de l'Est de la province et celle de la région de Québec et ses environs composent toutes deux moins de 5 % de la population de leur région respective, les premiers sont beaucoup plus concentrés au sein de leur municipalité de résidence que le sont les seconds (voir le tableau 2.4.2). La proportion des enfants vivant au sein d'une famille endogame de langue anglaise dans la région de Québec et ses environs atteint 88 % comparativement à 52 % dans la région de l'Est du Québec.

 Graphique 3.2.3 Pourcentage des enfants de moins de 18 ans vivant au sein d'une famille dont au moins un parent est de langue maternelle anglaise, selon la langue maternelle des parents, Québec et ses régions, 2006

Entre 1971 et 2006, la proportion de couples exogames anglais-français et de couples exogames anglais-tierce langue parmi l'ensemble des couples composés d'un conjoint de langue maternelle anglaise a fortement augmenté au Québec, passant de 25 % à 46 % et de 5 % à 13 % respectivement, au cours de cette même période. À l'opposé, la part des couples endogames dont les deux conjoints ont l'anglais comme langue maternelle a substantiellement diminué, passant de 70 % en 1971 à 41 % en 2006.

En raison de la forte augmentation de la proportion des couples exogames anglais-français entre 1971 et 2006, l'on pourrait s'attendre à observer une baisse du taux de transmission de la langue minoritaire (en l'occurrence l'anglais) aux enfants. De fait, à la lumière des statistiques présentées au graphique 3.2.4, on constate un recul marqué de la transmission de l'anglais aux enfants de moins de 18 ans issus de ce type de couple. Bien que les données de 1971 et de 2006 ne soient pas exactement comparables, notamment en raison du fait que les réponses multiples n'étaient pas saisies en 1971, la proportion des enfants issus des couples français-anglais qui s'étaient vus transmettre l'anglais comme langue maternelle au moment du Recensement de 2006 se situait à 34 % alors que cette proportion était de 51 % en 1971. Notons cependant qu'en 2006, 10 % des enfants issus de ce type de couple se sont vus transmettre et le français et l'anglais en tant que langues maternelles2.

Par ailleurs, les conjoints de langue maternelle anglaise dont le ou la partenaire est de tierce langue maternelle transmettent l'anglais à leurs enfants dans une proportion de 82 %. Ce type de couple représentait plus de 14 % des couples composés d'au moins un conjoint de langue maternelle anglaise en 2006.

 Graphique 3.2.4 Langue maternelle des enfants de moins de 18 ans selon la langue maternelle des parents, Québec, 1971 et 2006

Les femmes ont généralement tendance à transmettre leur langue maternelle dans une plus forte proportion que les hommes. Ainsi, en 1971, les mères de langue maternelle anglaise dont le conjoint était de langue maternelle française avaient transmis l'anglais à leurs enfants dans une proportion de 57 % comparativement à 45 % des pères de langue maternelle anglaise vivant avec une conjointe de langue française.

En 2006, l'écart est encore plus important quoique l'anglais soit transmis dans une moindre proportion qu'en 1971 au sein des couples exogames anglais-français. Selon le dernier recensement, les mères de langue maternelle anglaise dont le conjoint est de langue maternelle française ont en effet transmis l'anglais à leurs enfants dans une proportion de près de 46 % comparativement à 22 % des pères de langue maternelle anglaise vivant avec une conjointe de langue française. C'est donc dire que lorsque la mère est de langue maternelle française et son conjoint de langue anglaise, le français est transmis comme unique langue maternelle aux enfants dans une proportion de 67 %, alors que lorsque le père est de langue maternelle française et sa conjointe de langue anglaise la transmission du français se produit dans une proportion similaire à celle de l'anglais, soit environ 45 %. Fait à noter, et le français et l'anglais sont transmis comme double langue maternelle dans une proportion d'environ 10 % par l'ensemble des conjoints formant un couple exogame français-anglais3.

Le tableau 3.2.1 rend compte du fait qu'entre 1971 et 2006, la proportion de conjoints de langue maternelle anglaise ou française qui peuvent soutenir une conversation en anglais et en français s'est accrue au sein des couples exogames français-anglais. Cette augmentation est particulièrement marquée chez les conjoints de langue maternelle anglaise. Ainsi, alors que 70 % des conjointes de langue anglaise déclaraient être bilingues en 1971, cette proportion se situait à près de 88 % en 2006. Chez les conjoints de langue anglaise dont la conjointe est de langue française, ces proportions sont de 75 % et 87 % respectivement. Les données présentées révèlent donc qu'à l'augmentation de la proportion de conjoints de langue maternelle anglaise vivant avec un conjoint de langue française et à l'augmentation marquée du taux de bilinguisme anglais-français chez les premiers correspond également un accroissement de la transmission du français en tant que langue maternelle aux enfants vivant dans des familles exogames anglais-français.

Par ailleurs, mentionnons qu'en 1971, 32 % des conjointes de langue maternelle anglaise qui vivaient avec un conjoint de langue française parlaient français le plus souvent à la maison comparativement à 41 % des conjoints de langue maternelle anglaise vivant avec une conjointe de langue française (données non montrées). Trente-cinq ans plus tard, en 2006, ces proportions étaient de 38 % et 41 % respectivement (données non montrées). En outre, en 2006, 5,6 % des conjointes et 4,4 % des conjoints de langue maternelle anglaise vivant au sein d'un couple exogame anglais-français ont déclaré parler et le français et l'anglais le plus souvent à la maison4.

 Tableau 3.2.1 Proportion des conjoints de langue maternelle autre que l'anglais qui peuvent soutenir une conversation en anglais et en français selon le type de couple, Québec, 1971 et 2006

3.3 La structure par âge

L'examen de l'évolution de la structure par âge de la population anglophone du Québec est instructif dans la mesure où il permet de mettre au jour une partie de l'histoire démographique passée de cette population tout en fournissant une indication de son évolution future. Entre 1971 et 2006, cette évolution est essentiellement le résultat de la diminution du taux de fécondité des femmes anglophones, d'un solde migratoire interprovincial négatif de la population de langue maternelle anglaise, et d'une hausse de l'immigration internationale. À tous ces phénomènes, vient s'ajouter une forte transmission de l'anglais comme langue maternelle aux enfants. Rappelons en effet que, au moment du Recensement de 2006, un peu plus de sept enfants de moins de 18 ans sur 10 issus de couples composés d'au moins un conjoint de langue maternelle anglaise s'étaient vu transmettre l'anglais comme langue maternelle. À Montréal, cette proportion se situait à 78 %.

