Section 1 : Les aliments au Canada

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Introduction

Les aliments sont beaucoup plus que des produits qui sont achetés et vendus. Ils sont essentiels à la vie humaine et ils jouent un rôle important dans notre culture et dans notre quotidien.

Les Canadiens représentent environ 0,5 % de la population mondiale 1 , produisent environ 1,5 % des aliments dans le monde et consomment environ 0,6 % de la production alimentaire mondiale 2 . En 2004, le Canada s'est classé au 8e rang dans le monde pour la production de céréales, y compris le blé, l'orge et l'avoine, au 10e rang pour la production de viande et au 19e rang pour la pêche et la production aquacole (tableau 1.1). Au fur et à mesure que la population mondiale augmente, l'interdépendance des ressources alimentaires, énergétiques et biologiques ainsi qu'en eau et en sols devient plus évidente.

En tant que produits, les aliments sont une composante importante de l'économie nationale du Canada. En 2007, 92 milliards de dollars ont été dépensés au titre des aliments et boissons dans les magasins 3 , et un autre 50 milliards de dollars dans les restaurants et bars 4 . Plus de 70 % des aliments achetés dans les magasins canadiens au cours de 2007 étaient produits au pays 5 . Plus de la moitié (57 %) des aliments importés au Canada proviennent des États-Unis et, de même, 55 % des exportations d'aliments du Canada sont à destination des États-Unis 6 . Les dépenses au titre des aliments et boissons alcoolisées augmentent, mais à un rythme inférieur à celui des dépenses au chapitre d'autres biens et services. En 1961, les Canadiens ont consacré 28 % de leurs dépenses personnelles aux aliments, mais en 2007 cette proportion était passée à 17 % (graphique 1.1).

Non seulement les Canadiens dépensent plus pour l'alimentation, mais ils achètent plus de calories 7 , 8 . Entre 1976 et 2007, le nombre de calories disponibles par personne a augmenté de 9 %, passant de 3 118 à 3 384 kilocalories. Toutefois, une partie de ces aliments sont gaspillés et l'on estime qu'en 2007 seulement 71 % des calories achetées ont été consommées 9 . Les aliments non consommés comprennent le gaspillage ou la détérioration dans les magasins, les ménages, les établissements et les restaurants ainsi que les pertes durant la préparation.

On associe souvent la production alimentaire agricole avec la petite ferme mixte, mais au fil des ans les fermes sont devenues plus spécialisées et leur taille moyenne a progressé. Entre 1931 et 2006, la superficie agricole totale au Canada a légèrement augmenté, tandis que le nombre d'exploitations agricoles a diminué de près de 70 %, passant de 728 623 à 229 373 10 . Outre la culture agricole et l'élevage d'animaux, les pêches commerciales sont une importante source d'aliments. En 2005, plus de 16 500 bateaux ont débarqué au Canada plus d'un million de tonnes de poissons et fruits de mer d'une valeur de plus de 2 milliards de dollars 11 .

La production alimentaire comprend toutefois beaucoup plus que l'agriculture et la pêche. Les aliments produits et les prises de la chasse ou de la pêche peuvent être traités par les grossistes, transformés, emballés, vendus, préparés, remballés et revendus. Bon nombre de ces étapes comprennent des services de transport, de vente au détail ou de publicité. Il est essentiel de connaître le type, l'ampleur et la distribution spatiale de ces activités intégrées pour comprendre l'impact de la production et des services alimentaires sur l'environnement. Les décisions concernant les biens durables, comme des automobiles, sont prises de temps à autre seulement, tandis que les décisions au sujet des biens non durables à acheter, comme les aliments, sont prises quotidiennement. Habituellement, les produits alimentaires sont produits au moyen de procédés à forte consommation d'énergie tandis que les services, fournis par les points de vente et les restaurants, sont moins énergivores 12 , 13 .

La réaffectation mondiale du maïs du système alimentaire à la production de biocombustibles a beaucoup retenu l'intérêt. En 2006, le Canada a contribué pour près de 600 millions de litres, soit un peu plus de 1 % de la production mondiale de 51 milliards de litres d'éthanol 14 . Au Canada, l'éthanol est produit à partir du blé dans les provinces de l'Ouest et à partir du maïs en Ontario et au Québec. En 2006, la production d'éthanol au Canada a consommé environ 0,5 Mt de blé et 1,0 Mt de maïs 15 , ce qui représente 2 % de la production totale de 25,3 Mt de blé et 11 % de la production totale de 9 Mt de maïs-grain 16 .

Le système alimentaire canadien

Le système alimentaire canadien comprend tous les produits qui sont produits ainsi que les activités et les procédés exécutés pour approvisionner en aliments les ménages et les restaurants et pour fournir des produits alimentaires destinés à l'exportation. Les données recueillies principalement pour des raisons d'ordre économique peuvent être utilisées pour fournir des éclaircissements sur l'impact éventuel du système alimentaire sur l'environnement canadien. (Encadré : Termes importants).

Termes importants

Les définitions des termes ci-dessous utilisés dans le présent article faciliteront l'examen des complexités environnementales qui entourent la production, la transformation et la distribution des aliments au Canada.

Terres agricoles :  terres qui se prêtent à l'agriculture.

Terres arables :  terres qui peuvent être cultivées, labourées.

Système alimentaire canadien :  englobe tous les produits qui sont produits ainsi que les activités et les procédés exécutés pour approvisionner en aliments les ménages et les restaurants et pour fournir des aliments destinés à l'exportation. Il englobe également les activités associées aux aliments importés une fois qu'ils sont entrés au pays.

Emploi :  les chiffres sur l'emploi dans le présent article proviennent principalement de l'Enquête sur la population active (EPA). Selon l'EPA, les personnes occupées sont celles qui, durant la semaine de référence de l'enquête, ont fait un travail quelconque contre rémunération ou en vue d'un bénéfice ou qui occupaient un emploi, mais étaient absentes du travail. Cette enquête fournit les chiffres sur l'emploi selon l'industrie et la profession, fondés sur les détails se rapportant à l'emploi principal du répondant.

Intensité énergétique :  quantité d'énergie consommée par unité d'activité économique.

Ferme :  superficie de terres utilisées aux fins d'activités agricoles comme la culture agricole et l'élevage d'animaux. Comprend aussi les terres occupées par les bâtiments de ferme.

Superficie agricole :  superficie totale de terres dans une ferme.

Terres agricoles :  comprennent les terres cultivées, les jachères et les terrains servant au pâturage.

Emploi lié à l'alimentation :  emploi direct et indirect lié au système alimentaire canadien.

Produit intérieur brut (PIB) lié à aux aliments :  valeur contribuée à l'économie (PIB) par des activités dans le cadre du système alimentaire canadien, y compris les effets directs et indirects des dépenses au titre des aliments.

Intensité des émissions de gaz à effet de serre :  volume de gaz à effet de serre (GES) émis par unité d'activité économique.

Secteur primaire : agriculture et pêche

L'agriculture et la pêche constituent le secteur primaire de l'alimentation et les activités sont menées dans les domaines de la production de cultures agricoles, de l'élevage d'animaux, de l'aquaculture et de la pêche commerciale. Seulement environ 7 % de la superficie totale des terres du Canada est utilisée à des fins agricoles et, en raison des conditions climatiques et du sol, la plupart des terres agricoles sont concentrées dans la partie sud du pays. Près de 70 % des terres agricoles du Canada sont des terres arables (sols aptes à la culture). En Australie, où il y a de grands troupeaux d'animaux de pâturage, seulement environ 11 % des terres agricoles sont des terres arables. Le Canada se classe au 7e rang dans le monde pour ce qui est de la superficie totale de terres arables (tableau 1.2).

Les aliments cultivés dans les potagers ou récoltés dans la nature pour consommation personnelle représentent une source de nourriture modeste, mais importante sur le plan culturel, qui fait partie également du secteur primaire. (Encadré : Sources d'aliments non commerciales). Ces aliments ne sont pas achetés et vendus dans l'économie et les données disponibles sur eux sont limitées.

Secteur secondaire : fabrication liée aux aliments

Le secteur secondaire de l'alimentation se compose des activités de fabrication liées aux aliments. Ces activités comprennent la production de biens à partir de matières premières, y compris la fabrication d'aliments et de boissons, la fabrication d'engrais et de pesticides et la fabrication de machines agricoles.

En 2007, la fabrication liée aux aliments était à l'origine de 12,1 % des ventes totales dans le secteur de la fabrication, part qui est demeurée constante au cours des dix dernières années 17 . Elle correspond à des ventes de 74,2 milliards de dollars 17  et à l'emploi de plus que 219 000 de personnes 18 .

Secteur tertiaire : services liés aux aliments

Le secteur tertiaire de l'alimentation englobe l'ensemble des activités liées à la fourniture de services liés aux aliments. Il comprend, par exemple, les services de transport, les services de restauration, la vente au détail d'aliments, la vente de gros de cultures et de bétail et la commercialisation.

