Enquête mensuelle sur le commerce de gros : C.v. pour les ventes totales selon la géographie - avril 2024

Enquête mensuelle sur le commerce de gros : C,v, pour les ventes totales selon la géographie - avril 2024
Géographie Mois
202304 202305 202306 202307 202308 202309 202310 202311 202312 202401 202402 202403 202404
pourcentage
Canada 0,4 0,6 0,4 0,3 0,3 0,3 0,4 0,4 0,4 0,5 0,4 0,5 0,4
Terre-Neuve et Labrador 1,2 0,6 0,3 0,3 0,3 0,1 0,2 0,2 0,3 0,3 0,3 0,6 1,5
Île-du-Prince-Édouard 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Nouvelle-Écosse 2,2 4,4 2,3 2,0 1,6 1,3 1,0 1,3 5,7 2,4 1,2 1,6 3,1
Nouveau-Brunswick 1,7 1,1 0,6 0,9 0,7 0,8 0,8 0,9 0,9 0,6 0,7 1,1 2,0
Québec 2,0 1,4 1,7 1,2 1,2 1,2 1,3 1,7 1,3 1,4 1,7 2,1 1,7
Ontario 1,0 1,4 0,8 0,7 0,7 0,7 0,8 0,6 0,7 1,1 0,9 0,9 0,8
Manitoba 1,1 0,9 0,6 0,6 0,7 0,6 1,3 0,7 0,6 0,5 0,4 0,5 0,7
Saskatchewan 0,6 0,7 0,5 0,6 1,4 0,9 0,8 0,6 1,0 1,1 0,6 0,5 0,8
Alberta 0,3 0,5 0,3 0,2 0,3 0,4 0,5 0,3 0,5 0,4 0,4 0,4 0,3
Colombie-Britannique 1,3 1,0 1,2 0,9 1,1 1,0 0,9 0,9 0,8 0,9 0,9 0,9 0,9
Yukon 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Territoires du Nord-Ouest 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Nunavut 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

Projections démographiques à Statistique Canada — Foire aux questions

Qu’est-ce que les projections démographiques?

Les projections démographiques présentent ce à quoi pourrait ressembler l’évolution future d’une population si les hypothèses sous-jacentes relatives aux tendances futures se réalisent. Ces hypothèses sont élaborées une fois par an en fonction des tendances historiques, de consultations avec des experts ainsi que du contexte canadien et international actuel.

Comment Statistique Canada élabore-t-il des projections démographiques?

Statistique Canada ne prédit pas l’avenir, mais établit plutôt des projections fondées sur des données et des tendances actuelles (lien en anglais seulement). L’objectif de ces projections est de fournir aux décideurs publics des résultats qui leur permettent de comprendre quelle pourrait être l’évolution de la population selon les renseignements connus au moment de l’élaboration des projections.

L’organisme élabore plusieurs scénarios en analysant les tendances passées, en consultant des experts et en tenant compte du contexte actuel. Ces scénarios offrent différents résultats possibles, ce qui aide les utilisateurs de données à comprendre l’éventail des possibilités plutôt qu’un seul avenir prédit. Cela est d’autant plus important puisque le contexte démographique actuel est caractérisé par des changements de population rapides, ce qui rend les tendances démographiques futures encore plus difficiles à anticiper.

Il convient de noter que les projections démographiques ne sont pas des prédictions, auquel cas un seul scénario serait publié.

Comment les projections démographiques sont-elles utilisées?

Les projections démographiques sont des outils essentiels aux fins de la planification au Canada. Elles aident à déterminer les besoins futurs en biens et services, en infrastructures, en logement et en main-d’œuvre, et contribuent à l’évaluation des incidences sur l’environnement.

Les planificateurs publics s’appuient sur ces projections pour évaluer les tendances démographiques dans les années à venir et prendre des décisions stratégiques éclairées pour l’avenir. Les administrations publiques à tous les paliers — fédéral, provincial, territorial et municipal — utilisent les projections démographiques, que ce soit pour établir des budgets, fixer des objectifs de migration ou prendre d’autres décisions qui ont une incidence sur la vie des Canadiennes et des Canadiens.

Les projections démographiques sont-elles utiles même si Statistique Canada ne peut pas prédire l’avenir?

Oui, les projections démographiques sont très utiles. Elles constituent une source de renseignements objective et neutre (lien en anglais seulement) qui permet de prendre des décisions éclairées et transparentes. Leur véritable valeur réside dans la façon dont elles contribuent à façonner l’avenir, plutôt que dans la prédiction de résultats exacts (lien en anglais seulement). Comme les projections peuvent influencer les actions, elles peuvent devenir des prophéties vouées à l’échec, ce qui les rend alors inexactes a posteriori. Les utilisateurs doivent donc faire preuve de prudence lorsqu’ils évaluent les projections passées.

Comme les données démographiques peuvent changer rapidement, Statistique Canada met à jour les projections démographiques chaque année afin de rendre compte des données les plus récentes et les plus pertinentes. Un rapport technique est également publié avec chaque série de projections afin d’aider les utilisateurs de données à comprendre et à évaluer les hypothèses. Les utilisateurs sont également encouragés à ajuster les projections lorsque des changements inattendus rendent les hypothèses initiales obsolètes. Des projections personnalisées sont également disponibles pour répondre à des besoins spécifiques.

Indicateurs avancés — Foire aux questions

par Steve Matthews, Kyle Virgin et Ramdane Djoudad ― Statistique Canada

Cet article spécial fournit des réponses non techniques aux questions liées à la production, à l'utilisation et à l'interprétation des indicateurs avancés pour l'Enquête mensuelle sur les industries manufacturières, l'Enquête mensuelle sur le commerce de gros et l'Enquête mensuelle sur le commerce de détail de Statistique Canada. Organisé sous la forme d'une foire aux questions, le présent document de référence vient compléter la documentation technique sur les définitions, les sources de données et les méthodes disponible pour les programmes individuels. Il est composé de deux sections. La section 1 traite des concepts et des définitions qui sont essentiels à la production d'indicateurs avancés, alors que la section 2 porte sur l'analyse et l'interprétation de ces produits statistiques spéciaux.

Section 1 : Contexte, définitions et terminologie

1 Qu'est-ce qu'un indicateur avancé?

Les indicateurs avancés sont des estimations statistiques qui permettent de fournir les premiers renseignements sur les activités économiques pour une période de référence donnée. Dans le cas des enquêtes indiquées ci-dessus, les indicateurs avancés sont générés lorsque les renseignements ont été reçus pour une partie des répondants, mais que la collecte de données est toujours en cours. Les indicateurs avancés pour les données mensuelles sur la fabrication, le commerce de gros et le commerce de détail sont généralement publiés de 21 à 25 jours après la fin d'un mois de référence, alors que les indicateurs préliminaires sont publiés environ un mois plus tard. Par exemple, l'indicateur avancé pour les données mensuelles sur le commerce de détail pour le mois de référence de janvier serait publié en février (de 21 à 25 jours plus tard), alors que l'indicateur préliminaire pour janvier serait publié en mars (un mois plus tard). Par conséquent, une publication de février présenterait un indicateur préliminaire pour décembre ainsi qu'un indicateur avancé pour janvier.

Le graphique 1 montre le nombre moyen de jours requis pour publier les indicateurs avancés, préliminaires et révisés pour les trois programmes après la fin de la période de référence.

Graphique 1 Nombre moyen de jours avant la publication, selon le programme

Graphique 1 Nombre moyen de jours avant la publication, selon le programme
Description - Graphique 1 Nombre moyen de jours avant la publication, selon le programme
Nombre moyen de jours avant la publication, selon le programme
Programme Avancé Préliminaire Révisé
Fabrication 25 45 76
Commerce de gros 25 46 77
Commerce de détail 21 52 82
2 Qu'est-ce qui a mené Statistique Canada à publier les indicateurs avancés?

Statistique Canada a publié les indicateurs avancés pour la première fois en 2020. Ce travail a été principalement fait pour donner aux utilisateurs des renseignements plus rapidement, étant donné l'incertitude économique qui a découlé de la pandémie de COVID-19. La demande pour des indicateurs avancés était élevée afin de surveiller les répercussions économiques de la COVID-19 dans différents secteurs de l'économie canadienne et de fournir des premiers signaux et renseignements au sujet de la direction que prenaient les tendances. En utilisant les premières données des répondants, Statistique Canada a été en mesure de compiler des signaux économiques actuels et fiables en se fondant sur les données observées.

Mois de référence de la première diffusion des indicateurs avancés selond le programme
Programme Mois de référence de la première diffusion des indicateurs avancés
Enquête mensuelle sur le commerce de détail Avril 2020
Enquête mensuelle sur les industries manufacturières Mai 2020
Enquête mensuelle sur le commerce de gros Août 2020
3 De quelle façon est-ce que Statistique Canada produit les indicateurs avancés?

Statistique Canada utilise une technique appelée estimation éclair pour produire les indicateurs avancés pour certains programmes d'enquête. L'estimation éclair désigne un type d'indicateur avancé qui emploie les mêmes méthodes utilisées pour produire des indicateurs préliminaires, mais ces méthodes sont appliquées à un ensemble de données plus limité, à un stade plus précoce. Par exemple, pour produire l'indicateur avancé pour le commerce de détail, seules les réponses ayant été reçues à un point prédéterminé de la période de collecte sont utilisées. Une fois la collecte terminée, les mêmes traitements de la non-réponse et méthodes de pondération sont utilisés sur l'ensemble complet de données reçues, qui sert ensuite à produire l'indicateur préliminaire.

La quantité de données recueillies intégrées à un indicateur avancé varie d'un mois à l'autre et d'une enquête à l'autre. Le tableau 1 indique qu'en 2023, le taux de réponse moyen pour les indicateurs avancés (arrondi au pourcentage près) était de 68 % pour l'Enquête mensuelle sur les industries manufacturières, de 59 % pour l'Enquête mensuelle sur le commerce de gros et de 45 % pour l'Enquête mensuelle sur le commerce de détail. Ces taux de réponse sont généralement publiés avec chaque indicateur avancé afin de donner aux utilisateurs des renseignements sur la qualité des chiffres pour le mois en question.

Tableau 1 Taux de réponse moyen, 2023
Programme Indicateur avancé Indicateur préliminaire Indicateur révisé
Fabrication 68 % 87 % 94 %
Commerce de gros 59 % 69 % 75 %
Commerce de détail 45 % 83 % 88 %

Le produit intérieur brut (PIB) mensuel par industrie est fondé sur les indicateurs avancés qui ont été examinés dans cet article pour compiler ses propres indicateurs avancés du PIB. Il est possible d'obtenir de plus amples renseignements sur les estimations du PIB mensuel à la page Révision du PIB du Canada.

La figure 1 illustre les fluctuations d'un mois à l'autre des données publiées sur les ventes dans les secteurs de la fabrication, du commerce de gros et du commerce de détail pour l'année de référence 2023. Les indicateurs avancés, préliminaires et révisés sont très cohérents, à la fois en ce qui concerne la direction (augmentation ou diminution) et l'ampleur de la fluctuation des ventes d'un mois à l'autre.

Figure 1 Comparaison des fluctuations d'un mois à l'autre pour les indicateurs avancés, préliminaires et révisésNote de bas de page 1

Les fluctuations d'un mois à l'autre des ventes des secteurs de la fabrication, 2023
Description - Les fluctuations d'un mois à l'autre des ventes des secteurs de la fabrication, 2023
Les fluctuations d'un mois à l'autre des ventes des secteurs de la fabrication, 2023
  Indicateur avancé Indicateur préliminaire Indicateur révisé
janvier 3,9 4,1 4,5
février -2,8 -3,6 -3,6
mars 0,7 0,7 0,8
avril -0,2 0,3 -0,1
mai 0,8 1,2 1,2
juin -2,1 -1,7 -2,0
juillet 0,7 1,6 1,6
août 1,0 0,7 1,0
septembre -0,1 0,4 0,7
octobre -2,7 -2,8 -2,9
novembre 1,2 1,2 1,5
décembre -0,6 -0,7 -1,1
Les fluctuations d'un mois à l'autre publiées des ventes du commerce de gros, 2023
Description - Les fluctuations d'un mois à l'autre publiées des ventes du commerce de gros, 2023
Les fluctuations d'un mois à l'autre publiées des ventes du commerce de gros, 2023
  Indicateur avancé Indicateur préliminaire Indicateur révisé
janvier 3,0 2,4 2,6
février -1,6 -1,7 -1,4
mars -0,4 -0,1 -1,1
avril 1,6 -1,4 -1,4
mai 3,5 3,3 2,5
juin -4,4 -2,8 -1,4
juillet 1,4 0,2 0,0
août 2,6 2,3 1,8
septembre 0,0 0,4 -0,6
octobre -1,1 -0,5 -0,3
novembre 0,8 0,9 0,9
décembre 0,8 0,3 -0,3
Les fluctuations d'un mois à l'autre des ventes du commerce de détail, 2023
Description - Les fluctuations d'un mois à l'autre des ventes du commerce de détail, 2023
Les fluctuations d'un mois à l'autre des ventes du commerce de détail, 2023
  Indicateur avancé Indicateur préliminaire Indicateur révisé
janvier 0,7 1,4 1,6
février -0,6 -0,2 -0,2
mars -1,4 -1,4 -1,5
avril 0,2 1,1 1,0
mai 0,5 0,2 0,1
juin 0,0 0,1 0,1
juillet 0,4 0,3 0,4
août -0,3 -0,1 -0,1
septembre 0,0 0,6 0,5
octobre 0,8 0,7 0,5
novembre 0,0 -0,2 -0,0
décembre 0,8 0,9 0,9
4 Existe-t-il d'autres approches qui permettent de produire les indicateurs avancés?

Outre l'estimation éclair, la prévision immédiate est une autre méthode qui peut être utilisée pour produire les indicateurs avancés. Contrairement à l'estimation éclair, la prévision immédiate englobe davantage de types d'indicateurs avancés qui reposent soit sur des données d'entrée différentes, soit sur des méthodes de compilation différentes des indicateurs préliminaires. Par exemple, une prévision immédiate peut comprendre des estimateurs fondés entièrement sur les modèles qui utilisent des renseignements provenant d'autres sources disponibles au moment où le modèle est appliqué pour générer la prévision immédiate. À l'instar de l'estimation éclair, les modèles de prévision immédiate produisent habituellement des indicateurs avancés qui sont moins précis que les indicateurs préliminaires.

Il existe une distinction importante entre les indicateurs avancés produits à Statistique Canada et ce qu'on appelle généralement les prévisions. Habituellement, les modèles de prévision sont utilisés pour projeter des données vers l'avenir afin de décrire les périodes de référence futures quand aucun renseignement n'est disponible sur la période de référence d'intérêt. L'absence de données observées dans les prévisions augmente le risque de résultats inexacts parce que les modèles s'appuient sur l'hypothèse selon laquelle les tendances historiques seront maintenues. En revanche, Statistique Canada intègre certaines formes de données observées à la production des indicateurs avancés. Les indicateurs avancés diffusés par Statistique Canada sont fondés sur des observations directes autant que possible, comme des données reçues de répondants ou des données administratives pour une période de référence d'intérêt. L'utilisation appropriée de ces données réduit le risque qu'il y ait des différences importantes entre les indicateurs avancés et les indicateurs préliminaires.

Section 2 : Questions liées à l'analyse et à l'interprétation

1 Quelles sont les forces et les faiblesses des indicateurs avancés?

Les indicateurs avancés fournissent des renseignements plus récents aux utilisateurs; toutefois, ces renseignements sont moins précis que les indicateurs préliminaires et les indicateurs révisés produits plus tard. Statistique Canada suit un cadre pluridimensionnel pour évaluer la qualité des données (Statistique Canada, 2019), y compris les dimensions d'exactitude et d'actualité. Les produits statistiques visent habituellement à trouver un équilibre entre ces dimensions pour répondre de la meilleure façon possible aux besoins des utilisateurs de données. Dans ce cadre en particulier, les indicateurs avancés visent à être plus actuels, avec un certain compromis en ce qui concerne l'exactitude. En raison de ce compromis en matière d'exactitude, les indicateurs avancés sont publiés à des niveaux de détail plus agrégés, comme à l'échelle nationale plutôt qu'à l'échelle provinciale, par rapport aux indicateurs préliminaires et révisés. De plus, ils ne sont pas diffusés au moyen de l'entrepôt de données officiel de Statistique Canada, mais sont diffusés uniquement dans des articles publiés dans le bulletin de diffusion officielle de Statistique Canada, Le Quotidien.

2 De quelle façon la qualité des indicateurs avancés est-elle surveillée?

Avant cette initiative, des études ont montré que la publication d'indicateurs avancés fournirait un équilibre souhaitable entre l'actualité et l'exactitude des données pour les utilisateurs. En particulier, les critères utilisés pour l'exactitude tenaient compte de la direction et de l'ampleur des fluctuations relatives d'un mois à l'autre. Cet élément est particulièrement important parce qu'il détermine des points de retournement dans une série chronologique; l'ampleur des fluctuations est un facteur important à prendre en considération parce qu'elle estime le rythme des changements économiques. Le rendement historique des indicateurs avancés produits au moyen de l'estimation éclair a été évalué, et ces indicateurs ont surpassé les méthodes de prévision et de prévision immédiate avec une rapidité comparable. De plus, les indicateurs avancés peuvent être générés environ un mois plus tôt que les indicateurs préliminaires.

Chaque mois, Statistique Canada compare les indicateurs avancés avec les indicateurs préliminaires qui suivent pour la même période de référence afin de surveiller l'ampleur des différences entre ceux-ci, ainsi que leur cohérence en ce qui concerne la direction des fluctuations d'un mois à l'autre.

De plus, un examen exhaustif des indicateurs avancés et de leur rendement passé est effectué périodiquement. Cet examen comprend une analyse des statistiques descriptives au fil du temps, ainsi que toutes les différences notables observées pour les périodes de référence individuelles.

3 Pourquoi les indicateurs avancés et les indicateurs préliminaires sont-ils différents?

Comme les indicateurs avancés sont établis au moyen des mêmes méthodes que les indicateurs préliminaires, ils sont sujets au même type d'erreurs d'échantillonnage et d'erreurs non dues à l'échantillonnage, mais avec différents degrés de sensibilité à ces sources d'erreur. Les différences entre les indicateurs avancés et les indicateurs préliminaires peuvent être attribuées aux sources suivantes :

  1. Réponses reçues après la production des indicateurs avancés : L'imputation, conçue pour produire des estimations agrégées exactes et non biaisées, est utilisée pour estimer les valeurs pour chaque unité non répondante lorsque les indicateurs avancés sont produits. Si une unité individuelle ne répond pas à temps pour l'indicateur avancé, mais qu'elle fournit une réponse avant la production de l'indicateur préliminaire, cela entraîne une différence entre les indicateurs avancés et préliminaires. Des différences importantes peuvent être constatées lorsque des unités individuelles présentent des différences notables, ou lorsque des différences relativement petites s'accumulent pour de nombreuses unités.
  2. Améliorations de l'imputation provenant des réponses supplémentaires reçues : Même pour les unités qui répondent effectivement à temps pour l'indicateur avancé, les valeurs imputées peuvent elles-mêmes différer entre les indicateurs avancés et préliminaires. Comme l'imputation pour l'indicateur préliminaire est fondée sur des renseignements plus complets, cet indicateur doit être considéré comme une estimation améliorée pour les unités non répondantes par rapport à l'indicateur avancé. Bien que ces différences soient généralement petites, elles peuvent s'accumuler et donner lieu à des différences notables entre les indicateurs avancés et préliminaires.
  3. Mises à jour apportées aux données après l'indicateur avancé : Lorsque des indicateurs avancés sont produits, les données des répondants font l'objet d'une révision supplémentaire et sont mises à jour dans le cadre du processus de validation des données, ce qui peut entraîner des différences entre les indicateurs avancés et préliminaires.
4 Y a-t-il d'autres approches qui peuvent être envisagées pour produire les indicateurs avancés?