Le graphique 3.3.1 permet de cerner l'évolution de la structure par âge de la population de langue maternelle anglaise au Québec. Nous avons déjà montré qu'entre 1971 et 2006 la population de ce groupe linguistique a connu une baisse de 23,0 % de son effectif (ou 181 670 personnes), passant ainsi de 788 835 à 607 165 personnes. La diminution de la population de langue maternelle anglaise a fortement touché les effectifs des cohortes âgées de moins de 35 ans du fait d'une baisse de la fécondité des femmes anglophones, en partie due à un taux de fécondité inférieur au seuil de remplacement des générations. La population de langue maternelle anglaise a certes bénéficié de l'immigration internationale en raison du fait qu'une part des enfants de mères de tierce langue maternelle se sont vus transmettre l'anglais comme langue maternelle. Par contre, ce phénomène n'a pu compenser la faible fécondité des femmes de langue maternelle anglaise. Par ailleurs, on observe une baisse des effectifs des personnes âgées de 35 à 64 ans et qui étaient âgées de moins de 30 ans en 1971 du fait d'une migration importante de la population de langue maternelle anglaise vers d'autres provinces et territoires. Toutefois, les gens âgés de 70 ans ou plus ont connu quant à eux une croissance de leur population en raison du vieillissement de la population et de l'allongement de l'espérance de vie.

En 2006, le nombre d'enfants âgés de moins de 5 ans (34 080) était plus faible que le nombre d'adultes âgés de 30 à 34 ans (35 977), l'âge moyen de fécondité, pour un rapport de 0,95. Par comparaison, en 1971 ce rapport était de 1,33 (soit 59 411 / 44 735). En outre, notons que sur le graphique 3.3.1, l'effectif de la génération des bébés-boomers (née entre 1946 et 1966), qui correspondait aux cohortes d'âges des 5 à 9 ans à 20 à 24 ans (305 540) en 1971, est beaucoup plus important que celui des cohortes âgées de 40 à 44 ans à 55 à 59 ans (172 313) 35 ans plus tard.

 Graphique 3.3.1 Structure par âge de la population de langue maternelle anglaise, Québec, 1971 et 2006

Toutes choses égales d'ailleurs, le faible effectif des plus jeunes générations en 2006, couplé au fait qu'au cours des prochaines décennies plusieurs cohortes franchiront le cap des plus de 65 ans, résultera en une structure par âge particulièrement âgée de la population de langue maternelle anglaise dans l'avenir.

Le vieillissement de la population de langue maternelle anglaise étant principalement le fait d'un faible taux de fécondité et d'un allongement progressif de l'espérance de vie, on peut présumer qu'il résulte également d'une non-transmission de la langue maternelle anglaise aux enfants. Nous venons en effet de montrer que le taux de transmission intergénérationnelle de l'anglais a chuté dans les familles composées de couples exogames anglais-français entre 1971 et 2006 : plus de la moitié (51 %) des enfants âgés de moins de 18 ans vivant au sein de ces familles s'étaient vus transmettre l'anglais comme langue maternelle en 1971 comparativement à un peu plus du tiers en 2006. C'est plutôt la transmission du français (56 %) aux enfants issus de ces couples exogames qui prévalait en 2006.

Prise dans son ensemble, la continuité linguistique intergénérationnelle a cependant favorisé la population anglophone au cours de cette période. Celle-ci se mesure en établissant le rapport du nombre d'enfants de langue maternelle anglaise âgés de moins de 5 ans à celui du nombre d'enfants dont la mère est de langue maternelle anglaise5. La transmission intergénérationnelle est favorable à la population de langue maternelle anglaise dans la mesure où cet indice de continuité intergénérationnelle est supérieur à 16. C'est le cas au Québec, où l'indice se situe à 1,22 en 2006, une hausse par rapport à 1971 alors qu'il était de 1,10 (données non montrées). En 2006, l'indice de continuité de l'anglais continue à être supérieur à celui du français (1,05) et à celui des tierces langues maternelles (0,72). En d'autres termes, bien que ce groupe ait un indice de fécondité soit égal soit inférieur à celui des groupes de langue maternelle française et tierce depuis 1991, l'indice de continuité linguistique intergénérationnelle plus élevé du groupe anglophone témoigne donc du fait que ce groupe bénéficie de l'apport de la mobilité linguistique intergénérationnelle des deux autres groupes.

En outre, la forte baisse des naissances qu'a connue le groupe de langue maternelle anglaise depuis 35 ans n'est pas unique à ce groupe linguistique. Le graphique 3.3.2 rend compte de la structure par âge des principaux groupes de langue maternelle en 2006. On constate que bien que la part relative des cohortes de moins de 25 ans du groupe de langue maternelle anglaise soit plus importante que l'est celle des deux autres groupes, les conséquences d'un indice de fécondité inférieur au seuil de remplacement des générations sont également apparentes chez ce groupe linguistique.

Notons par ailleurs que la surreprésentation du groupe de tierce langue maternelle parmi les cohortes âgées de 25 à 44 ans est principalement tributaire des politiques d'immigration qui ont tendance à favoriser l'immigration des personnes en âge de faire partie de la population active.

 Graphique 3.3.2 Structure par âge des populations de langue maternelle française, anglaise et autres, Québec, 2006 (taux pour 1 000)

Finalement, la structure par âge du groupe anglophone au Québec doit être également examinée à la lumière de l'information sur la première langue officielle parlée. Nous avons en effet montré que la population dont l'anglais est la première langue officielle parlée était de 995 000 comparativement à 607 000 pour ce qui est de la population de langue maternelle anglaise. Les statistiques présentées au graphique 3.3.3 montrent donc un effectif plus important des personnes de première langue officielle parlée (PLOP) anglaise parmi toutes les cohortes, avec des écarts toutefois plus importants chez les groupes d'âge de 25 à 29 ans à 45 à 49 ans. Cette dernière situation résulte notamment de la combinaison du solde migratoire négatif important de la population de langue maternelle anglaise au cours des années 1970 et 1980, phénomène que nous aborderons plus loin, et d'une forte représentation de la population active de tierce langue maternelle issue de l'immigration internationale au sein de ces groupes d'âge et dont l'anglais est la première langue officielle parlée.

 Graphique 3.3.3 Effectif des populations de langue maternelle anglaise et de première langue officielle parlée anglaise, Québec, 2006

Outre les conséquences du solde migratoire négatif des Québécois de langue maternelle anglaise, les écarts importants observés entre les effectifs des populations anglophones définies selon l'un ou l'autre critère résulte notamment de l'apport d'une population issue de l'immigration internationale de tierce langue maternelle qui soit ne connaît que l'anglais soit connaît le français et l'anglais, mais parle l'anglais le plus souvent à la maison. C'est vers une présentation de ce phénomène que nous nous tournons maintenant.

