Modèle de microsimulation LifePaths : Vue d'ensemble

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Résumé

Le présent document donne un aperçu de LifePaths, un modèle de microsimulation dynamique de la société canadienne élaboré et mis à jour par la Division de la modélisation de Statistique Canada. Grâce à la simulation détaillée des cheminements de vie individuels de millions de résidents virtuels du Canada, LifePaths reproduit les caractéristiques socioéconomiques et démographiques de la dernière moitié du siècle dernier et permet des projections détaillées dans l'avenir, selon divers scénarios et hypothèses. LifePaths est utilisé pour analyser les politiques gouvernementales qui ont une composante essentiellement longitudinale, comme la durabilité des systèmes d'assurance sociale ou les effets à long terme des investissements dans l'éducation. Sur la base des personnes dans leur contexte familial, il appuie l'analyse de la répartition dans tous ses aspects : analyse transversale, au cours de la vie des personnes, entre les cohortes et sur plusieurs générations.

Table des matières

1. Introduction

LifePaths est un modèle de microsimulation dynamique de la société canadienne. Il est conçu pour simuler un échantillon important de parcours de vie individuels détaillés, qui représentent ensemble la population canadienne dans sa diversité, tant au niveau national que provincial. À partir des cheminements de vie individuels de millions de résidents virtuels du Canada, il reproduit les caractéristiques socioéconomiques et démographiques de la dernière moitié du siècle dernier et permet des projections détaillées dans l'avenir, selon divers scénarios et hypothèses.

LifePaths est fondé principalement sur des modèles statistiques d'analyse des transitions, estimés à partir d'une gamme variée de microdonnées canadiennes combinées à des modèles comptables détaillés, qui rendent compte du système de prestations fiscales et du système d'assurance sociale canadiens. Les acteurs individuels fréquentent l'école et font des choix au chapitre de la scolarité, constituent des familles, migrent, deviennent parents, travaillent, ont des gains, prennent des congés parentaux, trouvent et perdent des emplois, acquièrent des maisons, paient des impôts, cotisent à des régimes de pension de façon obligatoire et volontaire, touchent des prestations et des pensions et, enfin, meurent.

LifePaths est utilisé pour analyser les politiques gouvernementales comportant une composante essentiellement longitudinale, dont la nature nécessite une évaluation au niveau de la personne ou de la famille, comme les coûts et les avantages des études postsecondaires ou la durabilité des régimes publics de pension. Il peut servir à explorer une vaste gamme de questions sociétales de nature longitudinale, comme l'équité intergénérationnelle ou l'emploi du temps tout au long de la vie. À partir de cheminements individuels, il appuie l'analyse de la répartition dans tous ses aspects : analyse transversale, au cours de la vie des personnes, entre des cohortes et sur plusieurs générations.

LifePaths utilise le langage de microsimulation Modgen, élaboré et mis à jour à Statistique Canada. Comme toutes les applications Modgen, il comporte une interface graphique et fonctionne très efficacement au moyen de PC ordinaires ou en réseau. LifePaths est modulaire; il s'agit d'un modèle qui évolue et qui est mis à jour, de nouvelles composantes y étant ajoutées.

Ce document est organisé en deux sections principales. La première fournit un aperçu global de la conception et du modèle, de sa mise en œuvre technique, des sources de données, du public cible et des méthodes d'utilisation. La deuxième partie, intitulée Composantes de LifePaths, donne une idée du contenu de LifePaths, grâce à la description des politiques et des processus sociaux simulés et des données sous-jacentes.

2. Structure de LifePaths

2.1 Aperçu

LifePaths repose sur la simulation détaillée de cheminements de vie individuels. LifePaths crée des cheminements de vie synthétiques, de la naissance au décès, qui sont représentatifs de l'histoire de la population canadienne. Les acteurs individuels sont simulés dans leur contexte familial, le conjoint et les enfants étant simulés de façon explicite et couplés aux familles. Les parcours de vie individuels sont constitués d'une multitude d'aspects parallèles de la vie, qui peuvent être structurés de la façon suivante :

  • Données démographiques de base : naissance, mortalité, migration interne et internationale;
  • Données démographiques sur la famille : formation des unions, génération de conjoints, grossesse et naissance des enfants, départ des enfants du foyer;
  • Scolarité : transitions au chapitre de la scolarité, niveaux et domaines d'études;
  • Santé : Indice de l'état de santé, incapacité et placement en établissement;
  • Emploi : type d'emploi, chômage, heures de travail, congé de maternité, retraite.
  • Historique du revenu et des gains : gains des étudiants et gains de carrière, revenu de retraite.
  • Logement occupé par le propriétaire : décisions d'achat, de vente, de réévaluation à la hausse ou à la baisse des besoins; prix du logement.

La deuxième composante de LifePaths est une représentation détaillée du système de prestations fiscales et d'assurance sociale du Canada, au fur et à mesure de son évolution et de sa modification au fil du temps. Les personnes simulées vivent ainsi dans un contexte stratégique concret et dynamique, paient des impôts, reçoivent des paiements de transfert, cotisent à des régimes de pension et touchent des prestations. Ces éléments font de LifePaths un modèle approprié pour l'analyse détaillée des aspects de répartition et des questions de durabilité à long terme des politiques gouvernementales, dans le contexte de changements sociodémographiques rapides.

  • Emploi/cotisations à l'assurance-emploi et prestations
  • Prestations familiales, de maternité et parentales
  • Impôts et transferts fédéraux
  • Charges sociales
  • Régimes de pension publics, cotisations aux régimes de pension et prestations
  • Prestations aux personnes âgées (SV, AAC, SRG)
  • Épargne et prestations des régimes de pension privés, des RPA et des REER.

À noter que la mise en œuvre de la plupart des composantes économiques fait intervenir des choix de comportement individuels, par exemple, les décisions en matière d'épargne, l'intégration des indices passés et la projection des indices futurs, par exemple, les taux d'intérêt, la croissance économique et le codage « mécanique » du système de prestations fiscales canadien.

2.2 Conception du modèle

LifePaths peut être catégorisé comme un modèle à risques concurrents en temps continu qui suit une approche de population ouverte. Il s'agit d'un modèle axé sur les cas dans lequel les interactions entre les personnes se limitent à celles entre les membres de la famille. Toutes les vies sont simulées à partir de la naissance, c'est-à-dire que toutes les vies sont entièrement synthétiques et ne correspondent pas à des personnes réelles tirées d'un seul ensemble de microdonnées.

Les parcours de vie simulés comprennent divers cheminements en parallèle et en interaction, chacun étant défini par un ensemble d'états possibles et d'événements qui mènent à des changements d'état. Le parcours de vie d'une personne est donc simulé sous forme d'une série d'événements. Ces événements dépendent des antécédents de la personne et comportent habituellement aussi une composante stochastique. Lorsqu'un événement survient, l'état de la personne concernée change. À son tour, ce changement modifie la probabilité d'événements subséquents. Grâce à l'ajout d'une composante stochastique à la décision, la transposition de ce genre de probabilité en un événement simulé devient un processus aléatoire. Par exemple, une personne actuellement occupée court un certain risque de perdre son emploi. Ce risque dépendra de facteurs comme la durée d'occupation de l'emploi courant. En cas de perte d'emploi, l'état de la personne change, puisqu'elle devient « chômeuse ». Ce nouvel état peut faire baisser la probabilité qu'elle se marie par la suite ou augmenter la probabilité qu'un mariage existant se brise.

Les simulations LifePaths se déroulent en temps continu. Les événements peuvent avoir lieu à tout moment arbitraire et ne sont pas limités artificiellement à des intervalles annuels. Il est peu probable que des événements qui se produisent en temps continu surviennent simultanément, à moins qu'on ne les définisse spécialement comme des événements conjugués. Par conséquent, il n'est pas nécessaire d'établir les règles de bris d'égalité si souvent requises dans le cas des simulations en temps discret. Par exemple, la réponse à la question de savoir si une naissance simulée de sorte qu'elle survienne la même année qu'un mariage a eu lieu avant ou après ce dernier n'est jamais ambiguë.

Durant une simulation, LifePaths met constamment à jour la liste des événements à venir pour faire en sorte que l'événement prévu suivant soit celui pour lequel, au moment considéré, la période d'attente est la plus courte. Cette procédure représente un moyen simple de traiter les événements concurrents. Les périodes d'attente fournissent un cadre qui permet d'uniformiser la représentation de la prise de décisions. Les décisions probabilistes peuvent être mises en oeuvre de façon que le choix entre les options se fasse par comparaison de deux périodes d'attente ou plus. Par exemple, on peut simuler la décision que prend une personne qui n'a jamais été mariée de se marier ou de former une union de fait en produisant les périodes d'attente pour les deux événements. Les décisions de ce genre étant généralement influencées par d'autres variables, comme le niveau de scolarité et les antécédents professionnels, la décision est systématiquement réévaluée chaque fois que la valeur des variables influentes change. Si les périodes d'attente pour les deux catégories d'état matrimonial sont longues comparativement aux périodes d'attente pour un changement d'emploi ou de niveau de scolarité, ni le mariage ni l'union de fait ne deviendront l'événement suivant. Par contre, si la période d'attente pour le mariage est plus courte que pour l'union de fait, LifePaths choisit le mariage.

Une simulation LifePaths consiste en un ensemble de cas mutuellement indépendants. Chaque cas contient exactement une personne dominante au moment où il est créé. Le conjoint ou la conjointe ou les enfants de la personne dominante sont simulés dans le cas. Ils sont créés pour satisfaire les équations de formation des unions et de fécondité. Les équations de comportement utilisées pour la personne dominante s'appliquent aussi à ces personnes. Les personnes non dominantes sont exclues de la plupart des tableaux pour éviter les doubles comptes. Néanmoins, leur influence y est prise en compte, puisqu'elles définissent le contexte familial dans lequel vit la personne dominante. Le contexte familial peut se résumer simplement à la présence d'enfants au foyer ou représenter une fonction complexe des antécédents professionnels du conjoint.

LifePaths est un modèle ouvert en ce sens qu'un conjoint non dominant sera créé chaque fois qu'il est décidé qu'une formation d'union aura lieu. En outre, le programme simule entièrement un cas avant de passer au suivant. Ces propriétés diffèrent de celles des modèles fermés, en temps discret, qui simulent tous les membres d'une population pour une période donnée avant de passer à la période suivante. Ces modèles tiennent à jour une liste des personnes célibataires durant la période considérée et permettent uniquement les formations d'union entre les personnes qui figurent sur la liste. Habituellement, dans le cas des modèles fermés, la simulation a pour point de départ des données transversales éventuellement recueillies lors d'une enquête démographique. Donc, l'exactitude d'une simulation à modèle fermé est toujours limitée par la variabilité d'échantillonnage de l'échantillon transversal de départ. En outre, on ne possède souvent, au départ, que des données restreintes sur les antécédents pour élaborer les équations de comportement. Par contre, LifePaths produit, pour chaque individu, un historique complet à partir de la naissance qui donne plus de souplesse pour spécifier les équations de comportement.

Les membres de la plus ancienne cohorte de naissance représentée dans LifePaths sont nés en 1872. Cette année a été choisie de sorte qu'en 1971, LifePaths puisse simuler une gamme complète d'âges allant des nouveau-nés aux personnes âgées. Autrement dit, à compter de 1971, LifePaths produit des totalisations transversales annuelles que l'on peut comparer aux données transversales chronologiques. L'année 1971 est la première pour laquelle on dispose de données sociodémographiques de grande qualité provenant d'un recensement de conception moderne fondé sur l'autodéclaration.

2.3 Mise en œuvre technique et produits du modèle

LifePaths utilise Modgen, un langage de programmation générique de microsimulation qui appuie la création, la mise à jour et la documentation de modèles dynamiques. Modgen a été créé avec comme objectif d'automatiser le plus grand nombre d'aspects possibles de la mise en œuvre du modèle de microsimulation. Une interface utilisateur graphique bilingue, ainsi que des tableaux d'entrées et de sorties multidimensionnels bien organisés et identifiés, sont communs à toutes les applications Modgen.

L'un des concepts importants de la classe de modèles de simulation à laquelle appartient LifePaths est la variation de Monte Carlo. L'exécution de LifePaths crée un échantillon de personnes et de familles d'après des périodes d'attente dont le rôle consiste à intégrer une composante stochastique dans le modèle. Cette composante stochastique est un élément essentiel qui donne à LifePaths la capacité de produire des cheminements de vie qui reflètent la diversité observée dans la population réelle. En revanche, cette variabilité individuelle influe sur la fiabilité des résultats tabulaires agrégés, de la même façon qu'un petit échantillon sélectionné à partir d'une grande population produit des données d'une exactitude limitée. Dans le contexte de la modélisation par simulation, cette variabilité statistique porte le nom de variation de Monte Carlo. Elle peut différer d'une cellule à l'autre dans un tableau et dépend du nombre d'observations dans la cellule, des équations du modèle et de la nature de la quantité agrégée que l'on totalise.