Statistique Canada cherche constamment à adopter des méthodes à la fine pointe de la recherche afin de maximiser la qualité des données. Pour appuyer ces efforts, Statistique Canada collabore régulièrement avec d'autres bureaux nationaux de statistique ainsi qu'avec d'autres organismes statistiques et issus du milieu universitaire afin de déterminer, d'élaborer et d'évaluer des méthodes qui faciliteraient la production d'indicateurs avancés. En particulier, les approches de prévision immédiate sont prometteuses pour améliorer davantage la rapidité, si des modèles statistiques ayant une précision appropriée avec les informations disponibles peuvent être élaborés.

5 Où puis-je obtenir de plus amples renseignements?

Eurostat (2017), Handbook on Rapid Estimates (PDF) (en anglais seulement).

Statistique Canada (2019), Statistique Canada : Lignes directrices concernant la qualité, sixième édition.

Description de l'actif, du passif, des capitaux propres et des ratios financiers

Le bilan de l’agriculture canadienne a pour objectif : d’enregistrer la valeur de l’actif des entreprises agricoles; de comptabiliser la valeur des dettes des entreprises agricoles; d’enregistrer la valeur de capitaux propres des entreprises agricoles; de présenter des ratios financiers standards qui sont fondés sur des estimations tirées des données du bilan et du compte de valeur ajoutée; d’utiliser le concept de l’établissement; de présenter l’information au 31 décembre, par province.

On a conçu quatre types de comptes de bilan pour le secteur agricole canadien afin de distinguer l’actif et le passif des entreprises agricoles de ceux des ménages des exploitants agricoles et des propriétaires non-exploitants. Ces derniers sont des personnes ou des entreprises dont les activités ne relèvent pas du secteur agricole mais de la location de biens de production aux exploitants agricoles.

Dans cette série, seules les données afférentes au bilan du secteur agricole (jeu 2) sont fournies parce que ce sont celles qui reflètent le plus adéquatement les éléments de l’actif utilisés dans la production agricole. Les autres comptes de bilan peuvent être communiqués sur demande. Voici les quatre jeux de bilans regroupés qui sont établis pour le secteur agricole canadien :

Jeu 1 - Le Bilan du secteur agricole et des ménages des exploitants agricoles comprend tous les éléments d’actif et de passif du secteur agricole sans égard à la propriété. Il traite les ménages des exploitants agricoles et les entreprises agricoles comme une seule entité. Il inclut également les biens immobiliers agricoles loués des propriétaires non-exploitants et l’encours de la dette relative à ces biens.

Jeu 2 - Le Bilan du secteur agricole a été conçu pour comptabiliser uniquement les éléments d’actif et de passif utilisés dans la production de produits agricoles. Il comprend notamment les biens immobiliers loués de propriétaires non-exploitants et l’encours de la dette relative à ces biens. Aussi inclus sont les automobiles, camions et autres machines agricoles loués aux agriculteurs. Il traite les ménages des exploitants agricoles et les entreprises agricoles comme des entités distinctes, de telle sorte que la partie personnelle des éléments d’actif et de passif détenus par les ménages en est exclue.

Jeu 3 - Le Bilan des entreprises agricoles et des ménages des exploitants agricoles reflète la situation des exploitants agricoles et inclut les éléments d’actif et de passif des entreprises agricoles et des ménages des exploitants agricoles. La valeur des biens immobiliers agricoles donnés en location aux exploitants agricoles par les propriétaires non-exploitants et l’encours de la dette relative à ces biens ne figurent pas dans ce bilan.

Jeu 4 - Le Bilan des entreprises agricoles des exploitants agricoles a été conçu pour comptabiliser uniquement la partie des éléments d’actif et de passif détenue par les exploitants agricoles. Il exclut les éléments d’actif et de passif des propriétaires non-exploitants et des ménages des exploitants agricoles.

Pour la composition du bilan, on suit celle qui est recommandée dans le Manuel d’uniformisation de la comptabilité agricole, publié par le Comité d’uniformisation de la comptabilité agricole, Société du crédit agricole, (1991). Certaines définitions et certains commentaires concernant les concepts et les ratios furent également tirés de ce manuel.

L’analyse au moyen de ratios est un outil financier servant à la gestion et à l’analyse d’une entreprise. Toutefois, pour réaliser une analyse financière appropriée, il faut recourir à d’autres types d’analyse. Il est donc peu judicieux pour une entreprise de se fier uniquement à l’analyse des ratios pour évaluer sa situation financière. Les quatre principaux types de ratios calculés sont : liquidité, solvabilité, rentabilité et efficacité financière.

Les ratios qui figurent dans les tableaux ont été calculés pour l’ensemble du secteur agricole. Il est à noter que la valeur cible et la valeur réelle de ces ratios varient considérablement selon le type d’activités agricoles (élevage du bétail, production végétale, horticulture, etc.).

Lorsqu’on calcule et analyse les ratios financiers, on doit prêter une attention particulière à la méthode d’évaluation de l’actif, au type d’entreprise et à sa taille, ainsi qu’au cycle des affaires et à l’information nécessaire à la préparation de ces ratios. Ces ratios prennent toute leur signification lorsqu’ils sont comparés d’une année à l’autre. Pour de plus amples renseignements concernant le calcul et l’analyse des ratios financiers, veuillez vous reporter au document intitulé Manuel d’uniformisation de la comptabilité agricole.

Les utilisateurs doivent être particulièrement prudents lorsqu’ils recourent aux estimations des données sur les comptes débiteurs, les liquidités, les obligations et l’épargne dans les provinces du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie- Britannique. Dans ces provinces, les estimations des liquidités, des obligations et de l’épargne peuvent tenir compte des recettes différées sur les céréales, alors qu’ailleurs ces recettes sont généralement comptabilisées au poste comptes débiteurs. Toutefois, cela ne devrait avoir aucune incidence sur les estimations agrégées de l’actif à court terme.

L’actif à court terme comprend les éléments d’actif qui, dans le cours normal des activités de l’entreprise, peuvent être convertis en espèces ou absorbés dans le processus de fabrication en moins d’une année. L’actif à court terme comprend : les liquidités, les obligations et l’épargne; les comptes débiteurs; et les stocks.

Les comptes débiteurs sont des sommes que les entreprises agricoles doivent recouvrer, habituellement par suite de la vente de biens ou de services tels les céréales, le bétail et les travaux à forfait.

Les stocks sont des éléments de biens corporels qui sont destinés à la vente dans le cours normal des activités de l’entreprise ou en cours de fabrication pour devenir des produits destinés à la vente, ou encore, utilisés directement dans la production de biens ou de services. Les stocks sont composés de la volaille et des animaux de marché; des cultures; et des intrants.

La volaille et les animaux de marché englobent notamment le poulet, le dindon, les génisses de boucherie, les bouvillons, les veaux, les porcs autres que les verrats ou les truies, et les moutons destinés à être vendus.

Les cultures comprennent le blé à l’exclusion du blé dur, le blé dur, l’avoine, l’orge, le seigle, le maïs, le lin, le canola, le soya, les graines de moutarde, l’alpiste des Canaries, les graines de tournesol, les pois secs, les pois chiches, les lentilles, le tabac et les pommes de terre.

Les intrants sont composés des aliments pour animaux, des semences, des engrais, des produits chimiques, du carburant et d’autres fournitures utilisées par les entreprises agricoles.

Avant 1991, l’actif détenu par les ménages comprend notamment le mobilier et les appareils électriques. La partie de cet actif, utilisée par l’entreprise agricole, fait référence au matériel de bureau.

Le quota correspond essentiellement à l’octroi d’un permis ou à un droit de vendre une quantité précise d’un produit spécifique. Ce droit est régi par les offices de commercialisation. Certains quotas (tels que les quotas de lait) sont transférables et, par conséquent, se voient attribuer une valeur. Dans les provinces où les quotas sont négociés, la valeur de ces quotas reflète la valeur marchande actuelle. Dans les provinces où le transfert des quotas est interdit, la valeur de ces quotas est incorporée implicitement dans la valeur des immobilisations de l’exploitation agricole, étant donné qu’une partie de la valeur du quota est normalement capitalisée sous forme d’immobilisations.

Les animaux de reproduction se composent d’animaux qui sont élevés aux fins de la reproduction ou de la production de produits d’origine animale. Les animaux de reproduction comprennent les taureaux, les vaches laitières, les vaches de boucherie, les génisses d’élevage laitier, les génisses de remplacement pour la production bovine, les verrats, les truies, les béliers, les brebis et les agneaux de remplacement. Tous les animaux à fourrure élevés sur des fermes sont aussi inclus, puisqu’au 31 décembre la grande majorité, sinon tous, sont des géniteurs.

Les machines comprennent les automobiles, les camions et autres machines dont les instruments aratoires, le matériel utilisé pour le semis, la fertilisation, l’application des produits chimiques, la récolte et la fenaison, l’équipement de laiterie et celui servant à la volaille et au bétail et divers autres éléments. À partir de 1991, les ordinateurs et autre matériel de bureau utilisés en affaires de l’entreprise agricole sont inclus avec les autres machines.

Les immobilisations agricoles se divisent en trois composantes : les terres, les bâtiments de ferme et les maisons. La valeur des terrains comprend tous les terrains agricoles exploités par les exploitants agricoles. La valeur des bâtiments de ferme comprend tous les bâtiments agricoles autres que les maisons. La valeur des maisons comprend tous les logements agricoles occupés par les exploitants agricoles.

Les autres éléments de l’actif immobilisé comprennent les placements à long terme, ainsi que les soldes d’Agri-investissement (ayant débuté en 2008). Avant la fin des programmes en 2007, et la fermeture subséquente de tous les comptes des producteurs en 2009, les soldes du Compte de stabilisation du revenu net (CSRN) et, au Québec, du Compte de stabilisation du revenu agricole (CSRA) étaient également inclus. Cette série débute en 1991.

L’actif total se compose de tous les biens corporels et incorporels ayant une valeur économique au 31 décembre. Il correspond à la sommation de l’actif à court terme, des quotas, des animaux de reproduction, des machines, des immobilisations agricoles et des autres éléments de l’actif immobilisé.

Le passif à court terme comprend les dettes payables dans l’année en cours : par exemple, les dettes et les billets exigibles au cours d’une période inférieure à un an.

Le passif à long terme, dont la période de remboursement est supérieure à un an à compter de la date du bilan, comprend les prêts hypothécaires et les prêts que les exploitants agricoles ont contractés auprès de divers prêteurs pour l’achat d’équipement. Ces prêts sont accordés notamment par les banques à charte, le Financement agricole Canada, la Banque de développement du Canada, les coopératives de crédit, les bureaux régionaux du Trésor, les organismes fédéraux et provinciaux, les compagnies d’assurance, les sociétés de fiducie et de crédit, les sociétés approvisionneuses, des particuliers, les programmes de paiements anticipés et ceux en vertu de la Loi sur les terres destinées aux anciens combattants.

Le passif total comprend toutes les opérations effectuées antérieurement par une entreprise, qui l’obligeront plus tard à verser des sommes d’argent. Le passif total correspond à la somme du passif à court terme et du passif à long terme.

Les capitaux propres font référence à la participation du ou des propriétaires dans l’entreprise. Il correspond à la différence entre l’actif total et le passif total; il représente la partie de l’actif de l’entreprise détenue par les exploitants. L’avoir est augmenté de l’apport net des propriétaires à l’actif de l’entreprise et des bénéfices nets cumulés. Les capitaux propres étant par définition un élément résiduel, toute variation dans la valeur de l’actif et du passif entraînera un changement proportionnellement plus grand de la valeur de l’avoir.

La liquidité mesure la capacité de l’entreprise à s’acquitter de ses dettes lorsqu’elles deviennent exigibles. Trois ratios de liquidité sont calculés à l’aide des valeurs du bilan : le ratio du fonds de roulement, le ratio de trésorerie et le ratio de la structure financière.

Le ratio du fonds de roulement mesure la capacité de l’entreprise à s’acquitter de ses dettes lorsqu’elles deviennent exigibles, sans que ses activités normales en soient perturbées. Si le ratio du fonds de roulement est supérieur à 1, on considère que l’entreprise possède suffisamment de liquidités; un ratio inférieur à 1 peut révéler un problème éventuel de liquidités. Il est à noter qu’une position favorable en matière de liquidités peut fournir des informations erronées quant au niveau d’excédent de l’actif à court terme sur les dettes à court terme étant donné qu’une partie importante de l’actif à court terme peut être constituée de stocks difficiles à convertir en espèces. De même, la valeur du ratio peut varier en fonction du cycle de production, c’est-à-dire que les résultats obtenus peuvent différer énormément en fonction de certains facteurs : par exemple, un ratio qui est calculé lorsque les inventaires sont très élevés, comme c’est le cas à l’automne, diffère de celui qui est calculé au printemps, lorsque les inventaires sont relativement épuisés. Ce ratio ne permet pas non plus de prédire à quelle période se produisent les mouvements de l’encaisse ni s’ils sont appropriés.

Le ratio de trésorerie constitue une variante du ratio du fonds de roulement et vise à éliminer certains désavantages qui résultent de l’utilisation du ratio du fonds de roulement. Le ratio de trésorerie correspond au quotient de l’encaisse, des titres négociables et des comptes débiteurs par le passif à court terme. L’exclusion des stocks de ce calcul permet d’obtenir une évaluation du niveau de liquidités « immédiat » des entreprises agricoles. Un ratio de trésorerie égal à 1 indique que l’entreprise a suffisamment de disponibilités (actif) pour couvrir les dettes à court terme. La valeur cible du ratio varie toutefois en fonction du type d’activités agricoles : par exemple, la valeur cible du ratio pour des activités laitières sera différente de celle désirée pour des activités céréalières. Ce ratio ne permet pas non plus de prédire à quelle période se produisent les mouvements de l’encaisse ni s’ils sont appropriés.

Le ratio de la structure financière mesure la part du passif à court terme par rapport au passif total. Ce ratio, combiné au ratio du fonds de roulement, renseigne sur le niveau de solvabilité d’une entreprise. Un ratio de structure financière élevé peut révéler des problèmes de solvabilité. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas, en particulier si les dettes à long terme des entreprises agricoles sont relativement faibles : le problème de solvabilité est alors inexistant. Par conséquent, au moment d’analyser ce ratio, on doit tenir compte du montant de l’endettement et des mouvements d’encaisse des entreprises agricoles.

La solvabilité fait référence aux mesures financières qui permettent d’évaluer le niveau d’endettement d’une entreprise par rapport au montant de capital qui y a été investi. On calcule trois ratios de solvabilité à partir des données du bilan : le ratio de levier, le ratio d’autonomie financière et le ratio d’endettement. Ces différents ratios déterminent le niveau de risque encouru par les investisseurs, que ce soit les créanciers ou les exploitants; le risque est proportionnel au niveau d’endettement.

Le ratio de levier correspond à la valeur du passif par dollar de capitaux propres. Il mesure la part des capitaux empruntés dans le financement de l’entreprise par rapport à la part des capitaux propres. Plus le ratio est élevé plus la part du financement par emprunt est importante. Un ratio de levier égal à 0,5 indique par exemple que le financement par capitaux propres de l’entreprise agricole est deux fois plus élevé que le financement par emprunt. Plus la valeur du ratio est élevée plus le financement de l’entreprise est effectué par emprunt, et plus le risque s’accroît. La valeur cible pour le ratio est fonction du bénéfice dégagé par l’entreprise agricole et d’autres facteurs tels que le risque associé à la production : les entreprises agricoles qui affichent de fortes variations au niveau du bénéfice ou encore qui présentent des risques élevés désireront un ratio inférieur.

Le ratio d’autonomie financière représente la valeur des capitaux propres par dollar d’actif total. Il mesure la part de l’actif total qui est financée par les capitaux propres plutôt que par emprunt. Plus la valeur du ratio est élevée, plus les propriétaires participent au financement de l’actif de l’entreprise comparativement aux créanciers.

Le ratio d’endettement, représenté par le quotient du passif total par l’actif total, permet d’évaluer l’importance du levier financier utilisé par l’entreprise, ou encore la part de l’actif total financée par emprunt. Plus la valeur de ce ratio est élevée, plus le risque financier est grand.

La rentabilité fait référence à la capacité d’une entreprise à réaliser un bénéfice en utilisant ses ressources. Les ratios de rentabilité sont obtenus au moyen des données du bilan et du compte de valeur ajoutée. Il convient d’établir une relation entre ces deux comptes étant donné qu’ils sont liés conceptuellement et méthodologiquement. Trois ratios de rentabilité sont calculés : le ratio de rotation des capitaux, le rendement de l’actif et le rendement des capitaux propres.

Le ratio de rotation des capitaux évalue la capacité de l’entreprise à utiliser efficacement son actif pour produire un bénéfice. Plus la valeur du ratio est élevée plus l’entreprise utilise efficacement son actif. La valeur cible du ratio de rotation des capitaux varie fortement en fonction du type d’activités agricoles. Il est à noter que le ratio établit une comparaison entre une période de temps et un point précis dans le temps, c’est-à-dire, les produits se rapportent à une période comptable précise tandis que l’actif total correspond à un moment précis de cette période. Par conséquent, l’analyse du ratio peut induire en erreur lorsque l’actif total subit des fluctuations importantes à la hausse ou à la baisse au cours de la période comptable.

Le rendement de l’actif constitue une mesure du rendement du capital investi, c’est-à-dire qu’il reflète le bénéfice par dollar de capitaux propres et de capitaux obtenus par emprunt. Plus la valeur du ratio est élevée plus grand est le rendement de l’actif.

Le rendement des capitaux propres mesure le rendement des capitaux investis par le propriétaire dans son entreprise, c’est-à-dire qu’il reflète uniquement le rendement par dollar de capitaux propres.

La valeur du travail non rémunéré des familles et des exploitants n’étant pas estimée, cette situation peut influer sur l’utilité et le calcul du rendement de l’actif et du rendement des capitaux propres. Il est préférable de ne pas comparer ces derniers ratios à d’autres ratios de rendement de l’actif et de rendement des capitaux propres sauf si on a eu recours à la même méthode de calcul. De même, ces ratios ne tiennent pas compte des gains en capital non matérialisés qui peuvent être inclus dans la valeur d’éléments d’actif tels que les terres agricoles. Plus le ratio du rendement des capitaux propres est élévé, plus le rendement des investissements est grand. Toutefois, une valeur élevée de ce ratio peut signifier un recours plus marqué au financement par emprunt. Ce ratio doit donc être analysé à la lumière d’autres ratios.

Pour les ratios du rendement de l’actif et du rendement des capitaux propres, les rendements obtenus reflètent les différents bilans. Dans le cas des jeux 1 et 2, qui incluent les biens des propriétaires non-exploitants, le rendement tient compte du loyer versé à ces derniers. Dans le cas des jeux 1 et 3, qui enregistrent la part personnelle de l’actif détenue par les ménages, les salaires perçus par les ménages sont inclus dans le rendement.

L’efficacité financière fait référence à la capacité d’une entreprise à utiliser efficacement ses ressources.

Le ratio de couverture de l’intérêt est le ratio auquel on a le plus souvent recours lorsqu’on désire établir dans quelle mesure l’entreprise peut rembourser les intérêts sur sa dette. À l’instar des ratios du rendement de l’actif et de l’avoir des propriétaires, le ratio de couverture de l’intérêt obtenu reflète si on a tenu compte ou non des propriétaires non-exploitants et de la part personnelle de l’actif détenue par les ménages.

Hé-coutez bien! Épisode 25 - La religion en déclin? Oui, mais…

Date de diffusion : le 6 mai 2025

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2025005

Hé-coutez bien! Épisode 25 - La religion en déclin ? Oui, mais…

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Le Recensement a révélé que 12,6 millions de personnes ont déclaré ne pas avoir d'affiliation religieuse en 2021, soit plus d'un tiers de la population canadienne. Mais y a-t-il plus que cela?