3.4 Les transferts linguistiques ou la mobilité linguistique intragénérationnelle

Les transferts linguistiques, aussi appelés parfois substitutions linguistiques, désignent le phénomène suivant lequel la principale langue d'usage au foyer est différente de la langue maternelle des individus. Ce phénomène de mobilité linguistique n'a pas d'incidence directe sur l'évolution des groupes linguistiques définis selon la langue maternelle. Toutefois, dans la mesure où la langue qui domine au foyer est habituellement celle qui est transmise aux enfants, elle influe donc à long terme sur le devenir des groupes linguistiques. En outre, lorsque le critère utilisé pour la définition des groupes linguistiques est celui de la première langue officielle parlée, la langue parlée le plus souvent à la maison a une influence directe sur l'effectif du groupe anglophone. Par exemple, selon ce critère, les personnes ayant une connaissance des deux langues officielles et qui ont soit le français et l'anglais, soit une tierce langue comme langue maternelle font partie du groupe de langue anglaise s'ils parlent l'anglais le plus souvent au foyer7.

Au fil des recensements, on a pu constater une légère augmentation des transferts linguistiques chez les personnes de langue maternelle anglaise au Québec. Ainsi, en 1971, environ 7,5 % des Québécois dont l'anglais était la langue maternelle déclaraient parler une autre langue, essentiellement le français, le plus souvent à la maison. Trente-cinq ans plus tard, 10,6 % des personnes de langue maternelle anglaise déclaraient parler une autre langue que l'anglais le plus souvent au foyer. Plus faible chez les personnes de langue maternelle française, la proportion de transferts linguistiques est restée à peu près stable, variant de 1,6 % en 1971 à 1,3 % en 2006. Chez les personnes de tierce langue maternelle, les transferts linguistiques sont proportionnellement beaucoup plus nombreux : ils ont d'abord légèrement diminué entre 1971 et 1981, passant de 31,9 % à 29,8 %, pour ensuite s'accroître graduellement et atteindre 37,4 % en 2006.

 Tableau 3.4.1 Taux de transferts linguistiques selon la langue maternelle, Québec, 1971 à 2006

Un indice de continuité linguistique peut également être utilisé comme corollaire du taux de transfert linguistique. Cet indice représente le rapport de l'effectif de personnes d'une langue d'usage donnée (au foyer) à l'effectif des personnes de langue maternelle correspondante. Lorsque cet indice est supérieur à 1, cela signifie que ce groupe ressort gagnant des échanges avec les autres groupes linguistiques alors qu'un indice inférieur à 1 signifie une situation défavorable au groupe en question.

À la lumière des statistiques présentées au tableau 3.4.2, on constate que le groupe de langue maternelle française a vu son indice de continuité linguistique passer de 1,00 à 1,03 entre 1971 et 2006 alors que celui du groupe anglophone passait de 1,13 à 1,30. Cette hausse de l'indice de continuité linguistique cache toutefois la décroissance de la population québécoise de langue maternelle anglaise au cours de cette période. Une forte partie de cette hausse de l'indice s'explique en effet par une diminution plus importante de l'effectif des personnes de langue maternelle anglaise (diminution de 182 000 personnes au cours de la période observée) que celle de l'effectif des personnes dont l'anglais est la principale langue d'usage à la maison (diminution de 100 000 personnes pour la même période). En d'autres termes, depuis 1971 la variation de l'indice de continuité linguistique des anglophones a été influencée à la fois par l'évolution des transferts linguistiques vers l'anglais ou le français et par un solde migratoire interprovincial négatif de la population de langue maternelle anglaise.

 Tableau 3.4.2 Population selon la langue maternelle, la langue parlée le plus souvent à la maison et indice de continuité linguistique, Québec, 1971 et 2006

L'indice de continuité de 1,30 du groupe de langue maternelle anglaise prend par ailleurs en compte le fait qu'au Québec 175 300 personnes ont une tierce langue maternelle et parlent l'anglais le plus souvent à la maison (tableau 3.4.3). De même, il tient compte à la fois du fait que plus de 74 000 personnes de langue maternelle française ont l'anglais comme principale langue d'usage au foyer et que près de 60 000 personnes de langue maternelle anglaise parlent le français le plus souvent à la maison.

 Tableau 3.4.3 Population selon la langue maternelle et la langue parlée le plus souvent à la maison, et indice de continuité linguistique, Québec, 2006

En raison du fait que la principale langue d'usage d'un individu à la maison diffère de sa langue maternelle, la notion de transfert linguistique a souvent été perçue comme un phénomène désignant l'abandon de la langue maternelle. Or, depuis 2001, le recensement canadien comporte une question sur les langues autres que la langue principale qui sont parlées de façon régulière au foyer. Bien qu'il puisse être difficile de juger de la façon dont les répondants interprètent cette nouvelle question, des tests qualitatifs effectués auprès de répondants ainsi que les résultats de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) ont montré que ceux-ci y associaient habituellement une utilisation quotidienne de cette langue.

Les résultats du recensement sur cette question permettent de distinguer le phénomène du transfert linguistique partiel de celui du transfert linguistique complet. Par le fait même, le corollaire de cette distinction amène à nuancer la notion de continuité linguistique dans la mesure où l'utilisation régulière de sa langue maternelle au foyer ne peut être interprétée comme une discontinuité d'usage linguistique.

En 2006, plus de 744 000 Québécois parlaient l'anglais comme seule langue principale à la maison alors que près de 91 000 personnes déclaraient parler cette langue le plus souvent en combinaison avec le français ou une tierce langue (tableau 3.4.4). Ainsi, ce sont 11,2 % des Québécois qui ont déclaré avoir l'anglais comme langue principale au foyer. Les données tirées du Recensement de 2006 révèlent également que plus de 439 000 personnes ont déclaré parler régulièrement l'anglais à la maison, bien qu'elle ne soit pas leur principale langue d'usage (tableau 3.4.5). En somme, l'anglais est parlé le plus souvent ou régulièrement au foyer par 17,1 % de la population.

 Tableau 3.4.4 Population selon la langue maternelle, la langue parlée le plus souvent à la maison et les autres langues parlées régulièrement à la maison, Québec, 2006

 Tableau 3.4.5 Effectif et proportion de la population ayant l'anglais en tant que langue maternelle, première langue officielle parlée, langue parlée le plus souvent à la maison et langue parlée régulièrement à la maison, Québec, 2006

L'information sur l'utilisation régulière de l'anglais comme langue secondaire au foyer permet de distinguer les transferts linguistiques complets des transferts linguistiques partiels. Ainsi, en se fondant sur les réponses uniques à la question sur la première langue apprise et encore comprise au moment du Recensement de 2006 (communément appelée langue maternelle), on constate au tableau 3.4.6 que, pour l'ensemble du Québec, 4,7 % des personnes dont l'anglais est la langue maternelle n'utilisent pas cette langue au moins régulièrement à la maison (transfert complet) alors que 5,9 % en font un usage régulier (transfert partiel).