Modgen estime automatiquement la variabilité de Monte Carlo de chaque cellule de chaque tableau et produit les résultats sous forme d'erreur-type. Ce dispositif augmente de façon substantielle le contenu d'information de tous les produits du modèle, étant donné qu'avant de tirer des conclusions fondées sur les résultats des totalisations, il permet d'examiner ces mesures de la variation. Si l'erreur type est trop grande, il peut être nécessaire d'augmenter le nombre de cas dans la simulation, afin d'obtenir le degré souhaité d'exactitude. Un autre moyen d'augmenter le nombre de cas qui contribuent à un tableau particulier consiste à mieux cibler la simulation. Par exemple, on pourrait décider de ne simuler que les personnes nées durant une étroite fourchette d'années. LifePaths permet d'augmenter virtuellement la taille de l'échantillon sans limite. (Une simulation type de LifePaths crée de 4 à 30 millions de cas, qui sont constitués de l'acteur dominant et d'une multitude d'acteurs familiaux : conjoints, enfants, petits-enfants).

Du fait que LifePaths est fondé sur des parcours de vie individuels, ses produits sont très riches. Au niveau agrégé, les produits du modèle sont organisés dans une liste hiérarchique de tableaux. Comme les tableaux sont produits durant l'exécution du modèle, LifePaths ne nécessite pas la création de très gros fichiers de données de sortie, une autre exigence qui fait en sorte qu'il n'y a à peu près pas de limite à la taille d'une population simulée. LifePaths utilise le langage puissant de production de tableaux fournis par la technologie de programmation Modgen. Le langage de production de tableaux Modgen est particulièrement puissant pour la production de durées, outre les produits transversaux à un « point donné dans le temps ». Modgen permet aussi d'augmenter, d'organiser et de personnaliser facilement le tableau produit.

La deuxième forme est une base de données qui permet de suivre le cheminement de vie des personnes simulées, qui est représenté par les valeurs des variables d'état choisies par l'utilisateur et le moment de leur variation. Une base de données de suivi contient habituellement un petit nombre d'individus simulés choisis avec soin (des centaines plutôt que des milliers), pour lesquels on peut examiner les données cas par cas. La base de données de suivi sert de fichier d'entrée pour un programme auxiliaire nommé BioBrowser, qui affiche graphiquement les valeurs précisées des variables au cours de la vie des personnes simulées, autrement dit une biographie BioBrowser.

2.4 Données

Le contenu des modèles de simulation est intégré en grande partie dans des équations de comportement. Dans LifePaths, ces équations, conjuguées à leur composante stochastique, déterminent la répartition des périodes d'attente en fonction des événements. Elles représentent les comportements en fonction du passé simulé de la personne. Par exemple, le moment des naissances est déterminé en tenant compte du moment du mariage et des naissances antérieures, plutôt qu'uniquement d'après l'âge de la mère. (Les taux de fécondité selon l'âge sont des éléments courants des modèles de projections démographiques non conçus pour produire des cheminements de vie individuels réalistes.)

Les équations de comportement représentent des choix, ainsi que des événements contingents, comme un décès. L'estimation de ces équations impose de lourdes contraintes en ce qui concerne les données nécessaires, car celles-ci doivent refléter directement les événements individuels et les antécédents particuliers qui ont mené à ces événements. LifePaths utilise une multitude de sources de données comportant une composante longitudinale, par exemple, une base de données de l'Enquête sur la population active couplées au fil du temps et des données historiques rétrospectives recueillies dans l'Enquête sociale générale et des enquêtes par panel, comme l'Enquête auprès des jeunes en transition.

L'un des plus grands défis de LifePaths est d'être à la fois uniforme au niveau longitudinal – les cheminements individuels doivent avoir du sens et doivent être représentatifs de la diversité des parcours de vie réels observés dans la société canadienne au fil du temps – et au niveau transversal. L'un des objectifs de conception de LifePaths est que la répartition des caractéristiques dans la population simulée reproduise étroitement les données du recensement sur l'ensemble de ces vagues. À cet égard, la construction de LifePaths peut être perçue comme un exercice d'intégration des données qui, grâce à la détection des incohérences et des lacunes dans les données, peut améliorer leur qualité et leur collecte à long terme.

2.5 Utilisation et utilisateurs

Les plus gros groupes d'utilisateurs sont les ministères fédéraux canadiens, ainsi que des ministères provinciaux participant à l'élaboration de politiques. Parmi les autres publics cibles figurent les organismes non gouvernementaux qui interviennent dans la politique gouvernementale à long terme, les démographes, les économistes et d'autres chercheurs. L'auditoire secondaire est constitué des personnes à qui les résultats du modèle ou les analyses fondées sur les résultats du modèle sont présentés. Il peut s'agir de représentants de la presse et de partis politiques et, évidemment, des décideurs gouvernementaux.

Les versions antérieures du modèle étaient axées sur la population jeune et ont été utilisées par les ministères fédéraux et provinciaux pour évaluer la viabilité des réformes majeures du financement de l'enseignement postsecondaire. Plus récemment, l'équipe de LifePaths a élaboré avec succès des équations de comportement longitudinales qui permettent de suivre avec précision les grands traits de l'évolution de la société canadienne (démographie, éducation, migration, marché du travail, gains) au cours du vingtième siècle. Cela assure un niveau élevé de crédibilité au modèle et fournit une base solide aux responsables des politiques pour procéder à des projections en ce qui a trait aux politiques gouvernementales actuelles et proposées. Plus récemment, le modèle a été utilisé par les ministères fédéraux dans un projet d'analyse des divers aspects de la retraite.

LifePaths a aussi été utilisé dans une gamme variée de documents de recherche. Parmi les sujets abordés figuraient : l'emploi du temps, la comptabilité intergénérationnelle, l'espérance de vie active, le congé de maternité, le retour aux études et les changements touchant les politiques des pensions. LifePaths a aussi fourni la base démographique de POHEM, le modèle de santé de la population élaboré à Statistique Canada, qui permet une comparaison rationnelle des diverses options concurrentes d'intervention en santé, dans un cadre qui rend compte des effets des interactions de la maladie.

LifePaths est un modèle très complexe, dont l'élaboration remonte à plus d'une décennie. Il faut une somme considérable de temps (et de ressources matérielles) pour se familiariser avec LifePaths pour toute analyse importante, et la plupart des utilisateurs cherchent à obtenir une forme ou une autre de soutien de l'équipe de LifePaths. Statistique Canada fait preuve de souplesse lorsqu'il s'agit de fournir diverses formes de soutien, qui vont de l'exécution de projets proprement dits, conformément aux définitions des clients, à la formation des clients, afin qu'ils puissent utiliser le modèle existant, élaborer leurs propres modules et exécuter leur analyse indépendamment, à l'extérieur de Statistique Canada. La première option pourrait être préférable pour une analyse ponctuelle d'un sujet au moyen de LifePaths, étant donné qu'il est peut-être plus économique de faire exécuter le travail par le personnel de Statistique Canada que de procéder à un investissement initial important dans l'apprentissage et les ressources informatiques. La dernière option, qui est axée sur la formation, s'est révélée particulièrement appropriée dans les cas de la recherche universitaire qui utilise le modèle LifePaths existant comme base, en y ajoutant de nouveaux modules sans modifier la base en place.

Dans le cas des projets à grande échelle qui vont au-delà de l'utilisation de LifePaths comme modèle « boîte noire », la plus grande difficulté liée à la maîtrise de LifePaths est la compréhension de sa structure et de sa complexité. LifePaths comprend des centaines de variables qui interagissent les unes avec les autres de façon complexe. Les utilisateurs, de même que les nouveaux membres de l'équipe LifePaths, ont déterminé qu'il fallait des mois pour commencer à comprendre les rapports, et des années pour devenir un expert de l'utilisation productive de LifePaths pour l'analyse stratégique complexe. Par conséquent, il n'est pas étonnant de constater que la plupart des analyses stratégiques complexes au moyen de LifePaths sont exécutées par l'équipe de LifePaths ou en étroite collaboration avec elle. Par ailleurs, le projet LifePaths a comme avantage unique d'être basé à Statistique Canada. Cela fournit à l'équipe de développement un accès facile aux nombreuses sources de données requises pour estimer la répartition des caractéristiques et des équations utilisées pour modéliser le comportement des personnes ou des familles.

D'un point de vue technique, l'apprentissage de l'utilisation de LifePaths comprend l'apprentissage du langage de programmation Modgen sur lequel repose le modèle. Lorsque le but visé n'est pas de modifier LifePaths proprement dit, l'apprentissage de la création de tableaux de sortie est généralement la première étape de la programmation. Même si un nouvel utilisateur de LifePaths n'a pas à être programmeur, il doit comprendre le code de Modgen pour procéder à des rajustements du modèle.

En ce qui a trait aux ressources matérielles, un nombre important de cas, généralement de 4 à 32 millions, doivent être exécutés pour obtenir de bons résultats dans la répartition des variables étudiées dans LifePaths. La simulation d'échantillons aussi importants nécessite habituellement des investissements en matériel. LifePaths utilise plusieurs cœurs d'ordinateurs de réseaux simples et multiples; un ordinateur ou un réseau comportant huit cœurs est recommandé et suffisant pour la plupart des fins.

3. Composantes de LifePaths

3.1 Données démographiques de base : naissance, migration, décès

La population de chaque province, à tout moment dans le temps, est déterminée par trois facteurs : naissances, décès et flux migratoires au Canada ou au niveau international. Une représentation appropriée de la dynamique de la population canadienne, selon ses principales caractéristiques démographiques – âge, sexe et province de résidence – est une exigence de base pour tous les produits de simulation.

LifePaths vise à reproduire exactement les données historiques et administratives sur la population, les estimations officielles de la population, ainsi que les trois scénarios de projection (croissance faible-moyenne-élevée) publiés périodiquement par Statistique Canada. En ce sens, LifePaths ne produit pas ses propres projections démographiques, mais reproduit des macroprojections données. Cela fait en sorte que les résultats de la simulation sont comparables avec ceux obtenus d'autres modèles reposant sur des hypothèses de population similaires.

À noter que les comportements démographiques modélisés interagissent avec les autres caractéristiques du parcours de vie. Par exemple, la migration dépend du type de famille, tandis que la mortalité dépend de la santé (outre l'âge, la période et le sexe). Le calage des micromodèles, afin de reproduire des macrodonnées particulières, est l'un des défis liés à l'élaboration de LifePaths. Parmi les autres défis figurent les questions d'intégration des données découlant de la profondeur historique énorme de la simulation, qui remonte à 1872.

LifePaths repose sur une population de départ synthétique, ce qui signifie que toutes les personnes sont simulées à partir de la naissance. Comme dans la vie réelle, les acteurs de LifePaths deviennent des résidents par naissance ou par immigration et peuvent émigrer du Canada temporairement ou de façon permanente. Techniquement, nous pouvons faire une distinction entre les caractéristiques attribuées à la naissance et celles modélisées pendant le parcours de vie. Sont attribués à la naissance (la création d'un acteur) le sexe, l'année de naissance, la province de naissance et l'année et la province d'immigration pour les personnes nées à l'extérieur du Canada. Toutes les autres caractéristiques individuelles, ainsi que leur évolution au fil du temps, sont modélisées; aucune vie simulée n'a d'équivalent direct dans la vie réelle, ce qui élimine les problèmes de confidentialité.

3.2 Devenir un résident du Canada

Depuis 1872, la population du Canada a augmenté plus de sept fois, un élément clé de cette hausse étant l'immigration. Le Canada est un pays d'immigration. Au plus fort de l'immigration, c'est-à-dire de 1901 à 1911, le nombre total d'immigrants qui arrivaient représentait environ 25 % de la population moyenne au cours de la décennie. L'immigration continue de contribuer grandement à la croissance démographique soutenue du Canada.

Les caractéristiques des immigrants diffèrent de celles des personnes nées au Canada. Par exemple, les immigrants récents sont susceptibles d'être plus scolarisés que la moyenne canadienne. C'est pourquoi une attention spéciale doit être accordée à la population immigrante, et tout d'abord à la détermination de l'âge à l'arrivée et du moment de l'arrivée.

En ce qui a trait aux naissances et à l'immigration, LifePaths est fondé sur les recensements de la population, à partir de 1911, les enregistrements de naissance et les dossiers de l'immigration, les estimations démographiques et les projections démographiques. La plupart des données administratives sont disponibles à partir de 1921. Pour la période précédant 1921, la population du recensement a fait l'objet d'un exercice de « survie inversée » : on a déterminé le nombre de naissances nécessaires pour produire le nombre de survivants observés en 1921, à partir d'estimations des probabilités de mortalité. En intégrant ces sources de données, des tableaux de répartition ont été élaborés qui permettent d'attribuer de façon aléatoire un ensemble de caractéristiques clés à chacun des acteurs simulés : sexe, année de naissance, province de naissance et, pour les personnes nées à l'étranger, année et province d'immigration.

