Étude : Population active canadienne : que se passera-t-il après la retraite de la génération des baby-boomers?

L'évolution de la population active canadienne continue de retenir l'attention, car les personnes nées durant le baby-boom ont commencé à atteindre l'âge de 65 ans en 2011, et depuis, elles quittent progressivement le marché du travail pour prendre leur retraite. Ces nombreux départs exercent une pression à la baisse sur le taux d'activité, qui a atteint son plus faible niveau en 20 ans en 2023, à savoir un taux de 65 %.

Malgré les nombreux départs à la retraite des membres de la génération du baby-boom, la population active devrait continuer à augmenter au Canada au cours des deux prochaines décennies, et ce, en partie grâce à l'accroissement migratoire. Une hausse du taux d'activité, particulièrement chez les travailleurs plus âgés, pourrait également avoir une incidence significative sur la taille de la population active au cours des prochaines années.

Ces résultats sont tirés d'une nouvelle étude intitulée « Population active canadienne : que se passera-t-il après la retraite de la génération des baby-boomers? », diffusée aujourd'hui.

À l'aide de divers scénarios démographiques, cette étude fait état de l'effet de différents niveaux d'immigration et de divers taux d'activité sur le marché du travail, jusqu'en 2041, sur la taille et la composition de la population active canadienne.

Pour les besoins de la présente étude, six scénarios ont été élaborés. Le « scénario de référence » suppose une poursuite des tendances récentes sur le plan de la croissance démographique et de l'activité sur le marché du travail. Ce scénario sert de point de comparaison à tous les autres scénarios retenus dans le cadre de la présente analyse. Les cinq autres scénarios se distinguent du scénario de référence par une seule hypothèse, faisant varier soit le niveau d'immigration permanente, soit le taux d'activité en fonction du groupe d'âge.

Une population active en croissance

L'une des mesures mises en œuvre pour faire face aux changements démographiques au Canada est le recours à l'immigration, qui a atteint des niveaux records en 2022 et en 2023. En effet, du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2023, le Canada a accueilli 468 817 immigrants. Par ailleurs, la hausse du nombre de résidents non permanents (RNP) enregistrée durant cette période est la plus importante à avoir été observée depuis que des données comparables sont accessibles.

Les différents scénarios indiquent que la croissance de la population active canadienne devrait s'accélérer à court terme, en raison des hausses récentes de l'immigration permanente et temporaire.

Selon le scénario de référence, qui suppose l'admission de 500 000 immigrants permanents annuellement, et une proportion de RNP constante s'élevant à 5 % de la population totale à partir de 2028, la population active devrait continuer à augmenter au Canada, passant de 21,7 millions de personnes en 2023 à 26,8 millions de personnes en 2041. À titre de comparaison, la population active est passée de 16,1 millions de personnes en 2001 à 20,5 millions de personnes en 2021.

Le taux de croissance de la population active pour la période allant de 2023 à 2041 (+1,17 %) serait donc légèrement inférieur à celui observé au cours des deux dernières décennies (+1,21 %).

La baisse du taux global d'activité est en voie de s'arrêter

Depuis le début des années 2000, la croissance de la population active canadienne a été plus lente que la croissance de la population de 15 ans et plus, en partie en raison des nombreux départs à la retraite des personnes nées durant le baby-boom.

Le taux global d'activité a ainsi suivi une tendance à la baisse depuis le début des années 2000, et cette tendance se poursuivra vraisemblablement jusqu'en 2030, c'est-à-dire jusqu'à ce que les membres de la dernière cohorte de baby-boomers, nés en 1965, atteignent l'âge de 65 ans. Selon le scénario de référence, le taux d'activité se stabiliserait ensuite pour atteindre 64,6 % en 2041, ce qui est un niveau comparable à celui affiché en 2023 (65,2 %).

Les scénarios portant sur les divers niveaux d'immigration démontrent que le taux global d'activité continuerait à baisser à court terme, et ce, indépendamment du nombre d'immigrants permanents accueilli annuellement.

Les projections démontrent également que la hausse des taux d'activité en fonction du groupe d'âge, influencée entre autres par le maintien en emploi des travailleurs plus âgés, aurait une plus grande incidence sur le taux global d'activité au Canada. Par exemple, si les taux d'activité en fonction de l'âge convergeaient vers ceux observés au Japon en 2022 — ceux-ci étant nettement supérieurs à ceux observés au Canada —, le taux global d'activité atteindrait 69,7 % en 2041. À titre de comparaison, ce taux s'établirait à 65,6 % si le Canada décidait plutôt d'accueillir 750 000 immigrants permanents annuellement.

Le vieillissement de la population active devrait se stabiliser avec la fin des départs à la retraite des baby-boomers

La population active, tout comme la population en général, a vieilli au cours des dernières décennies au Canada. En effet, depuis le début des années 2000, la proportion de personnes de 55 ans et plus au sein de la population active a doublé, passant de 10,9 % en 2001 à 22,4 % en 2021. Cette hausse est principalement attribuable à l'atteinte de l'âge de 55 ans par un grand nombre de baby-boomers, mais aussi à la hausse du taux d'activité chez les personnes de 55 ans et plus au cours des deux dernières décennies, particulièrement chez les femmes.