Avec nos invités Simon-Pierre Lacasse, analyste principal à StatCan, et Sarah Wilkins-Laflamme, professeure agrégée à l'université de Waterloo, nous explorons les causes de cette tendance, nous cherchons à savoir si « sans religion » signifie « sans spiritualité » et comment l'histoire varie de la Colombie-Britannique spirituelle au catholicisme culturel du Québec, en passant par les églises fraîchement repeintes des provinces de l'Atlantique.

Animatrice

Annik Lepage

Invités

Simon-Pierre Lacasse, Sarah Wilkins-Laflamme

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 25 - La religion en déclin? Oui, mais… - Transcription

Transcription

Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien!, un balado de Statistique Canada, où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage. 

Tous les dix ans, le recensement demande aux Canadiens de déclarer leur appartenance religieuse. Le recensement de 2021 en fait partie, tout comme ceux de 2011, 2001 et 1991. Chaque décennie, nous obtenons un nouvel aperçu de la composition religieuse de notre pays, ce qui nous donne un coup d'œil sur son évolution.

Une tendance récente notable en matière de religion au Canada est la croissance des populations musulmanes, hindoues et sikhes. Cette évolution est logique, compte tenu de l'immigration qui s'est produite au cours des dernières décennies.

Mais ce que je trouve particulièrement intéressant, et ce sur quoi nous allons nous pencher aujourd'hui, c'est la montée des Canadiens « sans-religion ».

Selon le recensement de 2021, 12,6 millions de Canadiens ont déclaré n'avoir aucune appartenance religieuse. Cela représente plus d'un tiers de la population canadienne, et cette proportion a plus que doublé en 20 ans, passant de 16,5 % en 2001 à 34,6 % en 2021.

Qui sont-ils ? Qu'est-ce qui définit ce groupe?

Plongeons dans le vif du sujet.

Simon-Pierre : Bonjour, je m'appelle Simon-Pierre Lacasse. Je suis l'analyste principal au centre de la statistique sociale et de la population à Statistique Canada.

Sarah : Oui, bonjour tout le monde. Moi, je m'appelle Sarah Wilkins-Laflamme. Je suis professeure agrégée à l'Université Waterloo.

Annik : Que savons-nous des profils démographiques des personnes non affiliées religieusement ?

Simon-Pierre : Ce qu'on sait de cette population-là d'abord, c'est qu'elle est en moyenne plus jeune que la population canadienne avec un âge moyen de 36 ans, alors que pour l'ensemble de la population canadienne, c'est un peu plus de 41 ans.

On sait que c'est une population aussi qui est proportionnellement plus masculine. C'est donc plus de 52,6 % de la population masculine qui s'identifie comme n'ayant pas de religion alors qu'elle représente un peu moins de 50 % dans la population générale. On a aussi plus de gens qui ne sont pas mariés ou qui ne vivent pas en union libre c'est 46,1 %, alors que dans la population générale, on est à 42 % donc proportionnellement plus élevés. Et puis aussi un autre aspect important, c'est que c'est surtout une population qui est non immigrante. C'est-à-dire qu'on a 82 % des personnes qui ne déclarent pas de religion ou des perspectives séculières, alors que leur poids dans la population générale est d'un peu moins de 75 % donc encore proportionnellement plus élevé chez les non immigrants, c'est à dire les personnes qui sont nées au Canada.

Annik : Avez-vous quelque chose à ajouter à ce portrait démographique des Canadiens non affiliés? Et avez-vous eu des surprises dans le cours de vos recherches?

Sarah : C'est le portrait que je vois aussi, à travers mes recherches, mais juste pour en mettre un peu plus de détails de l'examiner un peu plus en profondeur l'effet vraiment principal, la grosse division qu'on voit, c'est celui des différences générationnelles. Donc, les jeunes ont beaucoup plus de chances d'être sans religion que les adultes plus âgés. Donc, par exemple, dans le dernier recensement en 2021, au Canada, les jeunes adultes de 18 à 35 ans, il y avait 43 % d'eux qui se disaient sans religion contre seulement 28 % chez les adultes plus âgés. Donc, des grosses différences entre générations. Et c'est ça l'effet principal qu'on voit à travers l'Occident aussi, pas juste au Canada, mais à travers la plupart des pays occidentaux. Il y a aussi lié au fait que les gens nés à l'étranger ont moins de chance d'être sans religion et aussi les minorités raciales au Canada sont moins susceptibles de se dire qu'ils n'ont pas de religion, et donc 26 % des membres de minorités raciales ont déclaré ne pas avoir de religion lors du recensement de 2021 à travers le Canada contre un 38 % pour le restant de la population, donc des taux plus faibles de sans-religion parmi les minorités raciales et ceux nés à l'étranger. ll y a également des taux plus élevés de sans-religion dans l'Ouest canadien. Donc, juste au-dessus de la moitié de la population en Colombie-Britannique va se dire sans-religion dans le dernier recensement de 2021, contre un 27% par exemple au Québec.  Il existe encore un écart entre hommes et femmes. Les hommes ont un peu plus de chance de se dire sans religion, mais cet écart-là est plus petit qu'auparavant, que dans les décennies antérieures.

Donc maintenant, il y a environ 32 % des femmes qui s'y sont en religion dans le dernier recensement contre un 36 % chez les hommes. Donc, seulement un écart de quatre points de pourcentage dans les années antérieures, c'était beaucoup plus élevé que ça, il y avait une différence beaucoup plus grande.

Alors, c'est un écart qui a diminué, que moi je m'attends va disparaître dans les prochaines années parce qu'on a aussi vu la disparition d'autres différences démographiques qui étaient là dans le passé, donc par exemple, des différences dans le taux de sans-religion selon le niveau d'éducation ou la résidence rurale.

Auparavant, il y avait de plus grandes différences, mais maintenant, c'est pas mal disparu au fur et à mesure que la population des sans-religion a augmenté et que le phénomène s'est normalisé dans notre société. Donc, par exemple, chez ceux qui n'ont pas de diplôme universitaire ou qui ont des diplômes universitaires, c'est environ le tiers qui se dit sans religion, peu importe, parmi les deux groupes-là.

Et pour la résidence rurale, il y a un 36% des personnes vivant à l'extérieur d'une région métropolitaine du recensement qui se dit sans religion, et ça se compare à 33 % chez les gens qui vivent dans les grandes villes.

Annik : Le Recensement de 2021, a révélé que plus d'un tiers de la population canadienne déclarait ne pas avoir d'affiliation religieuse. Alors lorsque j'ai regardé ces données, je me suis dit, oh, ça fait beaucoup d'athées au Canada.

Mais ça serait une erreur de penser que sans religion signifie nécessairement être athée.  Alors, pourriez-vous nous parler de la diversité au sein de l'étiquette sans religion tout d'abord? Et quelles autres étiquettes pourraient entrer dans cette catégorie?   

Sarah : Ouais, c'est ça. En effet, il existe de nombreuses identités spécifiquement non-religieuses, auxquels certains ou certaines s'identifient. Donc, il y a les athées, oui, mais aussi des agnostiques, des humanistes laïcs, des libres-penseurs et plusieurs autres étiquettes également. Mais, à vrai dire, la plupart des « sans religion » ne s'identifient même pas à l'une ou l'autre de ces étiquettes. Ils n'ont rien de particulier en matière de religion et lorsqu'on pose la question est-ce que vous êtes athée ou quelque chose comme non j'ai pas vraiment réfléchi j'ai vraiment pas vraiment rien auquel je m'identifie à cet effet et donc on voit un peu de tout parmi la catégorie des sans-religion. Ça comprend une diversité de pensées, d'opinions, de croyances et de spiritualité. Ce n'est pas seulement des gens qu'on peut dire entièrement rationnels ou scientifiques ou anti-surnaturels. Il y en a bien sûr, il y en a quelques-uns, mais la plupart on voit une diversité de leur façon de penser. Et donc, par exemple, en 2023, le projet de recherche Non-Religion in a Complex Future, auquel je participe, a mené une enquête auprès de la population générale au Canada et a constaté que c'est seulement le quart des personnes sans religion au Canada qui s'identifient vraiment comme athées.

Annik : À part la diversité des étiquettes, il existe également une diversité de pensées, d'opinions, de croyances et de spiritualités. Pourriez-vous expliquer un peu comment l'absence d'affiliation religieuse ne signifie pas nécessairement l'absence de croyances religieuses ou spirituelles? Avez-vous des exemples qui vous ont surpris dans vos recherches ?

Sarah : Oui, environ le quart des « sans religion » qui sont, on peut les nommer un peu spirituelles sans religion ou non religieuses, spirituelles. Donc ce sont des gens qui ont des croyances ou des pratiques qui sont moins traditionnelles, moins conventionnellement religieuses, mais en fin de compte qui se lient un peu plus au surnaturel. On pense ici à des croyances à un univers mystérieux ou connecté aux énergies. On parle des pratiques comme le yoga, des activités de méditation, par exemple. Puis ce n'est pas tout le monde qui définit ces pratiques-là en tant que spirituelles, mais il y a quand même une partie de la population qui le font.

Et donc, c'est des gens vraiment qui ont des liens au surnaturel ou des, une façon de comprendre le monde, il y a des éléments surnaturels à l'intérieur de ces compréhensions-là, mais qui en fin de compte n'ont pas vraiment de lien avec des organismes ou des organisations religieuses. Et donc on voit ces gens-là parmi les « sans religion ». On voit aussi une toute petite minorité de gens qui sont quand même assez actifs sur le plan religieux, mais qui s'identifient pas nécessairement à une tradition particulière, mais on voit aussi une grande proportion des « sans religion » qui sont vraiment pas beaucoup de liens avec le spirituel et religieux, ils sont plutôt indifférents, ils pensent pas à ces questions-là.

Annik : D'où viennent les non affiliés. C'est une population qui augmente. Mais qu'est ce qui alimente cette croissance?

Simon-Pierre : L'immigration n'est pas le facteur principal de croissance pour les personnes qui ne déclarent pas de religion ou des perspectives religieuses. Donc c'est sûr que n'importe quelle discussion sur la croissance démographique dans la plupart des groupes, l'immigration va jouer un rôle et étant donné la proportion de la population immigrante au Canada, cependant, ce qui est peut-être le plus important ici c'est le fait qu'il y a une part importante des enfants de moins de 10 ans qui sont nés au Canada qui n'ont pas d'affiliation religieuse. Donc ça, c'est un phénomène qui est relié au fait que les parents, eux-mêmes, vont déclarer n'avoir pas d'affiliation religieuse. Et puis la façon que la question est posée dans le recensement spécifiquement, on va dire pour les jeunes enfants, pour les enfants donc, de déclarer la religion dans laquelle les enfants sont élevés. Donc, si les parents n'ont pas d'affiliation religieuse, alors forcément la réponse sera la même pour les enfants. Donc ce serait le facteur principal. Le deuxième facteur de croissance, c'est le fait que la façon dont les gens rapportent leur affiliation religieuse d'un recensement à l'autre peut changer c'est-à-dire qu'une personne pourrait avoir déclaré en 2011 être d'affiliation religieuse musulmane et puis en 2021, déclarer ne pas avoir d'affiliation religieuse. Alors là, ce qu'il faut comprendre, c'est que la façon dont la question est perçue, évidemment, peut changer la façon dont une personne perçoit sa propre relation avec la religion peut avoir changé. Et puis il y a une certaine fluidité dans la façon de répondre entre les cycles de recensement, même chez un même individu.

Annik : L'une des statistiques que j'ai trouvées les plus intéressantes concerne les personnes qui n'ont pas d'affiliation religieuse mais qui sont néanmoins actives sur le plan religieux. Pourriez-vous nous en parler?

Simon-Pierre : Oui. Donc ça, ce sont des données qui ressortent de l'enquête sociale générale ou on pose des questions sur les formes de pratiques religieuses. C'est intéressant de voir qu'on a quand même 17 % en 2019 donc c'est la dernière année où on a fait ou analysé ces données-là qui rapportaient avoir participé à des activités religieuses dans la dernière année. Donc, évidemment, c'est un pourcentage qui va baisser fortement quand on demande, avez-vous pratiqué dans le dernier mois ou à chaque semaine. Donc on parle un peu moins d'une personne sur cinq qui n'a pas de religion qui, par exemple, aurait peut-être assisté à une activité religieuse. Ce qui est important, c'est qu'on doit exclure les mariages et les funérailles qui sont dans la plupart du temps, encadrés par des formes de rituels religieux. Donc, même si on exclut ces formes de cérémonie-là ou de rituels-là, c'est presque une personne sur cinq. Donc qu'est-ce que ça peut représenter? Ça pourrait être, par exemple, une personne catholique au Québec qui aurait assisté à une messe de Noël ou à une forme de célébration peut-être à Pâques, qui sont les rituels qui étaient les plus courus avant qu'il y ait une forme de baisse de religiosité, mais on prend l'exemple spécifique du Québec, mais c'est un exemple peut-être intéressant parce que dans le milieu de la recherche à l'extérieur de Statistique Canada, des chercheuses et des chercheurs ont développé le principe ou le concept de catholicisme culturel pour faire référence au fait que une personne peut s'identifier comme étant catholique sans avoir de forme de pratique mais à l'inverse, on pourrait avoir aussi des gens qui ont déclaré n'avoir pas de religion, mais quand même vont participer à une forme de pratique culturelle qui est religieuse.

Annik : L 'enquête sociale générale a révélé qu'entre 2017 et 2019, 17 % des non-initiés ont participé à une activité religieuse avec un groupe une fois par an. Cela me semble être un chiffre important, et je suis tout à fait d'accord avec la suggestion de Simon-Pierre concernant les traditions religieuses annuelles mais 2 % des non-initiés ont participé à une activité religieuse avec un groupe au moins une fois par mois. C'est peut-être moi, mais je trouve ces deux éléments très surprenants.

Pourriez-vous parler de manière pratique, à quoi cela pourrait-il ressembler ? Quelles sont les pratiques religieuses des non-initiés ? 

Sarah : J'ai l'exemple de Darlene, par exemple, qu'on voit souvent chez plusieurs « sans religion » qui viennent d'une socialisation religieuse, par exemple. Donc, Darlene, c'est un pseudonyme d'une participante de recherche que mon collègue Joel Thiessen a interviewé en Alberta au début des années 2010.

Et Darlene est une ancienne évangélique qui s'était déclarée sans religion par le temps que Joël l'a interviewée. Puis elle a quitté son groupe religieux parce qu'elle n'était pas d'accord avec un bon nombre des croyances qu'il enseignait, qu'il trouvait que le groupe englobait un peu trop sa vie. Mais Darlene croit toujours en Dieu, elle aime encore écouter la musique, la chorale, de temps en temps, et a mentionné qu'elle assiste encore à un service religieux occasionnel, au temps des Fêtes surtout, lorsqu'elle rend visite à sa mère. Mais c'est peut-être parce qu'elle n'a pas d'éducation, pour elle, ce n'est pas vraiment une expérience religieuse, mais c'est plutôt un moyen de faire plaisir à sa mère aussi, d'éviter les conflits familiaux qu'on essaie tous d'éviter au temps des Fêtes. Et donc, c'était vraiment un peu un mélange de, elle avait quitté la religion, mais elle avait encore certaines pratiques qui faisaient partie de sa vie. Et on voit ça souvent, c'est super intéressant parce qu'on le voit souvent chez les personnes qui ont été élevées dans une famille assez religieuse, donc qui a reçu une socialisation religieuse, mais qui ont choisi de quitter la religion plus tard dans leur vie adulte et donc il y a certains aspects de la religion, tels que les aspects liés aux communautés ou à certaines pratiques qui apportent du réconfort, sont encore présents et les gens aiment s'y accrocher, même lorsqu'ils ont délaissé leurs appartenances religieuses.

Donc ça, c'est toujours intéressant. J'ai aussi vu d'autres exemples, par exemple, des gens qui vraiment définissent le yoga comme pratique spirituelle, qui est très importante. Ils sont très dans la spiritualité, l'aspect spirituel du yoga, et ensuite d'autres gens qui complètement à l'envers, au contraire, ils vont définir le yoga juste comme activité physique ou de bien-être mental, plutôt qu'une activité spirituelle.

Donc, il y a des gens qui vraiment les différentes pratiques ont des, définissent ces activités-là différemment, soit plus religieux ou spirituel ou moins religieux et spirituel.

Annik : Le Recensement de 2001 a révélé qu'environ 15 % seulement de la population n'avait pas de religion. Le nombre de personnes sans religion a donc doublé en 20 ans. Nous savons qu'une grande partie de la croissance démographique du Canada est due à l'immigration, mais l'immigration n'est pas la force motrice de ce changement. Quels sont les facteurs sociaux et les conditions qui font qu'en 2025, le Canada compte plus de « sans religion » qu'en 1925 ou même en 1985?

Sarah : C'est la grosse question, hein, donc pourquoi, pourquoi on voit une augmentation assez importante de ces taux de « sans religion »? Et vraiment, au Canada, d'habitude, on trace les débuts de cette tendance-là aux années 60 et la génération des baby-boomers. Donc, dans d'autres pays, ça a commencé un peu plus tôt. Par exemple, en France ou en Grande-Bretagne, ça a commencé un peu avant, aux États-Unis, ça a commencé plus tard. Aux États-Unis, ça a vraiment commencé seulement dans les années 90. Mais ici au Québec et au Canada, on voit surtout les années 60 comme moment clé où ça commence à changer à voir les nouvelles tendances. Et donc, il y a plusieurs changements sociaux qui sont en marche, qui commencent environ au milieu du 20e siècle et qui sont en marche depuis, qui impactent surtout cet effet générationnel des jeunes ayant des taux de plus en plus élevés de sans-religion. Donc on parle, par exemple de la perte d'autorité des chefs religieux et la prise en charge de la plupart des services sociaux, les écoles, les hôpitaux, par exemple, par, l'État providence, donc ça, c'est un, un changement qu'on voit surtout vraiment commencer à prendre un effet important dans le milieu du 20e siècle et aussi au Canada anglophone, il y a le déclin de l'identité nationale plutôt britannique protestante canadienne avec la chute de l'Empire britannique encore une fois au milieu du 20e siècle et un bon nombre de Canadiens voient de moins en moins de lien avec le fait d'être canadien et le fait d'être chrétien. Auparavant, il y avait vraiment des liens, surtout coloniaux, entre la Grande-Bretagne, les églises protestantes et l'identité nationale canadienne-anglaise. Et dans la francophonie canadienne, il y a une tendance similaire à s'éloigner de l'église catholique et de moins en moins liée à l'identité québécoise, à l'identité catholique avec, bien sûr, la Révolution tranquille, surtout des années 60 et la génération des boomers et un lien qui devient de moins en moins fort ou de plus en plus faible à travers les décennies qui suivent les années 60.

Il y a aussi une montée des valeurs qu'on nomme d'individualisme expressif donc, on parle ici de valeurs d'autonomie et d'authenticité personnelle, c'est vraiment lorsqu'on parle aux gens, ça revient souvent dans le discours des gens lorsqu'on leur parle de qu'est-ce qui motive leur décision clé de la vie, leurs valeurs qu'ils tentent d'enseigner à leurs enfants par exemple, ils discutent de ces valeurs-là de choix individuels, d'autonomie, d'authenticité, de vivre leur vraie vie, là, et c'est vraiment des valeurs qui, on les voit monter vraiment depuis les années 60, c'est la génération boomer, et c'est souvent avec notre société de consommation qui sont liées aussi. Et donc l'accent est mis maintenant sur l'autorité de l'individu à faire ses propres choix, plutôt que sur une autorité externe à l'individu provenant de, soit de leader ou de texte religieux par exemple.