Les immigrants deviennent des citoyens canadiens après trois ans dans LifePaths. La population représentée ne comprend pas les résidents non permanents, dont un nombre important sont des étudiants étrangers.
À noter que la description de la façon dont LifePaths crée une population qui figure ci-dessus a trait uniquement à ce que l'on appelle les acteurs dominants de la génération zéro. Il s'agit des acteurs à partir desquels LifePaths construit la plupart des tableaux et qui représentent ensemble la population canadienne. Chacun de ces acteurs peut avoir une série de conjoints et diverses générations d'enfants et de petits-enfants – la profondeur générationnelle étant établie par l'utilisateur. La profondeur générationnelle de LifePaths, outre qu'elle crée un contexte pour l'acteur dominant, peut être exploitée pour l'étude des mécanismes et des effets intergénérationnels.

3.3 Émigration et migration de retour

Toutes les personnes du modèle qui vivent actuellement au Canada ont une probabilité d'émigrer. Les facteurs qui influencent l'émigration comprennent l'âge, le sexe, la province de résidence, l'année civile, le statut d'immigrant et l'année d'immigration (dans le cas des immigrants).

Les citoyens canadiens qui émigrent peuvent aussi revenir au Canada. Cela signifie que les immigrants qui quittent le pays après y avoir vécu pendant trois ans ou plus, ainsi que les personnes nées au Canada, peuvent émigrer puis revenir au Canada. Toutefois, les immigrants qui quittent le Canada avant de devenir des citoyens canadiens ne sont pas admissibles à revenir y vivre. Les facteurs qui influencent le retour au Canada comprennent l'âge, le sexe, l'année, la dernière province de résidence, le statut d'immigrant et l'année d'immigration (dans le cas des immigrants).

L'ensemble de la migration est modélisé au niveau de la famille; si un membre de la famille migre, son conjoint et ses enfants à charge migrent aussi.

3.4 Migration interne

Outre qu'ils entrent au Canada et qu'ils en sortent, les personnes du modèle et leur famille peuvent passer d'une province à l'autre. Une probabilité de base de déplacement entre chaque paire de provinces sert de repère pour l'estimation des probabilités de migration des familles pour chacun de cinq types de familles : couples mari et femme, couples en union libre, parents seuls, autres hommes seuls et autres femmes seules. Ces probabilités intègrent l'influence de facteurs comme l'âge, la scolarité et le fait qu'une personne quitte sa province de naissance ou y revienne. Deux autres facteurs sont la province actuelle de résidence et la province de naissance. La migration de retour à la province de naissance s'est révélée l'une des tendances de migration les plus importantes qu'a fait ressortir l'analyse des données sur la migration. À l'intérieur d'une simulation, la probabilité de base de se déplacer entre chaque paire de provinces varie d'une année à l'autre.

Les données visant les premières années sont limitées; dans certains cas, seules les données du recensement comparant la province de naissance et la province de résidence sont disponibles, ce qui indique un mouvement de migration. À l'heure actuelle, des données plus directes et plus actuelles sont disponibles à partir de dossiers administratifs. Les données historiques sur la migration interne au cours de la vie sont fondées sur les données des recensements décennaux de 1911 à 1971. Les probabilités de base de migration des personnes entre chacune des paires de provinces ont été établies à partir des données sur les allocations familiales et les crédits d'impôt pour enfants (1972-1996). Les estimations des probabilités de migration au niveau de la famille ont été établies à partir des données du recensement sur le lieu de résidence l'année précédant le recensement (les probabilités de base servant de points de référence).

3.5 Mortalité

Dans le modèle LifePaths, on détermine la mortalité grâce à une réévaluation des risques et du moment du décès à chaque anniversaire. Le processus de réévaluation de la mortalité se poursuit jusqu'au décès ou jusqu'à ce que la personne atteigne l'âge maximal défini dans le modèle, soit 119 ans. Le risque de mourir est fondé sur le taux de mortalité selon l'âge des résidents du Canada qui partagent le sexe et l'année de naissance de la personne simulée, ainsi que des ensembles (pouvant être sélectionnés par l'utilisateur) de risques relatifs de mortalité. Les données sur la mortalité des cohortes ont été calculées à partir des enregistrements de décès. En ce qui a trait à la mortalité future, les utilisateurs du modèle peuvent établir les paramètres d'un scénario de mortalité faible, moyenne et élevée et choisir un de ces scénarios.

Même si le modèle reproduit les tables de mortalité à partir de données administratives et des projections démographiques officielles au niveau agrégé, il adopte aussi divers types de risques relatifs, dont des ensembles différents peuvent être sélectionnés par l'utilisateur :

  • placement en établissement seulement ou état de santé (y compris placement en établissement);
  • Indice de l'état de santé (IES) (activé/désactivé); et
  • scolarité et état matrimonial (activé/désactivé).

Les risques relatifs selon l'état matrimonial et le niveau de scolarité ont été estimés à partir de l'étude de suivi de la mortalité du recensement. La prise en compte des différences d'espérance de vie selon la scolarité et l'état matrimonial peut être importante, par exemple, dans la modélisation des pensions (l'espérance de vie restante des personnes de 60 ans varie de deux ans entre celles qui n'ont pas terminé d'études secondaires et les diplômés universitaires; l'effet combiné à l'état matrimonial peut mener à une différence dans l'espérance de vie pouvant aller jusqu'à trois ans pour les hommes de 60 ans). De même, la prise en compte des différences de mortalité selon l'état de santé et le placement en établissement peut être importante lorsque l'on modélise les besoins de soins formels et informels, par exemple. L'état de santé et l'IES sont expliqués dans des chapitres distincts sur les comportements qui s'y rapportent.

Les personnes qui sont destinées à immigrer au Canada ne sont pas exposées à un risque de décès tant qu'elles ne sont pas arrivées. Cela permet d'éviter de simuler des personnes qui meurent avant d'arriver au Canada et qui n'auraient par conséquent pas contribué aux rapports de simulation.

3.6 Données démographiques de la famille : fécondité, formation et dissolution des unions, départ de la maison

3.6.1 Fécondité

Les femmes nées dans les années 1880 avaient en moyenne près de quatre enfants au cours de leur vie, un niveau qui n'a jamais été atteint à nouveau, même pendant le baby-boom des années 1960. Actuellement, comme dans la plupart des pays développés, le niveau de fécondité se situe bien en dessous du taux de remplacement, ce qui fait que la croissance de la population repose uniquement sur l'immigration et la diminution de la mortalité.

LifePaths attribue aux femmes une fécondité qui dépend de leur âge et de tout événement relatif à la fécondité s'étant produit récemment. À 15 ans, les femmes deviennent susceptibles de concevoir pour la première fois. À 50 ans, leur probabilité de grossesse est nulle. Entre ces deux âges, les naissances sont simulées en fonction d'une séquence de décisions en matière de fécondité. Chaque décision comporte deux volets : tout d'abord, la décision d'avoir un enfant est prise et, seulement à ce moment-là, la période d'attente avant la conception est déterminée. Toutes les grossesses donnent lieu à une naissance vivante, à moins que la mère ne meure auparavant. Les naissances de jumeaux sont simulées selon le taux de fréquence approprié.

Le principal facteur qui influence la décision d'avoir un autre enfant est le nombre d'enfants déjà nés. Les facteurs secondaires comprennent l'année de naissance de la mère, la province de naissance, l'état matrimonial, l'âge au moment du mariage et le niveau de scolarité. Pour la plupart des femmes, les décisions en matière de fécondité sont reportées jusqu'à la fin des études. Les femmes en union libre ont parfois une fécondité inférieure à celle des femmes mariées. Ce dernier phénomène est important puisque le mariage et la fécondité sont liés dans LifePaths. Si un enfant est conçu, la période d'attente avant le mariage ou l'union libre est réévaluée et, si le mariage ou l'union libre se concrétise, la probabilité d'une nouvelle naissance augmente.

La séquence normale et le moment des événements liés à la fécondité sont les suivants : 1) la naissance survient neuf mois après la conception, 2) une période d'infertilité de trois mois suit chacune des naissances, et 3) une nouvelle période de fécondité commence immédiatement après. L'attention particulière accordée au moment de ces événements permet de définir des modèles simples de congés de maternité et de mariages faisant suite à une grossesse.

Les probabilités des décisions ont été calculées sur la base des données regroupées des recensements à partir de 1971, au moyen de la répartition des enfants nés de femmes qui ont terminé ou presque terminé leur période de fécondité. Les intervalles entre les naissances sont fondés sur les réponses au recensement des femmes dans la trentaine dont tous les enfants vivent encore au foyer. Des intervalles de naissance ont par la suite été calculés à partir des différences d'âge entre les enfants.

3.6.2 Mariage, union libre et divorce

Par le passé, seule une faible proportion de personnes ne se mariaient pas au cours de leur vie, et les divorces ou les unions libres étaient rares. À l'heure actuelle, le tiers des mariages aboutit à un divorce et la cohabitation en union non maritale devient un phénomène répandu, à la place du mariage ou avant celui-ci. Les changements institutionnels rendent compte des changements sociétaux, par exemple, les premières modifications aux dispositions législatives sur le divorce, en 1968 et 1985, qui ont simplifié les procédures de divorce et mené à des sommets dans les taux de divorce observés.

L'acceptabilité de plus en plus grande de l'union libre est un phénomène plus récent que l'augmentation de la fréquence des divorces. Selon les données du Recensement de 1981, un peu plus de 6 % des couples déclaraient vivre en union libre; parallèlement, le mariage n'est plus la norme universelle, le Québec venant en tête de cette tendance à la désinstitutionnalisation.

Les changements sociétaux se reflètent aussi dans les changements dans l'âge au moment du mariage et de la naissance des enfants. Historiquement, la tendance vers la diminution constante des âges au moment du mariage et de la naissance des enfants s'est renversée depuis le baby-boom. Par la suite, le parcours de vie a commencé à se diversifier à nouveau, avec des niveaux plus élevés de personnes sans enfant et une augmentation constante de l'âge au moment du mariage et de la naissance des enfants. La modélisation soigneuse de ces tendances est importante, les unions ainsi que la paternité et la maternité ayant une influence considérable sur d'autres événements, par exemple, ceux touchant la migration et le marché du travail. L'augmentation constante de l'inégalité dans la taille des familles est aussi un facteur de l'augmentation générale de l'inégalité économique.

Les transitions sur le plan de l'état matrimonial peuvent être très complexes. Cette complexité est manifeste, par exemple, dans le cas d'une personne séparée, mais toujours mariée, et vivant simultanément en union libre. LifePaths restreint volontairement la complexité des transitions sur le plan de l'état matrimonial. Le modèle établit à 15 ans l'âge minimum de l'union libre ou du mariage. Dans le cas des personnes jamais mariées, l'union libre et le mariage sont des événements concurrents : l'un ou l'autre peut se produire. Les facteurs qui influencent le moment de l'union libre et du mariage comprennent le sexe, l'âge, la grossesse, la situation d'activité, la scolarité, l'année de naissance, le lieu de naissance (né au Québec, né ailleurs au Canada, né à l'extérieur du Canada), l'âge au moment du premier emploi et le nombre d'années de travail depuis le premier emploi.

Lorsqu'un mariage ou une union libre se produit, LifePaths crée un conjoint approprié. L'âge et la scolarité de ces personnes s'apparentent à ceux de leur conjoint. Il existe deux méthodes dans LifePaths pour créer un conjoint. Dans le cas de l'exécution de programmes importants, un marché des conjoints est créé avant la simulation des cas. Lorsqu'on doit faire appel à un conjoint, cette personne est sélectionnée dans le marché des conjoints en fonction de l'âge et de la scolarité recherchés. La deuxième méthode comprend la création d'une série de personnes ayant l'âge et le sexe recherchés, jusqu'à ce qu'une personne ayant le niveau de scolarité requis soit trouvée. Cette personne devient le conjoint ou le partenaire d'union libre.

Les personnes en union libre font face à trois parcours possibles : le décès de l'un des deux partenaires, la dissolution de l'union libre et le mariage des partenaires de l'union libre. Les facteurs qui influencent le parcours choisi comprennent le nombre d'unions libres antérieures, la durée de l'union, l'âge, le sexe, la grossesse, l'année de naissance, le lieu de naissance et les mesures de l'expérience sur le marché du travail.

Les personnes qui se marient pour la première fois font face à deux parcours possibles : le décès de l'un des conjoints ou une séparation permanente. Les facteurs qui influencent ces parcours comprennent l'année de naissance, l'âge au moment du mariage, la durée de l'union libre ayant précédé le mariage (le cas échéant), la durée du mariage sans enfant, la durée du mariage avec enfants, l'âge de l'enfant le plus jeune, la scolarité, les mesures des antécédents professionnels et la période historique. Les périodes historiques représentent respectivement la période antérieure à la réforme des dispositions législatives sur le divorce (<1968), la période antérieure à la deuxième modification des dispositions législatives sur le divorce (1968-1984) et la période actuelle (>1984).

