Hé-coutez bien! Épisode 6 - Créés égaux
Date de diffusion : le 16 mars 2022
Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Le Canada est une société plurielle, ayant un patrimoine culturel d'une grande richesse. Les divers peuples issus des quatre coins du monde ont fait du Canada une terre d'accueil. Néanmoins, même dans une société aussi plurielle que la nôtre, il peut être difficile d'éliminer toutes les formes de discrimination. Dans cet épisode, nous avons voulu porter un regard critique sur la manière dont les préjugés qui nourrissent le racisme systémique peuvent avoir un effet même sur les éléments les plus neutres : nos données. Les données ont la réputation de refléter la réalité de la manière la plus factuelle possible, mais est-ce toujours le cas? Nous nous sommes aussi questionnés sur le rôle que peuvent jouer les données dans la lutte pour une société canadienne plus équitable.
Animatrice
Mélanie Charron
Invités
- Sarah Messou-Ghelazzi, Agente de communication, Statistique Canada
- Filsan Hujaleh, Analyste au Centre d'analyse des données sociales et d'innovation à Statistique Canada
- Jeff Latimer, directeur général, responsable de la Santé, Justice, Diversité et Population à Statistique Canada
- Pauline Tuitoek, directrice ajointe au Centre des statistiques sur le genre, la diversité et l'inclusion à Statistique Canada
Écoutez
Hé-coutez bien! Épisode 6 - Créés égaux - Transcription
Sarah : J'ai une expérience personnelle avec le racisme systémique effectivement c'est vrai que jusqu'à ce qu'il y ait toutes ces manifestations toute cette ébullition autour du racisme systémique c'est vrai que jusqu'à présent je m'étais considérée comme étant relativement privilégiée dans le sens où même si j'ai peut-être vécu des micro-agressions c'est généralement des choses qui peuvent glisser plus ou moins en fonction du caractère de la personne.
Mélanie : Vous êtes à l'écoute d'Hé-coutez bien, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice Mélanie. Le sujet d'aujourd'hui a été suggéré par notre collègue, Sarah.
Sarah Messou Ghelazzi : Bonjour, mon nom est Sarah Messou Ghelazzi, je travaille en communication pour Statistique Canada.
Mélanie : Bonjour Sarah, merci d'être avec nous. Qu'est-ce qui t'a incité à proposer un balado au sujet du racisme systémique?
Sarah Messou Ghelazzi : L'idée du balado sur le racisme systémique m'est venue au cours de l'année passée lorsque j'ai observé tout ce qui s'est passé un peu partout dans le monde finalement. Que ce soit les révoltes, la manifestation qu'il y a eu un peu partout aux quatre coins du Canada, que ce soit à Montréal et surtout celle à Ottawa à laquelle j'ai participée où notre premier ministre a fait un geste justement de reconnaissance que le racisme systémique existait. Et surtout qu'il était prêt à s'engager dans la lutte contre le racisme systémique ici au Canada.
Mélanie : Qu'espères-tu que les auditeurs retiennent de notre entretien?
Sarah Messou Ghelazzi : Déjà je tiens à saluer le fait que on en parle...! Ce que j'ai apprécié au cours des deux dernières années, c'est que on est passé du racisme systémique est un mythe au racisme systémique existe...vraiment et il faut faire quelque chose. Donc déjà ça c'est bien! Je pense que quand on connaît les histoires des gens ça les humanise. On dépasse la couleur, la culture qui est différente et on rentre dans la richesse de l'être humain. Et c'est ce que j'aimerais que chaque auditeur retienne.
Mélanie : Merci Sarah. Écoutons maintenant nos collègues Filsan, Jeff, et Pauline nous expliquer comment ce thème se décline dans leurs projets.
Filsan Hujaleh : Je m'appelle Filsan Hujaleh et je suis analyste au Centre d'analyse des données sociales et d'innovation à Statistique Canada. Je fais de la recherche qui porte sur les groupes racialisés. Plus spécifiquement c'est de la recherche qui est plus semblable à de la recherche sur l'immigration ethnoculturelle.
Je fais de la recherche liée aux groupes racialisés. Plus spécifiquement chez les divers groupes dont ceux dont les identités se croisent. Il s'agit donc d'examiner des groupes de population différents, mais on examine les questions liées à l'inclusion et à l'exclusion liées à la racialisation, et les différentes expériences qui en découlent.
Mélanie : Pourriez-vous nous aider à comprendre ce qu'est le racisme systémique?
Filsan Hujaleh : Donc la Commission ontarienne des droits de la personne définit la discrimination systémique comme des comportements, des politiques ou des pratiques qui font partie des structures d'une organisation et qui créent ou perpétuent des désavantages pour les personnes racialisées.
Prenons l' exemple des jeunes Noirs qui naviguent dans différents systèmes qui sont interconnectés; donc, si vous regardez par exemple le système d'éducation. Ont-ils le soutien nécessaire à leur disposition en dehors de ce système et ce système en question peut-il répondre à leur besoins? Ou encore, est-ce qu'ils se sentent représentés dans le curriculum? Est-ce qu'ils sont plus surveillés? Vous savez, dans les écoles? Est-ce qu'il y a des comportements sous-entendus, suggérant subtilement d'agir ou de s'habiller d'une certaine façon selon une certaine «norme», et qu'ils ne correspondent pas à cette norme ou encore y a-t-il la suggestion d'autres pratiques d'exclusion qui se produisent dans l'école? C'est une façon de voir les choses, et si vous regardez en dehors de ça, s'ils marchent dans la rue ou s'ils sont Noirs, sont-ils plus susceptibles d'être surveillé et d'être contrôlé, et ils ne sont pas autorisés à circuler librement dans la société parce qu'un agent de police vient leur poser des questions. Ou bien sont-ils plus susceptibles d'être arrêtés quand ils conduisent une voiture ? C'est une autre façon de ne pas pouvoir se déplacer librement dans les espaces publics. Et puis tout ça ça contribue à ce qu'ils aient plus de contact avec le système de justice par exemple.
Si on se tourne vers les hôpitaux et ailleurs, y a-t-il d'autres préoccupations qui peuvent être prises au sérieux? Vont-ils recevoir les soins dont ils ont besoin selon une norme acceptable. Donc, comme vous pouvez le voir, ça touche plusieurs domaines . Que ce soit la loi ou la santé ou le système d'éducation Ce sont ces comportements que vous noterez comme étant des obstacles pouvant les limiter à évoluer librement pour atteindre leur plein potentiel.
Si vous voulez en apprendre davantage à ce sujet et sur la complexité de la collecte de données sur les groupes racialisés et leurs expériences, Pauline et Jeff sont d'excellentes personnes avec qui discuter.
Jeff Latimer : Je suis Jeff Latimer, directeur général, responsable de la Santé, Justice, Diversité et Population à Statistique Canada.
Mélanie : Quel serait l'un des projets sur lequel vous participez présentement en lien avec le thème que nous abordons?
Jeff Latimer : Le plan d'action en matière de données désagrégées est un projet clé que le gouvernement fédéral a financé en 2021. Dans le cadre du budget de 2021, Statistique Canada a reçu l'investissement le plus important depuis 30 ans pour essayer d'aborder certains des enjeux systémiques relatifs aux écarts en matière de racisme et de genre au sein de la société. Il s'agit d'un projet essentiel qui va nous permettre de collaborer avec tous nos partenaires dans l'ensemble du pays pour mieux recueillir des données permettant la désagrégation, afin de fournir des informations sur les inégalités que nous ne pouvons pas découvrir sans ces données désagrégées. C'est une tâche relativement difficile. Cette initiative est donc vraiment importante. Nous passons beaucoup de temps et d'énergie à en discuter à l'échelle du pays, des provinces, des territoires, et avec nos partenaires, la population canadienne, les groupes autochtones, les groupes racisés. Nous essayons d'employer ce temps à réellement comprendre comment nous devrions recueillir ces données, comment nous devrions les désagréger, comment nous devrions en faire état. C'est vraiment une initiative équitable et respectueuse. Je pense que ce projet est une pierre angulaire de la façon dont Statistique Canada change sa culture. Il ne s'agit pas d'un projet relatif à un domaine spécialisé unique, comme le travail, la justice ou la santé. C'est un changement fondamental dans la manière dont Statistique Canada approche les données. Je pense qu'il est donc réellement important de souligner ce projet.
Mélanie : Jeff vient de nous présenter un projet qui évoluera sur la base de collectes et d'utilisation de données désagrégées. Vous vous posez peut-être la question pourquoi ces données seront-elles privilégiées. Nous devons savoir que des données agrégées sont en fait des résumés ou des rapports de données à grande échelle. Quant aux données désagrégées, ce sont des données qui ont été divisées en différentes catégories, comme la région, le genre et l'ethnicité. Des données désagrégées peuvent faire ressortir des inégalités entre différents groupes de population. Ces inégalités auraient pu ne pas être révélées par des données agrégées.
Mélanie : Bonjour Pauline, tu peux te présenter pour les auditeurs stp ?
Pauline Tuitoek : Mon nom c'est Pauline, je suis la directrice adjointe au centre des statistiques sur le genre, la diversité et l'inclusion à Statistique Canada.
Mélanie : Il y a des gens qui croient que les chiffres ne mentent pas et j'aimerais savoir selon toi, pourquoi les gens croient que les données sont neutres et objectives? Puis quels sont certains problèmes qui accompagnent cette manière de penser?
Pauline Tuitoek : je crois que dans les données des fois, il y a un élément de biais, mais ça dépend aussi de la façon dont l'information ou les données ont été recueillies. Par exemple, à Statistique Canada, il y a 2 façons dont on recueille les données : on pourra voir les données administratives ou bien on va mener des enquêtes. En utilisant par exemple des données administratives. Le biais à l'étape de collecte de données entraîne le biais de l'analyse.
Si tu regardes les données sur la criminalité, Statistique Canada, ça fait des années qu'on recueille ces données, en utilisant les systèmes administratifs mais l'enjeu, c'est tous les crimes ne sont pas signalés à la police au Canada. Donc si je suis un décideur par exemple, qui utilise ces données et j'essaie de faire ou d'établir les liens entre la consommation des drogues et les crimes violents par exemple . Si j'utilise ces données exclusivement, ça se peut que y aura certains éléments de biais. on doit aussi considérer la stigmatisation parce que si pendant des années la conclusion était, il y a un lien entre la consommation des drogues et les crimes violents dans certains groupes de population e l'information que je vois que j'entends toujours il y a aussi ce risque-là de stigmatisation. on doit y penser. Ah l'autre façon dont on recueille des données, c'est en mélangeant des enquêtes. la chose avec ce type de collecte de données, c'est l'importance de d'assurer que l'échantillon est représentatif, on ne peut pas mesurer quelque chose qu'on ne sait pas. Donc si les réponses viennent d'une partie de la population, on peut complètement manquer la perspective ou la réalité de de de l'autre partie de la population. Donc on peut avoir un élément de biais si l'échantillon n'est pas représentatif de la population au Canada.