Donc on prend ces valeurs presque pour acquis aujourd'hui là, mais ça n'a pas toujours été le cas. Et donc c'est vraiment surtout à travers les années 60 qu'on voit cette montée et ça met moins l'accent sur les activités, la communauté religieuse et beaucoup plus l'accent sur les choix de l'individu, à travers les dernières décennies. Et il y a aussi une montée de ce qu'on appelle la concurrence séculaire, donc il y a juste plus de choix d'activités et de façons de penser qui sont possibles maintenant, qui sont socialement acceptables maintenant, qu'auparavant, par exemple, comparé au 19e siècle. Et donc, si on pense au 19e, au début du 20e siècle, c'était beaucoup plus un monde d'agriculture, un monde rural, où le centre de la vie politique, sociale, communautaire, c'était surtout l'église du village, la paroisse. Et donc, on n'est plus vraiment maintenant, dans cette société, on est beaucoup plus urbanisé, on a beaucoup plus changé nos valeurs. Il y a beaucoup plus de choix de qu'est-ce qu'on peut faire la fin de semaine, comment on peut rester en contact avec les gens, comment on peut être engagé dans la communauté qui ne sont pas nécessairement liés à la religion maintenant, comparativement dans le passé. Donc, c'est vraiment tous ces changements-là ensemble, tu sais, il y a des débats parmi les académiques de quel changement a été le plus important.

Annik : L'histoire de la religion au Canada varie vraiment d'un bout à l'autre du pays. La Colombie-Britannique a l'un des taux d'affiliation les plus bas du pays, mais vous l'appelez la Colombie-Britannique spirituelle. Pourquoi?  

Sarah : Oui, parce que, bien, en fin de compte, les certains indicateurs de spiritualité sont plus élevés, même parmi les « sans religion » en Colombie-Britannique. Il y a plus de la moitié de la population en Colombie-Britannique qui s'identifie sans religion, mais quand j'ai mené une enquête nationale auprès des milléniaux, donc la génération Y, âgés de 18 à 35 ans en 2019, ce que j'ai vu c'est qu'en Colombie-Britannique, il y avait 23 % d'eux qui s'identifiaient sans religion, oui, mais qui s'identifiaient comme spirituels mais non religieux. Et donc, c'est le taux le plus élevé parmi les « sans religion », les jeunes sans-religion au pays, en Colombie-Britannique. Il y avait aussi environ un tiers de cette génération Y qui se disait, parmi ceux qui disaient sans-religion, il y avait le tiers en Colombie-Britannique qui déclarait que leurs croyances spirituelles sont très ou assez importantes dans leur vie.

Encore une fois, un des taux les plus élevés au pays. Et il y avait un 43 % d'eux qui la moitié qui déclarait avoir participé au moins une fois au cours de l'année précédente à l'enquête, à une activité qui définissait comme spirituelle. Et donc, encore une fois, c'est un des taux le plus élevé parmi les « sans religion » au pays.

Donc, vraiment, en Colombie-Britannique, on voit c'est un peu cette façon de penser, cette socialisation qui est plus vers la spiritualité qui a peut-être moins de problèmes historiques ou de mythologie nationale contre une église, comme au Québec, il y a vraiment cette vue de l'Église catholique qui est la grande noirceur avant la Révolution tranquille. Il n'y a pas vraiment ça en Colombie-Britannique. Et donc les gens sont plus ouverts à la spiritualité. C'est même un peu tracé dans le discours public où on voit, par exemple, l'expérience avec la nature ou aller dans les grands parcs et que c'est un peu lié, les gens sont plus ouverts à parler, à utiliser le terme spirituel pour décrire ces expériences-là.

Annik : On sait qu'au Québec, il y a une tendance au catholicisme culturel, sans nécessairement la pratiquer. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Qu'est-ce qui distingue le Québec des autres régions du Canada?  

Sarah : Oui, bien le Québec est vraiment distinct sur le plan religieux au Canada et donc, dans ce contexte-ci des thèmes qu'on discute, c'est surtout que le fait que les taux de « sans-religion » ont toujours été plus faibles au Québec que dans la plupart des autres régions du pays. Et donc, par exemple, avant les années 60, c'était surtout en raison des taux très élevés de catholiques pratiquants, la vaste majorité la population québécoise pratiquait de façon régulière à l'Église catholique. Après la Révolution tranquille des années 60, c'était surtout à cause de ces taux très élevés de catholiques culturels  et lorsqu'on dit catholiques culturels, ce qu'on veut dire, c'est des gens qui ont pas nécessairement des liens très forts avec l'Église catholique, qui vont pas nécessairement aller à la messe très souvent, ou même pas du tout, et qui même, ils n'aiment pas trop l'Église catholique, sont pas vraiment d'accord avec la plupart de leurs croyances, par exemple, mais qu'ils voient encore un lien identitaire très fort avec le catholicisme, plus généralement, avec leur héritage familial et avec l'identité québécoise, l'identité nationale québécoise. Et donc, ils vont garder l'identité catholique pour ces raisons-là, sans vraiment de lien fort avec l'Église comme telle, et ces catholiques culturels, ces gens-là représentaient la vaste majorité de la population québécoise depuis la Révolution tranquille jusqu'à assez récemment. Donc, dans l'Enquête nationale auprès des ménages de 2011 de StatCan par exemple, il y avait trois quarts de la population québécoise qui se déclarait catholique, mais très peu d'entre eux assistaient à la messe de façon régulière. Et donc c'est seulement 12 % de la population, qui se déclarait ne pas avoir de religion en 2011 au Québec. Et c'est seulement vraiment plus récemment, lors du dernier recensement de 2021, qu'on a constaté un affaiblissement de ce catholicisme culturel dans la province, et une forte augmentation de la population sans religion, donc surtout chez les jeunes, mais aussi parmi tous les groupes d'âge. Donc en 2021, c'était seulement, 54 % des Québécois qui s'identifiaient, comme catholiques quand même, euh, juste un peu plus la moitié de la population, donc c'est quand même un, une grosse proportion, mais plus faible que c'était auparavant. Et maintenant, il y a comme un 27 % qui se disent sans religion.

Et donc, il y a plusieurs débats avec les chercheurs, les penseurs, de pourquoi on a vu ce déclin aussi dramatique du catholicisme culturel dans une dernière décennie environ. Mais, une de mes hypothèses, c'est que tout le débat qui entourait la laïcité au Québec, donc on parle des chartes des valeurs, ou maintenant avec la loi 21, il y a tout eu autour de ces débats, de ces politiques-là, il y avait plusieurs chefs politiques qui tentaient de lier l'identité québécoise maintenant avec la laïcité plutôt qu'avec le catholicisme qu'on voyait plus dans le passé. Et donc là, peut-être pour certains gens dans leurs esprits, leur identité, ils voient plus de liens maintenant avec la laïcité et le Québec plutôt que le catholicisme et le Québec. Et même que la laïcité souvent on l'utilise comme terme pour référer aux politiques de l'État et comment l'État gère la religion et les minorités religieuses dans les espaces publics. Donc, c'est une des hypothèses pourquoi on a vu ce déclin aussi rapide, non seulement juste chez les jeunes, mais aussi chez plusieurs groupes d'âge.

Annik : La région de l'Atlantique affiche des taux de religiosité parmi les plus élevés du pays chez les adultes plus âgés, mais la tendance ne se maintient pas chez la cohorte la plus jeune. Pourriez-vous nous en parler?  

Sarah : Oui, donc, la région de l'Atlantique, c'est une autre de ces régions-là qui ont des tendances particulières et intéressantes au Canada. Donc, les provinces, les quatre provinces de l'Atlantique, c'est vraiment la région où les indicateurs du christianisme se porte un peu mieux surtout comparé à l'Ouest mais même par exemple comparé au Québec ou à l'Ontario donc, on a également constaté une augmentation du nombre de personnes sans religion dans la région de l'Atlantique mais c'est toujours un taux plus faible que dans la plupart des autres régions du pays. Donc c'est, par exemple, c'est 29 % de la population de l'Atlantique qui ont déclaré ne pas avoir de religion. Et c'est surtout un phénomène des jeunes. Bien sûr, l'effet générationnel qu'on discutait, où les enfants qui ont reçu moins de socialisation religieuse ont plus de chances d'avoir zéro lien avec les religions et de se dire sans religion.

Mais cet effet-là, on voit vraiment un gros fossé générationnel dans la région de l'Atlantique, où les générations plus vieilles, par exemple, les gens de 75 ans et plus, la vaste, vaste majorité ont une appartenance chrétienne et vont quand même pratiquer assez régulièrement cette religion comparativement chez les jeunes, il y a un 42 percent des jeunes adultes de 18 à 35 ans qui se disent ne pas avoir de religion dans la région de l'Atlantique. Donc, on voit vraiment le fossé générationnel est un peu à son extrême en Atlantique, mais il y a eu un déclin en Atlantique, au Québec, le déclin a eu comme deux moments, le déclin initial, la Révolution tranquille où les gens ont délaissé la pratique régulière à l'Église catholique et ensuite un autre moment plus récent où ils délaissent l'identité catholique

Annik : Y a-t-il d'autres variations régionales qui, selon vous, méritent d'être soulignées avant qu'on passe à autre chose?

Sarah : Il y a également des variations particulières dans les régions des Prairies, où on voit Alberta et les Saskatchewan et Manitoba, et souvent, on dirait même presque une polarisation entre les « sans religion » qui sont quand même assez important dans la population et aussi des gens qui sont assez religieux.

Mais l'autre région qu'on n'a pas vraiment discuté à ce point-ci, ce sont les territoires du nord, donc le Yukon, les Territoires du nord-ouest, Nunavut. Il y a des grosses populations de « sans religion », mais c'est une raison peut-être un peu différente.  Pour plusieurs populations autochtones, ils ne s'identifient même pas avec le concept de religion. Pour eux, le concept de religion, c'est vraiment un concept occidental, et il y a des effets de l'histoire coloniale là-dedans aussi, et donc ils ne vont pas nécessairement définir leur spiritualité, leur façon de vivre comme religion ou religieux, même s'il y a plusieurs aspects spirituels qui traversent leur vie, et donc il y a une grande proportion des populations autochtones dans le Nord, mais aussi à travers le pays qui s'identifient sans religion, mais la définition de la raison pourquoi ils s'identifient sans religion, c'est un peu différent que les populations non autochtones au Canada. Donc, c'est vraiment, c'est fascinant. On pourrait en discuter, discuter toute la journée, là, mais c'est toujours bon d'y penser qu'il y a des grosses variations régionales dans le pays pour les religieux, ouais.

Annik :  Les répondants ont été interrogés sur la religion lors du dernier recensement, donc en 2021, mais ils ne seront pas interrogés sur cette question encore avant 2031.

Donc, selon vous, quels sont les facteurs qui influenceront la taille des « sans religion » du Canada dans un avenir proche? 

Sarah : Ouais, c'est une super bonne question. C'est toujours important à ce moment-ci de dire que tout scientifiques, incluant les sociologues comme moi, sont poches à prévenir, prévoir le futur, là. Donc, on n'a pas toujours la bonne réponse de qu'est-ce qui s'en vient, là. Mais juste en regardant les tendances en ce moment et de penser peut-être à un avenir prochain, qu'est-ce qu'on pourrait voir? Moi, je m'attends à une augmentation continue du taux de « sans-religion », donc un, même un taux plus élevé en 2031, donc c'était environ un tiers de la population en 2021 qui était « sans-religion ». Je m'attends à un taux plus élevé que ça en 10 ans pour une couple de raisons, surtout à cause de cet effet de remplacement des générations qui se poursuit, donc les membres des générations plus vieilles, dont les taux de religiosité sont en moyenne plus élevés, décèdent et les membres des générations plus jeunes, dont les taux de religiosité sont en moyenne plus faibles, représentent une part de plus en plus importante de la population, donc ils vont prendre une part de la population plus grande en 2031, donc par exemple on parlait des jeunes adultes qui ont des taux de sans religion presque à 50 % presque la moitié de la génération donc, on s'attend que les taux généraux de la population ressemblent de plus en plus à ceux de ces jeunes générations dans le futur.

Souvent j'ai des questions des gens qui me demandent, est-ce que l'immigration va freiner un peu cette, cette tendance-là? Est-ce que ça pourrait impacter la tendance des « sans religion »? Mais, en réalité, je ne pense pas parce que, tu sais, on a eu une immigration plus diversifiée sur le plan religieux depuis surtout les années 90 ici au Canada et ça n'a pas vraiment perturbé cette tendance d'augmentation des « sans religion » parce que ça vient d'autres populations en fin de compte, ça vient des gens qui sont nés au Canada, qui viennent originellement de familles traditionnellement chrétiennes, qu'on voit l'augmentation des sans religion. Et plus récemment, le gouvernement fédéral a récemment abaissé ses quotas d'immigration en dessous des niveaux de remplacement de la population. Donc, je ne vois pas vraiment de gros effets de l'immigration qui impacte l'augmentation des « sans religion ». Une autre question que j'ai souvent, c'est en fin de compte, les populations religieuses ont des taux de fertilité plus élevés que les populations non-religieuses. Et c'est vrai, c'est le cas au Canada. À l'encontre de ça, il y a la tendance à la désaffiliation, qui est encore assez forte au Canada, qui contrebalance, en fin de compte, ces différences de fécondité-là. Et donc, par exemple, dans une famille protestante évangélique de trois enfants, en moyenne, un de ces trois enfants-là aura quitté la religion, rendu à l'âge adulte. Et donc, on voit encore, oui, plus d'enfants chez les gens plus religieux, mais aussi une tendance de désaffiliation qui nourrit les « sans religion » aussi. Et donc, pour moi, ça prendrait vraiment un changement structurel plus fondamental à notre société pour voir un changement de cette tendance d'augmentation de ces « sans religion », que, que je vois pas nécessairement à l'horizon, qui est toujours possible, mais que je vois pas venir immédiatement non plus, et moi je parle ici d'un changement qui pourrait affecter les valeurs de l'individualisme expressif dont je parlais tantôt et qui affecte la normalisation du non-religieux, qui affecte la concurrence séculaire, toutes les autres activités auxquelles on a accès, qui sont pas vraiment liées à la religion, les façons de penser qui sont pas nécessairement liées à la religion, et donc, il faut avoir un grand changement de nos sociétés, des tendances qui viennent originalement surtout des années soixante. Ce type de changement social arrive, mais on ne sait pas quand il va arriver, puis elle ne pourra pas, peut-être pas arriver pour un bon bout de temps, et donc on verra ce que l'avenir nous réserve, mais moi je m'attends à une croissance continue des « sans-religion », au moins pour les prochaines années ou quelques décennies.

Annik : Merci beaucoup Sarah!

Sarah : Merci à vous!

Annik : Pourquoi est-il important de s'intéresser à la composition religieuse du Canada?

Simon-Pierre : Mais parce que c'est un aspect fondamental de la diversité ethno culturelle du pays. Statistique Canada a plusieurs ensembles de données pour comprendre cette diversité là qu'on compare, par exemple, sur toutes les données sur les groupes de minorité visibles auxquelles on fait référence, surtout aujourd'hui, comme des groupes racisés mais sinon qu'on parle de l'origine ethnique et culturelle de toutes les données sur l'immigration. Mais une des facettes de cette diversité là c'est la religion. Et puis elles sont parfois interconnectées. Et puis, pour bien comprendre toutes les facettes de la diversité, il faut avoir des données sur la religion. Aussi pour mieux comprendre toutes les réalités vécues par les différents groupes de population canadiennes dans un contexte où il y a une montée de l'islamophobie de l'antisémitisme. C'est évidemment, on a plusieurs données qui confirment ces tendances là, mais pour être sûr de bien comprendre ces populations et le rapport qu'elles entretiennent face au racisme, face à la discrimination, ça nous prend des données pour vraiment, pour comprendre la taille de ces populations au sein du recensement, entre autres.  

Annik : Merci beaucoup Simon-Pierre

Simon-Pierre : Merci à vous !

 Vous venez d'écouter Hé-coutez bien. Merci à nos invités Simon-Pierre Lacasse et Sarah Wilkins-Laflamme.

Pour en savoir plus et consulter les nombreuses données de StatCan sur la religion...

Simon-Pierre : Les ressources web de Statistique Canada offrent tous les tableaux, toutes les analyses, toutes les infographies des données sur l'affiliation religieuse. Et puis une belle porte d'entrée vers toutes ces données-là, c'est d'aller consulter le site web du Centre des statistiques sur le genre, la diversité et l'inclusion.

Annik : Si on veut en savoir plus sur votre travail où pouvons-nous aller ?

Sarah : J'ai puisé une grande partie de mon matériel d'aujourd'hui dans deux de mes livres récents, des livres en anglais, donc il y a « None of the Above » que j'ai co-écrit avec Joel Thiessen, qui a été publié avec New York University Press en 2020, et aussi « Religion, Spirituality and Secularity Among Millennials », qui a été publié en 2023 avec Routledge.

Mais il suffit vraiment de taper mon nom, Sarah Wilkins-Laflamme, sur Google pour trouver un grand nombre de blogues gratuits et de vidéos en ligne gratuits, plusieurs en français d'ailleurs, auxquelles j'ai participé au cours des dernières années et qui traitent de ces thèmes des « sans religion ». Et vous pouvez également consulter mon profil en ligne à l'Université Waterloo où vous trouverez mon adresse électronique et où vous pourriez me contacter par courriel à tout moment.

Annik : Vous pouvez écouter cette émission partout où vous écoutez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission n'hésitez surtout pas à la noter, à la commenter et à vous y abonner.

Hé-coutez bien! Épisode 24 - Que faut-il faire pour sortir de l’itinérance?

Date de diffusion : le 10 mars 2025

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2025001

Hé-coutez bien! Épisode 24 - Que faut-il faire pour sortir de l’itinérance?

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Qu’est-ce qui aide quelqu’un à passer de l’itinérance à la vie en logement?

Nous examinons une nouvelle analyse des données de l’Enquête canadienne sur le logement pour aborder cette question. Lors d’une conversation avec Sylvie Corbin, directrice de la philanthropie à la Mission d’Ottawa et Jean-Philippe Deschamps-Laporte, directeur adjoint dans la division responsable des questions de revenus et de logements à Statistique Canada, nous nous demandons pourquoi l’itinérance (et les données sur l’itinérance!) est plus complexe qu’on ne le pense, quels sont les facteurs qui mènent le plus souvent à la récupération d’un logement et pourquoi il peut être difficile de conserver un logement même après l’avoir récupéré.

Pour en savoir plus, consultez l’article « Sortir de l’itinérance : examen des facteurs contribuant à la récupération et à la conservation d’un logement ».

Animatrice

Annik Lepage

Invités

Jean-Philippe Deschamps-Laporte, Sylvie Corbin

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 24 - Que faut-il faire pour sortir de l’itinérance? - Transcription

Transcription

ANNIK : Bienvenue à Hé coutez bien!, un balado de Statistique Canada, où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.

Nous faisons une promesse à chaque épisode : rencontrer les personnes qui se cachent derrière les données et explorer les histoires qui se cachent derrière les chiffres. Souvent, cela signifie rencontrer les personnes qui, à Statistique Canada, produisent et analysent les chiffres, mais cela signifie aussi aller plus loin, essayer de voir et de comprendre la personne qui se cache derrière chaque point de données afin qu'elle soit plus qu'une statistique.

SYLVIE : Il n'y a personne qui demande d'être à la rue. Puis, peut-être s'informer un peu plus à ce niveau-là, puis essayer de comprendre le pourquoi et d'avoir une nouvelle vision des gens qui sont là.

Fréquemment, on pense que les personnes ont des problèmes de toxicomanie. Nous, on l'a vu fréquemment chez nous, où est ce que les gens, arrivent chez nous, ils ont eu une malchance, euh, ils ont perdu leur emploi, ils sont plus capables d'arriver dans leur finance. Ils ne sont pas toxicomanes, ils n'ont pas de problème de dépendance, mais vivre à la rue peut développer ce genre de choses-là, donc avant d'y arriver là, c'est ça que j'aimerais que les gens pensent, vraiment mettre de côté les préjugés qu'on peut y avoir.

SYLVIE : Je suis Sylvie Corbin, directrice de la philanthropie ici à la Mission d'Ottawa et aussi porte-parole du côté francophone.

ANNIK : Pouvez-vous nous parler un peu de la Mission d'Ottawa?