Sources d'aliments non commerciales

De nombreux Canadiens s'adonnent au jardinage, à la chasse, à la pêche et à la récolte d'aliments sauvages comme les champignons, les noix et les petits fruits. Ces activités contribuent à notre système alimentaire des aliments qui habituellement ne sont pas saisis par nos mesures statistiques. Toutefois, dans le cadre d'enquêtes récentes, des données ont été recueillies sur la consommation de nourriture traditionnelle par les Inuits. Les Inuits sont les peuples autochtones de l'Arctique qui vivent principalement dans les collectivités côtières dans le Nord.

En 2005, 68 % des Inuits adultes dans l'Arctique canadien ont récolté de la nourriture traditionnelle. Dans les deux tiers des ménages inuits, au moins la moitié de la viande et du poisson consommés étaient d'origine traditionnelle. La tradition de partage des aliments demeure forte dans le Nord : en 2005, huit ménages inuits sur dix ont partagé avec d'autres des aliments récoltés.

Les Inuits récoltent de la nourriture traditionnelle dans la nature comme le caribou, le phoque, le canard, la baleine, le poisson et les petits fruits depuis des milliers d'années. La récolte et le partage de la nourriture traditionnelle constituent une activité précieuse qui vient renforcer l'importance de la famille et de la collectivité.

Dans le Nord, les aliments achetés au magasin, qui proviennent généralement du Sud, sont souvent chers à cause des frais de transport et d'entreposage élevés. En 2006 et 2007, le Panier de provisions nordique révisé, qui permet de surveiller le coût d'un régime nutritif pour une famille de quatre personnes pour une semaine, coûtait entre 350 $ et 450 $ dans des collectivités nordiques isolées comme Repulse Bay, Nunavut ou Old Crow, Yukon. Au cours de la même période, ce panier de provisions coûtait entre 195 $ et 225 $ dans des villes canadiennes du sud du pays, comme Ottawa ou Edmonton. En outre, les aliments transportés en provenance du Sud ne sont pas toujours frais et la nourriture traditionnelle offre une solution de rechange plus nutritive. La nourriture traditionnelle est saine, riche en éléments nutritifs essentiels et faible en sucres et en gras mauvais pour la santé. La dernière version du Guide alimentaire canadien comprend un guide pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis intégrant de la nourriture traditionnelle venant de la terre et de la mer.

Source(s) : 

Santé Canada, 2007. Bien manger avec le guide alimentaire canadien, Premières Nations, Inuit et Métis, www.hc-sc.gc.ca/fn-an/pubs/fnim-pnim/index-fra.php (site consulté le 8 décembre 2008).

Affaires indiennes et du Nord Canada, 2008. Panier de provisions nordique révisé – Principales constatations tirées des enquêtes sur les prix de 2006, 2007 et 2008, www.ainc-inac.gc.ca/nth/fon/fc/hpsr-fra.asp (site consulté le 15 décembre 2008).

Tait, Heather, 2008.« La santé et les conditions sociales des Inuits », Enquête auprès des peuples autochtones, 2006, no 001, no 89-637-X au catalogue de Statistique Canada.

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L'agriculture et la pêche dans une perspectivehistorique

L'histoire de l'alimentation au Canada commence avec les modes de vie axés sur la chasse et la cueillette, la pêche et l'agriculture des Premières Nations. Dans l'Est du Canada, les collectivités autochtones cultivaient le maïs, le haricot et la courge autour des Grands Lacs et du Saint-Laurent, et des groupes nomades s'adonnaient à la chasse et à la cueillette dans toute la forêt boréale. Le bison était d'importance capitale pour la vie dans les plaines et le saumon, pour la vie sur la côte du Pacifique.

Au 16e siècle, les Européens ont commencé à pêcher la morue au large des côtes de Terre-Neuve. Même s'il existe des registres des prises de poissons remontant jusqu'en 1874, il est difficile de faire des comparaisons avec les prises d'aujourd'hui puisque les registres étaient tenus de façon différente. En 1899, la prise commerciale était composée principalement de morue séchée, de merluche séchée, de saumon en conserve, de hareng frais et de homard frais 19 .

Les colons français ont commencé à cultiver la terre en Acadie et en Nouvelle-France au cours des années 1600. Dans l'Ouest, les colons ont commencé à cultiver la terre dans la colonie de la rivière Rouge après 1812. L'agriculture a pris son essor dans les provinces des Prairies après la Confédération puisque les colons qui arrivaient recevaient le titre de propriété d'un quart de section 20  de terre s'ils construisaient une habitation et cultivaient un cinquième de la superficie dans les trois années suivant leur arrivée.

Agriculture

En 1921, le Canada était en grande partie un pays rural, la moitié des Canadiens habitant en région rurale 21 , comparativement à moins d'un cinquième de la population en 2006 22 . Le nombre de personnes vivant sur la ferme a également diminué depuis le début du 20e siècle. Près du tiers des Canadiens vivaient sur des fermes en 1931, comparativement à 2 % en 2006 (graphique 1.2).

En 1921, l'agriculture était la profession la plus répandue, celle de 1 041 618 Canadiens, représentant 33 % de tous les emplois, suivie de la fabrication (17 %), du commerce (10 %) et du transport (8 %) 23 . À titre de comparaison, en 2006, 346 400 Canadiens étaient employés principalement dans le secteur de l'agriculture, représentant 2 % de l'emploi total 24 .

En 1921, 711 090 fermes couvraient 57,0 millions d'hectares de terres, y compris 20,2 millions d'hectares de terres cultivées. Depuis, le nombre de fermes a diminué, tandis que la superficie agricole et la superficie totale de terres cultivées ont augmenté (graphique 1.3). La production de nombreuses cultures, y compris le blé, l'orge, le maïs-grain, les pois, les graines de lin et les haricots secs, a connu une forte croissance de 1908 à 2008 (graphique 1.4). En outre, de nombreuses nouvelles cultures, y compris le canola, le soja et le maïs fourrager, sont maintenant cultivées à grande échelle au Canada.

La productivité agricole s'est également améliorée au cours de cette période; l'usage accru d'engrais, de pesticides et de meilleures variétés de semences ainsi que des pratiques et des technologies agricoles améliorées ont entraîné une augmentation du rendement moyen par hectare. Par exemple, au cours des cent dernières années, le rendement moyen d'un hectare de blé, d'avoine, d'orge et de maïs-grain a plus que doublé  25 .

Au fur et à mesure que les fermes se sont spécialisées, le nombre d'animaux élevés au Canada a augmenté. De 1921 à 2006, le nombre total de bovins et de veaux dans les fermes a crû de 88 % pour passer à 15,8 millions. Au cours de la même période, le nombre de porcs est passé de 3,3 millions à 15,0 millions, tandis que le nombre de poulets est passé de 41,1 millions à 125,3 millions 10 .

Avec la mécanisation agricole, le tracteur a remplacé le cheval. Le nombre de chevaux sur les fermes a diminué, passant d'un pic de 3,5 millions en 1921 à moins de 454 000 en 2006 10 . Le cheval, qui était généralement une bête de somme, sert maintenant davantage à des activités de loisirs. Le tracteur est devenu chose courante : en 2006, il y avait 733 182 tracteurs dans les fermes et 92 % des fermes avaient au moins un tracteur. À titre de comparaison, en 1921, seulement 6 % des fermes avaient un tracteur 10 .

En 2006, 327 070 agriculteurs exploitaient 229 373 fermes 26 . L'agriculture demeure principalement une entreprise familiale au Canada. En outre, les fermes les plus prospères sont de plus en plus grandes et spécialisées. En 2005, les recettes agricoles brutes s'établissaient à 42,2 milliards de dollars, en hausse de 10 % par rapport à 2000 27 . Le nombre de fermes dont les recettes s'élevaient à plus d'un million de dollars a augmenté au cours des dernières décennies, la proportion de fermes ayant un million de dollars de recettes passant de 0,3 % en 1980 à 2,6 % en 2005 10 . Ces grandes fermes étaient à l'origine de 40 % des recettes agricoles totales et elles étaient plus susceptibles d'être prospères : 86 % des fermes ayant des recettes supérieures à un million de dollars ont couvert leurs coûts d'exploitation en 2005 comparativement à 56 % de l'ensemble des fermes 28 .

L'agriculture, qu'il s'agisse de petites ou grandes fermes, peut avoir des répercussions sur l'environnement. De nombreuses pratiques ont été élaborées pour réduire les éventuels effets nuisibles des activités agricoles sur l'environnement. Par exemple, au lieu de laisser leurs champs nus, les agriculteurs réduisent souvent le labourage de manière à laisser des résidus de culture sur la surface du sol. Ces résidus protègent le sol de l'érosion et en augmentent le contenu en matières organiques. En outre, une gestion minutieuse de l'entreposage et de l'application du fumier contrôle les odeurs et réduit au minimum l'écoulement, protégeant la qualité de l'eau. Ces deux exemples de meilleures pratiques de gestion montrent des façons de cultiver la terre tout en réduisant au minimum les risques pour l'environnement.

Pêche

En 1921, 29 292 personnes ont déclaré la pêche ou le piégeage comme leur principal métier ou profession, représentant 0,9 % de l'emploi total. Historiquement, la pêche et la transformation du poisson ont grandement contribué à l'emploi dans les collectivités côtières, de nombreux pêcheurs pratiquant la pêche en saison. Toutefois, la décimation des stocks de morue et d'autres poissons de fond au large de la côte est dans les années 1990 a réduit l'emploi dans l'industrie. En 1990, 70 300 personnes étaient employées dans l'industrie de la pêche, de l'aquaculture et de la transformation de fruits de mer, représentant 0,5 % de l'emploi total  29 . En 2006, ce chiffre était passé à 52 100, représentant 0,3 % de l'emploi total.