Mélanie : Alors la prochaine question concerne l'utilisation de l'expression minorités visibles. Bon, on l'entend souvent dans un contexte gouvernemental. C'est d'usages répandu, mais pourquoi est-ce qu'on utilise ces termes-là?
Pauline Tuitoek : Oui, ça c'est une très bonne question euh cette terminologie minorités visible en fait ça fait partie de la Loi d'enquête en matière d'emploi. Donc c'est vraiment dans la Loi, mais je suis d'accord que présentement il y a beaucoup de questions. Et pourquoi pour essayer de comprendre la raison pour laquelle on utilise cette terminologie. Il y a beaucoup de propositions pour remplacer cette terminologie. Mais au Canada, présentement, on n'a pas eu un consensus en terme de : Est-ce que on va laisser à côté la terminologie minorités visible? Ce que je sais présentement c'est que le Conseil du Trésor, même avec Statistique Canada sont en train de discuter pour voir quelle terminologie on devrait utiliser étant donné notre environnement présentement.
Mélanie : Quels sont les renseignements qui ont été recueillis en lien avec l'ethnicité des Canadiens lors du recensement de 2021?
Jeff Latimer : La première chose qu'il faut noter, c'est que le recensement vise tous les ménages du Canada, mais que nous posons uniquement les questions relatives à la race et à l'ethnicité à un ménage sur quatre. Nous le faisons afin de pouvoir fournir des estimations exactes de la diversité au sein de la population. Nous demandons aux personnes d'indiquer avec quelles races et ethnicités elles s'identifient, à quel groupe elles estiment appartenir et nous leur proposons une série de dix catégories. Nous n'utilisons pas nécessairement le terme « race », car, pour beaucoup de gens, il s'agit d'un concept social; nous demandons donc aux personnes de choisir le terme qui, selon elles, les décrit le mieux. Nous posons également d'autres questions au-delà des simples groupes de population pour explorer l'ethnicité comme le lieu de naissance, le statut d'immigration et plusieurs autres variables. Nous pouvons combiner les réponses afin de brosser un meilleur portrait du pays dans son ensemble. Si on y réfléchit bien, disposer de ces données sur la race et l'ethnicité dans le cadre du recensement est vraiment essentiel. Nous voulons que nos institutions, les politiques et les programmes reflètent la population ou en soient le miroir. Sans comprendre la composition ou la diversité de la population, il serait vraiment difficile d'étudier ces enjeux.
Mélanie : Pourquoi est-il important d'avoir des données de grande qualité dans le contexte afin de s'assurer d'éviter les dangers de biais statistiques?
Jeff Latimer : C'est une excellente question. Je pense en effet que c'est parce qu'il y a beaucoup de données. Comme vous le savez, leurs données et toutes les données ne sont pas créées égales. Je pense qu'il est essentiel de comprendre les différentes expériences et les situations distinctes de toute la population canadienne et de toutes les personnes au Canada. Quand on y pense, le racisme est un concept très difficile à mesurer, mais nous pouvons mesurer les expériences et les situations. Laissez-moi vous donner un exemple. Je vais choisir quelque chose de relativement simple. Si nous souhaitons examiner les personnes surqualifiées au Canada; c'est une idée très simple. En général, si une personne possède un grade universitaire, mais occupe un emploi ne nécessitant que des études secondaires, nous considérons qu'elle est surqualifiée. Lorsque nous observons cette variable, nous remarquons qu'environ 14 % de la population canadienne serait considérée comme étant surqualifiée. Lorsque nous explorons le sujet plus en détail et commençons à désagréger ces statistiques, par exemple, au sujet des immigrants au Canada; ce chiffre passe de 14 % à 22 %. Si nous examinons de plus près la catégorie des immigrants et les immigrants racisés, ce chiffre passe à 26 %; on peut alors commencer à voir la situation. Il peut donc exister un enjeu de racisme systémique et les données deviennent vraiment essentielles pour pouvoir répondre à cette question. Vous pourriez même aller plus loin parmi les immigrants racisés et explorer l'une des dix catégories de la population et constater que 69 % des immigrants philippins au Canada sont surqualifiés. En revanche, si ces données ne sont pas fiables et ne sont pas bien construites en étant dépourvues de biais, ces chiffres ne seront alors pas significatifs; il est donc vraiment important que les données recueillies reflètent les situations et les expériences de l'ensemble de la population canadienne.
Mélanie : Et notre collègue Filsan maintenant.
Filsan Hujaleh : Je pense que… vous savez deux choses très importantes dont vous entendrez souvent parler sont: la responsabilisation et la transparence. Parce que dans plusieurs cas d'expériences de racisme systémique. C'est quelque chose de très secret, n'est-ce pas? C'est caché, ce n'est pas quelque chose qu'on voit. Il est intégré dans les institutions, et je pense donc que les données rendent le racisme systémique visible.
Il y a beaucoup de ces choses qui sont cachées, ou de ces comportements, ces attitudes, systèmes, procédures qui nuisent aux différents groupes racialisés et rendent le racisme systémique transparent, n'est-ce pas? Ça fait en sorte que ça fournit beaucoup d'éléments de recherche qui existent sur le racisme systémique.
Et évidemment il est tout simplement très compliqué d'étudier l'identité dans le contexte du racisme systémique. C'est quelque chose de très complexe et, par conséquent, vous avez beaucoup de données qui existent. Et quelles statistiques officielles, ou quelles statistiques peuvent vous montrer la prévalence d'un problème? Il y a davantage de données qui sont recueillies et les lacunes en matière de données sont comblées. Par conséquent, ce que vous avez en fait, c'est une responsabilisation, non?
Une fois que vous avez la preuve dans les données… les gens peuvent les utiliser et ils le font. Vous devez faire quelque chose à ce sujet. Les gens peuvent dire, vous savez, voici des données qui prouvent que cela existe, ou il y a des preuves que le racisme systémique existe, sa prévalence, et par conséquent, nous voulons que quelque chose se passe, ou que le gouvernement agisse, ou qu'une politique soit mise en œuvre. Donc, je pense que ce sont deux attributs à y associer. Ça aide un peu plus les choses, non? Oui, donc la responsabilisation et la transparence.
Mélanie : Et puis à l'avenir, qu'est-ce que nous pourrions faire pour dresser un portrait encore plus nuancé de la diversité au Canada?
Filsan Hujaleh : Je pense que ce que nous commençons à comprendre, c'est qu'il est très important d'avoir divers groupes de personnes qui travaillent dans le domaine des données. Nous voulons explorer le type de questions et les différents points de vue. Cela dépend vraiment de la présence d'un groupe diversifié de personnes autour de la table qui font la recherche, la collecte de données et le processus de détermination du contenu.
Il s'agit de postes décisionnels qui permettent de proposer des points de vue différents et de combler les lacunes en matière de données. C'est donc très important de simplement aborder la question comme si c'était une façon de faire. Je pense que c'est reconnu comme un moyen de combler un manque de données pour avoir une main-d'œuvre diversifiée.
À partir de là, c'est vraiment subjectif, et nous devons nous rendre compte qu'il s'agit d'une façon de tenir compte des préjugés de chacun, de reconnaître qu'il y a un élément subjectif dans la recherche, la collecte de données, etc. Parce que nous sommes tous façonnés par nos expériences. Notre éducation, etc. Par conséquent, si vous avez un groupe diversifié de personnes autour de la table, vous ferez certainement, cet effort. L'effort de combler différentes lacunes dans les données parce que vos perspectives sont différentes et je pense que c'est une chose qui est de plus en plus reconnue.
Jeff Latimer : Lorsque nous parlons de race, j'aime à penser qu'il s'agit d'un concept social. À cet égard, disposons-nous des concepts sociaux pertinents? Sommes-nous certains que nos variables ou nos questions sont fiables et adaptées pour fournir des renseignements substitut sur la race? Elles peuvent ne pas l'être. Nous ne demandons pas aux gens de fournir leur ADN ou leur identité biologique. Nous leur demandons d'indiquer la façon dont ils se définissent au sein de la société et peut-être que ces définitions doivent changer au fil du temps et c'est ce que nous faisons à StatCan. Nous disposons de dix groupes pour l'instant qui, pensons-nous, couvrent généralement la société, mais nous devons toujours les réviser régulièrement. Nous étudions toujours nos normes ou normes de données, afin de veiller à ce qu'elles reflètent la société dans son ensemble. Nous les mettons donc à jour et prenons le temps de le faire en communiquant avec la population canadienne. Nous organisons un grand nombre d'activités de mobilisation et de consultations pour savoir si ces catégories vous représentent réellement. Nous mettons les questions à l'essai. En cas de changements, nous devons suivre un processus très précis, mais l'aspect important ici est que nous voulons nous assurer de représenter constamment la société et c'est pour cela que c'est essentiel.
Mélanie : Si on veut en apprendre davantage qu'est-ce que nos auditeurs pourraient consulter?
Pauline Tuitoek : On pourrait toujours consulter notre site web, le site web de statistique Canada.
Ah, il y a beaucoup de ressources, il y a beaucoup d'informations, mais on a aussi un portail spécifique pour le travaux dont on fait mon équipe et moi dans le centre de statistiques sur le genre de la diversité et l'inclusion.
Mélanie : Vous étiez à l'écoute d'Hé-Coutez bien! Merci à nos invités : Sarah, Filsan, Jeff et Pauline ainsi qu'à toute l'équipe. Vous pouvez vous abonner à cette émission là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone appelée Eh Sayers. Vous avez aimé cet épisode? Évaluez-nous et faites-nous part de vos commentaires. On se retrouve lors d'un prochain épisode. À bientôt!
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Hé-coutez bien! Épisode 6 - Créés égaux (MP3, 15,1 Mo)
Trousse du Recensement de l'agriculture
Le Recensement de l'agriculture permet de produire des données, à l'échelle des collectivités, sur une vaste gamme de sujets tels que :
- l'utilisation des terres;
- les cultures;
- le bétail;
- la main-d'œuvre agricole;
- les machines et le matériel;
- les pratiques de gestion des terres;
- les finances des exploitations agricoles.
