En 2021, la grande majorité des diplômés postsecondaires âgés de 18 à 30 ans, de langue maternelle anglaise au Québec (95 %) et de langue maternelle française au Canada hors Québec (93 %), avaient fréquenté, au cours de leur parcours scolaire, un établissement où la langue officielle en situation minoritaire (l'anglais au Québec et le français au Canada hors Québec) était une langue d'enseignement.
Après leurs études, les diplômés ayant réalisé des études postsecondaires dans un établissement de langue officielle minoritaire ou bilingue étaient plus susceptibles d'être en couple avec une personne de langue maternelle officielle minoritaire et de parler la langue officielle minoritaire le plus souvent à la maison.
Ces résultats sont tirés d'une nouvelle étude de Statistique Canada publiée aujourd'hui, intitulée « L'usage des langues officielles à la maison selon le parcours scolaire des diplômés au Canada », qui examine la langue parlée à la maison en fonction du parcours scolaire des diplômés et de la composition linguistique des couples.
Le développement d'un continuum éducatif en langue officielle minoritaire, de la petite enfance jusqu'au niveau postsecondaire, est une priorité du Plan d'action sur les langues officielles de 2023-2028, au même titre que le rétablissement du poids démographique de la population d'expression française au Canada hors Québec. La présente étude fournit des renseignements utiles en lien avec ces objectifs en examinant la participation au continuum éducatif en langue officielle minoritaire parmi différents groupes de la population canadienne, ainsi qu'en examinant le lien entre cette participation et le maintien ou l'adoption des langues officielles en situation minoritaire comme langues d'usage à la maison.
La majorité des diplômés postsecondaires ayant comme langue maternelle une langue officielle en situation minoritaire ont fréquenté des établissements de langue officielle minoritaire ou bilingues à chaque étape de leur parcours scolaire
Au Québec, près des trois quarts (74 %) des diplômés de langue maternelle anglaise ont étudié dans des établissements où l'anglais est une langue d'enseignement tout au long de leur parcours d'enseignement, du primaire jusqu'au niveau postsecondaire.
Au Canada hors Québec, une plus faible proportion (61 %) de diplômés de langue maternelle française ont fréquenté des établissements de langue officielle minoritaire ou bilingues à chaque étape de leur parcours scolaire.
De plus, au Canada hors Québec, plus de 1 diplômé sur 5 (22 %) a fréquenté des écoles de langue française au primaire et au secondaire, mais a réalisé des études postsecondaires uniquement au sein d'établissements de langue anglaise.
Le parcours scolaire au sein d'établissements de langue officielle minoritaire ou bilingues varie en fonction de la langue maternelle et de l'ordre d'enseignement
Au Québec, les diplômés postsecondaires de langue maternelle anglaise étaient plus susceptibles d'avoir fréquenté un établissement scolaire offrant l'enseignement en anglais à la fin de leur parcours scolaire.
Parmi ceux-ci, 93 % ont fréquenté un établissement postsecondaire où l'anglais est une langue d'enseignement, comparativement à 79 % au niveau primaire et au niveau secondaire.
En revanche, au Canada hors Québec, les diplômés de langue maternelle française étaient moins susceptibles d'avoir étudié dans un établissement de langue française ou bilingue au niveau postsecondaire (66 %) que d'avoir étudié dans une école de langue française au primaire (90 %) ou au secondaire (84 %).
Ces résultats s'expliquent entre autres par le fait que la proximité des établissements postsecondaires de langue française ou bilingues varie considérablement d'une région à l'autre au Canada hors Québec. Dans certaines régions, l'enseignement de certains programmes n'est offert qu'en anglais au niveau collégial ou universitaire.
La fréquentation d'établissements postsecondaires de langue officielle minoritaire ou bilingue est liée à la composition linguistique des couples après les études
Les diplômés postsecondaires ayant étudié dans un établissement postsecondaire de langue officielle minoritaire ou bilingue étaient plus susceptibles d'être en couple avec une personne de langue maternelle officielle minoritaire que ceux n'ayant pas étudié dans de tels établissements.
Au Québec, 61 % des diplômés de langue maternelle anglaise ayant fréquenté un établissement postsecondaire de langue anglaise ou bilingue étaient en couple avec une personne de langue maternelle anglaise, comparativement à 21 % de ceux qui avaient réalisé des études postsecondaires uniquement dans des établissements de langue française.
Il en allait de même chez les diplômés de langue maternelle française au Canada hors Québec; ils étaient trois fois plus susceptibles d'être en couple avec une personne de langue maternelle française lorsqu'ils avaient fréquenté un établissement de langue française ou bilingue au niveau postsecondaire (66 %) que ceux n'ayant pas réalisé d'études postsecondaires dans un tel établissement (22 %).
La langue parlée à la maison après les études varie selon la langue maternelle du conjoint ou de la conjointe
Au Québec, les diplômés de langue maternelle anglaise, en couple avec une personne de langue maternelle anglaise (98 %), étaient plus susceptibles de parler en anglais le plus souvent à la maison que ceux en couple avec une personne de langue maternelle française (70 %). Cette même proportion diminuait de façon plus marquée chez les diplômés en couple avec une personne de langue maternelle française lorsque les études postsecondaires du diplômé avaient uniquement été réalisées au sein d'établissements de langue française (23 %).
On observe des tendances similaires au Canada hors Québec. En effet, les diplômés de langue maternelle française, en couple avec une personne de langue maternelle française (88 %), étaient nettement plus susceptibles que ceux qui étaient en couple avec une personne dont le français n'était pas la langue maternelle (19 %) de parler en français le plus souvent à la maison, en particulier lorsqu'ils avaient poursuivi des études postsecondaires dans un établissement de langue française ou bilingue (92 %).
Bien que certains changements en ce qui concerne la langue parlée à la maison puissent survenir à l'âge adulte, la plupart surviennent durant l'enfance. Le parcours scolaire d'un diplômé ou le fait d'être en couple avec une personne de langue officielle minoritaire ne sont donc pas nécessairement à l'origine d'un changement de langue parlée à la maison.
Note aux lecteurs
Cette étude repose sur les données provenant de l'appariement des données du Système d'information sur les étudiants postsecondaires (SIEP) avec celles du Recensement de la population de 2021. Elle porte plus particulièrement sur les diplômés postsecondaires âgés de 18 à 30 ans en 2021 qui avaient obtenu au moins un titre scolaire décerné par un collège ou une université public canadien, et qui étaient citoyens canadiens à la fin de leurs études. Cette étude cible les diplômés qui étaient susceptibles d'avoir étudié au Canada dès le primaire, et exclut donc les diplômés arrivés au pays après l'âge de 10 ans.
Les estimations portant sur les études effectuées dans la langue officielle minoritaire, au primaire et au secondaire, se fondent sur les données déclarées par les répondants au Recensement de la population de 2021. Les estimations portant sur les études effectuées dans les établissements de langue officielle minoritaire ou bilingues au niveau postsecondaire se fondent quant à elles sur les données du SIEP.
Le SIEP contient des renseignements administratifs sur les titres scolaires postsecondaires décernés par les collèges et universités publics du Canada, en particulier sur les titres scolaires obtenus de 2010 à 2020. La langue d'enseignement des établissements postsecondaires fréquentés par les diplômés a été déterminée à partir de renseignements du Centre d'information canadien sur les diplômes internationaux.
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