Section 5
Qui contribue le plus au taux global de faible revenu? Une analyse par décomposition

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Les divers seuils de faible revenu peuvent également être évalués en fonction de groupes de personnes, par exemple, en quantifiant la contribution de chaque groupe à l'indice agrégé. Pour cela, il est utile de procéder à une analyse par décomposition. Cette dernière consiste à estimer la contribution de chaque groupe au faible revenu. Un seuil de faible revenu ne peut pas être considéré comme plausible si l'analyse révèle que les personnes dont les ressources sont gravement restreintes contribuent peu aux statistiques globales sur le faible revenu. Prenant cette proposition pour prémisse, nous avons examiné plusieurs groupes de personnes qui ont été identifiés indépendamment comme courant un risque élevé d'exclusion sociale. Dans le contexte canadien, ces groupes comprennent les personnes seules de 45 à 59 ans, les parents seuls et leurs enfants, les membres des familles dans lesquels les principaux soutiens sont des Autochtones vivant hors réserve, les nouveaux immigrants ou les personnes ayant des limitations professionnelles12.

Pour simplifier, nous avons choisi de décomposer uniquement la prévalence du faible revenu3. Pour cela, nous avons d'abord classé les personnes dans des groupes mutuellement exclusifs. Si nous classons N personnes d'une population dans k groupes mutuellement exclusifs, chaque groupe contenant nj personnes, l'indice de prévalence du faible revenu, P0, peut être décomposé additivement de la façon suivante

Description

Équation 3

P0j est la prévalence du faible revenu dans le je groupe de personnes. Ici, nous avons classé la population canadienne en sept groupes mutuellement exclusifs : les personnes qui appartiennent à l'un, et uniquement un, des cinq groupes à haut risque susmentionné, un groupe à risque multiple comprenant les personnes qui sont membres d'au moins deux des cinq groupes, et le reste de la population. Donc, une mère seule qui n'est pas une nouvelle immigrante, qui n'est pas une Autochtone vivant hors réserve et qui n'a pas de limitations professionnelles appartiendra à la catégorie des parents seuls, tandis qu'une mère seule qui est aussi une nouvelle immigrante sera classée dans le groupe à risque multiple4. Les résultats de la décomposition sous divers seuils de faible revenu sont présentés au tableau 5.

Tableau 5 Décomposition de la prévalence du faible revenu sous divers seuils

En outre, les personnes exposées à des risques multiples avaient tendance à contribuer davantage à la prévalence du faible revenu sous la mesure de faible revenu (MFR) fixe que sous les autres seuils. Selon la MFR fixe, la contribution de ces personnes à la prévalence du faible revenu était de 14 % à 19 %, tandis que selon les trois autres seuils, elle était de 12 % à 17 %. Cependant, les deux MFR semblaient plus faibles que le seuil de faible revenu (SFR) et la mesure du panier de consommation (MPC) pour ce qui est de déceler les personnes appartenant à des familles dont les principaux soutiens étaient de nouveaux immigrants. Sous les MFR, la contribution de ces personnes à la prévalence du faible revenu était de 4 %, tandis que sous le SFR et la MPC, leur contribution minimale était de 6 %.

L'observation que les personnes appartenant à des familles dirigées par de nouveaux immigrants contribuaient plus à la prévalence du faible revenu sous le SFR et la MPC que sous les deux MFR tient vraisemblablement à deux faits. 1) Les deux MFR ne tiennent pas compte des variations du coût de la vie dans les diverses localités considérées, tandis que la MPC et, dans une moindre mesure, le SFR le font et 2) les nouveaux immigrants au Canada choisissent en très grande majorité de s'établir dans les grandes villes5. Dans le cas de la MPC et du SFR, les seuils étaient élevés dans les grandes villes, tandis que dans le cas de la MFR, ils étaient indépendants de la taille de la ville et, étant donné que le revenu des nouveaux immigrants était habituellement faible, il n'est pas étonnant qu'un plus grand nombre de nouveaux immigrants vivant dans les grandes villes aient été détectés au moyen du SFR et de la MPC qu'au moyen des deux MFR6.


Notes

  1. Voir, par exemple, Buirstein (2005).
  2. Les nouveaux immigrants sont définis comme étant ceux qui avaient vécu au Canada pendant une période de deux à dix ans. Ceux qui vivent au Canada depuis un an ou moins pourraient ne pas disposer de renseignements complets sur le revenu et ont donc été exclus.
  3. Les autres indices de Foster-Greer-Thorbecke (FGT) peuvent être décomposés de la même façon. Voir Foster et coll. (1984).
  4. Les groupes n'ont pas tous des interactions avec les autres : un Autochtone ne peut pas être un nouvel immigrant, mais il peut être un parent seul, tandis qu'une personne seule peut être un nouvel immigrant, mais ne peut pas être un parent seul.
  5. Par exemple, plus de 60 % des immigrants arrivés au Canada entre 1996 et 2001 se sont installés à Toronto et à Vancouver. Voir Citoyenneté et Immigration Canada (2005) ou Bernard (2008).
  6. Cela peut se voir facilement en examinant les tableaux A1 à A3 en annexe qui montrent que les seuils de revenu pour les grandes villes sont plus élevés que pour les petites villes ou les régions rurales. En effet, dans le cas de la MPC, les seuils calculés pour Toronto et Vancouver étaient les plus élevés du pays.
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