Il dégage des tendances et fournit de l'information sur les défis, les possibilités et les enjeux émergents qui touchent la communauté agricole. Dans la trousse du Recensement de l'agriculture, vous trouverez des outils et des ressources pour vous aider, vous et votre organisation, à communiquer aux membres de vos réseaux des renseignements sur les prochaines diffusions de données.
Que contient la trousse?
La trousse contient des produits et des ressources que vous pouvez partager avec votre communauté en ligne.
Les documents comprennent :
- du contenu pour les médias sociaux
- des images web
- des renseignements du couplage agriculture–population
- des données sur les exploitations et les exploitants agricoles
- des profils provinciaux et territoriaux de 2021
- des conditions d'utilisation
Contenu pour les médias sociaux
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Message 1
Les Profils des communautés du #RecensementDeLAgriculture est le nouvel outil interactif de Statistique Canada qui présente un profil statistique des exploitations et des exploitants agricoles pour une communauté ou un lieu géographique donné. https://bit.ly/3NZONf8 #AgCan
Message 2
L'Outil cartographique du #RecensementDeLAgriculture de 2021 est maintenant disponible! Celui-ci permet aux utilisateurs de visualiser les données à tous les niveaux géographiques. Pour en savoir plus : https://bit.ly/3ml7Zsb #AgCan
Message 3
Les agriculteurs canadiens ont fait preuve d'une résilience remarquable ces dernières années. Les données du #RecensementDeLAgriculture de 2021 fournissent un nouvel aperçu sur les tendances des exploitations et des exploitants agricoles au Canada. https://bit.ly/3giPeCx #AgCan
Message 4
Statistique Canada a publié de nouvelles données du #RecensementDeLAgriculture de 2021. Découvrez-en davantage sur la capacité d'adaptation des exploitants agricoles canadiens et les tendances en matière de données dans l'industrie agricole. https://bit.ly/3giPeCx #AgCan
Message 5
Les nouvelles données du #RecensementDeLAgriculture de 2021 sont maintenant disponibles ! Découvrez-en davantage sur le nombre de fermes au Canada, les types de fermes, les pratiques agricoles durables et plus encore. https://bit.ly/3giPeCx #AgCan
Images web
Le Recensement de l'agriculture (Bannière Web horizontale) (JPG, 45,0 ko)
Renseignements du couplage agriculture–population
- Le portrait socioéconomique de la population agricole autochtone au Canada, 2021
- L'écart salarial entre les exploitants et les exploitantes agricoles se rétrécit
- Une histoire sur la diversité des exploitants agricoles du Canada
- Aperçu socioéconomique de la population agricole changeante du Canada
- Infographie : Portrait socioéconomique de la population agricole du Canada, 2021
- Infographie : Portrait éducatif des exploitants agricoles du Canada, 2021
- Infographie : Portrait de la population agricole immigrante du Canada, 2021
Données sur les exploitations et les exploitants agricoles
- Regard sur les exploitations d’élevage de chèvres laitières en Ontario
- Les exploitations agricoles du Canada se tournent vers la production d'énergie renouvelable et les technologies pour progresser vers un avenir agricole durable et efficace
- Les exploitations agricoles du Canada ont été plus rentables en 2020 qu'en 2015
- Les exploitations agricoles du Canada adaptent leur façon de vendre leurs produits aux consommateurs
- Infographie: Les œufs canadiens, de la ferme à la fourchette
- Infographie : Les pommes de terre canadiennes, de la ferme à la fourchette
- Le nombre d'exploitantes agricoles augmente pour la première fois en 30 ans
- Infographie : Un portrait des exploitantes agricoles au Canada
- Comparaison de l'agriculture canadienne avec celle d'autres pays développés : le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis
Profils provinciaux et territoriaux de 2021
- Prédominance de l'agriculture diversifiée à petite échelle au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest
- La culture de champignons et la culture de bleuets en corymbe et en serre jouent un rôle essentiel en Colombie-Britannique
- L'Alberta affiche les revenus d'exploitation agricole les plus élevés au Canada
- La Saskatchewan conserve sa réputation de grenier du Canada
- Le Manitoba compte la plus forte proportion de jeunes exploitants agricoles au Canada
- L'Ontario est une puissance agricole qui est chef de file de nombreuses catégories agricoles
- Le Québec continue d'être le principal producteur d'érables, de bleuets, de canneberges, de vaches laitières et de porcs
- Le Nouveau-Brunswick est le chef de file du Canada atlantique en ce qui concerne les entailles d'érables et les bleuets nains
- Les bleuets nains, les pommes, le vison et la volaille jouent un rôle important dans l'agriculture de la Nouvelle-Écosse
- L'Île-du-Prince-Édouard se classe au premier rang au chapitre de la production de pommes de terre
- Les exploitations agricoles productrices de légumes et de melons constituent la plus grande part des exploitations agricoles à Terre-Neuve-et-Labrador
Conditions d'utilisation
Consultez la section des Trousses de sensibilisation au recensement — Conditions d'utilisation pour obtenir de l'information sur l'utilisation approuvée des mots-symboles, des identificateurs et du contenu officiels.
Classification géographique type (CGT) 2021 - Annexe B
Forme linguistique des genres de subdivision de recensement | Abréviation pour les publications de langue française | Désignation pour les publications de langue française | Abréviation pour les publications de langue anglaise | Désignation pour les publications de langue anglaise | Abréviation pour les publications bilingues | Désignation pour les publications bilingues |
---|---|---|---|---|---|---|
Bilingue | C | Cité | C | City | C | Cité / City |
Anglais seulement | CC | Chartered community | CC | Chartered community | CC | Chartered community |
Anglais seulement | CG | Community government | CG | Community government | CG | Community government |
Bilingue | CN | Colonie de la couronne | CN | Crown colony | CN | Colonie de la couronne / Crown colony |
Français seulement | CT | Canton (municipalité de) | CT | Canton (municipalité de) | CT | Canton (municipalité de) |
Français seulement | CU | Cantons unis (municipalité de) | CU | Cantons unis (municipalité de) | CU | Cantons unis (municipalité de) |
Bilingue | CV | Ville | CV | City | CV | Ville / City |
Anglais seulement | CY | City | CY | City | CY | City |
Anglais seulement | DM | District municipality | DM | District municipality | DM | District municipality |
Anglais seulement | FD | Fire District | FD | Fire District | FD | Fire District |
Français seulement | GR | Gouvernement régional | GR | Gouvernement régional | GR | Gouvernement régional |
Anglais seulement | HAM | Hamlet | HAM | Hamlet | HAM | Hamlet |
Anglais seulement | ID | Improvement district | ID | Improvement district | ID | Improvement district |
Anglais seulement | IGD | Indian government district | IGD | Indian government district | IGD | Indian government district |
Anglais seulement | IM | Island municipality | IM | Island municipality | IM | Island municipality |
Bilingue | IRI | Réserve indienne | IRI | Indian reserve | IRI | Réserve indienne / Indian reserve |
Anglais seulement | LGD | Local government district | LGD | Local government district | LGD | Local government district |
Bilingue | M | Municipalité | M | Municipality | M | Municipalité / Municipality |
Anglais seulement | MD | Municipal district | MD | Municipal district | MD | Municipal district |
Français seulement | MÉ | Municipalité | MÉ | Municipalité | MÉ | Municipalité |
Bilingue | MRM | Municipalité regionale | MRM | Regional Municipality | MRM | Municipalité regionale / Regional Municipality |
Anglais seulement | MU | Municipality | MU | Municipality | MU | Municipality |
Anglais seulement | NH | Northern hamlet | NH | Northern hamlet | NH | Northern hamlet |
Anglais seulement | NL | Nisga'a land | NL | Nisga'a land | NL | Nisga'a land |
Bilingue | NO | Non organisé | NO | Unorganized | NO | Non organisé / Unorganized |
Anglais seulement | NV | Northern village | NV | Northern village | NV | Northern village |
Bilingue | P | Paroisse (municipalité de) | P | Parish | P | Paroisse (municipalité de) / Parish |
Français seulement | PE | Paroisse (municipalité de) | PE | Paroisse (municipalité de) | PE | Paroisse (municipalité de) |
Bilingue | RCR | Communauté rurale | RCR | Rural community | RCR | Communauté rurale / Rural community |
Anglais seulement | RDA | Regional district electoral area | RDA | Regional district electoral area | RDA | Regional district electoral area |
Anglais seulement | RGM | Regional municipality | RGM | Regional municipality | RGM | Regional municipality |
Anglais seulement | RM | Rural municipality | RM | Rural municipality | RM | Rural municipality |
Anglais seulement | RMU | Resort Municipality | RMU | Resort Municipality | RMU | Resort Municipality |
Anglais seulement | RV | Resort village | RV | Resort village | RV | Resort village |
Bilingue | S-É | Établissement indien | S-É | Indian settlement | S-É | Établissement indien / Indian settlement |
Anglais seulement | SA | Special area | SA | Special area | SA | Special area |
Bilingue | SC | Subdivision municipalité de comté | SC | Subdivision of county municipality | SC | Subdivision municipalité de comté / Subdivision of county municipality |
Bilingue | SÉ | Établissement | SÉ | Settlement | SÉ | Établissement / Settlement |
Anglais seulement | SET | Settlement | SET | Settlement | SET | Settlement |
Bilingue | SG | Autonomie gouvernementale | SG | Self-government | SG | Autonomie gouvernementale / Self-government |
Anglais seulement | SM | Specialized municipality | SM | Specialized municipality | SM | Specialized municipality |
Bilingue | SNO | Subdivision non organisée | SNO | Subdivision of unorganized | SNO | Subdivision non organisée / Subdivision of unorganized |
Anglais seulement | SV | Summer village | SV | Summer village | SV | Summer village |
Anglais seulement | T | Town | T | Town | T | Town |
Anglais seulement | TAL | Tla'amin Lands | TAL | Tla'amin Lands | TAL | Tla'amin Lands |
Français seulement | TC | Terres réservées aux Cris | TC | Terres réservées aux Cris | TC | Terres réservées aux Cris |
Français seulement | TI | Terre inuite | TI | Terre inuite | TI | Terre inuite |
Français seulement | TK | Terres réservées aux Naskapis | TK | Terres réservées aux Naskapis | TK | Terres réservées aux Naskapis |
Anglais seulement | TL | Teslin land | TL | Teslin land | TL | Teslin land |
Anglais seulement | TP | Township | TP | Township | TP | Township |
Bilingue | TV | Ville | TV | Town | TV | Ville / Town |
Anglais seulement | TWL | Tsawwassen Lands | TWL | Tsawwassen Lands | TWL | Tsawwassen Lands |
Français seulement | V | Ville | V | Ville | V | Ville |
Français seulement | VC | Village cri | VC | Village cri | VC | Village cri |
Français seulement | VK | Village naskapi | VK | Village naskapi | VK | Village naskapi |
Bilingue | VL | Village | VL | Village | VL | Village |
Français seulement | VN | Village nordique | VN | Village nordique | VN | Village nordique |
Classification géographique type (CGT) 2021 - Annexe A
Forme linguistique des genres de division de recensement | Abréviation pour les publications de langue française | Désignation pour les publications de langue française | Abréviation pour les publications de langue anglaise | Désignation pour les publications de langue anglaise | Abréviation pour les publications bilingues | Désignation pour les publications bilingues |
---|---|---|---|---|---|---|
Bilingue | CDR | Division de recensement | CDR | Census division | CDR | Division de recensement / Census division |
Bilingue | CT | Comté | CT | County | CT | Comté / County |
Anglais seulement | CTY | County | CTY | County | CTY | County |
Anglais seulement | DIS | District | DIS | District | DIS | District |
Anglais seulement | DM | District municipality | DM | District municipality | DM | District municipality |
Français seulement | MRC | Municipalité régionale de comté | MRC | Municipalité régionale de comté | MRC | Municipalité régionale de comté |
Anglais seulement | RD | Regional district | RD | Regional district | RD | Regional district |
Anglais seulement | REG | Region | REG | Region | REG | Region |
Anglais seulement | RM | Regional municipality | RM | Regional municipality | RM | Regional municipality |
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Hé-coutez bien! Épisode 5 - Pourquoi devriez-vous vous préoccuper de l’inflation ?