Après la baisse survenue au début des années 1990, les prises de poisson commercial sont demeurées stables au cours des dernières années. En 2007, plus d'un million de tonnes de poisson ainsi que de mollusques et crustacés, d'une valeur de près de 2 milliards de dollars, ont été récoltées 30 . La crevette, le hareng, la merluche, le pétoncle, le maquereau et le homard représentaient le gros des débarquements commerciaux 31 .

L'aquaculture commerciale date des années 1950. Toutefois, la production a pris son essor seulement dans les années 1980 32 . La production aquacole est passée de 73 187 tonnes en 1996 à 172 374 tonnes en 2006, soit une hausse de 136 % (graphique 1.5).

En outre, la pêche est une activité de loisir pour de nombreux Canadiens. Dans l'ensemble, 2,4 millions de résidents canadiens adultes pratiquaient la pêche en 2005, en baisse par rapport à 3,3 millions en 1995. La popularité de la pêche récréative varie selon la région. Environ un adulte sur dix la pratiquait en 2005, proportion qui passait à un adulte sur trois à Terre-Neuve-et-Labrador (graphique 1.6).

La pêche sportive avec remise à l'eau a crû en popularité chez les pêcheurs qui pratiquent la pêche récréative. Les pêcheurs à la ligne résidents ont gardé le tiers de leurs prises en 2005, en baisse par rapport à près des trois quarts en 1985. Les touristes étaient plus susceptibles que les résidents de participer à la pêche avec remise à l'eau.

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Économie

Le système alimentaire canadien englobe tous les produits qui sont produits ainsi que les activités et les procédés qui sont exécutés pour approvisionner en aliments les ménages et les restaurants et pour fournir des biens pour exportation. Cela comprend les activités des industries dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire de l'économie se rapportant à la production et à la distribution d'aliments. Même s'il s'agit toujours d'une industrie de plusieurs milliards de dollars, la contribution relative du système alimentaire canadien au produit intérieur brut (PIB lié aux aliments) et à l'emploi est à la baisse (graphique 1.7). Cette constatation est corroborée par la tendance indiquée au graphique 1.1 montrant que les dépenses personnelles totales ont augmenté relativement plus que les dépenses au titre des aliments et des boissons alcoolisées depuis 1961. En outre, les Canadiens consomment davantage dans l'ensemble et ils consacrent une plus petite partie de leur revenu à l'alimentation que les citoyens de nombreux autres pays (tableau 1.3).

Tableaux d'entrées-sorties à Statistique Canada

La composante entrées-sorties du Système de comptabilité nationale du Canada à Statistique Canada représente la chaîne d'activités industrielles liées à la production et aux dépenses finales. Elle se compose de trois tableaux : 

  1. production brute de biens et services par les industries productrices;
  2. utilisation par les industries de biens et services et d'intrants primaires;
  3. dépenses finales des ménages, investissement des entreprises, dépenses finales des administrations publiques et des consommateurs étrangers, par bien et service.

Ensemble, ces tableaux fournissent des comptes détaillés des biens et services produits selon l'industrie et des biens et services achetés selon l'industrie ou le secteur de demande finale. Les mesures peuvent être utilisées pour relier les ventes de biens et services selon l'industrie aux achats de ces biens et services selon l'industrie pour montrer dans quelle mesure les industries sont interdépendantes. Cela montre également dans quelle mesure une industrie est axée principalement sur la demande intermédiaire ou sur la demande finale. Habituellement, cette information sert à des fins d'analyse économique, mais elle peut également être utilisée pour montrer l'impact de nos activités sur l'environnement.

À titre d'exemple, 10 des 303 industries incluses dans ces tableaux sont à l'origine des deux tiers des intrants (mesurés en dollars) dans l'industrie des produits de boulangerie et de petits pains. Cinq de ces dix industries fournissent des intrants alimentaires, y compris farine et sucre, et sont à l'origine de 48 % des intrants totaux. D'autres industries, y compris la fabrication de pellicules, feuilles et sacs en plastique (6 % des intrants), et la production, le transport et la distribution de l'électricité (2 %) figurent également parmi les dix industries qui viennent en tête.

Étant donné que les tableaux d'entrées-sorties montrent les coûts de la production de biens et services ainsi que la valeur des importations, cette relation financière peut fournir des éclaircissements sur les répercussions environnementales des activités économiques. Par exemple, en 2004, les ventes de pain totalisaient 2,6 milliards de dollars. Les tableaux décrits ci-dessus permettent d'établir le rapport entre cette demande de pain et les activités des industries qui produisent des sacs en plastique, de la publicité, de l'électricité et toute une série d'autres produits. On peut ensuite établir un lien entre l'utilisation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre, d'une part et, d'autre part, de la production industrielle totale. Autrement dit, on peut estimer la consommation d'énergie et les émissions attribuables aux dépenses finales au titre de certains produits et services.

Source(s) :  Statistique Canada, 2008. Guide des comptes des revenus et dépenses, no 13-017-X au catalogue.

Même si la contribution relative du système alimentaire à l'emploi au Canada a diminué, le nombre de personnes employées dans ce domaine a légèrement augmenté au cours des 40 dernières années. En 1964, 7,1 millions de personnes étaient occupées au Canada, dont environ 12 %, ou quelque 820 000 personnes, travaillaient dans un domaine lié au système alimentaire. En 2004, ce groupe comptait environ 860 000 travailleurs (5 % du nombre total de 16,2 millions de personnes occupées) 33 . En 2004, le système alimentaire a contribué pour 52 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB) de 1,2 billion de dollars 34 .

Les renseignements dans la présente section sont tirés des tableaux d'entrées-sorties du Canada, une représentation statistique des liens entre les divers secteurs de l'économie (Encadré : Tableaux d'entrées-sorties à Statistique Canada). La caractéristique principale des simulations fondées sur ces tableaux est leur capacité d'estimer les effets totaux 35  des dépenses de consommation, y compris les effets de ces dépenses lors des premières étapes de la production de biens et services. L'utilisation des tableaux d'entrées-sorties permet également de classer les entrées dans le système alimentaire canadien selon qu'elles proviennent des secteurs primaire, secondaire ou tertiaire de l'économie. La présente analyse ne comprend pas la production étrangère stimulée par les biens et services importés.

Contributions des aliments au produit intérieur brut

La répartition du PIB lié aux aliments à l'échelle de l'économie a évolué au cours des dernières décennies (graphique 1.8). En 1964, la production primaire de l'agriculture et de la pêche a contribué pour 28 % au PIB lié aux aliments. En 2004, cette part avait diminué, s'établissant à 13 %. En revanche, la contribution relative des services (le secteur tertiaire) était passée de 38 % à 56 %. Cette hausse est conforme à la tendance générale observée au Canada. La proportion de l'ensemble de l'économie résultant des services a augmenté progressivement, passant de 65 % en 1984 à 69 % en 2004 36 .

Dans le cas de tous les produits, y compris les aliments, il y a une différence entre le prix payé par le consommateur et le prix touché par le producteur. Cette différence, ou marge, est ajoutée par les grossistes, les détaillants, les taxes sur les produits et les entreprises qui transportent les marchandises. Au total, les marges représentaient 29 % des coûts des aliments en 1964, tandis qu'en 2004, elles représentaient 43 %. Les marges de détail ont connu la plus forte hausse, passant de 16 % du total des achats en 1964 à 22 % en 2004 (graphique 1.9). Les marges de gros ont également augmenté, passant de 4 % en 1964 à 9 % en 2004. Les marges de transport n'ont pas augmenté de façon marquée au cours de la période, mais les services de transport fournis par les producteurs, les grossistes et les détaillants de produits alimentaires pour leurs propres besoins ne sont pas inclus dans les chiffres pour les marges de transport. Très peu de renseignements sont disponibles sur ce type de transport.

Étant donné que les marges sont des services, plutôt que des biens, leur augmentation relative a contribué au déplacement d'une part du PIB lié aux aliments au secteur des services (graphique 1.8). Cette évolution tient également à la part accrue d'importations dans les achats d'aliments. Les importations représentaient 18 % des dépenses alimentaires totales en 1964, mais 25 % en 2004. Les marges sur les importations d'aliments contribuent au PIB du Canada, tandis que la production des aliments importés contribue au PIB des pays dont ils sont importés. Les aliments importés ont bien un petit effet indirect sur le PIB des secteurs primaire et manufacturier du Canada, mais ils ont un effet principalement sur le secteur des services.

La transformation des aliments et les autres activités qui augmentent le nombre d'étapes entre le producteur et le consommateur ajoutent une valeur économique au produit. Au fur et à mesure que la valeur ajoutée à un produit augmente, la contribution relative de la production du produit alimentaire à la valeur finale diminue. Toutefois, l'impact global sur l'environnement augmente lorsque des étapes intermédiaires sont ajoutées.

La contribution du secteur secondaire ou de la fabrication au PIB lié aux aliments est demeurée relativement constante au cours de la période de 1964 à 2004 (graphique 1.8).