SYLVIE: Oui, on pourrait passer une bonne heure à parler de la Mission. On a environ 250 lits, afin de loger les gens qui n'ont pas d'abri le soir. On offre le service de repas les gens qui habitent avec nous et aussi les gens de la communauté, donc, on a vraiment agrandi notre service de repas. Pendant la pandémie, on s'est vu offert un camion de restauration et notre camion qui avait débuté avec cinq communautés par le passé pour notre camion de restauration et maintenant on en fait 38 par semaine et, au-delà de 10 000 repas par semaine juste par le camion et en tout et partout notre service de repas dépasse les un million annuellement.

Donc, on offre au-dessus d'un million de repas, puis ça, c'est un chiffre qui a vu une croissance fulgurante, après la pandémie, je crois que les repas étaient environ un demi-million, donc on parle d'une croissance énorme, et ça prouve qu'il y a énormément de besoins ici dans la communauté.

Et puis, à la Mission aussi nous offrons au-dessus de 17 programmes, des programmes que ce soit en santé mentale, recherche de logement, éducation, on a une enseignante qui permet aux gens qui n'ont jamais complété leurs études secondaires, de le faire. On donne aussi énormément de soins de santé.

On a une clinique pour les gens qui en ont besoin. On a aussi un hospice de 20 lits pour les gens qui sont vulnérables ou qui n'ont pas d'endroit où habiter.

Donc, ça peut être en fin de vie ou un soin de répit suite à une intervention médicale. On était les premiers en Amérique du Nord, sinon, au monde, à avoir ce genre de choses-là dans un refuge pour sans-abri.

ANNIK : Alors d'après votre expérience, lorsqu'une personne réussit à sortir d'une situation d'itinérance, quels sont les principaux facteurs qui l'aident à faire cette transition?

SYLVIE : Ouais, c'est un soutien. Le facteur premier, c'est de vraiment voir quels sont les besoins. Donc, ils rentrent, ici, puis on leur demande, est-ce que vous avez déjà, regardé toutes les possibilités au niveau du logement? On les aide à faire une recherche pour le logement. Mais un autre facteur qui est très, très important, c'est la recherche, trouver un emploi qui puisse subvenir à leurs besoins. Une des solutions, c'est l'éducation. On a un programme de formation en service culinaire, on accueille des gens ici, ils ont une formation de 4 mois qui leur permettent d'aller travailler dans une cuisine commerciale, que ce soit un restaurant, que ce soit un foyer pour personnes retraitées, les hôpitaux et tout, donc, nos diplômés du programme, à 90 % se trouvent un emploi à leur passage chez nous.

ANNIK : Qu'est-ce qui aide une personne à passer du statut de sans-abri à celui de personne logée?

ANNIK : StatCan vient de publier une nouvelle étude basée sur les données de l'Enquête canadienne sur le logement qui explore précisément cette question, en demandant quels sont les facteurs spécifiques qui permettent le plus souvent de retrouver et de conserver un logement.

JEAN-PHILIPPE : Donc, on a mené un projet de recherche au cours des derniers mois afin de développer des nouvelles connaissances sur l'itinérance. Donc c'est un phénomène qui est très présent au Canada, puis qui amène à beaucoup de questions. Nos utilisateurs à Statistique Canada nous approchent fréquemment afin de mieux comprendre l'enjeu, les facteurs sous-jacents, puis les conséquences de l'itinérance.

Donc, dans le cadre de l'Enquête canadienne sur le logement, le troisième cycle de cette enquête-là, on a ajouté du nouveau contenu où on demande aux gens comment est-ce qu'ils ont réussi à se sortir de l'itinérance pour ceux qui ont eu cette expérience.

ANNIK : Pourriez-vous vous présenter avec votre nom et votre fonction?

JEAN-PHILIPPE : Bien sûr. Jean-Philippe Deschamps-Laporte. Je suis directeur adjoint dans la division responsable des questions de revenus et de logements à Statistique Canada.

ANNIK : Le mot itinérance recouvre en fait un ensemble d'expériences très diverses. Pourriez-vous nous parler de cela et des différentes façons dont une personne peut se trouver en situation d'itinérance?

JEAN-PHILIPPE : Certainement. Donc, il y a un type d'itinérance qu'on appelle hors refuge. Donc, hors refuge, ça fait référence aux personnes qui vivent dans des endroits qui sont normalement non habitables. Donc ça pourrait être dans la rue, dans un bâtiment désaffecté. Donc dans un lieu qui n'est normalement pas associé à l'habitation humaine. On a un autre type d'itinérance donc l'itinérance dans un refuge, Donc c'est des gens qui peuvent être dans un refuge pour personnes en itinérance de type standard si on veut. Il y a aussi des zones de refoulement. Donc, par exemple, actuellement, dans plusieurs parties du Canada, on fait face à une période de froid intense. Et puis très fréquemment, les municipalités mettent en place des infrastructures temporaires pour loger les personnes en situation d'itinérance

Puis on a également l'itinérance cachée. Donc une personne pourrait vivre de manière temporaire chez d'autres avec pas nécessairement une entente de type un bail locatif, puis l'aspect temporaire et l'aspect t possiblement instable caractérise ce type d'itinérance.

ANNIK : Quels sont les défis à relever pour obtenir une image précise de la population en situation d'itinérance au Canada? 

JEAN-PHILIPPE : Donc, les défis sont à la fois opérationnels que éthiques. Donc, lorsqu'on parle de personnes en situation d'itinérance, on fait appel à la notion de vulnérabilité. Des personnes qui peuvent être dans une situation pour une multitude de raisons, ou peut être que répondre à une enquête statistique ce n'est pas nécessairement une priorité ou que simplement ils ont besoin d'un support social financier, de logement, qui prévaut sur le fait de répondre à une enquête statistique. Donc ça, c'est l'aspect, si on veut dire plus éthique, de dire toute personne a un temps fini dans une journée, puis lorsqu'on est particulièrement vulnérable, on doit se questionner est-ce qu'on doit retirer ce temps-là dans la journée d'une personne qui est dans cette situation-là?

Au niveau opérationnel, ce n'est pas simple de se dire on va récolter l'information sur l'ensemble des gens qui sont hors refuge, en refuge puis en itinérance cachée. Cela dit, on a des méthodes au Canada qui sont en place pour comprendre ces différents phénomènes, mais je ne vous cacherai pas, Annik, qu'il y a des enjeux. Donc une des méthodes qu'on utilise, comme dans l'Enquête canadienne sur le logement, c'est la méthode rétrospective. Donc on demande aux gens qui sont logés sur leurs expériences passées

On a aussi la voie des données administratives. La plupart des gens au Canada ont des interactions avec les services, que ce soit sociaux, que ce soit fiscaux.

Par exemple, une personne en itinérance, souvent une des premières choses lorsqu'elle va recevoir des services, c'est que les services sociaux vont l'aider à faire une déclaration fiscale parce que souvent, les gens ont droit à des bénéfices qu'ils ne reçoivent pas lorsqu'ils sont en situation d'itinérance.

Donc nous, avec nos partenaires, avec nos fournisseurs de données, mais par moments, on a l'opportunité d'utiliser à bon escient ces informations administratives afin de décrire les expériences d'itinérance pour cette population. Également, on a des enquêtes qui existent au Canada, pas menées par Statistique Canada, menées par nos partenaires à l'ICC avec leurs partenaires municipaux de dénombrement ponctuels de personnes en situation d'itinérance. Donc, il y a une multitude de méthodes pour arriver à différentes fins. 

ANNIK : Est-ce qu'on a une idée du nombre de personnes qui ne sont pas actuellement en situation d'itinérance et mais qui ont pu en faire l'expérience au cours de leur vie?

JEAN-PHILIPPE : Oui, tout à fait. Donc les plus récents résultats de l'ECL, donc l'Enquête canadienne sur le logement, je vais référer à l'acronyme à partir de ce moment, révèle qu'une personne sur huit ont connu une situation d'itinérance sous une forme ou une autre par le passé. Donc, ce qui constitue 12 % des ménages avaient une personne qui ont pu avoir cette expérience par le passé.

Donc de ce 12 % là, eh bien, 2,6% ont connu un épisode d'itinérance en ou hors refuge et 11,2 % d'itinérance cachée. Donc on voit que l'itinérance cachée dans l'ensemble, au niveau des données récoltées dans l'ECL est plus fréquente que celles en ou hors refuge mais il y a aussi une combinaison c'est pour ça que ces chiffres-là s'additionnent pas sur le chiffre que je vous ai donné précédemment parce que c'est complexe, c'est selon des épisodes, on peut avoir les deux donc c'est ce qui explique ça. Mais de manière générale, on peut comprendre des résultats qu'il est plus fréquent d'avoir des expériences d'itinérance cachées que celle en ou hors refuge.

ANNIK : Le nombre de personnes en situation d'itinérance est important, selon Sylvie.

SYLVIE : Depuis 2018, l'itinérance a augmenté de 20% ici au Canada, donc c'est un chiffre énorme, on le voit à même nos yeux lorsqu'on se promène dans nos rues, dans nos villes et tout.

Un autre facteur qui est très important, c'est l'insécurité alimentaire. Nos collègues à la Banque Alimentaire d'Ottawa, leur dernier rapport, parlait d'une personne sur quatre, donc 25 percent des citoyens d'Ottawa sont en situation d'insuffisance au niveau de leur nourriture à toutes les semaines. Puis, souvent, ce qu'on voit, c'est que les gens vont sauter un repas, deux repas, pour être capable de se payer le loyer.

Ce qu'on a vu le plus, c'est que notre refuge est plein à 100 %, depuis plus de 4 ans. Même on dit 110 % parce qu'on a des lits d'urgence qu'on doit mettre au sol et tout. On a une trentaine de personnes qui dorment assis dans notre salle d'attente, c'est du jamais vu.

ANNIK : En termes de démographie, que savons-nous des personnes sans domicile? Quelles sont les populations surreprésentées? 

JEAN-PHILIPPE : Très bonne question. Merci, Annik. À ce niveau, il y a certains groupes de populations qui sont plus appelés à avoir eu cette expérience au cours de leur vie. Donc, en premier lieu, on parle des personnes autochtones. Donc, un ménage autochtone sur quatre a connu une expérience d'itinérance au cours de sa vie sous une forme ou une autre. On va se le dire, à 27,3 % des ménages autochtones c'est très important. Donc ce serait 8% des ménages autochtones qui ont connu l'itinérance en ou hors refuge, donc une forme plus profonde que celle cachée, ce qui est une proportion bien supérieure à celle de la population générale de 2,6%.

Donc ça, c'est un exemple où un groupe est particulièrement représenté. On a aussi les personnes 2ELGBTQ+, un ménage sur quatre contient des personnes qui ont eu une expérience d'itinérance, donc 24 % et ainsi que les anciens combattants à 16,8%. Donc, il y a certains groupes qui y sont plus appelés à être représentés à ce niveau-là.

Au niveau géographique, on a certains endroits également, où la prévalence de ces expériences est un peu plus forte que la part de la population au sein des 10 provinces qui sont échantillonnées dans l'ECL. Donc la Colombie-Britannique et les provinces des prairies ont des proportions légèrement supérieures en termes d'expérience d'itinérance.

ANNIK : L'Enquête canadienne sur le logement de 2022 a demandé aux ménages ayant vécu une expérience d'exclusion liée au logement, quels étaient les facteurs qui les avaient aidés à retrouver et à conserver un logement. 

Qu'avons-nous appris en commençant peut être par le facteur le plus souvent cité?

JEAN-PHILIPPE : Donc c'est vraiment le cœur de l'article qu'on a publié récemment. Parce qu'auparavant on pouvait expliquer les entrées en itinérance, mais on ne s'était jamais attardé sur la sortie.

C'est une excellente question parce que cette information était préalablement, pas disponible. Donc, comme j'en faisais état précédemment, il y a une multitude de considérations qui peuvent expliquer une situation d'itinérance. Un peu du même souffle, Il y a une multitude de facteurs qui peuvent expliquer les sorties. Donc, parmi ces multiples facteurs, les données révèlent que les éléments financiers dominent. Je fais un petit aparté des données spécifiques de l'enquête et je me permets de commenter les perceptions qui peuvent exister sur les causes.

Donc, l'itinérance a tendance à être davantage visible. Et il y a toutes sortes de problèmes de société qui peuvent être en place. On pense à certaines crises de santé mentale sur les opioïdes par exemple. Les données de l'enquête suggèrent une interprétation différente que l'itinérance. La sortie d'itinérance est intimement associée avec les questions financières donc ce que ça pourrait suggérer puis encore là, je m'étale un peu au-delà des résultats spécifiques, c'est qu'une personne qui vivait avec un revenu fixe disons en 2020 avant la pandémie qui, en Ontario, pouvait être récipiendaire de bénéfices pour un handicap, dans une autre province, pouvait avoir des bénéfices d'aide sociale, mais ces bénéfices-là ont tendance à augmenter légèrement à travers le temps, mais on est dans un marché locatif ou les prix ont augmenté rapidement. Donc, il est possible que les données qu'on voit dans l'ECL qui disent que les gens qui ont trouvé un emploi, ont augmenté leurs revenus, ont trouvé une solution financière bien, il est possible qu'il y ait une association avec ce qu'on peut voir dans la société qu'il y a des gens qui pouvaient avoir de la difficulté avant la pandémie avant les hausses marquées dans le marché locatif, mais qui étaient capables de se payer un loyer et que là les gens qui ont été capables de s'en sortir si c'est une question financière, ça retourne aux dynamiques de logement. Donc, c'est un point là que j'aimerais partager dans ma conversation avec vous, Annik, c'est l'importance des éléments financiers. 

ANNIK : L'accession à la propriété est le rêve de nombreux Canadiens. Parmi les personnes qui ont vécu en situation d'itinérance par le passé, comment ont-ils réussi à accéder à la propriété? Quels sont les facteurs susceptibles d'influencer ce résultat? 

JEAN-PHILIPPE : Donc, l'accession à la propriété résidentielle, c'est la forme ultime d'accumulation d'actifs. Donc pour les Canadiens, posséder leur maison, c'est souvent le plus grand actif et souvent le plus grand passif. Pour y accéder, bien, on doit économiser pour avoir une mise de fonds, puis on doit avoir un revenu pour payer les paiements. Dans un contexte où une personne a vécu en situation d'itinérance ça veut souvent dire que cette personne-là a pu épuiser ses actifs financiers lorsqu'elle s'est retrouvée dans cette situation-là. Puis nos résultats suggèrent que même 10 ans après les expériences d'itinérance, le taux d'accession à la propriété pour les personnes qui ont eu ces expériences est beaucoup plus bas que pour le reste de la population, ce qui est totalement cohérent avec cette histoire d'actif qu'aujourd'hui avec les prix du logement dans les grandes villes canadiennes et même les plus petites villes canadiennes, ça prend du temps pour accumuler une mise de fonds. Donc, si on a eu des expériences qui a fait en sorte qu'on n'avait plus rien, c'est logique d'avoir plus de difficulté d'accéder à la propriété ultérieurement.

ANNIK : Et les personnes qui, avec le temps, ont réussi à trouver un logement sont-elles susceptibles de continuer à être confrontés à des problèmes de logement?

JEAN-PHILIPPE : Oui, tout à fait. Donc on a différentes mesures au Canada afin de décrire les enjeux ou les problèmes de logement auxquels les ménages font face. Ça peut être au niveau de l'abordabilité, ça peut être en raison du manque d'espace. Donc un nombre trop élevé de personnes par chambre à coucher ou ça peut être en lien avec la qualité, donc de demeurer dans un logement qui a besoin de réparations majeures. Donc, lorsqu'on regarde ces indicateurs-là, les personnes qui ont réussi à fuir l'itinérance ont davantage tendance à faire face à des problèmes de logement sous les trois indicateurs que j'ai mentionnés, même lorsque ces itinérances-là sont distancées par le passé, ce qui suggère peut-être des enjeux à long terme au niveau financier ou ce qui suggère peut-être aussi de dire afin de sortir d'itinérance, je dois être dans un appartement trop petit, donc d'avoir, par exemple, les enfants qui dorment dans la même chambre que les parents, des genres de solution auxquels les gens arrivent afin d'éviter d'être en itinérance. Ou les logements qui sont abordables ou non, qui sont inabordables mais qui demeurent accessibles. D'une certaine manière, au point de vue financier, ce sont ceux de piètre qualité, donc des logements qui pourraient avoir des moisissures qui pourraient avoir des écoulements d'eau, c'est ceux qui coûteraient le moins cher puis qui seraient les seuls qui seraient accessibles pour les personnes qui ont eu des situations d'itinérance et qui pourraient demeurer dans une certaine forme de vulnérabilité.

ANNIK : Pouvez-vous parler de l'impact à long terme de l'itinérance sur le bien-être, en d'autres termes, quel effet l'expérience d'itinérance a-t-elle sur le bien-être, même après que même après qu'une personne ait trouvé un logement? 

JEAN-PHILIPPE : Donc, sans surprise, compte tenu des éléments que je partageais à l'instant, les personnes qui ont réussi à fuir l'itinérance démontrent une qualité de vie, subjective, on s'entend, moindre que les personnes qui n'ont pas eu ces expériences. Puis ça, ça demeure, même lorsque ça a fait 10 ans que les expériences sont passées. C'est difficile à dire si c'est directement lié à l'expérience d'itinérance comme tel ou aux facteurs qui ont expliqué l'épisode en tant que tel. Donc, on voit que même après, les personnes qui ont eu ces expériences-là ont une qualité de qualité de vie moindre que celles qui n'ont pas eu ces expériences-là.

ANNIK : Et de quelle manière l'itinérance laisse-t-elle un impact durable sur les personnes qui en font l'expérience?

SYLVIE : Il y a plusieurs impacts, on parle des impacts de santé, c'est des impacts sérieux. On parle d'une espérance de vie diminuée de façon substantielle. Dans la population générale, un homme peut vivre jusqu'à 79 ans. Une personne qui se trouve en situation, un homme en situation d'itinérance, c'est 55 ans. Donc, l'espérance de vie est diminuée de façon importante. Chez les femmes, l'espérance de vie normale de 84 ans chez les femmes, celle en situation d'itinérance, 48 ans.

Donc, c'est des chiffres ahurissants quand on les entend, c'est sûr qu'en souffrance, il y a toutes sortes de raisons, l'insécurité alimentaire est une des premières raisons. Souvent ils vont être susceptibles d'avoir des maladies comme l'hépatite C, aussi des maladies cardiaques, cancers, asthmes, ce sont tous des maladies qui sont plus prononcées chez ces populations-là. Et puis ils ont la santé plus fragile, donc, il y a un impact important sur tous les autres services. Donc, si on adressait la situation de l'itinérance comme telle, il y aurait même moins d'impact sur les services sociaux, moins d'impact sur les services de santé. Donc, il découle beaucoup de choses lorsqu'on laisse nos voisins, si je peux dire, en situation, précaire quand ils n'ont pas de logement finalement.

ANNIK : Si on veut en savoir plus sur votre travail ou devrait-on aller? 

JEAN-PHILIPPE : J'invite les auditeurs à aller sur la page web de Statistique Canada, on a un portail sur le logement où les données de l'ECL sont accessibles ainsi qu'une panoplie d'informations sur le logement. Parce que l'itinérance qui est le sujet d'aujourd'hui, ça n'évolue pas en vase clos, il y a tout un contexte, tout un système de logement qui influence de toutes sortes de manières positives et adverses également cet enjeu-là spécifique. Donc, j'invite les auditeurs à visiter notre page, notre portail sur le logement où on a la chance de développer des connaissances uniques pour informer cet enjeu de société.

ANNIK : Merci beaucoup, Jean-Philippe. 

JEAN-PHILIPPE : De rien. Merci. 

ANNIK : Sylvie, si on voudrait en savoir plus sur votre travail où peut-on aller? 

SYLVIE : C'est, ottawamission.com. Donc, ottawamission.com et puis on parle beaucoup de nos programmes et des services offerts à la communauté qui en ont le besoin. 

ANNIK : Merci. Merci pour votre temps, Sylvie.

SYLVIE : Annik, je vous remercie beaucoup d'avoir pris le temps de vous informer un peu plus et nous donner cette plateforme afin de parler de notre travail.

