L’énergie nucléaire au Canada : son passé, son présent et son avenir

10 septembre 2025, 11 h 00 (HAE)

Depuis des décennies, la production d’énergie nucléaire occupe une place importante dans le portefeuille énergétique canadien. Le Canada est notamment l’un des rares pays à posséder une technologie nucléaire nationale. À la suite de l’annonce récente qu’Ontario Power Generation commencerait la construction d’un petit réacteur modulaire (PRM), le premier de son genre dans le G7 (Groupe des Sept), jetons un coup d’œil sur l’évolution du secteur de l’énergie nucléaire au Canada et sur ce qui l’attend.

Depuis les débuts, dans l’après-guerre, jusqu’aux réacteurs des années 1960

Après la Seconde Guerre mondiale, le Canada, comme beaucoup d’autres pays, a cherché des moyens pacifiques d’utiliser la technologie nucléaire émergente. En 1925, la mise en service du réacteur de recherche de la Pile expérimentale d’énergie zéro à Chalk River, en Ontario, a permis de réaliser la première réaction nucléaire en chaîne contrôlée à l’extérieur des États-Unis. Deux ans plus tard, le réacteur national de recherche expérimental (NRX), un autre réacteur de recherche, a été mis en service. Également situé à Chalk River, le réacteur NRX a été utilisé pour la recherche en physique nucléaire et a permis de tester divers combustibles et matériaux nucléaires.

Le Canada a su tirer parti de son expérience en recherche et développement acquise pendant la guerre pour mettre au point sa propre technologie nucléaire : le réacteur canadien à deutérium-uranium (CANDU). Le réacteur CANDU est alimenté par de l’uranium non enrichi, qui est extrait en Saskatchewan. Un prototype du CANDU, situé sur le site du réacteur nucléaire de démonstration à Rolphton, en Ontario, a été le premier réacteur à produire de l’électricité au Canada. Ce site, qui a été en activité de 1962 à 1987, a servi de centre de formation essentiel pour les travailleurs qui allaient ensuite faire fonctionner les futures centrales nucléaires du Canada. En 1968, la centrale nucléaire de Douglas Point, à Kincardine, en Ontario, est entrée en service en tant que premier réacteur CANDU à vocation commerciale au Canada.

Des années 1980 à aujourd’hui : expansion des activités dans d’autres provinces

En 1983, des réacteurs nucléaires produisaient de l’électricité au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario. La centrale nucléaire de Gentilly-2, à Bécancour, au Québec, a cessé ses activités en 2012, mais quatre centrales produisent encore de l’électricité au Canada : celle de Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick, et celles de Bruce, de Pickering et de Darlington, en Ontario. La centrale de Point Lepreau compte un réacteur, celle de Bruce en compte huit et celles de Pickering et de Darlington en comptent quatre chacune.

La production d’énergie nucléaire a atteint son sommet en 2017; les travaux de remise à neuf en cours expliquent en partie le déclin observé depuis

La production d’électricité nucléaire a atteint 95,7 millions de mégawattheures (MWh) en 2017. Il s’agit du plus haut niveau enregistré depuis que Statistique Canada a commencé à suivre la série de données actuelle en 2016. En 2017, le nucléaire était à l’origine de 14,7 % de la production totale d’électricité à l’échelle nationale. La production nucléaire a diminué depuis, en partie en raison de travaux de remise à neuf des installations.

La remise à neuf est un long processus au cours duquel un réacteur est mis à l’arrêt à des fins d’entretien. Les pièces importantes sont alors remplacées pour prolonger la durée de vie du réacteur et garantir qu’il puisse continuer à fonctionner de manière sécuritaire. Des activités de remise à neuf sont en cours ou prévues aux centrales de Bruce, de Pickering et de Darlington (liens en anglais seulement). Pendant les travaux, chacune de ces centrales verra l’un de ses réacteurs être mis à l’arrêt.

À l’échelle mondiale, en 2023, le Canada s’est classé au sixième rang au chapitre de la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire (lien en anglais seulement), derrière les États-Unis, la Chine, la France, la Russie et la Corée du Sud. Le réacteur CANDU a été exporté vers six pays : l’Argentine, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Roumanie et la Corée du Sud.