Contributions des aliments à l'emploi

La proportion de la population active du Canada participant à la production d'aliments pour le système alimentaire canadien a diminué au cours des dernières décennies (graphique 1.10). En 1964, le nombre de travailleurs était à peu près égal dans la production alimentaire dans le secteur primaire et dans les services de transport, de vente au détail et de restauration du secteur tertiaire. En 2004, la part relative des personnes travaillant dans la production alimentaire avait baissé par rapport à celle des personnes fournissant des services liés aux aliments. La mécanisation accrue, l'usage plus répandu d'engrais et de pesticides, et l'amélioration des pratiques de gestion au cours des dernières décennies ont entraîné une réduction du nombre de personnes oeuvrant dans la production alimentaire dans le secteur primaire.

Les personnes employées dans le secteur secondaire du système alimentaire travaillent dans l'industrie de la transformation des aliments ainsi que dans des industries qui produisent des pesticides, des engrais, de l'équipement agricole, de l'emballage et d'autres produits liés aux aliments. La proportion de personnes employées dans ce secteur a diminué au cours de cette période, passant de 28 % à 19 %, tandis que la contribution du secteur au PIB lié aux aliments n'a diminué que de quatre points, passant de 35 % à 31 %.

De 1984 à 2004, la proportion de la population active totale travaillant dans les industries de service a augmenté, passant de 70 % à 75 %. 36  Cette tendance était encore plus marquée dans le cas des travailleurs du système alimentaire, dont la proportion dans les industries de service est passée de 51 % à 69 % au cours de la même période (graphique 1.10). Cela rend compte d'une plus grande variété de services alimentaires disponibles, y compris les services de traiteurs et les repas prêts à emporter, du fait que les gens dépensent une plus grande partie de leur revenu pour les repas pris au restaurant et de ce que les aliments importés ont pour effet d'accroître les activités dans le secteur des services (tertiaire) plutôt que dans le secteur de la fabrication (secondaire).

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Environnement

L'approvisionnement en aliments des ménages et la préparation d'aliments pour exportation exercent des pressions sur l'eau, les terres, le climat et l'air. Les trois composantes du système alimentaire — primaire, secondaire et tertiaire — ont des effets sur l'environnement.

Certaines activités agricoles peuvent entraîner l'épuisement des ressources en sols et en eau; par exemple, le taux actuel d'utilisation des ressources en eau et d'érosion des sols exerce des pressions sur l'environnement. Toutefois, d'autres pratiques de gestion agricole peuvent séquestrer le carbone dans les sols, protéger la qualité de l'eau et fournir un habitat à la faune. Les pêches peuvent transformer les écosystèmes océaniques et les écosystèmes d'eau douce par la pêche excessive et l'introduction d'espèces étrangères. Même si l'aquaculture peut fournir une solution de rechange aux pêches traditionnelles, elle contribue à la pollution des éléments nutritifs par les déchets de poisson et à l'épuisement des stocks de poissons naturels, qui servent à alimenter les poissons d'élevage.

Répartition des terres agricoles

Pour bien réussir en agriculture, il faut des conditions climatiques et des sols propices; or, la plupart des terres au Canada ne se prêtent pas à la culture. Selon l'inventaire des terres du Canada, le pays possède 45,7 millions d'hectares de terres cultivables se prêtant à la production de cultures annuelles à long terme, ce qui représente environ 5 % de la superficie totale de ses terres. La plupart de ces terres cultivables sont consacrées à l'agriculture, sauf celles qui sont occupées par des routes ou par des bâtiments. De plus, 72,4 millions d'hectares de terres se prêtent à des prairies semées et naturelles et peuvent servir au pâturage du bétail ou à la récolte du foin, mais elles sont soit marginales, soit non propices à la production annuelle de cultures 37 . En 2006, la superficie totale des terres des fermes du Canada représentait 67,6 millions d'hectares 38 , ou 7 % du territoire du Canada. Étant donné que les terres propices à la production de cultures à long terme sont limitées, accroître la superficie de terres cultivées peut entraîner une plus grande dépendance à l'égard des terres marginales.

Le Canada se divise en 15 écozones terrestres ayant des caractéristiques écologiques en commun (carte 1.1). Les écozones chevauchent les frontières administratives et représentent de grandes unités écologiques généralisées ayant des caractéristiques hydrographiques, climatiques, écologiques et topographiques homogènes. Les écozones sont ensuite subdivisées en 194 écorégions, caractérisées par des facteurs écologiques régionaux distincts, y compris le climat, la physiographie, la végétation, le sol, l'eau, la faune et l'utilisation des terres (tableau 1.4).

Le niveau d'activité agricole est significatif dans 7 des 15 écozones du Canada, à savoir le Bouclier boréal, l'écozone maritime de l'Atlantique, l'écozone des Plaines à forêts mixtes, des Plaines boréales, les Prairies, l'écozone maritime du Pacifique, et l'écozone de la Cordillère montagnarde. Toutefois, les fermes ne sont pas distribuées de façon égale entre ces écozones. En 2006, 63 % de la superficie agricole du Canada se trouvaient dans les Prairies, 20 %, dans les Plaines boréales et 10 %, dans les plaines à forêts mixtes, les 7 % restants se situant dans les autres écozones (graphique 1.11).

La plus forte proportion de terres consacrées à l'agriculture s'observe dans l'écozone des Prairies (86,6 %) et dans l'écozone des Plaines à forêts mixtes (38,0 %) (tableau 1.5; carte 1.2). La population croissante du Canada exerce des pressions sur certaines des terres agricoles les plus productives du Canada : entre 1971 et 2006, la population a augmenté de 56 % dans l'écozone des Prairies (tableau 1.5). En général, les terres agricoles dans chaque écozone sont consacrées surtout aux grandes cultures. L'écozone de la Cordillère montagnarde, fortement axée sur la production bovine, constitue une exception, la majorité de ses terres étant utilisées en pâturage.

Effets sur les terres

La capacité productive des terres agricoles du Canada est essentielle pour nourrir sa population et contribuer à la production alimentaire globale. Une saine gestion des terres peut accroître la fertilité des sols, permettant ainsi de préserver et d'enrichir les terres agricoles, mais certaines pratiques agricoles peuvent avoir des effets négatifs.

Programme national d'analyse et de rapport en matière de santé agroenvironnementale

En 1993, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) a établi un ensemble d'indicateurs agroenvironnementaux visant à permettre d'évaluer les répercussions des politiques agricoles sur l'environnement. Ces indicateurs ont permis de déterminer l'évolution des conditions environnementales dans l'agriculture au fil du temps et la façon dont ces changements peuvent être expliqués. Le Programme national d'analyse et de rapport en matière de santé agroenvironnementale (PNARSA) s'appuie sur ce travail initial et l'étoffe. Le programme vise à accroître la capacité du ministère d'élaborer et d'améliorer continuellement les indicateurs et les outils agroenvironnementaux de manière à intégrer ces indicateurs à l'élaboration des politiques. Le PNARSA utilise trois approches complémentaires, soit les indicateurs agroenvironnementaux, la modélisation et les prévisions environnementales et économiques, et l'évaluation agroenvironnementale.

En plus des indicateurs agricoles, les trois indicateurs suivants de l'industrie des aliments et des boissons sont en voie d'élaboration par le PNARSA : consommation d'énergie et émissions de gaz à effet de serre, consommation d'eau et production d'effluents, et résidus de produits organiques solides et déchets d'emballage.

Source(s) :  Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2007. Sommaire du PNARSA, www4.agr.gc.ca/AAFC-AAC/display-afficher.do?id=1182778580398&lang=fra (site consulté le 9 octobre 2008).

Utilisation de l'habitat agricole par la faune

Les agroécosystèmes, qui comprennent les terres cultivées, les pâturages, les terres humides, les terres boisées et les prairies naturelles, abritent de nombreuses espèces. En fait, nous savons que plus de 500 espèces d'oiseaux, de mammifères, de reptiles et d'amphibiens utilisent les terres des fermes canadiennes. Environ la moitié des vertébrés terrestres énumérés comme espèces menacées en 2004 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada se trouvaient sur les fermes. Par conséquent, les changements dans les agroécosystèmes peuvent avoir un impact sur la biodiversité, et les producteurs agricoles peuvent jouer un rôle important dans le maintien de la biodiversité 39 .

Les chercheurs comme les analystes des politiques s'intéressent aux mesures des répercussions sur la faune des changements de l'utilisation des terres (Encadré : Programme national d'analyse et de rapport en matière de santé agroenvironnementale). Un habitat faunique convenable doit comprendre les composantes particulières qui sont essentielles à la survie de la faune, soit nourriture, eau, abri et espace, et répondre également à des besoins comme la reproduction, la dispersion et la migration. Une étude a révélé qu'entre 1981 et 2001, la capacité d'habitats fauniques sur les fermes du Canada a diminué de 5 %. Cette diminution était associée à une expansion des terres cultivées, qui sont passées de 47 % à 54 % de la superficie agricole totale, et à une diminution des pâturages naturels riches en espèces, dont la superficie est passée de 25 % à 23 %. Les provinces des Prairies ont connu une petite diminution de leur capacité d'habitats fauniques et l'Est du Canada, des diminutions plus importantes. La Saskatchewan est la seule province où la capacité d'habitats fauniques a augmenté entre 1981 et 2001 40 .

