Section 4 Quelques secteurs clés pour la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire

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La Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013 investit dans des secteurs prioritaires, dont les cinq suivants : la santé, la justice, les arts et la culture, le développement économique et l'immigration. Le dernier de ces secteurs a été abordé sommairement dans une section précédente et a fait l'objet d'un rapport analytique diffusé par Statistique Canada (Houle et Corbeil, 2010). Nous présentons dans cette section des statistiques portant sur les quatre autres secteurs prioritaires identifiés dans la Feuille de route. De plus, la Feuille de route comprend un appui financier à l'enseignement dans la langue de la minorité. Ce secteur d'activité a été identifié comme étant d'une grande importance pour l'avenir des minorités de langue officielle au Canada (Lord, 2008); une section y sera donc consacrée.

À partir des données de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) et du recensement, nous présentons de l'information générale sur la présence du français et la situation des francophones dans chacun de ces secteurs.

4.1 La santé

Une langue commune entre les patients et les professionnels de la santé constitue un des éléments essentiels à l'accès aux services de soins de santé et à l'efficacité de ceux-ci. Les barrières linguistiques peuvent en effet faire en sorte que certains membres des communautés francophones en situation minoritaire soient moins bien desservis par les services de soins de santé. Dans cette optique, il importe d'examiner l'état de la situation pour les communautés francophones de l'Alberta en ce qui concerne certaines dimensions de l'accès aux services de soins de santé.

Lors du Recensement de 2006, 15 % des médecins travaillant en Alberta, soit 635 sur un total de 4 265, ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en français, alors que 2,5 % déclaraient utiliser le français au moins régulièrement1 dans le cadre de leur travail2. Chez les infirmières, au nombre de 32 215, ces proportions sont de 7 % et 1 % respectivement.

La proportion de médecins et d'infirmières capables de soutenir une conversation en français est beaucoup plus élevée que la part relative de la population franco-albertaine. Néanmoins, les résultats de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle révèlent que la quasi-totalité (97 %) des francophones de l'Alberta indiquent utiliser l'anglais lors des consultations avec les différents professionnels de la santé à propos desquels des renseignements ont été recueillis dans le cadre de cette enquête, soit les médecins de famille, les infirmières, les professionnels de la ligne téléphonique d'information (Info-Santé) et les professionnels des autres endroits fréquentés pour obtenir des soins.

De plus, l'EVMLO révèle que 26 % des Franco-Albertains déclarent qu'il est important ou très important pour eux d'obtenir des services de santé en français. Néanmoins, l'utilisation de l'anglais est quasi exclusive avec le médecin de famille (95 %), avec les professionnels et spécialistes des autres endroits fréquentés pour obtenir des soins (94 %), avec la ligne d'information téléphonique sur la santé (95 %), de même qu'avec les infirmières (91 %). La méconnaissance du français par les professionnels de la santé, tel que perçue par les répondants, est la principale raison mentionnée par les francophones pour expliquer l'absence de services dans cette langue lors de leurs consultations. Une telle raison influe donc grandement sur la principale langue utilisée lors des échanges.

Dans l'ensemble, les résultats de l'EVMLO et du recensement permettent d'observer que la faible concentration des francophones au sein de la municipalité de résidence, la disponibilité de professionnels ayant une connaissance du français ainsi que la langue principale des demandeurs de services sont trois facteurs importants qui modulent le degré d'utilisation de l'une ou l'autre des langues avec les professionnels de la santé.

La présence de professionnels de langue française et de professionnels capables de soutenir une conversation dans la langue minoritaire est susceptible d'augmenter l'accessibilité aux services de soins de santé dans cette langue. Elle peut en effet également favoriser une plus forte présence et une utilisation plus répandue de la langue dans ce secteur clé de la sphère publique. Toutefois, l'écart observé entre la proportion de ces professionnels capables de soutenir une conversation en français et la population de francophones utilisant le français pour obtenir des services de santé donne à penser que l'offre active de services dans la langue minoritaire est possiblement un enjeu qui mériterait un examen plus attentif.

Il importe également d'examiner si les francophones qui déclarent avoir le français comme langue principale ont été plus susceptibles d'utiliser le français lors de leurs interactions avec les professionnels de la santé que ceux dont l'anglais est la langue principale. Il va en effet de soi que l'absence d'utilisation de la langue officielle minoritaire par les francophones dont le français est la langue principale, c'est-à-dire celle dans laquelle ils sont le plus à l'aise, ne dépend pas des mêmes facteurs que dans le cas des francophones qui ont effectué une substitution linguistique de telle sorte que l'anglais soit désormais la langue dans laquelle ils se sentent le plus à l'aise. Les résultats de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle révèlent que quelque soit leur langue principale, la grande majorité des francophones (97 %) utilisent l'anglais lorsqu'ils consultent les différents professionnels de la santé. Toutefois, on ne s'étonnera guère du fait que les francophones ayant l'anglais comme langue principale sont proportionnellement plus nombreux à utiliser l'anglais (99 %) que ceux ayant le français comme langue principale (89 %) lors de leurs interactions avec leur médecin de famille.