Nous avons déjà montré à la section 2.3 que les anglophones sont assez concentrés sur le territoire québécois et que, par conséquent, leurs comportements linguistiques sont influencés par la part relative qu'ils représentent au sein de leur milieu. Par exemple, on constate que le taux de transferts linguistiques dans la région de Montréal est de 7,6 %, dont 3,3 % de transferts complets et 4,3 % de transferts partiels8. À l'opposé, dans la région de Québec et ses environs, où les quelque 17 000 anglophones représentent à peine plus de 1 % de la population, le taux de transfert linguistique est de 50 %, dont 25 % de transferts complets. De même, en raison de leur niveau élevé de concentration régionale, en particulier au sein de leur municipalité de résidence, les anglophones de la région Est de la province affichent un taux de transfert linguistique particulièrement faible, soit 14,6 % (dont 8,1 % de transferts partiels).

 Tableau 3.4.6 Taux de transferts linguistiques complets et partiels selon la région, personnes de langue maternelle anglaise, Québec, 2006

Chez les anglophones du Québec, on observe certaines variations des taux de transferts linguistiques selon le groupe d'âge (tableau 3.4.7). Ainsi, les jeunes de moins de 15 ans affichent une propension légèrement plus élevée à parler l'anglais le plus souvent à la maison que les anglophones des autres groupes d'âge. De fait, les trajectoires linguistiques des anglophones qui vivent en milieu minoritaire sont influencées par leurs trajectoires de vie (le type d'institution d'enseignement fréquentée, la langue principale des amis, le milieu de travail, le groupe linguistique du conjoint, etc.). Les statistiques du Recensement de 2006 révèlent que les anglophones les plus susceptibles d'avoir effectué un transfert linguistique complet sont ceux qui appartiennent aux groupes les plus âgés. Toutefois, c'est dans les groupes d'âge mitoyens (25 à 64 ans) que les transferts partiels sont proportionnellement les plus nombreux (entre 7 et 8 %). Par conséquent, l'anglais n'est pas la langue d'usage principale au foyer pour un peu plus d'un anglophone sur dix âgé de 25 ans ou plus.

 Tableau 3.4.7 Taux de transferts linguistiques complets et partiels selon le groupe d'âge, personnes de langue maternelle anglaise, Québec, 2006

Les données tirées de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) permettent d'enrichir l'analyse du phénomène des transferts linguistiques. L'enquête comprend en effet une question sur la langue principale des répondants, c'est-à-dire celle dans laquelle ils sont le plus à l'aise pour parler. À la lumière des résultats présentés au tableau 3.4.8 relativement à la population dont l'anglais est la première langue officielle parlée, on constate que la vaste majorité des anglophones ont soit l'anglais soit les deux langues officielles comme langue principale. De plus, ces proportions varient selon la région de résidence et, par conséquent, la proportion que représentent les anglophones dans leur municipalité.

 Tableau 3.4.8 Langue principale des Anglos-Québécois dont l'anglais est la seule première langue officielle parlée selon la région de résidence, Québec, 2006

Concernant la langue principale, il est pertinent de distinguer les personnes qui ont à la fois le français et l'anglais de celles qui ont seulement l'anglais comme première langue officielle parlée9 (tableau 3.4.9). Alors que ces derniers ont presque tous l'anglais comme langue principale (92 %), les personnes ayant et le français et l'anglais en tant que premières langues officielles parlées ont déclaré avoir le français ou l'anglais comme langue principale dans une proportion à peu près équivalente (40 % pour l'anglais et 45 % pour le français)10 et 15 % ont déclaré être à l'aise pour parler autant en anglais qu'en français.

 Tableau 3.4.9 Langue principale des Anglos-Québécois selon la première langue officielle parlée, Québec, 2006

En comparant les statistiques présentées dans le tableau 3.4.8 à celles portant sur les transferts linguistiques (tableau 3.4.6), on constate que, dans l'ensemble du Québec et dans plusieurs régions, une proportion plus importante d'anglophones déclarent parler français le plus souvent à la maison (transferts linguistiques complets et partiels) que celle des anglophones qui déclarent être plus à l'aise en français qu'en anglais11. Par exemple, 27 % des anglophones de la région de Québec et ses environs ont déclaré être plus à l'aise en français qu'en anglais alors que 50 % déclarent parler le français le plus souvent à la maison. À Montréal et en Outaouais, la proportion d'anglophones qui déclarent être plus à l'aise en français est cependant assez semblable à la proportion de transferts linguistiques.

Enfin, nous avons vu plus haut que les transferts linguistiques sont proportionnellement plus nombreux, au Québec, chez les personnes de tierces langues maternelles que chez les anglophones ou les francophones. Alors que dans les autres provinces, ils sont principalement orientés vers l'anglais, les transferts linguistiques des allophones du Québec sont partagés entre le français et l'anglais. En effet, en 2006, 50 % des allophones qui ont effectué un transfert linguistique utilisent principalement le français à la maison alors que 48 % d'entre eux utilisent principalement l'anglais.

Le portrait se présente différemment si l'on distingue, chez ces allophones qui ont effectué un transfert linguistique, les immigrants des Canadiens de naissance. En effet, 39 % des transferts linguistiques des immigrants sont orientés vers l'anglais, comparativement à 64 % chez les non-immigrants. De plus, on observe des orientations différentes chez les immigrants selon la période d'immigration : 74 % des transferts linguistiques chez les allophones ayant immigré avant 196112 sont orientés vers l'anglais, comparativement à 53 % pour ceux ayant immigré de 1961 à 1975, 30 % pour ceux ayant immigré de 1976 à 1990 et 26 % pour ceux ayant immigré de 1991 à 200613.

 Graphique 3.4.1 Orientation des transferts linguistiques chez les personnes de tierce langue maternelle (qui ont effectué un transfert linguistique vers le français et/ou l'anglais), selon le statut d'immigrant et la période d'immigration, Québec, 2006

En ce qui a trait aux non-immigrants, l'orientation des transferts linguistiques varie beaucoup selon le groupe d'âge. L'orientation vers l'anglais est plus importante dans les catégories d'âge mitoyennes, particulièrement chez les personnes âgées de 35 à 44 ans, où 83 % des transferts sont orientés vers l'anglais. Chez les personnes âgées de 0 à 14 ans, 47 % des transferts linguistiques sont orientés vers l'anglais, comparativement à 55 % chez les personnes de 65 ans et plus.

