5 Analyse graphique

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5.1 Profils selon le sexe

Les estimations des trois mesures de la variance sont présentées aux figures 1 à 3, où la figure 1 donne la variance totale, la figure 2, l'instabilité des gains et la figure 3, l'inégalité de long terme des gains. La ventilation de la variance totale est d'environ 73 % pour la composante de l'inégalité de long terme contre 27 % pour la composante de l'instabilité des gains, en moyenne, pour les hommes ainsi que pour les femmes sur l'intervalle complet. Les trois mesures de la variance sont également plus élevées pour les femmes que pour les hommes. Deuxièmement, le profil général de l'évolution de la variabilité totale des gains a été dicté principalement par les changements de l'inégalité de long terme des gains. Néanmoins, l'instabilité croissante des gains du milieu des années 1980 au début des années 1990 chez les hommes a joué un rôle secondaire dans l'accroissement de la variabilité totale des gains des hommes, tandis que l'effet de l'instabilité des gains a été faible ou a même réduit la variabilité totale des gains chez les femmes. Troisièmement, puisque la variance totale des gains est égale à la somme de ces composantes permanente et transitoire, nous la considérons comme le résultat de ces deux composantes structurelles et nous concentrons notre discussion sur ces dernières.

La période 1982 à 2000 que nous étudions est caractérisée par près de deux cycles économiques complets, ce qui facilitent l'interprétation des tendances cycliques dans les séries de données sur la variance. Une récession sévère a eu lieu au cours des deux premières années couvertes par nos données (1982 et 1983), puis a été suivie par une phase de reprise énergique jusqu'à 1989. Une autre récession grave a eu lieu en 1990 et 1991. Toutefois, le redressement a été inégal et la reprise sur le marché du travail, assez lente, à cause de la stagnation de la croissance économique en 1995 et 1996. Par la suite, la croissance économique a été assez forte au cours des sept dernières années de notre échantillon.

Ces tendances cycliques se manifestent assez fermement chez les hommes. L'inégalité de long terme des gains (c.-à-d. la composante permanente) a augmenté le plus fortement au cours de la période 1986 à 1990 à la période 1991 à 1995, après un très léger recul au cours de la période 1982 à 1986 à la période 1986 à 1990; depuis 1991 à 1995, sa croissance continue a de nouveau été plus modeste. Néanmoins, depuis 1986 à 1990, l'inégalité de long terme des gains a augmenté continuellement. Par contre, l'instabilité des gains des hommes a généralement suivi une tendance à la baisse, de même que le taux moyen de chômage (qui est passé de 11,1 % en 1982 et de 11,9 % en 1983 à 6,8 % en 2000). L'instabilité des gains des hommes n'a augmenté que durant l'intervalle de 1986 à 1990 à celui de 1989 à 1993. Depuis, elle est caractérisée par une tendance prononcée à la baisse, qui suit de nouveau le taux moyen de chômage (lequel est passé par un sommet, à 11,4 %, en 1993). Par conséquent, la variation totale des gains a augmenté régulièrement depuis 1986 à 1990.

En ce qui concerne les femmes sur le marché du travail, l'opposition des profils des composantes de l'inégalité de long terme et de l'instabilité des gains durant la période allant de 1986 à 1990 à la période 1991 à 1995 est assez spectaculaire, la première ayant augmenté de 9,0 %, tandis que la seconde a diminué de 11,6 %. Depuis, les deux composantes ont fléchi, de 3,7 % et de 2,0 %, respectivement. Chez les femmes, les différences de gains de long terme semblent être fortement procycliques, comme cela a été le cas pour les hommes également, tandis que l'instabilité de court terme des gains a diminué assez régulièrement depuis 1986 à 1990, de manière relativement indépendante du cycle économique. Par conséquent, la courbe de la variation totale des gains a la forme d'un U renversé, avec une longue période de croissance de 1982 à 1986 à la période 1991 à 1995, suivie par une forte baisse après le sommet de 1991 à 1995.

Pour l'ensemble des travailleurs (hommes et femmes confondus), la variance totale des gains est passée par un creux au cours de la période 1986 à 1990 et par un sommet de 1991 à 1995 (ce qui reflète la récession grave du début des années 1990) et a, en majeure partie, diminué depuis. Au cours de la période de récession, la forte remontée procyclique de la composante de l'inégalité de long terme des gains était clairement le facteur déterminant. Par contre, au cours de la période d'expansion ultérieure, les composantes permanente et transitoire sont toutes deux entrées en jeu, renforçant l'une l'autre leur effet de réduction de la variance totale des gains.

5.2 Profils selon l'âge

Nous avons calculé des estimations de l'inégalité de long terme des gains, de la variance totale et de l'instabilité des gains au fil du temps selon le groupe d'âge. Faute d'espace, ces graphiques sont relégués à un document de travail correspondant. Ils contiennent énormément de renseignements détaillés, si bien que nous nous concentrons uniquement sur plusieurs faits saillants. Le tableau 1 donne les valeurs numériques réelles des trois mesures de la variance selon l'âge pour la première et la dernière période d'échantillonnage de la période de référence 1982 à 2000 5 . Comme on peut le constater, les courbes selon l'âge des deux composantes de la variance sont presque opposées. Dans l'ensemble, l'inégalité de long terme des gains augmente avec l'âge, du moins chez le groupe des jeunes travailleurs et pour les groupes d'âge suivants, de sorte qu'elle est nettement plus élevée chez le groupe d'âge avancé, en grande partie comme on s'y attendrait pour un modèle standard de capital humain avec formation en cours d'emploi, alors que l'instabilité des gains diminue généralement avec l'âge, du moins jusqu'à ce que les travailleurs atteignent la force de l'âge, de sorte que l'instabilité est beaucoup plus élevée chez les travailleurs débutants, ce qui concorde nettement avec une perspective de correspondance carrière-emploi. La courbe de la variance totale des gains reflète fondamentalement celle de l'inégalité de long terme des gains qui est la composante source la plus importante de la variation totale.