Date de diffusion : le 27 janvier 2022
Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

La pandémie de COVID-19 a eu une incidence indéniable sur la façon dont nous dépensons notre argent. Il est donc essentiel de documenter ces changements dans les habitudes de dépenses pour permettre la prise de décisions et fournir aux Canadiens des renseignements actuels et exacts sur la variation des prix à la consommation. L’Indice des prix à la consommation (IPC) est l’indicateur le plus couramment utilisé pour mesurer l’inflation et la variation des prix à la consommation au Canada. Notre invité, Clément Yélou, un économiste de Statistique Canada, explique pourquoi l’IPC est un outil important pour l’élaboration d’une politique économique et la surveillance des conditions économiques. Il mettra également en lumière les raisons pour lesquelles vous devriez vous préoccuper de l’inflation et de ses répercussions sur différents groupes de la population et sur le coût de la vie.
Animatrice
Mélanie Charron
Invité
Clément Yélou, économiste de l’Indice des prix à la consommation à Statistique Canada
Écoutez
Hé-coutez bien! Épisode 5 - Pourquoi devriez-vous vous préoccuper de l’inflation ? - Transcript
INTRO : Vous êtes à l’écoute d’Hé-Coutez bien! un balado de Statistique Canada, où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu’elles révèlent. Je suis votre animatrice, Mélanie.
Si vous vous intéressé à l’économie, vous savez peut-être déjà que l’Indice des prix à la consommation de décembre 2021 était en hause de 4,8%. Vous voulez savoir ce qui marque cette augmentation ? On a discuté avec notre collègue économiste pour mieux comprendre comment l’inflation nous touche tous de différentes manières.
Mélanie : Bonjour Clément, j’aimerais que tu te présentes stp pour les auditeurs.
Clément : Bonjour Mélanie, mon nom est Clément Yélou. Je suis économiste. Je travaille à l’indice des prix à la consommation à Statistique Canada. Je travaille sur les questions d’élaboration ou d’amélioration de méthodologie afin d’assurer que les chiffres de l’IPC, l’Indice des prix à la consommation sont précis et demeurent de haute qualité.
Mélanie : Pouvez-vous nous dire qu’est-ce que l’inflation?
Clément : Oui, l’inflation est calculée à partir d’un indicateur publié par Statistique Canada à chaque mois. Cet indicateur c’est l’indice des prix à la consommation ou IPC.
L’inflation représente la variation moyenne des prix auxquels le canadien moyen fait face se base sur les taux annuels d’inflation. Ce qui représente la variation moyenne des prix d’un mois par rapport au même mois de l’année précédente.
Mélanie : Puis par rapport à l’inflation, est-ce que les prix augmentent toujours?
Clément : Généralement, les prix ont tendance à augmenter dans le temps. Mais il y a des épisodes de baisse de prix. Par exemple, en octobre 2021, le mois dernier, les prix de certains produits ont baissé par rapport à octobre 2020. Les prix pour les intérêts hypothécaires ont baissé d’environ 9 %; les prix des services téléphoniques ont baissé d’environ 8 %; les primes d’assurances automobiles ont baissé d’environ 6 % et les prix des légumes frais ont baissé d’environ 4 %.
Mélanie : Alors quand il y a un prix qui diminue…on appelle ça de la déflation?
Clément : Oui, lorsque le prix d’un produit diminue, on appelle ça déflation et lorsque le prix augmente on appelle inflation.
Mélanie : Et puis les changements de prix, est-ce qu’ils sont toujours dû à l’inflation?
Clément : Les changements de prix des biens donc peuvent provenir de différentes sources. Il se peut que ça provienne d’une pression de la demande. Lorsqu’il y a une hausse de la demande comme ça cela met de la pression sur les prix et les prix ont tendance à augmenter. Mais parfois la hausse de prix peut provenir de sources autres que la demande notamment lorsqu’il y a eu des problèmes d’approvisionnement ou des problèmes de production. Lorsque les producteurs d’un certain produit ont de la difficulté ou quand il manque un ingrédient dans leurs chaînes de production de sorte qu’ils ne peuvent pas produire les quantités habituellement produites donc on assiste à une baisse de l’offre, une baisse des quantités qui sont disponibles dans les magasins dans les commerces de détails et cela conduit cela peut conduire à une hausse des prix.
Mélanie : Tu nous as donné Clément quelques exemples avec des pourcentages il y a quelques instants; Est-ce que …euh… Tu pourrais aussi nous donner des exemples qui ont été touchés par l’inflation pendant la pandémie par exemple qui étaient vraiment une comparaison marquante entre l’année 2020 et l’année précédente?
Clément : Ok… Oui… Au début de la pandémie notamment le prix de l’essence a connu une baisse très notable…très remarquable donc ça baissé de plus de 50 % et étant donné le poids de l’essence dans le panier ou dans l’ensemble des dépenses des Canadiens moyens on a assisté donc cette baisse du prix de l’essence a fortement contribué à une baisse donc à une faible variation du taux d’inflation global. Donc si bien que l’essence en avril, mai, juin 2020 a baissé de prix d’environ d’au moins 50%. Et au début de la pandémie les produits alimentaires ont connu une hausse de prix. Cela est dû à un effet de la demande il y a certains consommateurs oui plusieurs consommateurs en raison des restrictions de déplacements et du confinement les ordres de rester sur place certains plusieurs ménages voulaient faire de la provision. C’est-à-dire acheter beaucoup de produits non périssables, acheter en grande quantité pour stocker afin de ne pas avoir à sortir plus souvent. Donc les magasins les commerces, les épiceries ont connu de l’affluence et cette affluence a mis de la pression sur les prix si bien que les produits alimentaires plusieurs catégories de produits alimentaires ont connu des hausses de prix au début de la pandémie entre avril, juin et juillet 2020.
Mélanie : Clément, dites-nous comment est-ce que Statistique Canada s’y prend pour mesurer l’inflation?
Clément : Ok oui…La mesure de l’inflation se fait en deux grandes étapes. Dans un premier temps on calcule, on estime, l’importance relative de différentes catégories des biens et services dans les dépenses totales des ménages. Cette estimation est basée sur les données de l’Enquête sur les dépenses des ménages.
Par exemple vous conviendrez avec moi que le… si le prix du lait…le prix d’un litre de lait augmente de 10 % cela ne va pas compter de la même façon que si le prix de l’essence augmentait de 10 %. Parce que à part relative de l’essence est plus importante que la part relative du lait dans les dépenses des budgets des ménages.
Donc la deuxième étape est que consiste à envoyer des intervieweurs observer les prix de différents biens et services dans les magasins. Je dois vous dire que Statistique Canada collecte les prix pour plus de 1200 produits distincts dans plus de 7000 magasins à travers tout le pays.
Si on tient compte de la marque des formats c’est plus de 90 000 produits qui sont utilisés à chaque mois pour calculer l’indice.
Donc on combine ces deux pour obtenir la variation moyenne des prix pour l’ensemble des biens et services et ce calcul se fait au niveau par province et ensuite les résultats provinciaux sont agrégés pour obtenir la variation moyenne de prix au niveau national.
Narration - Calculatrice d’inflation personnelle : En octobre 2021, on a exploré la calculatrice d’inflation personnelle mis à la disposition du grand public sur le site web de Statistique Canada. Alors on s'est amusé à y entrer quelques chiffres fictifs pour voir comment l’inflation affectait la population canadienne.
Pour la simulation, on a inventé quelques dépenses pour Béatrice, locataire imaginaire habitant dans la ville de Vancouver. Le calculateur a révélé que son taux d’inflation personnel était de 3,9 %, alors que le taux réel d’inflation en Colombie-Britannique, s’affichait à 3,8 %.
Dans un deuxième temps, on a transposé ces mêmes données fictives à notre deuxième personnage. L'on a désigné Aïsha comme étant propriétaire de son domicile dans une région rurale de l’Île-du-Prince-Édouard. Elle avait donc des dépenses bien différentes liées à son foyer. Son taux d’inflation personnel a pour sa part été calculé à 5,6 %. Même si son taux était supérieur à celui de Béatrice, il demeurait inférieur au taux officiel de sa province qui était de 6,6 %.
Allez-y ! Jouer avec vos chiffres ! L’outil aide vraiment à comprendre comment nous sommes tous touchés par le calcul de l’inflation. On encourage fortement nos auditeurs d’aller en faire l’essai!
Mélanie : Quels sont les défis Clément lorsqu’on mesure l’inflation?
Clément : Oui…Concernant les difficultés ou les défis que l’on fait face dans la mesure des prix à la consommation; il y a trois dimensions. …trois principaux aspects…le premier aspect porte sur le fait que les produits et services qu’on prend en compte ou dont on mesure les prix sont en constante évolution en termes de qualité. …Vous convenez Donc à travers le temps de nouveaux produits apparaissent dans le marché et sont disponibles accessibles aux consommateurs et la qualité des produits existants s’améliore au fil du temps.
