3.0 Revue internationale des recensements de l'agriculture et des programmes d'enquêtes

Informations archivées

Les informations archivées sont fournies aux fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elles ne sont pas assujetties aux normes Web du gouvernement du Canada et n'ont pas été modifiées ou mises à jour depuis leur archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

Dans le cadre d'une revue internationale, on a examiné les programmes en Australie, en Angleterre, aux États-Unis, en France, au Mexique, en Norvège, en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas, au Portugal et en Suède. Ces pays ont été sélectionnés parce que leur industrie de l'agriculture est typique des pays développés, mais leurs programmes sont suffisamment diversifiés pour être potentiellement intéressants.

3.1 Revue internationale des recensements de l'agriculture

L'étude internationale a révélé que les pays développés accordent une très grande importance à leurs programmes de statistique agricole. La plupart des pays développés (et bien des pays en voie de développement) réalisent un REAG tous les cinq ans, sauf les pays appartenant à l'Union européenne (UE), qui doivent effectuer un REAG tous les dix ans, en plus d'un supplément tous les trois ans au moyen d'une enquête exhaustive sur la structure des exploitations agricoles. Par ailleurs, certains pays de l'UE ont mis en place un programme administratif sur l'agriculture tellement complet qu'ils peuvent réaliser un REAG chaque année au moyen des données de ces programmes.

Le tableau 1 montre la fréquence à laquelle les REAG sont effectués dans les pays du G20. Hormis l'UE, la majorité des pays du G20 effectuent un REAG quinquennal.

Tableau 1 : Fréquence des recensements de l'agriculture dans les pays du G20
Pays1 Fréquence du REAG
(Nbre d'années)
Canada 5
États-Unis 5
Mexique2 5
Australie 5
Corée du Sud 5
Japon 5
Inde 5
Russie2 5
Afrique du Sud 5
Indonésie 10
Chine 10
UE : Allemagne 10
UE : Italie
UE : Royaume-Uni
UE : France
Turquie3 10
Argentine Irrégulière
Brésil Irrégulière
Arabie saoudite Irrégulière
1. Le 20e membre du G20 est l'UE elle-même.
2. Il a été décidé récemment d'effectuer un REAG tous les cinq ans.
3. Respecte les lignes directrices de l'UE, même si elle n'est pas encore membre de l'UE.

Les REAG sont obligatoires dans tous les pays à l'étude. Les taux de réponse au REAG dans la plupart des pays étaient au-dessus de 95 %, des taux obtenus principalement au terme d'un suivi considérable. En Angleterre, le taux de réponse était de 73 %, et aux É.‑U., de 85 %. Le taux de réponse au REAG canadien de 2011 était de 95,9 % et est demeuré relativement stable au fil des ans.

La majorité des pays à l'étude offrent des choix aux répondants pour ce qui est du mode de collecte des données pour le REAG, comme c'est le cas au Canada. Les Pays-Bas ont obtenu un taux de réponse élevé par Internet. Cette option a été offerte dans le cadre des REAG de 2006 et de 2011 au Canada, mais l'accès limité à une connexion à large bande dans les régions rurales du Canada restreint ce mode de collecte des données comme solution de rechange réalisable aux questionnaires papier pour le moment.17

L'accès à une connexion Internet à large bande devrait s'améliorer considérablement dans les régions rurales d'ici à 2016. Par conséquent, le mode de collecte par Internet sera encouragé plus activement comme méthode de collecte des données pour le REAG de 2016.

3.2 Revue internationale des programmes d'enquêtes agricoles

En général, la plupart des pays développés disposent de programmes de statistique agricole complets qui nécessitent beaucoup de données des producteurs agricoles. Certains pays, comme ceux qui font partie de l'UE, ont des exigences strictes au sujet de la prestation de données, qui fournissent une source de données administratives. Les grands programmes d'enquêtes jouent un rôle de premier plan en ce qui concerne l'évaluation des conséquences stratégiques de la Politique agricole commune dans l'UE.18

Les programmes internationaux d'enquêtes agricoles sont exhaustifs et dépendent beaucoup de la collaboration des répondants. Certains pays réalisent moins d'enquêtes que le Canada, mais ces enquêtes (surtout les enquêtes sur la structure des exploitations agricoles en Europe) sont bien plus exhaustives que l'approche ciblée axée sur les produits qu'utilise le Canada. Certains pays, comme la Norvège et la Suède, ont des programmes administratifs robustes qui réduisent le fardeau de réponse des enquêtes, mais qui alourdissent les formalités administratives imposées aux producteurs.