 Graphique 3.4.2 Orientation des transferts linguistiques chez les non immigrants de tierces langues maternelles (qui ont effectué un transfert linguistique), selon le groupe d'âge, Québec, 2006

3.5 Usage de l'anglais et du français dans la sphère publique

À la lumière de l'information présentée jusqu'à maintenant, nous avons vu que les anglophones du Québec font grand usage de l'anglais au foyer et qu'ils transmettent cette langue à leurs enfants dans une forte proportion. En outre, les statistiques tirées du recensement de la population permettent de faire état de l'utilisation des langues dans la sphère privée (au foyer) et, comme nous le verrons à la section portant sur la population active, sur l'utilisation des langues en milieu de travail. Mais que savons-nous de l'utilisation de l'anglais et du français par les Anglo-Québécois, en particulier ceux ayant une tierce langue maternelle, dans des domaines d'interaction autres que celui du foyer ?

L'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle comporte de nombreuses questions sur l'utilisation des langues dans divers domaines de la sphère publique tels les commerces, les institutions du système de santé (que nous aborderons plus en détail à la section suivante), les activités de bénévolat, de soutien social, les activités communautaires ou sportives, etc. Certaines questions de l'enquête portent également sur des domaines qui se situent à la frontière des sphères privée et publique tels, par exemple, la langue parlée avec les amis à l'extérieur du foyer ou la langue dans laquelle on « consomme » divers médias.

L'examen des pratiques linguistiques dans divers domaines des sphères publique et privée révèle que la population dont la première langue officielle parlée est l'anglais et celle ayant et l'anglais et le français comme premières langues officielles parlées se démarquent l'une de l'autre (voir graphiques 3.5.1-a et 3.5.1-b). Chez la population de langue anglaise, on constate en effet une nette prédominance de l'anglais dans les deux sphères. Chez la population de double première langue officielle parlée (PLOP), l'anglais est le plus souvent utilisé dans la consommation de médias, alors que c'est le français qui l'est dans la sphère publique et une tierce langue à la maison. Toutefois, on observe dans tous les domaines une utilisation assez importante de l'anglais et du français par la population de PLOP anglais-français.

Le graphique 3.5.1-a rend compte du fait que dans tous les domaines des sphères privée et publique l'utilisation de l'anglais est la langue la plus souvent utilisée chez les personnes dont la première langue officielle parlée est l'anglais (PLOP Anglais). Bien que l'utilisation quasi exclusive de l'anglais au foyer ait été déclarée par 80 % d'entre eux, 10 % y parlant le plus souvent une tierce langue, c'est dans la consommation des médias que l'usage de cette langue est le plus répandu. Ainsi, 97 % de la population de PLOP anglais utilise cette langue le plus souvent (seul ou avec une autre langue) alors que 53 % l'utilise de façon exclusive. L'anglais est également parlé le plus souvent avec les amis dans une proportion de 87 %.

Outre les choix linguistiques dans la consommation des médias et les langues utilisées avec les amis à l'extérieur du foyer, le degré d'utilisation de l'anglais au sein des réseaux immédiats, du milieu de travail et dans les interactions avec les représentants des institutions et des commerces est assez similaire. Alors que près de 60 % des anglophones y font une utilisation prédominante de cette langue au sein des réseaux immédiats ou dans les institutions et commerces, cette proportion est de 53 % au travail. En outre, près de 20 % de cette population a déclaré faire usage de l'anglais à égalité avec le français dans ces trois domaines de l'espace public. Au travail, les données de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) révèlent que près de 25 % des personnes dont l'anglais est l'unique première langue officielle parlée font surtout ou seulement usage du français. Cette proportion atteint environ 20 % dans les réseaux immédiats et dans les interactions avec les représentants des institutions et dans les commerces.

Comme en témoignage le graphique 3.5.1-b, la population de double langue officielle, soit celle ayant et le français et l'anglais comme PLOP, fait un usage assez diversifié des langues dans les sphères privée et publique. Chez cette population, la consommation de médias en anglais est très répandue : plus de trois personnes sur quatre utilisent le plus souvent l'anglais (seul ou avec une autre langue) dans ce domaine, dont 47 % de façon prédominante14. On observe par ailleurs que le français est utilisé le plus souvent par 53 % des personnes de PLOP français-anglais dans la consommation des médias.

En ce qui a trait aux pratiques linguistiques dans les autres domaines parmi la population ayant le français et l'anglais comme PLOP, le français (seul ou avec une autre langue) est utilisé le plus souvent par plus de 3 personnes sur 4 dans la sphère publique : 80 % dans les institutions et les commerces, 79 % avec le réseau immédiat et 76 % au travail. En contrepartie, dans ces domaines l'usage et de l'anglais et du français est assez répandu : dans les institutions et les commerces (21 %), au travail et au sein du réseau immédiat (environ 30 %). Notons qu'au sein de cette sous-population, c'est l'utilisation d'une tierce langue qui prédomine comme langue unique à la maison (56 %) alors que l'anglais (seul ou avec le français) y est parlé dans une proportion de 31 % et le français (seul ou avec l'anglais) dans 35 % des cas.

 Graphique 3.5.1-a Proportion de la population ayant l'anglais seulement comme première langue officielle parlée selon l'utilisation des langues dans divers domaines des sphères publique et privée, Québec, 2006

 Graphique 3.5.1-b Proportion de la population ayant le français et l'anglais comme premières langues officielles parlées selon l'utilisation des langues dans divers domaines des sphères publique et privée, Québec, 2006

L'utilisation de l'anglais dans l'ensemble des domaines de la sphère publique (médias, institutions et commerces, travail, réseau immédiat et amis à l'extérieur du foyer) varie non seulement selon la première langue officielle de la population, mais aussi selon la région de résidence. Les données du graphique 3.5.2 révèlent que, à l'échelle de la province, 91 % de la population dont l'anglais est la seule première langue officielle parlée (PLOP Anglais) utilise l'anglais le plus souvent (seul ou avec une autre langue) dans la sphère publique.15 On observe également une forte utilisation de cette langue dans la plupart des régions de la province, soit 95 % à Montréal, 92 % dans l'Outaouais, 86 % en Estrie et Sud du Québec et 78 % dans l'Est de la province. Inversement, c'est l'usage du français qui prédomine dans la région de Québec et ses environs. De fait, l'anglais est utilisé le plus souvent dans la sphère publique, seul ou avec une autre langue, par environ 40 % des anglophones de cette région, dont à peine plus de 15 % l'utilisant de façon prédominante. Par ailleurs, l'anglais et le français sont tous deux utilisés par environ un anglophone sur quatre dans trois régions de la province, soit l'Estrie et Sud du Québec, Québec et ses environs et le « Reste » de la province.