Pour les deux groupes d'âge du milieu, auxquels appartiennent la grande majorité des travailleurs, les trois mesures de la variance sont également plus élevées pour les femmes que pour les hommes. Si nous calculons la moyenne sur l'ensemble des groupes d'âge, les trois mesures sont supérieures de 21 % à 25 % pour la période 1982 à 1986 et de 9 % à 22 % pour la période 1996 à 2000 (la réduction la plus importante de l'écart hommes-femmes ayant lieu pour la composante de l'inégalité de long terme des gains qui passe d'un écart de 25 % au début de la période de référence à un écart de 9 % à la fin de celle-ci).

Comme les composantes de la variance évoluent en direction opposée en fonction de l'âge, il ne devrait pas être étonnant que la taille relative de ces composantes varie également fortement avec l'âge. Le tableau 2 montre le ratio de l'inégalité de long terme des gains à l'instabilité des gains pour les divers groupes d'âge. Tant pour les femmes que pour les hommes, le ratio augmente fortement avec l'âge, du moins jusqu'au groupe dans la force de l'âge (pour les hommes) et au-delà (pour les femmes). Chez les travailleurs débutants, le ratio est inférieur à un et demi, tandis que pour les travailleurs dans la force de l'âge, il est environ de trois ou plus. Autrement dit, l'importance de l'instabilité des gains diminue considérablement comparativement aux différences de long terme des gains chez les travailleurs dans la force de l'âge et les travailleurs d'âge avancé. Les ratios de l'inégalité de long terme des gains à l'instabilité des gains chez le hommes et chez les femmes, tous âges confondus, ont également augmenté assez nettement au cours de la période d'échantillonnage, et ce, davantage chez les hommes (de 2,32 à 3,16) que chez les femmes (de 2,41 à 2,87).

5.3 Évolution des profils selon l'âge

Les chiffres des tableaux 1 et 2 indiquent que les profils des composantes de la variance ont effectivement évolué au cours de la période étudiée. Les changements sont mis en relief dans les figures 4 à 9, où l'âge est mesuré sur l'axe horizontal. Chacun de ces diagrammes comporte quatre courbes en fonction de l'âge : deux pour les périodes d'observation terminales 1982 à 1986 et 1996 à 2000, et deux pour les périodes d'observation qui facilitent la comparaison avec les étapes du cycle économique, c'est-à-dire l'intervalle de croissance de 1986 à 1990 et la période de récession de 1991 à 1995. Les multiples courbes en fonction de l'âge permettent de voir si les profils d'évolution sont constants (ou monotones) au cours de la période de référence complète ou bien mixtes (ou cycliques).

Tous les graphiques illustrent la façon dont l'inégalité de long terme des gains augmente généralement avec l'âge (transversalement) pour les hommes ainsi que les femmes (figures 6 et 9).

De surcroît, la courbe de l'inégalité de long terme selon l'âge s'est généralement déplacée vers le haut (de sorte que cette inégalité de long terme a augmenté), mais le déplacement vers le haut a été nettement plus prononcé pour les hommes que pour les femmes, a été plus spectaculaire pour les groupes d'âge plus avancés et a été plus persistant ou régulier chez les hommes et plus mixte chez les femmes.

Les figures 5 et 8 illustrent le profil en forme de U de l'instabilité des gains en fonction de l'âge chez les hommes et les profils en forme de tremplin de saut en ski en fonction de l'âge chez les femmes. Toutefois, dans ce cas-ci, les déplacements des courbes de l'instabilité des gains selon l'âge ont un profil plus mixte que les courbes de l'inégalité de long terme des gains. Sur la période de référence complète, l'instabilité des gains a fondamentalement diminué chez les travailleurs dans la force de l'âge (25 à 54 ans), puis a remonté chez les travailleurs d'âge avancé (quoique la remontée ne soit pas régulière au cours du temps).

Troisièmement, les figures 4 et 7 illustrent aussi le profil en forme de J de la variance totale des gains en fonction de l'âge chez les hommes et le profil généralement à la hausse en fonction de l'âge chez les femmes. Les déplacements au cours du temps de ces profils de la variance totale en fonction de l'âge reflètent essentiellement le profil des déplacements de la courbe d'inégalité de long terme des gains. Chez les hommes, nous observons un déplacement vers le haut important de la variance totale pour les travailleurs dans la force de l'âge et d'âge avancé qui se traduit par un accroissement prononcé des différences de gains selon l'âge. Curieusement, alors que la courbe (transversale) selon l'âge des gains moyens chez les hommes est caractérisée par un accroissement des écarts dû à la diminution du salaire réel des jeunes travailleurs et à une stabilisation du salaire (réel) des travailleurs d'âge moyen, l'évolution de la courbe selon l'âge de la variance totale des gains est caractérisée par un déplacement prononcé vers le haut chez les travailleurs dans la force de l'âge et d'âge avancé. La distribution ne semble pas s'être élargie autant chez les deux groupes d'âge plus jeunes. Dans le cas des femmes, nous observons une augmentation importante de la variance totale des gains chez les travailleuses d'âge avancé, mais une diminution de cette variance chez celles dans la force de l'âge.

5 . L'utilisation d'années terminales individuelles est toujours risquée, mais ici, les périodes terminales sont chacune une moyenne mobile de cinq ans.