ANNIK : Merci d'avoir écouté Hé-coutez bien! Un gros merci à nos invités, Sylvie Corbin et Jean-Philippe Deschamps-Laporte. Si vous souhaitez en savoir plus, vous trouverez un lien vers l'étude de StatCan sur l'itinérance dans les notes de cette émission. Vous pouvez écouter cette émission partout où vous écoutez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimez cette émission n'hésitez surtout pas à la noter, à la commenter et à vous y abonner et merci de nous avoir écouté.

Hé-coutez bien! Épisode 23 - Cartographie du bonheur : Comment l'endroit où nous vivons influence notre bien-être

Date de diffusion : le 29 janvier 2025

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2025001

Cartographie du bonheur : Comment l'endroit où nous vivons influence notre bien-être

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Vous n'êtes peut-être pas surpris d'apprendre que vos relations avec vos amis et votre famille influencent votre bien-être. Il en va de même pour votre santé et votre travail. Mais qu'en est-il du lieu où vous vivez ? Que vous viviez dans le centre-ville d'une grande ville, dans une ville de banlieue ou dans une communauté rurale, quel impact cela a-t-il sur votre satisfaction de vivre, votre solitude et votre sentiment d'appartenance ? Lauren Pinault, de StatCan, nous rejoint aujourd'hui au micro pour explorer comment les lieux où nous vivons influencent notre bien-être.

Animatrice

Annik Lepage

Invitée

Lauren Pinault (Narration par Valérie Mandia)

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 23 - Cartographie du bonheur : Comment l'endroit où nous vivons influence notre bien-être - Transcription

Transcription

Bienvenue à Hé-coutez bien! un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.

Annik : Si je vous demandais : « À quel point êtes-vous heureux? », que diriez-vous? « Sur une échelle de 1 à 10, 1 représentant le plus faible niveau de bonheur que vous puissiez imaginer et 10, le plus haut niveau de bonheur, où vous situez-vous? » Quels sont les facteurs que vous prenez en considération? Avez-vous pris un bon déjeuner ce matin? Avez-vous eu une dispute avec votre conjoint? Avez-vous obtenu récemment une promotion au travail? Peut-être voyagez-vous en avion vers la Costa del Sol en Espagne ou vers Tokyo pour des vacances. Si c’est le cas, emmenez-moi! Peut-être vous sentez-vous plutôt neutre parce que vous lavez la vaisselle ou que vous allez au travail.

Tous ces facteurs influencent votre bonheur à chaque instant, mais qu’en est-il de votre vie en général?

Le bonheur, avec un grand « B », c’est-à-dire le sentiment général de satisfaction à l’égard de la vie, dépend de nombreux facteurs. Il y a les relations avec ses amis, sa famille, la satisfaction par rapport au travail et aux revenus, et aussi l’état de santé. La liste est longue.

Un aspect intéressant à envisager est l’influence que le lieu où nous vivons peut avoir sur notre bonheur, avec un grand « B ». C’est l’un des thèmes étudiés dans l’édition spéciale de Regards sur la société canadienne de StatCan.

Annik : Si je vous demandais : « À quel point êtes-vous heureux? », que diriez-vous? « Sur une échelle de 1 à 10, 1 représentant le plus faible niveau de bonheur que vous puissiez imaginer et 10, le plus haut niveau de bonheur, où vous situez-vous? » Quels sont les facteurs que vous prenez en considération? Avez-vous pris un bon déjeuner ce matin? Avez-vous eu une dispute avec votre conjoint? Avez-vous obtenu récemment une promotion au travail? Peut-être voyagez-vous en avion vers la Costa del Sol en Espagne ou vers Tokyo pour des vacances. Si c’est le cas, emmenez-moi! Peut-être vous sentez-vous plutôt neutre parce que vous lavez la vaisselle ou que vous allez travailler.

Tous ces facteurs influencent votre bonheur à chaque instant, mais qu’en est-il de votre vie en général?

Le bonheur, avec un grand « B », c’est-à-dire le sentiment général de satisfaction à l’égard de la vie, dépend de nombreux facteurs. Il y a les relations avec ses amis, sa famille, la satisfaction par rapport au travail et aux revenus, et aussi l’état de santé. La liste est longue.

Un aspect intéressant à envisager est l’influence que le lieu où nous vivons peut avoir sur notre bonheur, avec un grand « B ». C’est l’un des thèmes étudiés dans la nouvelle publication Regards sur la société canadienne de StatCan.

Lauren : Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la géographie, qui est l’une des manières que je préfère pour aborder les données. Au cours des dernières années, nous avons recueilli des renseignements sur le bien-être et la qualité de vie des Canadiens dans le cadre de l’Enquête sociale canadienne. Lorsque nous sommes en mesure de combiner plusieurs vagues de l’enquête, nous pouvons ensuite analyser le lieu de résidence des personnes répondantes et la manière dont celui-ci peut influencer les réponses à l’enquête.

Annik : Bonjour! Qui parle?

Lauren : Bonjour. Je suis Lauren Pinault. Je suis chef de la section chargée des enjeux émergents à Statistique Canada.

Annik : Quelles sont certaines des hypothèses en jeu lorsque nous parlons du lieu où nous vivons et de l’influence qu’il a sur notre bien-être?

Lauren : Lorsque les gens choisissent un lieu de résidence, ils tiennent compte de nombreux facteurs, comme le coût de la vie, la proximité des amis ou de la famille, l’existence d’un bon emploi, ainsi que l’accessibilité aux événements culturels, par exemple. Je pense donc que, d’une certaine manière, les gens choisissent leur lieu de vie selon ce qui leur convient et selon la mesure dans laquelle ils peuvent choisir leur lieu de vie. Mais nous étudions le bien-être, qui est une idée très complexe. Ainsi, certains aspects d’un endroit agréable à vivre ne sont pas nécessairement appréciés par tout le monde. Par exemple, j’aime beaucoup faire des randonnées en plein air. Je vis en dehors d’Ottawa, ce qui me permet d’avoir facilement accès à la nature. C’est parfait pour moi, mais ça ne convient pas nécessairement à un ami qui désire vraiment avoir accès à des magasins et à des restaurants, et qui veut vivre en plein cœur de la ville. Cette approche n’est donc pas du tout universelle.

Annik : En général, quel est le degré de bonheur des Canadiens?

Lauren : En moyenne, environ la moitié, soit environ 50 % des gens disent avoir un niveau élevé de satisfaction à l’égard de la vie, sur une échelle allant de 1 à 10, et donc qu’ils sont heureux. Ils indiquent une note de 8, 9 ou 10 sur cette échelle.

Annik : Quelle province était la plus heureuse, et peut-être la moins heureuse?

Lauren : Le Québec, qui semble être la province la plus heureuse, se distingue lors de chaque cycle que nous menons. Au Québec, 59 % des personnes se disent très satisfaites de leur vie. Terre-Neuve-et-Labrador suit de près avec 56 % des gens se disant très satisfaits de leur vie.

Annik : Et qu’en est-il des moins heureuses?

Lauren : Les régions les moins bien placées sur cette échelle sont l’Ontario, où 46 % des gens se disent heureux. La Colombie-Britannique et l’Alberta suivent avec 47 % des gens qui se disent heureux.

Annik : Pourquoi donc? Qu’ont-elles en commun, ces provinces relativement heureuses ou malheureuses?

Lauren : Je voudrais bien connaître la réponse à cette question. Je crois que nous adoptons une approche très itérative en sciences. Nous mesurons le « quoi » actuellement. Cette étude répond à la question : « Où voyons-nous ces tendances? ».

La prochaine étude pour laquelle nous aimerions faire un suivi répondrait à la question du « pourquoi » : « Pourquoi voyons-nous ces différences? ». Vous savez, c’est la question en or.

Annik : Mais vous n’avez pas examiné le bonheur que dans les provinces. Vous avez également comparé les petites villes avec les grandes villes. Pouvez-vous nous en dire plus?

Lauren : Dans notre étude, nous avons découvert un moyen de classifier tous les milieux de vie, des plus urbains aux plus ruraux. Nous souhaitions donc éviter la dichotomie très simple entre les zones urbaines et les zones rurales, car elle constitue une façon beaucoup trop simpliste d’envisager les données. Nous avons donc mis au point un nouveau système qui tient également compte de la taille globale de la population, de sa densité et de sa proximité avec d’autres grands centres urbains.

En examinant nos statistiques d’un certain point de vue, nous avons constaté que les gens des zones rurales se disaient légèrement plus heureux. Et c’est  vraiment ce que nous avons observé, y compris dans les zones rurales et reculées, ainsi que dans les petites villes de moins de 100 000 personnes, qui ont échappé à l’influence des autres grands centres urbains.

En revanche, nous avons constaté que les gens étaient moins susceptibles d’indiquer une grande satisfaction à l’égard de la vie dans les plus grandes villes. Mais, comme je l’ai dit, je tiens à préciser que cette constatation représente une mesure moyenne. De nombreuses personnes vivent dans des centres urbains et s’y sentent très heureuses. Cette mesure ne veut donc pas dire que ces centres sont dépourvus de bonheur.

Annik : On peut mesurer la satisfaction à l’égard de la vie en utilisant d’autres méthodes que de leur demander d’emblée « à quel point êtes-vous satisfait de votre vie? ».

Lauren : Tout à fait. L’une des autres façons de mesurer le bien-être consiste à évaluer le sentiment d’appartenance à la collectivité.

Et ce que nous avons vu en matière de tendances lorsque nous avons examiné ce sentiment était un peu différent de notre réflexion sur la satisfaction à l’égard de la vie.

Ainsi, une fois de plus, bien que cette idée se révèle très complexe, nous voulons l’examiner sous différents angles. Nous avons remarqué que le niveau le plus bas de sentiment d’appartenance — c’est-à-dire les personnes les moins susceptibles de déclarer l’éprouver —, était celui des citoyens des banlieues situées en dehors des grands centres urbains du Canada.

Par exemple, dans la ville de Hamilton, où l’influence de Toronto se fait sentir, 43 % des personnes ont déclaré avoir un fort sentiment d’appartenance. Ce chiffre s’avère légèrement inférieur à celui observé dans la ville de Toronto qui s’élevait à 44 %.

Ensuite, le sentiment d’appartenance dans les régions vraiment éloignées et rurales était assez élevé. Par exemple, dans la petite ville de Terre-Neuve, Baine Harbour, ainsi que dans la ville de Westport, près des trois quarts des personnes, donc 74 %, ont déclaré avoir un très fort sentiment d’appartenance à leur collectivité. Encore une fois, nous cherchons toujours une explication à ce sujet. Beaucoup d’influences sont possibles, comme le degré d’intégration dans le tissu social, le fait de devoir effectuer un long trajet qui absorbe une grande partie de votre journée et la mesure dans laquelle vous connaissez vos voisins et les gens qui vous entourent.

Annik : J’aurais pensé, peut-être que c’est le meilleur des deux mondes. Les possibilités d’emploi dans les grandes villes, ainsi que le sentiment de bonheur que l’on semble retirer de la vie dans une petite ville, sont des facteurs qui peuvent inciter à choisir de vivre dans une ville de banlieue. Ce n’est toutefois pas nécessairement le cas.

Lauren : Peut-être que ce n’est pas le cas. Mais, là encore, ce n’est pas la tendance que nous observons pour la satisfaction globale à l’égard de la vie. Je veux dire par là que de vivre dans des régions vraiment éloignées pourrait représenter une très bonne occasion pour certaines personnes. Là encore, cette approche ne constitue pas une approche universelle. Je suppose donc que pour certaines personnes vivant dans ces collectivités, l’éloignement crée des obstacles en ce qui concerne leur sentiment général d’appartenance à leur propre collectivité. Surtout si le fait de vivre éloigné les oblige à se rendre dans un autre lieu pour travailler.

Annik : Quelles sont d’autres dimensions du bonheur? Comment peuvent-elles se manifester, à travers le Canada et dans les collectivités rurales et les grandes villes?

Lauren : Nous avons examiné un grand nombre d’aspects différents, au-delà de la satisfaction à l’égard de la vie et du sentiment d’appartenance. L’un des autres aspects que nous avons examinés est la solitude, le fait que les personnes déclarent ou non se sentir toujours ou souvent seules. Nous pensions, en nous lançant dans ce projet, que la solitude était très liée à la géographie. Ainsi, si vous faites partie d’une population rurale plus âgée, la solitude vous guette peut-être. De même, si vous êtes un nouvel arrivant au Canada et que vous vous trouvez dans un grand centre d’accès, vous pouvez également ressentir cette solitude. Mais nous n’avons pas constaté de grandes variations géographiques lorsque nous avons cartographié les données. En fait, nous avons constaté l’absence de toute tendance géographique forte en ce qui concerne la solitude. Apprendre que la solitude est un problème présent partout, que vous viviez dans une zone rurale ou urbaine, nous a beaucoup intéressés.

Malheureusement, l’endroit où nous vivons ne résout pas tous nos problèmes.

Annik : Qu’en est-il de la part des personnes qui ont dit qu’elles pouvaient compter sur quelqu’un qui les aiderait quand elles en auraient vraiment besoin? Qu’en cas de crise, elles pouvaient appeler quelqu’un.

Lauren : Lorsque nous avons dressé la carte, nous avons constaté que de nombreuses variations existaient et que le clivage entre les zones urbaines et les zones rurales n’était pas vraiment marqué. Par exemple, nous avons remarqué que le pourcentage de personnes déclarant avoir quelqu’un sur qui compter se situait à un niveau inférieur dans les grandes villes comme Toronto et Vancouver, mais aussi dans de nombreuses régions rurales de certaines provinces. Nous avons constaté des pourcentages plus faibles en Alberta et en Ontario, par exemple. La situation varie beaucoup et nous ne comprenons pas vraiment pourquoi nous observons ces tendances, mais, là encore, c’est un sujet que nous aimerions suivre et mieux comprendre.

Annik : Si vous pouviez résumer, qu’avons-nous appris?

Lauren : Ce que j’en retire, c’est que la prise en compte de la géographie dans l’étude des statistiques sociales constitue un angle totalement nouveau pour mieux comprendre les tendances que nous observons. Nous analysons les choses en fonction de l’âge, du sexe et d’autres variables, mais parfois, les analyser en fonction de la géographie s’avère fascinant. Nous découvrons l’existence de nouvelles tendances que nous n’avions pas soupçonnées.

L’autre chose que nous avons apprise, c’est que la géographie a vraiment de l’importance. Par exemple, l’endroit où nous vivons influe sur certaines des variables que nous mesurons. Nous devons assurer un suivi pour mieux comprendre comment tous ces éléments s’intègrent comme facteurs qui influencent notre interprétation des données.

Annik : Pourquoi ces résultats ont-ils une importance particulière?

Lauren : Le bien-être est notre priorité. Le gouvernement considère donc comme une priorité le besoin de comprendre comment les Canadiens s’en sortent. Pour ce faire, nous mesurons toutes les facettes du bien-être, notamment la satisfaction à l’égard de la vie, l’espoir en l’avenir et toutes ces choses importantes. Il est aussi très important de comprendre votre lieu de résidence au Canada et comment ce lieu influence vos réponses aux enquêtes.

Annik : Est-ce qu’il y a quelque chose qui aurait été intéressant de comprendre dans votre publication, mais que vous n’avez pas pu faire? Cela vous a-t-il inspiré pour de futures recherches?

Lauren : J’aime bien votre question, parce que nous désirons en savoir plus sur les raisons qui expliquent ces tendances. Je pense que c’est la question la plus intéressante si nous devions nous y attarder.

Nous mesurons d’autres tendances. Dans ces enquêtes, on retrouve différents types de situations concernant les revenus des ménages ou différents aspects de leur situation de vie. Nous souhaitons mieux comprendre les raisons qui sous-tendent ces tendances dans la géographie et être en mesure d’expliquer certaines des tendances que nous observons.

Je pense qu’il n’y a rien d’autre à ajouter, si ce n’est que nous pensons beaucoup à l’idée de contrôler notre vie et d’avoir une grande influence sur notre bien-être.

Une question demeure sans réponse, mais elle serait fort intéressante à étudier : à savoir si nous choisissons notre lieu de résidence ou si nous nous y trouvons « coincés » parce que nous travaillons là, ou pour toute autre raison. Je me demande jusqu’à quel point le fait que nous puissions choisir où nous voulons vivre au Canada influence réellement notre bien-être.

Annik : Vous venez d’écouter Hé-coutez bien! Merci à notre invitée, Lauren Pinault. Vous pouvez lire son article dans une édition spéciale de Regards sur la société canadienne de Statistique Canada. Vous trouverez un lien dans les notes de cet épisode ou sur le site web de StatCan.

Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous écoutez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, la meilleure façon de nous soutenir est de laisser un commentaire sur le répertoire de balados de votre choix. Merci à l'utilisateur BDebney, qui a écrit : « Quel excellent balado. Les questions abordées sont très intéressantes et offrent une excellente perspective sur les questions qui préoccupent les Canadiens. » Merci beaucoup, nous l'apprécions vraiment. Comme toujours, merci d'avoir écouté.

Sources

Regards sur la société canadienne

Hé-coutez bien! Épisode 22 - Votre entreprise peut-elle déjouer un pirate informatique?

Date de diffusion : le 9 décembre 2024

Votre entreprise peut-elle déjouer un pirate informatique?

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Plus des deux tiers (70 %) des Canadiens ont été victimes d’un incident de cybersécurité en 2022. Les stratégies employées par les personnes malveillantes sont de plus en plus complexes. Nous sommes nombreux à être inondés de courriels d’hameçonnage, de messages textes douteux et d’appels téléphoniques frauduleux. Rares sont les personnes qui n’ont jamais subi une forme ou une autre de cyberattaque. 

Les entreprises canadiennes se trouvent dans la même situation. Les vols d’identité, les arnaques et les fraudes ainsi que les attaques par rançongiciel ne représentent que quelques-uns des moyens utilisés par les cyberattaquants pour s’en prendre aux entreprises. La neutralisation d’une seule atteinte à la cybersécurité peut coûter des milliers de dollars à une entreprise et lui faire perdre un temps précieux. Nous avons voulu savoir si la cybercriminalité est en hausse au Canada, ce que représente le phénomène relativement nouveau de l’assurance contre les cyberrisques, et la mesure dans laquelle les consommateurs peuvent subir les répercussions d’une atteinte à la sécurité qui touche une entreprise. 

De nouvelles données de l’Enquête canadienne sur la cybersécurité et le cybercrime ont été diffusées. Dans cet épisode, nous nous sommes entretenus avec Howard Bilodeau, économiste à Statistique Canada, qui a répondu à nos questions sur l’évolution de la cybersécurité pour les entreprises et sur ce que cela signifie pour chacun et chacune d’entre nous. 

Animatrice

Annik Lepage

Invité

Howard Bilodeau (Narration par Yves Gilbert)

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 22 - Votre entreprise peut-elle déjouer un pirate informatique? - Transcription

Transcription

Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien !, un balado de Statistique Canada, où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu’elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage. 

Il est difficile d'exister dans le monde d'aujourd'hui sans être en ligne. Le fait d'être en ligne nous donne accès à l'information, au divertissement, à l'éducation, à la communication avec les amis, la famille, les gens que vous avez oublié que vous connaissiez au secondaire. Mais il nous met aussi en danger. Avez-vous déjà reçu un de ces messages d'un ami sur les médias sociaux qui dit quelque chose comme « Oh mon Dieu, as-tu vu cette photo de toi ? Conseil d'expert : ne cliquez surtout pas sur le lien qui vient avec le message 

Le fait d'être en ligne nous expose. Nous risquons de recevoir des spams non sollicités ou d'être redirigés vers des sites web frauduleux qui cherchent à obtenir nos informations personnelles ou à installer des virus ou d'autres logiciels malveillants sur nos ordinateurs. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg de la cybersécurité.  