Lorsqu'une séparation permanente se produit, on calcule une période d'attente jusqu'à un divorce éventuel. Les facteurs qui influencent les périodes d'attente comprennent la situation du couple en ce qui a trait aux enfants au moment de la séparation, la durée de la séparation, l'année de naissance, le lieu de naissance, la vie en union libre avant le mariage, la scolarité ainsi que la période historique définie en regard de la réforme des dispositions législatives sur le divorce.

Après la fin d'un premier mariage, par suite d'un divorce ou du décès du partenaire, une période d'attente avant un deuxième mariage éventuel est calculée. L'âge, le sexe, la province de résidence et les antécédents matrimoniaux sont des facteurs qui influencent la durée de cette période d'attente.

Les principales sources de données utilisées pour calculer les probabilités de la formation et de la dissolution des unions avant un premier mariage sont l'Enquête sur la famille de 1984 et l'Enquête sociale générale de 1995. Les données des recensements à partir de 1981 ont servi à enrichir les données d'enquête. Les probabilités d'un deuxième mariage ont été fondées sur les données des enregistrements de mariage. Les données représentant la répartition des différences d'âge entre les conjoints ont été tirées des enregistrements de mariage. Les données sur la relation entre les niveaux de scolarité des conjoints proviennent des recensements.

3.6.3 Départ des enfants du foyer

Il peut y avoir une certaine ambiguïté en ce qui a trait à la définition du départ du foyer. Les étudiants postsecondaires, par exemple, peuvent étudier dans une autre province pendant la majeure partie de l'année, mais maintenir leur résidence principale chez leurs parents. En fait, il n'est pas inhabituel d'observer plusieurs mouvements de départ et de retour au foyer parental au cours de la scolarité. LifePaths met l'accent sur la reproduction des répartitions des non-étudiants vivant avec leurs parents, selon l'âge, le sexe et l'année, afin d'estimer le départ définitif du foyer parental. Même dans cette population non étudiante, les tendances récentes montrent que les jeunes semblent quitter le foyer parental plus tard dans la vie.

Dans le modèle LifePaths, le départ du foyer est déterminé par une réévaluation annuelle de la probabilité et du moment de l'événement. Cet événement se produit une fois au maximum au cours de la vie. Les personnes maintiennent leur résidence permanente chez leurs parents tout au long de leurs études. Si une personne vit toujours chez ses parents à l'âge de 35 ans, elle y restera tout au long de sa vie. Toutefois, si un mariage se produit, toutes ces règles sont annulées et la personne quitte immédiatement le foyer parental. Une fois que la personne a quitté le foyer parental, le modèle présume qu'elle ne migrera plus avec ses parents.

Les probabilités de départ du foyer ont été calculées et reproduisent les proportions observées d'enfants non étudiants vivant avec leurs parents, grands-parents ou familles d'accueil, selon l'âge, le sexe, la province de résidence de l'enfant ainsi que l'année. Les proportions annuelles moyennes d'enfants non étudiants qui vivent chez leurs parents ont été tirées de l'Enquête sur la population active, à partir de 1976.

La mobilité des étudiants postsecondaires qui n'ont pas encore quitté le foyer parental est traitée séparément, grâce à l'attribution d'une province d'études qui peut différer de la province de résidence des parents.

3.7 Scolarité : choix pour les études primaires, secondaires et postsecondaires

Peu après la Confédération, la fréquentation de l'école au Canada a été rendue obligatoire, et l'accès à une instruction gratuite dans des écoles publiques subventionnées, à tout le moins pour les jeunes enfants, s'est généralisé. Depuis, le Canada, comme toutes les sociétés développées, a connu une expansion énorme au chapitre de l'éducation : alors qu'avant la Première Guerre mondiale, la moitié de la population ne dépassait pas la huitième année, plus des deux tiers des personnes de 30 ans aujourd'hui ont fait des études postsecondaires.

Le niveau de scolarité, même s'il est intéressant en lui-même, joue aussi un rôle important dans de nombreux processus modélisés dans LifePaths. Il s'agit d'une variable clé des événements démographiques qui influencent la fécondité, la formation de la famille, les décisions en matière de migration et la mortalité. En ce qui a trait au moment où se produisent les événements, la plupart des autres cheminements de vie (p. ex., la formation des ménages, le mariage et la paternité et la maternité) commencent généralement après les études, tandis que dans la modélisation économique, la scolarité est un déterminant clé du capital humain et, par conséquent, du revenu et de la carrière professionnelle.

LifePaths modélise la fréquentation de l'école en faisant une distinction entre l'école élémentaire, l'école secondaire, les collèges communautaires, la formation professionnelle et technique et les divers niveaux d'études universitaires jusqu'au doctorat. Les cheminements d'études peuvent prendre la forme d'une série de périodes à temps plein, à temps partiel et à l'extérieur de l'école, qui rendent compte de la variété des tendances observées. LifePaths définit aussi 100 domaines d'études et calcule les frais de scolarité, ce qui vient appuyer une vaste gamme d'analyses stratégiques

3.7.1 Études primaires et secondaires

La modélisation de l'entrée à l'école et des études primaires est assez simple – les personnes commencent à fréquenter l'école en septembre, l'année de leur sixième anniversaire. On présume que les élèves demeurent à l'école à temps plein au moins jusqu'au mois de juin de l'année de leur quinzième anniversaire. À ce moment-là, on détermine si le diplôme de 8e année a été obtenu et si au moins des études secondaires ont commencé. Dans le premier cas, on présume que les élèves abandonnent de façon permanente; dans le dernier cas, ils passent au module des études secondaires. Cette date marque aussi la date la plus précoce d'entrée sur le marché du travail. Pour les cohortes plus récentes, la progression vers les études secondaires est devenue presque universelle.

À partir de l'année du 15e anniversaire, les études secondaires sont modélisées de façon plus détaillée, et elles comprennent les abandons temporaires ou permanents et les études à temps partiel. LifePaths simule l'obtention des diplômes pour tous les âges mais la modélisation détaillée ce fait seulement pour les personnes âgées de moins de 25 ans. L'obtention du diplôme plus tard à l'âge adulte correspond à un événement d'obtention de diplôme sans suivi de la fréquentation de l'école.

3.7.2 Études postsecondaires

Les universités donnent le meilleur portrait de la croissance des études postsecondaires au Canada, les taux d'obtention d'un diplôme universitaire (baccalauréat ou niveau supérieur) ayant quadruplé, passant de moins de 8 % à 30 % pour les cohortes de naissance sur 50 ans, de 1926 à 1976, conformément aux observations du Recensement de 2006. Pour d'autres composantes des études postsecondaires, le tableau n'est pas aussi précis. Cela vient du fait que les réseaux provinciaux de collèges communautaires n'ont pas vu le jour avant les années 1960 et que les limites entre les établissements universitaires et les autres établissements postsecondaires ont changé au fil des ans, notamment en sciences infirmières et en éducation.

Dans LifePaths, le sort d'une personne quant à ses études postsecondaires est déterminé immédiatement après l'obtention du diplôme d'études secondaires. Ces parcours représentent la scolarité postsecondaire à vie de la personne et peuvent prendre les formes suivantes : s'en tenir au diplôme d'études secondaires, obtenir diverses combinaisons de certificats de formation professionnelle, obtenir d'autres types de certificats d'études non universitaires et de grades universitaires. Les parcours comprennent aussi l'abandon des études universitaires ou collégiales. Dans tous les cas, 30 parcours distincts sont représentés.

Une fois que le sort d'une personne quant à ses études postsecondaires est déterminé, il faut encore prendre une gamme variée de décisions. Les personnes destinées à fréquenter plus d'un type d'établissement choisissent le type d'établissement qu'elles fréquenteront en premier. Puis, pour les personnes qui poursuivront des études universitaires, la province d'études est choisie. Le sexe de la personne, ainsi que sa province de résidence, influencent le choix de la province d'études. Les personnes qui fréquentent des établissements non universitaires étudient toujours dans leur province de résidence.

Une fois la province d'études déterminée, on calcule la période d'attente avant le début du programme suivant. Cette période d'attente dépend de la province d'études, du parcours d'études postsecondaires et du sexe de la personne. Les personnes qui fréquentent un collège ou une université choisissent l'un des 100 domaines d'études offerts dans leur établissement. Elles choisissent aussi, selon les domaines d'études, un modèle d'études approprié. Ce modèle d'études représente la durée totale du programme, ainsi que la répartition entre les études à temps plein et à temps partiel et le nombre d'années passées hors des établissements d'enseignement.

Les personnes qui fréquentent un établissement de formation professionnelle choisissent un des six types de programmes. Celles qui choisissent un programme d'apprentissage enregistré travaillent à temps plein dans le cadre de leur programme, et celui-ci dure plus longtemps que les autres programmes de formation professionnelle. Dès que le type de programme de formation professionnelle est choisi ou lorsqu'il s'agit d'un établissement d'enseignement privé, la durée du programme est établie.

On a utilisé les données du Recensement de 1996 pour calculer les probabilités des 30 parcours possibles d'études postsecondaires, ainsi que les probabilités de 100 domaines possibles d'études pour chaque sexe, année de naissance et lieu de naissance. Le système de données administratives sur les étudiants universitaires et collégiaux a servi à calculer les probabilités de la province d'études ainsi que les probabilités des modèles d'études dans chaque domaine. On a utilisé les données de l'Enquête sur la population active et de l'Enquête nationale auprès des diplômés pour calculer les périodes d'attente avant le programme d'études suivant. Le Recensement des étudiants de 1995, réalisé par l'Association nationale des collèges carrières, a servi à calculer la répartition des durées des programmes des établissements privés.

3.8 Emploi et assurance-emploi/chômage

Dans LifePaths, la situation vis-à-vis de l'activité est répartie entre divers modules. L'emploi des étudiants à temps plein fait l'objet d'un traitement particulier, parce que ses transitions sont déterminées en partie par les étapes de l'année scolaire. L'emploi de carrière renvoie au marché du travail dominant, qui suit sa propre dynamique. Une fois la situation vis-à-vis de l'activité déterminée, LifePaths modélise le nombre réel d'heures travaillées par semaine.

La version actuelle comprend un sous-système d'A-E augmenté qui calcule les primes et les prestations en vertu des lois sur l'A-E jusqu'en 1997. Le modèle de microsimulation LifePaths permet de mettre l'accent sur les prestations régulières d'A-E, ainsi que sur les prestations de maternité et parentales. Il n'y a aucune disposition visant d'autres prestations spéciales comme les prestations de maladie ou de compassion. Le modèle d'A-E n'a pas non plus de disposition visant les personnes qui peuvent également travailler pendant qu'elles reçoivent des prestations d'A-E. Les primes d'A-E sont calculées pour les personnes admissibles à effectuer de telles cotisations. Le modèle d'A-E tient des historiques de travail et de revenu afin de calculer les prestations.

3.8.1 Emploi d'étudiant

Étant donné qu'une proportion croissante de jeunes poursuivent des études postsecondaires, il importe de déterminer leurs sources possibles de soutien financier. À cet égard, la sensibilité de l'emploi des étudiants à la conjoncture économique est importante. Les tendances de l'emploi des étudiants s'expliquent dans une certaine mesure par la croissance des études postsecondaires. Néanmoins, on observe une tendance d'augmentation du travail à temps partiel, même parmi les élèves du secondaire. La plupart des emplois occupés par les étudiants à temps plein le sont pendant les vacances estivales. Par conséquent, les caractéristiques qui distinguent les tendances d'emploi des étudiants à temps plein sont les périodes d'emploi de courte durée et la concentration des événements à des périodes déterminées par les étapes de l'année scolaire.

LifePaths classe l'emploi à temps plein des étudiants entre les catégories suivantes : non-employé, travailleur autonome ou employé rémunéré. Le travail autonome se distingue de l'emploi rémunéré pour les étudiants, même si seulement 10 % ou moins des étudiants occupés déclarent être des travailleurs autonomes. Toutefois, seulement deux transitions – non employés à employés et employés à non employés – sont modélisées. Lorsqu'une transition de non employé à employé se produit, LifePaths détermine s'il convient d'associer la personne à un travail autonome ou à un emploi rémunéré.

Les probabilités et le moment de l'une ou l'autre de ces transitions sont évalués chaque mois. Les variables qui influencent les probabilités de transition comprennent le sexe, la province, la situation dans le foyer parental, les variables représentant les tendances saisonnières d'emploi et les tendances temporelles. Étant donné que le moment et la durée de vacances estivales varient selon le type d'établissement d'enseignement, les probabilités de transition ont été estimées pour chacun des quatre types : écoles secondaires, collèges, universités ou autres établissements. La transition de non employé à employé a été estimée séparément pour les étudiants avec et sans expérience de travail antérieure.

La modélisation est fondée sur les résultats des analyses du travail des étudiants, au moyen de données longitudinales élaborées à partir de centaines de vagues de l'Enquête sur la population active, à partir de 1976.

