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    Espérances et résultats sur le marché du travail des titulaires de doctorat des universités canadiennes

    Espérances et résultats sur le marché du travail des titulaires de doctorat des universités canadiennes

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    par Louise Desjardins et Darren King

    Section 1 Introduction

    Si les titulaires de doctorat ne représentent qu'une infime proportion de la population active canadienne (0,8  en 2006)1, ils ont cependant une incidence importante sur la prospérité économique à long terme du Canada en raison de leur apport à l'innovation et à la croissance de la productivité sous forme d'activités de recherche et d'enseignement. En 2005, environ 4 200 candidats ont obtenu un doctorat au Canada2, ce qui correspond à peu près au dixième du nombre de doctorats décernés aux États-Unis la même année (43 400)3.

    On a soulevé deux préoccupations générales en ce qui concerne les doctorats au Canada. La première tient au nombre de diplômés issus du système éducatif. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Canada tire de l'arrière par rapport à d'autres pays développés pour ce qui est de la production de doctorats. En 2007, le taux d'obtention de diplôme des programmes de doctorat (appelés « programmes de recherche de haut niveau » par l'OCDE, soit le niveau 6 de la CITE) était de 1,1 % au Canada, comparativement à une moyenne de 1,4 % pour les pays de l'OCDE4. Toutefois, il est possible que ce chiffre surestime une certaine faiblesse du système canadien d'enseignement supérieur car, les comparaisons internationales étant fondées sur des statistiques fournies par un grand nombre de pays, les données ne sont pas toujours parfaitement comparables. Selon certains analystes, la précision du taux d'obtention de diplôme serait très problématique5.

    Parmi les pays de l'OCDE, le nombre de titulaires de doctorat a augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières années. Dans le cadre d'une étude de l'OCDE sur les titulaires de doctorat6, Auriol (2010) mentionne que 200 000 doctorats ont été décernés en 2006 dans l'ensemble des pays de l'OCDE, contre 140 000 en 1998, ce qui représente une hausse de 40 % en huit ans. Il en va autrement au Canada, où 4 500 doctorats ont été décernés en 2006, contre 4 000 en 1998, soit une hausse d'à peine 13 %. Toutefois, les chiffres ont enregistré une progression plus marquée au cours des dernières années. En 2008, par exemple, 5 400 doctorats ont été décernés, soit une hausse de 40 % par rapport à cinq ans plus tôt7.

    Au nombre de diplômés issus du système éducatif s'ajoute la question de l'endroit où ils vivront et travailleront après avoir terminé leurs études. Selon des études antérieures, plus du cinquième des titulaires de doctorat prévoient vivre à l'extérieur du Canada après avoir obtenu leur diplôme (Boothby, 2008; voir aussi King, Eisl-Culkin et Desjardins, 2008). La plupart des étudiants prévoyaient déménager aux États-Unis, notamment afin de poursuivre des études postdoctorales. Il s'agit d'une importante perte de capital humain pour l'économie canadienne, mais le problème est peut-être surestimé puisque la majorité des diplômés qui comptaient partir (55 %) ont ajouté qu'ils prévoyaient revenir au Canada pour y vivre et y travailler. Dans le présent document, nous montrons que deux ans après l'obtention de leur diplôme, 24 % des diplômés qui avaient déménagé aux États-Unis étaient revenus au Canada, alors que la majorité de ceux qui étaient encore aux États-Unis avaient toujours l'intention de revenir au pays.

    Une deuxième préoccupation tient aux emplois occupés par les titulaires de doctorat au sein de l'économie. Selon le Conseil des académies canadiennes, le niveau de capital humain du Canada figure parmi les plus élevés du monde, mais le secteur privé emploie beaucoup moins de titulaires de doctorat que ce n'est le cas dans de nombreux autres pays. Le Conseil attribue cet écart à la faiblesse de la demande des entreprises pour des compétences en recherche avancée et à celle des investissements privés dans la recherche avancée, par rapport aux États-Unis8.

    King, Eisl-Culkin et Desjardins (2008) documentent aussi le faible taux d'emploi des titulaires de doctorat dans le secteur privé canadien. Ils montrent qu'en 2005-2006, les titulaires de doctorat canadiens étaient d'environ 5 points de pourcentage moins nombreux que les diplômés américains à prévoir être employés par le secteur privé; ils étaient plutôt susceptibles d'être employés par des administrations publiques. Sans pouvoir établir ce genre de comparaison par rapport aux États-Unis, nous constatons cependant que la plupart des diplômés sont occupés dans un petit nombre de secteurs d'activité dont, principalement, celui des services d'enseignement.

    Le reste du présent rapport est réparti comme suit : la section 2 décrit les données sur lesquelles repose notre étude, ainsi que les avantages d'utiliser une source de données couplées. La section 3 décrit les caractéristiques démographiques et celles des programmes d'études des répondants de la promotion de 2005 à l'Enquête nationale auprès des diplômés. La section 4 aborde les tendances de la mobilité en mettant l'accent sur les diplômés qui déménagent aux États-Unis. La section 5 traite des résultats des diplômés sur le marché du travail (taux d'emploi, revenu, secteur d'activité et surqualification). La dernière section présente nos conclusions.


    Notes

    1. Statistique Canada, Recensement de la population de 2006, produit 97-560-XCB2006011 au catalogue de Statistique Canada.
    2. Le nombre de diplômés est tiré du Système d'information sur les étudiants postsecondaires (SIEP), cité dans King, Eisl-Culkin et Desjardins (2008).
    3. Fiegener, Mark K. 2009. U.S. Doctorates Awarded Rise for Sixth Year, But Growth Slower, Arlington, Virginia, National Science Foundation, Info Brief, November 2009.
    4. On calcule le taux d'obtention de diplôme en divisant le nombre de diplômés au cours d'une année donnée par la population ayant l'âge habituel d'obtention du diplôme. Voir Statistique Canada. 2010. Indicateurs de l'éducation au Canada : une perspective internationale, 2010, produit 81-604-X au catalogue de Statistique Canada, Ottawa : Statistique Canada et Conseil des ministres de l'Éducation (Canada).
    5. Comme la durée des programmes de doctorat varie d'un pays à l'autre, le niveau 6 de la Classification type de l'éducation (CITE) ne compare peut-être pas exactement le même niveau de scolarité. À cela s'ajoutent d'autres problèmes de mesure. Voir, par exemple, Adelman, Clifford. 2009. The Spaces Between Numbers: Getting International Data on Higher Education Straight, Washington, D.C. Institute for higher Education Policy, 59 p.
    6. Auriol, Laudeline. 2010. Les carrières des titulaires de doctorat : données d'emploi et de mobilité. Paris, OCDE, 29 p., série de documents de travail de la Direction de la science, de la technologie et de l'industrie, 2010/4.
    7. Données tirées de Statistique Canada, Système d'information sur les étudiants postsecondaires (SIEP)
    8. Conseil des académies canadiennes. 2009. Innovation et stratégies d'entreprise : pourquoi le Canada n'est pas à la hauteur, Ottawa, Conseil des académies canadiennes, 300 p.
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