1. Introduction

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En général, les travailleurs sans diplôme d'études secondaires éprouvent davantage de difficulté à se trouver un emploi bien rémunéré et sont plus vulnérables aux chocs économiques. Leur rémunération moyenne est inférieure à celle des travailleurs ayant un diplôme d'études secondaires (Ferrer et Riddell, 2002) et leur taux de chômage est demeuré supérieur de cinq à six points de pourcentage tant à la moyenne nationale qu'au taux des diplômés du secondaire tout au long des années 1990 et au début des années 20001. Or, en 1999, 15 % des jeunes hommes et 9 % des jeunes femmes de 20 ans (la cohorte née en 1979) n'avaient pas terminé l'école secondaire (Bowlby et McMullen, 2002).2

Les décrocheurs peuvent retourner à l'école secondaire et même, dans certaines provinces, passer directement au collège au terme d'un programme de mise à niveau. Les provinces et les établissements leur facilitent la tâche grâce au système souvent dit de la « seconde chance ». Quelque 20 % de la cohorte née en 1979 s'est prévalue du système de la seconde chance en 2000 ou en 20013. Plusieurs facteurs peuvent avoir motivé un retour à l'école, dont la pression des parents, la reconnaissance des avantages économiques d'obtenir un diplôme et le vécu d'expériences décevantes sur le marché du travail. Il se peut également que les décrocheurs aient quitté l'école en comptant y retourner pour achever leurs études après une absence temporaire. Leur situation les obligera parfois à quitter l'école même s'ils souhaitent terminer leurs études secondaires, voire obtenir un diplôme d'études postsecondaires. Circonstances personnelles, situation familiale, difficultés temporaires d'ordre scolaire ou financier, bref, tout cela pourrait leur rendre pratiquement impossible la possibilité de poursuivre des études, les forçant à quitter l'école temporairement.

Les décrocheuses sont plus nombreuses que les décrocheurs à profiter du système de la seconde chance. En effet, 27 % des décrocheuses de la cohorte née en 1979 sont retournées aux études durant la période 2000-2001, comparativement à 23 % de leurs homologues masculins. Les écarts entre les hommes et les femmes sont encore plus prononcés chez les décrocheurs des cohortes plus jeunes de la même période. Environ 40 % des jeunes femmes et de 20 % à 30 % des jeunes hommes des cohortes de 1980 et de 1981 sont retournés à l'école4. Cet écart de retour à l'école entre les sexes découle peut-être des différences entre les aspirations de retourner à l'école au moment du décrochage. Les jeunes femmes quittent peutêtre plus souvent l'école malgré elles que par désir personnel et sont donc plus motivées à retourner aux études. Le présent document teste cette hypothèse en étudiant les aspirations postsecondaires avant et après le décrochage.

L'examen des facteurs qui entravent ou qui favorisent le retour à l'école des jeunes décrocheurs peut nous indiquer des pistes à suivre pour améliorer le système d'éducation. Par exemple, des mesures différentes pourraient devoir être prises pour lutter contre le décrochage chez les jeunes hommes et les jeunes femmes. Si les femmes quittent l'école malgré elles à cause d'obstacles ou d'autres problèmes, ces mesures pourraient alors contribuer à supprimer ces écueils. Par ailleurs, si les hommes quittent l'école parce qu'ils aspirent peu aux études, des politiques pourraient alors être formulées pour faire en sorte qu'ils y aspirent davantage.

Les tendances et les déterminants du décrochage au Canada ont fait l'objet d'à peine quelques études, dont une seule s'intéresse au retour à l'école des décrocheurs (Bushnik et coll., 2004). On a tendance à faire état des différences de genre, mais rarement en étudie-t-on les causes sous-jacentes. La présente étude s'intéresse au phénomène du décrochage selon le sexe. On y utilise l'Enquête sur la population active pour dégager les tendances des 15 dernières années et l'Enquête auprès des jeunes en transition, une enquête longitudinale, pour analyser les déterminants du retour à l'école. L'Enquête auprès des jeunes en transition offre un ensemble idéal de données pour étudier le retour à l'école puisqu'elle brosse un portrait ponctuel précis des décrocheurs et documente leur situation vis-à-vis les études deux ans plus tard. Elle comprend de l'information sur les antécédents familiaux, les raisons de décrocher et les aspirations personnelles en plus de données exhaustives sur les antécédents scolaires.

Il ressort de l'analyse que très peu de facteurs influencent les jeunes femmes dans leur décision de retourner à l'école si ce n'est les circonstances qui les ont d'abord poussées à quitter l'école, leurs aspirations quant à l'obtention d'un diplôme d'études postsecondaires (EPS) et le temps écoulé depuis leur départ. Par ailleurs, le retour à l'école des jeunes hommes dépend de leur expérience du marché du travail, de leur expérience et de leurs décisions scolaires antérieures et de leurs aspirations postsecondaires. Tant pour les femmes que pour les hommes, les résultats donnent à penser que le retour à l'école dépend fortement du fait pour eux de considérer leur absence comme temporaire ou non, ainsi que le mesurent leurs aspirations postsecondaires à long terme.

Le présent document est organisé comme suit. Nous vous y présentons d'abord les taux de décrochage selon le sexe au fil du temps et nous tentons de déterminer la prédominance des retours. La section suivante décrit la décision de retourner à l'école dans le contexte de la théorie économique. Nous vous décrivons ensuite l'ensemble de données de l'Enquête auprès des jeunes en transition utilisée pour l'analyse. La section V présente quelques statistiques descriptives, puis les résultats analytiques et certains renseignements sur la réussite des retours. En conclusion, le document présente quelques observations finales et d'éventuelles pistes de recherche.