Cependant, l'information tirée de l'EVMLO démontre clairement que, chez les francophones, obtenir des services de santé dans la langue de son choix ne signifie pas nécessairement obtenir des services en français. Ainsi, dans la mesure où 54 % des francophones de l'Alberta ont l'anglais comme langue principale, on ne s'étonnera pas que la « langue de leur choix » pour l'obtention de services de santé ne soit pas le français.

4.2 La justice

L'examen des résultats de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle portant sur le domaine de la justice jette également un éclairage sur l'étendue de la présence du français au sein des institutions qui assurent l'utilisation de cette langue dans la sphère publique par les francophones de l'Alberta. En ce sens, la mesure de l'accès aux intervenants qui sont en mesure de converser en français permet de documenter un phénomène perçu par les francophones vivant à l'extérieur du Québec comme étant très important pour le statut de cette langue et l'avenir des communautés de langue française en situation minoritaire. À cet égard le gouvernement canadien s'est engagé dans la Feuille de route à ce que les Canadiens aient un meilleur accès à des services de justice dans la langue officielle minoritaire. Dans le cas de l'Alberta, par le biais de la Loi linguistique(Languages Act) adoptée en 1988, l'anglais devient la seule langue officielle de la province dans les domaines parlementaire, législatif et judiciaire (Gagné, 1999). Néanmoins, l'article 4 de cette loi accorde aux francophones d'utiliser la langue française pour s'exprimer à l'Assemblé législative et devant certains tribunaux provinciaux (la Cour d'appel, la Cour du Banc de la Reine, la Cour provinciale et le Tribunal des successions). Alors que la Cour du Banc de la Reine autorise l'accusé à déposer des documents écrits en français, invoquant le bilinguisme officiel et la liberté d'expression, la Cour d'appel permet elle aussi le dépôt de documents écrits en français si une traduction anglaise y est incluse (Ministère de la Justice Canada, 2011). Les francophones ont par le fait même, depuis 1990, accès aux services de l'Association des juristes d'expression française de l'Alberta (AJEFA). En outre, en ce qui concerne le droit criminel, tel que stipulé par le Code criminel du Canada, les Franco-Albertains, comme tous les résidents du Canada ont le droit à un procès et à une enquête préliminaire en français.

En Alberta, les résultats de l'EVMLO révèlent que l'accès à des services juridiques en français ne semble pas valorisé par une majorité de francophones dans la mesure où 55 % sont d'avis que, s'ils avaient à utiliser les services d'un avocat, il serait peu ou pas important que celui-ci puisse parler français.

Les interactions avec les instances et les représentants du système judiciaire, notamment les avocats et la police, ne sont pas très répandues dans la population. En effet, sur les quelque 54 790 adultes francophones de l'Alberta, 35 % ont déclaré avoir utilisé les services d'un avocat au cours des deux années précédant l'enquête tandis que 17 % ont eu un contact avec la police municipale et 13 % avec la Gendarmerie Royale du Canada (GRC).

Parce que la barrière linguistique peut entraver l'égalité d'accès à la justice, le gouvernement canadien s'est donné comme priorité de former des professionnels qui peuvent assurer un service dans la langue officielle minoritaire. Selon le Recensement de 2006, l'Alberta comptait 1 350 avocats capables de soutenir une conversation en français, ce qui représente 17 % des avocats de la province (voir le tableau 4.1). En ce qui a trait aux policiers, qui sont au nombre de 6 605, 12 % ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en français (voir le tableau 4.2 ).

En plus de ces statistiques sur la disponibilité ou le bassin potentiel de professionnels du système judiciaire qui peuvent utiliser le français lorsqu'ils interagissent avec les francophones de l'Alberta, les tableaux 4.1 et 4.2 rendent compte de la connaissance du français et leur utilisation de cette langue par ces professionnels dans le cadre de leur travail. Selon le Recensement de 2006, 3 % des policiers de l'Alberta ont déclaré utiliser le français au moins régulièrement au travail. Ce taux est bien inférieur à celui de la capacité de soutenir une conversation en français par les policiers de la province, lequel se situe à 12 % (voir le tableau 4.2). Il en va de même pour les avocats : leur taux d'utilisation du français au moins régulièrement au travail (1 %) est également beaucoup moindre que la proportion de ceux qui peuvent soutenir une conversation en français, qui est de 17 %3 (voir le tableau 4.1).

Tableau 4.1 Connaissance et utilisation de la langue minoritaire par les avocats, Alberta, 2006

Selon les données du Recensement de 2006, le nombre de policiers qui utilisent le français dans le cadre de leur travail en Alberta est inférieur au nombre de policiers francophones. Ainsi, alors que près de 180 policiers de la province ont déclaré utiliser le français au moins régulièrement dans le cadre de leur travail, 255 policiers ont cette langue comme première langue officielle parlée (PLOP) (voir le tableau 4.2).