L’IPC vise à mesurer la variation des prix lorsque en s’assurant que la qualité et la quantité auquel ils sont comparés sont constantes la qualité et la quantité sont constante à travers le temps. mais l’apparition de nouveaux produits et les changements dans la qualité des produits existants donc constituent un des grands défis pour la mesure pour assurer qu’on mesure la variation puis des prix mais il existe des techniques qu’on appelle des techniques d’ajustement de qualité que nous utilisons dans notre quotidien pour assurer que malgré ces changements dans la qualité la variation moyenne des prix que nous calculons reflète une variation puis des prix et que les changements de qualité n’influencent pas les comparaisons de prix que nous faisons.
Le deuxième aspect a trait à la substitution des produits que les ménages et les consommateurs effectuent. La substitution des produits se réfère au fait que lorsqu’un produit devient moins cher par rapport aux autres, le consommateur va chercher à acheter plus du produit qui est devenu moins cher, et à diminuer la quantité qu’il a l’habitude d’acheter Ou inversement lorsque le prix d’un produit devient plus élevé. Le consommateur va délaisser le produit dont le prix a augmenté, au profit le remplacer par d’autres produits de substitution dont les prix ont moins augmenté. Donc en faisant cela les importances relatives des catégories de produits changent une partie du calcul de l’indice des prix à la consommation donc les pondérations relatives changent pour atténuer les effets de cette substitution donc il est recommandé de mettre à jour les pondérations de façon régulière.
Donc les pondérations proviennent des données d’une enquête : l’Enquête sur les dépenses des ménages mais cette enquête c’est une enquête qui est dure une année après avoir collectés les données nous avons besoin de temps pour les traiter et généralement il s’écoule près de 9 mois 12 mois avant que les données puissent être disponibles pour être utilisées dans le calcul du taux de l’inflation. Donc avec le temps nous avons amélioré la fréquence de mise à jour des pondérations. Les pondérations étaient mises à jour aux quatre ou cinq ans. Mais depuis 2009, elles sont mises à jour à chaque deux ans. Avec Et avec euh…la pandémie les comportements de consommation changent beaucoup plus vites et nous avons décidé Statistique Canada a décidé de d’aller avec une pondération annuelle. La dernière mise à jour des pondérations a eu lieu en juin 2021 et nous prévoyons faire la prochaine mise à jour en juin 2022.
Le troisième aspect de difficulté est que l’IPC se base sur l’ensemble des biens de consommation que tous les Canadiens consomment habituellement. Donc …À cet égard, il inclut des produits qui peut-être ne s’appliquent pas …ne sont pas pertinents à certains consommateurs. Par exemple les locataires ne seraient pas concernés par les changements dans les taux d’intérêts hypothécaires; ou quelqu’un qui ne possède pas de voiture n’est pas concerné par les variations de prix de l’essence ou des prix des voitures neuves. Quelqu’un qui n’a pas d’enfants de moins de cinq ans n’est pas concerné par les changements dans les frais de services de gardes. Donc c’est pour dire que l’IPC prend en compte l’ensemble des biens et services généralement achetés par l’ensemble des Canadiens. Et…il se peut donc pour ceux qui cela conduit à obtenir un résultat qui peut-être certains utilisateurs vont dire qu'ils ne se retrouvent pas dans ce résultat. Mais en réalité c’est que les dépenses de consommation de tout l’monde sont prises en compte.
L’autre exemple c’est que …par exemple…le oui…Nous avons dans l’IPC le mazout, le gaz naturel et l’électricité. Donc comme source de chauffage des maisons et nous savons qu'il n’y a pas de ménage…pas de ménages…qui utilise le mazout et le chauf…le gaz naturel pour chauffer leur maison. Mais les deux composantes se trouvent dans l’ensemble des biens dans le panier de l’IPC.
Donc cet aspect fait que c’est un calcul qui porte sur qui est basé sur l’ensemble des biens et services généralement consommés par l’ensemble des Canadiens. Et c’est pour ça que l’IPC se rapporte aux canadiens moyens et inclus les habitudes de consommation de tout l’monde mais d’une façon agrégée.
Mélanie : Alors Clément est-ce que les experts s’entendent sur la manière dont le taux d’inflation est calculé?
Clément : Oui Mélanie, il faut dire que l’IPC canadien est un indicateur extrêmement robuste. La collaboration avec des experts des prix, d’autres organismes statistiques nationaux et des intervenants clés fait en sorte que les données et les méthodes utilisées pour calculer l’IPC sont conformes aux normes et aux pratiques exemplaires à l’échelle internationale.
Il est conçu en conformité avec les normes internationales utilisées par la plupart des organismes statistiques nationaux dans le monde. Certains organismes internationaux comme le Fonds monétaire international ou le Bureau international du travail assurent que les méthodes et pratiques de calcul de l’IPC à travers le monde sont comparables, et cela afin de garantir la comparaison de certains indicateurs économiques à travers les pays. Statistique Canada se conforme strictement aux méthodologies recommandées par ces organismes, tout en prenant en compte les réalités propres au contexte canadien et de son paysage de la vente au détail.
De plus à travers des réunions régulières d’un comité consultatif de la mesure des prix, plusieurs enjeux méthodologiques sont discutés afin de recueillir les avis d’experts internationaux avant tout changements majeurs à nos pratiques.
Nos efforts de modernisation de l’IPC se poursuivent, afin de répondre aux besoins changeants des Canadiens en matière de données et de veiller à ce que l’IPC demeure un indicateur exact et pertinent de la variation des prix dans l’ensemble du pays. Nous améliorons continuellement nos sources de données et nos méthodes, à mesure que le paysage de la vente au détail évolue.
Mélanie : Pourquoi est-ce que l’inflation est si importante?
Clément : L’inflation est importante pour de nombreuses raisons. La compréhension de l’inflation aide les ménages à prendre des décisions financières éclairées, maintenant et pour l’avenir, par exemple, décider s’il faut faire un achat maintenant ou le reporter, planifier leur budget et planifier leurs études et leur retraite. Tout cela parce que lorsque les prix changent, le pouvoir d’achat de notre argent aussi change. Il est important de suivre l’inflation afin de mieux saisir l’évolution de notre pouvoir d’achat, y compris nos revenus courants et nos épargnes et investissements.
L’IPC est également important pour permettre aux entreprises et aux gouvernements de mieux comprendre l’inflation et ses causes. Par exemple, les régimes de retraite privés et publics, les tranches d’imposition, et certains paiements sociaux du gouvernement sont ajustés au moyen de l’IPC, la mesure officielle de l’inflation au Canada. L’IPC sert aussi à ajuster les salaires ou les paiements en fonction de la variation des prix afin de conserver le pouvoir d’achat.
Par ailleurs, la Banque du Canada, est chargée de maintenir la stabilité des prix dans l’économie canadienne. Et pour cela, elle surveille de très près l’IPC, afin d’orienter ses décisions concernant la politique monétaire et les taux d’intérêt, qui ont une incidence sur la situation financière des consommateurs et des entreprises au Canada.
Les économistes et les chercheurs utilisent également l’IPC pour évaluer la santé de l’économie et l’activité économique, et aussi pour faire des prévisions pour diverses industries et régions. Dans tous les cas, une meilleure compréhension de l’IPC permet de mieux informer les décideurs.
Le travail continu de Statistique Canada visant à être transparent et à tenir les Canadiens informés, grâce à des produits de données comme l’Indice des prix à la consommation, aide les utilisateurs de données à prendre des décisions financières et économiques éclairées.
Les utilisateurs peuvent nous trouver sur le portail de l’IPC à partir du site web de Statistique Canada. On pourra y trouver un outil de visualisation des données de l’Indice des prix à la consommation pour accéder aux données actuelles et historiques de l’IPC dans un format personnalisable. Nous avons aussi un calculateur personnel de l’inflation qui permet à chaque utilisateur d’entrer ses informations sur ses dépenses annuelles pour différentes catégories de dépenses afin d’obtenir une estimation de l’inflation qui reflète son profil de dépenses.
Mélanie : Eh bien c’est tout pour cet épisode d’Hé-coutez bien! Un merci tout spécial à notre invité Clément Yélou. Vous pouvez vous abonner à notre balado là où vous écoutez vos autres balados préférés. Vous pourrez également y trouver Eh Sayers, la version anglaise de notre émission. Merci de nous avoir écouté! On se retrouve dans un prochain épisode.
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Hé-coutez bien! Épisode 4 - Les gagnants et les perdants de l'économie à la demande
Date de diffusion : le 7 janvier 2022
Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Le quatrième épisode d'Hé-coutez bien! porte sur le marché florissant des petits boulots et de leur place dans un contexte d'emploi changeant de flexibilité et d'instabilité. Quels sont les avantages et les inconvénients socioéconomiques d'être un travailleur à la demande et quelle incidence la COVID-19 a-t-elle sur eux? De plus en plus de gens travaillent de la maison et la structure d'une journée de travail change en raison de la pandémie, alors comment ces changements seront-ils traduits dans l'économie canadienne à l'avenir? Paul Glavin, professeur agrégé de sociologie à l'Université McMaster, parle de l'incidence et de l'essor des travailleurs à la demande au pays ainsi que des libertés et des limites qui se présentent à eux.
Animatrice
Alexandra Bassa
Invité
Paul Glavin, professeur de sociologie à l'Université McMaster
Écoutez
Hé-coutez bien! Épisode 4 - Les gagnants et les perdants de l'économie à la demande - Transcript
Vous êtes à l'écoute de Hé-coutez bien!, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice Alexandra.
Alexandra Bassa : Avez-vous déjà entendu parler de l'économie à la demande?
Si vous avez déjà utilisé un service de covoiturage comme Uber ou Lyft ou encore si vous avez déjà embauché un pigiste par l'entremise d'une plateforme en ligne, vous avez participé à l'économie à la demande et avez embauché un travailleur autonome.
Les emplois à la demande sont des emplois rémunérés qui n'entrent pas dans le cadre de la relation traditionnelle employeur-employé. Le travail à la demande peut consister à compléter de petites tâches, comme des corvées ou des courses, ou des contrats à court-terme ou à long terme. Certains travailleurs indépendants font partie de l'économie à la demande ainsi que les travailleurs sur demande qui sont généralement engagés pour des tâches spécifiques à travers des plateformes en ligne, comme Uber ou TaskRabbit.