En 2024, la production totale d’électricité des quatre centrales nucléaires canadiennes s’est établie à 81,7 millions de MWh, en baisse de 3,3 % par rapport à 2023. Ce recul est en grande partie attribuable à un arrêt prolongé survenu à la centrale de Point Lepreau au cours de la période allant d’avril à décembre 2024.

À l’échelle des provinces, le nucléaire représentait près de la moitié (48,7 %) de la production totale d’électricité en Ontario et 15,4 % de la production totale d’électricité au Nouveau-Brunswick en 2024. À titre de comparaison, le nucléaire représentait 30,0 % de la production totale d’électricité au Nouveau-Brunswick en 2023, avant l’arrêt de la centrale de Point Lepreau. Dans l’ensemble, le nucléaire représentait plus du septième (13,4 %) de la production totale d’électricité au Canada en 2024.

Graphique 1 : Production totale d’électricité nucléaire au Canada, 2016 à 2024

Graphique 1 : Production totale d’électricité nucléaire au Canada, 2016 à 2024
Description - Graphique 1 : Production totale d’électricité nucléaire au Canada, 2016 à 2024

Le titre du graphique est « Production totale d’électricité nucléaire au Canada, 2016 à 2024 ».

Il s’agit d’un graphique à barres verticales.

L’axe vertical affiche les millions de gigawattheures d’énergie nucléaire. Il va de 0 à 100, et il augmente par tranche de 20.

Les années affichées en ordre chronologique de gauche à droite. Elles vont de 2016 à 2024, et il y a une barre pour chaque année.

En 2016, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 95,69 millions de gigawattheures.

En 2017, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 95,74 millions de gigawattheures.

En 2018, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 95,04 millions de gigawattheures.

En 2019, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 95,47 millions de gigawattheures.

En 2020, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 92,65 millions de gigawattheures.

En 2021, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 87,38 millions de gigawattheures.

En 2022, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 82,30 millions de gigawattheures.

En 2023, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 84,57 millions de gigawattheures.

En 2024, l’énergie nucléaire produite s’est chiffrée à 81,74 millions de gigawattheures.

Source(s) : Tableau 25-10-0015-01.

Regard vers l’avenir : expansion des sites actuels et planification d’ouverture de nouveaux sites

Au cours des dernières années, l’électricité nucléaire est revenue à l’avant-plan en raison de la demande croissante d’électricité et des progrès réalisés dans le domaine des PRM. Ces réacteurs, plus petits que les réacteurs nucléaires conventionnels, peuvent être transportés jusqu’à leur site définitif, ce qui ouvre la voie à une utilisation de l’électricité nucléaire dans un plus grand nombre d’endroits et pour un éventail d’applications plus large. De nombreux nouveaux projets nucléaires en sont maintenant à divers stades de réalisation au Canada.

À l’heure actuelle, des travaux de préparation d’un site sont en cours à Darlington, où trois nouveaux PRM sont prévus. Ces PRM devraient faire augmenter la capacité de production d’électricité de la centrale de 1 200 mégawatts (MW) (lien en anglais seulement). À titre de référence, les installations actuelles ont une capacité de 3 512 MW. Des projets de construction d’un PRM à côté du réacteur existant à Point Lepreau sont également en cours, et une expansion proposée pour la centrale de Bruce pourrait comprendre des PRM ou des réacteurs conventionnels (lien en anglais seulement).

La Saskatchewan évalue actuellement des sites afin de déterminer un endroit où un éventuel PRM pourrait être bâti (lien en anglais seulement). Ontario Power Generation, qui exploite les sites de Darlington et de Pickering, s’est associée à une autre entreprise en 2024 pour examiner la faisabilité des PRM en Alberta (lien en anglais seulement). Une autre entreprise privée a quant à elle proposé de bâtir une centrale nucléaire conventionnelle comptant de deux à quatre réacteurs en Alberta (lien en anglais seulement).

Le projet de Darlington devrait être le premier PRM fonctionnel au Canada. Son achèvement et son raccordement au réseau sont prévus d’ici la fin de 2030. L’utilisation de PRM a également été proposée pour fournir de l’électricité à des fins industrielles et résidentielles dans le Grand Nord canadien, où la production actuelle d’électricité est principalement fondée sur les combustibles fossiles. Les percées récentes dans le domaine des PRM et des réacteurs nucléaires conventionnels pourraient aider le Canada à consolider son réseau énergétique et à passer à des sources d’énergie non émettrices.

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