3.8.2 Emploi de carrière

Les concepts utilisés pour améliorer les données sur l'emploi, tout comme la nature de la population active, ont changé au fil du temps. Jusqu'en 1941, on utilisait le concept d'« activité lucrative » dans le cadre du recensement. Celui-ci était adapté à l'époque, dans la mesure où les travailleurs agricoles et les agriculteurs représentaient une proportion significative de l'ensemble des travailleurs et où les travailleurs familiaux non rémunérés, souvent des enfants de moins de 15 ans, représentaient une proportion significative des travailleurs agricoles. L'importance de l'agriculture a diminué graduellement, ce secteur représentant environ 33 % de tous les travailleurs en 1921 et seulement 16 % en 1951. À partir de ce moment-là, il devient possible de suivre les variations annuelles sur le marché du travail. Parmi les tendances les plus marquantes de l'ensemble de la période figurent le déclin de l'activité des hommes de 65 ans et plus et l'augmentation de l'activité des femmes de 25 à 44 ans.

Les taux d'activité annuels, qu'ils soient présentés comme des tendances au fil du temps ou comme des profils selon l'âge, peuvent donner une fausse impression de stabilité. Des taux élevés de roulement sous-tendant ces tendances. Entre le milieu des années 1970 et le milieu des années 1990, 21 % des emplois en moyenne chaque année ont pris fin par une mise à pied permanente et 15 % ont été interrompus en raison d'une mise à pied temporaire. Parallèlement, 22 % des emplois étaient de nouveaux emplois créés chaque année. Certaines personnes conservent leur emploi pendant des décennies, tandis que d'autres passent constamment d'un emploi à l'autre. Dans certains cas, les emplois touchés sont saisonniers ou à temps partiel, mais nombre de personnes changent d'emploi fréquemment pour d'autres raisons. Un modèle approprié d'activité sur le marché du travail doit reproduire les caractéristiques du marché réel, qui combine les changements graduels de comportement liés à l'âge, les changements cycliques liés aux variations annuelles de la situation économique ainsi qu'à la saisonnalité ou à la volatilité infra-annuelle.

Certains groupes démographiques, comme les enfants de moins de 15 ans et les personnes vivant en établissement, ne sont pas actifs sur le marché du travail. Par conséquent, la première étape de la modélisation de l'emploi dans LifePaths consiste à déterminer si une personne est admissible à une transformation de sa situation d'activité. Il existe deux cas spéciaux d'inadmissibilité : la retraite, traitée comme une situation permanente, et le fait de ne jamais avoir travaillé au cours de sa vie. Les femmes qui n'ont fait que des études primaires ou qui sont nées avant 1930 représentent une proportion importante de ces derniers groupes, tout comme les personnes ayant une incapacité à long terme. Les femmes en congé de maternité n'ont aucun risque de perdre leur emploi pendant la durée de leur congé.

Si LifePaths détermine qu'une personne peut être active sur le marché du travail, sa situation d'activité peut changer d'un jour à l'autre. LifePaths utilise une classification des situations d'activité comportant trois catégories – non employé, employé rémunéré et travailleur autonome. Sur la base de cette classification, on distingue sept transitions :

  • non employé à employé rémunéré,
  • non employé à travailleur autonome,
  • employé rémunéré à non employé,
  • employé rémunéré à travailleur autonome,
  • changement d'emploi sans interruption par un employé rémunéré,
  • travailleur autonome à employé rémunéré,
  • travailleur autonome à non employé.

Les probabilités et le moment de chaque transition sont réévalués chaque mois et lorsqu'une transition se produit. Les variables qui influencent les probabilités de transition d'emploi comprennent la durée de l'emploi actuel, la durée de la période de chômage, l'âge, le sexe, la province de résidence, le niveau de scolarité, la présence d'enfants et l'âge des enfants, la présence d'un conjoint et la situation d'activité du conjoint. Sont aussi incluses des variables représentant les tendances temporelles et les tendances saisonnières mensuelles de l'emploi.

Chaque année, lorsqu'une personne atteint l'âge de 60 ans, un processus indépendant permet de déterminer si cette personne prendra sa retraite de façon permanente. Les probabilités et le moment de la retraite sont influencés par l'âge, le sexe, l'année, la région de résidence et le niveau de scolarité. Une retraite forcée se produit aussi quand une personne est placée en établissement. Après la retraite, aucune autre transition sur le marché du travail ne peut se produire.

Tout comme l'emploi des étudiants, les probabilités de transition d'emploi ont été estimées sur la base des données de l'Enquête sur la population active recueillies à partir de 1976.

3.8.3 Heures de travail par semaine

Une fois le statut d'emploi déterminé, LifePaths modélise le nombre réel d'heures de travail par semaine. Les heures de travail dépendent d'une gamme variée de caractéristiques individuelles, y compris : le sexe, le niveau de scolarité, l'âge, le classement des gains, la province de résidence, les caractéristiques de la famille, le statut d'étudiant, l'ancienneté et le mois de l'année.

3.8.4 Congé et prestations de maternité

Le soutien du revenu pendant le congé de maternité est une prestation spéciale du Programme d'assurance-emploi, qui a vu le jour au moment de la réforme du régime de l'assurance-chômage, en 1972. Plus récemment, les prestations ont été élargies pour s'appliquer également à l'adoption et pour englober à la fois les pères et les mères. Néanmoins, le congé de maternité traditionnel demeure la forme de congé la plus courante. Lorsque le programme de prestations de maternité a été adopté, la mère était admissible à une période maximale de 15 semaines de prestations. L'avènement des congés parentaux en 1990 s'est accompagné de 10 autres semaines de prestations, qui pouvaient être partagées entre la mère et son conjoint. L'examen de la répartition de la durée des congés de maternité montre que la fréquence maximale est passée soudainement de quatre mois entre 1976 et 1989, à six mois entre 1991 et 1995. Cela laisse supposer un changement de comportement, certaines femmes qui, auparavant, seraient retournées au travail après 15 semaines de congé de maternité prenant 10 semaines supplémentaires. Par contre, une proportion substantielle de femmes, soit entre 15 % et 20 %, ne prennent pratiquement pas de congé, peu importe les dispositions de la loi.

Dans LifePaths, une femme enceinte prend des décisions concernant son activité sur le marché du travail, quatre mois avant l'accouchement. Des mécanismes différents de prise de décisions s'appliquent selon la situation d'activité. Les femmes non employées se retirent du marché du travail jusqu'après l'accouchement. À ce moment-là, l'entrée sur le marché du travail (à titre d'employé rémunéré ou de travailleur autonome) est déterminée par la composante de l'emploi de carrière. Une femme employée prend trois décisions selon la séquence suivante : prendre un congé de maternité ou quitter son emploi, la date du congé de maternité ou du départ du travail, et la date de retour au travail après un congé de maternité. Toutefois, à moins d'avoir choisi de quitter son emploi, elle demeure employée pendant toute la durée de son congé de maternité.

Les probabilités qui déterminent les choix relatifs aux congés de maternité et à la durée du congé ont été fondées sur une analyse des données de l'Enquête sur la population active (EPA) et l'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR). Les données de l'EDTR ont été utilisées pour déterminer les tendances initiales des congés de maternité, tandis que celles de l'EPA ont servi à étalonner ces tendances initiales en fonction des niveaux de l'EPA pour les années non couvertes par l'EDTR, et plus particulièrement les années antérieures à 1993.

Dans le cadre de LifePaths, on n'a pas encore mis en œuvre de changement en fonction des congés parentaux adoptés en 2001 (augmentation du congé parental à 35 semaines), ni des changements qui se sont produits en 2006 au Québec, les prestations de maternité et les prestations parentales de l'assurance-emploi ayant été remplacées par le Régime québécois d'assurance parentale (RQAP).

3.9 Gains

Les gains annuels peuvent être décomposés en taux hebdomadaires de rémunération et en semaines de travail par année. Il existe un profil d'âge distinct pour les gains annuels. Ils augmentent plus rapidement chez les personnes jeunes, se stabilisent, puis commencent à diminuer. L'âge auquel les gains moyens atteignent un sommet a augmenté au cours des dernières décennies. En 1970, le sommet était atteint à l'âge de 40 ans, tandis qu'en 1995, il était atteint à 51 ans. La croissance des gains annuels moyens des personnes de moins de 25 ans a diminué au cours de ces décennies. En 1995, les personnes de moins de 25 ans avaient des gains moyens réels inférieurs à ce qui avait été observé en 1990. Cela pourrait être attribuable à une gamme variée de facteurs, dont le fait que les gens étudient plus longtemps.

Dans LifePaths, chaque personne se voit attribuer un taux possible de rémunération hebdomadaire, qu'elle occupe un emploi ou non. Ce taux possible de rémunération hebdomadaire est par la suite combiné à la situation d'activité et aux heures de travail, pour produire les gains réels. Une fois qu'une personne commence un emploi, qu'il s'agisse d'un emploi rémunéré ou d'un travail autonome, LifePaths lui attribue des gains hebdomadaires en dollars courants. Les gains sont calculés différemment pour l'emploi d'étudiant et l'emploi de carrière.

Les gains hebdomadaires pour les non-étudiants sont calculés à partir de trois ensembles distincts d'équations : salaires et traitements, gains positifs tirés d'un travail autonome et gains négatifs tirés d'un travail autonome. Dans le cas des travailleurs autonomes, la première étape consiste à déterminer si la personne aura des gains positifs ou négatifs. Les variables qui influencent les gains comprennent l'âge, le niveau de scolarité, le domaine d'études, le sexe, la province de résidence et le statut d'immigrant. Chacune de ces variables peut influencer indépendamment le niveau général, la dispersion et le degré d'asymétrie dans les répartitions simulées des gains.

Les gains hebdomadaires sont recalculés au début d'un nouvel emploi, ainsi qu'à la date anniversaire de l'obtention de l'emploi. Ils seront aussi recalculés chaque fois que les variables qui influencent les gains changent. Une corrélation a été calculée entre le rang de la personne dans la répartition des gains d'une année à l'autre.

Les gains des étudiants sont traités différemment des gains liés à la carrière. Les équations relatives aux gains sont beaucoup plus simples et dépendent du niveau de scolarité et de la période de l'année (période estivale ou année scolaire). Ils sont recalculés chaque année, en septembre et au début de l'été. À l'heure actuelle, seuls les étudiants postsecondaires sont admissibles aux gains d'étudiant dans LifePaths.

Les taux de rémunération hebdomadaire et l'équation logit qui permettent de décider si un travailleur autonome recevra des gains positifs ou négatifs ont été calculés à partir des données du recensement. Pour les années antérieures à 1980, le taux de rémunération a été ajusté au moyen d'un facteur calculé à partir d'une série de taux de rémunération hebdomadaire moyenne (agrégat d'activités économiques) historiquement uniformes. La corrélation dans le classement d'une année à l'autre de la personne en ce qui a trait à la répartition des gains a été calculée à partir de la Banque de données administratives longitudinales (DAL). Les gains des étudiants ont été calculés à partir de l'Enquête sur l'activité (EA) et de l'EPA.

3.10 Impôts et prestations familiales

LifePaths applique le système de prestations fiscales canadien et ses changements au fil du temps à un niveau très détaillé. L'impôt sur le revenu des particuliers au Canada est entré en vigueur en 1917. LifePaths modélise un certain nombre de programmes fiscaux historiques qui ont été éliminés depuis, par exemple, l'impôt de sécurité de la vieillesse, l'impôt de la défense nationale, l'impôt progressif sur le revenu et diverses surtaxes au cours des années qui ont suivi, ainsi que les divers programmes de retenues et de crédits qui ont vu le jour ou ont été abolis depuis l'avènement de l'impôt sur le revenu.

À la fin de chaque année, un formulaire d'impôt fédéral est produit. Il comprend le calcul du revenu total, du revenu net, des dépenses pour la garde d'enfants, des exemptions personnelles, du revenu imposable, des crédits d'impôt non remboursables, des crédits d'impôt pour enfants, du crédit pour taxe fédérale sur les ventes et de l'impôt fédéral et de toutes les surtaxes qui s'appliquent. En outre, à la fin de l'année, au besoin, on calcule le crédit de taxe sur les produits et services. Sur une base trimestrielle, le crédit de taxe sur les produits et services est attribué aux bénéficiaires admissibles. Les impôts fédéraux sont aussi calculés au moment du décès.

Parallèlement aux impôts sur le revenu des particuliers calculés à la fin de l'année, des charges sociales sont calculées chaque mois, par exemple, les cotisations à l'assurance-emploi et à l'assurance-chômage, ainsi que les cotisations aux régimes de pension.

Du point de vue des prestations, chaque mois, on calcule les allocations familiales. Celles-ci comprennent les allocations familiales fédérales, y compris celles versées en Alberta et au Québec, ainsi que les allocations pour nouveau-nés du Québec. Les autres prestations sont calculées sur une base mensuelle, sauf la Prestation fiscale canadienne pour enfants, qui est recalculée au moment des changements dans la structure familiale, et la Prestation universelle pour la garde d'enfants.