De nombreuses pratiques de gestion sont bénéfiques pour l'habitat des espèces vivantes. La conservation des terres naturelles, comme les pâturages, les terres humides et les terrains boisés, la protection des zones riveraines (zones tampons) le long des ruisseaux et rivières, et le report de la fenaison et du pâturage jusqu'après que la plupart des oiseaux chanteurs et des sauvagines ont quitté le nid en sont quelques exemples 39 .

Travail du sol

Le travail du sol consiste à labourer et à cultiver le sol pour le préparer à la plantation ou à l'ensemencement. Le travail du sol conventionnel intègre ou enfouit la plupart des résidus de culture de l'année précédente dans le sol. Le travail de conservation du sol conserve la plupart des résidus de culture à la surface et comprend un travail du sol minimal. La culture sans travail du sol comprend l'ensemencement direct dans les résidus de culture en évitant tout travail mécanique du sol 41 .

Le type de travail du sol utilisé dépend de conditions particulières comme le climat, le sol et le type de culture. Les céréales, les oléagineux et les haricots se cultivent facilement au moyen de pratiques de conservation du sol ou de culture sans travail du sol. Les pommes de terre, toutefois, sont habituellement cultivées selon les méthodes classiques de travail du sol. Bien que le travail du sol conventionnel puisse accroître la porosité du sol et l'ameublir, il fragmente la structure du sol qui est alors davantage sujet au compactage, ce qui réduit l'infiltration de l'eau, l'échange d'air et la pénétration des racines. En outre, il rend le sol plus vulnérable à l'érosion éolienne et hydrique et accélère la décomposition de matières organiques. Le travail réduit du sol conserve l'humidité, la structure du sol et les matières organiques et réduit au minimum le risque d'érosion. La culture sans travail du sol comprend un plus petit nombre de passages avec des machines dans le champ, ce qui permet de réaliser des économies de carburant et de main-d'oeuvre.

Au Canada, la superficie des terres préparées pour ensemencement au moyen de travail du sol conventionnel est passée de 69 % en 1991 à 28 % en 2006 (tableau 1.6). La superficie des terres préparées pour ensemencement au moyen de travail de conservation du sol est demeurée relativement stable, augmentant légèrement pour passer de 24 % à 26 %, tandis que la superficie de culture sans travail du sol est passée de 6 % à 46 %. La culture sans travail du sol était la plus répandue dans l'écozone des Prairies, où 53 % des terres préparées pour l'ensemencement l'ont été sans travail du sol en 2006, en hausse de 8 % par rapport à 1991.

Le travail réduit du sol procure des avantages économiques et environnementaux. Les dépenses totales de carburant des agriculteurs pratiquant la culture sans travail du sol s'élevaient en moyenne à 39 dollars par hectare ensemencé. Les agriculteurs utilisant des pratiques de travail du sol conventionnel, en revanche, ont dépensé en moyenne 110 dollars par hectare ensemencé en carburant 42 . Cette réduction de l'utilisation de carburants diminue également la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre.

Érosion du sol

L'érosion du sol, qui est le déplacement du sol d'un endroit à un autre, enlève la couche arable riche en éléments nutritifs et contribue à l'effondrement de la structure du sol, altérant ainsi la fertilité du sol ainsi que la pénétration de l'eau dans le sol et son écoulement de la surface du sol. L'érosion peut aussi avoir des répercussions « hors site » sur l'environnement, y compris le transport et le dépôt de particules de sol dans de nouveaux endroits et la libération d'éléments nutritifs, de pesticides, de pathogènes et de toxines 43 . En outre, les habitats aquatiques subissent les effets de la sédimentation 44 .

L'érosion du sol peut être attribuable à l'effet du vent et de l'eau, sur lesquels les activités agricoles, comme le travail du sol, peuvent avoir une incidence. L'érosion du sol par l'eau est habituellement le résultat d'événements d'écoulement de surface attribuables aux pluies et à la fonte des neiges. Outre la sédimentation des ruisseaux, des rivières et des lacs, le sol érodé peut transporter des substances nutritives culturales, des pesticides et des bactéries, qui modifient la qualité de l'eau et réduisent les habitats du poisson et d'autres organismes aquatiques. Selon le rapport du Programme national d'analyse et de rapport en matière de santé agroenvironnementale, 86 % des terres cultivées présentaient un très faible risque d'érosion hydrique en 2001. Le risque a diminué dans la plupart des provinces entre 1981 et 2001, la diminution était de 8 % à l'échelle nationale. Les pratiques qui aident à contrôler l'érosion hydrique comprennent le travail réduit du sol et la gestion des résidus de culture; la plantation de cultures en rangs en travers de la pente ou suivant les contours du terrain; la culture en bandes; la culture de plantes couvre-sol d'hiver là où les sols présentent un risque d'érosion par l'écoulement hivernal; et l'inclusion de plantes fourragères, comme le foin et la luzerne, dans les rotations des cultures 43 .

Le risque d'érosion du sol par le vent est le plus élevé dans les provinces des Prairies au climat sec où de larges superficies de terres cultivées sont peu protégées contre le vent. Le risque d'érosion éolienne a diminué de 40 % entre 1981 et 2001, tandis que la proportion de terres dans les catégories de risque faible à très faible a augmenté, passant de 84 % en 1981 à 92 % en 2001. Le risque d'érosion éolienne dans les Prairies a diminué progressivement entre 1981 et 2001 en raison de changements dans les systèmes de culture et les pratiques de travail du sol 43 . Les changements les plus notables comprennent une réduction de 50 % de la quantité de jachères (terres laissées non ensemencées pour conserver l'humidité dans le sol), l'expansion du double de la superficie en productions fourragères et une forte augmentation de l'adoption de systèmes de travail réduit du sol.

Effets sur l'eau

Les technologies faisant intervenir la mécanisation, la génétique, la science des éléments nutritifs et l'irrigation ont favorisé l'augmentation de la production de cultures et d'animaux d'élevage. De même, les technologies utilisées dans les industries de la pêche et de l'aquaculture ont entraîné des rendements accrus. Toutefois, l'utilisation de certaines de ces technologies peut avoir une incidence sur la qualité et la disponibilité de l'eau. En outre, l'eau est essentielle à la fabrication d'aliments. En 2005, les industries manufacturières canadiennes ont prélevé au total 7 779 millions de mètres cubes d'eau et les industries alimentaires 17,6 % de cette quantité d'eau, soit 1 367 millions de mètres cubes 45 .

Éléments nutritifs et pesticides

Les engrais commerciaux et le fumier de bétail fournissent les éléments nutritifs essentiels à la croissance des plantes, comme l'azote et le phosphore. Appliqués dans des conditions idéales et à des taux optimaux, les engrais et le fumier ont un impact minimal sur la qualité de l'eau. Toutefois, il faut veiller à ce qu'ils soient appliqués correctement pour réduire au minimum les écoulements de surface et la lixiviation, qui se produisent habituellement durant les épisodes de pluie intense et la fonte des neiges au printemps 32 .

Mal appliqués, les éléments nutritifs dans les engrais et le fumier de bétail peuvent s'écouler dans les plans d'eau de surface et s'infiltrer dans les eaux souterraines. L'azote et le phosphore peuvent encourager la croissance excessive des plantes aquatiques. Lorsque ces plantes meurent et se décomposent, l'oxygène dissout est éliminé de l'eau par un processus appelé eutrophisation, rendant l'eau inhabitable pour les poissons et d'autres formes de vie aquatique 46 .

Entre 1971 et 2006, il y a eu une augmentation de la superficie des terres fertilisées dans chacune des sept écozones ayant un niveau d'activité agricole significatif (tableau 1.7). Les plus fortes augmentations se sont observées dans l'écozone des Prairies (381 %) et dans l'écozone de la Cordillère montagnarde (201 %).

Le fumier de bétail est riche en éléments nutritifs et en matières organiques, de sorte qu'il est un engrais précieux pour les cultures agricoles. Toutefois, il peut également être une source d'odeurs et de pathogènes 47 . De bonnes pratiques de gestion peuvent faire la différence entre une ressource précieuse et un polluant.

En 2006, le bétail a produit 168 milliers de tonnes de fumier (tableau 1.8), une hausse de 12 % par rapport à 1981 48 . La production de fumier était concentrée dans le centre et le sud de l'Alberta, dans l'écozone des Prairies, ainsi que dans le Sud-Ouest de l'Ontario et le Sud-Est du Québec, deux régions situées dans l'écozone des Plaines à forêts mixtes. Les bovins à viande étaient à l'origine de la plus grande proportion du fumier produit en Alberta, tandis qu'une large gamme d'animaux, y compris la volaille, les bovins à viande, les vaches laitières et le porc, ont contribué à la production de fumier en Ontario et au Québec 49 .

Ce fumier contenait 1 million de tonnes d'azote, 279 milliers de tonnes de phosphore et 602 milliers de tonnes de potasse. L'écozone maritime du Pacifique avait la production la plus élevée d'éléments nutritifs provenant du fumier par superficie agricole (tableau 1.8) en raison d'une production importante de volaille, d'oeufs et de produits laitiers relativement à la superficie de terres agricoles dans la région. Cependant, tout ce fumier n'est pas répandu dans l'écozone; il peut être transporté vers d'autres fermes ou séché et mis en sacs pour la vente 50 . La quantité totale de fumier à elle seule n'est pas un indicateur de son impact sur l'environnement, puisque chaque type de fumier de bétail a une odeur et des éléments nutritifs qui lui sont propres.