Tableau 4.2 Connaissance et utilisation de la langue minoritaire par les policiers (sauf cadres supérieurs), Alberta, 2006

Les résultats de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle indiquent que les interactions qu'ont les francophones de l'Alberta avec la police municipale4 se font généralement en anglais. Ainsi, environ quatre francophones sur cinq ont utilisé uniquement l'anglais lors de leurs interactions avec la police municipale. Lors de l'utilisation des services d'un avocat, 86 % des francophones ont déclaré utiliser seulement l'anglais.

4.3 L'éducation

4.3.1 Chez les enfants

En Alberta, dans la foulée de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1963), la loi scolaire est amendée en 1968 et l'enseignement en français est désormais autorisé, jusqu'à 50 % du temps d'enseignement, dans les écoles de la province de la 3e à la 9e année, et jusqu'en 12e année dès 1971. L'instruction des matières obligatoires en français était proscrite depuis 1892. En 1976, l'Alberta adoptant le règlement 250/76, l'enseignement en français est désormais permis jusqu'à 80 % du temps consacré en classe et ce, pour tous les résidents de la province. En 1982, l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés vient assurer certains droits scolaires aux minorités de langue officielle, dont celui qui permet aux parents de faire éduquer leurs enfants dans leur langue maternelle, et ce, partout au Canada. La même année, l'Association de parents de langue française Georges-et-Julia-Bugnet, dirigée par Jean-Claude Mahé, Angéline Martel et Paul Dubé, réclame dès lors auprès du Ministère de l'éducation de l'Alberta et des deux conseils scolaires d'Edmonton, qu'une école primaire de langue française soit créée et qu'elle soit administrée par les parents francophones. Leur requête étant refusée, l'Association porte la cause devant les tribunaux, sous le nom de l'affaire Mahé, invoquant l'article 23. Deux ans plus tard, deux écoles francophones primaires publiques ouvrent leurs portes, ces dernières étant gérées par l'Edmonton Catholic School Board et le Calgary Catholic School Board.

En 1985, la cour du banc de la Reine ordonne que les francophones ont le droit à « un degré de gestion exclusive de leur éducation ». L'affaire Mahé est alors portée en cour d'appel qui rend son jugement en 1987. Bien que l'arrêt de la cour d'appel accorde aux francophones le droit de gestion exclusive de leurs écoles, il juge par le fait même que le nombre d'élèves est trop faible pour qu'un système de gestion scolaire francophone soit créé à Edmonton. La cause est alors portée devant la Cour suprême du Canada qui reconnaît en 1990 le droit à la gestion scolaire francophone. Entre temps, en 1988, une nouvelle loi scolaire avait été adoptée dans la province, mentionnant que la minorité de langue officielle a le droit à l'instruction en français. Ainsi, en 1993, la Loi scolaire albertaine est modifiée de sorte à désormais octroyer aux Franco-Albertains le droit de gérer leurs institutions scolaires. Pour ce faire, la même année, trois conseils scolaires francophones sont créés.

À ce jour, 34 écoles francophones sont présentes en Alberta et gérées par les 5 conseils scolaires francophones régionaux de la province. Ces écoles offrent une éducation en français « langue première » de la maternelle à la 12e année. Au niveau postsecondaire, il est désormais possible, depuis l'automne 2010, d'étudier au niveau collégial en français à Edmonton. De plus, le campus Saint-Jean de l'Université de l'Alberta offre un certain nombre de programmes de baccalauréat et de maîtrise en français (FCFA, 2009).

Un statut particulier est donc réservé à l'école française en milieu minoritaire en raison de son rôle de vecteur de socialisation à la culture française, de transmission de la langue aux enfants et du maintien des acquis dans cette langue. L'école est un milieu francophone public qui, de pair avec les familles, peut contribuer au développement et à l'essor d'une vie communautaire francophone.

Le tableau 4.3 détaille la fréquentation scolaire dans les programmes d'immersion française et les programmes réguliers de langue française. On constate que la fréquentation des programmes d'immersion est plus importante que celle des programmes réguliers. Notons que les programmes d'immersion sont fréquentés tant par les élèves francophones que non francophones. De façon générale, on observe que les effectifs de fréquentation ont augmenté aussi bien dans les programmes d'immersion française qu'au sein des programmes réguliers. Toutefois, la hausse des effectifs au sein de ces derniers s'est accentuée depuis 2004-2005. Les statistiques portant sur les années 2001-2002 se démarquent toutefois des autres en ce que l'effectif des programmes réguliers avait connu une diminution (- 12 %) plutôt qu'un accroissement.

Tableau 4.3 Effectif des enfants inscrits en immersion française et dans des programmes réguliers de langue française aux niveaux primaire et secondaire dans les écoles publiques de l'Alberta, 2000-2001 à 2006-2007

Il importe d'examiner ici l'ampleur de la fréquentation des écoles de langue française par les enfants admissibles à les fréquenter ainsi que les facteurs qui influencent les décisions concernant la langue de scolarisation des enfants. Les données de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) nous procurent notamment cet aperçu de la situation scolaire des enfants de parents francophones en Alberta en permettant d'estimer le nombre d'enfants admissibles à l'enseignement en français qui fréquentent une école de langue française ou qui sont inscrits dans un programme d'immersion. De plus, ces données permettent d'examiner le lien entre la fréquentation d'une école de langue française et l'utilisation des langues, notamment, à la maison et avec les amis.