3.11 Pensions et épargne pour la retraite

LifePaths simule le système de revenu de retraite des Canadiens et ses diverses composantes publiques et privées, ainsi que les programmes de prestations aux personnes âgées, de façon très détaillée, en tenant compte de leur évolution historique et des changements dans la législation, la conception des régimes et la participation à ceux-ci. Les composantes publiques comprennent le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec, la Sécurité de la vieillesse, l'allocation au conjoint et le Supplément de revenu garanti. Les modules de LifePaths correspondants sont axés dans une large mesure sur les règles pour la détermination de l'admissibilité et le calcul des prestations, et on présume un taux d'utilisation complet. Les régimes de pensions privés modélisés dans LifePaths comprennent deux régimes d'épargne-retraite donnant droit à une aide fiscale : les régimes de retraite d'employeur (RPA) et les régimes enregistrés d'épargne-retraite individuels (REER).

3.11.1 Régime de pensions du Canada et Régime de rentes du Québec

Le Régime de pensions du Canada (RPC) est un régime d'assurance sociale contributif fondé sur le salaire, qui assure une protection du revenu au cotisant et à sa famille, par suite d'une perte de revenu attribuable à la retraite, à une incapacité ou au décès. Le régime s'applique dans l'ensemble du Canada, sauf au Québec, où il existe un régime similaire, le Régime de rentes du Québec (RRQ).

Le Régime de pensions du Canada a été adopté en 1965 et est entré en vigueur le 1er janvier 1966. La perception des cotisations a commencé le 1er janvier 1966, et les pensions de retraite ont commencé à être versées en janvier 1967, les prestations au conjoint survivant, en février 1968, et les prestations d'invalidité, en février 1970.

Le RPC couvre à peu près tous les employés et travailleurs autonomes au Canada (sauf au Québec, où le Régime de rentes du Québec s'applique) qui ont entre 18 et 70 ans et qui gagnent plus que le niveau minimum prescrit de gains au cours d'une année civile. Ce niveau minimum, qui change chaque année, est appelé exemption de base de l'année (EBA).

Le RPC est financé grâce aux cotisations des employés, des employeurs et des travailleurs autonomes. Les cotisations doivent être versées sur la partie des gains annuels des personnes supérieure à l'exemption de base de l'année (EBA) et jusqu'à concurrence de plafond déterminé, appelé maximum des gains annuels ouvrant droit à pension (MGAP), qui est lié directement à la rémunération moyenne. Le RRQ est étroitement lié au RPC, et les deux régimes sont exploités et coordonnés grâce à une série d'ententes entre le gouvernement fédéral et celui du Québec. Les prestations de l'un ou l'autre régime sont fondées sur les crédits de pension accumulés dans l'un ou l'autre cas, comme s'il n'y avait qu'un seul régime.

Les pensions de retraite sont offertes aux personnes à partir du mois suivant leur 60e anniversaire, à condition qu'elles aient versé au moins une cotisation valide au RPC. Pour toucher une pension de retraite avant l'âge de 65 ans, les personnes doivent avoir mis fin complètement ou dans une large mesure à un emploi ouvrant droit à pension au moment où les prestations commencent. À partir de septembre 1987, les modalités souples de retraite du RPC ont été offertes à partir de l'âge de 60 ans (70 % de la pension) jusqu'à l'âge de 70 ans (130 % de la pension). À partir de septembre 1984, les modalités souples de retraite du RRQ ont été offertes à partir de l'âge de 60 ans jusqu'à l'âge de 70 ans. Une fois la correction selon l'âge établie, elle est permanente et s'applique à chaque mois de prestations, peu importe l'âge du bénéficiaire. Le montant de la pension de retraite avant 1976 rend compte des dispositions législatives selon lesquelles toute pension de retraite doit être calculée sur la base d'un minimum de dix ans de cotisations. La pension est conçue pour remplacer environ 25 % des gains pour lesquels des cotisations ont été versées. Une fois qu'une personne est admissible à une pension, les prestations du RPC peuvent continuer d'être versées, même si cette personne retourne au travail; toutefois, aucune autre cotisation au RPC n'est retenue.

LifePaths suit l'historique de travail complet et le cheminement des cotisations, ce qui lui permet d'appliquer les règles complexes du système et d'appuyer l'analyse des options stratégiques futures. Outre la mécanique de calcul des cotisations et des prestations, LifePaths modélise aussi le moment du versement de la pension, c'est-à-dire qu'à partir de 1986, les personnes ont pu opter de toucher des prestations avant l'âge de 65 ans, c'est-à-dire de commencer à l'âge de 60 ans. La modélisation détaillée des données démographiques sur la famille permet à LifePaths d'appliquer des prestations au conjoint survivant, des prestations combinées et des prestations de décès.

3.11.2 Prestations au conjoint survivant du Régime de pensions du Canada/Régime de rentes du Québec

Les conjoints des cotisants décédés sont admissibles à une pension de conjoint survivant, si le cotisant décédé a versé des cotisations pendant un nombre suffisant d'années. Les conjoints survivants ayant des enfants à charge, ceux ayant une incapacité et ceux âgés de 45 ans et plus sont admissibles à des prestations de conjoint survivant. Dans le cas des conjoints survivants qui ont moins de 45 ans au moment du décès du cotisant, qui n'ont pas d'incapacité et qui ne s'occupent pas des enfants à charge du cotisant, les prestations sont réduites de 1/120e chaque mois jusqu'à l'âge de 45 ans.

Depuis janvier 1987, la prestation au conjoint survivant du RPC continue d'être versée au moment du remariage; les prestations sont rétablies pour les personnes qui se sont remariées avant l'entrée en vigueur de cette disposition. Toutefois, aucun paiement rétroactif n'est versé pour une période antérieure à janvier 1987. Depuis janvier 1984, les prestataires d'une pension de conjoint survivant du RRQ continuent de recevoir cette pension s'ils se remarient. Il existe diverses conditions qui déterminent quand la pension du conjoint survivant prendra fin. Si le conjoint survivant a plus de 35 ans au moment du décès du cotisant, la pension prendra fin au décès du conjoint survivant. Si le conjoint survivant a moins de 35 ans au moment du décès du cotisant, la pension prendra fin lorsque le conjoint survivant ne sera plus handicapé ou n'élèvera plus les enfants à charge du cotisant décédé, ou au décès du conjoint survivant.

Une personne qui touche une pension de conjoint survivant peut aussi avoir contribué au RPC sur la base de ses propres gains et est donc admissible à une pension de retraite ou d'invalidité. Il existe une limite quant aux prestations combinées, selon la pension de retraite maximale qu'une personne peut recevoir si elle a 65 ans. Dépendant de la pension de retraite, les prestations de conjoint survivant pourraient être réduites.

3.11.3 Options du RPC en matière de pension

Diverses options du RPC en matière de pension ont été intégrées dans le modèle LifePaths. Ces options permettent aux utilisateurs de modéliser divers changements du RPC, comme la modification du moment où les cotisations sur les gains commencent, le niveau supérieur des gains ouvrant droit à pension, les taux de cotisation pour les fourchettes de revenu, les taux de prestations pour les fourchettes de gains ouvrant droit à pension et les options de dispositions d'exclusion pour le calcul des années de gains ouvrant droit à pension.

3.11.4 Sécurité de la vieillesse

Une pension de la Sécurité de la vieillesse (SV) est une prestation à taux fixe payable aux personnes qui répondent à certaines exigences en matière de résidence. L'âge de l'admissibilité a été établi au départ à 70 ans, mais il a été rabaissé à 69 ans en 1966, et progressivement, une année à la fois, jusqu'à 65 ans en 1970. Le montant de la pension est fondé sur la durée de résidence au Canada, sous réserve actuellement d'une durée minimum de 10 ans. Le montant de la pension est réduit pour les personnes ayant un revenu plus élevé – LifePaths applique cette disposition de récupération par l'intermédiaire du système fiscal. Les pensions de la Sécurité de la vieillesse sont considérées comme un revenu imposable.

De 1952 à 1967, les taux des prestations ont été rajustés de temps à autre. De 1968 à 1970, le montant de la pension de la Sécurité de la vieillesse a été rajusté chaque année en janvier, conformément aux changements dans l'indice de pension, avec son plafond de 2 %, qui a été établi pour le Régime de pensions du Canada. (L'indice de pension est défini pour une année donnée comme la moyenne de l'indice des prix à la consommation pour une période de 12 mois prenant fin le 30 juin de l'année précédente, avec un plafond de 2 %.)

À l'heure actuelle, les prestations versées en vertu de la Loi sur la sécurité de la vieillesse augmentent en janvier, avril, juillet et octobre de chaque année, lorsqu'il y a une hausse du coût de la vie mesurée par l'indice des prix à la consommation. Si l'indice des prix à la consommation diminue, il n'y a pas de réduction des prestations.

3.11.5 Supplément de revenu garanti

Un Supplément de revenu garanti (SRG) peut s'ajouter à une pension de la Sécurité de la vieillesse pour les retraités qui n'ont pas d'autres revenus ou dont les autres revenus sont limités. L'admissibilité est habituellement fondée sur le revenu l'année civile précédente, calculé en conformité avec la Loi de l'impôt sur le revenu, mais en excluant les prestations de la Sécurité de la vieillesse et certaines autres sources de revenu. Au moment de la détermination de l'admissibilité pour un demandeur marié, les revenus des deux conjoints sont pris en compte.

Si une personne reçoit une pension partielle de la Sécurité de la vieillesse (en raison des exigences de résidence), le maximum du Supplément de revenu garanti augmente selon la différence entre la pension partielle et la pension complète de la Sécurité de la vieillesse. Le Supplément de revenu garanti n'est pas considéré comme un revenu imposable.

3.11.6 Allocation au conjoint

L'allocation au conjoint remonte à 1975. Le programme a été conçu pour verser des prestations équivalant à la pension de la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti. Le groupe visé initialement était constitué des personnes dans le besoin de 60 à 64 ans qui étaient mariées à des prestataires du SRG.

Les personnes qui touchaient une allocation au conjoint perdaient toutes leurs prestations lorsque leur conjoint pensionné décédait. Cette iniquité a été éliminée en 1979, grâce à des dispositions législatives qui permettent aux prestataires de continuer à toucher des prestations jusqu'à l'âge de 65 ans, lorsqu'ils deviennent admissibles à la pension de la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti.

Une allocation au conjoint peut être versée au conjoint d'un retraité de la Sécurité de la vieillesse, si le conjoint a entre 60 et 64 ans. Un conjoint peut être admissible à une allocation s'il a un minimum de dix ans de résidence au Canada après l'âge de 18 ans. Le conjoint doit être citoyen canadien ou résident légal du Canada lorsque la demande est approuvée, et le revenu combiné du couple ne doit pas dépasser le maximum autorisé par la loi. Les veufs et les veuves de 60 à 64 ans sont aussi admissibles aux prestations de l'allocation au conjoint, à condition qu'ils respectent les exigences de résidence et qu'ils aient un revenu limité. L'allocation au conjoint veuf cesse si le veuf ou la veuve se remarie. L'allocation au conjoint n'est pas considérée comme un revenu imposable.

L'allocation cesse lorsque le prestataire devient admissible à une pension de la Sécurité de la vieillesse, à l'âge de 65 ans. Elle cesse aussi d'être versée si le conjoint pensionné n'est plus admissible à un Supplément de revenu garanti ou lorsque le couple se sépare ou divorce.

Le maximum de l'allocation mensuelle complète au conjoint est égal à la pleine pension de base de la Sécurité de la vieillesse, plus le maximum de Supplément de revenu garanti, au taux des personnes mariées. Le montant maximal pour une allocation au conjoint veuf est légèrement plus élevé.

3.11.7 Régimes de retraite (RPA)

Les RPA sont des régimes de prestations de retraite offerts volontairement par les employeurs ou par les syndicats, tant dans le secteur public que dans le secteur privé de l'économie, et ils sont financés par les cotisations des employés et des employeurs. Il existe deux types de RPA de base : à cotisations déterminées (CD) et à prestations déterminées (PD). Dans le cadre d'un régime à cotisations déterminées, l'employeur et l'employé s'engagent à verser un taux de cotisation particulier. Dans le cadre d'un régime à prestations déterminées, les prestations sont déterminées au moyen d'une formule qui est stipulée dans le texte du régime.

La première étape suivie par LifePaths pour modéliser les RPA est de déterminer si une personne sera un nouvel adhérent à un RPA. Pour pouvoir adhérer, une personne ne doit pas être aux études, doit être un travailleur rémunéré, ne doit pas avoir de RPA et doit avoir entre 15 et 55 ans. Les probabilités et le moment de l'adhésion sont réévalués chaque année ou lorsqu'une transition d'emploi se produit. Les variables qui influencent la probabilité d'adhérer comprennent le secteur d'emploi (public ou privé), l'âge, le sexe, l'année/année de naissance, les gains et, en outre, pour le secteur privé seulement, le groupe professionnel, la scolarité, la participation au marché du travail l'année précédente, l'âge au moment de l'immigration, la province de résidence.