L'économie des plateformes est l'une des branches de l'économie à la demande. Pour en savoir plus, nous avons parlé à Paul Glavin.
Paul Glavin : Je suis le Dr Paul Glavin, professeur agrégé de sociologie à l'Université McMaster.
Alexandra Bassa : Comment définiriez-vous l'économie des plateformes?
Paul Glavin : Eh bien, dans son sens le plus large, l'économie des plateformes est l'activité économique qui est réalisée par l'intermédiaire d'une plateforme, qui est généralement une plateforme en ligne, mais je dirais que le secteur de l'économie auquel on porte le plus d'attention en ce moment est les plateformes de travail numériques qui sont [...] qui permettent de jumeler des clients d'un service en particulier à un bassin de travailleurs disponibles. Il s'agit de plateformes comme Uber, Instacart, Fiverr, et elles sont responsables de la plus grande part de la croissance du travail à la demande au cours de la dernière décennie.
Alexandra Bassa : Et avez-vous une idée du pourcentage des Canadiens qui travaillent à partir de plateformes?
Paul Glavin : Eh bien, nous en apprenons encore beaucoup sur ce sujet, en raison des différentes définitions du phénomène. Dans mes propres travaux cependant, j'ai observé qu'environ 13 % des Canadiens ont déclaré avoir trouvé du travail par l'intermédiaire d'une plateforme de travail numérique au cours du mois précédent.
Mais il s'agit d'une enquête réalisée auprès des Canadiens en septembre 2019. Donc tout juste avant la pandémie. Un an plus tard, nous avons mené l'enquête de nouveau et un pourcentage légèrement plus faible, mais semblable, assez semblable, a déclaré avoir fait du travail à partir de plateformes.
Alexandra Bassa : Entre 2005 et 2016, la proportion des travailleurs à la demande au Canada est passée de 6 % à environ 8 à 10 %. Il faut cependant se rappeler qu'on ne peut pas comparer les données de Statistique Canada directement avec celles de Paul, parce que le travail à la demande englobe de nombreux types de travail, tandis que Paul nous parle uniquement des personnes qui travaillent à partir de plateformes.
Donc, pour moi, lorsque j'entends parler du travail à partir des plateformes, je pense aux gens qui conduisent pour de grandes plateformes de covoiturage, comme Uber. Est-ce que c'est nécessairement le cas?
Paul Glavin : Eh bien, nous avons tendance à penser à Uber en premier, n'est-ce pas? Parce que Uber est reconnu pour avoir popularisé le modèle du travail à partir de plateformes, mais le nombre de plateformes qui offrent un large éventail de services est toujours croissant, et peut même offrir des services ou des occasions d'emploi auxquels les travailleurs peuvent accéder avec beaucoup plus de facilité. Uber et Lyft exigent d'avoir un accès à un véhicule, ce qui peut poser un obstacle à l'entrée. Donc, il y d'autres types de travail à partir de plateformes qui sont en pleine croissance à mon avis. Surtout pendant la pandémie comme la livraison de repas, le télétravail à partir d'une plateforme en ligne. Et je crois que leur prévalence augmente au moment même où les services de voiturage sont sans doute considérés comme moins sécuritaires du point de vue des travailleurs et également des passagers.
Alexandra Bassa : Les travailleurs à la demande sont présents dans plusieurs domaines et industries. Une étude de Statistique Canada menée en 2019 a montré que le domaine des arts, de la culture, des sports et des loisirs avait la plus grande proportion de travailleurs à la demande, suivie du domaine de la santé puis du domaine des ventes et des services. Les Canadiens dont la profession principale était dans l'industrie de la fabrication et des services d'utilité publique étaient moins susceptibles d'être des travailleurs à la demande.
Alexandra Bassa : Pourriez-vous nous en dire un peu plus des personnes qui travaillent dans l'économie à la demande? Est-ce qu'il y a des distinctions importantes dans les catégories de travailleurs ou bien est-ce que ces travailleurs sont quand même assez semblables?
Paul Glavin : Non, c'est un groupe assez diversifié de travailleurs qui font du travail à partir de plateformes. Pour certains, il s'agit de leur emploi principal, mais c'est seulement le cas pour un faible pourcentage. Pour bon nombre, il s'agit d'un second emploi qui vient compléter leur emploi principal. Et dans cette catégorie, il y a assez,…c'est un groupe de personnes assez diversifié qui ont toutes sortes de motivations, n'est-ce pas? Certains le font seulement pour avoir plus d'argent à dépenser. D'autres le font parce que leur emploi principal n'est pas… leur revenu n'est pas suffisant. Et d'autres encore le font seulement pour avoir une certaine sécurité du revenu.
Alors, vous savez, il y a une grande diversité. Mais on observe certaines tendances qui indiquent que les jeunes travailleurs sont plus susceptibles de faire du travail à partir de plateformes. On constate que les mineurs, les minorités visibles et les immigrants récents au Canada sont plus susceptibles de faire du travail à partir de plateformes. Je crois que ces tendances témoignent probablement de certains des défis auxquels sont confrontés ces groupes pour tenter d'accéder à un emploi permanent plus régulier.
Et donc, le travail à partir de plateformes peut réduire les obstacles à l'entrée chez certains groupes de travailleurs, qui sont peut-être marginalisés, ou certains travailleurs qui sont depuis longtemps en marge, d'un emploi traditionnel.
Alexandra Bassa : En 2019, Statistique Canada a révélé qu'environ la moitié de tous les travailleurs à la demande occupaient également un emploi salarié, ou plusieurs. Ce qui signifie qu'ils ne comptaient pas seulement sur leur travail à la demande pour subvenir à leurs besoins. L'étude a également révélé que le travail à la demande était plus répandu chez les immigrants et les nouveaux arrivants que chez les personnes nées au Canada. En réalité, 10,8 % des travailleurs immigrants masculins qui étaient au Canada depuis moins de cinq ans étaient des travailleurs à la demande, comparativement à 6,1 % des travailleurs masculins nés au Canada.
Alexandra Bassa : Vous vous êtes penché sur la santé mentale des personnes qui travaillent à partir de plateformes. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu sur vos constatations?
Paul Glavin : Oui. En effet, nous avons analysé plusieurs mesures de la santé mentale, dans notre étude des Canadiens qui travaillent à partir de plateformes et nous avons observé une tendance assez claire concernant leur bien-être. Comparativement aux travailleurs salariés et aux travailleurs autonomes traditionnels, les personnes qui travaillent à partir de plateformes ont déclaré des niveaux de dépression et d'anxiété plus élevés. Ils ont déclaré un plus profond sentiment d'impuissance dans leur vie et ils ont aussi déclaré se sentir plus seuls et isolés, ce qui est un important prédicteur de l'accès au soutien social, qui est très important pour, le bien-être. Fait important, cependant, ces pénalités, les pénalités au chapitre de la santé mentale semblaient être principalement subies par les personnes qui travaillaient à partir de plateformes comme emploi principal.
Donc, pour la majorité des personnes qui travaillent à partir de plateformes, nous n'avons constaté aucune différence majeure au niveau de leur santé mentale comparativement aux autres travailleurs et aux autres régimes d'emploi.
Alexandra Bassa : Le travail et les préoccupations financières étaient les principales sources de stress chez les Canadiens âgés de 18 ans et plus en 2019.
Vous avez aussi parlé de stress et de détresse. Avez-vous une idée des causes possibles de cette détresse chez les personnes qui travaillent à partir de plateformes. Quelle en est la source?
Paul Glavin : Oui, il semble y avoir eu un certain nombre de facteurs en cause. En premier lieu, les personnes qui travaillent à partir de plateformes ont déclaré des niveaux plus élevés de difficultés financières comparativement aux autres travailleurs. Et nous savons que la pression financière est une source de stress très importante dans la vie qui nuit à la santé physique et mentale.
Maintenant, nous ne savons pas si ces difficultés financières ont découlé du travail à partir de plateformes ou du fait que les gens qui étaient en difficulté financière ont eux-mêmes choisi le travail à partir de plateformes. Alors, c'est quelque chose que nous devrons examiner plus en détail à l'avenir. Nous avons aussi observé des niveaux plus élevés de conflits travail-famille chez les personnes qui travaillent à partir de plateformes.
Et c'était quelque peu surprenant, car il y a un discours concernant le travail à partir de plateformes selon lequel ce type de travail offre à un travailleur la souplesse nécessaire pour choisir à quel moment il accomplit son travail, pendant combien de temps il travaille. Et nous avons en réalité découvert que, oui, les personnes qui travaillent à partir de plateformes ont effectivement déclaré avoir davantage la possibilité d'aménager leur horaire, mais cela ne semble pas les avoir aidés à concilier leur travail et leur vie familiale.
En fait, malgré cette ressource, on appelle cette flexibilité une ressource d'emploi dans la documentation sur le travail et la santé mentale.
Comme ressource d'emploi, cette souplesse ne semble pas les avoir aidés à concilier leur travail et leur vie familiale.
Et il y a là encore plusieurs possibilités, comme les difficultés financières, il se pourrait que nous envisagions un groupe de travailleurs qui avaient du mal à concilier travail et famille dans leur carrière ou leur emploi précédent. Et ils ont adopté le travail à partir de plateformes en raison de la souplesse que celui-ci offre. Et donc nous observons que ce groupe choisit lui-même ce type de travail.
Il est aussi possible par contre que le travail à partir de plateformes ne soit pas aussi compatible avec la vie familiale qu'on pourrait le penser. Si on examine les données qualitatives qui ressortent des entretiens menés avec des personnes qui travaillent à partir de plateformes, on voit souvent les conducteurs de services de voiturage, les livreurs, même les pigistes en ligne dire que, même si ils peuvent en principe se brancher quand ils veulent et arrêter de travailler quand ils le veulent, leurs heures de travail sont en réalité plus souvent dictées par des facteurs externes comme la demande du marché pour leurs services.
D'accord? Alors, vous savez, si vous êtes un conducteur de service de voiturage, vous devez travailler lorsque vos services sont en demande. Et vos services sont généralement en demande les soirs et les fins de semaine, ce qui n'est pas compatible avec la vie familiale. Si vous êtes un pigiste à distance, vous pouvez avoir des clients étrangers et, dans ce cas, vous devez peut-être travailler en fonction de leurs fuseaux horaires, qui est peut-être au beau milieu de la nuit.
Alors, même s'il existe je crois cette idée concernant la souplesse et le travail à partir de plateformes, je crois qu'il y a d'importantes contraintes pour plusieurs personnes qui travaillent à partir de plateformes, surtout celles qui veulent en faire leur emploi principal, parce qu'elles devront alors travailler 30 heures et plus pour ce faire... Et cette souplesse, elles pourraient alors ne pas pouvoir réellement en profiter en fonction de leurs préférences.