En Alberta, 17 140 enfants de parents francophones étaient inscrits à l'école primaire ou secondaire au moment de cette enquête. Parmi ces enfants, 43 % recevaient un enseignement en français, dont 25 % au sein d'une école française, et 18 % au sein d'un programme d'immersion en français à l'école anglaise. Pour ce qui est du reste des enfants qui étaient inscrits à l'école primaire ou secondaire, 54 % d'entre eux fréquentaient une école de langue anglaise (programme régulier). Mentionnons que les résultats obtenus donnent à penser qu'il puisse y avoir un lien entre d'une part la langue dans laquelle les enfants sont scolarisés et d'autre part la proportion de couples exogames, l'opération d'un transfert linguistique vers l'anglais chez plusieurs francophones âgés de moins de 21 ans et le fait qu'une proportion importante de francophones se sentent plus à l'aise en anglais qu'en français. À titre d'exemple, des 15 070 enfants dont au moins un des deux parents est francophone, la majorité (66 %) étaient issus de familles exogames français-anglais. De ces enfants, qui vivaient au sein de ce type de famille, 64 % fréquentaient le programme régulier d'une école de langue anglaise.

L'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) met également en lumière le fait que la fréquentation de l'école de langue française et l'inscription dans un programme d'immersion française dans une école anglaise semble être un choix plus populaire chez les parents des plus jeunes enfants. Les résultats donnent en effet à penser qu'il y aurait un abandon tant de l'école française que des programmes d'immersion française au profit de l'école anglaise durant la transition entre l'école primaire et l'école secondaire. Les résultats de l'EVMLO révèlent ainsi qu'environ un enfant sur deux était inscrit dans une école de langue française ou dans un programme d'immersion française à l'école primaire. Cette proportion est plus élevée que celle des enfants inscrits à ces mêmes types d'écoles au niveau secondaire. Pour ce qui est de la proportion d'enfants inscrits au programme régulier en anglais, elle est de 45 % au primaire et de 69 % au secondaire.

Outre les caractéristiques de nature environnementale mentionnées plus haut, d'autres facteurs viennent influencer le choix de la langue de l'école fréquentée par l'enfant. En particulier, la trajectoire linguistique des parents dans leur cheminement scolaire aurait une influence importante sur le choix de la langue d'enseignement ou du système scolaire de leurs enfants. Ainsi, parmi les 9 120 enfants dont au moins un des parents a fait ses études primaires et secondaires en français, environ 51 % fréquentaient une école de langue française ou un programme d'immersion en français et 50 % parlaient le français à la maison, soit 26 % le plus souvent et 24 % régulièrement.

Les données de l'EVMLO ne permettent pas de tirer des résultats statistiquement significatifs quant au lien entre la fréquentation scolaire en français des enfants et l'utilisation unique ou prédominante du français à la maison ou avec les amis, ni quant au lien entre la fréquentation scolaire en français et la capacité d'utiliser cette langue pour soutenir une conversation. On peut cependant établir un lien entre la fréquentation scolaire en français et l'utilisation du français dans divers contextes. Ainsi, la majorité des enfants qui fréquentent une école de langue française utilisent le français, seul ou avec l'anglais, lorsqu'ils parlent avec leurs amis (62 %) et sont en mesure de l'utiliser pour soutenir une conversation dans la quasi-totalité des cas (85 %). En contrepartie, plus d'un enfant sur deux qui fréquente une école française utilise seulement l'anglais à la maison.

4.3.2 Chez les adultes

4.3.2.1 Plus haut niveau de scolarité atteint

Le plus haut niveau de scolarité atteint par les francophones de l'Alberta en 2006 est un indicateur important des progrès réalisés depuis le Recensement de 1971, recensement mené peu après la fin des travaux de la Commission Laurendeau-Dunton. Se fondant sur les statistiques du Recensement de 1961, les travaux de cette Commission ont fait état des écarts très importants observés entre francophones et anglophones au Canada, tant en matière de scolarisation qu'en matière de situation sur le marché de l'emploi et dans diverses sphères de l'activité économique. En raison notamment de la scolarisation obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans5 et de l'importance grandissante accordée à l'éducation par les gouvernements, les employeurs et par la population dans son ensemble, les écarts entre francophones et anglophones au Canada ont fortement diminué au fil du temps.

Afin d'illustrer le phénomène, examinons d'abord les résultats présentés au graphique 4.1 qui portent sur la situation observée en 2006. On y constate que les francophones (20,5 %) et les anglophones (20,3 %) sont aussi nombreux en proportion à détenir un diplôme universitaire équivalent ou supérieur au baccalauréat. Les francophones (18,7 %) sont également proportionnellement aussi nombreux à ne détenir aucun certificat, diplôme ou grade que les anglophones (18,6 %). Toutefois, une proportion un peu plus élevée d'anglophones (23,7 %) que de francophones (20,6 %) détiennent un diplôme d'études secondaires ou l'équivalent.