Si la personne est admissible à adhérer au régime, on lui attribuera un régime particulier, y compris tous ses détails, notamment le type de régime (PD ou CD) et les dispositions du régime (taux de cotisations, taux de prestations, intégration, indexation, etc.). Les variables qui influencent le type de régime comprennent le secteur d'emploi, l'année de naissance et, en outre, pour le secteur privé seulement, le sexe, la scolarité, la province de résidence, le groupe professionnel et le rang du salaire dans la répartition des gains. La transférabilité du régime est aussi déterminée à ce moment-là. Un régime transférable en est un qui repose sur la continuité des cotisations au régime, c'est-à-dire l'accumulation des années de service d'un emploi à l'autre.

Un nouvel adhérent à un RPA est toujours « actif ». Ce statut, ainsi que les modalités de transférabilité du régime, font en sorte que l'adhérent est soumis à des cycles de modification de la situation du RPA, qui sont étroitement liés à sa situation d'activité et aux transitions (modélisées dans le module d'emploi de carrière). Le module du RPA utilise les cinq catégories suivantes de statut, en tenant compte de la transférabilité du régime :

  • Actif : adhérent actuellement employé
  • Inactif : adhérent non employé, régime transférable
  • Reporté : adhérent non employé, régime non transférable, années de service >= 2
  • Terminé : adhérent non employé, régime non transférable, années de service < 2
  • En versement : adhérent ou survivant touchant des prestations.

Ces changements de statut se produisent à chaque fois que survient une transition sur le marché du travail d'employé à non-employé ou de non-employé à employé, au moment de la retraite ou au moment du décès de la personne. Toutes les activités de mise à jour du régime, comme la mise à jour des années de service et des autres renseignements concernant l'adhérent, le versement des cotisations, le calcul du montant de rajustement, la détermination de l'actif accumulé pour les régimes à CD, la vérification du moment du versement des prestations, le calcul des prestations, etc., sont menées à la fin de chaque mois pour chaque statut et type de régime. Des scores d'hypothèses détaillées doivent être établis dans le cadre du déroulement de ces activités.

Les probabilités de nouvelle adhésion et les probabilités d'obtention d'un type particulier de régime ont été estimées initialement à partir de l'Enquête sur la sécurité financière. Les données sur l'ajustement des pensions/les REER (données fiscales) ont par la suite été utilisées comme premier rajustement de la probabilité de nouvel adhérent pour les aspects du sexe, de l'âge, de l'année et des gains. L'ajustement final repose sur le nombre total d'adhérents selon le sexe et le secteur de l'Enquête sur les régimes de pensions au Canada (tableau 280-0010 dans CANSIM).

3.11.8 Régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER)

Les REER ont vu le jour en 1957. Cette année-là, une modification a été apportée à la Loi de l'impôt sur le revenu, afin de permettre aux personnes de verser des dépôts dans des régimes d'épargne personnelle, en vue de leur revenu de retraite futur, et de profiter d'économies d'impôt, non seulement par l'intermédiaire des déductions fiscales des cotisations, mais aussi grâce aux exemptions fiscales pour les revenus d'investissement accumulés dans les REER. Les épargnes des REER sont accessibles en tout temps. Toutefois, si un retrait est effectué, le montant du retrait sera imposé comme un revenu. L'épargne accumulée doit être convertie en rentes ou en fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) avant la fin de l'année pendant laquelle le bénéficiaire atteint un âge déterminé (actuellement, 71 ans).

Le module des REER dans LifePaths comprend quatre composantes :

  • Cotisants et cotisations
  • Croissance de l'actif
  • Retraits au comptant
  • Conversions des actifs des REER en FERR/rentes

LifePaths regroupe toutes les activités des REER à la fin de l'année. Tout d'abord, on calcule les nouveaux droits de cotisation REER d'une personne selon les règles prévues dans la loi, en tenant compte du fait qu'une personne a un ajustement de pension. Ces nouveaux droits de cotisation doivent être utilisés aux fins du REER pour l'année qui vient (année + 1). Pour être admissible à cotiser à un REER, une personne doit avoir des droits de cotisation REER positifs, c'est-à-dire la somme positive des nouveaux droits de cotisation pour l'année précédente (année-1) et de tous les droits de cotisation accumulés non utilisés, le cas échéant. Si cette exigence est respectée et que la personne a entre 15 et 69 ans, la personne simulée sera soumise à un processus qui détermine si elle cotisera à un REER cette année-là et, le cas échéant, le montant de la cotisation. Ce montant est par la suite déduit des droits de cotisation totaux de l'année pour l'année suivante.

Les personnes qui ont des actifs positifs dans des REER peuvent effectuer des retraits au comptant. Toutefois, il n'y a pas de renseignements disponibles pour déterminer si une personne retire ses actifs complètement ou non; ce détail de comportement n'est pas présent dans LifePaths pour les personnes de moins de 65 ans. Dans le cas des personnes de 65 à 69/71 ans (l'âge de conversion), LifePaths s'applique avec un plan de retraits. Les variables qui influencent les probabilités de cotisation et de retrait et la taille des cotisations et des retraits sont les suivantes : sexe, âge, état matrimonial, gains, adhérent à un RPA qui a un AP, cotisations et retraits décalés, province de résidence, composante aléatoire propre à la personne avec moyenne de zéro, et variables de changement de statut, par exemple, mariage l'année précédente, séparation récente, divorce récent ou veuvage l'année précédente, et déménagement d'une autre province l'année précédente.

La conversion des actifs des REER en FERR ou en rentes se produit entre l'âge de 65 ans et l'âge obligatoire de conversion de 69/71 ans. La décision de convertir les actifs est prise selon un ensemble de proportions classées de façon croisée selon la situation de couple/célibataire, le sexe, l'année d'imposition et l'âge (65-69/71). Si une conversion est déterminée, le montant annuel de la pension est calculé selon le type de conversion (FERR, rente ou les deux). Dans le cas d'une rente, un facteur fixe s'applique aux actifs, afin de déterminer la pension annuelle. Dans le cas des FERR, le pourcentage minimum requis à chaque âge est appliqué aux actifs qui restent pour obtenir la pension annuelle.

La composante de la croissance des actifs présente un défi pour LifePaths. À partir de l'ensemble de taux historiques de rendement pour certains instruments financiers, comme les bons du Trésor, les CPG, les obligations et les indices du marché boursier canadien et américain, presque tous les autres aspects des investissements sont appliqués selon des hypothèses raisonnables. LifePaths classe les instruments financiers entre les instruments à risque élevé (actions), à risque moyen (p. ex., obligations de sociétés) et à faible risque (p. ex., CPG). LifePaths présume alors des scores variés de tolérance au risque pour les personnes des différents groupes de sexe, d'âge et de gains et transpose ces scores en un ensemble varié des portefeuilles d'investissement à risque élevé/moyen/faible. Les taux de rendement historiques sont calculés nets des ratios de dépenses de gestion et d'un taux de pénalité additionnel qui compense pour les inefficacités du marché individuel des investissements. Pour les taux de rendement à venir, des options sont élaborées à partir des taux de rendement moyens historiques, selon la catégorie de risque ou un choix aléatoire d'intervalles d'années, à l'intérieur d'une série de données historiques.

Les dossiers fiscaux longitudinaux d'AP/de REER (à partir de 1990) ont été utilisés pour estimer les probabilités de cotisation et de retrait dans les REER, ainsi que les montants des cotisations et des retraits. Les dossiers fiscaux du Livre vert ont servi à la fois à déterminer les proportions des personnes devant avoir un plan de retraits de 65 à 69/71 ans, et les proportions de personnes devant convertir des actifs de REER en FERR et en rentes. Les tendances historiques des cotisants et des cotisations avant 1990 sont rajustées à partir des données tirées de la publication de Statistique Canada « Le REER : une aide fiscale à l'épargne-retraite », par Hubert Frenken, dans L'emploi et le revenu en perspective, hiver 1990 (vol. 2, no 4). Les données sur les taux historiques de rendement des divers instruments financiers sont tirées des tableaux CANSIM et de « Report on Canadian Economic Statistics 1924-2002 » de l'Institut canadien des actuaires.

3.12 Épargne et richesse

L'inclusion de l'épargne (autre que les pensions) et de la richesse est un nouveau domaine, qui est actuellement axé sur la suffisance du revenu à la retraite. À l'heure actuelle, il existe des modèles de la propriété du logement et des avoirs et dettes non enregistrés. LifePaths ne modélise pas la propriété d'entreprises. Les transferts intergénérationnels et familiaux et les legs sont une composante importante manquante.

3.12.1 Logement

Le module du logement de LifePaths est un modèle de la propriété du logement, de la valeur du logement (variations) et de la valeur nette du logement. Le modèle comporte des étapes annuelles et est transversal, en conformité avec la répartition dans le recensement des valeurs des maisons selon le revenu et le type de ménage. L'uniformité longitudinale est renforcée par deux hypothèses principales de simplification : tout d'abord, les personnes demeurent propriétaires. En deuxième lieu, outre la variation générale de la valeur du logement observée dans les données du recensement, les variations de la valeur du logement au cours du cycle de vie sont motivées par des changements dans le type de ménage (p. ex. en raison d'un mariage) et des changements de revenu (quantile de revenu de 5 %). La répartition des valeurs des logements est paramétrisée grâce à l'élaboration de quantiles de valeur du logement de 5 % à l'intérieur de chaque quantile de revenu et type de ménage. On présume que les personnes demeurent dans les mêmes quantiles de valeur du logement pendant toute leur vie. Ainsi, nous acceptons la mobilité à la hausse et à la baisse en raison de changements de revenu et de type de ménage, mais nous présumons que les facteurs (non observés) (p. ex., le goût, les facteurs régionaux) qui placent une personne dans un quantile de valeur de logement à l'intérieur des quantiles de revenu donnés ne varient pas selon l'âge.

Les mises à jour sont effectuées sur une base annuelle et sont traitées en cinq étapes.

  • Tout d'abord, les paiements hypothécaires sont versés au besoin. Les paiements dépendent des taux d'intérêt historiques et projetés et de la durée de l'hypothèque, que l'on établit à 25 ans pour l'hypothèque initiale prise au moment de l'achat de la maison, et à 10 ans pour les hypothèques additionnelles prises pour des améliorations.
  • En deuxième lieu, on décide si une maison est vendue. Cela se produit uniquement dans le cas de la formation ou de la dissolution d'unions. Dans le cas de la dissolution d'une union, la valeur nette du logement est divisée entre les partenaires. Les liquidités dégagées sont utilisées pour l'achat de la maison suivante.
  • En troisième lieu, on décide si une maison est achetée. Dans le cas des personnes qui n'ont jamais possédé de maison, nous utilisons les hausses observées dans les données du recensement. Les personnes qui vendent une maison en même temps que la formation d'une union achètent immédiatement une nouvelle maison, selon les caractéristiques mises à jour du ménage. Dans le cas de la dissolution d'une union, la probabilité d'acheter une nouvelle maison correspond à la probabilité selon l'âge qu'une personne seule achète une maison. L'algorithme tient compte des probabilités différentes pour les anciens locataires et les anciens propriétaires de devenir propriétaires après un divorce.
  • Quatrièmement, on attribue ou on met à jour la valeur du logement. Les valeurs des logements sont tirées de tableaux de répartition par quantiles de revenu de 5 % et par quantiles de valeur de logement de 5 % à l'intérieur de chaque quantile de revenu, selon l'année civile et la situation familiale.
  • Cinquièmement, des décisions financières sont prises. Pour le premier achat, une mise de fonds est échantillonnée selon l'âge et le type de ménage. Pour les achats suivants, les liquidités dégagées sont utilisées comme mise de fonds. Les améliorations sont financées au moyen d'une deuxième hypothèque. Lorsqu'une amélioration survient, la durée de la deuxième hypothèque est réinitialisée à dix ans. Les liquidités dégagées en raison de la réévaluation à la baisse des besoins servent à rembourser la deuxième, puis la première hypothèque.

Les taux de propriété et leur hausse, ainsi que la répartition des valeurs des logements par quantile de revenu, sont fondés sur les données du recensement. La répartition des mises de fonds (en proportion de la valeur du logement) pour les premiers acheteurs, selon les caractéristiques de la famille et l'âge au moment de l'achat, est fondée sur l'Enquête sur la sécurité financière de 2005. Nous présumons que tous les changements dans les prix des logements à l'extérieur d'une fourchette de plus ou moins 5 % de l'IPC sont attribuables à des investissements ou des réévaluations à la baisse des besoins et qu'une proportion fixe des investissements est financée par une deuxième hypothèque.