Alors oui, je crois que des questions se posent sur ce discours concernant la souplesse que nous devons examiner plus à fond.
Le dernier facteur que nous avons relevé mettait en jeu des niveaux plus élevés d'isolement ou de sentiment d'isolement et de solitude chez les personnes qui travaillent à partir de plateformes. Et nous savons que l'isolement social et la solitude sont problématiques pour le bien-être des travailleurs. Nous le savons certainement maintenant, avec la pandémie, et nous avons vu quels effet s ils peuvent avoir sur notre santé.
Et il semble que ce soit le cas. Les personnes qui travaillent à partir de plateformes peuvent se sentir plus isolées dans leur travail, n'est-ce pas? Elles font généralement leur travail seules de leur côté. Elles peuvent avoir très peu de contacts avec les autres personnes qui travaillent à partir de plateformes. C'est effectivement le cas. Elles peuvent en réalité être en compétition avec les autres personnes qui travaillent à partir de plateformes pour obtenir des mandats et leurs interactions avec les clients peuvent peut-être être assez limitées.
Et elles ont donc tendance à commencer à travailler en marge au sein des organisations. Et... même si elles pourraient dans certains cas solliciter l'aide d'autres personnes qui travaillent à partir de plateformes, nous savons que, par exemple, il existe des communautés en ligne pour les livreurs et les travailleurs des services de voiturage. Il s'agit de communautés qui offrent je crois, un soutien à titre d'information plutôt qu'un soutien social.
Et donc, je crois qu'il s'agit d'un type de travail qui entraîne nécessairement de l'isolement, s'il s'agit du travail qu'on fait comme emploi à temps plein.
Alexandra Bassa : Une étude de Statistique Canada menée en 2019 a révélé que les gains du travail à la demande de la majorité des travailleurs à la demande ne dépassaient pas 5000 $ par année. Le revenu médian net du travail à la demande s'élevait seulement à 4 303 $. Pourtant, pour plus d'un quart de ces travailleurs, les gains du travail à la demande représentaient l'ensemble de leurs gains annuels et plus de 89 % de leur revenu annuel total.
Le travail à la demande n'est pas réparti également dans l'ensemble des tranches de revenus au Canada. Le pourcentage des travailleurs à la demande dans les 20 % inférieurs de la répartition du revenu des particuliers était près de deux fois plus élevé que celui des travailleurs à la demande dans les 20 % supérieurs.
Alexandra Bassa : Alors, dans vos écrits, vous avez mentionné que les entreprises qui utilisent les plateformes peuvent utiliser les algorithmes de façon à nuire à l'autonomie des travailleurs? Qu'est-ce que vous vouliez dire par ça?
Paul Glavin : Eh bien, considérons un peu le concept de la gestion par algorithme. C'est lorsqu'une entreprise utilise des techniques technologiques pour gérer à distance le travail des travailleurs. Alors les plateformes de travail numériques gèrent généralement une main-d'œuvre qui est dispersée géographiquement.
Et elles ont peu de contacts directs avec leurs travailleurs. Alors elles s'appuient plutôt sur la collecte de données et la surveillance de leurs travailleurs pour automatiser la plupart des décisions de supervision. Ces décisions sont prises par des algorithmes logiciels. Ces algorithmes fonctionnent sans intervention humaine. Et ils peuvent être chargés de l'attribution de tâches particulières aux travailleurs, ils peuvent prendre des décisions relatives au niveau de rémunération, évaluer le rendement au travail et même congédier des travailleurs. Alors les algorithmes sont ce qui rend les plateformes de travail numériques aussi efficaces pour les services sur demande, dont nous bénéficions en tant que consommateurs. Mais ils occasionnent des problèmes pour les travailleurs. Des entretiens approfondis menés avec des travailleurs révèlent qu'il y a des défis à relever pour les travailleurs, leur autonomie et leur succès sur la plateforme.
Ces défis sont posés par ces algorithmes, n'est-ce pas? Donc, au départ, les règles de prise de décision sur lesquelles reposent ces algorithmes ne sont pas toujours connues du travailleur. Alors on ne sait pas toujours clairement pourquoi un travailleur peut se voir offrir un mandat bien rémunéré alors que les autres reçoivent des mandats moins attrayants. Et les travailleurs décrivent souvent dans les faits ces algorithmes comme des boîtes noires, n'est-ce pas?
Et cette transparence ou cette absence de transparence peut s'étendre à des choses comme des mandats précis. Nous avons entendu des livreurs se plaindre du fait qu'ils n'avaient pas les détails de l'emplacement d'un mandat avant d'accepter le mandat en question.
Et ça pouvait les amener à un voyage d'un bout à l'autre de la ville, par exemple, sur une grande distance. Et ce manque de transparence de l'information sur le mandat nuit aux travailleurs, n'est-ce pas? Ça nuit à leur capacité de prendre des décisions concernant l'emplacement des mandats et quels mandats accepter. Je crois qu'il est aussi compliqué pour les travailleurs de remettre en question les algorithmes, n'est-ce pas?
Leur compte pourrait être désactivé temporairement sur la plateforme. Si les scores moyens des évaluateurs n'atteignent pas un certain seuil. Alors avec un superviseur humain, le travailleur pourrait fournir le contexte d'une mauvaise évaluation. Peut-être que le client était en colère et a été injuste, mais les algorithmes tiennent rarement compte des circonstances atténuantes.
Il existe bien des procédures de grief, mais leur règlement peuvent prendre beaucoup de temps. Et en attendant, ce travailleur peut ne pas être en mesure de travailler. Alors on entend assez souvent des travailleurs se plaindre de se sentir à la merci d'un superviseur issu de l'intelligence artificielle froid et détaché. Et là encore, je crois que cela contredit le discours sur le travail à partir de plateformes qui permet de travailler de façon indépendante et sans supervision.
Alexandra Bassa : En 2019, 45 % des entreprises au Canada utilisaient une certaine technologie de pointe ou émergente et 6 % utilisaient l'intelligence artificielle.
Alexandra Bassa : Vous avez aussi parlé d'une idée, d'une certaine notion assez intéressante, celle de l'érosion du contrat social entre l'employeur et l'employé. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ça?
Paul Glavin : Oui. Je veux dire, nous en sommes témoins depuis des décennies, non? À bien des égards, lorsqu'on parle du travail à partir de plateformes, il s'agit de la prochaine étape dans un processus à plus long terme que certains appellent la précarisation du travail. Un processus par lequel on voit les occasions d'emploi permanent diminuer et les autres régimes d'emploi plus précaires augmenter, vous voyez?
Comme, essentiellement les contrats temporaires, les contrats à durée déterminée. Et ces régimes comportent nécessairement un affaiblissement du lien entre le travailleur et l'employeur, car ces derniers ne sont pas indéfiniment liés. Leur relation est temporaire. Et donc lorsque l'on pense au travail à partir de plateformes, c'est vraiment à mon avis la prochaine étape dans la précarisation du travail, plutôt que quelque chose de particulièrement novateur comme nous le voyons depuis quelque temps, mais on constate maintenant que les travailleurs n'ont pratiquement, ou ces personnes qui travaillent à partir de plateformes n'ont pratiquement aucun contrat avec la plateforme de travail numérique.
Alexandra Bassa : En 2018, plus de 1 employé sur 8 occupait un emploi temporaire. Environ six employés temporaires sur 10 travaillaient à temps plein, par rapport à près de neuf employés permanents sur 10.
Alors, pourquoi est-ce que c'est important de se préoccuper du fait qu'une personne soit employé salarié ou travailleur indépendant?
Paul Glavin : Il faut s'en préoccuper, car en vertu du droit du travail actuel, les entrepreneurs indépendants ne profitent pas de bon nombre des avantages et des protections auxquels les employés ont droit. Alors les lois du travail comme la Loi sur les relations de travail au Parlement visent des aspects comme le salaire minimum, les heures supplémentaires, les vacances, qui s'appliquent seulement aux employés.
Et si on est considéré comme un travailleur autonome, cela signifie aussi qu'on ne profite pas de certaines des protections en matière de santé et de sécurité auxquelles les employés ont droit. Alors le droit de refuser un travail dangereux, les inspections en milieu de travail, ceux-ci étant particulièrement importants. Et pendant la pandémie, nous avons vu comment la pandémie a mis en lumière certaines des vulnérabilités de ces travailleurs qui ne sont pas visés par les protections offertes à la main-d'œuvre. Et donc, étant donné que les personnes qui travaillent à partir de plateformes sont généralement considérées comme des entrepreneurs indépendants, cela a une incidence sur leurs droits, cela a une incidence sur le genre d'avantages auxquels elles ont accès.
Alexandra Bassa : En 2018, 15 % de la main-d'œuvre au Canada était composée de travailleurs autonomes. Un tiers des travailleurs autonomes ont indiqué l'indépendance, la liberté et le désir d'être son propre patron comme raison pour laquelle ils étaient travailleurs autonomes.
Et que pensez-vous du fait que certaines personnes considèrent le travail à partir de plateformes comme une forme d'entrepreneuriat?
Paul Glavin : Je crois que je demanderais ce que l'on entend par entrepreneuriat? L'entrepreneuriat n'est pas nécessairement une chose facile à définir, mais si on adopte un point de vue économique, l'entrepreneuriat renvoie généralement à une activité dans le cadre de laquelle une personne travaille pour son propre compte, assume le risque associé aux initiatives qu'elle prend, mais profite aussi du rendement de ces initiatives.
Dans quelle mesure cette définition s'applique-t-elle au travail à partir de plateformes? Dans une certaine mesure, je crois qu'elle s'y applique pour certains travailleurs à la pige qui exercent leurs activités en ligne et qui peuvent établir leurs propres tarifs et sont libres de choisir entre les clients. Je crois que dans ce cas c'est de l'entrepreneuriat. Seulement, je ne suis pas certain qu'elle s'applique à d'autres types de plateformes de travail pour lesquelles, je crois, d'importantes contraintes sont exercées sur l'autonomie et la façon de travailler. Et s'ils ne sont pas en mesure d'établir leurs tarifs, si ces derniers sont dictés par l'algorithme de la plateforme, s'ils risquent la désactivation de leur compte, s'ils n'acceptent pas un certain pourcentage de mandats, s'ils n'obtiennent pas tous les renseignements à propos des mandats, cela ressemble davantage à un employé qu'à un entrepreneur, à mon avis, mais c'est ça c'est l'intérêt de ce débat.