Graphique 4.1 Plus haut certificat, diplôme ou grade obtenu selon la première langue officielle parlée, personnes âgées de 25 ans ou plus, Alberta, 2006

Les constats qui émanent de la lecture de ce dernier graphique portent sur l'ensemble de la population âgée de 25 ans et plus et, par conséquent, tiennent compte à la fois de la situation actuelle et passée des groupes linguistiques en matière de scolarisation.

Le graphique 4.2 illustre bien ce propos dans la mesure où l'on tient compte de certaines sous-populations définies par leur groupe d'âge. On constate en effet que, chez les personnes âgées de 65 ans ou plus, les francophones (44 %) affichent une plus forte proportion à ne détenir aucun certificat, diplôme ou grade que les anglophones (39 %). Inversement, chez les personnes âgées entre 25 et 34 ans, cette proportion est plus élevée pour les anglophones (14 %) que pour les francophones (7 %). En outre, on observe que les anglophones âgés de 65 ans ou plus sont proportionnellement aussi nombreux que les francophones à détenir un diplôme collégial ou un diplôme universitaire. Par contre, chez les personnes âgées de 25 à 34 ans, les francophones sont plus susceptibles que les anglophones à détenir un diplôme collégial (25 % des francophones et 22 % des anglophones) ou un diplôme universitaire (31 % des francophones et 26 % des anglophones), ce qui s'explique en partie par les progrès réalisés en matière de scolarisation des francophones natifs de l'Alberta ainsi que par le haut niveau de scolarité des immigrants francophones. En fait, ces derniers sont proportionnellement plus nombreux que les immigrants anglophones à posséder un diplôme ou certificat universitaire.

Graphique 4.2 Plus haut certificat, diplôme ou grade obtenu selon la première langue officielle parlée et le groupe d'âge, Alberta, 2006

Comme nous venons d'y faire allusion, l'examen de la situation des jeunes adultes en matière de scolarisation doit tenir compte d'un facteur important : le lieu de naissance. On sait, par exemple, que tant chez les anglophones que chez les francophones, les immigrants sont généralement plus sujets à détenir un grade universitaire, en raison notamment du fait que la scolarité constitue l'un des critères de sélection des immigrants au Canada. En 2006, chez les francophones âgés de 25 à 34 ans, on constate que 50 % de ceux nés à l'extérieur du pays détiennent un diplôme universitaire alors que 32 % de ceux nés en Alberta et 26 % de ceux nés dans une autre province ou territoire détiennent un tel diplôme (voir le graphique 4.3). Aux niveaux inférieurs de scolarité, on observe le corollaire de cette situation, c'est-à-dire que les francophones nés à l'extérieur du Canada sont moins susceptibles de détenir un diplôme d'études secondaires comme plus haut niveau de scolarité et de ne détenir aucun certificat, diplôme ou grade que les autres Franco-Albertains.

Graphique 4.3 Plus haut certificat, diplôme ou grade obtenu par les francophones âgés de 25 à 34 ans selon le lieu de naissance, Alberta, 2006

L'un des changements les plus marquants ayant découlé des profondes mutations sociales et des réformes scolaires des années 1960 est sans conteste l'inscription en grand nombre des femmes dans les établissements d'enseignement postsecondaire, en particulier dans les universités. En 1971, la proportion de femmes détenant un grade universitaire était de deux à trois fois moins élevée que celle des hommes, selon le groupe d'âge (Corbeil, 2003). En 2006, parmi les francophones de l'Alberta, on constate que chez les personnes âgées de 65 ans ou plus, soit ceux qui avaient au moins 30 ans en 1971, la proportion de femmes qui détiennent un diplôme universitaire est de 9 %, comparativement à 12 % chez les hommes de ce groupe d'âge (voir le tableau 4.4). En revanche, chez les 20 à 24 ans, on observe la situation inverse : la proportion de détenteurs d'un tel diplôme est de 7 % chez les hommes alors qu'elle atteint 15 % chez les femmes. De plus, dans ce groupe d'âge, 16 % des hommes ne détiennent aucun certificat, diplôme ou grade comparativement à 12 % des femmes. En somme, les femmes de moins de 65 ans sont proportionnellement plus nombreuses à détenir un diplôme ou un grade universitaire que leurs homologues masculins alors que ces derniers sont proportionnellement plus nombreux à ne détenir aucun certificat, diplôme ou grade ou à posséder un diplôme professionnel ou d'une école de métiers.

