Le Canada vu de près : ce qu’on peut apprendre des données désagrégées

10 septembre 2020

À force de regarder la télévision, nous pourrions avoir l'impression de vivre dans un monde où la violence est omniprésente. Dans les émissions du soir, les histoires de meurtres et de violence se succèdent sans interruption, en particulier les histoires de violence liée aux armes à feu.

Cependant, les statistiques racontent une tout autre histoire : les taux d'homicides sont en baisse partout au Canada depuis les années 1970.

Ce que les statistiques générales ne nous disent pas, c'est que Toronto a enregistré le plus grand nombre d'homicides de toutes les villes canadiennes en 2018. Elles ne nous disent pas non plus que la majorité des homicides au Canada sont commis par une connaissance (34 %) ou un membre de la famille (33 %), ni que le taux d'homicides chez les Autochtones est environ cinq fois plus élevé que chez les non-Autochtones.

À moins de pouvoir filtrer et passer au crible cette mer de données, on pourrait avoir l'impression que le taux de criminalité est pratiquement partout le même.

De même, si nous examinons les données sur la COVID-19 à l'échelle nationale, des tendances générales peuvent se dégager (taux d'infections, d'hospitalisations, de décès). Cependant, cette vue d'ensemble ne nous renseignera pas sur ce qui se passe dans notre hôpital local.

Les premières données sur la COVID-19 montrent clairement que certains groupes sont beaucoup plus vulnérables au virus que d'autres. Au fur et à mesure que la pandémie a évolué, les inégalités sont apparues plus clairement et la nécessité de s'y attaquer est devenue plus urgente.

Et si vous avez besoin de renseignements plus détaillés?

À l'intérieur de cette vue d'ensemble nationale, il y a les portraits plus détaillés à l'échelle des collectivités ou des groupes ethniques, selon les différents stades de vie, le genre ou la profession. Les différents groupes — grands, petits et de toutes tailles — vivent diverses expériences, et chacun d'entre eux affiche différents taux de criminalité, d'itinérance, de problèmes de santé mentale, de pauvreté, de violence familiale, de réussite scolaire ou de vulnérabilité à une maladie particulière.

Le portrait national agrégé regroupe des perspectives de partout au pays, pour offrir une vue d'ensemble globale de la situation.

Afin d'obtenir un portrait encore plus détaillé, les statisticiens désagrègent les données.

Il s'agit de prendre des données soigneusement recueillies et agrégées — l'étape essentielle pour s'assurer que les données de chacun sont regroupées et demeurent anonymes —, puis de prendre du recul pour examiner les données de différents groupes de population en décomposant des ensembles de données à grande échelle en sous-catégories, telles que la région, le genre ou l'origine ethnique, ou en une combinaison de ces sous-catégories.

Un aspect essentiel de cet exercice consiste à s'assurer de préserver l'anonymat des personnes, alors même lorsque l'on décèle des tendances, que seules des données désagrégées peuvent révéler, dans les lacunes et les inégalités qui peuvent exister dans notre société.

La désagrégation est rendue possible grâce à des techniques et à des normes statistiques évoluées qui permettent d'assurer la comparabilité des données.

Statistique Canada entend tirer parti du pouvoir des données désagrégées pour dresser un portrait nuancé des divers groupes de personnes ayant les mêmes caractéristiques.

Autrement, les conclusions que l'on tire à propos de certaines personnes ne peuvent qu'être fondées sur un plus grand groupe de population.

Efforts accrus

Les statisticiens doivent poser les bonnes questions et recueillir les données de manière efficace de sorte que celles-ci puissent être correctement désagrégées.

Si vous êtes un dirigeant métis, inuit ou de Première Nation, vous avez besoin de données désagrégées pour avoir une idée plus précise de la façon dont votre collectivité peut être touchée par un soudain revirement dans le marché du travail. Un membre de la collectivité LGBTQ2 peut utiliser les données désagrégées de l'organisme pour examiner les enjeux relatifs au genre et à l'égalité. Les analystes de l'immigration peuvent trouver des renseignements leur permettant de comprendre comment les réfugiés s'en sortent sur le plan économique par rapport aux personnes nées au Canada.

Enfin, les experts en justice pénale peuvent surveiller la façon dont le système de justice sert les personnes de différentes origines ethnoculturelles afin que les politiques élaborées puissent répondre le mieux possible aux besoins de chaque collectivité.

Afin de pouvoir élaborer des politiques efficaces et de prendre des décisions éclairées, il faut comprendre la façon dont chaque membre de la famille canadienne diversifiée est touché par l'évolution constante du monde qui l'entoure. La vue d'ensemble est importante, mais elle peut parfois cacher des inégalités et des différences qui, si elles ne sont pas prises en compte, rendent la vie dans certaines collectivités canadiennes plus difficile que dans d'autres.

Les progrès actuels en matière de désagrégation ne sont qu'un exemple parmi d'autres de la façon dont Statistique Canada continue d'examiner ses programmes de données pour en maintenir la pertinence en fonction des intérêts changeants de tous les Canadiens.

Pour en savoir davantage, consultez Statistique Canada et les données désagrégées.

Connectez-/inscrivez-vous pour publier un commentaire.

Veuillez prendre note que les commentaires sont modérés. Les commentaires peuvent prendre un certain temps avant d’apparaître en ligne. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter nos règles de participation.