Puisque la population canadienne continue d'afficher une espérance de vie élevée et une baisse du taux de fécondité, il se pourrait que les personnes comptent de plus en plus sur les liens familiaux verticaux pour obtenir du soutien et avoir de la compagnie. La cohabitation avec des membres de la famille élargie peut être une stratégie adoptée délibérément pour surmonter les difficultés liées à l'abordabilité du logement et à la hausse du coût de la vie. Ce phénomène peut également être le reflet de l'évolution des styles de vie et des préférences culturelles.
De nouvelles études diffusées aujourd'hui mettent en lumière deux tendances émergentes en matière de cohabitation au Canada : les ménages multigénérationnels, qui comptent trois générations ou plus de la même famille, et les ménages intergénérationnels, qui se composent de parents et de leurs enfants adultes âgés de 20 ans et plus.
Fondées sur les données du Recensement de la population de 2021, ces deux études portent sur les caractéristiques sociodémographiques et économiques des personnes qui vivent dans des ménages multigénérationnels ou intergénérationnels. Les résultats sont présentés pour chaque génération dans le ménage.
Caractéristiques des personnes vivant dans un ménage multigénérationnel
En 2021, 2,4 millions de personnes vivaient dans des ménages multigénérationnels au Canada, lesquels sont composés de trois générations ou plus d'une même famille. L'étude intitulée « Comprendre les ménages multigénérationnels au Canada : portrait de ceux qui en font partie » traite des caractéristiques sociodémographiques et économiques des personnes vivant dans des ménages multigénérationnels.
En 2021, la prévalence de la cohabitation multigénérationnelle variait considérablement d'une région à l'autre du pays. Cette année-là, 1 personne sur 4 (24,9 %) vivait dans un ménage multigénérationnel au Nunavut, alors que c'était le cas de 3,1 % des personnes vivant au Québec. Parmi les régions urbaines du Canada, ce sont les régions métropolitaines de recensement d'Abbotsford–Mission (17,5 %) et de Toronto (11,6 %) qui affichaient les pourcentages les plus élevés de personnes vivant dans un ménage multigénérationnel.
Plus de la moitié (52,7 %) des personnes vivant dans un ménage multigénérationnel en 2021 étaient racisées, et les deux cinquièmes (40,5 %) des personnes vivant dans ce type de ménage étaient nées à l'extérieur du Canada. Ces deux proportions étaient nettement plus élevées que celles observées chez les personnes vivant dans d'autres types de ménage. En effet, parmi les personnes vivant dans un autre type de ménage, 24,7 % étaient racisées et 25,5 % étaient nées à l'extérieur du Canada.
La cohabitation multigénérationnelle était plus courante chez les personnes ayant déclaré avoir des origines ethniques ou culturelles liées à l'Asie du Sud. En 2021, plus du tiers des personnes d'origine ethnique ou culturelle sikhe (36,6 %) ou pendjabie (34,2 %) vivait dans des ménages multigénérationnels. Les proportions étaient également relativement élevées chez les personnes d'origine ethnique ou culturelle tamoule (21,7 %), pakistanaise (19,3 %), indienne (19,0 %) et sri lankaise (18,7 %).
Parmi les personnes composant la génération la plus âgée dans les ménages multigénérationnels, près du quart (23,8 %) ne connaissaient pas suffisamment le français ou l'anglais pour soutenir une conversation.
Même si relativement moins de ménages multigénérationnels vivaient dans un logement inabordable (11,1 %) comparativement aux autres types de ménages (20,8 %), une plus grande proportion de ménages multigénérationnels étaient considérés comme étant surpeuplés (28,3 % par rapport à 4,7 %).
Caractéristiques des parents et des enfants adultes qui cohabitent
En 2021, 7,1 millions de personnes, à savoir un cinquième (19,5 %) de la population vivant dans un ménage privé, vivaient dans des ménages intergénérationnels, qui comprennent des parents et leurs enfants adultes âgés de 20 ans et plus et où aucune autre génération de la même famille n'est présente. L'étude intitulée « Être adultes ensemble : quand parents et enfants adultes cohabitent » porte sur les caractéristiques sociodémographiques et économiques des personnes vivant dans des ménages intergénérationnels.
Pour les jeunes adultes qui entreprennent des études postsecondaires, vivre au domicile parental peut représenter une source importante d'économies, lorsque cela est possible. En 2021, près de la moitié (47,5 %) des personnes âgées de 20 à 34 ans qui fréquentaient un établissement d'enseignement vivaient avec leurs parents dans un ménage intergénérationnel.