Parce que nous sommes tous en ligne, les entreprises canadiennes le sont aussi. Et elles sont confrontées aux mêmes problèmes de cybersécurité que le reste d'entre nous. La numérisation expose les entreprises à de nouveaux risques en matière de protection de la vie privée, de protection des données et de cybersécurité.

Depuis 2017, l'Enquête canadienne sur la cybersécurité et le cybercrime recueille des données sur les politiques et les mesures mises en place par les entreprises canadiennes pour gérer la cybersécurité et étudie la façon dont elles sont touchées par les incidents de cybersécurité. De nouvelles données viennent d'être publiées— nous nous sommes donc entretenus avec un expert pour en savoir plus. 

Howard : Je m'appelle Howard Bilodeau et je suis économiste à Statistique Canada. 

Annik : Qu'est-ce que le cybercrime ? Et quels sont les exemples de cybercrime auxquels les entreprises canadiennes peuvent être confrontées ?  

Howard : Notre enquête ne porte pas spécifiquement sur le cybercrime. Nous utilisons plutôt le terme d'incident de cybersécurité. Je suppose que la raison en est que nous ne voulons pas trop nous préoccuper du seuil à partir duquel quelque chose devient un crime. On s’intéresse plus largement aux incidents qui ont un impact sur les entreprises.  

Nous définissons donc un incident de cybersécurité comme toute tentative non autorisée d'accéder à l'infrastructure informatique d'une entreprise dans le but de voler ou de modifier des informations ou simplement pour rendre une partie de cette infrastructure inutilisable pour l'entreprise. Dans le cadre de notre travail, nous nous intéressons donc à différents types d'incidents de cybersécurité. Il s'agit souvent de vols d'argent ou d'informations, mais aussi, comme je le disais, de tentatives visant à rendre la technologie inutilisable pour l'entreprise.  

Annik : Quelle est l'ampleur du cybercrime ? 

Howard : Dans notre enquête, nous cherchons à savoir si l'entreprise a été touchée par un incident de cybersécurité. Nous avons choisi le terme « touché» pour éviter de nous retrouver avec des faits  trop fréquents ou des choses de tous les jours comme recevoir un courriel de hameçonnage sur lequel vous n'avez pas cliqué. 

En ce qui concerne le groupe d'entreprises touchées par des incidents, nous avons constaté en 202 que 16 % des entreprises ont déclaré avoir été touchées. Ce chiffre a diminué au cours de l'enquête. En 2019, 21 % des entreprises ont déclaré avoir été touchées par des incidents. Et comme je disais, ce chiffre est tombé à 16 % en 2023.  

Annik : Cela vaut-il également pour les particuliers canadiens ? Ont-ils également moins d'incidents ? 

Howard : Jusqu'à présent, nous avons parlé de notre enquête sur le cybercrime dans les entreprises. Pour ce qui est des particuliers, nous n'avons pas d'enquête parfaitement comparable, mais nous disposons de l'Enquête canadienne sur l'utilisation d'Internet, qui demande aux particuliers s'ils ont subi un incident de cybersécurité quelconque. Dans cette enquête, nous avons constaté que 70 % des Canadiens ont déclaré avoir subi un incident quelconque en 2022, ce qui représente une augmentation par rapport aux 52 % observés en 2018. 

C'est donc une tendance un peu différente du côté des individus, mais puisque nous posons des questions sur un concept légèrement différent, c’est difficile de comparer les deux groupes visés.  

Annik : Comment les incidents se comparent-ils entre ce que peut vivre une entreprise et ce que peut vivre un particulier? 

Howard : C'est une excellente question. Je pense qu'ils sont souvent très similaires. Je pense que les incidents de cybersécurité ont tendance à essayer d'exploiter le facteur humain, c'est-à-dire à essayer d'amener un individu à communiquer des informations, ce qui peut permettre à l'attaquant de pénétrer en parallèle dans l'infrastructure informatique. Je pense donc qu'en ce sens, ils sont très similaires.

Je suppose que ce qui pourrait être un peu différent en termes de ce que l'attaquant veut, c'est que l'attaquant peut être à la recherche de types d'informations légèrement différents, selon qu'il s'agit d'un individu ou d'une entreprise. Mais je pense qu'une grande partie des techniques seront assez similaires. 

Annik : Et quel type d'impact cela a-t-il ?   

Howard : Ces types d'incidents peuvent avoir différents impacts. Nous avons d'ailleurs posé une question à ce sujet dans notre enquête auprès des entreprises. Ce qui revient le plus souvent, c'est l'interruption des activités de l'entreprise. Par exemple, les employés peuvent ne pas être en mesure d'accéder à leur ordinateur ou ce dernier peut être plus lent, de sorte qu'il leur faut plus de temps pour effectuer leur travail. Mais il peut aussi y avoir des coûts. Il peut s'agir de coûts directs, comme le remplacement du matériel ou l'achat de nouveaux logiciels, mais aussi de coûts indirects, comme le manque à gagner dû au fait que l'entreprise n'a pas pu fonctionner ce jour-là.  

Annik : Avons-nous un montant en dollars pour ce à quoi les entreprises sont confrontées ? 

Howard : En 2023, nous avons constaté que les coûts de récupération s'élèvaient t à 1,2 milliard de dollars. C'est en fait le double de ce que nous avions trouvé en 2021, soit de 600 millions. Il s'agit donc d'une augmentation importante. En ce qui concerne les facteurs qui contribuent à cette augmentation, nous avons constaté que la moitié de ce montant correspond à des coûts en personnel. Il s'agit donc des coûts liés à l'embauche d'employés ou à des coûts liés à l'engagement de sous-traitants ou de consultants pour aider à la reprise après un incident.  

Annik : Pourriez-vous développer un point que vous avez mentionné plus tôt, à savoir que le coût, le nombre total d'entreprises qui subissent ces incidents, est en baisse, mais que le coût de ces incidents est en hausse ?

Howard : C'est une dichotomie intéressante. Et je pense que cela pourrait indiquer que parmi les entreprises qui subissent un incident ayant un impact, quelle qu'en soit la raison, les coûts pour s'en remettre sont de plus en plus élevés. Ainsi, chaque incident individuel peut devenir plus coûteux et avoir plus d'impact sur l'entreprise. Je pense que c'est un domaine qui nécessite davantage de recherches pour comprendre ce qui se passe, mais c'est en quelque sorte la façon dont nous l'avons interprété, c'est-à-dire qu'il semble que, oui, peut-être que le pourcentage d'incidents diminue, mais parmi ceux qui sont touchés, les impacts sont très importants et deviennent de plus en plus importants. 

Annik : L'une des choses qui m’a surprise dans l'article du Quotidien, c'est que je n'avais jamais entendu parler de l'assurance contre les cyber risques. Qu'est-ce que l'assurance contre les cyber risques ? Et dans quelle mesure cela fait-il partie du coût des affaires de nos jours ? 

Howard : L'assurance contre les cyber risques est un produit d'assurance proposé depuis déjà quelques années par diverses compagnies d'assurance. Elle a beaucoup évolué, je dirais, au cours de la dernière décennie en ce qui concerne la façon dont ces polices sont structurées et les types de choses qu'elles couvrent. Mais oui, nous avons constaté qu'au cours des dernières années, ces types de polices ont connu un certain essor.

En 2023, 22 % des entreprises ont déclaré avoir souscrit à une police d'assurance de ce type, soit une augmentation de 6 points de pourcentage par rapport à 2021. Ces polices peuvent donc couvrir diverses choses, comme les dépenses directes consécutives à un incident. De plus, les compagnies d'assurance offrent parfois aux entreprises l'accès à des consultants qui peuvent les aider à déterminer ce qu'elles doivent faire pour essayer de se remettre et d'améliorer leur cybersécurité à l'avenir. 

Annik : Y a-t-il eu d'autres surprises par rapport aux résultats ? 

Howard : On a demandé aux entreprises qui ont été touchées par des incidents, quelle était la méthode utilisée pour l'incident et l'un des grands changements que nous avons constaté en termes de méthodes est que beaucoup plus d'entreprises ont déclaré avoir été victimes d'un vol d'identité. Ce chiffre a augmenté de 11 points de pourcentage parmi celles qui ont été touchées par des incidents. Je pense donc qu'il s'agit d'une découverte intéressante et qu'on peut alors justifier des recherches plus approfondies car, en général, on ne pense pas qu'une entreprise est victime d'un vol d'identité, mais c’ est clair qu'il se passe quelque chose à ce niveau. On ne définit pas le concept d'usurpation d'identité dans l'enquête, de sorte que les entreprises classent elles-mêmes les incidents dans cette catégorie. Mais je pense qu'il vaut la peine d'examiner de plus près ce qui se passe.

Annik : Oui, tout à fait. Et pourquoi est-ce important pour un Canadien qui n'exploite pas d'entreprise? De quelle manière les consommateurs sont-ils affectés lorsqu'une entreprise subit un incident de cybersécurité?  

Howard : Les entreprises détiennent beaucoup de données personnelles sur leurs clients. Par conséquent, chaque fois qu'une entreprise est victime d'une violation de la cybersécurité, il est également possible que les informations d'une personne soient divulguées dans le cadre de cet incident. Il est donc important que les entreprises veillent à la sécurité des données de leurs clients.

Annik : Pourquoi les résultats de cette enquête sont-ils importants ? 

Howard : L'objectif premier de cette enquête est de donner une idée de l'économie en général et de l'impact de la cybersécurité et du cybercrime sur le monde des affaires. Ces statistiques alimentent diverses initiatives politiques au Canada. Il s'agit notamment de la Stratégie nationale de la cybersécurité. Ces résultats sont utilisés pour aider à prendre des décisions qui s'inscrivent dans le cadre de cette stratégie. En tant que pays, ces résultats sont donc importants, car ils servent de base à l'élaboration de notre stratégie nationale en matière de cybersécurité.

Annik : Quel est l’enseignement le plus important que vous retenez de cette recherche?  

Howard : Je pense qu’il y a quelques tendances intéressantes et je pense que le coût est quelque chose sur lequel nous devrions nous concentrer parce que cela montre que les incidents de cybersécurité ne sont pas en train de disparaître. Cela devient un problème croissant, même si le pourcentage d'entreprises qui sont confrontées au cybercrime est en baisse. Lorsqu'elles sont confrontées à ces incidents, il y a toujours des répercussions importantes. Et vous savez, c'est aussi une réalité qui peut affecter les individus.

Annik : Y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé inclure dans votre publication, mais que vous n'avez pas pu faire ? Ou cela vous a-t-il donné des idées pour de futurs rapports, de futures études ?  

Howard : Le domaine de la cybersécurité est en constante évolution. C'est un peu le jeu du chat et de la souris de la criminalité. Il y aura donc toujours de nouveaux domaines à explorer. 

Je pense que l'un d'entre eux, dont tout le monde parle depuis peu, est l’intelligence artificielle et la façon dont elle va se croiser avec la cybersécurité. Jusqu'à présent, nous n'avons pas vraiment abordé ce sujet dans l'enquête, mais je pense que c'est un domaine que nous pourrions explorer à l'avenir.  

Annik : Quel serait l'impact de l’intelligence artificielle sur la cybersécurité ? 

Howard : Je pense qu'il y a plusieurs façons de procéder. L'une d'entre elles est que nous constatons qu'un grand nombre de ces incidents de cybersécurité semblent être perpétrés en ciblant des vulnérabilités individuelles. Il s'agit en quelque sorte de piéger les employés pour qu'ils communiquent des informations. Et, vous savez, nous savons que l'intelligence artificielle générative peut être utilisée de cette manière pour essayer de créer quelque chose qui semble légitime alors qu'il ne l'est pas vraiment. Je pense donc que c'est un bon exemple de la façon dont l'intelligence artificielle pourrait être utilisée par les acteurs de la menace pour exécuter certains de ces incidents.  

Annik : Vous venez d’écouter Hé-coutez bien ! Merci à notre invité, Howard Bilodeau. 

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l’article « L’incidence du cybercrime sur les entreprises canadiennes, 2023 » sur le site web de Statistique Canada.

Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous recevez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers! Si vous avez aimez cette émission, la meilleure chose que vous puissiez faire pour la soutenir est de vous abonner, alors n'oubliez pas d'appuyer sur le bouton « Suivre » si ce n'est déjà fait. Merci !

Sources

Le Quotidien — Enquête canadienne sur l'utilisation d'Internet, 2022

Le Quotidien — L'incidence du cybercrime sur les entreprises canadiennes, 2023

Hé-coutez bien! Épisode 21 - L’intelligence artificielle va-t-elle voler votre emploi?

Date de diffusion : le 17 octobre, 2024

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Hé-coutez bien! Épisode 21 - L’intelligence artificielle va-t-elle voler votre emploi?

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

L'intelligence artificielle est là et elle ne va pas disparaître. Des applications telles que ChatGPT nous permettent désormais d'effectuer des tâches complexes en cliquant sur un bouton.

À mesure que nous commençons à utiliser ces nouvelles versions de l'IA, nos emplois sont destinés à changer. À quoi ressemblera une journée de travail moyenne dans dix ans? Quels sont les emplois sur lesquels l'IA aura le plus d'impact ? Et l'IA est-elle sur le point de remplacer complètement nos emplois?

Dans cet épisode, nous avons rencontré l'expert en IA Tahsin Mehdi, économiste à la division de l'analyse sociale et de la modélisation de Statistique Canada, pour répondre à nos questions sur la façon dont l'IA transformera notre vie professionnelle au Canada.

Animatrice

Annik Lepage

Invité

Tahsin Mehdi (Narration par Yves Gilbert)

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 21 - L’intelligence artificielle va-t-elle voler votre emploi? - Transcription

Transcription

Annik : Bonjour, pourriez-vous vous présenter avec votre nom et vote fonction.

Tahsin : Mon nom est Tahsin Mehdi et je suis économiste de recherche à Statistique Canada.

Annik : Qu'entendons-nous par intelligence artificielle ou IA et pourquoi est-ce que tout le monde en parle?

Tahsin : L'intelligence artificielle désigne la théorie et le développement de systèmes informatiques capable d'effectuer des tâches nécessitant normalement l'intelligence humaine.

En d'autres mots il s'agit de la capacité d'un ordinateur ou d'une machine à imiter l'interaction, la prise de décision et le processus de réflexion humain. Le terme automatisation est peut-être familier, mais l'IA n'est pas exactement la même chose que l'automatisation et donc c'est important de faire la distinction entre les deux concepts.

L'automatisation est l'utilisation de la technologie pour effectuer des tâches simples, routinières et non cognitives et l'IA est l'utilisation de la technologie pour effectuer des tâches complexes et non routinière et cognitives. Ce qui distingue L'IA c'est qu'elle peut être entraînée sur de grandes quantités de données, ce qui lui permet d'apprendre, de s'améliorer et de s'adapter au fil du temps.

Annik : Selon vous, combien de travailleurs pourraient être affectés par l'IA et quelles sont les différentes façons dont ils pourraient l'être?

Tahsin : L'IA se développe très rapidement. Nous ne savons donc pas vraiment quelle sera sa puissance à l'avenir.

Nous ne savons pas non plus comment les travailleurs, les entreprises et même les gouvernements pourraient réagir ou s'adapter à l'IA mais une étude récente de Statistique Canada apporte un éclairage sur les effets possibles de l'IA sur le marché du travail canadien.

Cette étude particulière est basée sur une méthode développée par la recherche universitaire ainsi que par le Fonds monétaire international.

Cette méthode est appliquée aux données canadiennes en combinant les données du recensement de 2021 sur les travailleurs avec les données d'un site web américain appelé Occupation information Network.

La méthode utilisée dans cette étude permet de mesurer dans quelles mesures différents emplois peuvent être exposés à l'IA. Les résultats montrent qu'environ 60 % de la main d'oeuvre canadienne pourraient occuper des emplois fortement exposés à l'IA.

Aussi, ce qui est vraiment intéressant, c'est que contrairement aux vagues de transformation technologique du passé qui touchaient principalement les travailleurs peu instruits qui effectuaient des tâches routinières l'IA est plus susceptible d'affecter les travailleurs plus instruits qui effectuent des tâches cognitives, car contrairement à l'automatisation, l'IA ne se limite pas à l'exécution de tâches répétitives.

Par le passé, les travailleurs des chaînes de montage et de l'industrie étaient donc les plus touchés, mais maintenant avec l'IA les emplois nécessitant une formation supérieure comme des technologies de l'information, l'éducation, les soins de santé, les affaires, l'ingénierie, pourraient également être touchés.

Cependant, un emploi fortement exposé à l'IA ne veut pas dire qu'Il y aura nécessairement un risque plus élevé de perte d'emploi, au minimum cela pourrait signifier un certain degré de transformation de l'emploi.

Lorsqu'on pense à l'automatisation ou à l'IA on imagine souvent des robots et des machines qui prendraient le relais de nos emplois mais on oublie que les nouvelles technologies pourraient également profiter à certains emplois. Par exemple avec l'invention d'ordinateurs numérique, c'est vrai que les ordinateurs ont remplacé certains emplois, mais ils ont également créé des emplois liés à la technologie numérique. Alors, même si 60 % des travailleurs pourraient être fortement exposés à l'IA, environ la moitié de ces 60 % occupent des emplois qui pourraient être très complémentaires, par exemple, les enseignants, les infirmières, les médecins et les ingénieurs. En général, ces emplois nécessitent un degré élevé de compétence en communication. Certains de ces emplois impliquent également d'assumer la responsabilité d'autres personnes. Par exemple, les médecins prennent constamment des décisions importantes sur la santé d'autres personnes. L'IA peut être utilisé par les médecins pour les aider à diagnostiquer des maladies et à pratiquer des opérations chirurgicales mais en fin de compte, la supervision humaine sera toujours nécessaire dans ces emplois où la marge d'erreur est si faible. Les enseignants peuvent aussi utiliser l'IA pour les aider à créer des plans de cours et du contenu personnalisé pour les élèves en fonction des styles d'apprentissage individuel.

Et l'autre moitié de ces 60 % de travailleurs fortement exposés à l'IA occupent des emplois qui pourraient être moins complémentaires avec l'IA ce qui signifie qu'il est possible qu'une part relativement plus importante de leur tâche quotidienne soit remplacée par l'IA dans le futur. Il peut s'agir d'emplois dans le commerce, la finance et l'informatique et bien d'autres mais cela ne signifie pas nécessairement que ces emplois disparaîtront. Cela pourrait simplement signifier que l'IA pourrait changer la nature de leur travail et de leur tâche quotidienne et peut-être les libérer pour effectuer un nouvel ensemble de tâches comme la supervision et la maintenance de l'infrastructure.

Nous devons toutefois garder à l'esprit que ces résultats comportent de grandes réserves. Une exposition relativement plus élevée à l'IA n'implique pas nécessairement un risque plus élevé des pertes d'emploi. Les entreprises ne remplaceront peut-être pas les travailleurs humains par l'IA même si cela est technologiquement possible en raison de contraintes financières. Les estimations reflètent une vision étroite de l'IA qui inclut l'IA générative comme ChatGPT mais elles ne tiennent pas compte de l'IA plus avancée.

Les capacités de l'IA vont se développer et les tâches que nous effectuons dans le cadre de notre travail pourraient évoluer au fil du temps. Les individus et les entreprises s'adapteront différemment aux changements.

Annik : Dans notre dernier épisode on a discuté du fait que le Canada a un problème de productivité. L'IA pourrait-elle être ce qu'il nous faut au Canada pour stimuler la productivité?

Tahsin : La croissance, la productivité du Canada, en particulier de la productivité du travail est depuis un certain temps derrière les pays comparables comme les États-Unis.

Naturellement, de nombreuses personnes se demandent si l'IA peut être considérée comme une nouvelle forme de capital, peut être une force positive pour stimuler la productivité. C'est certainement possible que l'IA ait des répercussions profondes sur la productivité et par extension sur le revenu des gens Mais il n'y a pas de réponse simple. Il n'y a pas de consensus clair sur la façon dont l'IA pourrait affecter la productivité. Certains analystes qualifient l'IA de révolution industrielle et la comparent à l'invention de l'ordinateur mais d'autres analystes affirment que la bulle de l'IA pourrait éclater et que l'IA est tout simplement surfaite et qu'elle pourrait ne pas entraîner d'augmentation significative de la productivité.