3.12.2 Avoirs et dettes résiduels (non enregistrés)

Le module des avoirs non enregistrés est créé à partir du modèle de microsimulation LifePaths existant. Les avoirs modélisés sont composés d'avoirs financiers (autres que l'épargne-retraite) et de propriétés (excluant la résidence principale). Les stocks ainsi que les flux annuels sont modélisés. Ce module comble une lacune dans la modélisation de l'épargne dans LifePaths, qui se limitait auparavant à divers instruments enregistrés d'épargne-retraite (REER et RPA) et à la valeur nette du logement. Les habitudes d'épargne sont modélisées en fonction de choix concernant les régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER), ainsi que l'accession à la propriété et la valeur nette du logement.

Les trois principales sources de données utilisées pour la modélisation d'avoirs non enregistrés sont : 1) l'Enquête sur la sécurité financière (ESF) et son prédécesseur l'Enquête sur les avoirs et les dettes pour les situations financières; 2) l'Enquête sur les dépenses des ménages (EDM) et l'Enquête sur les dépenses des familles (EDF) pour l'information sur les flux annuels de l'épargne et de désépargne; 3) la Banque de données administratives longitudinales (DAL) pour les données sur les revenus de placement longitudinaux.

En ce qui a trait aux données, d'importantes difficultés ont dû être surmontées :

  • L'absence de données longitudinales (sauf pour les ristournes, les intérêts, les revenus de location et les gains en capitaux dans la DAL).
  • Les ensembles de données distincts pour les stocks et les flux.
  • La collecte incomplète de données dans le cas des hypothèques, où aucune distinction n'est établie entre les paiements du principal et les paiements d'intérêts.
  • La définition imprécise de certaines composantes d'épargne potentielles, comme l'assurance personnelle qui peut comprendre des composantes d'épargne-retraite.
  • Les problèmes possibles liés à la qualité de certaines des données en raison de la petite taille des échantillons et de la possibilité d'erreurs non dues à l'échantillonnage plus grandes que la moyenne pour certaines données.

La plus importante incidence pour l'élaboration du module des avoirs non enregistrés est qu'il n'est pas possible de suivre une approche statistique comme on le fait pour bon nombre d'autres composantes du modèle de microsimulation LifePaths. En particulier, les taux d'épargne observés et leur répartition ne peuvent offrir que des cibles d'étalonnage, mais il faut des hypothèses théoriques pour produire des taux d'épargne à l'échelle des particuliers. Les données de l'EDM révèlent que les taux d'épargne varient énormément selon la personne, par exemple, près de 50 % des personnes âgées de 20 à 64 ans n'effectuent aucune épargne ou font de l'épargne négative. De tels aperçus ne fournissent aucune information sur la façon dont les taux d'épargne changent au fil du temps pour les particuliers. Les différences dans les taux d'épargne sont attribuables à plusieurs facteurs qui ne peuvent être observés dans des données transversales. Par exemple, il pourrait être raisonnable de présumer que les taux d'épargne négative observés découlent du lissage de la consommation (p. ex. produits par des particuliers qui ont une perte de revenu temporaire en raison de chômage) ou d'achats de biens durables comme des véhicules, qui n'ont généralement pas lieu chaque année.

Les décisions d'épargne sont modélisées en tant qu'événements annuels pour les personnes ayant jusqu'à 64 ans. Voici une description de l'algorithme de base :

  1. Calculer un taux d'épargne « statistique ». Ce taux peut être interprété comme le taux d'épargne prévu en l'absence de changement de revenu et d'achats irréguliers de véhicules. Les caractéristiques individuelles suivantes sont prises en compte : l'âge, l'année civile, le sexe, les caractéristiques familiales, l'épargne REER, l'accession à la propriété et le quantile de revenu. Le calcul est fondé sur les modèles de régression estimés à partir des données de l'EDM.
  2. Appliquer un « facteur de goût ». Nous présumons que les personnes ont des « goûts » différents. Ainsi, certaines épargnent plus, tandis que d'autres épargnent moins dans des circonstances autrement identiques.
  3. Faire le lissage de la consommation : Nous présumons que les personnes font de l'épargne supplémentaire lorsque leur revenu augmente font des retraits lorsque leur revenu baisse. Les retraits font l'objet de réductions budgétaires.
  4. Tenir compte de l'achat de véhicules. Les achats de véhicule suivent un modèle statistique fondé sur les données de l'ESF et peuvent survenir à n'importe quel moment de l'année.
  5. Calculer l'épargne ou les retraits qui en découlent. Peaufiner la décision d'épargne (si l'épargne est positive, prendre une décision définitive en prenant en compte une probabilité de dépenses supplémentaires).
  6. Faire des choix de portefeuille.

Les avoirs, l'épargne et les dettes sont déployés par un système de comptes au niveau individuel. Par exemple, chaque individu a un compte pour les avoirs financiers (et les dettes) et pour les propriétés. Les comptes sont liés à des taux de rendement et à des coûts d'emprunt individualisés. Les rendements positifs sont imposables. Tous les modèles ont des paramètres établis de façon distincte pour les hommes célibataires, les femmes célibataires et les couples. Dans le cas des couples, le revenu est réparti et les deux partenaires épargnent le même montant et détiennent des comptes distincts. Outre les événements d'épargne annuels périodiques, des dépôts et des retraits sont effectués dans le cadre de différents événements, comme lors de l'achat d'un véhicule, lors de l'achat, de la modernisation ou de la vente d'une maison, lors du retrait d'un REER pour l'achat d'une maison ou encore pour le financement d'études postsecondaires (prêts étudiants).

Bien que fortement stylisé et fonctionnant uniquement au niveau national, le module reproduit très bien les répartitions de richesse observées dans les données, surtout chez les personnes âgées de 60 à 64 ans. Des résultats de validation et de la documentation détaillés sont disponibles.

3.13 Santé

LifePaths modélise l'état de santé de deux façons, la première, sur la base d'une échelle d'incapacité à cinq niveaux, et la deuxième, sur la base de l'Indice de l'état de santé (IES), qui représente une mesure continue de la santé.

3.13.1 Incapacité

LifePaths modélise les transitions entre cinq niveaux d'incapacité, le plus grave étant le placement permanent en établissement, un élément qui dépend du niveau d'incapacité d'une personne, ainsi que de l'âge, du sexe ou de l'année. L'incapacité est définie du point de vue des caractéristiques les plus susceptibles d'être associées au besoin d'aide pour exécuter les activités de la vie quotidienne, en se concentrant sur quatre activités : travaux ménagers au quotidien, épicerie, préparation des repas et soins personnels. En retour, on a postulé que ces activités dépendaient principalement des types suivants d'incapacités ou de déficiences : mobilité, dextérité, capacité cognitive et douleur. Dans les faits, l'indicateur d'incapacité a été adapté pour rendre compte des aspects de l'aide pouvant être requise pour maintenir une vie indépendante.

Des données raisonnables sur l'incapacité sont disponibles principalement à partir des années 1990. De façon plus particulière, l'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) fournit des données longitudinales de 1994 à 2000, ainsi qu'une prévalence transversale. L'ENSP englobe à la fois la population à domicile et celle vivant en établissement, et l'enquête comprend plusieurs mesures de l'incapacité. Par conséquent, elle a servi de base pour les répartitions de la prévalence de l'incapacité selon les niveaux de gravité et les estimations au microniveau des dynamiques de la transition.

Les probabilités de transition pour les mouvements entre chaque combinaison possible de ces états d'incapacité ont été estimées à partir des données longitudinales de l'ENSP portant sur les cycles de 1994, 1996, 1998 et 2000 de l'enquête. Afin que les probabilités de transition puissent varier non seulement en fonction de l'état d'incapacité actuel, mais aussi de la trajectoire antérieure d'incapacité de la personne, l'estimation repose à la fois sur l'incapacité décalée et courante.

3.13.2 Indice de l'état de santé

L'autre indicateur de la santé modélisé dans LifePaths est l'indice de l'état de santé ou IES. Cet indice fournit une description de la santé fonctionnelle globale d'une personne à partir de huit attributs : vision, audition, élocution, mobilité (capacité de se déplacer), dextérité (utilisation des doigts et des mains), cognition (mémoire et réflexion), émotion (sentiments) et douleur. À partir des réponses à un ensemble uniforme de questions, l'IES fournit un score sommaire de la santé fonctionnelle qui se situe entre -0,360 et 1,000. Par exemple, une personne qui ne voit pas de loin, même si elle est en parfaite santé pour les sept autres attributs, reçoit un score de 0,973. Le niveau de santé privilégié à l'échelle de l'IES (santé parfaite) est de 1,000 et le décès est évalué à 0,000, tandis que les scores négatifs reflètent des états de santé qui sont considérés comme pires que la mort. Le score de l'IES est calculé à partir d'un poids qui a été attribué à chaque niveau des huit attributs. Les poids intègrent la perception qu'a la société de l'état de santé. Ces perceptions sont appelées « préférences sociétales » et sont fondées sur les préférences concernant les divers états de santé déterminés à partir d'un échantillon représentatif de personnes.

Ainsi, la mesure de l'IES peut être utile dans une gamme plus vaste d'applications que la mesure de l'incapacité. Néanmoins, ni la mesure de l'incapacité ni la mesure de l'IES ne sont complètement satisfaisantes comme indicateurs de l'incapacité aux fins du Régime de pensions du Canada/Régime de rentes du Québec. À ces fins, il serait nécessaire d'avoir un indicateur qui intègre l'évaluation de la santé par un médecin, en combinaison avec la santé autodéclarée par le répondant.

Comme pour la mesure de l'incapacité, le modèle de LifePaths et la dynamique de l'IES tirent parti des données de l'ENSP : il utilise les données longitudinales des cycles de 1994, 1996, 1998, 2000, 2002 et 2004 de l'enquête. Pour initialiser chaque trajectoire de santé simulée, on présume que chaque nouveau-né est en parfaite santé (IES égal à 1,0). Par la suite, l'état de santé fonctionnel est mis à jour à chaque anniversaire, en deux étapes :

  • Tout d'abord, on détermine si un changement doit être apporté ou non au score de l'IES pour l'âge courant. Cette détermination est fondée sur des probabilités qui dépendent de l'âge courant de la personne, du score courant et décalé de l'IES, du statut d'immigrant, du statut d'étudiant et de la situation d'activité, de la présence d'un conjoint et du niveau général de scolarité. Outre les influences directes sur la probabilité de changement, il existe des influences aléatoires correspondant au degré de variabilité parmi des personnes identiques par ailleurs, qui rendent compte des différences de la variance selon le statut d'immigrant et la scolarité. Ce terme aléatoire est imputé à la naissance et demeure fixe pendant la durée de vie de la personne. Dans les faits, il représente la susceptibilité intrinsèque de la personne à changer.
  • Puis, si on détermine qu'un changement doit être apporté au score de l'IES, l'ampleur de ce changement est imputée au moyen d'une équation influencée par le même ensemble de caractéristiques (âge, etc.) qu'à la première étape. En outre, il existe une autre influence aléatoire qui rend compte des différences non expliquées entre les personnes représentant la fragilité intrinsèque d'une personne, avec des variances différentes selon le statut d'immigrant et la scolarité. Enfin, il existe une influence aléatoire (à variance constante) qui représente la variabilité non expliquée d'une année à l'autre que connaît une personne pendant sa vie.

Par suite de l'IES imputé, un risque de mortalité simulé de la personne est modifié : celles qui ont un IES plus faible sont plus à risque que celles qui ont un IES plus élevé. À cette fin, les risques relatifs qui dépendent du score simulé de l'IES et de l'âge ont été estimés à partir des données de l'ENSP. Ces risques relatifs ne seront probablement pas exacts pour les simulations historiques (c.-à-d. pour les périodes précédant l'ENSP), mais seront probablement utiles pour les projections futures. De même, il existe un risque de dénombrement en double des effets de la scolarité et de l'état matrimonial si les facteurs de risque sont appliqués directement à la mortalité et si l'IES est activé.

4. Sommaire

LifePaths vise à créer le portrait empirique le plus juste de la situation socioéconomique passée et future de la population canadienne dans une perspective de parcours de vie. La simulation de cheminements de vie détaillés placée dans le contexte de la politique des prestations fiscales et de l'assurance sociale en constante évolution fait de LifePaths un modèle de simulation généralisé axé sur les politiques qui permet de déterminer les questions « Et si » et d'y répondre dans de nombreux domaines stratégiques. Même si LifePaths a une utilité permanente, son importance la plus grande est peut-être liée à sa capacité d'analyser des propositions qui se retrouvent dans le programme stratégique sans grand préavis. Les répercussions possibles de ces propositions sont souvent grandes, de l'ordre de plusieurs milliards de dollars. Par ailleurs, l'échéance politique des propositions est souvent courte. Cela signifie que la capacité d'analyse servant à élaborer ou à évaluer les propositions doit être créée rapidement ou être déjà en place. La complexité de la modélisation longitudinale signifie qu'il n'y a habituellement pas suffisamment de temps pour élaborer à partir de rien les outils nécessaires pour une analyse stratégique appropriée et crédible de propositions particulières. Le projet LifePaths comble cette lacune en fournissant une base pour l'élaboration de modèles spécialisés particuliers conçus pour évaluer les nouvelles propositions stratégiques.