Tableau 4.4 Plus haut certificat, diplôme ou grade obtenu par les francophones selon le groupe d'âge et le sexe, Alberta, 2006

4.3.2.2 Langue d'enseignement chez les adultes

Nous avons vu précédemment que, dans l'ensemble de l'Alberta, environ un peu plus de la moitié des enfants dont au moins un parent est de langue française sont inscrits dans le programme régulier d'une école primaire de langue française ou dans un programme d'immersion française. Au niveau secondaire, cette proportion est plus faible. Qu'en est-il de la langue de scolarisation des adultes ayant répondu à l'EVMLO? Aux diverses questions de l'enquête portant sur la langue dans laquelle les répondants ont effectué entièrement ou partiellement leurs études, on décèle que la présence du français varie d'un groupe d'âge à l'autre et d'un niveau de scolarité à l'autre.

Les résultats de l'EVMLO révèlent qu'une proportion importante (75 %) de francophones de l'Alberta ont fait entièrement ou partiellement leurs études en français au niveau primaire. Cette proportion fléchit au fur et à mesure qu'on avance dans le parcours scolaire, pour ensuite remonter dans les programmes d'études universitaires. Ainsi, alors que 55 % des francophones ont poursuivi entièrement ou partiellement leurs études secondaires en français, cette proportion est de 33 % pour ceux qui ont complété des études postsecondaires non universitaires et de 62 % pour ceux qui ont poursuivi des études universitaires. Toutefois, mentionnons que de tous les francophones qui résidaient en Alberta en 2006 et qui avaient poursuivi des études universitaires entièrement ou partiellement en français, 57 % sont nés au Québec ou à l'extérieur du Canada. De plus, les résultats mettent en évidence que la proportion de personnes de langue française qui ont poursuivit des études primaires en français diminue en fonction du groupe d'âge. Ainsi cette proportion est de 84 % pour celles âgées de 18 à 24 ans alors qu'elle est de 52 % pour celles de 65 ans ou plus.

4.4 Médias, arts et culture

Le soutien aux arts et à la culture est l'un des éléments clés ciblés par la Feuille de route. On y reconnaît notamment leur rôle essentiel à l'épanouissement des communautés de langue officielle en milieu minoritaire.

L'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) cible six médias pour mesurer l'accès aux éléments culturels dans la langue de la minorité, soit la télévision, l'Internet, la radio, les journaux, les livres et les spectacles ou les événements artistiques. De nos jours, l'Internet et la câblodistribution facilitent l'accès à ces médias dans plusieurs langues et en provenance de nombreux pays, ce qui permet d'accroître la disponibilité des divers produits culturels de langue française à travers le pays.

Les résultats de l'EVMLO révèlent que les Franco-Albertains, tout comme leurs homologues anglophones, sont de grands consommateurs de médias, dont les plus importants sont la télévision (99 %) et la radio (88 %) (voir le tableau 4.5).

Tableau 4.5 Proportion de francophones selon l'utilisation de certains médias (toutes langues confondues), Alberta, 2006

Les francophones de l'Alberta sont majoritairement portés à déclarer que la lecture des journaux (93 %), l'écoute de la télévision (84 %) et de la radio (84 %), de même que l'accès à l'Internet (83 %) et la lecture de livres (75 %) se font surtout ou seulement en anglais. L'accessibilité aux médias de langue française n'est donc pas le seul facteur qui influence la consommation dans la langue de la minorité : les résultats de l'EVMLO révèlent en effet que malgré les avancées technologiques facilitant l'accès à divers médias de langue française, l'anglais prédomine lors de l'utilisation des médias.

Tableau 4.6 Proportion de francophones selon la langue de consommation de certains médias, Alberta, 2006

4.5 Vie communautaire

L'implication des individus au sein de leur communauté et la participation à des activités communautaires sont généralement reconnues comme des dimensions de la vie en société qui contribuent à la création et au maintien de réseaux de soutien social. En outre, « [le] capital social (défini en termes généraux comme la participation aux réseaux sociaux) est de plus en plus considéré comme une composante clé du développement communautaire ou comme un aspect essentiel de la « capacité » d'une collectivité de se développer » (Rothwell et Turcotte, 2006 : p.1).

Les données de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) permettent de mesurer certaines dimensions de la participation des francophones à la vie communautaire. Les statistiques concernant la participation à des activités de bénévolat, le fait d'être membre d'organismes communautaires ou de prodiguer des soins dans un contexte informel permettent en effet d'examiner dans quelle mesure les francophones s'impliquent dans la vie associative et communautaire de leur milieu de vie6.

Les résultats de l'EVMLO révèlent qu'au moins le quart des francophones de l'Alberta participent à l'une ou l'autre des activités pour lesquelles des données ont été recueillies dans cette enquête. Ainsi, ce sont 26 % des adultes francophones qui ont déclaré avoir fourni du soutien non rémunéré pour les activités de tous les jours à quelqu'un qui n'habitait pas dans leur ménage au cours des 12 derniers mois ayant précédé l'enquête, alors que 29 % ont déclaré avoir été membres d'un organisme, d'un réseau ou d'une association et 38 % ont déclaré faire du bénévolat.