L'essentiel de la transition vers une population active plus âgée étant déjà bien avancé, la proportion que représentent les personnes de 55 ans et plus au sein de la population active devrait être plus stable au cours des prochaines années.

C'est d'ailleurs ce que témoignent les résultats des projections. Selon le scénario de référence, la proportion de personnes de 55 ans et plus au sein de la population active demeurerait sous la barre des 22,0 % jusqu'en 2036 et atteindrait 23,1 % en 2041.

On note par ailleurs peu de différence lorsqu'on fait varier le nombre d'immigrants permanents admis annuellement. Cela indique que l'immigration ne permettrait pas de rajeunir significativement la population active canadienne, l'âge moyen auquel les immigrants joignent la population active canadienne étant plus élevé que celui des Canadiens nés au pays.

En revanche, le vieillissement de la population active est fortement influencé par les taux d'activité. En effet, si les taux par groupe d'âge demeuraient semblables à ceux actuellement observés au Canada, la proportion de personnes de 55 ans et plus au sein de la population active atteindrait 21,5 % en 2041, alors que cette même proportion s'établirait à 28,8 % s'il y avait une hausse importante de l'activité sur le marché du travail chez les travailleurs plus âgés, plus particulièrement chez ceux de 55 ans et plus.

Les projections varient considérablement d'une province et d'un territoire à l'autre

Les résultats des projections à l'échelle nationale obtenus au moyen du scénario de référence masquent d'importantes différences entre les provinces et territoires qui composent le Canada.

En effet, bien que les résultats des projections montrent une croissance de la taille de la population active à l'échelle nationale de 2023 à 2041, ce n'est pas le cas de l'ensemble des provinces et territoires. Selon le scénario de référence, on peut s'attendre à une baisse de la population active dans la plupart des provinces de l'Atlantique de 2023 à 2041, soit à Terre-Neuve-et-Labrador (-20,2 %), au Nouveau-Brunswick (-7,9 %) et en Nouvelle-Écosse (-5,5 %).

Toujours selon le scénario de référence, le taux global d'activité serait en baisse dans l'ensemble des provinces et des territoires au Canada, sauf en Saskatchewan, où le taux projeté en 2041 est le même que celui observé en 2023. Les baisses seraient toutefois plus marquées dans les provinces de l'Atlantique, et ce, plus particulièrement à Terre-Neuve-et-Labrador (-5,0 points de pourcentage), au Nouveau-Brunswick (-3,1 points) et en Nouvelle-Écosse (-2,9 points).

Note aux lecteurs

Sources des données

Les projections de la population active qui figurent dans la présente analyse ont été obtenues au moyen du modèle de projections démographiques par microsimulation de Statistique Canada, appelé Demosim. Demosim permet de projeter simultanément plusieurs caractéristiques de la population canadienne tout en tenant compte des différents comportements des divers groupes de population.

Hypothèses et scénarios

Pour les besoins de la présente étude, six scénarios ont été élaborés.

Le « scénario de référence » suppose une poursuite des tendances récentes des différentes composantes de la croissance démographique et de l'activité sur le marché du travail. Plus particulièrement, il suppose un apport migratoire fixe de 500 000 immigrants permanents par année durant toute la période de projection et une proportion de résidents non permanents constante s'élevant à 5 % de la population totale à partir de 2028. Il suppose également que le taux d'activité des travailleurs de 55 ans et plus sera plus élevé en 2041 qu'en 2023. Ce scénario sert de point de comparaison à tous les autres scénarios retenus pour la présente analyse.

Les cinq autres scénarios retenus se distinguent du scénario de référence par une seule hypothèse. En plus du scénario de référence supposant un apport de 500 000 immigrants permanents par année, trois scénarios supplémentaires ont été élaborés pour mesurer l'effet de différents niveaux d'immigration permanente sur la population active projetée : 1) 250 000 immigrants permanents par année, 2) 750 000 immigrants permanents par année et 3) aucune immigration.

Deux autres scénarios ont également été élaborés afin d'analyser l'effet d'un changement des taux d'activité selon le groupe d'âge et le sexe sur les résultats de projection. Un premier scénario pose l'hypothèse que les taux d'activité chez les hommes demeureront les mêmes qu'en 2023. Un deuxième scénario fait croître les taux d'activité de façon plus marquée que dans le scénario de référence. Dans ce deuxième scénario, on fait converger les taux d'activité des hommes pour que ceux-ci atteignent en 2041 ceux observés au Japon en 2022. Bien que le taux global d'activité au Japon (62,5 % en 2022) soit moins élevé que celui du Canada (65,4 % en 2022), en raison de la plus grande proportion de personnes âgées au Japon, les taux d'activité des personnes plus âgées sont plus élevés au Japon qu'au Canada.

Produits

L'article intitulé « Population active canadienne : que se passera-t-il après la retraite de la génération des baby-boomers? » est maintenant accessible dans Regards sur la société canadienne (75-006-X).

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