Troubles de l'humeur au sein de la population canadienne âgée
Les problèmes de santé mentale, comme les troubles de l'humeur, représentent une préoccupation de plus en plus importante pour la santé publique au Canada. Toutefois, peu d'études ont porté sur la prévalence des troubles de l'humeur parmi la population canadienne âgée et sur les facteurs qui y sont associés, notamment chez les groupes de population issus de la diversité. L'étude « Troubles de l'humeur au sein de la population canadienne âgée » repose sur des données de 2015 à 2023 et permet de combler une lacune importante en présentant des estimations désagrégées pour les adultes âgés de 65 ans ou plus. Ces résultats peuvent permettre d'orienter les efforts de dépistage et d'intervention auprès de la population vieillissante du Canada.
De 2015 à 2023, en moyenne, 7,0 % des Canadiennes et Canadiens âgés ont déclaré avoir reçu un diagnostic de trouble de l'humeur, et les femmes (8,3 %) étaient plus susceptibles que les hommes (5,5 %) de déclarer un tel diagnostic. La prévalence des troubles de l'humeur parmi la population canadienne âgée s'est accrue de façon constante de 2015 à 2023, chez les femmes comme chez les hommes. En 2015, 6,1 % des Canadiennes et Canadiens âgés ont déclaré avoir reçu un diagnostic de trouble de l'humeur. Cette proportion a augmenté pour s'établir à 6,8 % en 2021 et à 8,5 % en 2023.
La prévalence est plus élevée chez les adultes autochtones plus âgés
Les Autochtones étaient plus susceptibles de déclarer avoir reçu un diagnostic de trouble de l'humeur (10,4 %) que les personnes non autochtones et non racisées (4,2 %). Cet écart a été observé tant chez les hommes que chez les femmes, et il persistait même après la prise en compte de facteurs démographiques, socioéconomiques, géographiques et de ceux liés à la santé. Par exemple, la probabilité de présenter un trouble de l'humeur était 1,6 fois plus élevée chez les hommes autochtones et 1,2 fois plus élevée chez les femmes autochtones, comparativement à leurs homologues non autochtones et non racisés. Chez les Autochtones, la probabilité accrue d'avoir un trouble de l'humeur pourrait être attribuable à des facteurs tels que les traumatismes historiques et intergénérationnels, les disparités socioéconomiques, les obstacles géographiques à l'accès aux soins de santé et les iniquités persistantes en matière d'accès aux services de soins de santé.
La population canadienne âgée vivant dans des ménages à plus faible revenu est plus susceptible de présenter des troubles de l'humeur
Les disparités socioéconomiques étaient également évidentes. La population canadienne âgée vivant dans des ménages à plus faible revenu était plus susceptible de déclarer avoir reçu un diagnostic de trouble de l'humeur que celle vivant dans les ménages ayant les revenus les plus élevés. Par exemple, les personnes vivant dans les ménages ayant le plus faible revenu étaient 1,7 fois plus susceptibles d'être atteintes d'un trouble de l'humeur que celles vivant dans les ménages au revenu le plus élevé (2,0 fois plus susceptibles pour les hommes et 1,4 fois plus susceptibles pour les femmes).
L'état de santé et le stress sont des facteurs
Les caractéristiques relatives à la santé étaient fortement liées aux troubles de l'humeur. Les personnes canadiennes âgées présentant une multimorbidité (c'est-à-dire qu'elles sont atteintes de deux problèmes de santé chroniques ou plus) étaient 1,9 fois plus susceptibles d'avoir des troubles de l'humeur que celles sans multimorbidité. De manière similaire, les personnes qui évaluaient leur vie comme étant stressante étaient 3,1 fois plus susceptibles de faire état de troubles de l'humeur que celles déclarant que leur vie n'était pas du tout stressante (3,0 fois plus susceptibles pour les hommes et 3,3 fois plus susceptibles pour les femmes).
Ces constatations démontrent l'importance de tenir compte des groupes de population, ainsi que des facteurs socioéconomiques et géographiques de même que ceux liés à la santé, de manière distincte pour les hommes et les femmes, dans l'examen des troubles de l'humeur chez la population âgée canadienne afin d'orienter les programmes de dépistage et d'intervention.
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