Nous n'avons pas encore une vue d'ensemble de la situation, car l'adoption de l'IA par les entreprises canadiennes en est encore à ses débuts, moins d'un dizième d'entre elles déclarent utiliser celle-ci. Nous devons également nous rappeler que notre croissance de la productivité dépend en partie de la performance des autres pays. L'IA pourrait avoir des impacts différents sur différentes économies, car les taux d'adoption varieront sans aucun doute à travers le monde. Par exemple, le boom informatique a entraîné une croissance considérable aux États-Unis pendant les années 90, mais son effet était moins prononcé dans d'autres pays et on pourrait donc se retrouver dans une situation similaire avec l'IA.

Alors, même si l'IA n'a pas d'impact sur la productivité globale, elle pourrait quand même avoir des effets distributifs sur certains segments d'économie en bénéficiant certains plus que d'autres.

Annik : D'accord. On a étudié une autre question récemment, celle du changement climatique. Selon vous, qu'en est-il du changement climatique et des emplois durables?

Tahsin : L'IA a l'opportunité de jouer un rôle essentiel non seulement dans l'économie, mais aussi dans les questions sociétales et environnementales, comme le changement climatique. Par exemple, l'IA pourrait être capable d'optimiser les pratiques agricoles en analysant les données sur les sols, la météo, les cultures, pour recommander les meilleurs moments pour planter, irriguer, récolter et ainsi de suite.

Cela peut potentiellement conduire à une utilisation plus efficace des ressources et à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. L'IA peut également analyser de grands ensembles de données provenant de satellites pour surveiller la déforestation, la fonte de la calotte glacière et d'autres changements environnementaux.

Elle peut également aider à prédire les tendances climatiques futures, ce qui aiderait les gouvernements et les organisations à réagir aux événements liés au climat. Il faut garder à l'esprit que les algorithmes à grande échelle peuvent être très gourmands en puissance et en énergie. Donc, même si l'IA offre de nombreux avantages potentiels pour atténuer l'impact du changement climatique, elle nécessite également une réflexion approfondie sur sa propre consommation d'énergie pour assurer qu'elle contribue positivement aux efforts de durabilité.

Une autre question intéressante liée aux changements climatiques est de savoir si l'IA peut créer des emplois et favoriser le développement d'emplois durables en accélérant l'innovation dans des domaines liés aux panneaux solaires et d'autres sources d'énergie propre. C'est possible, mais comme elle est encore à ses débuts, nous ne savons pas encore quel sera l'impact net sur l'emploi.

Annik : le dernier type de problème que je vais vous lancer est celui de l'inégalité des revenus. Comment l'IA peut-elle nous aider dans ce domaine?

Tahsin; Oui là, je pense qu'on a peut-être une meilleure idée. Dans le passé, l'automatisation touchait principalement les travailleurs les moins instruits et les moins bien payés, mais l'IA pourrait être différente car elle est plus susceptible d'affecter les travailleurs les plus instruits qui gagnent également plus.

Cependant, les travailleurs les plus instruits et les mieux payés sont également plus susceptibles d'occuper des emplois très complémentaires à l'IA. Ainsi, si quelques travailleurs situés au haut de l'échelle des revenus récoltent les effets positifs de l'IA et augmentent leur potentiel de revenu, cela peut éventuellement accroître les inégalités de revenu si la croissance des salaires reste stagnante en bas de l'échelle.

De plus, si seuls quelques entreprises adoptent l'IA et sont en mesure de conquérir une plus grande part du marché, en conséquence des revenus du capital pourraient être concentrés entre quelques individus et les actionnaires, ce qui pourrait également accroître les inégalités de revenus et de richesse

Annik : Je comprends. Donc, en ce qui concerne l'avenir, évidemment, vous n'avez pas de boule de cristal, mais on peut quand même faire de notre mieux pour essayer de deviner. Donc, les nouvelles technologies bouleversent constamment notre façon de travailler.

Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'emplois qui n'existent plus à cause des nouvelles technologies. On s'est amusé si à parcourir les ces exemples et à trouver des emplois intéressants qui existent plus, comme les conducteurs de calèche, les opérateurs d'ascenseur, les conducteurs de Pony express, les scribes, les crieurs publics, les allumeurs de réverbères. Ou en est, selon vous, l'échelle potentielle de l'IA si vous deviez classer les technologies perturbatrices d'une manière générale, quelle est l'importance de l'IA à l'heure actuelle? Et si vous pouviez réfléchir à son potentiel futur?Qu'en pensez-vous?

Tahsin : Pour l'instant, l'IA en est encore à ses débuts et les entreprises commencent seulement à l'utiliser. L'IA peut certainement être une force disruptive et a également le potentiel d'être révolutionnaire dans certains secteurs comme l'éducation et la santé. Elle peut façonner l'avenir de manière à la fois prometteuse et stimulante et je dirais qu'elle a déjà suscité beaucoup d'enthousiasme en même temps qu'elle suscite des inquiétudes. Alors ce mélange d'opportunité et d'incertitude continuera d'être au centre des discussions dans le monde de la technologie des affaires et au-delà. À l'heure actuelle, lorsque la plupart des gens pensent à l'IA, ils pensent probablement à l'IA générative comme Chat GPT qui a un système qui prend vos entrées et vous répond, il ne s'agit cependant que d'un type. À l'avenir il pourrait y avoir d'autres types d'IA comme l'IA général, qui est une forme plus avancée d'IA capable de penser et d'agir de manière autonome, sans intervention humaine.

Alors à l'avenir, l'IA facilitera-t-elle notre vie? Notre travail? Aurons-nous tous des voitures autonomes? On ne sait pas. Ce que nous pouvons faire, c'est de continuer à suivre l'adoption de l'IA et son potentiel sur les travailleurs, les entreprises, l'environnement, mais seul le temps nous dira quel sera son impact.

Annik : Pour beaucoup d'entre nous, notre travail représente une partie importante de notre identité alors que l'IA est de plus en plus capable de prendre en charge une part croissante de nos tâches professionnelles. Pensez-vous que nous perdrons ce sentiment d'appartenance à notre travail ou est ce qu'il s'agit simplement de s'adapter et de trouver un sens à ce paysage émergent de l'IA?

Tahsin : L'IA pourrait avoir un impact considérable sur la mesure dans laquelle les travailleurs trouvent leur travail significatif. Et pour vous donner un exemple concret, prenons les chercheurs comme moi. Les chercheurs peuvent passer beaucoup de temps à réfléchir aux questions de recherche, à découvrir ce qui existe déjà et à rassembler des sources de données potentielles.

Ces tâches peuvent nécessiter une bonne dose de créativité, mais si quelque chose comme chat gpt devait devenir meilleur que nous dans ces tâches et finalement prendre le relais de cet aspect de la recherche certains chercheurs qui valorisent ce processus créatif pourraient trouver leur travail moins significatif tandis que d'autres pourraient accueillir ce changement avec plaisir, car cela pourrait potentiellement leur faire gagner du temps et ils pourraient se concentrer sur d'autres tâches,

Annik : Comment les systèmes éducatifs peuvent-ils s'adapter pour préparer les étudiants et les futurs travaillants à un marché du travail axé sur l'IA?

Tahsin : Je dirais qu'une éducation centrée sur les compétences générales est essentielle. L'IA peut effectuer de nombreuses tâches techniques, mais des compétences comme la communication, la résolution de problèmes, l'intelligence émotionnelle, l'adaptabilité sont plus difficiles à reproduire pour les machines. La littératie numérique demeure importante. Évidemment, l'IA devient de plus en plus performante dans l'écriture de code et dans d'autres tâches que nous pourrions effectuer sur un ordinateur, mais elle est toujours susceptible de faire des erreurs et donc, il est de plus en plus important, de comprendre les bases de la technologie numérique, son rôle dans la société et d'apprendre à considérer d'un point de vue critique. Le rythme rapide des changements technologiques signifie que l'apprentissage peut être important après l'éducation formelle, que ce soit sur le lieu du travail ou dans le système scolaire formel. En fait, il est essentiel que les étudiants, comme tout le monde, apprennent les implications éthiques de l'IA. Apprendre à utiliser l'IA de manière responsable est donc une compétence en soi.

Annik : Pourquoi est-ce que les résultats de cette étude sont importants?

Tahsin : L'IA pourrait être le prochain grand perturbateur du marché du travail, même si nous ne pouvons pas prédire les effets de l'IA dans le futur, il est important de fournir une vue courante de l'IA afin de pouvoir éclairer les discussions liées à des sujets tel que la planification de carrière.

Annik : merci beaucoup, Tahsin, d'avoir partagé votre expertise avec nous.

Tahsin : Tout le plaisir était le mien. Merci.

Annik : Vous venez d'écouter Hé-coutez bien!

Vous pouvez vous abonner à cette émission à partir de n'importe lequel des sites où vous obtenez habituellement vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez surtout pas à la noter, à la commenter et à vous y abonner. Merci de nous avoir écouté!

Si vous vous intéressez à l'avenir de l'IA et à son impact potentiel sur la main-d'œuvre de demain, consultez l'article publié le 3 septembre intitulé Estimations expérimentales de l'exposition professionnelle potentielle à l'IA au Canada. Un article de suivi a été publié le 25 septembre sous le titre « Exposure to artificial intelligence in Canadian jobs : Experimental estimates. » Vous pouvez trouver les deux articles sur le site web de StatCan.

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Hé-coutez bien! Épisode 20 - Les économistes tirent la sonnette d'alarme sur la productivité

Date de diffusion : le 14 août 2024

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Les économistes tirent la sonnette d'alarme sur la productivité

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

La main-d’œuvre du Canada est l’une des plus scolarisées au monde, mais nous avons assisté à une réelle baisse de la productivité des travailleurs au cours des dernières années. Les données trimestrielles publiées par StatCan en juin 2024 confirment que les travailleurs canadiens continuent d’être moins performants que leurs voisins du Sud. Cette constatation ne surprend pas notre invitée Elizabeth Richards, économiste à StatCan. Les plus récents chiffres trimestriels confirment d’ailleurs la baisse continue de la productivité au Canada, que les économistes surveillent depuis des années.

Quels sont donc les facteurs qui ont une incidence sur la productivité des travailleurs? Et en quoi le fait que les Canadiens soient moins productifs est-il important? En fait, qu’est-ce que la productivité? Dans cet épisode, nous avons demandé à  Elizabeth de nous aider à comprendre comment nous en sommes arrivés là et pourquoi les Canadiens devraient s’intéresser à cette question.

Animatrice

Annik Lepage

Invitée

Elizabeth Richards

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 20 - Les économistes tirent la sonnette d'alarme sur la productivité - Transcription

Transcription

  Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien! un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage. Si vous avez suivi l'actualité économique cette année, il y a de fortes chances que vous ayez entendu dire que le Canada a un problème de productivité. De nombreux médias vont même jusqu'à parler d'une véritable situation d'urgence. Au début juin, StatCan a publié les chiffres du premier trimestre pour la productivité du travail en 2024 et ils sont en baisse de 0, 3 %. ce qui s'inscrit dans la tendance à l'affaiblissement que nous observons depuis quelques années.

Ce n'est pas très réjouissant, mais pourquoi cela se produit? Et comment cela affectera-t-il nos vies? Nous connaissons l'impact de l'inflation sur notre vie quotidienne. Une inflation plus élevée signifie des prix plus élevés pour nous, consommateurs à la pompe à l'épicerie et ainsi de suite. C'est assez clair.

Mais qu'en est-il de la productivité? Je comprends que si le travailleur Canadien moyen est moins productif, c'est mauvais pour l'économie, mais que signifie mauvais pour l'économie pour le Canadien moyen? J'ai rencontré Elizabeth Richards, économiste à StatCan, pour approfondir la question.

Elizabeth : Mon nom est Elizabeth Richards.

Je suis directrice et économiste dans la branche de recherche à Statistique Canada.

Annik : Bonjour, Elisabeth. Bienvenue à l'émission.

Elizabeth : Bonjour.

Annik : Alors aujourd'hui, nous allons parler de productivité. Comment définissez- vous ce concept?

Elizabeth : C'est une bonne question. Il y a différentes façons de calculer la productivité. Je dirais que la mesure la plus courante ou la plus populaire, c'est de regarder le PIB par heure travaillée donc le produit intérieur brut par heure travaillée. Puis même comme travailleurs nous-mêmes on peut penser à notre salaire horaire donc notre salaire par heure, ça pourrait être utilisé pour calculer notre contribution au PIB ou à l'économie. Il y a trois façons d'augmenter la productivité du travail qui sont importantes à soulever : la première, c'est l'augmentation des investissements des usines, des machines de l'équipement qu'on a comme travailleurs. La deuxième, c'est une amélioration des compétences des travailleurs. Donc penser à la main d'œuvre, à notre expérience, à notre éducation, ce qu'on apporte au marché du travail. Et la troisième, c'est d'autres facteurs comme l'innovation, la technologie qui peuvent aussi améliorer la productivité.

Annik : Que suggèrent les dernières données sur la productivité au Canada.

Elizabeth : Si on regarde la productivité récemment, on voit une baisse au cours de 12 des 15 derniers trimestres, donc des niveaux plus bas de ce qu'on avait vu avant la pandémie. C'est vraiment une continuation des tendances qu'on observe depuis environ 2014, 2015 où il y a eu une chute très importante, une baisse importante pour les prix de pétrole et de gaz.

Vraiment, on n'a pas vraiment vu de reprise après, surtout dans l'investissement du capital et dans la productivité depuis ce choc économique.

Annik : Comment le Canada se compare-t-il aux autres pays?

Elizabeth : Si on se compare avec les États-Unis, on voit que depuis l'an 2000, la croissance de la productivité aux États-Unis a été deux fois plus importante que celle du Canada puis il y a plusieurs facteurs qui contribuent. Si on regarde l'économie des États-Unis, ils sont très productifs dans des industries de technologie. dans des industries de télécommunications. Ce sont des industries qui sont moins importantes au Canada, au Canada, on a aussi plus de petites entreprises. Les États-Unis ont beaucoup de grandes entreprises qui sont typiquement plus productifs, plus concurrentes que des petites entreprises.

Mais vraiment, un des facteurs importants à souligner c'est cette baisse dans l'investissement du capital qu'on a vu après la chute des prix de pétrole et de gaz en 2014, 2015 donc on n'a vraiment pas vu de reprise dans l'investissement du capital. Donc encore, on pense aux usines, à l'équipement, aux machines, à tout ce que les travailleurs ont pour améliorer soit la quantité de ce qu'ils produisent par heure ou la qualité.

Annik : Pourquoi est-ce que les citoyens moyens devraient s'en préoccuper?

Elizabeth : Comme j'ai mentionné, la productivité est liée à ce qu'on produit par heure ou notre salaire par heure. Donc, si on veut voir des améliorations de la croissance importante dans nos salaires réels dans nos standards de vie, on doit voir plus de productivité comme travailleur

On doit faire plus de travail ou du meilleur travail, voir la qualité s'améliorer. Donc c'est important. Un de mes économistes préféré, Paul Krugman dit : la productivité n'est pas tout, mais à long terme, c'est presque tout, parce que c'est vraiment dans le long terme pour nos standards de vie, c'est important d'améliorer la productivité pour que nos salaires augmentent.

Annik : On parle beaucoup récemment de l'IA, de la réalité virtuelle des programmes robotiques. Comment est-ce que toutes ces technologies, ces nouvelles technologies dont on entend parler affecte potentiellement notre productivité.

Elizabeth : Une très bonne question. Il y a des opportunités importantes pour améliorer la productivité.

Au cours des dernières années, environ 6 % des entreprises canadiennes ont utilisé de l'intelligence artificielle pour produire des biens ou fournir des services. Je pense qu'on est vraiment au début du boom de cette tendance qu'on entend beaucoup parler, mais le potentiel d'amélioration de la productivité est considérable. C'est quelque chose comme bureau national de statistique qu'on doit examiner. On doit vraiment voir l'adoption de comment les entreprises utilisent la technologie et de meilleure comprendre l'impact sur la productivité, puis aussi comment on travaille comme travailleurs et comment les entreprises mènent leurs affaires.

Annik : Donc, dans l'ensemble, ces investissements aideront ils les travailleurs ou est ce qu'ils vont leur nuire?

Elizabeth : Très bonne question et aussi une question que je suis certaine intéresse plusieurs Canadiens. J'ai des collègues dans la branche de recherche qui font du travail très intéressant là-dessus, je peux vous parler de ce qu'on sait, mais encore ça va être un phénomène important pour nous de continuer à surveiller et de comprendre. J'ai un collègue qui a étudié l'impact de l'investissement dans les robots pour les entreprises. Puis contrairement à nos craintes, ce qu'il a trouvé, c'est que les entreprises qui ont acheté plus de robots ont embauché plus de gens après puis ont été beaucoup plus productifs aussi.

C'est certain qu'il y a une évolution dans le type de travailleur dont on a besoin, mais on voit des avantages très importants. J'ai des collègues qui font aussi une recherche qui va être publiée cet automne, puis ça parle de différents emplois ou d'occupation. Parce que la façon dont on va travailler avec l'intelligence artificielle ça dépend vraiment de notre travail, ça dépend vraiment de notre type d'emploi. Puisqu'ils ont trouvé que 40 % de nos emplois au Canada ne sont vraiment pas susceptibles à beaucoup de changements avec l'intelligence artificielle, mais il y en a 60 % qui sont susceptibles dans ce 60 % environ la moitié voient beaucoup d'avantages, beaucoup de complémentarité, ça pourrait rajouter de la valeur aux tâches que les humains font.

Ça pourrait développer de nouvelles tâches de nouvelles occupations. Donc il y a beaucoup d'avantages aussi. Je pense que ça va être important de continuer de regarder l'adoption, puis de comprendre tout ce phénomène, puis comment ça change de la façon dont on travaille.

Annik : Pourquoi ces résultats sont-ils importants?

Elizabeth : La communauté des économistes on pense souvent à la productivité. C'est un indicateur clé qui nous préoccupe. Puis on voit récemment beaucoup plus de préoccupations dans les médias qui s'expliquent par la performance pas aussi forte qu'aux États-Unis. Je pense que c'est important pour les Canadiens de comprendre leur contexte économique, de comprendre comment la productivité pourrait avoir un impact sur leur salaire, leurs niveaux de vie, puis aussi comprendre aussi comme travailleurs, les investissements qu'eux-mêmes peuvent prendre, comme aller chercher plus d'éducation, plus de formation sur la job, de comprendre comment la technologie peut leur aider faire leur travail. Ce sont des aspects qui sont importants

Annik : Et selon toi, quel est le principal enseignement à en tirer?

Elizabeth : Généralement ce que je dirais, c'est qu'on voit que les entreprises canadiennes innovent, mais on ne voit pas comment ces innovations se traduisent en une croissance de la productivité. Donc, vraiment, il va y avoir beaucoup d'attention dans la communauté des politiques publiques pour les Canadiens de comprendre mieux comment est-ce qu'on peut stimuler l'investissement des entreprises pour stimuler la productivité. Comment est-ce qu'on peut encourager les travailleurs et les entreprises à être ouvert à la technologie, à trouver de nouvelles façons de travailler, puis vraiment d'évoluer avec la technologie. C'est toutes des choses qui vont nous aider à investir dans la productivité au Canada.

Annik : Puis si on voudrait en savoir plus sur le sujet où est-ce qu'on peut aller?

Elizabeth : Absolument, sur le site web de Statistique Canada a plein de recherches, plein de données sur les entreprises d'adoption de la technologie et beaucoup à venir.

Annik : Merci beaucoup, Elizabeth.

Elizabeth : Ça me fait plaisir.

Annik : Vous venez d'écouter Hé-coutez bien! Merci à notre invitée, Elizabeth Richards. Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous recevez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission n'hésitez pas à la noter, à la commenter et à vous abonner.

Et merci de nous avoir écouté!