La manutention de ce gros volume de fumier exige un effort considérable, le ramassage, le transport et l'épandage du fumier prenant du temps et de l'énergie. Le fumier peut être utilisé à la place d'engrais chimiques, ce qui réduit les coûts. Il faut cependant prendre soin d'éviter les effets sur l'environnement. Plusieurs provinces ont adopté des dispositions législatives rigoureuses relativement à la manutention du fumier et à la gestion des éléments nutritifs. L'analyse du sol et des éléments nutritifs du fumier avant l'épandage constitue la meilleure façon de déterminer la quantité à utiliser, puisque différentes cultures ont différents besoins en matière d'éléments nutritifs.

Les pesticides sont épandus sur les cultures agricoles pour lutter contre les mauvaises herbes, les insectes et d'autres organismes nuisibles. Cependant, si les pesticides peuvent aider à maintenir le rendement et la qualité des récoltes, ils peuvent également contaminer l'eau par l'écoulement de surface et l'infiltration des eaux souterraines. En 2005, la zone d'épandage d'herbicides sur les fermes était de 190 % plus étendue qu'en 1970. En 2005, la plus grande superficie de terres traitées par l'épandage d'herbicides se trouvait en Saskatchewan, suivie de l'Alberta et du Manitoba (graphique 1.12). L'utilisation d'herbicides a permis de réduire les jachères et d'accroître la culture sans travail du sol, avec tous les avantages environnementaux associés à cette pratique. Entre 1971 et 2006, les agriculteurs dans les écozones des Plaines boréales et des Prairies ont affiché la plus forte augmentation des dépenses par superficie agricole au chapitre des produits chimiques (tableau 1.9).

Les agriculteurs utilisent également plusieurs autres méthodes non chimiques de lutte contre les ravageurs. En 2006, la rotation des cultures était la méthode la plus répandue, représentant 33 % de toutes les méthodes de rechange de lutte contre les ravageurs à l'échelle du Canada. D'autres méthodes répandues comprennent le travail du sol (16 %) et l'utilisation de plantes résistantes aux ravageurs (13 %) 51 .

Utilisation de l'eau

L'eau est essentielle aux cultures agricoles et à la production animale. En 2001, environ 4,8 milliards de mètres cubes d'eau ont été utilisés par le secteur agricole pour irriguer les cultures, abreuver le bétail, pulvériser les pesticides et laver les machines au Canada 52 . La majorité (92 %) de cette eau a été utilisée aux fins d'irrigation. L'utilisation de l'eau à des fins agricoles varie d'une région à l'autre en raison de différentes conditions climatiques et de diverses exigences relatives aux cultures. Le volume d'eau utilisé à des fins agricoles en Alberta, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique représentait 92 % du volume total d'eau utilisé en 2001.

En 2005, la pratique de l'irrigation était déclarée sur 7 % des fermes canadiennes. De la superficie totale irriguée au Canada en 2005, 64 % se trouvait en Alberta et un autre 14 % en Colombie-Britannique 27 . En 2007, 91 % des irrigants canadiens ont déclaré utiliser une ou plusieurs pratiques pour conserver l'eau et l'énergie 53 . Des agriculteurs dont on sait qu'ils pratiquaient l'irrigation, 60 % utilisaient l'eau pour nettoyer les bâtiments de ferme ou l'équipement agricole et 54 %, pour pulvériser des pesticides ou des engrais (tableau 1.10).

La consommation d'eau selon l'industrie, calculée comme étant l'eau prélevée moins l'eau évacuée, donne une indication de la quantité d'eau perdue durant la production, habituellement par incorporation d'eau dans les produits ou par évaporation. En 2005, les industries manufacturières ont consommé environ 1 051,1 millions de mètres cubes d'eau, soit 13,5 % de la quantité totale d'eau prélevée, 7 778,9 millions de mètres cubes 54 . Les industries alimentaires constituaient les plus grands consommateurs d'eau, consommant 272,7 millions de mètres cubes d'eau ou 25,9 % du total 45 .

Pêche commerciale

La pêche commerciale se trouve aux prises avec plusieurs problèmes environnementaux, y compris la surpêche, la capture accessoire et les dommages à l'habitat. La surexploitation est devenue un sujet de préoccupations croissant vers la fin des années 1980. Dans les provinces de l'Atlantique, la surpêche a grandement appauvri de nombreux stocks de poissons de fond, et le gouvernement fédéral a imposé des moratoires sur la pêche à la morue et d'autres pêches. De même, une diminution marquée des stocks de saumon s'observe depuis 1995 sur la côte Ouest. La diminution des prises de saumon a été attribuée en partie à la destruction de l'habitat résultant d'activités forestières, de la construction de routes, de la pollution industrielle, du lessivage des terres cultivées et de l'urbanisation 32 .

Outre la diminution de la biomasse globale de poisson exploité commercialement, on observe une réduction de la structure de la taille de plusieurs espèces 55 . Les activités de pêche visent le poisson plus gros et de plus grande valeur, ce qui a pour effet de réduire la taille moyenne du poisson dans la population. La capacité de reproduction est réduite de ce fait, puisque les poissons plus petits produisent moins d'oeufs 56 , 57 .

La capture accessoire, c'est-à-dire la prise d'espèces non visées durant la pêche, peut comprendre des poissons qui sont invendables, de taille trop petite ou en voie de disparition. Les prises de la pêche au chalut sur le Plateau néo-écossais comprennent entre 50 et 400 espèces en plus des espèces visées 55 . La plus grande partie des captures accessoires est rejetée. Le type d'engins de pêche utilisés peut influer sur la probabilité de capture accessoire et le volume des prises, et certains engins peuvent causer des dommages à l'habitat. Par exemple, le chalutage et le dragage apportent des changements dans les communautés aquatiques du fond océanique et réduisent la productivité de ces habitats 57 , 55 .

Aquaculture

L'aquaculture est l'élevage de poissons, de plantes aquatiques, de crustacés et de mollusques en eau douce ou en mer. Les produits aquacoles peuvent être élevés dans les eaux intérieures dans des installations à circuit fermé, dans des étangs, des lacs et des baies d'eau douce, ou encore en pleine mer 58 . Au fur et à mesure que la demande de poisson et de fruits de mer augmente, l'aquaculture, qui vient s'ajouter aux pêches traditionnelles, peut éliminer les pressions qui s'exercent sur les stocks de poissons sauvages. L'aquaculture représente une proportion croissante de la production de poisson et fruits de mer, proportion qui est passée de 7 % en 1996 à 14 % en 2007 (selon le poids) 59 . Toutefois, les répercussions de l'aquaculture sur l'environnement sont une source d'inquiétude.

Les déchets de poisson provenant de l'aquaculture peuvent présenter un problème si les eaux réceptrices ne peuvent les assimiler et elles deviennent donc polluées. Les déchets organiques comprennent les nitrates et les phosphates. Ces déchets peuvent avoir une incidence sur les écosystèmes et les habitats côtiers 60  en stimulant la prolifération d'algues dans les masses d'eau concernées dont la teneur en oxygène devient alors insuffisante. Ils peuvent également être la cause de sédimentation sous les parcs en filet 61 .

En outre, l'aquaculture peut influer sur la biodiversité de l'écosystème aquatique. Certains poissons d'élevage ont un régime alimentaire à base de poissons sauvages et ils peuvent transmettre des agents pathogènes aux populations de l'endroit. Les poissons peuvent s'évader des parcs aquacoles vers les milieux aquatiques sauvages où ils se nourrissent d'espèces de poissons indigènes et font concurrence pour des ressources limitées 61 .

Dans les eaux intérieures, les fermes en circuit fermé d'élevage d'espèces comme la truite arc-en-ciel, le tilapia, la barbue de rivière, l'esturgeon et l'omble chevalier peuvent avoir moins d'effets sur l'environnement que les fermes en haute mer ou les parcs dans les baies et les bras d'eau. Ces piscicultures en eaux intérieures ne sont pas en contact avec les populations de poissons sauvages et évitent de ce fait les effets liés aux dommages à l'habitat et à la dégradation de l'habitat, à la pollution et aux épidémies 62 .

Effets sur le climat

Émissions de gaz à effet de serre

Selon le Rapport d'inventaire national 1990-2006, les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant de l'activité agricole, l'utilisation d'énergie non comprise, ont augmenté de 12,4 Mt, ou 25 %, entre 1990 et 2006 (tableau 1.11). L'agriculture a contribué 62 Mt, ou 8,6 % des émissions totales de GES du Canada en 2006 63 . Les émissions agricoles liées à l'utilisation de combustibles fossiles pour produire de l'énergie, y compris pour faire fonctionner les tracteurs et pour chauffer et sécher les céréales, sont déclarées à la rubrique portant sur la production et l'utilisation d'énergie. En 2006, le volume net de GES stocké dans les terres cultivées s'établissait à 1,4 Mt. L'adoption continue de pratiques de culture sans travail du sol et de travail réduit du sol ainsi que la réduction des jachères expliquent la tendance à la baisse de l'absorption croissante de GES dans les terres cultivées 63 .