La majorité des enquêtes intercensitaires sont obligatoires en Angleterre et en France, tandis que dans d'autres pays, comme les Pays-Bas, elles sont facultatives. Le modèle canadien ressemble beaucoup aux programmes d'enquêtes de l'Angleterre et de la France en ce qui concerne la nature obligatoire de la plupart des enquêtes.

Pour ce qui est des données financières, les pays d'Europe recueillent depuis longtemps des renseignements par l'entremise du Réseau d'information comptable agricole. Différents professionnels sont employés pour recueillir ces données. En France et aux Pays-Bas, on fait appel à des cabinets comptables, tandis qu'en Angleterre, on retient les services d'un consortium de chercheurs d'universités et de collèges pour mener ces enquêtes. Les répondants reçoivent souvent des informations sur la gestion des entreprises pour leur propre exploitation agricole en échange de leur participation. Cet accord de réciprocité suffit à générer de bons taux de réponse.

Avec l'Australie, le Canada est à l'avant-garde en ce qui concerne l'utilisation de données fiscales. Le Programme des données fiscales agricoles du Canada publie des données depuis des décennies. Plus récemment, la Division de l'agriculture a étudié la faisabilité de remplacer les questions détaillées sur les recettes et les dépenses de l'EFF et du REAG par des données fiscales.

En ce qui concerne le contrôle du fardeau de réponse, le Bureau de la statistique d'Australie a adopté une approche systématique. En 1997, un centre de contrôle et coordination des enquêtes a été créé. Le centre exigeait de tous les ministères fédéraux que toutes les enquêtes auprès des entreprises obtiennent l'accord préalable de ceux-ci avant de mener une enquête ou d'ajouter des questions à une enquête existante. Cette procédure s'est montrée efficace pour réduire le fardeau de réponse en empêchant qu'on ajoute aux enquêtes des questions inutiles, en modifiant d'autres questions, et en empêchant d'autres enquêtes d'aboutir sur le terrain. En raison de son succès, le centre de contrôle et coordination des enquêtes a été élargi pour couvrir les relevés démographiques de 2012.19 Statistique Canada avait une stratégie semblable jusqu'à ce qu'elle soit éliminée en 1991 en raison de coupures budgétaires.

3.3 Revue internationale du recours à la télédétection en statistique agricole

La technologie de la télédétection utilise l'analyse par ordinateur d'images satellitaires pour estimer les caractéristiques de la Terre. Bon nombre de pays se servent de la télédétection pour les applications de statistique agricole. Parmi les utilisateurs les plus avancés, mentionnons les États-Unis, la Chine, le Brésil et l'Europe, qui ont de très grandes superficies agricoles semblables au contexte canadien.

Le principal objectif de l'utilisation des données de la télédétection à l'échelon international consiste à prévoir et à estimer le rendement, la superficie et la production des cultures, ainsi qu'à surveiller les conditions des cultures et des pâturages. Aucun pays n'a utilisé exclusivement les données satellitaires pour remplacer un recensement ou une enquête, mais beaucoup les ont utilisées avec succès pour appuyer leurs programmes statistiques. Par exemple, en Chine, les données sont utilisées pour surveiller l'évolution de la superficie agricole, les rendements, la production et la croissance des cultures, la sécheresse et d'autres renseignements liés à l'agriculture pour cinq cultures principales. En Europe, les données de télédétection sont utilisées pour surveiller la croissance des cultures (sept types de cultures) et pour fournir des prévisions annuelles sur la production des cultures agricoles. Aux États-Unis, la télédétection est utilisée pour définir des bases de sondage aréolaires pour des enquêtes statistiques, ce qui en améliore leur exactitude. Les données de télédétection sont également utilisées pour produire des cartes des superficies en culture selon les principaux types de cultures, qui peuvent servir de source d'information sur les cultures entre les enquêtes.

