Les enfants autochtones au Canada sont depuis longtemps surreprésentés en famille d'accueil et sont souvent placés dans des foyers d'accueil non autochtones. Cette réalité reflète l'héritage des politiques coloniales ainsi que les pratiques courantes de protection de l'enfance, qui séparent les enfants autochtones de leur famille et de leur culture. En 2022, parmi les Autochtones âgés de 15 ans et plus ayant déjà été placés en famille d'accueil durant l'enfance, 78 % des membres des Premières Nations vivant hors réserve, 89 % des Métis et 43 % des Inuit ont déclaré avoir été placés dans des foyers d'accueil non autochtones plutôt qu'autochtones. Bien que les placements au sein de foyers d'accueil autochtones semblent avoir augmenté au fil du temps, la majorité des enfants autochtones en famille d'accueil continuent d'être placés dans des foyers non autochtones.
On cherche de plus en plus à favoriser des placements d'enfants autochtones en famille d'accueil qui correspondent aux valeurs et aux traditions de leur communauté, car ces placements peuvent améliorer leur bien-être en réduisant leur sentiment d'isolement et de perte d'identité. Une nouvelle étude, intitulée « L'importance de la continuité culturelle en famille d'accueil pour la santé mentale à long terme des Autochtones au Canada », s'appuie sur les données de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2022 pour examiner le lien entre le placement durant l'enfance dans des foyers d'accueil autochtones ou non autochtones — utilisé ici en tant que donnée substitutive de la continuité culturelle — et les résultats en matière de santé mentale à l'âge adulte, lesquels sont possiblement attribuables au sentiment d'appartenance.
Le placement dans une famille d'accueil autochtone durant l'enfance est associé à une meilleure santé mentale autoévaluée plus tard dans la vie
D'après les données transversales recueillies en 2022, 36 % des membres des Premières Nations vivant hors réserve et âgés de 15 ans et plus qui ont indiqué avoir été placés dans un foyer d'accueil autochtone ont déclaré que leur santé mentale était excellente ou très bonne, comparativement à 25 % de ceux placés dans un foyer non autochtone. Chez les Inuit, 38 % des personnes ayant été placées dans un foyer d'accueil autochtone durant l'enfance ont décrit leur santé mentale comme excellente ou très bonne, comparativement à 18 % de celles placées dans un foyer non autochtone. Les estimations pour les Métis ayant été placés dans une famille d'accueil autochtone ne sont pas publiées en raison de la petite taille de l'échantillon.
Le placement dans une famille d'accueil autochtone est associé à un plus fort sentiment d'appartenance
En 2022, les Autochtones ayant été placés dans un foyer d'accueil autochtone durant l'enfance étaient plus susceptibles de déclarer avoir un fort sentiment d'appartenance que ceux ayant été placés dans un foyer d'accueil non autochtone. Plus précisément, les Autochtones ayant été placés dans un foyer d'accueil autochtone étaient plus susceptibles d'indiquer entretenir de forts liens familiaux (68 % par rapport à 58 % de ceux ayant été placés dans un foyer d'accueil non autochtone), de déclarer avoir un fort sentiment d'appartenance à leur communauté (65 % par rapport à 54 %) et de mentionner avoir un fort sentiment d'appartenance à une identité autochtone commune (73 % par rapport à 54 %).
Graphique 1 : Écarts relatifs à trois indicateurs du sentiment d'appartenance chez les Autochtones de 15 ans et plus, selon qu'ils ont été placés dans un foyer d'accueil autochtone ou non autochtone durant l'enfance, 2022
Description - Graphique 1
Source : Enquête auprès des peuples autochtones de 2022 (3250).
L'écart relatif aux indicateurs du sentiment d'appartenance était le plus marqué chez les Inuit : parmi ceux ayant été placés dans un foyer d'accueil autochtone durant l'enfance, 74 % ont déclaré entretenir de forts liens familiaux, 77 % ont mentionné avoir un fort sentiment d'appartenance à leur communauté et 75 % ont indiqué avoir un fort sentiment d'appartenance à une identité autochtone commune. À titre de comparaison, chez les Inuit ayant été placés dans un foyer non autochtone durant l'enfance, 55 % ont déclaré entretenir de forts liens familiaux, 56 % ont mentionné avoir un fort sentiment d'appartenance à leur communauté et 48 % ont indiqué avoir un fort sentiment d'appartenance à une identité autochtone commune (ces données doivent être utilisées avec prudence).