La langue dans laquelle se déroulent les activités communautaires des Franco-Albertains varie selon le type d'activité. L'anglais est cependant la langue privilégiée par les francophones dans toutes ces activités. L'anglais est surtout ou seulement utilisé par 82 % des francophones lorsqu'ils font du bénévolat, par 73 % d'entre eux lors de leur implication au sein d'organismes, de réseaux ou d'associations, et par 63 % d'entre eux lorsqu'ils donnent du soutien social pour les activités de tous les jours à des personnes qui n'habitent pas dans le ménage. Soulignons que les membres de la famille (autres que les enfants) (44 %) sont les personnes qui bénéficient le plus souvent du soutien pour les activités quotidiennes. La famille et les amis semblent compter pour beaucoup dans les réseaux des francophones de l'Alberta. Ainsi, en cas de maladie, 41 % déclarent qu'ils se tourneraient vers les autres membres de leur famille pour du soutien, tandis que 25 % se tourneraient vers leurs enfants et 12 % vers leurs amis. L'utilisation du français dans les activités de soutien social semble donc associée principalement au domaine privé.

L'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle révèle que près des deux tiers des francophones de l'Alberta déclarent qu'il est important ou très important pour eux que des personnes ou des organismes travaillent au développement de la communauté francophone.

4.6 Caractéristiques de l'emploi et du revenu

Tant les données du recensement que de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) permettent d'examiner dans quelle mesure les francophones de l'Alberta œuvrent dans des secteurs d'industrie différents ou non de ceux des anglophones. On peut y identifier les similitudes et les différences dans la répartition des groupes linguistiques entre les divers secteurs d'industrie.

L'analyse sommaire des données du Recensement de 2006 révèle que les francophones de l'Alberta sont proportionnellement plus nombreux que les anglophones à œuvrer dans certains secteurs tels ceux de la construction (10,4 % pour les francophones comparativement à 8,6 % pour les anglophones), des services d'enseignement (9,3 % comparativement à 6,2 %) et des administrations publiques (6,8 % comparativement à 4,6 %) (voir le graphique 4.4). Les anglophones, pour leur part, sont proportionnellement plus nombreux à occuper des emplois dans les secteurs du commerce de détail, des services professionnels, scientifiques et techniques, et de l'hébergement et services de restauration. Dans les autres grands secteurs d'industrie, on n'observe pratiquement aucun écart entre les deux groupes.

Graphique 4.4 Proportion de travailleurs selon le secteur d'industrie et la première langue officielle parlée, Alberta, 2006

Tableau 4.7 Répartition des travailleurs francophones selon le secteur d'industrie, Alberta, 2006

4.6.1 Utilisation de la langue française au travail selon le secteur d'industrie

Parmi l'ensemble des travailleurs de l'Alberta âgés de 15 ans ou plus, 1,5 % utilisent le français le plus souvent ou régulièrement dans le cadre de leur travail. Chez les personnes ayant le français comme première langue officielle parlée, cette proportion atteint 34,1 %, soit 11,4 % le plus souvent et 22,7 % régulièrement (c'est-à-dire moins souvent que la langue prédominante).

L'examen du tableau 4.7 révèle que les francophones qui œuvrent dans les secteurs de la construction, de l'enseignement, du commerce de détail et des soins de santé et de l'assistance sociale regroupent plus du tiers (36 %) des travailleurs francophones de la province. Qu'en est-il de l'utilisation du français par les francophones au sein de ces secteurs? On ne s'étonnera guère que les travailleurs francophones du secteur de l'enseignement soient proportionnellement les plus nombreux à avoir le français comme principale langue de travail; on en compte 44 % qui l'utilisent le plus souvent alors que 19 % déclarent en faire une utilisation régulière. Les francophones des secteurs de l'agriculture, foresterie, pêche et chasse, lesquels ne représentent que 4 % des travailleurs francophones de la province, arrivent bon seconds en ce qui a trait à l'utilisation du français le plus souvent au travail (25 %). Toutefois, ce sont les francophones du secteur de l'administration publique qui déclarent faire usage régulièrement du français (45 %) comme langue secondaire au travail dans une plus forte proportion.

Graphique 4.5 Utilisation du français le plus souvent ou régulièrement au travail par les francophones selon le secteur d'industrie, Alberta, 2006

4.6.2 Écarts différentiels de revenu

Historiquement, les francophones au Canada ont été désavantagés sur le plan économique. Les Franco-Albertains ne faisaient pas exception. Dans la mesure où le niveau de revenu des individus est fortement tributaire de leur niveau de scolarité, de leur profession et du secteur d'industrie dans lequel ils œuvrent (pour ne nommer que ces facteurs), on peut croire que les mutations importantes qu'ont connues les communautés francophones de l'Alberta au cours des 40 dernières années ont eu des répercussions majeures sur leur niveau de revenu.

L'analyse des facteurs ayant influencé l'évolution des écarts différentiels de revenu entre les groupes linguistiques dépasse l'objet et la portée du présent rapport. Toutefois, les statistiques du Recensement de 2006 portent à croire que la situation des Franco-Albertains s'est beaucoup améliorée au fil du temps.