La Section de la télédétection et de l'analyse géospatiale (TAG) à Statistique Canada a travaillé au fil des ans à plusieurs projets à coûts recouvrables. La nature de ces projets a déterminé l'orientation et ciblé le développement de ce programme selon les besoins des clients. Voici certains projets de la TAG :

  • Le Programme d'évaluation de l'état des cultures (PEEC) : une application Web qui indique l'état des terres en culture et des pâturages. L'état des cultures est établi pour le pays au complet en fonction des données satellitaires. Cette application est mise à jour toutes les semaines pendant la saison de végétation et est utilisée par la communauté agricole, notamment les gouvernements, les marchands de grains, les chercheurs et les agriculteurs, afin de détecter et de délimiter les superficies en difficulté.
  • Le modèle d'estimation du rendement des cultures : un modèle expérimental du rendement des cultures mis au point pour produire une estimation du rendement des cultures pour l'année en cours pour le blé de printemps, le blé dur, l'orge et le canola dans l'Ouest canadien.
  • Soutien aux programmes du REAG et des enquêtes : par exemple, les images satellitaires et les produits cartographiques du PEEC ont été utilisés durant la période de collecte pour gérer activement le fardeau du répondant en évitant le suivi par la poste et par téléphone dans les régions touchées par des catastrophes naturelles, comme les inondations au Manitoba en 2011.

Il serait possible d'accroître l'utilisation des données satellitaires et agrométéorologiques en vue de produire des estimations précises sur les superficies cultivées, le rendement et la production.

3.4 Ce que nous a appris la revue

La revue internationale nous a appris comment différents pays recueillent les données agricoles dont ils ont besoin. Souvent, le Canada se trouve dans la médiane en ce qui concerne le fardeau de réponse, l'investissement dans la collecte de données agricoles, la nature obligatoire de la collecte des données, la fréquence du REAG et la portée et l'ampleur du programme d'enquêtes intercensitaires. Toutefois, le Canada se démarque pour ce qui est de son utilisation des données fiscales servant à produire des estimations financières. L'Australian Bureau of Statistics (bureau de la statistique de l'Australie) est également en train d'effectuer des travaux novateurs à cet égard et collabore avec la Division de l'agriculture pour partager les leçons apprises.

La revue internationale a également démontré que le Canada pourrait accroître son utilisation des données administratives et des technologies de télédétection (en particulier pour produire des estimations sur la superficie en culture, sur le rendement et sur la production).

Les informations obtenues dans le cadre de la revue internationale, alliées à des connaissances sur le milieu agricole et la structure sociopolitique de chaque pays, a donné lieu à une évaluation de certaines caractéristiques qui pourraient être développées pour transformer le Programme de la statistique agricole du Canada.

Voici les caractéristiques intéressantes :

  • le programme d'enquêtes intercensitaires exhaustif et modulaire de l'Angleterre;
  • l'utilisation de données administratives dans les pays du nord de l'Europe;
  • l'objectif de l'Australie et du Canada visant à accroître l'utilisation des données fiscales afin de remplacer les questions financières dans les enquêtes et le REAG;
  • les différentes approches pour déterminer l'objectif et les seuils de la population des enquêtes;
  • les différentes méthodes utilisées pour tenir à jour la base de sondage; et
  • le centre de contrôle et coordination des enquêtes du Bureau de la statistique de l'Australie.

Ces caractéristiques intéressantes ont été utilisées pour élaborer les options de rechange. Un des objectifs de l'évaluation des options visait à déterminer si l'un de ces programmes pourrait être suffisant en l'absence d'un REAG quinquennal. Par conséquent, bien que certains de ces pays effectuent un REAG quinquennal, chacune de ces options ont été examinées en fonction de l'hypothèse d'un REAG décennal. Dans la section qui suit, le programme canadien actuel est présenté comme option repère, à partir de laquelle les options de rechange ont été évaluées.

Date de modification :