En 2006, 56 % des émissions de GES provenant de l'agriculture étaient sous forme d'oxyde nitreux (N2O) et 44 %, sous forme de méthane (CH463 . Tous deux sont des GES plus puissants que le dioxyde de carbone (CO2). Les sources d'émissions provenant du secteur agricole comprennent les processus digestifs du bétail (CH4), le fumier (N2O et CH4), les engrais (N2O) et les cultures agricoles (N2O). Les facteurs contribuant à l'augmentation des émissions de GES en provenance du secteur agricole comprennent l'expansion de l'industrie des bovins à viande et de l'industrie du porc, ainsi que l'utilisation accrue d'engrais azotés 63 .

Le Rapport d'inventaire national fait le suivi de la quantité de GES émise, mais il est également possible de comparer les intensités d'émission de GES de diverses industries 64 . Par exemple, en 2004, les cultures agricoles et l'élevage ont émis 3,1 tonnes d'émissions d'équivalent CO2 par millier de dollars courants de production (T éqCO2/1 000 $).

Les GES sont également émis durant les activités de fabrication liées aux aliments. Avec des émissions de 4,0 T éqCO2/1 000 $, la fabrication de pesticides, d'engrais et d'autres produits chimiques agricoles avait l'intensité des émissions la plus élevée parmi les 56 industries secondaires. Sept des 12 industries de fabrication d'aliments ou de boissons se sont situées parmi les 20 au sommet de l'échelle : la fabrication de produits de la viande s'est classée au cinquième rang, à 1,9 T éqCO2/1 000 $ et la fabrication de produits laitiers, au septième rang avec des émissions de 1,7 T éqCO2/1 000 $. Globalement, l'intensité des émissions a diminué depuis 1990, 49 des 56 industries dans ce secteur ayant réduit l'intensité de leurs émissions de GES en 2004 relativement aux niveaux de 1990 65 .

Effets sur l'air

Les principaux contaminants atmosphériques (PCA) sont un groupe de polluants qui causent le smog, les pluies acides et d'autres problèmes environnementaux. L'agriculture est une source importante de deux PCA, soit l'ammoniac (NH3) et les matières particulaires (MP). L'ammoniac irrite les yeux, le nez et la gorge lorsqu'il est inhalé en petites quantités. Il se combine dans l'atmosphère avec les sulfates et les nitrates pour former des particules fines (PM2.5) secondaires qui peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine et l'environnement 66  .

L'agriculture est la principale source d'émissions de NH3 dans l'atmosphère. En 2006, 90 % des émissions totales d'ammoniac au Canada étaient attribuables à l'agriculture 67 . Ces émissions sont attribuables à la gestion des déchets du bétail et de la volaille et à l'épandage de pesticides et d'engrais.

Les matières particulaires sont des particules en suspension dans l'air sous forme solide ou liquide. Les matières particulaires ont été liées à plusieurs troubles cardiaques et maladies respiratoires et à diverses formes de maladies du coeur. Elles peuvent également avoir des effets néfastes sur la végétation et les structures, et contribuer à une visibilité réduite et à la mauvaise qualité de l'air 68 . En 2006, l'agriculture était la troisième plus importante source d'émissions de matières particulaires. L'activité agricole était à l'origine de 12 % des émissions totales, après les travaux de construction (20 %) et les poussières provenant des routes (62 %) 67 .

Photo

Société

L'alimentation fait partie intégrante de la culture, des traditions et de la vie de la famille. Les divers choix d'aliments au Canada reflètent son histoire et les tendances d'immigration. Les Canadiens ont adopté à la fois la nourriture traditionnelle comme le saumon, le rôti de boeuf et la tourtière et des aliments introduits plus récemment, dont la pizza, le chow mein, les pérogies, les caris et le pain pita.

Le régime alimentaire canadien a beaucoup évolué depuis les débuts de l'histoire du pays quand la majorité des besoins alimentaires étaient satisfaits localement. Une variété toujours croissante d'aliments s'offre aux Canadiens. On peut maintenant choisir parmi des douzaines de céréales pour petit déjeuner et des fruits et des légumes frais autrefois considérés comme exotiques sont maintenant disponibles à longueur d'année 69 . Par exemple, entre 1960 et 2007, le total des fruits disponibles par personne est passé de 88,3 kg à 137,4 kg. Les mangues et les goyaves ont été incluses dans ce total pour la première fois en 1980; en 2007, elles représentaient 1,3 kg par personne par an 70 .

Les aliments sont importants également du point de vue de l'emploi; en effet, ils influent non seulement sur les agriculteurs et les pêcheurs qui les produisent, mais aussi sur ceux qui les transportent, les entreposent, les vendent, les préparent et les servent.

Les effets de l'activité humaine sur l'environnement sont complexes. Pour faciliter la communication de ces effets, on utilise de plus en plus des concepts de ressources virtuelles ou grises (Encadré : Énergie grise et eau virtuelle). Même si ces mesures sont des approximations, le fait qu'elles fournissent une mesure commune du coût environnemental relatif des activités est instructif.

Tous les processus liés à la production, la fabrication, la distribution et la vente au détail d'aliments consomment de l'énergie; la plupart d'entre eux entraînent l'émission de gaz à effet de serre ainsi que d'autres polluants et produisent des déchets. En 2006, l'industrie alimentaire a affecté 317,9 millions de dollars aux dépenses d'exploitation pour la protection de l'environnement et dépensé un autre 123,8 millions de dollars en immobilisations. La plupart de ces fonds ont été consacrés aux services de gestion des déchets et des eaux usées, aux procédés de lutte contre la pollution et aux procédés de prévention de la pollution 71 .

Énergie grise et eau virtuelle

« Énergie grise » s'entend de la quantité d'énergie nécessaire pour produire et fournir un produit ou un service à son consommateur. On parle parfois d'énergie « virtuelle » ou « cachée ». De même, « eau virtuelle » s'entend de l'eau utilisée pour la production d'un bien ou d'un service; il s'agit de la quantité totale d'eau utilisée aux diverses étapes de la chaîne de production.

Le concept de ressources virtuelles ou grises nous aide à prendre conscience de la quantité d'eau et d'énergie nécessaire pour produire des biens et fournir des services, et il apporte des éclaircissements sur l'impact de ces activités sur l'environnement. En outre, ces renseignements sont applicables lorsque les biens et services sont échangés entre pays qui peuvent avoir différentes disponibilités en matière de ressources.

Que mangent les Canadiens?

Le Guide alimentaire canadien recommande le nombre de portions d'aliments que les Canadiens devraient consommer chaque jour selon l'âge et le sexe 72  . Par exemple, les femmes de 19 à 50 ans devraient consommer quotidiennement de 7 à 8 portions de fruits et légumes, de 6 à 7 portions de produits céréaliers, 2 portions de lait et substituts, et 2 portions de viande et substituts.

Depuis 1976, le nombre moyen de calories disponibles par personne dans les ressources alimentaires du Canada a augmenté de 9 %, passant de 3 118 kcal à 3 384 kcal (graphique 1.138 .

Tous ces aliments ne sont pas consommés; il y a du gaspillage résultant de la détérioration des aliments et d'autres pertes en magasin, dans les restaurants et dans les ménages. En 2007, les pertes d'aliments solides ont été estimées à plus de 6.0 millions de tonnes entre le niveau de vente au détail et l'assiette, ce qui équivaut à 183 kg par personne 7 , 9 . Un autre 2.8 milliards de litres de liquides, y compris le lait et les produits du lait, le café, le thé, les boissons gazeuses et les jus, ont également été gaspillés. Ces pertes ne comprennent pas les pertes au niveau de la production ou durant la transformation des aliments.

Les déchets alimentaires peuvent être compostés, mais ils aboutissent souvent dans les sites d'enfouissement ou sont envoyés aux égouts. Les déchets alimentaires peuvent également représenter un gaspillage d'autres ressources, puisque la production, le transport et la préparation d'aliments consomment des quantités considérables d'eau et d'énergie et produisent des émissions considérables de gaz à effet de serre.

Plus de 70 % des aliments achetés par les Canadiens sont produits au pays, y compris 80 % des produits laitiers et de la viande, et 76 % du pain et des céréales. Les importations représentent 40 % de tous les poissons et les fruits et légumes achetés 5 .

En 2007, environ 24 milliards de dollars d'aliments ont été importés au Canada en provenance de 198 pays 6 . Les dix principaux pays étaient à l'origine de 80 % de la valeur des importations d'aliments et les pays à l'extérieur du continent nord-américain, à l'origine de 40 % (tableau 1.12).

Les Canadiens dépensent proportionnellement moins pour l'alimentation aujourd'hui qu'ils ne le faisaient dans le passé. En 1913, dans 60 villes, plus de la moitié du budget hebdomadaire de la famille était consacré aux aliments de base 73  . Depuis, les aliments sont devenus relativement moins coûteux, tandis que les dépenses au chapitre d'autres biens et services ont augmenté. En 1961, les dépenses au titre de l'alimentation, y compris les repas pris au restaurant et les boissons alcoolisées, représentaient 28 % des dépenses de consommation totales au Canada. En 2007, ce chiffre était passé à 17 % (graphique 1.1).