La réponse à cette question n'est pas toujours évidente et peut varier selon le type de plateforme de travail numérique.
Paul Glavin : La question de la définition du travail à partir de plateformes en tant qu'entrepreneuriat est controversée je crois, en partie parce que, oui, elle peut s'appliquer à certaines personnes qui recherchent la liberté et l'indépendance, mais je crois aussi que nous commençons à donner à ce terme entrepreneuriat une signification qui en dit souvent plus sur la résilience d'une personne face à l'incertitude et la précarité.
Et je ne suis pas certain que ce type d'entrepreneuriat est nécessairement avantageux. Alors nous pourrions avoir des gens qui effectuent du travail à partir de plateformes en pensant qu'ils sont des entrepreneurs, mais sans pouvoir en tirer les avantages. Et je participe à des travaux de recherche préliminaires en ce moment qui examinent la façon dont les personnes qui travaillent à partir de plateformes évaluent leur statut social.
Donc pour établir des mesures du statut social subjectif, on demande aux gens de s'autoévaluer sur une échelle de 1 à 10, où 10 correspond aux personnes qui ont les meilleurs emplois, la meilleure formation, le revenu le plus élevé. Et on constate en réalité que les personnes qui travaillent à partir de plateformes ont une meilleure évaluation de leur statut social comparativement aux travailleurs salariés. Cette évaluation est semblable à celle des travailleurs autonomes traditionnels. Alors je crois que des données indiquent qu'ils se jugent différemment. Cependant, lorsque nous avons demandé où ils se voyaient dans 10 ans sur cette échelle, la plupart des travailleurs se voyaient monter cette échelle, vous voyez? Ils se voyaient la remonter. Mais les personnes qui travaillent à partir de plateformes, en fait, sont moins optimistes à propos de leur mobilité. Donc ils déclarent dans les faits moins de mobilité et d'attentes concernant leur mobilité comparativement aux travailleurs salariés. Alors nous avons une dynamique intéressante selon laquelle ils se donnent une très bonne autoévaluation, de leur situation actuelle par rapport aux autres travailleurs, mais ils semblent pessimistes concernant leurs perspectives de mobilité sociale.
Et d'une certaine façon, ils pensent que, on le voit, ils adoptent l'idée de l'entrepreneuriat, mais ils connaissent aussi très bien les défis qui sont associés au travail à partir de plateformes pour le maintien des possibilités économiques.
Alexandra Bassa : Pour la plupart des travailleurs à la demande, le travail à la demande n'était qu'une activité temporaire.
Environ la moitié de ceux qui ont commencé un travail à la demande au cours d'une année donnée n'avait aucun revenu de travail à la demande l'année suivante. Cependant, une part non-négligeable des personnes ayant commencé un travail à la demande, environ le quart, sont demeurées des travailleurs à la demande pendant au moins trois ans ou plus.
Alexandra Bassa : Une étude de Statistique Canada a révélé que la taille de l'économie à la demande est passée de 6,0 % en 2008 à 6,8 % en 2009, alors que certains de ceux qui avaient perdu leur emploi salarié pendant la récession ont été poussés au travail autonome.
Croyez-vous qu'il est possible que la pandémie cause une autre tendance semblable?
Paul Glavin : Je crois que c'est une possibilité. Je veux dire, nous verrons, à mesure que les mesures de soutien du revenu commenceront à prendre fin, cela pourrait se produire. Je crois que les gens pourraient chercher ce type de travail pour compléter les heures de travail insuffisantes dans leur emploi principal. Ou s'ils ont du mal à trouver un emploi régulier, ils pourraient alors se tourner vers le travail à partir de plateformes.
La Prestation canadienne d'urgence (PCU) a fourni un coussin de sécurité. Les travailleurs pourraient aussi simplement avoir de nouvelles valeurs professionnelles. Aujourd'hui, en raison de la pandémie, il y a beaucoup de discussions à ce sujet et en ce qui concerne la souplesse de plus en plus recherchée. Le désir croissant de pouvoir travailler de la maison. Alors certains types de travail à partir de plateformes, mais aussi le travail à distance en ligne depuis le domicile.
Ce type de travail devient plus attrayant en raison de la pandémie. Mais je crois que, oui, il pourrait y avoir une incitation économique selon la situation de l'économie, tandis que la pandémie se poursuit.
Alexandra Bassa : Est-ce que l'économie à la demande joue un rôle dans l'accroissement des inégalités?
Paul Glavin : Je crois qu'il faut être prudent et ne pas trop jeter le blâme sur l'économie de plateforme. Là encore, je crois que son avènement pourrait être un symptôme de l'accroissement des inégalités, comme vous l'avez mentionné, en lien avec la grande récession.
Ce n'est pas le fruit du hasard, selon moi, qu'on ait assisté à la croissance du travail à partir de plateformes après, au lendemain de la grande récession. Et je crois que sa croissance au cours de la dernière décennie pourrait plutôt être une réaction des travailleurs aux options tout simplement inadéquates du travail salarié. Alors on lui accorde beaucoup d'attention. Ce modèle de travail à partir de plateformes reçoit l'attention des consommateurs, des travailleurs et aussi des autres entreprises qui veulent réduire les coûts de main-d'œuvre. Mais je crois que ce sont des problèmes auxquels sont en réalité confrontés les personnes qui travaillent à partir de plateformes ou auxquels les travailleurs font face depuis longtemps et qui sévissent depuis longtemps. Alors je crois que, d'une certaine façon, le travail à partir de plateformes est le prolongement de ce qui se passe depuis des décennies. Et qu'il peut certainement peut-être accentuer cette tendance. Mais je crois qu'il n'en est pas l'origine.
Alexandra Bassa : Les perspectives d'avenir des jeunes Canadiens continueront d'être façonnées par de nombreux facteurs, y compris l'économie à la demande. Des travaux récents de Statistique Canada ont examiné les débouchés des jeunes, du point de vue des tendances de la mobilité intergénérationnelle du revenu. Ceux-ci révèlent que la corrélation entre le rang du revenu d'un enfant à l'âge adulte et celui de ses parents suit une tendance croissante. Ce qui signifie que votre revenu à l'âge adulte est de plus en plus influencé par le revenu de vos parents lorsque vous étiez enfant. Cette diminution de la mobilité du revenu entre les générations, combinée au degré croissant d'inégalité du revenu chez les parents, soulève des inquiétudes particulières quant aux perspectives à long terme des Canadiens à faible revenu.
Qui sont les gagnants et les perdants de l'économie à la demande?
Paul Glavin : C'est une bonne question. Je crois que ce sont d'abord et avant tout les consommateurs qui sont les gagnants. Je pense que si nous devions revenir 20 ans en arrière, l'idée que nous pourrions éventuellement nous faire livrer des repas au beau milieu de la nuit, en 30 minutes et à un prix raisonnable nous aurait fait rire. Et je crois que c'est vraiment bien pour les consommateurs. Je crois qu'il y a des gens, des gens qui pensent que nous profitons vraiment de services pratiques et rapides qui ne témoignent pas du coût véritable, n'est-ce pas? Et le coût de ces services est donc, est subventionné par le capital des risques associés aux plateformes ou les faibles salaires des personnes qui travaillent à partir de ces plateformes. Mais inévitablement, sans aucun doute, les consommateurs en sont les gagnants.
Quant aux travailleurs, je crois qu'il y a des gens qui en profitent, ceux dont les compétences sont en demande, en particulier les pigistes en ligne qualifiés. Je crois qu'ils profitent de la clientèle élargie que ces plateformes fournissent. Je crois que pour ceux qui veulent seulement avoir un petit revenu d'appoint dont ils ne dépendent pas vraiment, un travail auquel ils s'intéressent peut-être davantage, c'est quelque chose comme un passe-temps. Je crois que c'est particulièrement utile pour ceux qui pensent peut-être partir à la retraite et que c'est une façon, vous savez, de faire progressivement la transition vers la retraite qui pourrait être avantageuse. Et certainement pour ceux qui, comme je l'ai mentionné, qui ont du mal à obtenir un emploi à temps plein, peut-être les personnes en situation de handicap ou les jeunes travailleurs qui ont moins d'expérience, je crois que c'est avantageux pour un bon nombre d'entre eux.
En même temps, je me demande s'il serait plus avantageux pour ces groupes de simplement avoir accès à un emploi stable et sûr qui leur offrirait cette souplesse. Les perdants, je crois, sont ceux qui deviennent dépendants de ce régime de travail pour leur revenu d'emploi à temps plein.
Je ne crois pas que leur modèle de travail permette de répondre aux besoins des travailleurs à temps plein. Je ne crois pas qu'il permette de répondre aux besoins financiers. Je ne crois pas qu'il permette à ces groupes de bien assumer leurs obligations familiales, car on peut s'interroger sur le degré de souplesse qu'il offre réellement. Et donc à l'heure actuelle, nous nous penchons sur un faible pourcentage qui fait ce travail comme emploi principal.
La grande question est de savoir si ce régime de travail augmentera chez ce groupe en particulier.
Alexandra Bassa : L'accès à un emploi stable et sûr est très important, surtout en ce moment. Un emploi à triple protection est un emploi qui n'a pas de date de fin prédéterminée, qui présente un faible risque d'automatisation et qui permet de faire face aux pandémies. En 2019, avant la pandémie de la COVID-19, deux employés sur 5 âgés de 18 à 64 ans occupaient un emploi à triple protection.
Et comment est-ce qu'on peut en savoir plus au sujet de vos travaux?
Paul Glavin : Des mises à jour sur mes travaux sont présentées sur le site Web du Département de sociologie de l'Université McMaster. Je participe aussi à une étude en cours appelée l'étude canadienne sur la qualité du travail et la vie économique. Cette étude est dirigée par l'Université de Toronto, en collaboration avec l'Université McMaster et d'autres établissements d'enseignement au Canada, et nous suivons le travail, la famille et la santé des Canadiens pendant la pandémie.
Et nous avons un site Web qu'on peut facilement trouver du même nom que l'étude canadienne sur la qualité du travail et la vie économique.
Alexandra Bassa : Merci beaucoup pour votre temps, c'était vraiment très, très intéressant.
Paul Glavin : Merci Alexandra.
Alexandra Bassa : Vous étiez à l'écoute de Hé-Coutez bien. Merci à notre invité, le professeur Paul Glavin.
Vous pouvez vous abonner à cette émission là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone de notre balado, appelée Eh Sayers. Merci de nous avoir écouté et à la prochaine!