En plus d'être un moyen de gérer les dépenses du ménage pendant les études, la cohabitation avec les parents peut aussi être considérée comme une nécessité pour certaines personnes en l'absence d'autres sources de richesse ou de revenu. Parmi les personnes âgées de 20 à 54 ans en 2021, une proportion plus faible de personnes qui vivaient avec leurs parents dans un ménage intergénérationnel occupaient un emploi, comparativement à celles ne vivant pas dans un tel ménage. L'écart en matière d'emploi entre les deux groupes était le plus important chez les personnes âgées de 45 à 49 ans, parmi lesquelles 59,9 % des personnes vivant avec leurs parents dans des ménages intergénérationnels occupaient un emploi, comparativement à 81,5 % des personnes vivant dans les autres types de ménage.
En revanche, les parents en âge de prendre leur retraite vivant avec leurs enfants adultes peuvent continuer à occuper un emploi rémunéré afin de soutenir financièrement leurs enfants dans une certaine mesure. Pour preuve, chez les personnes âgées de 50 à 69 ans en 2021, les taux d'emploi étaient plus élevés chez les parents dans les ménages intergénérationnels que chez ceux dans les autres types de ménage. L'écart le plus important a été observé chez les personnes âgées de 65 à 69 ans, parmi lesquelles 32,0 % des parents dans les ménages intergénérationnels occupaient un emploi, comparativement à 24,6 % des personnes ne vivant pas dans un tel ménage.
Note aux lecteurs
Pour en savoir davantage sur les tendances relatives aux familles, aux ménages et à la situation des particuliers dans le ménage, consultez le portail Statistiques sur les familles, les ménages et l'état matrimonial, qui est accessible sur le site Web de Statistique Canada.
Les études qui figurent dans le présent communiqué reposent sur les données du Recensement de la population de 2021, dont le principal objectif est de dénombrer la population. Pour s'assurer que les personnes ne sont comptées qu'une seule fois dans le recensement, on dénombre les personnes vivant dans un ménage privé comme résidant dans un seul logement, et dans un seul ménage, en appliquant le concept du lieu habituel de résidence. Les familles de recensement sont quant à elles déterminées en fonction des relations entre les personnes qui partagent un lieu de résidence habituel. Par conséquent, cette approche visant à déterminer les familles ne tient pas pleinement compte de la complexité des caractéristiques familiales et du ménage, en particulier pour les personnes qui partagent leur temps entre deux ou plusieurs résidences. Pour en savoir davantage sur ces considérations, veuillez consulter l'annexe du Guide de référence sur les familles, les ménages et l'état matrimonial, Recensement de la population, 2021.
Étant donné que la population non binaire est petite, il est parfois nécessaire d'agréger les données dans une variable sur le genre à deux catégories pour protéger la confidentialité des réponses fournies. Dans ces cas, les personnes formant la catégorie « personnes non binaires » sont réparties dans les deux autres catégories de genre. En ce qui concerne les études qui figurent dans le présent communiqué, la catégorie « femmes » comprend les femmes, de même que certaines personnes non binaires, et la catégorie « hommes » comprend les hommes, de même que certaines personnes non binaires.
Définitions
Le terme « génération » peut avoir différentes significations selon le phénomène social examiné. Par exemple, une génération démographique désigne un groupe de personnes nées au cours d'une même période et ayant grandi dans un contexte social, économique ou politique commun — comme la génération des millénariaux. Le concept de génération peut également être utilisé dans le contexte de l'immigration; par exemple, un « Canadien de deuxième génération » est une personne née au Canada ayant au moins un parent né à l'extérieur du pays.
Dans les deux nouvelles études diffusées aujourd'hui, le terme « génération » fait référence aux relations au sein d'une même famille. Par exemple, dans un ménage composé d'un enfant, de la mère de l'enfant et de la grand-mère de l'enfant, l'enfant est considéré comme appartenant à la plus jeune génération, la mère est considérée comme appartenant à la génération intermédiaire et la grand-mère, à la génération la plus âgée.
Un ménage multigénérationnel est un ménage qui compte :
• au moins une personne qui est à la fois le grand-parent d'une personne du ménage et le parent d'une autre personne de ce même ménage; ou
• au moins une personne qui est à la fois l'enfant d'une personne du ménage et le petit-enfant d'une autre personne de ce même ménage.
Un ménage intergénérationnel est un ménage composé d'au moins un parent (la génération la plus âgée) et d'au moins un de ses enfants adultes de 20 ans et plus (la génération la plus jeune) et où aucune autre génération de la famille n'est présente. Il peut comprendre d'autres personnes apparentées ou non, comme des frères et sœurs plus jeunes ou un conjoint ou une conjointe de l'enfant adulte.
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