En 2007, les Canadiens ont dépensé 75 milliards de dollars dans les magasins en aliments et en boissons non alcoolisées. Les parts les plus importantes sont allées aux produits de la viande et du poisson, ainsi qu'aux fruits et légumes (16 % dans l'un et l'autre cas). Venaient ensuite le pain et les céréales ainsi que les produits laitiers (y compris les oeufs), qui comptaient pour 12 % dans chaque cas 5 . Les dépenses au titre de la bière, du vin et des boissons alcoolisées achetés en magasin totalisaient 17 milliards de dollars.

Les aliments biologiques gagnent en popularité. En 2007, 45 % des ménages ont déclaré acheter souvent ou parfois des produits alimentaires biologiques et 5 % achetaient des aliments biologiques tout le temps 74 . Enfin, 48 % des ménages achetaient rarement des aliments biologiques ou n'en achetaient jamais.

Les produits alimentaires biologiques sont cultivés ou produits au moyen de méthodes de production biologiques. Les exigences sont nombreuses, mais, de façon générale, l'agriculture biologique évite l'utilisation d'engrais chimiques, de pesticides de synthèse et de médicaments vétérinaires, les organismes génétiquement modifiés et certaines substances utilisées dans la transformation des aliments et pour la conservation des aliments 75  . En outre, les producteurs biologiques doivent tenir des registres minutieux pour documenter l'intégrité biologique. Au Canada, les principes de production biologique soulignent qu'il importe de protéger l'environnement, de réduire au minimum la dégradation, l'érosion et la pollution des sols, d'optimiser la productivité biologique, et de garantir le traitement sans cruauté des animaux.

En 2006, plus de 15 500 fermes, soit 6,8 % de l'ensemble des fermes au Canada, ont cultivé biologiquement des produits alimentaires. La proportion la plus élevée s'observait en Colombie-Britannique, où 16,3 % des fermes ont produit des aliments au moyen de méthodes biologiques (tableau 1.13). Toutes les fermes n'avaient pas la certification biologique, ce qui signifiait que leurs méthodes de production biologique et leurs produits ont été vérifiés par un organisme de certification. Un peu plus de 3 500 fermes étaient officiellement certifiées en 2006 et 640 étaient en voie de recevoir leur certification biologique officielle.

Certaines provinces exigent que les produits portant l'étiquette « biologique » soient certifiés. Selon le nouveau règlement national intitulé Règlement sur les produits biologiques, qui entrera en vigueur le 30 juin 2009, tous les produits biologiques importés, exportés ou vendus dans d'autres provinces devront être certifiés par un organisme de certification accrédité. Même si seules les fermes qui sont certifiées peuvent utiliser le terme « biologique », d'autres agriculteurs peuvent décider d'adopter certains des principes biologiques, voire tous, pour des raisons commerciales ou de gérance, et ils doivent se conformer à toute une série de règlements visant à protéger la santé, l'environnement et le bien-être des animaux.

Manger au restaurant ou commander des mets prêts à emporter est une activité sociale régulière pour de nombreuses personnes. En 2007, les Canadiens ont consacré 41 milliards de dollars aux repas pris au restaurant et 9 milliards de dollars à l'achat de boissons alcoolisées dans des établissements détenant une licence, ce qui équivaut à plus de 1 500 dollars par personne 76 . En 2007, 95 % des ménages ont acheté des aliments au restaurant 77 .

Cuisiner à la maison et manger au restaurant sont des activités qui ne polluent pas beaucoup. Toutefois, il faut reconnaître les effets plus vastes de ces activités, résultant de la consommation d'énergie, des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que des déchets alimentaires et autres déchets qui doivent être éliminés.

Consommation d'énergie et émissions de gaz à effet de serre liées à la production d'aliments pour les ménages

De 1990 à 2003, les activités à la maison ont été directement ou indirectement à l'origine de 45 % à 50 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) produites au Canada chaque année. Environ le tiers des émissions des ménages provenaient directement de la consommation de carburants pour véhicules et de combustibles de chauffage du foyer. Les autres deux tiers provenaient indirectement de la production de biens et de services achetés par les ménages 78  .

En 2003, les Canadiens ont dépensé 63,5 milliards de dollars au chapitre des aliments et des boissons non alcoolisées achetés au magasin 4 . Ces achats ont entraîné la production de 45 687 kilotonnes de gaz à effet de serre, équivalant à 14 % de toutes les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre attribuables aux ménages 79  .

Il faut passer par de nombreuses étapes pour mettre de la nourriture sur la table, dont bon nombre consomment de l'énergie et produisent des émissions de GES. Les combustibles sont utilisés pour labourer la terre et semer des cultures; les engrais et les pesticides sont fabriqués et appliqués, les aliments sont récoltés et expédiés aux établissements de transformation, et l'électricité est utilisée pour laver et emballer les aliments.

L'analyse présentée dans cette section est fondée sur les données tirées des tableaux d'entrées-sorties nationaux. L'analyse faite à partir de ces tableaux permet de calculer la consommation d'énergie et les émissions de GES liées à chacune des 719 catégories de biens et services, y compris des produits alimentaires. Les résultats comprennent la consommation d'énergie et les émissions de GES associées à la production à l'étranger de produits alimentaires importés (Encadré : Une note sur la méthodologie).

En 2003, près du quart de toutes les émissions de GES liées aux aliments étaient attribuables à la production de viande fraîche et congelée, tandis que les produits du poisson ont contribué le moins à ces émissions (2 %). Les aliments préparés et les produits laitiers ainsi que les oeufs ont contribué chacun pour environ 20 % aux émissions de GES liées aux aliments en 2003 (graphique 1.14). Les sources importantes d'émissions de GES associées à la production alimentaire comprennent l'utilisation d'engrais (N2O), la gestion du fumier (N2O et CH4), et les processus digestifs du bétail (CH4).

La quantité d'énergie requise pour produire les aliments montre une autre dimension de l'impact du système alimentaire sur l'environnement (graphique 1.15). La consommation de l'énergie est distribuée plus également sur l'ensemble des catégories alimentaires que les émissions de GES, mais les trois catégories principales sont les mêmes. La production d'aliments préparés a consommé plus d'énergie que les autres groupes alimentaires (19 %), reflétant les intrants énergétiques requis pour la transformation de ces aliments. Les produits laitiers et les oeufs étaient à l'origine de 18 % de la consommation d'énergie, et la viande fraîche et congelée, à l'origine de 14 %.

En 2003, les dépenses au titre de sept produits différents représentaient 40 % des émissions de GES et 31 % de la consommation totale d'énergie liée aux aliments (tableau 1.14). Le boeuf et le fromage se sont classés au premier et au deuxième rang pour la contribution en pourcentage tant aux émissions totales de GES qu'à la consommation totale d'énergie. Même si des quantités semblables d'énergie ont été utilisées pour produire ces aliments en 2003, les dépenses globales au chapitre du boeuf ont fait plus que doubler les émissions de GES.

Une note sur la méthodologie

Les données utilisées dans la section intitulée « Consommation d'énergie et émissions de gaz à effet de serre liées à la production d'aliments pour les ménages » sont tirées des Comptes des flux de matière et d'énergie (CFME) de Statistique Canada. Ces comptes intègrent les données environnementales aux données économiques provenant du Système de comptabilité nationale du Canada (SCNC). Le SCNC est la source de plusieurs des plus importants indicateurs de l'activité économique de Statistique Canada, y compris le produit intérieur brut (PIB). Les comptes d'entrées-sorties (ES), qui produisent des statistiques très détaillées sur la production et la consommation pour 303 industries, 719 biens et services et 170 catégories de demande finale, constituent l'une des principales composantes du SCNC.

Les CFME font le suivi de la consommation d'énergie et de la production d'émissions par chaque industrie et secteur de demande finale, conformément au cadre comptable des ES. Les flux sont reliés grâce à la classification commune des industries et des biens et services des tableaux d'ES. Ces liens permettent d'analyser l'interaction entre l'activité économique et les émissions de gaz à effet de serre.

Les comptes utilisés aux fins de cette analyse comprennent seulement les données sur les trois principaux gaz à effet de serre, à savoir le dioxyde de carbone, le méthane et l'oxyde nitreux, et ne comprennent pas de données sur les émissions provenant de la décomposition ou de l'incinération des déchets.

Les coefficients d'émission d'Environnement Canada sont appliqués aux données du compte d'utilisation d'énergie de Statistique Canada, qui s'appuient également sur les cadres de l'industrie et des produits du SCNC. Les données sur l'utilisation d'énergie proviennent principalement de l'Enquête sur la consommation industrielle d'énergie de Statistique Canada, d'enquêtes sur les transports, du Bulletin sur la disponibilité et l'écoulement d'énergie au Canada et du recensement des mines effectué par Ressources naturelles Canada.

Les émissions directes des ménages sont les gaz à effet de serre émis lorsque les gens conduisent leurs véhicules à des fins privées et chauffent leurs maisons avec des combustibles fossiles.

Les émissions indirectes des ménages sont les gaz à effet de serre que les industries émettent pour produire les biens et services que les gens achètent pour consommation.

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