En raison du fait que la population québécoise ayant et l'anglais et le français comme première langue officielle parlée réside essentiellement dans la région de Montréal, il est instructif d'examiner la mesure selon laquelle la principale langue d'usage dans la sphère publique diffère de celle observée parmi la population dont l'anglais est la seule première langue officielle parlée. Ainsi, alors que l'anglais prédomine chez ces derniers dans une proportion de 76 %, ce n'est le cas que de 25 % de ceux de double première langue officielle. Ceux-ci y font un usage quasi exclusif du français dans une proportion de près de 38 % et un usage égal de l'anglais et du français dans une proportion de 37 %.

 Graphique 3.5.2 Proportion de la population ayant l'anglais seulement comme première langue officielle parlée selon l'indice général d'utilisation des langues dans divers domaines de la sphère publique, Québec et ses régions, 2006

3.6 Connaissance de l'anglais

En raison du statut de l'anglais et de la prédominance de cette langue au Canada et à l'échelle de l'Amérique du Nord, une proportion importante de la population québécoise déclare être en mesure de soutenir une conversation en anglais. En 2006, bien que seulement 8,2 % de la population québécoise ait l'anglais comme langue maternelle et que 13,4 % ait l'anglais comme première langue officielle parlée, 45,1 % de la population québécoise a déclaré pouvoir soutenir une conversation dans cette langue. Chez les Québécois de langue maternelle française, cette proportion était de 36,1 % et de 67,5 % parmi celle de tierce langue maternelle.

Le taux de bilinguisme anglais-français au sein de la population québécoise est resté à peu près stable variant de 40,8 % en 2001 à 40,6 % en 2006. On note toutefois des gains seulement chez les personnes de langue maternelle anglaise. Chez ces dernières, le taux est passé de 67,2 % en 2001 à 69,8 % en 2006. Parallèlement, on observe que le taux de bilinguisme chez les francophones et les allophones est demeuré à peu près stable.

 Tableau 3.6.1 Connaissance des langues officielles selon la langue maternelle, Québec, 2001 et 2006

La capacité de soutenir une conversation en anglais chez les personnes dont l'anglais n'est pas la première langue officielle parlée dépend de plusieurs facteurs, dont l'intérêt d'apprendre la langue, l'importance, l'utilité et le statut perçus de cette langue. En outre, les caractéristiques démographiques de la population considérée ainsi que le contexte démolinguistique, dont la concentration géographique des personnes de langue anglaise, y jouent un rôle prépondérant. Les graphiques 3.6.1 et 3.6.2 permettent ainsi de constater que la capacité de soutenir une conversation en anglais par les non-anglophones dépend grandement de la région où ils habitent et, par conséquent, de la proportion qu'y représente la population de langue anglaise.

En raison de la forte concentration des anglophones dans la région de Montréal et de la proximité de l'Ontario dans le cas de l'Outaouais, les proportions de non-anglophones pouvant soutenir une conversation en anglais y sont plus élevées. À l'échelle du Québec, plus du tiers des non-anglophones peuvent soutenir une conversation en anglais. Cette proportion est de 60 % dans la région de l'Outaouais, 47 % à Montréal et 35 % dans la région de l'Estrie et Sud du Québec. Dans la région de Québec et ses environs et dans le Reste de la province, environ une personne sur quatre peut soutenir une conversation en anglais, alors que c'est le cas de seulement 17 % de la population non anglophone dans la région de l'Est.

 Graphique 3.6.1 Taux de bilinguisme français et anglais chez les personnes ayant le français seulement comme première langue officielle parlée selon la région, Québec, 2006

Nous avons en outre déjà montré que les anglophones qui résident dans la Région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal sont surtout concentrés sur l'île de Montréal, en particulier dans sa partie ouest. La proportion de non-anglophones pouvant soutenir une conversation en anglais sur le territoire de l'île de Montréal atteint 54 %. De fait, une autre façon de mettre en évidence le lien entre le lieu de résidence et la connaissance de l'anglais chez les non-anglophones consiste à présenter les statistiques selon le poids relatif de la minorité anglophone au sein de la municipalité de résidence. Les données du graphique 3.6.2 révèlent que, à une exception près, plus la part relative des anglophones au sein de leur municipalité est grande, plus élevée sera la connaissance de l'anglais chez les francophones. Ainsi, dans les municipalités où les anglophones représentent moins de 10 % de la population, le taux de bilinguisme français-anglais chez les non-anglophones est d'un peu plus de 28 % alors que dans les municipalités où les anglophones représentent 70 % ou plus de la population, le niveau de connaissance de l'anglais par les non-anglophones atteint près de 82 %.

 Graphique 3.6.2 Taux de bilinguisme français et anglais chez les personnes ayant le français seulement comme première langue officielle parlée selon la proportion que représente les anglophones au sein de la municipalité de résidence, Québec, 2006

Les données du graphique 3.6.3 révèlent que, à l'exception des personnes de plus de 80 ans, le bilinguisme anglais-français chez les non-anglophones est plus répandu chez les personnes de tierce langue maternelle que chez celles de langue maternelle française. Chez les jeunes allophones, le taux de bilinguisme anglais-français s'accroît d'un groupe d'âge à l'autre pour atteindre 68,8 % chez les 15 à 19 ans, âge qui correspond à la fin des études secondaires et collégiales. S'ensuit une baisse graduelle du taux pour atteindre 21,3 % chez les plus de 90 ans. Pour ce qui est des francophones, la connaissance de l'anglais augmente d'un groupe à l'autre et atteint un plateau à environ 51 % au sein des groupes d'âge de 20 à 34 ans, un âge généralement associé à l'entrée sur le marché du travail. À cet égard, notons que les exigences du marché du travail jouent sans doute un rôle déterminant dans l'apprentissage intensif de l'anglais comme langue seconde, le taux de bilinguisme des francophones faisant partie de la population active étant supérieur à celui observé chez ceux ne faisant pas partie de cette population.

 Graphique 3.6.3 Proportion des personnes pouvant soutenir une conversation en français et en anglais, selon le groupe d'âge et la langue maternelle française ou tierce, Québec, 2006

3.7 Migration (mouvements migratoires interprovinciaux et internationaux)

La mobilité des anglophones à l'intérieur du Canada ainsi que l'apport de l'immigration internationale sont des facteurs d'influence importants sur l'évolution de la population de langue anglaise du Québec.