Le sentiment d'appartenance explique en partie le lien entre le placement en foyer d'accueil autochtone et la santé mentale
L'étude a également cherché à déterminer si le sentiment d'appartenance pouvait contribuer à expliquer pourquoi le placement dans un foyer d'accueil autochtone plutôt que non autochtone durant l'enfance était associé à de meilleurs résultats en matière de santé mentale plus tard dans la vie. Les résultats donnent à penser que le sentiment d'appartenance explique en partie cette association. Plus précisément, tant chez les membres des Premières Nations vivant hors réserve que chez les Inuit, le fait d'avoir vécu dans un foyer d'accueil autochtone durant l'enfance plutôt que dans un foyer d'accueil non autochtone pourrait avoir favorisé un plus fort sentiment d'appartenance, lequel a été associé à une plus grande probabilité de déclarer avoir une excellente ou une très bonne santé mentale plus tard dans la vie.
Note aux lecteurs
La présente étude a été menée en collaboration avec le Congrès des peuples autochtones (lien en anglais seulement), dans le cadre de l'approche transformationnelle à l'égard des données sur les Autochtones. Cette approche vise à renforcer la capacité en matière de données des Autochtones et à améliorer la visibilité des populations autochtones dans les statistiques nationales du Canada.
L'analyse présentée dans cette étude examine le lien entre le placement en foyer d'accueil autochtone durant l'enfance et les résultats en matière de santé mentale plus tard dans la vie, lesquels sont possiblement attribuables à un plus fort sentiment d'appartenance. Cependant, elle n'établit pas de relation de cause à effet. L'analyse est limitée par l'absence de renseignements sur des facteurs contextuels clés, comme les raisons du placement en famille d'accueil et le moment de l'apparition des problèmes de santé mentale ou des incapacités. De plus, la nature transversale des données limite l'inférence causale, puisqu'elle ne permet pas d'établir l'ordre temporel des événements et peut être sujette à des biais de mémoire ou de déclaration.
Source de données
Cette étude repose sur les données de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2022, une enquête postcensitaire nationale à participation volontaire menée auprès des membres des Premières Nations vivant hors réserve, des Métis et des Inuit âgés d'un an et plus et habitant dans un logement privé. L'enquête exclut les personnes vivant dans une réserve, dans un établissement indien ou dans l'une des communautés des Premières Nations au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Définitions
Expérience en famille d'accueil : On dit d'une personne qu'elle a une expérience en famille d'accueil si elle a répondu « oui » à la question visant à savoir si elle a déjà été placée dans un foyer d'accueil ou en famille d'accueil à un moment quelconque avant l'âge de 18 ans.
Placement en famille d'accueil autochtone par rapport à un placement en famille d'accueil non autochtone : On dit d'une personne qu'elle a été placée en famille d'accueil autochtone si l'un de ses parents d'accueil était autochtone, c'est-à-dire un membre des Premières Nations, un Métis ou un Inuit. Si la personne a été placée à de multiples reprises en famille d'accueil, on lui demandait de considérer la famille d'accueil dans laquelle elle a passé le plus de temps. Aucun renseignement n'a été recueilli sur la correspondance entre l'identité autochtone du ou des parents d'accueil et celle de la personne.
Liens familiaux : On dit d'une personne qu'elle a des liens familiaux forts si elle a répondu « 4 » ou « 5 » à l'une ou l'autre des deux questions suivantes : 1) la force des liens entre les membres de sa famille (p. ex. ses frères et sœurs, ses parents, ses tantes et oncles et ses cousins) qui vivent dans leur ville, leur village ou leur communauté, mais dans un autre ménage; 2) la force des liens entre les membres de sa famille qui vivent à l'extérieur de leur ville, de leur village ou de leur communauté. Les réponses aux deux questions ont été mesurées sur une échelle de 1 à 5, où 1 représente des liens très faibles et 5, des liens très forts. Si un répondant indiquait « Ne s'applique pas », on considérait qu'il avait des liens familiaux faibles, car cette réponse indique une absence de liens familiaux.
Sentiment d'appartenance à la communauté locale : On dit d'une personne qu'elle a un fort sentiment d'appartenance à la communauté locale si elle a répondu « très fort » ou « plus ou moins fort » à la question lui demandant de décrire son sentiment d'appartenance à sa communauté locale. Celle-ci désigne l'environnement immédiat dans lequel la personne vit au quotidien. Cette définition de la communauté locale a été présentée dans la question afin de tenir compte du fait que le concept de « communauté » peut varier d'un peuple autochtone à l'autre.
Sentiment d'appartenance à une identité autochtone commune : On dit d'une personne qu'elle a un fort sentiment d'appartenance à une identité autochtone commune si elle a répondu « très fort » ou « plus ou moins fort » à la question lui demandant de décrire son sentiment d'appartenance aux gens ayant la même origine autochtone qu'elle.
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