La durée d’emploi peut être incertaine, surtout pour les personnes ayant une incapacité

Le mois d’octobre est le Mois national de la sensibilisation à l’emploi des personnes handicapées; Statistique Canada a récemment diffusé une nouvelle étude ainsi que les plus récentes données sur les expériences d’emploi des personnes ayant une incapacité.

Selon les données de l’Enquête sur la population active (EPA), au cours de la période allant de 2014 à 2024, la durée moyenne d’emploi (mois consécutifs chez le même employeur) pour l’ensemble des industries a diminué pour passer de 103,2 mois à 100,3 mois, après avoir suivi une tendance à la hausse au cours des 10 précédentes années. La plupart des industries ont affiché des baisses.

Au cours de la période allant de 2014 à 2024, la durée moyenne d’emploi a également diminué ou a peu varié dans l’ensemble des catégories professionnelles, et ce, même dans certaines catégories qui ont longtemps été considérées comme stables.

Différents facteurs peuvent avoir une incidence sur le temps que passe une personne à travailler pour le même employeur, y compris son âge ou son statut d’immigration. Par exemple, la durée moyenne d’emploi a tendance à diminuer quand de nouveaux travailleurs, comme les jeunes ou les immigrants, intègrent le marché du travail en grand nombre. Par ailleurs, certains facteurs d’ordre personnel peuvent avoir une incidence sur la capacité d’une personne à conserver son emploi, et le fait d’avoir une incapacité peut être un facteur déterminant.

Le mois dernier, Statistique Canada a diffusé une étude sur la durée médiane d'emploi, la première en son genre, intitulée « Combien de temps les Canadiens ayant une incapacité et sans incapacité restent-ils auprès de leur employeur? Une nouvelle analyse par type d’incapacité ». Cette étude propose une comparaison entre les personnes au Canada ayant une incapacité et celles n’en ayant pas. Penchons-nous sur certaines des principales conclusions.

La durée d’emploi dépend de l’âge et du secteur d’emploi

L’étude, fondée sur les données de 2022 de l’Enquête canadienne sur l’incapacité et de la Base de données canadienne sur la dynamique employeurs-employés (qui repose sur des dossiers fiscaux), révèle que la durée médiane d’emploi était généralement plus longue chez les personnes ayant une incapacité. Cette tendance est attribuable au fait que ces dernières sont plus âgées en moyenne que les personnes n’ayant pas d’incapacité. De manière générale, la durée d’emploi est plus longue chez les personnes plus âgées, puisqu’elles ont eu plus de temps pour accumuler des années d’expérience.

Dans le même ordre d’idées, les personnes ayant une incapacité étaient proportionnellement plus nombreuses à travailler dans les industries de services, comparativement aux personnes n’ayant pas d’incapacité. La durée d’emploi a tendance à être plus longue dans les industries de services, comme le commerce de détail, que dans les industries productrices de biens, comme la construction.

En raison de différences dans les caractéristiques des personnes ayant une incapacité et des personnes n’en ayant pas, les statistiques non corrigées sur la durée d’emploi peuvent être trompeuses. C’est pourquoi, dans le cadre de l’étude, la durée d’emploi a été corrigée pour tenir compte de l’âge, du genre et du secteur d’emploi, ce qui a permis de révéler que la durée médiane d’emploi des personnes ayant une incapacité correspondait à ce qui était attendu compte tenu de ces facteurs. Toutefois, les résultats variaient selon le type d’incapacité et la sévérité de l’incapacité. De plus, puisqu’une personne peut avoir plus d’un type d’incapacité, les résultats pour un type d’incapacité donné ne sont pas mutuellement exclusifs.

La durée d’emploi est plus courte pour les personnes ayant une incapacité liée au développement, à la santé mentale ou à l’apprentissage

La ventilation des résultats selon le type d’incapacité a permis de dégager certains écarts. Avant la correction des données pour tenir compte de l’âge, du genre et du secteur d’emploi, la durée médiane d’emploi en 2022 était la plus courte pour les personnes ayant une incapacité liée au développement (4,86 ans), à la santé mentale (5,15 ans) ou à l’apprentissage (5,17 ans). Une fois encore, l’âge était un facteur déterminant : les personnes ayant ces types d’incapacité avaient tendance à être plus jeunes que les personnes ayant une incapacité liée à l’ouïe (7,61 ans) ou à la vision (7,37 ans), lesquelles affichaient les durées médianes d’emploi les plus longues.

Après correction pour tenir compte de l’âge, du genre et du secteur d’emploi, la durée médiane d’emploi était inférieure à ce qui était attendu pour les personnes ayant une incapacité liée à la dextérité, à la mobilité, à la mémoire, à la flexibilité, à la santé mentale ou à la douleur.

De même, lorsqu’on tient compte de l’âge, du genre et du secteur d’emploi, la durée médiane d’emploi était considérablement plus courte que celle attendue pour les personnes ayant une incapacité sévère, mais qu’elle était comparable à celle attendue pour les personnes ayant une incapacité moins sévère.

Participation au marché du travail, durée d’emploi et propriété d’entreprise : où en sommes-nous?

Chaque année, des données sur la participation au marché du travail des personnes ayant une incapacité sont diffusées dans le cadre de l’EPA. Les données les plus récentes sont celles de 2024, quand le taux d’emploi des personnes ayant une incapacité (46,4 %) et le taux d’emploi de celles n’en ayant pas (66,2 %) ont tous deux diminué dans la même mesure par rapport à l’année précédente (-0,7 point de pourcentage dans les deux cas).

Toutefois, une diminution marquée du taux d’emploi a été observée chez les jeunes ayant une incapacité, et l’écart de rémunération entre les personnes ayant une incapacité et celle n’en ayant pas s’est creusé.

Il convient aussi de noter qu’une durée d’emploi plus courte peut présenter d’autres risques. Selon une autre analyse fondée sur l’EPA, en 2024, moins de la moitié (49,3 %) des personnes qui occupaient leur emploi depuis moins d’un an avaient accès à des congés annuels payés dans le cadre de leur emploi. Cette proportion est inférieure de 23,6 points de pourcentage à la moyenne nationale.

Une proportion considérablement plus élevée d’employés permanents (78,0 %) que d’employés non permanents (32,0 %) avaient accès à des congés annuels payés. Par ailleurs, ce sont les employés des professions de gestion et des sciences naturelles et appliquées qui affichaient les plus hauts taux d’accès à des congés payés.

Au troisième trimestre de 2025, 3,0 % des entreprises du secteur privé au Canada étaient majoritairement détenues par des personnes ayant une incapacité; à titre de comparaison, cette proportion s’élevait à 2,2 % un an plus tôt.