3.7.1 Lieu de naissance

Le tableau 3.7.1 rend compte du lieu de naissance des anglophones du Québec. En 2006, plus de 68 % des personnes de langue maternelle anglaise étaient nés au Québec, comparativement à près de 57 % de celles dont l'anglais est la première langue officielle parlée. Selon le critère adopté, la proportion d'anglophones du Québec nés dans une autre province ou un territoire du Canada se situait entre 13 % et 18 %, dont la très grande majorité en provenance de l'Ontario. Quant aux personnes nées à l'étranger, des immigrants pour la plupart16, ils composaient 14 % de la population de langue maternelle anglaise et 31 % de celle dont l'anglais est la première langue officielle parlée.

 Tableau 3.7.1 Lieu de naissance des anglophones selon la langue maternelle et la première langue officielle parlée, Québec, 2006

Le lieu de naissance de la population de première langue officielle parlée (PLOP) anglaise varie considérablement selon la région de résidence. On note au graphique 3.7.1 que seul un tiers des anglophones de l'Outaouais et un peu plus de la moitié de ceux résidant dans les régions de Montréal et de Québec et ses environs sont nés sur le territoire québécois, alors que dans les autres régions de la province cette proportion est beaucoup plus élevée, soit de 70 % et plus. C'est en Outaouais, région limitrophe d'Ottawa, qu'on retrouve la plus forte proportion d'anglophones nés dans une autre province, soit 49 %, alors que dans les autres régions cette proportion varie entre 8 % et 23 %. Pour ce qui est de la population née à l'étranger, celle de langue anglaise tend à se diriger principalement vers les grands centres urbains. De fait, cette population immigrée est beaucoup plus concentrée dans les régions de Montréal (40 %) et de Québec et ses environs (26 %), que dans le reste des régions du Québec, où les proportions fluctuent entre 4 % et 17 %.

 Graphique 3.7.1 Lieu de naissance des personnes ayant l'anglais comme première langue officielle parlée selon la région, Québec, 2006

3.7.2 Immigration internationale

Au cours des trente-cinq dernières années, la proportion d'immigrants au Canada qui résident au Québec est restée à peu près stable, variant de 14,2 % en 1971 à 13,8 % en 2006 (tableau 3.7.2.1). On observe cependant une diminution du poids relatif de la population immigrée n'ayant que l'anglais comme première langue officielle parlée au Québec au sein de l'ensemble des immigrants de langue anglaise au Canada : 8,5 % en 1971 comparativement à 4,9 % en 2006. En raison de la diminution importante de la proportion d'immigrants en provenance de l'Europe au profit de ceux en provenance des autres régions du monde, on note également une baisse de la proportion de la population immigrée n'ayant que l'anglais comme première langue officielle parlée au sein de la population immigrée du Québec, passant de 51,5 % en 1971 et 29,1 % en 2006. À l'inverse, la proportion que représente la population immigrée ayant et l'anglais et le français comme premières langues officielles parlées au sein de la population immigrée au Québec s'est accrue de 10,7 % à 17,6 % au cours de cette même période.

Au Québec, la proportion d'immigrants varie énormément d'un groupe linguistique à l'autre. C'est parmi la population ayant et l'anglais et le français comme premières langues officielles parlées (PLOP) que les immigrants sont proportionnellement les plus nombreux, 73,8 % en 1971 contre 68,6 % en 2006, alors qu'au sein de la population dont l'anglais est la seule première langue officielle parlée ces proportions sont de 25,2 % et 28,0 % respectivement. En ce qui concerne le groupe de français seulement, la part qu'y représentent les immigrants a peu varié puisqu'elle était de 2,8 % en 1971 et de 6,6 % 35 ans plus tard.

 Tableau 3.7.2.1 Effectifs, proportions et part relative des immigrants de langue française et de langue anglaise, Québec, 1971 à 2006

La population immigrante anglophone au Québec est originaire de divers pays. Cependant, une forte proportion de ces immigrants proviennent d'un petit nombre de pays. Le tableau 3.7.2.2 présente les principaux pays d'origine des immigrants qui résident au Québec. On y observe que l'Italie, la République populaire de Chine et les États-Unis sont les pays d'où provient le plus grand nombre d'immigrants de langue anglaise. Les douze pays présentés dans ce tableau sont les pays sources de 56 % de l'immigration de langue anglaise au Québec. Près de la moitié (46,1 % des immigrants anglophones proviennent de deux continents, soit de l'Europe (24,3 %) et de l'Asie (22,1 %).

 Tableau 3.7.2.2 Principaux pays d'origine des immigrants de langue anglaise, Québec, 2006

3.7.3 Migration interprovinciale

Depuis 1976, les anglophones ayant l'anglais comme première langue officielle parlée au Québec ont connu d'importantes pertes migratoires au profit d'autres provinces et territoires (voir le tableau 3.7.3)17. La migration de cette population du Québec vers les autres provinces et territoires a culminé au cours du lustre 1976 à 1981 : plus de 151 000 personnes ont quitté le Québec, alors que seulement un peu plus de 28 000 personnes sont venues s'y installer, pour un solde net négatif d'un peu plus de 123 000 personnes. Durant cette même période, la perte migratoire de la population dont le français est la première langue officielle parlée (18 000) était bien inférieure. À partir de 1981 à 1986, on a observé une diminution du nombre d'anglophones qui ont quitté le Québec, pour atteindre 50 000 personnes au cours du lustre 2001 à 2006, soit un tiers du nombre de départs de la période 1976 à 1981. Parallèlement, le solde migratoire négatif de la population anglophone a également diminué, affichant 16 000 personnes au cours de la période 2001 à 2006. En outre, non seulement 24 000 anglophones de moins ont quitté le Québec vers les autres provinces entre 2001 et 2006 que lors de la période quinquennale précédente, mais 4 500 anglophones de plus ont quitté les autres provinces vers le Québec entre 2001 et 2006 comparativement à la période précédente. Le solde migratoire négatif des anglophones a ainsi connu un ralentissement de 64 %, soit une variation supérieure à celle observée entre les périodes 1976 à 1981 et 1981-1986 laquelle avait été de 59 %. Fait digne de mention, 40 % de l'ensemble des anglophones du Canada nés au Québec et ayant l'anglais comme première langue officielle parlée résidaient à l'extérieur de cette province en 2006 : 27 % d'entre eux résidaient en Ontario et 14 % ailleurs au Canada (données non montrées).

 Tableau 3.7.3 Migration interprovinciale entre le Québec et les autres provinces et territoires selon la première langue officielle parlée, 1976 à 1981, 1981 à 1986, 1986 à 1991, 1991 à 1996, 1996 à 2001 et 2001 à 2006

Les graphiques 3.7.3.1 et 3.7.3.2 rendent compte des mouvements migratoires entre le Québec et les autres provinces et territoires entre 2001 et 2006. On y constate que parmi les quelque 34 000 anglophones qui sont venus s'établir au Québec en provenance des autres provinces et territoires, près des deux tiers (66 %) résidaient en Ontario en 2001. Le reste des anglophones provenaient principalement de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. De même, parmi les quelque 50 000 anglophones qui vivaient au Québec en 2001 et qui ont migré vers d'autres provinces, près des deux tiers (65 %) sont allés s'établir en Ontario alors que le reste des anglophones ont choisi principalement la Colombie-Britannique et l'Alberta.