Les statistiques de 2006 révèlent que les personnes ayant le français comme première langue officielle parlée ont des revenus moyen et médian supérieurs à ceux des anglophones. Ainsi, les hommes ayant le français comme seule première langue officielle parlée (PLOP) ont un revenu moyen supérieur de 500 $ à celui des hommes ayant l'anglais comme seule PLOP. On observe un écart plus grand entre ces deux groupes linguistiques en ce qui a trait au revenu médian puisque celui des hommes francophones est de 3 200 $ supérieur à celui des anglophones. Chez les femmes, les revenus moyen et médian des francophones sont supérieurs à ceux des anglophones de 1 400 $ et de 2 000 $ respectivement (voir le tableau 4.8). Quant aux revenus moyens et médians des personnes ayant et le français et l'anglais comme premières langues officielles parlées, ils sont bien inférieurs à ceux des francophones et des anglophones. Chez la population de double langue officielle parlée, les revenus inférieurs s'expliqueraient par le fait qu'il s'agit essentiellement de personnes immigrantes. De nombreuses études ont déjà montré qu'en dépit d'un niveau de scolarité supérieur, les immigrants ont un taux de chômage supérieur et des revenus inférieurs à ceux des personnes nées au Canada (Frenette et Morissette, 2003; Picot and Hou, 2003; Zietsma, 2010).

Tableau 4.8 Revenu moyen et revenu médian des hommes et des femmes selon la première langue officielle parlée, Alberta, 2006

À la lumière du contexte historique décrit plus haut, on sait que le revenu médian des deux groupes linguistiques est fonction de l'âge, les francophones plus âgés affichant un revenu médian inférieur à celui des anglophones. Les statistiques présentées aux graphiques 4.5-a et 4.5-b rendent en effet compte du fait que chez les personnes de 65 ans ou plus le revenu médian des anglophones est supérieur à celui des francophones, tant chez les hommes que chez les femmes, quoique les écarts de revenu soient moins importants chez ces dernières. En revanche, chez les 25 à 44 ans, tant le revenu médian des femmes que celui des hommes de langue française est supérieur à ceux des anglophones, soit de 3 300 $ et de 3 100 $ respectivement. Pour ce qui est des hommes et des femmes ayant à la fois et le français et l'anglais comme première langue officielle parlée, ces personnes affichent des revenus médians qui sont inférieurs à ceux des francophones et des anglophones. Les écarts de revenu sont toutefois plus considérables chez les hommes que chez les femmes.

Graphique 4.5-a Revenu médian des femmes selon le groupe d'âge et la première langue officielle parlée, Alberta, 2006

Graphique 4.5-b Revenu médian des hommes selon le groupe d'âge et la première langue officielle parlée, Alberta, 2006

Plusieurs facteurs permettent d'expliquer l'écart différentiel de revenus entre francophones et anglophones. Bien que les résultats portant sur l'ensemble de la population révèlent que, tant chez les hommes que chez les femmes, les revenus moyens des francophones sont supérieurs à ceux des anglophones, la source de ces écarts réside en partie dans un certain nombre de caractéristiques qui distinguent ces deux populations. Par exemple, nous avons en effet pu constater préalablement que la population francophone de moins de 65 ans de l'Alberta est plus scolarisée que la population anglophone. La structure par âge de la population est également un facteur qui influe sur les revenus moyens et médians de cette population.

En approfondissant l'analyse des résultats du recensement, notamment en utilisant la technique de l'analyse statistique multivariée, on constate que l'âge, la scolarité, le type de lieu de résidence, le secteur d'industrie et le statut d'immigrant y jouent un rôle important et permettent d'expliquer une partie de ces écarts. Ainsi, si les francophones et les anglophones de l'Alberta avaient exactement le même profil en ce qui a trait à ces caractéristiques – ce qui n'est pas le cas –, on n'observerait pas de différences statistiquement significatives entre les revenus moyens des francophones et des anglophones.


Notes

  1. C'est-à-dire soit le plus souvent soit régulièrement.
  2. Voir à ce propos le tableau 2.1 du document Professionnels de la santé et minorités de langue officielle au Canada : 2001 et 2006 (Blaser, 2009 : p.23).
  3. Tout comme dans le cas des professionnels de la santé, l'utilisation du français par les avocats et les policiers dépend de plusieurs facteurs, dont la proportion de francophones dans un milieu donné. L'analyse de ces facteurs dépasse toutefois le cadre du présent portrait statistique.
  4. En raison du très petit nombre des membres de la minorité de langue officielle qui ont eu des contacts avec des membres de la police provinciale et la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), les données obtenues dans le cadre de l'Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle ne permettent pas de tirer des conclusions à leur égard.
  5. Dans le cas de l'Alberta, la scolarisation obligatoire a été haussée à 17 ans en 2001.
  6. Plusieurs facteurs sociodémographiques et économiques influent sur la participation communautaire, notamment l'âge, la scolarité, le milieu de résidence, le statut socio-économique, etc. Toutefois, l'analyse de ces facteurs dépasse l'objectif du présent document.
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