 Graphique 3.7.3.1 Provenance des anglophones qui vivaient dans d'autres provinces et territoires en 2001 et qui sont venus s'établir au Québec entre 2001 et 2006

 Graphique 3.7.3.2 Destination des anglophones qui ont quitté le Québec entre 2001 et 2006

La mobilité géographique des anglophones du Québec, celle des jeunes en particulier, vers les autres provinces canadiennes a fait l'objet de nombreux écrits et constitue une problématique qui préoccupe de nombreux acteurs au sein des communautés anglophones du Québec18. À cet égard, l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) comporte un module sur la mobilité des minorités de langue officielle et, notamment, sur les intentions de quitter la province de résidence au cours des cinq prochaines années. Le graphique 3.7.3.3 rend compte du fait que l'intention de déménager hors du Québec est particulièrement marquée chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans comparativement à celle des anglophones des autres groupes d'âge. Ainsi, près d'un jeune anglophone sur quatre déclare une telle intention comparativement à un adulte sur dix chez les adultes de 25 à 44 ans ou chez ceux de 45 à 64 ans.

Parmi la population des jeunes anglophones âgés de 18 à 24 ans, l'intention de quitter la province varie selon qu'on habite Montréal ou une autre région de la province. Les données de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) révèlent en effet que si 21 % des jeunes anglophones de Montréal prévoient quitter la province au cours des cinq prochaines années, cette proportion atteint 29 % en Outaouais, 25 % en Estrie et dans le Sud du Québec et environ 40 % dans le « Reste de la province ».

Parmi les jeunes ayant déclaré une telle intention de déménager, 35 % ont mentionné l'Ontario comme principale province de destination, alors que 12 % ont mentionné la Colombie-Britannique comme destination de prédilection et 24 % l'extérieur du pays. Enfin, parmi les raisons identifiées par les jeunes anglophones pour justifier leur intention de quitter le Québec au cours des cinq prochaines années, près d'un jeune sur deux a mentionné des raisons professionnelles, 19 % des raisons liées aux études et près de 14 % des raisons liées au fait de se retrouver dans un environnement plus anglophone.

 Graphique 3.7.3.3 Pourcentage des adultes anglophones (première langue officielle parlée) qui ont l'intention de déménager du Québec au cours des cinq prochaines années selon le groupe d'âge, Québec, 2006


Notes

  1. La transmission d'une langue se fait aussi bien entendu des pères aux enfants, mais c'est habituellement celle de la mère qui prédomine.
  2. Notons qu'au moment du Recensement de 1981, 43,8 % des enfants issus de couples exogames anglais-français s'étaient vus transmettre l'anglais alors que 6 % s'étaient vus transmettre et l'anglais et le français comme langues maternelles.
  3. Rappelons qu'en raison du fait que les réponses multiples n'étaient pas saisies lors du Recensement de 1971, on ne peut comparer l'évolution de la transmission de l'anglais et du français en tant que double langue maternelle.
  4. Voir note précédente.
  5. Pour ce faire, les démographes considèrent généralement les enfants vivant dans une famille biparentale ou monoparentale dirigée par une femme, lesquels représentent plus de 97 % de l'ensemble des enfants de ce groupe d'âge.
  6. Pour un examen approfondi de cette approche, se référer à Lachapelle et Lepage, Les langues au Canada : Recensement de 2006, Statistique Canada et Patrimoine canadien (à paraître).
  7. Rappelons que les personnes de tierce langue maternelle qui ne connaissent que l'anglais se voient attribuer l'anglais en tant que première langue officielle parlée, peu importe qu'elles parlent ou non cette langue le plus souvent à la maison.
  8. La somme des proportions associées aux transferts complets et partiels au tableau 3.4.6 est légèrement différente en raison de l'arrondissement des valeurs associées à chacune de ces deux variables.
  9. Dans plusieurs analyses, les personnes qui ont à la fois le français et l'anglais comme première langue officielle parlée sont réparties également entre les catégories « français » et « anglais », comme c'est le cas dans le tableau 3.4.8. Au Québec, ces personnes sont principalement concentrées dans la région de Montréal. Il s'agit généralement de personnes de tierces langues maternelles qui peuvent soutenir une conversation tant en français qu'en anglais.
  10. La différence n'est pas statistiquement significative.
  11. Ce constat vaut pour la population ayant l'anglais tant comme langue maternelle que comme première langue officielle parlée.
  12. Plus précisément, il s'agit des allophones qui ont immigré au Canada avant 1961 et qui résidaient au Québec en 2006 au moment du recensement. Il en va de même pour les périodes d'immigrations subséquentes.
  13. Ces observations reposent sur plusieurs phénomènes qui en rendent l'interprétation délicate. Non seulement y prend-on en compte l'effet de la durée, mais la composition de l'immigration peut varier d'une période à l'autre (effet de période), tout comme l'âge des immigrants lors de l'arrivée (effet de cohorte). Par exemple, on ne sait pas si les transferts linguistiques observés ont été effectués avant
    ou après l'arrivée au Canada. Les transferts linguistiques ont aussi pu avoir lieu dans une autre province, avant l'établissement au Québec.
  14. L'expression « Le plus souvent » inclut les déclarations de plus d'une langue alors que le vocable « prédominant » n'inclut que les déclarations où une seule langue est déclarée.
  15. Se référer à l'Annexe C pour une description de l'indice général d'utilisation des langues dans la sphère publique.
  16. Les personnes nées à l'étranger comprennent les immigrants, les résidents non permanents et les Canadiens de naissance nés à l'étranger.
  17. L'annexe E présente le même tableau en utilisant le critère de la langue maternelle.
  18. Voir notamment Parenteau, Philippe, Marie-Odile Magnan et Caroline V. Thibault (2008), Portrait socio-économique de la communauté anglophone au Québec et dans ses régions, Montréal : Institut québécois de recherche sur la culture. Voir également Floch, William et Johanne Pocock (2008), « The Socio-economic status of English-speaking Quebec : Those who left and those who stayed » in R.Y. Bourhis, (2008) (Éditeur). The vitality of the English-speaking communities of Quebec: From Community Decline to Revival. Montréal, Québec : Centre d'études ethniques des universités montréalaises (CEETUM), Université de Montréal.
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